29 juin 2013

Affaire Belliraj : Human Rights Watch réclame la libération des 17 détenus toujours en prison (Rapport juin 2013)

HRW rapport juin 2013 frontpage 

par Luk Vervaet

 Les rapports sur la torture, infligée aux inculpés dans les procès politiques au Maroc, se suivent et s’entassent.
En 2012 Juan Mendez, le rapporteur spécial de l’ONU contre la torture, a fait son rapport sur la torture au Maroc et sur le cas d’Ali Aarrass en particulier. Juan Mendez prouve que des traces physiques et psychologiques liées à la torture ont bien été constatées . En avril 2013, l’organisation Alkarama adresse le même message au Comité contre la torture de l’ONU. Première européenne en mai 2013, quand deux détenus franco-marocains, Adil Lamtalsi et Mostafa Naïm, sont transférés vers une prison en France pour y finir leur peine. Devant la justice française, les deux détenus portent plainte contre le Maroc pour avoir subi dans ce pays une arrestation sans mandat, des aveux extorqués sous la torture, suivis d’une condamnation. 
Juin 2013. Un rapport de Human Rights Watch (HRW) met à nouveau en cause les tortionnaires au Maroc. Depuis 30 ans, Human Rights Watch (HRW) est parmi les organisations mondialement reconnue pour la défense des droits de l’homme. Sous le titre « Tu signes ici, c’est tout  : Procès injustes au Maroc fondés sur des aveux à la police » (un rapport de 137 pages), HRW demande au gouvernement marocain la libération immédiate des 17 prisonniers (des 35 condamnés) toujours en prison dans l’affaire Belliraj ou leur libération en attendant un procès équitable.Enfant de Belliraj 26 juin
Le Comité des familles des détenus européens au Maroc, dont font partie les familles d’Abdelkader Belliraj, d’Abdellatif Bekhti et d’Ali Aarrass, se réjouit de cette demande de HRW, qui n’a jamais été formulée si explicitement.
HRW logoLe rapport dit ceci :
« En ce qui concerne l’affaire de Gdeim Izik, dans laquelle 21 des 25 accusés sont en prison, et l’affaire Belliraj, où 17 des 35 accusés sont en prison, les autorités marocaines devraient:
Libérer les accusés encore emprisonnés ou bien leur accorder un nouveau procès qui soit équitable. Pour les accusés de Gdeim Izik, tout nouveau procès devra avoir lieu devant un tribunal civil.
• Si les affaires sont rejugées, la présomption devra être que tous les accusés seront libres jusqu’à leur procès. Tout accusé que le ministère public voudrait placer en détention devrait avoir droit à une audition rapide devant un juge pour que ce dernier se prononce sur la légalité de sa détention, en partant d’une présomption de liberté. Toute décision judiciaire de détenir l’accusé dans l’attente de son procès devrait être fondée sur des motifs valables, par exemple s’il est dangereux ou s’il risque de récidiver, de falsifier les preuves à charge ou de prendre la fuite.Calicot Belliraj Bekhti
• Quand les accusés seront rejugés, le tribunal devra étudier leurs allégations de torture et garantir, conformément au droit international et marocain, qu’aucune déclaration obtenue par la violence ou sous la contrainte ne soit admise comme preuve. Le tribunal devrait mener ces enquêtes même si les traces physiques de torture se sont déjà probablement effacées. Ces investigations devraient respecter les critères internationaux d’enquête sur les plaintes individuelles de torture, notamment ceux du Manuel pour enquêter efficacement sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (« protocole d’Istanbul »).
• Si le tribunal décide d’admettre comme preuve une déposition de police dont l’accusé affirme qu’elle a été extorquée sous la torture, il devrait expliquer dans son jugement écrit pourquoi il a décidé que ces allégations de torture ou de contrainte abusive n’étaient pas crédibles. »
(page 10 du résumé du rapport en français). 
 Une analyse de six procès politiques. HRW rapport juin 2013 long
 HRW arrive à cette conclusion après son analyse de « six affaires politiquement sensibles, jugées entre 2008 et 2013, dont l’affaire Zakaria Moumni, dans lesquelles les tribunaux ont violé le droit des accusés à un procès équitable ». (pg 2 du résumé en français). Il s’agit des affaires Zakaria Moumni ; Belliraj ; Gdeim Izik ; Seddik Kebbouri ; les jeunes du Mouvement du 20 Février à Sidi el-Bernoussi, Casablanca  et l’affaire des sept activistes sarahouis.
calicot Beliraj 26 juin wife and sister of BekhtiHRW dénonce que les 84 personnes inculpées dans ces six affaires ont été condamnées sur base des aveux « extorqués sous la torture ou par d’autres méthodes illégales » ou sur base de « témoignages, sans que les témoins devaient témoigner au tribunal ». HRW constate que nombre d’inculpés dans l’affaire Belliraj ont été enlevé et ont disparu pendant une période qui a été beaucoup plus longue que la période légale de garde à vue prévue par la loi, et sans aucun contact avec un avocat ou un membre de leur famille. HRW constate que les tribunaux « n’ont pas fait d’effort significatif pour vérifier les plaintes sur la torture » et ne se basent que sur « les déclarations à la police qui les incriminent ». Et ce malgré le fait que les accusés ont affirmé que « ces déclarations leur avaient été extorquées ».
la fille d'Abdellatif Bekhti 26 juin La complicité belge dans le procès Belliraj
Ce rapport constitue un nouveau coup dur, non seulement pour la justice et la police secrète marocaine, mais aussi pour l’état belge qui a activement contribué au procès Belliraj.
La Belgique a transmis des dossiers judiciaires à la justice marocaine pour le procès Belliraj, malgré la mise en garde du sénateur CD&V Vandenberghe, qui a interpellé le ministre de la Justice, le 4 mars 2010, sur cette collaboration. Cette mise en garde n’a en rien changé l’attitude du gouvernement belge.
Trois mois plus tard, le 29 novembre 2010, le ministre Van Ackere va encore plus loin. Dans la Chambre, il se vante que la Belgique, par l’intermédiaire du ministre de la justice De Clerck, a extradé « un ressortissant algérien vers le Maroc dans le cadre du procès Belliraj début 2010 ». Il s’agit de Bin Rabeh Benjettou, qui sera sauvagement torturé une fois arrivé au Maroc et qui sera condamné par la suite à dix ans de prison.
A l’intention des « gouvernements et institutions qui fournissent une aide au Maroc », dont la Belgique et d’autres pays européens, HRW recommande en matière de justice : « Dans le cadre des programmes d’aide à la réforme de la justice et à la mise en place d’un État de droit, encourager le Maroc à mettre en œuvre les recommandations énumérées ci-dessus, surtout celles qui veulent pousser les juges à :
• examiner de façon plus critique la valeur, comme preuve, des procès-verbaux préparés par la police, quand les accusés récusent leur contenu;
• concevoir et suivre des méthodes pour explorer plus en détail les allégations de torture ou de mauvais traitements, quelle que soit l’étape des procédures où elles ont été émises;
• imposer des limites légales à la durée de la détention provisoire, non seulement pendant la phase de l’enquête judiciaire mais aussi quand un procès ne parvient pas à démarrer ou à être mené à bien dans un délai raisonnable, et garantir un réexamen judiciaire régulier et approfondi des ordres de détention provisoire. »
(page 10/11 du résumé du rapport en français).
Ces recommandations s’adressent directement à Madame Turtelboom. La nouvelle ministre de la justice belge avait déclaré fièrement dans la Commission de la justice de la Chambre du 2 mai 2012 : « Après la France, la Belgique est le premier partenaire du Maroc en matière de collaboration judiciaire… J’ai abordé, avec mon homologue marocain, des matières comme le transfèrement des détenus marocains condamnés, la collaboration en matière de d’affaires pénales et civiles, l’échange d’informations liées à la problématique de l’identification et aux rapts internationaux d’enfants ». Comme vous avez remarqué : aucun des éléments mentionnés par HRW se retrouve dans le palmares de madame Turtelboom. Elle se limite à une collaboration sécuritaire, technique et administrative, sans se soucier ni d’enlèvements ni de tortures, même de ses propres citoyens belges.
Le ministère des affaires étrangères de Monsieur Reynders, lui, continue à se cacher derrière « la non-ingérence » de la Belgique dans les affaires de l’état de l’autre nationalité des Belges qui ont la double nationalité, pour justifier son inaction vis-à-vis du sort des torturés belgo-marocains au Maroc. Il doit se réaliser qu’à travers les différents rapports de cette dernière année la collaboration de la Belgique dans les pratiques d’extradition illégale, d’enlèvements, de torture et de procès iniques au Maroc constitue d’or et déjà un fait indéniable. En ce qui concerne Ali Aarrass et les autres, nous lui rappelons ce que 47 personnalités britanniques lui ont écrit il y a quelques semaines : « L’interdiction de la torture est ius cogens. Cela veut dire que c’est une norme impérative du droit international. Nous croyons qu’il doit primer. La nature extrêmement grave de ce que M. Aarrass a subi, le harcèlement continu et des traitements inhumains dont il est victime jusqu’à aujourd’hui et qui ont été notés par le Rapporteur spécial de l’ONU, rendent la non-intervention par le gouvernement belge extrèmement inquiétante ». 
 Bin Rabeh Benjettou et Ali AarrassFarida Elena 26 juin
 Nous publions ci-dessus la liste de HRW des 35 inculpés dans le procès Belliraj et leur peine.
Pour 18 de ces condamnés leur nom est suivi par la date de leur libération après avoir purgé leur peine, ou la date du pardon du roi.
Ni le nom de l’extradé algérien par la Belgique, Bin Rabeh Benjettou, ni celui d’Ali Aarrass se trouvent sur la liste des 35. Il est vrai que ni l’un ni l’autre figuraient dans le procès de masse contre le soi-disant réseau Belliraj (les 35 personnes arrêtées au Maroc en 2008 et jugées en 2009). Mais ils font pourtant partie du même dossier. Bin Rabeh Benjettou a seulement été extradé par la Belgique en 2010. Ali Aarrass fût bien arrêté au même moment que les 35 autres, en 2008, mais en dehors du Maroc, suite à un mandat d’arrêt international du Maroc. Il fût le dernier à être condamné dans cette affaire (à 15 ans de prison , diminué en appel à 12 ans), après son extradition illégale par l’Espagne et sa torture au Maroc.
Rachida speaks 26 juinLe cas d’Ali Aarrass est d’ailleurs une illustration de plus de ce qu’affirme le rapport de HRW. La justice espagnole a examiné l’affaire Ali Aarrass de fond en comble. Elle est arrivée à la conclusion qu’il n’ y avait rien contre Ali Aarrass. Malgré cela il n’a pas été libéré, mais a été extradé au Maroc, contrairement à la demande de la Commission des droits de l’homme de l’ONU. Et là, au Maroc, après 12 jours incommunicado et de torture, l’homme qui depuis le premier jour de son arrestation jusqu’à aujourd’hui a toujours maintenu son innocence, a comparu devant le juge d’instruction avec « des aveux ». Des aveux qui n’en étaient pas, mais qui n’étaient que la copie, mot pour mot, de son inculpation par la police, dans une langue qu’il comprend ou parle à peine. Ou comment le juge d’instruction antiterroriste Chentouff et sa police arrivent à faire « des miracles » en douze jours de temps.
 Vous pouvez lire le résumé du rapport de Human Rights Watch (15 pages PDF) et/ou le rapport intégral en anglais, avec des témoignages accablants de détenus dans le procès Belliraj, via le lien de HRW

Appendix II: List of Defendants in « Belliraj » Case and the Sentences They Received (liste des accusés et leurs peines)

1. Abdelkader Belliraj, life in prison (perpétuité)
2. Abdellatif al-Bekhti, 30 years (ans)
3. Abdessamed Bennouh, 30 years
4. Jamal al-Bey, 30 years
5. Lahoussine Brigache, 30 years
6. Redouane al-Khalidi, 30 years
7. Abdallah ar-Rammache, 30 years
8. Mohamed Yousfi, 30 years
9. Mohamed Merouani, 25 years, reduced to 10 years on appeal, then pardoned April 12, 2012
10.Mustapha Mouâtassim, 25 years, reduced to 10 years on appeal, then pardoned April 12, 2012
11. Mohamed Lamine Regala, 25 years, reduced to 10 years on appeal, then pardoned April 12, 2012
12. Abadila Maelainin, 20 years, reduced to 10 years on appeal, then pardoned April 12, 2012
13. Abdelhafidh Sriti, 20 years, reduced to 10 years on appeal, then pardoned April 12, 2012
14. Abd al-Ghali Chighanou, 15 years
15. Mokhtar Lokman, 15 years
16. Abderrahim Nadhi, 10 years
17. Abderrahim Abu ar-Rakha, 10 years
18. Hassan Kalam, 8 years
19. Slah Belliraj, 8 years, reduced to 5 years on appeal, then pardoned 2012
20. Ahmed Khouchiâ, 8 years
21. Samir Lihi, 8 years
22. Mustapha at-Touhami, 8 years
23. Bouchâab Rachdi, 6 years
24. Mohamed Azzergui, 5 years (freed upon completion of sentence in February 2013)
25. Mansour Belaghdeche, 5 years (freed upon completion of sentence in February 2013)
26. Adel Benaïem, 5 years (freed upon completion of sentence in February 2013)
27. Mohamed Chaâbaoui, 5 years (freed upon completion of sentence in February 2013)
28. Jamaleddine Abdessamed, 3 years (freed, sentence completed)
29. Abdelazim at-Taqi al-Amrani, 3 years (freed, sentence completed, acquitted on re-trial after the Court of Cassation quashed his conviction)
30. Larbi Chine, 2 years (freed, sentence completed in early 2010)
31. Ibrahim Maya, 2 years (freed, sentence completed in early 2010)
32. Abdellatif Bouthrouaien, 2 years (freed, sentence completed in early 2010)
33. Hamid Najibi, 2 years (freed, sentence completed in early 2010)
34. Mohamed Abrouq, 1 year suspended sentence
35. Ali Saïdi, 1 year suspended sentence

25 juin 2013

Les 3 constantes qui accompagnent toutes les occupations



Trois choses accompagnent toujours l’occupation : l’usage de la torture par des maîtres qui prétendent être supérieurs moralement, les déclarations qu’ils ont gagné leur guerre en dépit de leur retraite, et l’insistance sur une sortie digne après négociations.
Le 20 novembre 2001, à l’ambassade d’Afghanistan à Islamabad, les Talibans tamponnèrent sur mon passeport leur tout dernier numéro de visa, le 001518, valable uniquement pour Kandahar et imprimé sur un papier avec plusieurs nuances de vert. En tête étaient imprimés en anglais et en Dari (variété de Persan parlée en Afghanistan), les mots : «Émirat islamique d’Afghanistan».
Moins d’un an plus tard, le nouveau gouvernement afghan pro-américain de Karzaï, me délivrera un visa à la même ambassade. Cette fois, c’était le visa n ° 010937, imprimé sur papier vert identique, mais avec les mots « Émirat islamique d’Afghanistan » tronqués et remplacés par un tampon portant la mention « Ambassade d’Afghanistan, Islamabad ». Un coup de paire de ciseaux avait supprimé la mention de « l’émirat ».
Puis, la semaine dernière, le tout nouveau bureau des Talibans à Doha d’un blanc aveuglant - a ouvert avec ce label si critique « d’émirat » réinséré sur le fronton. Et les Américains ne voulaient pas parler aux Talibans parce que Karzaï ne voulait pas parler avec eux à cause de ce mot terrible.
La piste sanglante du champ de bataille aux négociations a été jonchée d’inepties semblables à partir du moment où les Irlandais ont été invités à Downing Street par Lloyd George pour discuter du traité anglo-irlandais en 1921. Les superpuissances ont suivi le même parcours lamentable de la défaite et de l’humiliation - et de l’usage de la torture - dans l’occupation, jusqu’au retrait sans humiliation. Les armées d’occupation doivent partir avec dignité. Si elles le peuvent, elles passent la main à un collabo local. Au diable les gens qu’ils laissent derrière eux. Tout ce qui a pu être dit n’a aucune importance.
Donc, l’offensant « émirat » a été supprimé - ainsi que le drapeau blanc des Talibans et son verset coranique - et les Talibans ont alors grogné que les pourparlers « de paix » vont être plus difficiles. J’en doute. Les Américains ont poussé un soupir de soulagement. En Palestine, en Algérie, à Chypre, au Yémen, au Kenya, au Vietnam, en Irak - après la lutte pacifique pour l’indépendance de l’Inde, également - c’est la même vieille histoire qui revient. Les ennemis qui devaient être liquidés, expurgés, torturés, emprisonnés- les hommes et femmes dont l’existence même rendaient furieux leurs maîtres coloniaux ou impériaux - se sont alors rendus à Londres ou Evian ou Zurich, Paris ou Washington et bientôt à Doha, pour bavarder aimablement avec leurs adversaires. « Les hommes de la violence » sont soudainement devenus « des délégués ».
Et voici, les « terroristes » de l’IRA, la Haganah, le FLN, EOKA, le Mao Mao, le FNL du Yémen, le Viet Cong et le parti Dawa - et maintenant les Talibans - tous métamorphosés en vieux potes responsables qui iront un jour boire du thé avec leurs anciens maîtres et parfois - Makarios et Kenyatta et Begin me reviennent à l’esprit - même avec la reine.
Après avoir honteusement torturé, niant les valeurs mêmes qu’ils prétendaient représenter - et prétendant à une « victoire » dans le marchandage - les superpuissances sont misérablement expulsées de la scène. Ce n’est qu’après la barbarie britannique en Irlande - « de telles choses sont faites au nom de la Grande-Bretagne, que notre nom doit puer aux narines du monde entier », avait déclaré un rapport du Labour - que Winston Churchill a serré la main de Michael Collins. « Ses mains ont touché les ressorts de terribles actes », a déclaré Churchill à propos du patron du renseignement de l’IRA. Alors quoi ?
La Grande-Bretagne a toujours eu recours à la torture et aux exécutions contre ses ennemis des guérillas arabe et juive en Palestine, et elle se retira après des discussions infructueuses.
Nous avons quitté la Palestine et l’Inde - après que les nouvelles frontières du Mountbatten soient devenues le Pakistan - en les faisant sombrer dans la guerre civile. « Notre » mandat et les gens de « notre » empire ont été engloutis dans des bains de sang parce que nous voulions faire une sortie honorable.
A Chypre, nous avons gardé quelques bases - Akrotiri et de Dhekelia, des précédents pour les forteresses que l’OTAN espère garder en Afghanistan - après notre départ.
Du Kenya, après une guerre honteuse où le Royaume-Uni a utilisé la torture et pratiqué les exécutions - un héritage impérial terrible encore disputé par les victimes devant les tribunaux britanniques ces tous derniers mois - Enoch Powell a déclaré qu’une nation qui se comportait de cette manière ne méritait pas un empire.
La torture et les exécutions de masse et à grande échelle ont été employées par les Français dans leur tentative de détruire le FLN en Algérie. Ils ont assassiné tant de négociateurs potentiels - «d’interlocuteurs valables» [en français dans le texte] - qu’il était difficile de trouver des délégués avec lesquels ils pouvaient discuter à Evian.
Les Américains ont comme de juste fait de même au Pakistan, «dronant» à mort Wali ur-Rehman, un cadre politique proche des Talibans pakistanais dont la perte est un revers pour ceux dans le mouvement qui croient dans les négociations.
Les Britanniques avaient signé un accord secret avec le NLF au Yémen pour détruire leurs rivaux - appuyés par Nasser - du Front de Libération du Yémen du Sud (FLOSY), puis - après avoir systématiquement recouru à la torture contre les rebelles yéménites à Fort Morbut - ils ont fui Aden.
Après la disgrâce des tortionnaires britanniques et français, et de leurs collègues américains au Vietnam, l’obscénité d’Abou Ghraib, de Bagram et des prisons « noires » de la CIA était inévitable.
Trois choses accompagnent toujours l’occupation : l’usage torture par des maîtres qui prétendent être supérieurs moralement, les déclarations qu’ils ont gagné leur guerre en dépit de leur retraite, et l’insistance sur une sortie digne après négociations.
Les Russes ont laissé derrière eux Najibullah, leur ancien chef de la police secrète afghane à Kaboul. Les Américains espèrent laisser Karzaï dans la même ville l’année prochaine. Les Américains pensaient que Nguyen Van Thieu pourrait être en mesure de tenir bon au Sud-Vietnam. Maleki détient toujours la forteresse de Bagdad, en théorie pour le compte des Américains mais probablement pour celui des Iraniens.
Et les actualités nous montrèrent dans le passé les Royal Marines quittant Haïfa et Aden, le Somerset Light Infantry quittant l’Inde, le Black Watch sur le départ dans ce qui allait devenir le Pakistan, le 21e régiment d’infanterie des États-Unis quittant Saigon [devenu Ho-Chi-Minh ville]. Personne ne voulait d’une répétition de la cuisante défaite française à Dien Bien Phu. Les Britanniques n’ont eu que 183 morts en Irlande entre 1919 et 1921 et 370 à Chypre, contre 414 en Irak et en Afghanistan. Les Américains ont perdu 47 424 soldats au Vietnam, 5281 en Irak, plus de 2000 en Afghanistan. Les Français ont eu 17 456 tués en Algérie, les Soviétiques autour de 15 000 en Afghanistan. Certains chiffres sont contestés, personne ne recueillant le nombre de civils ou «d’ennemis» morts.
Ils sont, bien sûr, des millions. « Nos » guerres - occidentales et soviétiques - ont été prétendument menées pour «protéger» le communisme, pour « contenir » le communisme, pour l’empire, contre le «terrorisme», pour détruire des «armes de destruction massive» ou préserver ce qui restait du prestige impérial.
« L’ennemi » s’est toujours battu pour se débarrasser des « étrangers ». Et maintenant, nous avons « gagné » la bataille sur l’usage d’un mot à Doha. Juste pour que nous puissions prendre la fuite d’Afghanistan.

Robert Fisk

http://www.info-palestine.net/spip.php?article13683

24 juin 2013

Institut International Pour la Paix, la Justice et les Droits de l’Homme :

Trafic d’organes et armes chimiques dans le conflit Syrien :
12 Juin 2013 à 19h,- Salle MS 150 Unimail-Université de Genève

Le témoignage de : Ahmed Manai (Membre de la mission des Observateurs arabes en Syrie)
 

47 prominent British personalities : Letter to Di Rupo/Reynders on Ali Aarrass

Prof Penny Green
Friends of Ali Aarrass London Support Committee
His Excellency Johan Verbeke
Ambassador
Embassy of Belgium in the United Kingdom
17 Grosvenor Crescent
London
SW1X 7EE
18 June 2013
Your Excellency,
We are writing to ask you to convey to your government our grave concern at its apparent failure to intervene or take any action to protect the Belgian citizen, Ali Aarrass, from unlawful extradition by the Spanish authorities to Morocco, or from his subsequent torture by the Moroccan security services, a deeply unfair trial procedure which relied on the fruits of torture for his conviction, and a lengthy prison sentence imposed by that country’s judicial authorities.
The UN Special Rapporteur on torture and cruel, inhuman or degrading treatment or punishment, Juan Méndez, recently issued a report (AL G/SO 214 (53-24), 4 December 2012) following his visit to Mr Aarrass in Salé II prison in September 2012. In his report, he confirmed that Ali Aarrass’ allegations of severe torture by the Moroccan security services, including being burned with cigarettes, beaten on the soles of the feet, hanged by the wrists and given electric shocks to the genitals, are supported by the medical evidence. Mr Mendez’ report adds weight to our concerns that Mr Aarrass has since his extradition to Morocco been treated in violation of the most fundamental human rights norms, including being convicted and sentenced solely on the basis of evidence obtained by torture.
We believe that it is unlikely that the Spanish authorities would have ignored the interim measures of the UN Human Rights Committee and proceeded to extradite Mr Aarrass to the likelihood of torture, on the basis of evidence which had been rejected by the Spanish investigating magistrate after a two-year investigation, had your government intervened to protest the extradition.
Similarly, vigorous representations from your government might well have prevented Mr Aarrass’ torture in Morocco during his incommunicado detention following his extradition. Charges based solely on a ‘confession’ allegedly made by Mr Aarrass (in Arabic, a language he does not speak) would probably not have been brought, and the irregularities which reduced his trial to a cruel farce, including a failure to send much of the evidence relied on by prosecutors to his lawyers and serious, unexplained discrepancies in police reports, would not have been permitted, had the Moroccan judicial authorities been aware that the authorities of Mr Aarrass’ other country of nationality were rigorously monitoring his treatment.
We regret that Your Excellency’s government’s apparent lack of interest or concern for the treatment of Mr Aarrass extends to a refusal even to meet with his sister or any other relatives or family friends who for years have worked to prevent these unlawful actions from taking place.
This failure stands in marked contrast to the interest in Mr Aarrass’ case demonstrated by the UN Special Rapporteur.
We further regret that Your Excellency’s government has offered no explanation for its continuing refusal to engage with Mr Aarrass’ plight. Of course we understand that Ali Aarrass is a dual Belgian-Moroccan citizen, and the rules of diplomacy would under normal circumstances preclude intervention with the authorities of his other nationality – although Belgian government officials have not relied on this as a reason for their refusal to intervene. But the prohibition against torture is ius cogens, a peremptory norm of international law, and we believe it must take precedence. The extremely grave nature of what Mr Aarrass has suffered, and the continuing harassment and inhuman treatment he is suffering as a convicted prisoner, which is noted by the UN Special Rapporteur, makes the failure to intervene by Your Excellency’s government very disturbing.
We call upon Your Excellency’s government to meet Mr Aarrass’ family and to take up his case with the Moroccan authorities as a matter of urgency.
Farida Aarrass at Belgian embassy LondonYours sincerely,
Professor Penny Green, Deputy Head of Dickson Poon School of Law (Research) King’s College London, and Co-Director of the International State Crime Initiative (ISCI)
on behalf of:
Professor Tanya Aplin (Dickson Poon School of Law, King’s College)
Mehdi Beyad
Sir Geoffrey Bindman QC
Professor Bill Bowring (Birkbeck College, University of London)
Victoria Brittain (author and journalist)
Campaign Against Criminalising CommunitiesFrances Webber & Farida Aarrass London
Martin Caton MP
Jeremy Corbyn MP
Louise Christian (Christian Khan solicitors)
Helen Curtis (barrister)
Jan Davidson
Melanie Davidson (ISCI intern and postgraduate Law student)
Sean Davidson
Liz Davies (barrister)
Sofia Kintis Dilinos
Jim Dobbin MP
Alicia de la Cour (Research and Policy Manager, ISCI)
Dr Nubia Evertsson (Researcher in Criminology, Stockholm University)
Liz Fekete (Director, Institute of Race Relations)
Ken Fero (independent film-maker)
Anthony Gifford QC
Haldane Society of Socialist Lawyers
Mike Hancock MP
Stephanie Harrison QC
Rebecca Hill (barrister)
Raza Husain QC
Fatima Kanji (ISCI intern, King’s College)
John Leech MP
Caroline Lucas MP
Duncan McCann
Ian Macdonald QC
Dr Thomas MacManus (post-doctoral researcher, ISCI)
Michael Mansfield QC
Lord Herman Ouseley
Jed Pennington (solicitor)
Dominic Prested
Muhammad Rabbani (Managing Director, CagePrisoners)
J.I. Reeves
Bob Russell MP
Sadat Sayeed (barrister)
Varoushnan Srilangarajah
Pete Weatherby QC
Frances Webber (retired barrister)
Amanda Weston (barrister)
Felicity Williams (barrister)
Beverley Wilson




A l'ambassade de la Belgique à Londres le 18 juin 2013 

 http://www.freeali.eu/?p=4307

Lettre ouverte de Sam Touzani et de Mohammed Belmaïzi à Monsieur Reynders



 Lettre ouverte

à Monsieur Reynders
Ministre des Affaires Etrangères

A propos des prisonniers belges au Maroc




Monsieur le Ministre,

La lutte contre le terrorisme a généré des arrestations tous azimuts, appuyée par des lois liberticides au Maroc, où des citoyens belges ont été arrêtés, torturés et jugés de lourdes peines d’emprisonnement, le moins que l’on puisse dire, expéditives. Les médias qui ont couvert ces évènements sont unanimes pour souligner que nul droit des inculpés n’a été respecté.

Monsieur Abdelkader Belliraj, citoyens belge, considéré par le Maroc comme le chef d’une cellule terroriste, a été arrêté dans des circonstances illégales pour passer un mois – sans nouvelles, ni à sa famille ni à ses enfants – sous la torture. Six militants marocains ont été inculpés avec lui pour l’unique intention de bourrer et amplifier le « dossier Belliraj », ont été libérés sous pression de la société civile marocaine qui était convaincue que ce procès était clairement une coquille vide, monté de toute pièce.

Monsieur Ali Arrass, citoyens belge, a été arrêté, torturé et jeté en prison, alors qu’aucune charge contre lui n’a été étayée de preuves irréfutables, et tout indique que son dossier est vide. Il est victime d’un flagrant déni de justice, selon le rapport de Juan Mandez.

Nous ne mentionnons ici que deux cas représentatifs d’une liste de prisonniers belges dont les familles ont constitué une association qui vous demande aujourd’hui de faire votre devoir de ministre citoyen, à l’écoute d’autres citoyens. Mais vous refusez à ces familles et leur association, audience et justice ; alors qu’il est de votre devoir d’examiner et de répondre aux doléances justes et justifiées.

Il est de votre devoir, Monsieur le ministre, de ne point ignorer le rapport accablant du représentant de l’ONU au Maroc, Juan Mendez, à propos d’Ali Arass et les autres prisonniers dans le même cas. Ce rapport souligne la brutalité du déni de justice et la gravité de la pratique « systématique de la torture pendant la détention » au Maroc. Son rapport accablant est connu de toutes les instances des Droits de l’Homme. Même le CNDH (Conseil National des Droits de l’Homme), organe fondé par le roi, reconnaît, contre toute ‘pudeur’ exigée par l’Etat, ces abus et ces violations des droits humains.

La Belgique, pays moderne qui prône la démocratie et l’Etat de Droit, ne peut laisser ses ressortissants croupir injustement dans les prisons d’un Maroc qui ne cesse de violer les droits humains sous une chape de silence et sous une cuirasse de complaisance.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, nos sincères salutations.

22/06/2013

Sam Touzani

comédien, metteur en scène, auteur, chorégraphe…

Mohammed Belmaïzi

Acteur associatif et défenseur des droits humains
Ex-président et Vice-président de l’asbl
« Plumes Croisées – Dialogue interculturel »
www.plumescroisees.be
coauteur de « Rompre le silence »
coauteur et coordinateur de « L’interculturel dynamique »








 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
http://prisonnierseuropeensaumaroc.blogspot.be/2013/06/lettre-ouverte-de-sam-touzani-et-de.html


un grand merci à Luk ainsi qu'à toutes les familles dont l'un des siens se trouve dans les prisons marocaines.  

Que chacun et chacune accepte notre solidarité




























22 juin 2013

DIFFUSEZ SVP! Lettre de Jean-Claude Lefort au sénateur-maire (PS) d'Alfortville Luc Carvounas, responsable des relations avec les partis de gauche (un proche de Manuel Valls)... BRAVO!

Paris, le 18 juin2013
Monsieur Luc Carvounas
Sénateur – Maire
Place François Mitterrand
BP 75
94140 Alfortville

Monsieur le Sénateur-Maire,

Il est bien une tradition constante et ancrée des partis se réclamant de la gauche : la défense de la démocratie, des droits de l’homme et du citoyen et de la liberté d’expression en France et dans le monde.

Vous êtes membre du principal parti se réclamant de la gauche, vous occupez des fonctions électives importantes, et voilà que vous refusez à une association – et une seule association – de la ville d’Alfortville – le Comité Palestine – le droit à disposer de toute salle municipale pour organiser réunions et débat sur le Proche-Orient ! Et ceci de manière définitive.

A ma connaissance vous êtes en France le premier maire de gauche, sénateur de surcroît, à vous placer du côté de la discrimination, interdite dans notre droit, et à mettre en cause la liberté d’expression. C’est accablant et le Comité Palestine ne manquera pas de saisir la direction de votre parti de cette situation.

Vous expliquez, en plus, que pour parler du sujet sensible du Proche-Orient il faut être au fait des choses et interdire tout débat « avec des gens qui ne maîtrisent pas la situation ». Vous semblez donc, vous, connaître la situation. Et il en va de même pour moi qui, pendant 15 ans, a été membre de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

En conséquence je vous propose officiellement un débat public entre nous deux sur cette question du Proche-Orient. Difficile pour vous de dire que nous sommes des personnes ne maîtrisant pas la situation. Je fais connaître par voie de presse mon invitation.

Dans l’attente, je vous prie de croire, Monsieur le Sénateur-Maire, en l’assurance de mes convictions démocratiques et pacifiques.

M. Jean-Claude Lefort
Député honoraire
Président d’honneur de l’AFPS

21 juin 2013

الأزمة السورية تتسلل الى أروقة القرار الأمريكي





·        مع انطلاق مؤتمر اصدقاء سوريا في الدوحة قد يكون الداخل السوري على موعد مع هجمات ارهابية  مكثفة غير تقليدية و في اماكن متعددة.
انتهت مناورات الاسد المتأهب في نسختها الثانية  و اخذت معها احلام الكثيرين في التدخل العسكري في سوريا. في المقابل, عاد محور حلفاء الولايات المتحدة للانصياع للنزوات الفرنسية "المغذية خليجياً" و بدأ الاستعداد لممارسة هواياته في "الاجتماع" عبر التحضير لعقد لقاء "مؤتمر أصدقاء سوريا" في الدوحة. تسليح المعارضة هو البند الرئيسي على أجندة المؤتمر. 
الكثيرون يتساءلون عن حقيقة الموقف الغربي و أهدافه. فقبل أيام قليلة في قمة الثمانية ظهر الخلاص من جبهة النصرة على أنه القاسم المشترك الاكبر و العامل الموحد لمطالب الجميع  دون استثناء. حيث اعتبر المشاركون ان الاولوية في سوريا هي للقضاء على جبهة النصرة  و لابد من تعاون الجميع لتحقيق هذه الغاية. بعد أيام قليلة تعود اسطوانة الجوقة الفرنسية المطالبة بتسليح المعارضة و يرافقها في هذه المرة اوركسترا اميركية تتحدث عن رغبة فريق واسع في الخارجية الأمريكية توجيه ضربة عسكرية لسوريا, تهدف الى "تركيع" النظام السوري وفقاً للتعبير المستخدم من قبل هذا الفريق.
 خلاف نشب بين وزير الخارجية الامريكي جون كيري و رئيس هيئة الاركان الجنرال ديمبسي  حول ضرورة توجيه الولايات المتحدة ضربة للقواعد العسكرية السورية على غرار و نمط حرب يوغسلافيا التي قادتها ادارة بيل كلينتون "الديمقراطية" آنذاك. الجنرال ديمبسي رفض الفكرة جملةً و تفصيلاً, و تسائل ان كان جون كيري نفسه يحمل أي تصور لشكل المشهد ما بعد الضربة المفترضة او حتى طبيعة التعامل مع نتائجها. اختلاف الرؤى هذا قد يكون ناتج عن وقوع الولايات المتحدة بين المطرقة و السندان فيما يتعلق بالأزمة السورية, فهي لا تريد بقاء النظام السوري و بالوقت نفسه لا تريد تكرار السيناريو العراقي و الوقوع في فخ الانتشار السرطاني للإرهاب. لهذا بقيت الولايات المتحدة تنتهج سياسة التوظيفات الرامية الى اطالة أمد الأزمة, و خلق نقاط ساخنة في الداخل السوري تهدف الى اضعاف النظام الى درجة الانهاك و بالتالي الوصول بحلفاء سوريا الى درجة القبول بالشروط الأمريكية للتسوية. فهي فعلياً تدين الارهاب امام المجتمع الدولي لكنها في الوقت نفسه تعطي الضوء الأخضر لحلفائها لإرسال المقاتلين عبر الحدود و تقديم الدعم التقني و المخابراتي و اللوجستي لهذه الجماعات.
الحقيقة أن تيار واسع في الخارجية الأمريكية اعتقد بقدرته على استثمار اطالة أمد الأزمة السورية بفتح مجمل الملفات الاقليمية العالقة, و خصوصاً ملف التسوية الاقليمية الشاملة في محاولة لتكون التسوية السياسية في سوريا هي بوابة العبور للتسوية الاقليمية الأشمل. لكن يبدو ان اصطدام هذه الرؤية "الحالمة" بالواقع على الأرض (تعنت اسرائيلي و أزمة حكم فلسطينية) أدى الى انتقال الازمة السياسية لداخل الادارة الامريكية و بداية ظهور حالة من التخبط بين أركان هذه الادارة نفسها.
 في المقابل كانت الماكينة الدبلوماسية الروسية تعمل بلا توقف, فمؤتمر أصدقاء سوريا او ما تبقى منهم, كان هدفا دبلوماسياً مشروعاً  لموسكو. استطاعت روسيا ان تبني في الشهور الأخيرة علاقات حيوية جديدة مع ألمانيا التي بدأت تلعب اليوم دوراً عقلانياً مهماً في منع الانجراف نحو سيناريوهات التسليح و الفوضى, و في الوقت نفسه تستثمر ألمانيا ما تملك من خطوط اتصال "دبلوماسية و استخباراتية" مفتوحة على الجميع دولاً و فصائل من اجل ايجاد مخرج حقيقي من الأزمة. ايطاليا هي الأخرى كانت احدى محطات وزير الخارجية الروسي لافروف و التي انتزع منها الوزير الروسي موقفاً داعماً لوجهة نظر موسكو بشأن التسوية, حيث أكدت وزيرة الخارجية الايطالية و وزير الدفاع رفض فكرة ارسال السلاح و شددا ان الحل لن يكون إلا عبر مؤتمر للسلام و بحضور جميع الاطراف بما فيهم ايران. اذاً, الموقفين الالماني و الايطالي هم موقفين فاعلين في داخل تركيبة "مؤتمر أصدقاء سوريا" و على صعيد المنظومة الاوروبية او منظومة حلف شمال الاطلسي. لهذا فليس من المتوقع أن يرشح أي جديد من لقاء الدوحة هذا, لكن -بلاشك- يبقى الخطر الأكبر مرتبط بإعادة هذا اللقاء لفكرة التوظيف العسكري لكثير من الفصائل و الجماعات في الداخل السوري الى أوجها. حيث ان المحور الأمريكي ما زال يعتقد بعدم جدوى الجلوس على طاولة المفاوضات دون اوراق ضاغطة و فاعلة سواء على صعيد التطورات الميدانية في الداخل السوري او على الصعيد السياسي الاقليمي الذي قد يشهد مفاجآت جديدة بانتقال أشكال الأزمة السياسية قريباً الى نوادي الحكم في دول المحور الأمريكي و خصوصاً الخليجي منها.
د.عامر السبايلة
http://amersabaileh.blogspot.com
« Tendances de l’Orient »

Le Hezbollah défend les peuples du Mashreq

| Beyrouth (Liban)
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Le Hezbollah défend les peuples du Mashreq

Par Ghaleb Kandil


Dans son discours à l’occasion de la « Journée du résistant blessé », le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a défini le cadre stratégique de la confrontation en cours au Mashreq arabe, notamment en Irak, en Syrie et au Liban, contre l’alliance conduite par les États-Unis et composée d’Israël, des mouvements takfiristes, de l’Union européenne, de la Turquie, de l’Arabie saoudite, du Qatar et de la Jordanie.
L’outil principal dans cette agression sont les gangs takfiristes, qui œuvrent à la destruction du tissu national en Irak, en Syrie et au Liban. Il est clair qu’avec leur bagage idéologique, ces groupes multinationaux projettent d’exterminer les chrétiens et de les expulser de la région, conformément au projet occidental, que l’ancien président français Nicolas Sarkozy avait mentionné lors de sa rencontre avec le patriarche Béchara Raï.
Les déclarations occidentales sur l’existence sur le terrain en Syrie de groupes non takfiristes sont une supercherie. La soi-disant Armée syrienne libre (ASL) n’est qu’une façade pour une centaine de groupes qui comportent dans leurs rangs des officiers déserteurs, devenus des extrémistes et des terroristes fanatiques. La bataille de Qoussair et d’autres affrontements ont montré que le comportement de ces groupes ne diffère pas de celui du Front al-Nosra, qui a bénéficié, ces deux dernières années, d’une grande partie des armes et de l’argent fournis aux rebelles, au même titre que les groupes liés au Frères musulmans.
Le recrutement pour gonfler les rangs de ces extrémistes s’est fait dans les rangs des takfiristes partout dans le monde et à travers des sociétés de mercenaires, issues de la tristement célèbre Blackwater. Des snipers professionnels, des experts dans les tueries de masse, des tueurs sans foi ni loi, qui ont déjà sévi en Irak et ailleurs, ont été envoyés en Syrie. Sans oublier les criminels de droits communs, libérés des prisons des pays du Golfe, à condition qu’ils s’engagent pour le « Jihad » en Syrie.
Les associations takfiristes et salafistes extrémistes, financées par le Qatar et l’Arabie saoudite, sont bien implantées dans les milieux de l’immigration arabe et asiatique, dans de nombreux pays européens. Leurs sièges et permanences sont bien connus des services de renseignement occidentaux, qui les laissent faire. Ils ont recruté des milliers de jihadistes, dont des centaines ont été tués en Syrie et enterrés discrètement en Europe de l’Ouest.
Les groupes takfiristes présents dans les pays du Mashreq ciblent, prioritairement, la majorité sunnite en Syrie : ils commettent des massacres, tuent des personnalités religieuses (comme le grand uléma Mohammad Saïd Ramadan el-Bouti), politiques, culturelles et scientifiques, dans le but de provoquer une discorde religieuse.
Le peuple, l’État et l’armée en Syrie ont supporté, seuls, le fardeau de la lutte contre ce fléau. Hassan Nasrallah a révélé les détails de ce plan diabolique qui vise aussi la Résistance et la société libanaise, ainsi que le tissu social en Irak et en Jordanie. Le but stratégique est de détruire l’idée de l’arabité chez les peuples de la région, seule capable de refléter la diversité du Mashreq. Israël en est le principal bénéficiaire.
En décidant de participer en Syrie à la lutte contre ce projet, le Hezbollah protège les peuples de la région, leurs religions, leur diversité, l’unité du tissu social et la volonté de résistance au projet hégémonique d’Israël qui est au cœur du combat de ce parti.
Le Hezbollah reste fidèle à sa tradition, en tant qu’avant-garde combattante contre le projet israélo-US, qui utilise aujourd’hui comme outil d’exécution les groupes takfiristes.

L’échec anticipé du nouveau plan états-unien

Paris a dernièrement accueilli des concertations entre la France, les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Arabie saoudite, consacrées à l’évaluation de la situation en Syrie après la bataille de Qoussair. Les informations en provenance de la capitale française indiquent que l’équipe de travail états-unienne, chargée d’étudier les options politiques et militaires possibles, est arrivée à une conclusion reposant sur deux réalités implacables : d’abord, l’impuissance, la faillite et la fragmentation des rebelles ; ensuite, la haine que le peuple syrien porte aux groupes armés dans les régions qui sont sous leur contrôle. Ce qui signifie que les extrémistes et les mercenaires recrutés et envoyés en Syrie ne disposent plus d’une assise populaire significative. Cette réalité explique en grande partie pourquoi l’équilibre des forces a changé en faveur de l’État et de l’armée. Il est clair qu’une majorité de la population des zones rurales syriennes rejette désormais ces groupes extrémistes internationaux qui commettent les pires atrocités et exactions. La décision des Occidentaux d’envoyer des armes à ces groupes haïs par le peuple syrien ne contribuera en aucune façon à leur créer un soutien populaire, sans lequel les chances de remporter la moindre victoire significative sont quasiment nulles.
L’évaluation de la situation proposée par les États-uniens laisse deviner les contours du plans de « rééquilibrage des rapports de forces », auquel le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a fait allusion, pour permettre la tenue de la conférence de Genève 2. L’objectif de ce plan est d’essayer de regagner le terrain perdu par les extrémistes face à l’armée syrienne dans la province de Daraa, où en plus des offensives victorieuses, l’État a réussi à convaincre, par des négociations, un grand nombre de rebelles, à déposer les armes et à reprendre une vie normale.
Après l’impuissance qui frappe la Turquie à cause de l’Intifada de Taksim, et la défaite infligée aux extrémistes à Qoussair après l’entrée dans la bataille du Hezbollah, les Occidentaux ont donc décidé de réactiver le front de Daraa. De nouvelles armes et munitions ont été envoyés aux groupes rebelles encore actifs dans cette province.
Cette initiative sera cependant vouée à l’échec en raison du changement de l’humeur populaire. Ceux qui avaient sympathisé au début avec les rebelles ont découvert, avec horreur, la réalité sanguinaire de leur projet. Et rien ne pourra faire reculer le cours de l’histoire.

Déclarations et prises de positions

Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah
« Nous sommes des Libanais depuis des centaines voire des milliers d’années. Nous sommes nés ici, nous avons vécu ici, et nous allons mourir et être enterrés dans ce pays. Nous avons réussi à écraser la plus forte armée dans la région. Qui sont donc ces individus ridicules qui disent aujourd’hui qu’ils veulent nous éradiquer de ce pays ? (...) Nous appelons à la plus grande retenue. Certaines parties exploitent chaque évènement ou incident pour attiser les tensions. La situation est sensible. Certaines parties, soutenues par les médias, disent que les roquettes sont tirées à partir de [la ville sunnite d’]Ersal sur les régions [chiites] de Baalbeck et du Hermel. Ceci n’est pas vrai. Ce sont les groupes armés syriens qui tirent ces roquettes à partir du territoire syrien. Certains exploitent les divergences politiques pour attiser les tensions confessionnelles. Il existe un climat d’intimidation au Liban et même dans la région. Les États-Unis, l’Europe, des pays du Golfe, et des médias largement financés dirigent un projet dangereux contre la région. Les fatwas de meurtre, d’assassinat, et de décapitation font la « Une » sur la scène libanaise et régionale. À chaque fois qu’un uléma ou un politicien tient un discours qui ne plait pas à certains, on cherche à le liquider, comme ce fut le cas avec cheikh Maher Hammoud et d’autres. Le Hezbollah est confronté à une campagne d’insultes depuis 2005 et d’une façon quotidienne. Il supporte leurs attaques depuis huit ans. Ce sont eux qui ne supportent pas le point de vue de l’autre. L’apostasie, les menaces de mort, les campagnes médiatiques ne parviendront jamais à nous pousser à changer notre position, au contraire, ceci nous rend plus attachés à nos convictions. Dans la guerre de juillet 2006, tout le monde était avec Israël et les immeubles s’effondraient au-dessus de nous, et nous avons poursuivi le combat jusqu’à la victoire. Dès le début du conflit syrien, nous avons compris les dessous de ce qui se passe. Nous avons compris les objectifs de ce projet, ses dangers et ses répercussions sur la Syrie, mais aussi sur la Palestine, le Liban, toute la région, sur les sunnites, les chiites, les druzes, les chrétiens (...) Par notre participation, nous défendons la Syrie et son peuple, le Liban et son peuple. Nous sommes contre la destruction de la Syrie. Le monde entier est en train de combattre en Syrie, des dizaines de milliers d’hommes armés sont venus pour renverser le régime. Une guerre universelle se déroule en Syrie. Nous sommes les derniers à y être intervenus. Le Courant du futur, des partis libanais et d’autres nous ont précédés depuis bien longtemps. Si le Hezbollah était intervenu pour aider l’opposition, il aurait été considéré comme un parti béni et tout le monde l’aurait applaudi. Nous avons constaté que face à cette guerre universelle, nous avons le devoir d’aider ce régime avec nos capacités limitées, afin d’empêcher la chute de la Syrie mais aussi de toute la région, et de faire avorter le projet takfiri (...) Les pays du Golfe disent qu’ils ont placé le Hezbollah sur la liste terroriste. Je suis étonné d’apprendre que les pays du Golfe aient une liste d’organisations terroristes. Je sais que c’est le cas en Occident et aux États-Unis. Nous avons l’honneur de figurer sur la liste terroriste US. Quant aux menaces lancées contre les Libanais dans le Golfe, sachez qu’il n’existe pas de membres du Hezbollah là-bas. Croyez-vous que ces pays ont déjà octroyé des visas aux éléments du Hezbollah ? Jamais ils ne l’ont fait. Le torpillage de ce projet est beaucoup plus important que tout autre sacrifice qu’il faut consentir. Ne croyez pas que la politique de menacer les Libanais dans le Golfe va nous pousser à changer notre position. Jamais. Je vous conseille de comprendre la position des pays du Golfe parce que le projet pour lequel ils ont tant œuvré a commencé à s’effondrer. Le conflit en Syrie n’est pas confessionnel. Est-ce que cheikh el-Bouti était chiite ? Vous êtes faibles et pour cette raison vous exacerbez le discours confessionnel. Personnellement, je suis heureux de voir des chiites opposés à notre politique, ceci démontre que le conflit n’est pas confessionnel. Je voudrai évoquer l’affaire de la bannière sur laquelle était inscrit « O Hussein ! » et qui aurait été hissée sur la mosquée Omar ibn Khattab. Est-ce un comportement responsable de débattre pendant une semaine sur al-Arabiya et al-Jazeera de cette question ? Pourtant, je vous assure que cette information est mensongère, non seulement incorrecte. Ces idiots ne savent pas que des familles syriennes chiites vivent à Qousseir depuis des dizaines d’années. Sachez que cet étendard a été hissé sur la mosquée de l’imam Hassan et non pas sur la mosquée du compagnon Omar. Nous allons distribuer un CD qui montre la vérité de cette affaire. Avant Qousseir, c’est comme après Qousseir. Rien n’a changé. Le complot n’est-il pas le même ? Les faits ont-ils changé ? Au contraire, dans l’autre camp, il y a une tendance à attiser cette confrontation. Là où nous devons être, nous y serons. Là où nous avons commencé à assumer les responsabilités, nous continuerons à assumer ces responsabilités, sans entrer dans les détails. Ces derniers dépendront des nécessités du terrain. »
Saad Hariri, Ancien Premier ministre libanais
« Le Hezbollah, ancré dans un arsenal sectaire, militaire et financier, a réussi depuis plus de vingt ans à attirer la communauté chiite et à la noyer dans l’illusion de contrôler les autres, pour en faire un substitut armé aux gardiens iraniens de la Révolution sur la scène libanaise et un fer de lance dans un projet levantin, qui comprend plusieurs pays de la région et qui est sponsorisé par l’Iran. Ce projet demande aux chiites du Liban d’être le carburant d’une guerre absurde sans fin. Il veut aussi que le Liban devienne une arène pour défendre le régime d’Assad, avec des frontières qui ne se limiteront pas aux limites des confessions au Liban, surtout si nous comprenons les dimensions stratégiques du projet iranien dans l’Orient arabe et les signaux qui sont envoyés concernant la position avancée du Hezbollah dans ce projet, avec des missions visant à poser les bases de nouvelles cartes, dans le cadre d’une géographie politique qui comprend l’Irak et la Jordanie en plus du Liban et de la Syrie. Je sais que ces propos ne résonneront pas positivement chez beaucoup de Libanais, en particulier la majorité de la communauté chiite, dont on sait à l’avance que le Hezbollah sera capable de la mobiliser dans la direction qu’il veut (...) C’est le cœur du problème, car le Hezbollah est confiant que son projet est fondé sur la loyauté de la communauté chiite. Le Hezbollah tente de convaincre la communauté chiite que ses armes sont là pour la protéger et que le parti a réussi à établir la première armée du genre pour les chiites en Orient. Il utilise comme preuve les missions militaires menées en Syrie ces jours-ci et le fait que l’Iran, en tant qu’État chargé de protéger les chiites dans le monde, fournit au parti toutes les formes de soutien financier et militaire. Le Hezbollah peut servir d’armée de défense d’Assad ou des intérêts de l’Iran et de son programme nucléaire. Mais il n’est certainement plus adéquat pour la défense du Liban ou des chiites au Liban, dans le monde arabe et dans le monde entier. »
Michel Aoun, leader du Courant patriotique libre
« Je veux sincèrement que la politique de distanciation à l’égard de la crise syrienne soit appliquée, mais de façon concrète. Mais les frontières sont restées incontrôlées. La responsabilité de la détérioration de la sécurité dans le pays incombe au gouvernement, au Conseil supérieur de défense, et aux ministères de l’Intérieur et de la Défense. Le Hezbollah n’est pas allé occuper la Syrie, mais il a empêché le conflit de se propager au Liban. Je suis contre l’interférence en Syrie par principe, mais je ne peux m’opposer à ceux qui tentent de protéger le Liban de la guerre. »
Jean Kahwaji, commandant en chef de l’Armée libanaise
« Il faut maintenir le plus haut niveau de vigilance en cette période sensible que traverse le pays, en redoublant d’efforts et de sacrifices pour empêcher la discorde. La cohésion de l’armée et son endurance face aux défis et aux dangers sont la seule garantie pour le Liban. Les unités militaires doivent réagir fermement à toute atteinte à la vie et à la propriété des citoyens, en intervenant immédiatement pour mettre un terme aux accrochages. »
Michel Sleiman, président de la République libanaise
« Le bombardement d’Ersal par des hélicoptères syriens viole toutes les conventions internationales et tous les traités qui régissent les relations entre les deux pays. Alors que l’État tente, par tous les moyens, de préserver la stabilité du Liban et de sauvegarder la paix civile, ces raids mettent en danger la sécurité des citoyens. Le Liban se réserve le droit de prendre les mesures nécessaires pour défendre sa souveraineté et protéger ses fils, ce qui n’exclut pas une plainte, à ce titre, auprès de l’Onu et de la Ligue arabe. »

Événements

• Les Émirats arabes unis pourraient abolir sous peu les permis de séjour de 1 200 Libanais. La communauté libanaise aux Émirats compte près de 120 000 personnes. Parallèlement, l’un des pays du Conseil de coopération du Golfe aurait informé il y a quarante-huit heures le palais Bustros de sa décision d’expulser dans l’immédiat neuf ressortissants libanais, dont deux sunnites, deux chrétiens et cinq chiites. Cette mesure suscite l’inquiétude des milieux libanais dans le Golfe qui craignent que les sanctions que le Conseil de coopération du Golfe a décidé d’appliquer à l’encontre des membres et partisans du Hezbollah ne dépassent le cadre des Libanais proches du Hezbollah pour englober également les factions alliées au parti.
• Le patriarche maronite Mgr Béchara Raï et le patriarche d’Antioche et des Églises d’Orient, Mgr Youhanna Yazigi, à Bkerké, ont appelé dans un communiqué les ravisseurs des deux évêques enlevés en Syrie par des rebelles extrémistes en Syrie, Mgrs Boulos Yazigi (le frère du patriarche grec-orthodoxe) et Youhanna Ibrahim, à leur libération. Ils ont également appelé à la libération de tous les détenus sur le territoire syrien, « par respect de l’homme et des libertés ».
• Des extrémistes juifs ont écrit en hébreu « Prix à payer » et « Revanche » sur les pierres tombales d’un cimetière orthodoxe de Yafa, près de Tel-Aviv. Les pneus de cinq véhicules stationnés à proximité ont également été crevés. Des colons extrémistes ainsi que des activistes d’extrême droite mènent sous l’appellation du « Prix à payer » des représailles sur des villageois palestiniens, ou arabes israéliens, des lieux de culte musulmans et chrétiens. Des graffiti et des insultes antichrétiens en hébreu avaient été tagués en mai sur un mur de l’église de la Dormition, l’une des principales abbayes de Jérusalem, alors dernier en date d’une série d’actes de vandalisme antichrétien. Les auteurs de ces crimes sont rarement traduits en justice.

Revue de presse

As-Safir (Quotidien libanais proche du 8-Mars)
(14 juin 2013)
L’ancien Premier ministre Saad Hariri a lancé une grosse pierre sur la scène politique libanaise à travers une lettre adressée aux Libanais contre le Hezbollah et, par conséquent, contre une faction importante de la population.
Le leader du Courant du futur a peut-être voulu anticiper le discours du secrétaire général du Hezbollah prévu aujourd’hui afin de le mettre sur la défensive et d’empêcher le parti d’exploiter à l’interne les résultats de la bataille de Qoussair.
Saad Hariri a brisé tous les ponts avec le Hezbollah et a brûlé tous les navires. Sa lettre est un véritable acte d’accusation contre la Résistance, lui faisant assumer la responsabilité de tous les maux qui frappent le Liban et l’accusant de constituer une menace existentielle pour le pays, de contrôler ses dirigeants et ses institutions, sous une couverture iranienne.
Cette lettre, écrite par une main professionnelle, rejoint la violente campagne lancée contre le Hezbollah par le Conseil de coopération du Golfe, les États-Unis, l’Europe, des pays arabes, couronnée par des fatwas religieuses émises dans plusieurs capitales arabes.
Quelle est la fonction de cette lettre ? Illustre-t-elle la colère des pays du Golfe à l’égard du rôle du Hezbollah dans la modification des rapports de force sur le terrain en Syrie ? Ou bien est-ce un coup de colère après l’échec d’un pari politique et militaire en Syrie à partir de la porte de Qoussair ? Ou bien encore reflète-t-elle une inquiétude des pays du Golfe du déclin US dans la région au profit de l’Iran et de la Russie. Aussi, l’Arabie saoudite a-t-elle voulu tapoter sur la table pour rappeler qu’elle est présente, pour ne pas être exclue du compromis qui pointe à l’horizon en Syrie ?
Pourquoi Saad Hariri a-t-il tranché le débat sur la nature de la confrontation en cours en Syrie et l’a mise dans le cadre d’un affrontement entre sunnites et chiites dans l’ensemble de la région, approfondissant ainsi les dissensions internes au Liban ?
Pourquoi vouloir présenter le danger du Hezbollah contre le Liban et le monde arabe, et avec lui l’Iran et le régime syrien, comme étant plus pernicieux que le danger israélien en cette période ?
Admettons que le Hezbollah ait impliqué le Liban dans la crise syrienne. La lettre de Saad Hariri n’entraine-t-elle pas le Liban dans la grande confrontation à l’échelle de la région ? N’invite-t-elle pas au Liban les crises syrienne et irakienne, le conflit entre le Golfe et l’Iran et le projet de discorde ?
Saad Hariri dispose-t-il de données sur lesquelles il a bâti des convictions sur les changements des rapports de forces, pour oser défier le Hezbollah ?
Hariri se lance-t-il dans une aventure calculée cette fois-ci ? ou bien a-t-il été poussé par quelqu’un dans cette aventure pour être exploité dans une vaste confrontation allant du Golfe au Liban en passant par l’Irak et la Syrie ?
L’ancien Premier ministre parie-t-il encore une fois sur la mouvance salafiste —qu’il avait désavoué par le passé, abandonnant le sang de sa jeunesse— pour qu’elle livre pour son compte une guerre ouverte contre les chiites ? Laisse-t-il entendre qu’il pourrait accorder une couverture aux courants fondamentalistes qui commencent à avoir une grande influence sur la scène sunnite ?
Enfin, les propos de Hariri risquent-ils de saper la sécurité à Tripoli, Saïda, et peut-être à Beyrouth et dans la Békaa-Ouest ?
As-Safir (14 juin 2013)
Les manifestations ainsi que les démarches entreprises sur le plan tant libanais qu’international pour protester contre la poursuite de la détention arbitraire de Georges Ibrahim Abdallah en France trouvent leur consécration avec la participation du « Collectif international pour la libération de Georges Abdallah » à la 23ème session du Conseil des Droits de l’Homme à Genève. L’information la plus importante à cette étape est l’annonce faite par le secrétaire du groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, Miguel De La Lama, que son équipe déposera le 21 juin la plainte relative au détenu libanais auprès du gouvernement français, afin que ce dernier apporte des réponses aux allégations contenues dans la plainte dans les deux mois suivant la réception de celle-ci.
Le Collectif a tenu à Beyrouth une conférence de presse pour exposer les résultats de sa participation à la session du Conseil, soulignant avoir remis à plusieurs rapporteurs chargés des questions relatives aux droits de l’Homme un dossier complet portant sur l’affaire, en leur demandant de l’évoquer dans leurs prochains rapports. Bassam Al Kintar, membre du Collectif, a affirmé que d’autres documents, tels que les décisions du Tribunal d’application des peines de Paris ou de la Cour d’appel prévoyant la remise en liberté d’Abdallah en la conditionnant à son extradition hors du territoire français, ont également été remis au groupe de travail de l’ONU à Genève. Ce dernier, a-t-il expliqué, présentera son rapport sur l’affaire en août si le gouvernement français répond dans les délais aux allégations contenues dans la plainte, précisant que ce rapport sera présenté au plus tard en octobre prochain.
As-Safir (14 juin 2013)
Malak Akil
Il est peu probable que la réunion du Conseil constitutionnel mardi prochain provoque un chamboulement des équations mises en place par les protagonistes, favorables au report des élections ou ceux qui préfèrent la prorogation du mandat du Parlement.
Dans les coulisses du « tandem chiite » [le Mouvement Amal et le Hezbollah, ndlr] on ne comprend pas « l’entêtement » du général Michel Aoun à vouloir organiser les élections « malgré la volonté parlementaire illustrée par 108 députés qui ont voté en faveur de la prorogation ». Si le général Aoun assure pouvoir accomplir des percées dans certaines circonscriptions chrétiennes difficiles, comme à Batroun, le tandem chiite pense qu’il ne pourra pas le faire sans le soutien de ses alliés chrétiens, avec à leur tête le Tachnag. Or le parti arménien avait déjà informé ses alliés qu’il n’était pas prêt pour la bataille électorale. La situation des autres alliés n’est pas meilleure. Dans les milieux chiites, certains n’hésitent pas à dire : « Notre choix (la prorogation) protège Michel Aoun ». Mais en dépit des divergences portant sur l’évaluation de la situation électorale, le président Nabih Berry et le commandement du Hezbollah sont déterminés à ne pas « aggraver le problème avec Michel Aoun ». Ces divergences sont mises « dans la case des différences d’opinion qui peuvent parfaitement être gérées pour éviter d’autres tensions ».
As-Safir (13 juin 2013)
Le tweet de l’ambassade des États-Unis sur « l’obligation du Conseil constitutionnel d’examiner et de se prononcer sur les recours dont il est saisi, loin de toute ingérence politique » constitue un camouflet infligé à l’État libanais par Washington. C’est un vrai scandale et une ingérence flagrante dans les affaires intérieures libanaises. Les déclarations de Washington semblent donner des ordres aux autorités libanaises, à mille lieues du langage diplomatique qui devrait être de rigueur. Le doute n’est plus permis : cette prise de position vient confirmer les informations quant aux pressions qu’exerceraient les États-Unis sur certains de leurs alliés afin d’obtenir que le Conseil constitutionnel accepte le recours en invalidation de la loi de prorogation du mandat du Parlement.
An-Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
Khalil Fleihane (12 Juin 2013)
Des milieux diplomatiques à Beyrouth rapportent que certaines grandes puissances ont mis en place des cellules de crise afin de suivre la situation au Liban et les développements survenus sur la scène locale, lesquels laissent présager d’une conflagration d’envergure à tout moment. Les ambassadeurs accrédités au Liban, qui prônaient la tenue des élections à la date prévue, appellent de leurs vœux la formation du nouveau gouvernement, dans la mesure où il est inacceptable dans la conjoncture régionale et syrienne actuelle de laisser le pays sans un gouvernement capable de prendre des décisions pour faire face aux défis.
Al-Akhbar (Quotidien libanais proche de la Résistance)
Nasser Charara (14 juin 2013)
Des informations indiquent qu’une personnalité locale d’Alep devrait arriver à Paris samedi pour y rencontrer le ministre Laurent Fabius à la demande de ce dernier. Sur la forme, cette rencontre constitue une entorse au protocole français : jamais un ministre des Affaires étrangères n’a adressé d’invitation officielle à des personnalités occupant un poste moins important que le sien. Mais des sources françaises proposent une justification exceptionnelle à cette rencontre, dans la mesure où elle contribue aux « efforts urgents » engagés par Paris pour éviter à la ville d’Alep le sort de la ville de Qoussair.
La bataille prévue à Alep et les résultats stratégiques de la bataille de Qoussair ont fait l’objet d’un débat franco-saoudien et de discussions sans répit entre Paris et Londres ainsi qu’entre Washington et Londres. Des contacts arabes et internationaux se seraient d’ailleurs activés dans la foulée de la chute de Qoussair, dans le but de tracer une ligne de démarcation internationale sur le terrain à Alep, interdisant toute modification de la situation dans la ville et toute réédition du scénario de Qoussair. De telles démarches sont conduites, à l’échelle européenne, par la Grande-Bretagne et la France, fermement épaulées par l’Arabie saoudite. Des sources de l’entourage du ministre britannique William Hague citent ce dernier comme ayant affirmé que l’aboutissement de ces efforts était tributaire d’un mot d’ordre donné par le président américain Barack Obama.
Des rapports diplomatiques en provenance de Washington évoquent le débat en cours entre Obama et ses conseillers, axé sur les options possibles vis-à-vis de la crise syrienne. L’Administration états-unienne est furieuse de l’intervention du Hezbollah dans la guerre en Syrie, d’autant que cette intervention a compliqué la tenue de la réunion de Genève 2.
En effet, l’opposition, ainsi que Paris, Londres et Riyad, pencheraient désormais en faveur d’un report de la réunion en attendant le rééquilibrage de la situation sur le terrain après la chute de Qoussair.
Les rapports diplomatiques évoquent en outre une idée que Britanniques et Français essaieraient d’inscrire sur l’agenda d’Obama et de ses conseillers : si la chute de Qoussair a rendu difficile la tenue de Genève 2, un assaut de l’armée syrienne contre Alep sera de nature à torpiller cette réunion et à tirer un trait sur l’ensemble du processus politique visant à régler la crise syrienne. Les mêmes rapports indiquent par ailleurs que l’administration Obama redoute essentiellement que l’intervention du Hezbollah en Syrie n’entraîne l’importation par le Liban de la crise syrienne.
Al-Akhbar (13 juin 2013)
Nicolas Nassif
Le Hezbollah a tourné le dos à la polémique suscitée par sa participation dans les combats en Syrie, notamment à Qoussair, ignorant les critiques virulentes et les accusations provoquées par son implication dans ce conflit et faisant état des répercussions négatives de cette implication sur la scène sunnito-chiite au Liban. Le Hezbollah s’en est remis à Nabih Berry pour gérer la bataille de la prorogation du mandat du Parlement, dont il est le plus fervent adepte, après avoir tracé les limites des négociations avec Tammam Salam au sujet de la composition du gouvernement. Le Parti ne s’est pas contenté de tourner le dos aux échéances internes et à ses adversaires, mais aussi à ses alliés, laissant ainsi entendre que sa véritable bataille se déroule en Syrie et non pas sur le sol libanais. Le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, devrait faire la distinction entre les volets interne et externe de sa politique lors de son intervention télévisée qui aura lieu demain samedi, à l’occasion de la « Journée du blessé ».
Pour la première fois, des responsables du Hezbollah évoquent le rôle joué par leur parti en dehors de l’équation de la Résistance et du conflit avec Israël. Ils font état de l’influence du parti au Yémen, au Bahreïn, en Arabie saoudite, en Irak, en Palestine et à la frontière avec l’État hébreu, affirmant que le Hezbollah est aujourd’hui au cœur du régime syrien.
Pour le Hezbollah, la prise de Qoussair, le rôle qu’il y a joué ainsi que le renforcement du contrôle du régime syrien sur la frontière syro-libanaise revêtent une double importance. L’objectif de la bataille de Qoussair était de couper les voies de passage frontalières qui rendaient possible l’intervention du Liban dans la guerre syrienne, à travers le trafic d’armes et en assurant un sanctuaire aux rebelles. La prise de Qoussair fait partie d’un plan dont l’exécution sera achevée à Alep. L’importance de la bataille de Qoussair réside dans les calculs militaires, sécuritaires et politiques du Hezbollah, qui considère qu’il s’agit de la première offensive d’envergure qu’il mène depuis sa création, en dehors de ses zones d’influence. Jusqu’ici, il s’était engagé dans des combats défensifs contre Israël. Par conséquent, le commandement militaire du Hezbollah estime que la participation du Hezbollah aux combats à Qoussair constitue un nouvel exercice important depuis les derniers affrontements militaires avec Israël qui remontent à la guerre de juillet 2006. Ceci laisse prévoir, relève que pour protéger la Résistance, le Hezbollah est disposé à s’impliquer davantage dans la guerre en Syrie, que ce soit à Qoussair, à Zabadani, à Homs, ou même à Alep.
Al-Akhbar (13 juin 2013)
Ibrahim al-Amine
Il y a quelques jours, un diplomate occidental a évoqué avec l’un de ses visiteurs l’attitude des Arabes à l’égard des nouveaux développements en Syrie et les dessous de la campagne croissante contre le Hezbollah. Ce diplomate a déclaré que « la participation du parti aux combats en Syrie s’est soldée par des succès importants pour le régime et son armée. Un plus grand rôle du Hezbollah pourrait aider le régime à récupérer Alep, toute la campagne de Damas et d’autres régions aux frontières avec la Turquie et la Jordanie, et cela est grave ». Les experts israéliens et occidentaux répètent les mêmes propos. Le diplomate ajoute : « Si la participation du Hezbollah va donner au régime l’opportunité de réaliser d’importants succès, il faut travailler sur deux niveaux : trouver les moyens de renforcer les groupes armés rebelles et contraindre le Hezbollah à faire marche arrière et à limiter son implication dans la guerre syrienne ».
Toutefois, les données montrent que « les outils de travail » de l’Occident et de ses auxiliaires imposent une nouvelle vague d’escalade articulée autour du slogan selon lequel la participation du Hezbollah est l’illustration d’une « campagne chiite contre les sunnites ». Dès lors, tout ce qui se dit et sera dit à l’avenir devient compréhensible : les fatwas exacerbant les tensions religieuses, l’encouragement à la violence sectaire, comme cela se produit en Irak, et pousser les rebelles en Syrie à commettre les pires atrocités, à l’instar de ce qui s’est passé, hier, dans un village chiite de Deir Ezzor.
Mais cela ne s’est pas arrêté là. Il fallait que les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) prennent une autre mesure, en décidant de frapper là où le bât blesse : menacer les Libanais, notamment les chiites, dans leur gagne pain. Leur interdire de travailler dans les États du CCG sous prétexte qu’ils sont des partisans du Hezbollah. Le CCG espère que ces mesures déclencheront une campagne civile chiite hostile au Hezbollah au Liban pour le contraindre à se retirer de Syrie et de stopper son soutien au régime. De même que les pays du Golfe espèrent que ces mesures feront pression sur l’État libanais (par hasard, cette mentalité ressemble à celle des Israéliens dans toutes leurs guerres contre le Hezbollah au Liban). Le CCG et les pays qui le soutiennent rêvent d’une révolution libanaise contre la participation du Hezbollah aux combats en Syrie.
Bon, que va-t-il se passer maintenant ?
S’attendre à ce que ces pressions donnent des résultats sérieux est une illusion. Il sera difficile d’imaginer une révolte chiite au Liban ou dans le monde arabe qui pousserait le Hezbollah à céder à ces pressions. De même qu’il sera difficile de s’attendre à des éléments nouveaux et qualitatifs dans le discours des dirigeants et des médias du 14-Mars. Aussi, les États du Golfe et, derrière eux, les États-Unis, doivent réfléchir à une autre méthode pour soutenir les groupes armés en Syrie. Ils ont déjà donné tout ce qu’ils peuvent en armes, argent, appui médiatique et politique et acheminement de combattants. Il ne leur reste plus qu’une seule option : envoyer leurs armées combattre en Syrie. Peut-être qu’il serait temps qu’ils le fassent, directement et sans louvoiement.
Al-Joumhouria (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
La tension est revenue hier dans la ville de Saïda après que l’imam de la mosquée al-Qods, cheikh Maher Hammoud, ait révélé que l’ancien chanteur Fadl Chaker, l’un des partisans les plus actifs du cheikh Ahmad Al-Assir, a appelé sur son téléphone pour le menacer. Cheikh Hammoud a expliqué qu’alors qu’il se trouvait à la mosquée, un de ses gardes du corps à pris l’appel et a été surpris d’avoir au bout du fil Fadl Chaker qui lui a proféré des insultes et l’a menacé de mort.
Une forte tension est immédiatement apparue et les partisans de cheikh Hammoud se sont déployés sur la place al-Qods à Saïda et ont pris des mesures de sécurité. Le chef des services de renseignement de l’Armée libanaise au Liban-Sud, le général Ali Chahrour, a reçu un appel du cheikh Hammoud qui l’a informé de l’incident. L’armée a dépêché une patrouille près du domicile du dignitaire pour assurer sa protection. Le procureur du Sud, le juge Samih el-Hage, a également appelé cheikh Hammoud pour s’informer des détails. Un mandat d’amener a été émis à l’encontre de Fadl Chaker pour l’interroger au sujet de cette affaire.
L’Orient-Le Jour (Quotidien libanais francophone proche du 14-Mars)
Scarlett Haddad (12 juin 2013)
Des scènes incroyables se sont déroulées ces derniers jours dans une relative discrétion. Les convois de blessés des membres de l’Armée syrienne libre et du Front al-Nosra sont passés par les régions que leurs formations bombardent régulièrement, sans être le moins du monde inquiétés. Ils ont d’ailleurs, à certains moments, croisé —ou presque— les convois formés pour les funérailles des combattants du Hezbollah morts à Qousseir, et les participants à ces funérailles se sont bien gardés du moindre mouvement d’humeur, que ce soit à Hermel ou à Baalbeck, selon le témoignage du député Kamel Rifaï. Plus encore. Le Hezbollah a lui-même assuré le transport de 35 blessés dans ses propres ambulances en raison de l’appréhension de certaines organisations humanitaires concernant le passage dans les régions chiites. Les témoins de ces scènes racontent d’ailleurs la surprise mêlée de crainte des blessés de l’opposition syrienne en se voyant escortés par ceux-là mêmes qu’ils combattaient à Qousseir. Ils ont d’ailleurs cru un instant que le Hezbollah les enlevait pour les massacrer en toute tranquillité, mais ils ont vu clairement qu’il ne faisait qu’assurer leur transport jusqu’aux hôpitaux du Nord. De plus, le convoi des 35 blessés devait passer par la route de Hermel qui mène vers Kobeyate, mais la tribu Jaafar, qui a deux personnes enlevées en Syrie par l’opposition syrienne, a refusé de les laisser passer en bloquant la route, et le convoi a dû emprunter une autre voie qui va de Baalbeck à Denniyé.
Interrogés par les organisations humanitaires et par les blessés eux-mêmes sur la raison d’un tel acte, les combattants du Hezbollah se sont contentés de répondre : « Notre religion nous impose d’agir ainsi. Nous n’avons pas le droit de toucher aux blessés. Ils doivent être emmenés vers les hôpitaux. » Certains médias vont sans doute dire que le Hezbollah a fait ainsi un grand coup de communication. Mais en réalité, l’opération s’est déroulée dans la plus grande discrétion et le Hezbollah n’a fait aucun tapage sur le sujet. De plus, il n’a certainement pas agi ainsi dans l’espoir de modifier les croyances des blessés et de les gagner à sa cause, sachant que ces blessés se sont battus en grande partie par conviction. Il s’agit donc, de la part du Hezbollah, d’une opération effectuée en toute connaissance de cause, pour des raisons à la fois religieuses et morales. Par honnêteté, il faut se demander combien d’autres formations sont en mesure d’agir ainsi. Et si la situation était inversée, quelle aurait été l’attitude des combattants de l’opposition syrienne s’il fallait laisser passer des éléments du Hezbollah blessés vers les hôpitaux du Hermel et de Baalbeck ? La question mérite d’être posée dans ce climat de haute tension confessionnelle et face à la campagne de dénigrement du Hezbollah qui connaît actuellement un regain d’intensité.
Ses adversaires politiques au Liban ne veulent lui reconnaître aucune qualité et l’attendent au tournant à la moindre faute. C’est sans doute la règle en matière de lutte politique, et quelque part, c’est de bonne guerre, mais certaines vérités doivent quand même être dites, ne serait-ce que pour redonner un peu d’espoir aux Libanais effondrés devant l’ampleur du fossé qui sépare les deux principaux camps du pays.
Le Hezbollah a donc fait preuve, aux moments-clés, d’une rectitude morale certaine. Il faut se rappeler mai 2000 et le retrait des troupes israéliennes du Liban de façon précipitée, laissant derrière eux des alliés qui n’ont pas eu le temps de fuir… mais aucun incident n’a été enregistré...
Ach Charq Al-Awsat (Quotidien saoudien, 12 juin 2013)
Le secrétaire général adjoint du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pour les Affaires des négociations et du dialogue stratégique, Abdel Aziz Oueicheq, a expliqué les mesures que le CCG a décidé d’adopter pour combattre le terrorisme économique. « Comme cela est apparu dans la lutte contre le terrorisme, l’action collective pour faire face à ces organisations s’avère plus efficace, a-t-il dit. Il existe des mécanismes internationaux appropriés. La première étape consiste à identifier les virements financiers au profit du Hezbollah, du régime syrien et des individus et institutions qui leurs servent de prête-noms. Ces mesures s’appliquent aussi à leurs alliés, comme le président du Bloc du changement et de la réforme, Michel Aoun ». Indiquant que ces groupes travaillent rarement sous leurs propres noms, M. Oueicheq a affirmé que « la deuxième étape consiste à identifier les investissements et les tentatives de blanchiment d’argent ».
Source
New Orient News (Liban)