25 mai 2015

vidéo du discours de Sayed Nasrallah -- 24/05/2015

S.Nasrallah: le Hezbollah sera là où il doit être pour combattre les takfiristes


Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a appelé les Libanais, et les peuples de la région  à s’unifier pour vaincre le projet takfiriste, assurant qu’il constitue un danger pour tous les musulmans, comme pour toutes les autres communautés de la région sans exception.

S’exprimant lors d’un discours télévisé à l’occasion de la 15ème commémoration de la Résistance et de la libération, organisée dans la ville du sud Nabatiyyeh, pour fêter l’expulsion de l’occupation israélienne du sud du Liban accomplie le 15 mai 2000, il a exposé les similitudes qui se présentent entre l’époque actuelle et celle de l’invasion israélienne du Liban en 1982, dans le but d’en tirer les leçons.

« Comme d’aucuns avaient à cette époque misé sur l’ennemi sioniste, certains misent aujourd’hui sur les groupuscules takfiristes », a-t-il estimé, en nommant Daesh (Etat Islamique) et le front al-Nosra (la branche armée d’Al-Qaïda en Syrie).

Selon lui, ceux-là en seront les premières victimes. « Franchement, les premières victimes de Daesh et du Nosra seront le courant du Futur, ses dirigeants et ses députés », a-t-il averti.

Son éminence a prêché en faveur d’un règlement à l’unisson de la part des parties lésées par ce fléau, en Irak, en Syrie, au Liban et ailleurs,  attribuant son expansion aux solutions séparées qui sont utilisées, sans oublier la complicité américaine dont il dispose.

« Nous au Hezbollah  serons là où nous devons être, partout en Syrie, en Irak ou ailleurs, pour lutter contre lui », a-t-il affirmé.

Assurant que jamais depuis 1982, la Résistance n’a été aussi puissante, aussi nombreuse en combattants, aussi bien équipée en armements, et aussi expérimentée, ni aussi motivée comme elle l’est aujourd’hui, il a indiqué que des dizaines de milliers de combattants sont prêts à répondre à l’appel d’une mobilisation générale si elle s’avère nécessaire.

Concernant la bataille du Qalamoune, le numéro un du Hezbollah a assuré qu’elle allait se poursuivre jusqu’au bout, menaçant que personne ne permettra qu’aucun terroriste takfiriste ne reste dans le jurd de localité libanaise de Aarsale, où se sont confinés les miliciens du front al-Nosra et Cie après avoir fui l’offensive menée par le Hezbollah et l’armée syrienne pour récupérer ses hauteurs.

« Aucune tribu, aucun parti, aucun groupe dans Baalbek, le Hermel, et la Bekaa de l’ouest n’accepteront la présence des terroristes dans le jurd de Aarsale », a-t-il averti. Promettant aux habitants de la localité de Aarsale que la Résistance est prête à leur prêter main forte pour les en débarrasser, il a conseillé aux politiciens du 14-mars de la sortir de leurs surenchères communautaires.

S’adressant aux forces du 14-mars qui se sont lancé dans des spéculations mesquines sur le nombre des martyrs de la bataille du Qalamoune, avançant des chiffres exorbitants, il a rétorqué : « Vous devez avoir honte ainsi de vouloir faire un décompte de nos martyrs. Nous n’avons jamais dit qu’il s’agit d’une promenade et nous sommes prêts à tous les sacrifices ».

Sayed Nasrallah a également assuré que la bataille en Syrie ne détournera jamais le Hezbollah de l’ennemi principal, et garde  l’œil bien vigilant sur la frontière libanaise avec la Palestine occupée.
 Après avoir entamé son discours en présentant ses condoléances aux parents des victimes des martyrs et blessés de l’attentat terroriste perpétré contre la mosquée   dans la ville de Kodeyh dans le Qatif, en Arabie saoudite,  le secrétaire général du Hezbollah a salué le public de la résistance qui "fête en ce 25 mai sa victoire contre l’occupation israélienne", selon ses termes.

«  Ce sont les jours de votre victoire, celle du sang contre l’épée. Je vous félicite, ainsi que tous les libanais, les arabes, les musulmans et tous les libres du monde entier »

« Je vous félicite pour toutes les fêtes de ce mois-ci : la naissance du seigneur de tous les martyrs, l’imam Hussein, (le 3 Chaabane) de l’imam  Ali Zein al-Abidine, et la naissance d’Aboul Fadel (4 Chaabane) … et je n’oublierai la commémoration de la naissance de l’imam al-Mahdi, la promesse divine pour notre futur…"


Les idées principales du discours

« Je salue tous ceux grâce auxquels nous vivons en toute dignité : les martyrs et leurs familles, les mutilées de guerre et leur famille, ceux qui avaient été faits prisonniers et leurs familles, à tous les résistants qui n’ont jamais cessé de résister, sans oublier notre peuple, celui qui a fait preuve de tant d’endurances, de patience et de persévérance, durant les longues années de guerre, d’offensives militaires, qui a supporté les bombardements qui ont tué leurs proches, détruit ses maisons et ses biens, et les a poussés souvent aux déplacements(…)

A tous ceux qui ont contribué à la création de ce cheminement , au seigneur des martyrs de la résistance islamique Sayed Abbas Moussaoui, à l’un des déclencheurs de cette résistance, cheikh Ragheb Harb,  et au commandant de la résistance haj Imad Moughniyyeh…et à nos deux fidèles amis : la république islamique d’Iran et la république arabe syrienne, à leurs dirigeants, leurs gouvernements et leur peuple.

Je voudrais parler de cette époque, parce celle que nous vivons aujourd’hui porte des similitudes.

Similitudes entre invasion israélienne et invasion takfiriste

Oui, nous vivons de nos jours les mêmes péripéties que celles qui nous avons vécues,  mais avec de nouveaux titres. Nous devons les rappeler pour en informer les jeunes qui n’ont pas vécu cette époque et son nés après, et pour mieux comprendre ce qui s’est passé, en tirer les leçons et faire face aux défis et dangers qui nous guettent.
Lorsque l’invasion israélienne du Liban a eu lieu en 1982, les Libanais ont divergé sur l’explication de ce qui se passait :

 Certains ont très bien compris ce qui s’y passait, les portées du projet sioniste qui se mettait en place, ses objectifs, et ne croyaient ce qui était propagé et médiatisé.

En revanche, d’aucuns étaient sur une autre vague et s’étaient totalement impliqués dans le projet sioniste : ils misaient sur l’invasion israélienne,  portaient leurs espoirs sur elle et collaboraient avec l’ennemi, en érigeant des barrages et en participant aux arrestations des jeunes Libanais … Certains ont poursuivi leur collaboration jusqu’en l’an 2000

D’autres sympathisaient avec l’invasion israélienne sans pour autant collaborer avec elle, et d’autres n’y voyait aucun inconvénient sans pour autant sympathiser avec elle.
Alors que d’aucuns avaient l’esprit totalement vide, comme s’ils n’étaient nullement concernés par les dangers et les défis

Mais les premiers avaient dès le début compris les dimensions de cette invasion et adopté la position qui convient pour la contrecarrer. Ils ont manifesté la volonté de le faire, ce qui s’est traduit par la résistance et toutes les autres formes de confrontation.

Il existait certes une certaine catégorie qui partageait le même diagnostic que celui de la résistance, mais elle ne faisait rien, parce qu’elle pensait qu’elle était totalement dans l’impuissance et dans l’incapacité de changer la donne sur le terrain.

Mais ceux qui ont exercé cette résistance par la parole et l’action, ils  étaient persuadés qu’il l’a vaincrait et que leur victoire dépendait de leur volonté seulement.

La résistance a été déclenchée ici, de la capitale Beyrouth, du Sud du Liban, de la montagne, de la Békaa, la Békaa occidentale (…)

Campagne de dénigrement de la Résistance
Or, depuis son lancement, les libanais ont toujours été divisés sur les positions à prendre, aussi bien sur le plan politique que  médiatique…

Certains parlaient des Israéliens comme s’ils étaient leurs alliés, voir comme leurs sauveteurs. Lorsqu’ils voulaient parler des agressions israéliennes contre les libanais et les camps palestiniens, ils les justifiaient, imputaient à la Ràsistance leur responsabilité et présentaient ces agressions comme si elles étaient une réaction aux actions de la résistance.

Certaines positions en arrivaient à minimiser les exploits de la résistance, qui s’accumulaient et que les sionistes eux-mêmes reconnaissaient.

D’autres s’attelaient pour amplifier ses pertes et les séquelles qui pouvaient en découler…

D’aucuns se mettaient à soupçonner son nationalisme, et la présentaient comme étant faite de  mercenaires au service de la Syrie ou de l’Iran, tout en soutenant l’armée collaboratrice avec Israël de Lahed.

Mais certains aussi la défendaient dans tous les domaines, jusqu'au jour de la victoire…

C’est à la lumière de cette compréhension des faits, de leur diagnostic, et de la volonté qui a jailli, que la résistance a été lancée, via le mouvement Amal, le Hezbollah et les autres partis nationalistes dans le cadre du front de la résistance nationale, sans oublier certaines factions de la résistance palestinienne présentes au Liban…

Au cours de trois an, face à plus de 100 mille militaires israéliens, lesquels étaient alors soutenus par des dizaines de milliers de membres des forces multinationales et des dizaines de milliers de collaborateurs libanais, la résistance est parvenue à contraindre cet ennemi à retirer ses troupes sans conditions préalables : de Beyrouth, de la banlieue sud, de la Montagne, de la Békaa occidentale, de Rachayya (…) ,  jusqu'à la bande frontalière.

La résistance a fait preuve qu’elle pouvait libérer la terre  malgré les campagnes médiatiques de dénigrement qui n’ont jamais connu de répit même après l’an 2000

La résistance a donné un nombre important de martyrs, de blessés et de détenus et malgré les conditions humiliantes, sa victoire était éclatante…

La résistance de certains Libanais, la victoire de tous
Soyons francs cette victoire de l’an 2000 a été réalisée par certains Libanais et non tous les Libanais, il ne faut pas mentir la dessus.

Seulement ceux qui ont cru en la résistance, avec le soutien de l’Iran et de la Syrie, et la sympathie de certaines catégories des peuples arabes ont réalisé cette victoire.

Cette victoire est l’œuvre de la foi de ses martyrs, de ses blessés et de son public, dont les maisons ont été détruites maintes fois, et qui ont été déplacés autant de fois.

Ce sont ces Libanais là qui ont voulu offrir leur victoire à tous les autres Libanais

La résistance pensait qu’elle défendait tous les Libanais, tout le sol libanais, toutes les régions libanaises, et la dignité de tous les Libanais.

La collaboration et le dénigrement n’ont jamais empêché la Résistance d’offrir cette victoire à tous les libanais, voire à tous les arabes, et surtout au peuple palestinien

Finalement, ceux qui ont profité des bénédictions de cette victoire ce sont tous les libanais, c’est un fait, une réalité…
Les terres des Libanais ont été restituées, leurs prisonniers  libérés, l’image du Liban dans le regard des autres peuples s’en est redorée, la défense de leur pays s’est illustrée par une équation en or, celle de l’armée, le peuple et la Résistance, laquelle a fait ses preuves aussi bien dans les guerres 1993 et de 1996, que lors du retrait israélien en l’an 2000.

L’ennemi a bien compris qu’il n’avait plus de place sur notre sol. Hier Barak défendait son choix de se retirer en 2000...

Par notre volonté, nous avons réalisé ce qui nous était Ecrit. C’est une loi divine.

 Les bénédictions de la victoire ont profité à tous les Libanais quand bien même seulement une partie des Libanais y avait pris part.

Durant ces jours en l'an 2000, les résistants ont aussi fait preuve d’un grand humanisme, en épargnant aux collaborateurs qui les avaient torturés et combattus le pire en les livrant à la justice libanaise.

Certains aujourd’hui veulent assimiler ces actes héroïques de la résistance à ceux sauvages de Daesh alors qu’il n’y a pas lieu de ressemblance.

Sans résistance face à l’invasion israélienne en 1982, où seraient le sud, la Békaa, la montagne,  Beyrouth, le nord, ou toute la région ? Où une grande partie des Libanais seraient-ils aujourd’hui ?

Il faut imaginer une telle éventualité pour bien assimiler cette bénédiction et les dons de la victoire

Lorsque aujourd’hui nous regardons les gens en face, nous voyons dans leurs yeux leur assurance, leur confiance en soi qu’ils peuvent dissuader  l’ennemi et couper la main de ses convoitises, pour remercier dieu de ce don et le préserver car nous en avons besoin pour les autres jours de défi et les dangers aussi bien contre les israéliens que les autres…

Certains libanais n’ont attendu ni Ligue arabe, ni Conférence des Etats islamiques, ni ONU ni Conseil de Sécurité, ni USA ni Occident. Ils se sont confiés à Dieu, ont su CHOISIR leurs amis, et ses sont lancés dans une  résistance acharnée grâce entre autre aux  opérations martyres et autres opérations spéciales qui ont ébranlé la confiance de l’ennemi en ses capacités

Aujourd’hui, l’histoire se répète. Avec de nouveau titres

Le projet takfiriste
Le projet qui menace la région aujourd'hui est celui des takfiristes égorgeurs et sauvages, en plus de celui israélien …

Voyez la différence entre ce 24 mai 2015 et celui d’avant 4 ou 5 ans.

Si on avait dans le passé mi en garde contre ce groupuscule, son idéologie, ses exactions, ses projets,…, ont nous aurait reproché de vouloir lui intenter un procès d’intention.

Les faits aujourd’hui parlent d’eux mêmes. Dans toutes les régions et pas seulement en Syrie ou au Liban

Les spécimens les plus importants sont Daesh (Etat islamique)  et Cie, et le front al-Nosra et Cie, sachant que certains tentent de redorer à ce dernier son blason, en occultant son appartenance à Al-Qaïda.

Tous deux ont commis des massacres, ont ravagé des régions entières, ont détruit des villes et des villages, tous deux ont enlevé des populations et ont réduit leurs femmes à l’esclavage.

Dernièrement encore, il est question de 400 Syriens civils qui  ont été tués à Tadmor (Palmyre) en Syrie, pour la simple raison qu’ils étaient loyalistes.


Daesh aujourd’hui n’est pas un petit groupe dans le monde. Il s’étend et impose son allégeance  en Syrie, en Irak, au Sinaï, au Yémen, en Afghanistan, en Libye, au nord de l’Afrique, au Nigeria et il s’est manifesté dernièrement à Katif en Arabie et il peu le faire partout dans le monde...

Quant au front al-Nosra qui lui est tout à fait semblable , il œuvre surtout au pays du Levant. Il n’a rien qui le diffère de Daesh, quoiqu’on essaie de lui donner une nouvelle appellation « Jaïch al-Fateh ».
Jaïch al-Fateh et le front al-Nosra d’Al-Qaïda ne font qu’un, il ne faut pas se tromper.

A la lumière de ces faits, et des expériences passées, il faut comprendre la réalité du danger qui nous guette.
Ceux qui misent sur Daesh et Nosra

Or, tout comme avant, il y en a encore ceux qui enterrent leurs têtes dans le sable. Ils ne veulent pas voir de danger, veulent rester à l’écart, qui et rester neutres, tandis que certains soutiennent et misent sur ces groupes terroristes comme s’ils étaient leurs alliés, leurs amis, voire leur sauveteurs.

Nous faisons l’objet d’un danger sans pareil : dans le passé, les armées venaient  pour occuper et avaient  pour but de prendre des terres, les points d’eaux, les zones riches, les champs de pétrole et de gaz (…) sans pour autant vouloir extirper les gens de ces régions, …

Mais nous sommes aujourd’hui face à un danger sans pareil dans l’histoire de l’humanité. Il constitue une menace existentielle pour les autres humains.

Regardons ce qui se passe, par les faits.

En Irak, qu’a fait Daesh avec les sunnites qui ont refusé de collaborer avec lui, voire avec ceux qui ont collaboré avec lui mais sans lui prêter allégeance et qu’est ce qu’il a fait avec les autres communautés : les chrétiens, les chiites, les turkmènes, les yazidites (…)

Il a commis des massacres contre eux, de l’extermination

En Syrie, c’est la même situation

Même entre Daesh et le Nosra, ils sont sans pitié. Dans le Qalamoune, ils se sont entretués, quoiqu’ils appartiennent à la même école et la même idéologie. Ils s’entretuent alors qu’ils devraient s’unir entre eux pour combattre l’armée syrienne, et quand ils prennent des prisonnier ils les égorgent (leur slogan n’est-ce-pas : nous sommes venus vous égorger) ?


Nous sommes face à un danger qui ne supporte par l’existence ou la présence des autres

Ce n’est pas un cas sunnite face aux autres communautés islamiques ou autres

C’est un facteur sauvage contre tous les peuples de la région. Seuls ceux qui sont disposés à leur prêter allégeance et adoptent leur vision sont épargnés. Mêmes les sunnites sont concernés et sont victimes de leur cruauté.

Certains avancent que Daesh et le Nosra sont une réaction aux dictatures en place dans notre région.

Parfois on analyse les causes d’un phénomène et d’autres ont s’arrête sur son comportement, son idéologie, ses objectifs et ses visées…

Tous devraient pressentir le danger, pas seulement contre les régimes en place, pas seulement contre certains groupes ou communautés,  mais contre toute personne qui ne partage pas leurs convictions et prête allégeance à leur calife.
Les autres n’ont pas de place sur terre, selon eux. Les faits parlent d'eux-mêmes.

Les choix à faire

Le premier choix est qu’il faudrait écarter l’illusion du silence ou de la neutralité. Certains s’imaginent qu’en affichant des positions d’affinite avec eux, certains pensent qu’en les qualifiant de révolutionnaires et de combattants pour la liberté et en les ont soutenant dans les medias et dans les déclarations politiques,   ils seront épargnés, détrompez vous. Lisez les communiqués de Daesh comment ils qualifient le Nosra et vice versa.

 En Irak certains avaient  combattu dans les rangs de Daesh, et quand ils ont gagné, ils les ont tous abattus parce qu’ils ont refusé de leur accorder leur allégeance

Ce n’est pas par leur silence, ou les positions d’affinité  que Daesh épargnera ceux qui n’acceptent pas son allégeance…

Le courant du Futur, les premières victimes de Daesh

Mon conseil, sur les choix de ceux misent sur ce groupuscule et ceux qui préfèrent garder le silence, est de réviser leurs calculs car ils seront les premières victimes de Daesh et du Nosra.

Oui, le courant du Futur, ses dirigeants et ses députés seront les premières victimes  de Daesh au Liban

Je voudrais questionner les chrétiens au Liban : croient-ils que les positions de leurs dirigeants du 14-mars vont le protéger des massacres, des pillages, des destructions de leurs biens et de leurs églises, de leur enlèvement ou de la réduction de leurs femmes à l’esclavage ??

Je pose cette question à tous les peuples de la région, à toutes les communautés, sans oublier non plus les laïcs. Qui jouit d'une garantie de la part de Daesh ou peut attester qu’il tiendra ses promesses.

Il n‘est pas permis de rester assis et d’attendre, il faut chercher les moyens de défense et les options possibles pour combattre ces groupes takfiristes.

Daesh en toute liberté sous l'oeil des USA
Pour ceux qui prônent le choix de chercher la protection américaine, je ne veux pas reprendre mon discours sur comment les USA se jouent des peuples de la région pour servir leurs propres intérêts exclusivement et vendre leurs armes (…)

 Regardez seulement l’expérience de l’Irak. Dans quelques jours c’est la commémoration de l’invasion par Daesh d’Al-Anbar, de Mossoul et autre..


Une coalition a été formée sous la direction des Etats-Unis. Qu’a-t-elle donc fait?  Le nombre des raids durant un an est en dessous des raids israéliens contre le Liban en 33 jours, en juillet 2006, et des raids de Gaza en 22 jours.

Est-ce qu’ils ont expulsé Daesh ? Daesh se déplace avec tout son arsenal, tous ses véhicules, en grandes pompes, entre l’Irak et la Syrie et vice-versa,  sous l’œil des USA !!

Celui qui mise sur les USA en Irak, en Syrie au Liban, Mossoul ne reviendra jamais grâce à eux

Les Irakiens qui n’ont pas misé sur les US ont réussi grâce à leur armée, à la mobilisation populaire, au soutien de leur références religieuse a récupérer Diyala, une grande partie de Salaheddine, et d’empêcher sa progression vers ces régions.

Ceux qui misent sur les Etats Unis, non seulement ils ne restitueront pas Mossoul, mais ils perdront aussi Ramadi

Certains arguerons qu’il faut compter sur la Ligue arabe, les forces arabes communes, et tous les autres..

Mais qui donc soutient Daesh et Nosra, idéologiquement, médiatiquement, financièrement, applaudissant leurs victoires, et occultant leurs défaites, qui leur donne des armes, qui leur achète le pétrole ?...

Unité, solidarité,  et les bons amis
Le meilleur choix est que les peuples de la région comptent sur leurs propres capacités, s’unissent, se solidarisent les uns les autres,  cherchent leurs vrais amis à l’instar de la République islamique d’Iran,  et qu’ils sachent  que c’est seulement par leur volonté et leur prise de conscience qu’il peuvent faire échouer ce projet takfiriste sauvage qui n’est pas plus fort qu’Israël, comme l’a fait la résistance
(…)

Nous devons tous compter sur nos propres forces, sur nos forces armées, sur nos hommes, sur nos capacités...
C’est une bataille existentielle aussi bien pour la Syrie, que pour l’Irak, le Liban (…)

Lorsqu’il s’agit de bataille existentielle, les autres batailles doivent être ajournées. Partout dans le monde, l’opposition se tait, voir soutient le gouvernement lorsque celui-ci se trouve face à des situations de danger existentiel.


Il faut craindre Desh
A la lumière de l’expérience, premièrement, nous appelons tout le monde, au Liban et dans la région à assumer leurs responsabilités et à sortir de leur hésitation, de leur silence et de leur neutralité

Pour ceux qui ont leurs propres calculs, pour les forces du 14-mars, sachez qu’en Syrie, les gens de la coalition qui leur sont proches ne pourront jamais venir dans les régions prises par Daesh et Nosra

Leur seule hantise est la victoire de Bachar al-Assad, pour cela ils sont prêts à livrer tout à Daesh et au Nosra alors qu’ils devraient les craindre avant tout…

C’est tout comme dans la guerre de juillet au Liban, lorsqu’ils disaient craindre la victoire du Hezbollah.

Aujourd’hui,  je leur dis  qu’il faut qu’ils craignent la victoire de Daesh et du Nosra.

Alors que su c’est le régime qui triomphe et ses alliés, nous sommes garants pour tous les Libanais, et nous avons assez de poids et de crédibilité auprès du pouvoir syrien, pour l’accorder.


Mais si c’est le contraire qui se passe : si Daesh et Nosra l’emportent, pourriez-vous constituer une garantie pour vous avant de l’être pour les autres libanais ??

C’est une grosse erreur de croire que la bataille contre ces groupuscules est celle du Hezbollah dans laquelle il voudrait entrainer l’Etat et l’armée libanaise. C’est la bataille du Liban et  nous ne voulons entrainer personne, mais nous voulons que vous assumiez vos responsabilités.

Aarsale: l'Etat libanais doit assumer ses responsablités
Deuxièmement, concernant la bataille du Qalamoune,  elle va se poursuivre inchallah jusqu'à la fin, jusqu'à ce que toutes les frontières soient sécurisées, jusqu’à ce que l’armée syrienne, les forces de défense populaires et les résistants libanais contrôlent la totalité des frontières libano syriennes

D’autre part, il reste le dossier de la localité de Aarsale et du jurd de Aarsale. Toutes les frontières sont désormais en dehors de contrôle des miliciens sauf Aarsale

Je dirais franchement comme ce que j’avais dis lorsque les voitures piégées passaient a travers cette localité, via certains de ses habitants, pour venir tuer nos gens et déchirer notre chair. Nous avions alors dit   que les gens de Aarsale sont notre peuple et nous n’acceptons pas qu’ils soient lésés, ou bannis

Et la nous devons rendre hommage aux habitants et aux tribus de Baalbek et du Hermel qui ont refusé toute escalade, malgré la perte de leurs fils et proches tués par certains des jeunes de Aarsale et les voitures piégées qu’ils envoyaient (…)

C’est notre vision pour Aarsale, vous dites qu'il incombe à l’Etat libanais d’en assumer la responsabilité : le ministre de l’intérieur a dit qu’elle est occupée, le communiqué du Futur dit la même chose. L’Etat libanais doit donc la récupérer ainsi que ses fils qui ont été enlevés ou tués.

A Aarsale il y a des tribunaux de Daesh et Nosra qui jugent les gens là-bas et font exécuter leurs verdicts

Assumez vos responsabilités et prouvez que vous êtes un Etat , dans le vrai sens du terme, et n’évitez pas de débattre de cette affaire au Conseil des ministres et prenez des décisions

Nous savons que la plupart des gens de Aarsale ont révisé leur positions et s’impatientent du lourd fardeau que  ces groupuscules représentent pour eux  et veulent en finir. Nous somme prêts à vous aider mais c’est l’État qui doit le faire

Aucun terroriste dans le jurd de Aarsale
Quant à la question du jurd de Aarsale, je conseille de la sortir des surenchères communautaires

Si l’Etat n’assume pas ses responsabilités, moi aujourd’hui le 24 mai 2015, j’assure que la population dans la Békaa, Baalbek et le Hermel, leurs tribus et leurs forces n’accepteront que les terroristes takfiristes restent dans le jurd

Cette décision protège les gens de Asrale surtout qu’il pourront revenir sur leurs terres et leurs maisons  (…)

En ce jour de commémoration de la Resistance et de la Libération, sachez que nous  sommes toujours fermement attachés à l’équation dorée : de l’armée, le peuple et la résistance.

Cette équation qui a fait ses preuves, qui est garante de toutes les victoires, et a été la seule à pouvoir protéger le Liban face aux israéliens et aux takfiristes

Cette équation qui est celle de victoire et de la dissuasion doit être indiscutable et doit se dégager de son cadre local. Il en est de même pour la Syrie, l’Irak, le Yemen…

En Irak, l’armée est insuffisante, elle avait besoin du peuple, des fils des tribus chiites et sunnites, de tous les fils des autres communautés, c’est cela l’équation de l’armée, la résistance et le peuple qui fait ses preuves face à Daesh, à Diyala et peut le faire ailleurs

En Syrie, c’est cette participation populaire qui a permis à ce pays de résister face à la guerre mondiale qui lui est mené. Au Liban c’est pareil. Et au Yemen pareil, si l’offensive saoudienne n’a rien pu réaliser, c’est grâce a la solidarité entre le peuple yéménite, l’armée et les forces révolutionnaires

Israël et le  démembrement de la bataille 

Dans l’expérience israélienne depuis 1967, voire depuis 1948, les israéliens ont œuvré pour démembrer la bataille. Avec l’Égypte c’est le Sinaï qui devrait seulement leur importer et c’est ainsi qu’on la neutralise en la lui donnant.

Avec le Liban c’est la bande frontalière, avec la Syrie c’est le Golan et c’est ainsi qu’ils ont démembré cette guerre

Ils ont construit tous leurs atouts de forces de ce démembrement de la bataille. Et le danger takfiriste n’est pas en deca du danger sioniste.

Aujourd’hui, si je veux en tant que Libanais aider le Palestine, la Syrie, l’Irak, on va me dire en quoi cela vous regarde. Cette culture a été implantée par les Israéliens

Aujourd’hui, c’est le peuple palestinien qui souffre le plus de cette méthode.

C’est pour cela que nous devons unir tous les fronts contre le danger takfiriste.   
Si Daesh avait été empêché, il n’aurait jamais pris le contrôle d’aucune région mais comme tout le monde s’est tu, il est parti d’abord à Raqqa, puis à Deir Ezzor, puis à la frontière syro irakienne, puis à al-Anbar et Mossoul et autre

Tout le monde le voyait faire : la Turquie et la Jordanie lui  ont vendu son pétrole, acheminé des armes et laissé passer des miliciens takfiristes venus du monde entier.
(…)

S’il avait été empêché en Syrie, l’Irak n’aurait jamais subi ce qu’il a subi. Ceux se sont tus sur Daesh en Syrie, assument la responsabilité de son expansion en Irak

Nous appelons à une vision plus unifiée de cette bataille.

Le Hezbollah sera là où la bataille l'exige
En ce qui nous concerne, notre combat en Syrie a franchi la phase des menaces contre le mausolée de Sayeda Zeinab, puis celle des villages libanais et de la région de Qousseir, puis celle du Qalamoune.

Aujourd’hui, à la lumière de ce qui se passe, nous combattons aux côtés de nos frères syriens, de l'armée syrienne et du peuple syrien : à Damas, Hassaké, Idleb, Alep,Deraa,..., et dans toutes les régions.
Nous considérons que le but en est de défendre tous, en Syrie, au Liban, en Irak, au Yémen, …

Notre présence en Syrie grandira à chaque fois qu’elle deviendra nécessaire.

Je rappelle en cette occasion de la fête de la victoire de la résistance que notre présence en Syrie émane de cette vision stratégique (…)

Raison pour laquelle, nous ne serons pas présents dans une région et absents dans une autre. Nous serons présents dans de nombreuses régions syriennes, et nous serons partout en Syrie où la bataille l'exige. Nous en sommes capables et en releverons le défi, aux côtés de l’armée syrienne, de la résistance syrienne et du peuple syrien, pour remporter la victoire.

En cette occasion, j’en appelle l’Arabie saoudite à stopper son offensive contre le Yémen, à faciliter le dialogue politique qui devrait être entamé à Genève, et à ouvrir les portes à une solution politique

J’en appelle aussi le gouvernement bahreïni à cesser de miser sur la démoralisation du peuple, à libérer les prisonniers (des protestations populaires), à leur tête les dirigeants et les oulémas et à cesser  ses jugements arbitaires et à se réconcilier avec le peuple car Daesh est à ses portes


Le Hezbollah, les yeux rivés sur l'ennemi principal
Quant à nous, nous sommes toujours ici au sud du Liban, nous avons les yeux rivés tout au long de la frontière et du rivage, nous avons les regards rivés sur l’ennemi principal, l'ennemi israélien.  Nous sommes certes obligés d’être  présents sur deux fronts en même temps, ils sont complémentaires d’ailleurs. (…). Rien ne peut détourner notre attention…

Aux populations du sud, de la Békaa, de Hasbayya, de Rachayya (…) sachez que cette résistance est au summum de sa mobilisation et l’ennemi sait ce que je vous dis plus que tous les autres libanais. C’est pour cela qu’il craint la Resistance plus que tout autre et poursuit sa guerre psychologique qui ne nous fait ni chaud ni froid.

Nous sommes plus éveillés que jamais et ne perdons à aucun moment l’ennemi israélien de l’œil.

En cette fête de la résistance et de la Libération, nous savons que les sacrifices ont pavé le chemin de la victoire, sur la voie de la défense du Liban. Pour la prochaine bataille, les sacrifices ne manqueront pas, car cette bataille est encore plus dure car elle est interne et ont ne peut faire autrement…

Vous devez avoir honte
Je dis à certains Libanais, vous devez avoir honte de compter nos martyrs, pensez vous que nous en avons honte, vous devriez avoir honte, nous n’avons jamais dis que nous allons à une promenade.
C’est grâce aux martyrs que vous vivez en toute sécurité dans ce pays, alors cessez vos manigances qui n’entameront jamais notre volonté et notre persistance…

Il y a une guerre médiatique financée par l’ambassade des USA et d’autres pays. Ils disent que le Hezbollah souffre de problèmes internes sachant qu’il n’y a dans le monde aucun parti ou tous ses membres sont unanimes comme le notre l’est sur la position à prendre sur cette bataille.

Certains disent que le Hezbollah se trouve dans une situation critique, d’aucuns ont propagé que Sayed Nasrallah allait déclarer la mobilisation générale. Moi je dis que je ne l’ai pas déclaré mais j’ai dit que je pouvais le faire si le commandement du Hezbollah en décide ainsi.

Sachez que si la mobilisation est déclarée, vous verrez des dizaines de milliers de combattants sur tous les champs, plus enthousiastes que jamais, plus résignés que jamais.

En ce jour de la Fête de la Resistance et de la Libération, mois qui n’aime pas jurer, mais je voudrais jurer sur Dieu Le Tout-Puissant que jamais la Résistance  n’a été  depuis juin 1982 aussi nombreuse en combattants, aussi équipée en armements, aussi expérimentée et disposée à tous les sacrifices, comme elle l’est en ce 24 juin 2015.
(…)

Moi je vous dis en ce jour de la fête de la Résistance et de la Libération, que (…)  si nous revenons tous à Dieu et comptons sur Lui, si nous, peuples, armées et résistances de la région avons seulement confiance en Dieu et comptons sur Lui, si nous cessons de miser sur nos ennemis, en leur attribuant de bonnes intentions, si nous demandons l’aide de nos vrais amis et si nous comptons sur nos propres forces, sur nos intelligences, nos héros et nos hommes , ce projet takfiriste sera vaincu et réduit en miettes à jamais. (...)


24 mai 2015

La trahison de Recep Tayyip Erdoğan

 

Dans cette lettre ouverte au président turc, Ahmed Manai expose sa déception face au virage impérial d’Ankara qui a participé à la destruction de la Libye et s’acharne aujourd’hui sur le peuple syrien. Surtout, il intervient, en tant qu’autorité morale tunisienne, pour dénoncer le mal que la Turquie actuelle fait à son pays en soutenant activement le recrutement de jihadistes tunisiens et leur transfert vers la Syrie.
| Tunis (Tunisie)
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Ne cachant plus ses ambitions, le président Erdoğan, qui s’est fait construire le plus grand palais officiel au monde, y reçoit ses hôtes entouré de 16 guerriers symbolisant les 16 empires turcs.
Lettre ouverte à Son Excellence Recep Tayyip Erdoğan,
Président de la République de Turquie
Monsieur le Président,
Point n’est besoin de me présenter. Non pas tant par prétention de ma part ou par excès de notoriété, mais plus simplement, car nous sommes en terrain de connaissance.
Il vous en souvient sans doute d’un certain mois d’avril 1998, lorsque le président de l’organisation « Mazloum Der » siégeant à Cologne (Allemagne) et proche de votre parti AKP, avait pris contact avec moi à l’Institut tunisien des relations internationales, à Paris, et m’avait expliqué vos démêlés avec la justice turque au sujet d’une affaire relative à la liberté d’expression.
Il avait sollicité mon concours pour mobiliser des organisations des droits humains, des intellectuels et des politiques arabes et européens, et venir à Istanbul vous apporter notre soutien.
Ce qui fut fait effectivement, au bout de quelques semaines. Nous avons réuni ainsi vingt-six personnalités, hommes et femmes d’une grande notoriété, dans leurs milieux et pays respectifs, des personnalités indépendantes ou représentant des organisations de la société civile.
Nous avions entrepris un voyage d’une journée à Istanbul. C’était le 18 mai 1998, il y a de cela dix-sept ans, jour pour jour.
Notre voyage avait aussi pour but d’apporter le soutien de la délégation au Président de la Ligue turque des Droits de l’homme qui venait de faire l’objet d’une tentative d’assassinat, ainsi qu’aux jeunes étudiantes de l’université d’Istanbul, interdites d’entrée au sein de l’université et ainsi privées d’éducation, au motif qu’elles portaient le foulard.
Si je me permets de rappeler à Votre Excellence, ce geste de solidarité, vieux de dix-sept ans et tout naturel pour moi et mes amis, ce n’est guère pour en demander une quelconque rétribution ni même des remerciements, mais uniquement, pour vous assurer que les principes et les valeurs qui nous ont mobilisés en votre faveur alors sont bien les mêmes qui me poussent à vous écrire aujourd’hui, au sujet de votre position et celle de votre gouvernement, à l’égard de la Syrie, de la Libye, de l’Irak, de l’Égypte, de la Tunisie et d’autres pays arabes.
Monsieur le Président,
Je vous ai écrit en date du 11 décembre 2002 pour vous féliciter de votre succès aux élections législatives. Et je ne vous cache pas que je fus de ceux, nombreux dans le monde arabe, qui s’étaient félicités de la nouvelle approche politique et géostratégique de la Turquie, et de ses efforts pour se faire réintégrer dans son environnement géographique, culturel et humain, après une longue éclipse, et pour l’établissement de relations positives et constructives avec ses voisins. D’autant que ses tentatives d’intégrer l’espace européen s’étaient révélées vaines.
Comme tout arabe, j’ai salué la position du gouvernement turc qui a refusé le passage sur son territoire, des troupes d’invasion américaines en 2003, lors de l’invasion anglo-américaine de l’Irak ; tout comme j’ai salué votre position qui a suivi la guerre d’agression israélienne contre le Liban, puis contre Gaza, ainsi que votre entrée dans une alliance stratégique avec la Syrie, dans le cadre d’une diplomatie —ô combien sage— de « bon voisinage et zéro conflit ».
Nous avions pensé que, sous votre direction, la Turquie constituerait un facteur d’équilibre et de stabilité régionale : une source de développement, de prospérité et de fraternité, entre les arabes, les Turcs et tous les peuples de la région.
Force est de constater que vous en avez fait tout le contraire : un pays qui déstabilise et agresse ses voisins proches et lointains, une source de déséquilibre et de désordre, en violation flagrante du droit international et de tous les principes et lois qui réglementent les relations entre les États et les nations.
Ainsi avons-nous été choqués, depuis cinq années, par le changement radical de votre politique à l’égard des pays de la région. Et ceci, du fait de votre participation à la destruction de la Libye, son État, sa société, ses infrastructures et son peuple. La Libye était pourtant un bon marché pour vos produits agricoles et industriels et accueillait des dizaines de milliers de vos chômeurs ainsi que des millions de chômeurs africains, asiatiques et arabes.
C’était un pays accueillant pour les étrangers, un pays où l’on vivait bien et en sécurité. Vous en avez fait, avec vos alliés occidentaux et arabes, un pays où tout sent la mort, et depuis 2011 et les 150 000 morts causés par l’intervention de l’Otan, un pays où les morts se comptent par milliers, et dont la situation menace tout le Sahel africain et le bassin ouest de la Méditerranée.
Nous avons été, par la suite, encore plus choqués quand vous avez violé vos engagements antérieurs et votre alliance avec la Syrie, et encouragé la sédition dans ce pays au motif d’encourager sa démocratisation. Et depuis plus de quatre ans, la Turquie se trouve impliquée directement, massivement et sans la moindre retenue, dans les activités terroristes dans ce pays.
Vous avez concocté avec vos alliés régionaux et internationaux, des plans multiples d’invasion de ce pays, pour démanteler son État, diviser son territoire, et lancer son peuple sur la voie de l’exode et de l’émigration, afin de vous créer un espace vital, de triste mémoire.
Le rôle de la Turquie dans la tragédie que vit la Syrie est manifeste. Il suffit pour s’en rendre compte de suivre vos déclarations hostiles au gouvernement syrien, vos menaces réitérées régulièrement sur l’intégrité territoriale de ce pays, mais surtout votre participation active à la guerre imposée au peuple syrien, du fait des infiltrations de dizaines milliers de terroristes au nombre desquels des milliers de jeunes Tunisiens qui s’adonnent aux meurtres, aux sabotages, et aux destructions.
Tout ceci est contraire, d’une part, aux règles les plus élémentaires de la coexistence pacifique entre voisins, et aux conventions internationales qui régissent les relations entre les peuples et les États, et d’autre part, à l’esprit de l’islam dont vous prétendez vous faire le porte-parole.
Votre ingérence hostile s’est élargie à d’autres pays arabes comme l’Égypte ou l’Irak, où vous agissez au démembrement de son territoire, et à la dispersion de son peuple. Tout ceci, dans le but de reconstruire l’Empire ottoman, dans le cadre du projet américano-sioniste du « Moyen Orient « élargi » ».
Venons-en à la Tunisie, mon pays, qui lui aussi pâtit de votre ingérence dans ses affaires internes. C’est d’ailleurs à titre de citoyen tunisien que je vous écris pour vous remettre en mémoire ces faits patents :
Ainsi le vendredi 3 avril 2015, l’ambassadeur de Tunisie à Ankara a été convoqué par votre ministère des Affaires étrangères pour s’expliquer sur les propos tenus la veille par Monsieur Taieb Baccouche, notre ministre des Affaires étrangères qui « n’a pas apprécié qu’un pays, soit-disant ami, comme la Turquie, facilite d’une façon ou d’une autre, le déplacement de terroristes tunisiens vers la Syrie ».
C’était pourtant la stricte vérité. De nombreuses déclarations de vos propres alliés, états-uniens, britanniques et allemands, de vos opposants officiels, à l’intérieur et en dehors du parlement turc, et de multiples rapports de la presse turque et internationale, plutôt engagée contre la Syrie, le confirment. Les archives de la justice tunisienne et des services de sécurité tunisiens regorgent de rapports sur l’implication des autorités turques dans l’acheminement de terroristes tunisiens vers la Syrie. De nombreuses organisations tunisiennes, indépendantes du gouvernement, mais aussi des puissances étrangères et de leurs financements, détiennent d’innombrables témoignages des familles des terroristes tunisiens attestant que les milliers de Tunisiens qui s’étaient engagés dans cette œuvre de destruction de la Syrie sont passés presque exclusivement par la Turquie, et ont bénéficié des facilités des autorités turques.
Votre attitude envers mon pays n’a rien d’amicale, et relève même d’une animosité que rien ne justifie. Elle peut tout juste s’expliquer par votre acharnement à poursuivre l’illusion de ressusciter les morts, en l’occurrence l’Empire ottoman. Je dis bien « empire » et non point « califat » comme vous le laissez croire pour emporter l’adhésion de musulmans naïfs et simples d’esprit, puisque de toute la lignée des sultans ottomans, le seul qui ait été affublé du titre de « Calife » fut le Sultan Abdel Hamid II, en plus d’autres surnoms moins glorieux tel que Kızıl Sultan, ou le « Sultan rouge ».
Mais pour réhabiliter l’Empire ottoman, il faudrait commencer par en assumer ses heurs et malheurs, notamment son bilan auprès des peuples non turcs qui ont longtemps subi ses lois. En Tunisie, nous avons l’avantage de « digérer » nos conquérants. Et les Turcs, comme nombre de conquérants avant eux, ont été tout simplement tunisifiés et intégrés à la société tunisienne.
Aussi malgré le lourd tribut que nous avons payé au fil des siècles par notre soumission à l’Empire ottoman, entre autres un contingent de 15 000 soldats tunisiens ayant participé à la guerre de Crimée en 1853, nous ne gardons de nos anciens occupants que le meilleur souvenir, préférant oublier Mohamed Sadok Bey qui a vendu la Tunisie aux Français en mai 1881, et fêter Moncef Bey, le patriote et Bey du peuple. Mais peut-on demander la même chose aux Arméniens, aux Assyro-chaldéens et aux Pontiques, ou encore aux Arabes du Machrek ?
Monsieur le président,
Dans votre « reconquête » du monde arabe, selon l’expression d’un des chefs de vos services de sécurité, en 2013, afin de le « démocratiser », vous n’avez pas hésité à vous allier aux régimes arabes les plus rétrogrades, ternissant ainsi l’image libérale et démocratique que vous voulez présenter du vôtre. Vous n’avez pas hésité non plus, vous le chef d’un État laïque, à engager l’islam, la religion, dans une bataille qui n’est pas la sienne et à vous allier avec les organisations « islamiques » les plus radicales, colportant les conceptions les plus archaïques et les traduisant dans les actions les plus hideuses, les plus répulsives et révulsives qu’ait connues l’humanité. Ce qui explique, sinon justifie, la vague d’islamophobie, d’aversion et même de rejet de l’islam à travers le monde et jusque parmi les siens.
L’histoire retiendra que votre ambition personnelle et nationale immodérée, et l’aveuglement de vos alliés, émules et mourides, y compris Rached Ghannouchi qui est venu récemment de Tunis vous remercier pour « votre soutien au peuple Syrien », ont fait de vous tous des ennemis des peuples libres et souverains, de la paix et de la vie et des fossoyeurs de l’islam. Pour ces diverses raisons, et d’autres encore, je peux vous assurer en toute humilité, que votre rêve d’un nouvel Empire ottoman s’est déjà brisé sur les remparts de Damas et qu’en aucun cas, la Tunisie, mon pays, ne sera votre nouvelle Wilaya. Parole de patriote tunisien.
Je ne regrette pas d’avoir couru à votre secours avec mes amis en 1998 ; d’une part, parce que cela était conforme à nos choix éthiques et à notre engagement politique, et d’autre part, parce que cela me permet de vous interpeller aujourd’hui avec plus de légitimité.
Ahmed Manai
Ahmed Manai Docteur d’État en stratégie économique, ancien expert auprès des Nations unies. Arrêté et torturé en 1991 pour s’être présenté en indépendant aux élections législatives tunisiennes, il fuit en France où il vit 17 ans en exil et fonde le Comité tunisien d’appel à la démission de Ben Ali. De cette expérience, il tire le Supplice tunisien : Le jardin secret du général Ben Ali. En 2008, il rentre dans son pays en qualité de président de l’Institut tunisien des relations internationales. En 2012, il était membre de la Mission d’observation de la Ligue arabe en Syrie. Durant la révolution du jasmin, il s’engage à nouveau, cette fois contre Rached Ghannouchi et la main-mise des islamistes.
 

22 mai 2015

Sayed Nasrallah 16-05-2015

Condamnation d’une victime de torture

Détenu au secret et torturé pendant 20 jours aux mains du Département du renseignement et de la sûreté (DRS) en 2009, Medjdoub Chani vient d’être condamné dix ans d’emprisonnement à l’issue d’un procès inéquitable.
M. Chani_photo
Le 20 / 05 / 2015 Détenu au secret et torturé pendant 20 jours aux mains du Département du renseignement et de la sûreté (DRS) en 2009, Medjdoub Chani vient d’être condamné dix ans d’emprisonnement à l’issue d’un procès inéquitable.
Le 17 septembre 2009, cet homme d’affaire algéro-luxembourgeois a été enlevé par des agents en civil à son arrivée à Alger. Pendant que son épouse et son fils, résidents au Luxembourg, essayaient en vain de le retrouver, M. Chani était détenu dans un centre secret de la DRS et soumis à la torture pour lui faire signer des aveux dans lesquels il s’accusait de corruption. Le 6 octobre, il a été présenté au milieu de la nuit devant un procureur puis un juge d’instruction qui l’a placé en détention provisoire sur la base d’aveux forcés.
Le 7 mai 2015, plus de cinq ans après son placement en détention, M. Chani a été condamné à dix ans d’emprisonnement à l’issue d’un procès ubuesque. Ses avocats ont demandé à la cour d’entendre les agents de la DRS qui ont cosigné les procès-verbaux d’aveux de M. Chani, ainsi que le procureur et le juge d’instruction qui ont entendu la victime à l’issue des 20 jours de détention arbitraire et le médecin qui est censé l’avoir examiné à la fin de sa garde à vue. Les juges ont refusé d’entendre ces témoins.
M. Chani et deux de ses coaccusés ont dénoncé devant la cour les tortures subies aux mains de la DRS, mais les juges ont refusé d’en tenir compte. Au cours de l’audience, le principal témoin à charge contre M. Chani a affirmé que ce dernier avait bien été arrêté le 17 septembre 2009 et non le 28 comme le prétend le procureur, mais les juges n’ont pas relevé cette falsification.
Malgré les risques de rétorsion, M. Chani a porté plainte pour torture. Une plainte classée sans suite quelques jours plus tard. Ses avocats ont alors porté plainte au Luxembourg mais l’enquête piétine en raison de l’absence de coopération de la justice algérienne.
En désespoir de cause, M. Chani a entamé une grève de la faim, le 11 mai dernier, pour protester contre l’injustice qu’il subi depuis près de six ans.

Contexte

La torture, un phénomène peu documenté
Il est très difficile d’obtenir des témoignages de victimes de torture en Algérie. Elles sont peu enclines à dénoncer les sévices ou mauvais traitements subis, par manque de confiance en la justice et surtout par peur d’être à nouveau torturées ou condamnées à une lourde peine en cas de poursuite judiciaire.
Le DRS, un service au-dessus des lois
Les agents du DRS sont parmi les principaux auteurs d’actes de torture et de mauvais traitements. Créé en 1990, le DRS est tristement célèbre pour les exactions massives perpétrées pendant la guerre civile et représente actuellement le seul service habilité à instruire les affaires de terrorisme. Ses agents, officiellement pourvus des prérogatives de la police judiciaire, échappent en pratique au contrôle du procureur de la République. De même, les centres de détention non reconnus dans lesquels ils se livrent aux interrogatoires et aux violences ne sont pas inspectés par ce dernier.
Les poursuites à l’encontre d’agents de l’État se rendant coupables d’actes de torture sont rares et ne concernent jamais les membres du DRS. C’est ainsi que Mohammed Médiene, chef du DRS et responsable à ce titre de la principale institution tortionnaire du pays, occupe toujours le même poste depuis 1990.
Toutefois, en 2013, le président Bouteflika a entamé une réforme du DRS, vraisemblablement pour réduire son influence politique. Il n’est pas certain que le pouvoir d’influence du Département en ait pour le moment sérieusement pâti.

Agissez en envoyant cette lettre

 merci à l'ACAT et à Saied Mabrouk, de Tunisie.

20 mai 2015

Appel:Pour mettre fin aux conflits confessionnels بيان "العودة إلى القدس".. رؤية إسلامية ثورية لتصحيح البوصلة نحو فلسطين مجموعة من العلماء والمفكرين الإسلاميين يصدرون بيان "العودة إلى القدس"، ويدعون فيه إلى التوحد حول القضية المركزية، والابتعاد عن الخلافات المذهبية والفئوية، وإسكات أصوات الفتنة في الإعلام والمجتمع، وبناء الأوطان بدلاً من تدميرها باسم الإسلام. الشيخ عبد العزيز القطان الشيخ عبد العزيز القطان أصدر مركز الإنسان والسلام بيان "العودة إلى القدس"، والذي وقعه عدد من العلماء والمفكرين من جنسياتٍ مختلفة خلال اجتماعهم في بيروت، وعلى رأسهم رئيس المركز الشيخ الكويتي عبد العزيز القطان ومفتي القدس. وجاء البيان بمجموعة من النداءات للجماهير العربية والإسلامية، يدعوها إلى نبذ التفرقة والداعين إليها، وإعادة توجيه البوصلة نحو القضية المركزية وهي القضية الفلسطينية، ونبذ الخلافات المذهبية التي دمرت البلدان باسم الإسلام. وبحسب نصّه، "يصدر البيان في ظل صراع دموي، وتعارك سياسي، تحت مصالح ذاتية وإقليمية، استغل فيه الخلاف التاريخي بين المذاهب الإسلامية، والتراث البشري الملصق بهذه المذاهب، وفي ظل غياب النقد لهذا التراث، وتقديم المذهب على الإسلام ورسالة القرآن وقيمه، وغياب ذات الإنسان وكرامته، فكم من الدماء أسيلت.. وكم من البلاد أفقرت وضيعت، والأدهى شراً وبلاءً أن يضاف كل هذا إلى رسالة الإسلام، ونبي الإسلام، فأصبحت رسالة الرحمة رسالة وحشية، ورسالة السلام رسالة الدم والسباب والفرقة والشقاق، فكانت الطائفية سهماً يقطع بها ما بقي من وصال ورحمة لهذا الإنسان... وأصبحت هذه المذاهب تخرب هذا الإسلام والسلام بأيديها من دون وقفة جادة من أولي الأبصار. وأضاف البيان :"في ظلمة هذا الصراع الطائفي والسياسي الإقليمي غابت قضية الأمة الأولى، ومحورها الوجودي، ألا وهي قضية الأقصى، قضية الإنسان الفلسطيني، بعيداً عن توجهه الفكري والديني والسياسي.. ففرح العدو بتفرقنا، وأصبحنا نسلط ألسنتنا على أنفسنا، وسلاحنا على صدورنا، فانشغلنا بقتال بعضنا، وتفريق صفنا، وتكفير مدارسنا..." ونادى البيان بالعودة إلى دعم القضية الفلسطينية فهي "قضية الأمة ومحورها الأساسي"، وأضاف انه "للذات الفلسطينية الحق في وطنها وترابها وتحقيق كرامة وطنهم وأعراضهم، مع الوقوف الكامل خلف النضال العربي والإسلامي والإنساني ضد الكيان الصهيوني، ودعم حركات المقاومة ضد هذا الكيان الغاصب في أي موقع ومكان، ودعم المقاومة بالقلم والمال والنفس والإعلام". كما دعا "إلى الحوار ونبذ الطائفية بشتى أنواعها، ونبذ "جميع القنوات التكفيرية والطائفية بين المذاهب الإسلامية، ومقاطعتها"، وإعادة "توجيهها سياسياً ودينياً إلى وحدة الأمة". وشدد على "احترام رموز المذاهب الإسلامية، وحرية العبادة وممارسة الشعائر، واعتبار "القيم القرآنية فوق الجميع، والمبادئ الإنسانية فوق الآراء والتوجهات السياسية". وركّز البيان على اعتبار "ذات الإنسان العربي باختلاف مذاهبه وتوجهاته وأديانه وأحزابه واحدة، وهي ذات الإنسان نفسها في أي وجه من الأرض"، وأضاف انه "من حق أي ذات بشرية أن تحفظ كرامتها الفكرية والدينية والعلمية والصحية". ونبذ الموقعون "جميع أشكال العنف والإقصاء"، داعين "إلى التعارف والتعايش والحوار وفهم الآخر"، وطالبوا "بنقد التراث علمياً، والرجوع إلى القيم القرآنية المشتركة بين الجميع كأساس لفهم الماضي والتراث". كما دعوا "إلى خطاب متكامل في الإعلام والمعاهد والمدارس والمساجد والكنائس، يدعو إلى الحوار وفهم الآخر، وتقوية المشترك، وتعميق ذات الإنسان أولاً، والانطلاق منها"، واستنكروا "جميع الحروب وقتل الإنسان وتهجيره، بأي شعار كان"، داعين "إلى الصلح كما أمر القرآن"، و"إلى إيجاد جميع الوسائل، ومؤسسات العمل المدني، وصياغة قانون مشترك بين الأمة يحفظ ذات الإنسان في أي مكان وموقع، وتخطي الحدود الجغرافية، ليكون الخطاب كونياً، والسلام عاماً بين الجميع". وقد وقع البيان الصادر باسم المجتمعين كل من: د. عبدالعزيز بدر القطان – الكويت، المفكر الإسلامي الأستاذ عدنان الرفاعي – سوريا، الشيخ بدر سالم العبري – سلطنة عمان، د. حسين محمد الأمين القاسم – موريتانيا، د. حسين عبده – مصر، خالد أبو سمرة – فلسطين، إسماعيل السندادي – فلسطين، مقداد ونغ سينا آري – تايلاند، الشيخ محمد أحمد حسين – فلسطين، الشيخ د. عقيل الكاظمي – العراق، د. أمال كاشف الغطاء ، د. فتحي القاسمي – تونس

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Torture Claims in Tunisia Await Truth Commission

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Members of Tunisia's Truth and Dignity Commission met with people in the town of Kebili last week to urge victims of abuse to make public complaints. Credit Mauricio Lima for The New York Times

TUNIS — One of the most notorious forms of torture was the “roast chicken,” an obscene stress position in which the victim was suspended naked, like a trussed bird on a spit.
During months of interrogation that began when he was just 17, Mohamed Hamemi, now 45 and an athletics trainer, repeatedly endured the excruciating posture as the government cracked down on an Islamist movement in the 1980s.
“There are stories I cannot even tell,” he said. “You spend the whole day naked, with feet cuffed, in the chicken position. When all your body goes blue, they drop you down, throw water on you, and then yank you up again.”
Mr. Hamemi is one of the thousands of Tunisians who have arrived at the country’s newly formed Truth and Dignity Commission, an ambitious effort to examine past abuses and answer demands for justice.
Every day, people like him come, middle-aged men and women with lined faces, sitting silently, waiting to submit their papers. Some describe being beaten unconscious, hung upside down, plunged underwater or into buckets of human waste, electrocuted, raped and sodomized, often while spouses and others were made to watch.
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Mohamed Hamemi, second from left, at a cafe in Tunis last week with his  brother Saleh Hamemi, second from right, and his brother-in-law Anis Damemi, left. Mr. Hamemi, 45, said he was tortured at 17 in a government crackdown. Credit Mauricio Lima for The New York Times
Before the revolutions that swept the region more than four years ago, that kind of torture, though especially cruel, was not uncommon in the Arab world. For decades, the region’s dictators made sure to crush any perceived threat to their rule.
What is exceptional about Tunisia, now a democracy, is that it is daring to examine its past abuses publicly. There is even talk of televising the public hearings that are scheduled to begin in June.
Such a public vetting of past sins has been attempted by other nations at turning points between dictatorship and democracy, like South Africa and El Salvador. Though the process can be painful, leaving it undone could allow old grievances to fester and eventually erupt again.
Though Tunisia’s effort is intended to unify and heal, it is not universally embraced here. The commission struggled with the bureaucracy over money and with the police over access to archives even before opening its doors to the public in December.
Doubts are mounting that the commission will achieve its high-minded goals. The country’s two main political parties seek reconciliation in the interest of national stability, but seem less interested in justice. And members of the old regime’s political and business elite have retained influence in the new democratic order.
“There is resistance from the administration, so we have many challenges,” said Sihem Bensedrine, the former journalist and human rights activist who leads the commission. “That is our job, to deconstruct the machine, understand how it works, and then rebuild and see what not to do.”
Over the next four to five years, the commission plans to reveal the full range of human rights violations committed during nearly 60 years of authoritarian rule in Tunisia, and to hold those who committed the most egregious crimes accountable.
Its time frame starts in 1955, a year before independence from France, and includes the long rule of two dictators, Presidents Habib Bourguiba and Zine el-Abidine Ben Ali. It encompasses a mass killing during the independence movement; the torture and imprisonment of an estimated 30,000 trade unionists, students, leftists and Islamists by the dictatorship; and the casualties of the 2011 revolution that began the Arab Spring: 338 dead and 2,147 wounded.
“It is not about one regime or another,” said Emtyez Bellali, a project associate at the World Organization Against Torture’s chapter in Tunis, the capital. “Torture has been the way of governance in this country. We should fight it because it is in the mentality of everyone.”
While the nation’s authoritarian leaders were promoting Tunisia as a modern, secular country of universal education and emancipated women, they were also running a system of torture and repression, hidden from view, that broke families and silenced dissent.
The worst torture chambers were said to be those in the basement of the Interior Ministry, a gray concrete building at one end of a cafe-lined central boulevard. Nearby residents would hear the screams of prisoners at 3 a.m., according to Mounira Ben Kaddour, secretary general of the Tunisian Women’s Association, which has gathered testimony from more than 400 women since the revolution.
Outside prison, the repression continued. Former inmates were expelled from jobs and colleges, subjected to rigid police control and harassment, and forced to divorce or go into exile.
Though the abuses have been reported before, the scale of repression and the machinery of dictatorship are only now being fully exposed and understood.
Several victims interviewed recently sat on the ground to demonstrate the roast chicken, with one calling on his daughter to bring a scarf and broomstick.
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Tunisians waiting last week to submit their claims of torture to the country's newly formed Truth and Dignity Commission. Credit Mauricio Lima for The New York Times
Arms were handcuffed around bent legs, they said, and the body was hung from a metal bar passed under the knees and balanced on two tables. Then the flogging began.
Mr. Hamemi was tortured during government crackdowns on Islamists. He and two cellmates submitted their claims to the truth commission together and emerged afterward with their shoulders hunched against the sharp wind.
“They beat us with sticks and electric cables,” Mr. Hamemi said in an interview, at one point breaking into sobs. “They would even put sticks in our private parts. They tied our private organs and pulled them. I was also hung upside down on a door, hands tied, for five to six hours.”
Mohamed Salah Barhoumi, a taxi driver who went to prison twice, said he had received much the same treatment.
“I was harassed for 13 years by the administration, and my family was, too,” he said in an interview. “Three days in a row, they did the ‘roast chicken’ on me. From night to day, slaps, blows, all kinds of kicking.”
The torturers wanted information, and everyone gave up names and even confessed to crimes that they had not committed, Mr. Hamemi said. “If you refused to sign, they would take you back to the torture again,” he said.
Rached Jaidane, a math professor, was imprisoned for 13 years for plotting against the president, a charge he says was invented. He has since tried to sue officials from the former dictator, Mr. Ben Ali, on down, with little success.
“It is important to have public hearings, on television,” Mr. Jaidane said, so that generations to come will know what happened. “It may be difficult, but we must dare.”
Many victims who hoped for swift justice after the revolution are disillusioned by how slow the process has been. Advocates complain of a lack of political will, as well as inefficiencies and divisions within the truth commission. Ms. Bensedrine, the head of the commission, has been criticized for combative leadership by colleagues and by the news media, which is hostile to the idea of transitional justice.
She said in an interview that the new government had initially backed the commission’s work but had not followed through. Bureaucrats have delayed its funds, she said, and the police stopped her from removing government archives from the presidential palace, despite a promise of cooperation.
Ms. Bensedrine said she planned to build a database of thousands of cases. The most egregious cases will be referred to special chambers for prosecution. Because testifying can be as traumatic as the original torture, psychiatrists are counseling victims.
The commission has the power to subpoena witnesses and government archives and to reopen previously tried cases, although that is being challenged as unconstitutional. It is not bound by a statute of limitations.
Since President Beji Caid Essebsi and his party, Nidaa Tounes, won elections in the fall, though, the political ground in Tunisia has been shifting. Mr. Essebsi, who held senior positions under both dictatorships, said in an interview that he was preparing amendments to the law establishing the commission.
He has proposed amnesty for businessmen accused of corruption if they invest their money in Tunisia. The Islamist party, Ennahda, has signaled support, but others have criticized the idea.
The former cellmates are divided on what justice they prefer. Some want financial compensation for their families after years of forced penury. Mr. Barhoumi wants the restoration of his taxi license, which still eludes him after four years of red tape.
Mr. Hamemi said he wanted to hear his torturers apologize. “I could have done it with my own hands after the revolution,” he said, “but I want to do it by the law.”
Correction: May 20, 2015
Because of an editing error, an earlier version of this article misstated the start of the time frame for the Truth and Dignity Commission. It is 1955, not 1954.

18 mai 2015

Ahmed Manai: Lettre ouverte à Son Excellence Recep Tayyp Erdogan

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Tunis le 18 Mai 2015
Lettre ouverte à Son Excellence Recep Tayyp Erdogan,
Président de la République de Turquie, Ankara,
Monsieur le Président,
Point n’est besoin de me présenter. Non pas tant par prétention de ma part ou par excès de notoriété, mais plus simplement, car nous sommes en terrain de connaissance.

Tunis le 18 Mai 2015
Lettre ouverte à Son Excellence Recep Tayyp Erdogan,
Président de la République de Turquie, Ankara,
Monsieur le Président,
Point n’est besoin de me présenter. Non pas tant par prétention de ma part ou par excès de notoriété, mais plus simplement, car nous sommes en terrain de connaissance.
Il vous en souvient sans doute d’un certain mois d’avril 1998, lorsque le président de l’organisation «Mazloum Der» siégeant à Cologne (Allemagne) et proche de votre parti AKP, avait pris contact avec moi à l’Institut tunisien des relations internationales, à Paris, et m’avait expliqué vos démêlés avec la justice turque au sujet d’une affaire relative à la liberté d’expression.
Il avait sollicité mon concours pour mobiliser des organisations des droits humains, des intellectuels et des politiques arabes et européens, et venir à Istanbul vous apporter notre soutien.
Ce qui fut fait effectivement, au bout de quelques semaines. Nous avons réuni ainsi vingt-six personnalités, hommes et femmes d’une grande notoriété, dans leurs milieux et pays respectifs, des personnalités indépendantes ou représentant des organisations de la société civile.
Nous avions entrepris un voyage d’une journée à Istanbul. C’était le 18 mai 1998, il y a de cela dix-sept ans, jour pour jour.
Notre voyage avait aussi pour but d’apporter le soutien de la délégation au Président de la Ligue Turque des Droits de l’homme qui venait de faire l’objet d’une tentative d’assassinat, ainsi qu’aux jeunes étudiantes de l’Université d’Istanbul, interdites d’entrée au sein de l’université et ainsi privées d’éducation, au motif qu’elles portaient le foulard.
Si je me permets de rappeler à Votre Excellence, ce geste de solidarité, vieux de dix-sept ans et tout naturel pour moi et mes amis, ce n’est guère pour en demander une quelconque rétribution ni même des remerciements, mais uniquement, pour vous assurer que les principes et les valeurs qui nous ont mobilisés en votre faveur alors sont bien les mêmes qui me poussent à vous écrire aujourd’hui, au sujet de votre position et celle de votre gouvernement, à l’égard de la Syrie, de la Libye, de l’Irak, de l’Egypte, de la Tunisie et d’autres pays arabes.
Monsieur le Président,
Je vous ai écrit en date du 11/12/2002 pour vous féliciter de votre succès aux élections législatives. Et je ne vous cache pas que je fus de ceux, nombreux dans le monde arabe, qui s’étaient félicités de la nouvelle approche politique et géostratégique de la Turquie, et de ses efforts pour se faire réintégrer dans son environnement géographique, culturel et humain, après une longue éclipse, et pour l’établissement de relations positives et constructives avec ses voisins. D’autant que ses tentatives d’intégrer l’espace Européen s’étaient révélées vaines.
Comme tout Arabe, j’ai salué la position du gouvernement turc qui a refusé le passage sur son territoire, des troupes d’invasion américaines en 2003, lors de l’invasion anglo-américaine de l’Irak; tout comme j’ai salué votre position qui a suivi la guerre d’agression israélienne contre le Liban, puis contre Gaza, ainsi que votre entrée dans une alliance stratégique avec la Syrie, dans le cadre d’une diplomatie –oh combien sage– de « bon voisinage et zéro conflit ».
Nous avions pensé que, sous votre direction, la Turquie constituerait un facteur d’équilibre et de stabilité régionale : une source de développement, de prospérité et de fraternité, entre les Arabes, les Turcs et tous les peuples de la région.
Force est de constater que vous en avez fait tout le contraire : un pays qui déstabilise et agresse ses voisins proches et lointains, une source de déséquilibre et de désordre, en violation flagrante du droit international et de tous les principes et lois qui réglementent les relations entre les Etats et les nations.
Ainsi avons-nous été choqués, depuis cinq années, par le changement radical de votre politique à l’égard des pays de la région. Et ceci, du fait de votre participation à la destruction de la Libye, son Etat, sa société, ses infrastructures et son peuple. La Libye était pourtant un bon marché pour vos produits agricoles et industriels et accueillait des dizaines de milliers de vos chômeurs ainsi que des millions de chômeurs africains, asiatiques et arabes.
C’était un pays accueillant pour les étrangers, un pays où l’on vivait bien et en sécurité. Vous en avez fait, avec vos alliés occidentaux et arabes, un pays où tout sent la mort, et depuis 2011 et les 150000 morts causés par l’intervention de l’OTAN, un pays où les morts se comptent par milliers, et dont la situation menace tout le Sahel africain et le bassin ouest de la Méditerranée.
Nous avons été, par la suite, encore plus choqués quand vous avez violé vos engagements antérieurs et votre alliance avec la Syrie, et encouragé la sédition dans ce pays au motif d’encourager sa démocratisation. Et depuis plus de quatre ans, la Turquie se trouve impliquée directement, massivement et sans la moindre retenue, dans les activités terroristes dans ce pays.
Vous avez concocté avec vos alliés régionaux et internationaux, des plans multiples d’invasion de ce pays, pour démanteler son Etat, diviser son territoire, et lancer son peuple sur la voie de l’exode et de l’émigration, afin de vous créer un espace vital, de triste mémoire.
Le rôle de la Turquie dans la tragédie que vit la Syrie est manifeste. Il suffit pour s’en rendre compte de suivre vos déclarations hostiles au gouvernement syrien, vos menaces réitérées régulièrement sur l’intégrité territoriale de ce pays, mais surtout votre participation active à la guerre imposée au peuple syrien, du fait des infiltrations de dizaines milliers de terroristes au nombre desquels des milliers de jeunes tunisiens qui s’adonnent aux meurtres, aux sabotages, et aux destructions.
Tout ceci est contraire, d’une part, aux règles les plus élémentaires de la coexistence pacifique entre voisins, et aux conventions internationales qui régissent les relations entre les peuples et les Etats, et d’autre part, à l’esprit de l’islam dont vous prétendez vous faire le porte-parole.
Votre ingérence hostile s’est élargie à d’autres pays arabes comme l’Egypte ou l’Irak, où vous agissez au démembrement de son territoire, et à la dispersion de son peuple. Tout ceci, dans le but de reconstruire l’Empire ottoman, dans le cadre du projet américano-sioniste du Nouveau Moyen Orient.
Venons-en à la Tunisie, mon pays, qui lui aussi pâtit de votre ingérence dans ses affaires internes. C’est d’ailleurs à titre de citoyen tunisien que je vous écris pour vous remettre en mémoire ces faits patents :
Ainsi le vendredi 3 avril 2015, l’ambassadeur de Tunisie à Ankara a été convoqué par votre ministère des affaires étrangères pour s’expliquer sur les propos tenus la veille par Monsieur Taieb Baccouche, notre Ministre des Affaires Etrangères qui «n’a pas apprécié qu’un pays, soit- disant ami, comme la Turquie, facilite d’une façon ou d’une autre, le déplacement de terroristes tunisiens vers la Syrie».
C’était pourtant la stricte vérité. De nombreuses déclarations de vos propres alliés, américains, britanniques et allemands, de vos opposants officiels, à l’intérieur et en dehors du parlement turc, et de multiples rapports de la presse turque et internationale, plutôt engagée contre la Syrie, le confirment. Les archives de la justice tunisienne et des services de sécurité tunisiens regorgent de rapports sur l’implication des autorités turques dans l’acheminement de terroristes tunisiens vers la Syrie. De nombreuses organisations tunisiennes, indépendantes du gouvernement, mais aussi des puissances étrangères et de leurs financements, détiennent d’innombrables témoignages des familles des terroristes tunisiens attestant que les milliers de tunisiens qui s’étaient engagés dans cette œuvre de destruction de la Syrie sont passés presque exclusivement par la Turquie, et ont bénéficié des facilités des autorités turques.
Votre attitude envers mon pays n’a rien d’amical, et relève même d’une animosité que rien ne justifie. Elle peut tout juste s’expliquer par votre acharnement à poursuivre l’illusion de ressusciter les morts, en l’occurrence l’Empire Ottoman. Je dis bien « empire » et non point « khalifat » comme vous le laissez croire pour emporter l’adhésion de musulmans naïfs et simples d’esprit, puisque de toute la lignée des Sultans Ottomans, le seul qui ait été affublé du titre de Khalife fut le Sultan Abdel Hamid II, en plus d’autres surnoms moins glorieux tel que Kızıl Sultan, ou le « Sultan Rouge ».
Mais pour réhabiliter l’Empire Ottoman, il faudrait commencer par en assumer ses heurs et malheurs, notamment son bilan auprès des peuples non turcs qui ont longtemps subi ses lois. En Tunisie, nous avons l’avantage de « digérer » nos conquérants. Et les turcs, comme nombre de conquérants avant eux, ont été tout simplement tunisifiés et intégrés à la société tunisienne.
Aussi malgré le lourd tribut que nous avons payé au fil des siècles par notre soumission à l’Empire Ottoman, entre autres un contingent de 15000 soldats tunisiens ayant participé à la guerre de Crimée en 1853, nous ne gardons de nos anciens occupants que le meilleur souvenir, préférant oublier Mohamed Sadok Bey qui a vendu la Tunisie aux Français au mois de Mai 1881, et fêter Moncef Bey, le patriote et Bey du peuple. Mais peut-on demander la même chose aux Arméniens, aux Assyro-chaldéens et aux Pontiques, ou encore aux Arabes du Machrek ?
Monsieur le Président,
Dans votre « reconquête » du monde arabe, selon l’expression d’un des chefs de vos services de sécurité, en 2013, afin de le « démocratiser », vous n’avez pas hésité à vous allier aux régimes arabes les plus rétrogrades, ternissant ainsi l’image libérale et démocratique que vous voulez présenter du vôtre. Vous n’avez pas hésité non plus, vous le Chef d’un Etat laïc, à engager l’islam, la religion, dans une bataille qui n’est pas la sienne et à vous allier avec les organisations « islamiques » les plus radicales, colportant les conceptions les plus archaïques et les traduisant dans les actions les plus hideuses, les plus répulsives et révulsives qu’ait connues l’humanité. Ce qui explique, sinon justifie, la vague d’islamophobie, d’aversion et même de rejet de l’islam à travers le monde et jusque parmi les siens.
L’histoire retiendra que votre ambition personnelle et nationale immodérée, et l’aveuglement de vos alliés, émules et mourides, y compris Rached Ghannouchi qui est venu récemment de Tunis vous remercier pour « votre soutien au peuple Syrien », ont fait de vous tous des ennemis des peuples libres et souverains, de la paix et de la vie et des fossoyeurs de l’islam. Pour ces diverses raisons, et d’autres encore, je peux vous assurer en toute humilité, que votre rêve d’un nouvel Empire Ottoman s’est déjà brisé sur les remparts de Damas et qu’en aucun cas, la Tunisie, mon pays, ne sera votre nouvelle Wilaya. Parole de patriote tunisien.
Je ne regrette pas d’avoir couru à votre secours avec mes amis en 1998 ; d’une part, parce que cela était conforme à nos choix éthiques et à notre engagement politique, et d’autre part, parce que cela me permet de vous interpeller aujourd’hui avec plus de légitimité.

Ahmed Manai
Président de l’Institut tunisien des relations internationales