17 septembre 2016

Sabra et Chatila : Le massacre inoubliable, impardonnable des Israéliens contre des Palestiniens

Il y a un autre anniversaire significatif cette semaine, mais celui-ci n’attire pas la même attention que les commémorations du 11 septembre. 16-17 Septembre 1982, Sabra et Chatila...
Sabah, lundi 18 septembre 2006
Au matin du samedi 18 septembre 1982, les journalistes qui sont entrés dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, près de Beyrouth au Liban ont eu une vision horrible.
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Sabra
Des piles de corps jonchaient les rues poussiéreuses des camps, des fosses communes avaient été construites à la hâte et les bâtiments avaient été rasés au bulldozer sur les cadavres.
Les personnes assassinées étaient des hommes âgés, des femmes et des enfants. Un massacre avait eu lieu. Le nombre de morts était estimé à des milliers.
Que s’y était-il produit ? Qu’est ce qui avait pu provoquer ce type de massacre inhumain ? Qui avait fait cela ?
C’étaient les questions qui ponctuaient le silence du matin après que le massacre se soit arrêté. On se pose encore aujourd’hui ces questions, plus de deux décennies après les événements.
Pour essayer de répondre à ces questions, relisons une nouvelle fois l’histoire :
Le 6 juin 1982, l’armée israélienne a envahi le Liban dans ce qu’elle a décrit comme étant des "représailles" pour la tentative d’assassinat sur l’Ambassadeur israélien à Londres, Argov, le 4 juin. L’invasion, appelée ensuite "Opération Paix en Galilée", a progressé rapidement.
Le 18 juin 1982, Israel avait cerné les forces armées de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) dans la partie occidentale de la capitale libanaise. Un cessez-le-feu, négocié par l’envoyé des Etats-Unis, Philip Habib, a eu comme conséquence l’évacuation de l’OLP de Beyrouth le 1er septembre 1982.
Le 11 septembre 1982, le ministre de la défense israélien, Ariel Sharon, l’architecte de l’invasion, a annoncé que "2.000 terroristes" étaient restés à l’intérieur des camps de réfugiés palestiniens autour de Beyrouth.
Le mercredi 15 septembre, le lendemain de l’assassinat du chef de la milice phalangiste alliée des Israéliens et président élu libanais, Bashir Gemayel, l’armée israélienne a occupé Beyrouth-Ouest, "encerclant et bouclant" les camps de Sabra et Shatila, où vivaient des civils libanais et palestiniens. Israël a justifié son initiative dans Beyrouth-Ouest par un besoin de maintenir l’ordre et la stabilité après l’assassinat de Gemayel.
Cependant, plusieurs jours plus tard, Ariel Sharon a déclaré à la Knesset, le parlement israélien : "Notre entrée dans Beyrouth-Ouest était destinée à faire la guerre contre l’infrastructure laissée par les terroristes."
L’armée israélienne a alors désarmé, dans la mesure où elle le pouvait, les milices anti-israéliennes à Beyrouth-Ouest, alors qu’elle a laissé ses armes aux milices phalangistes chrétiennes de Beyrouth.
A midi le 15 septembre 1982, les camps de réfugiés étaient complètement encerclés par des tanks et des soldats israéliens, qui ont installé des points de contrôle aux endroits stratégiques et aux carrefours autour des camps afin d’en surveiller toutes les entrées et les sorties.
En fin d’après-midi et toute la soirée, les camps ont été bombardés.
Le jeudi 16 septembre 1982 vers midi, une unité d’environ 150 Phalangistes armés (c’est ce que prétend Israël) est entrée dans le premier camp.
Pendant les 40 heures suivantes, les membres de la milice phalangiste ont violé, tué et blessé un grand nombre de civils non-armés, dont la plupart étaient des enfants, des femmes et des personnes âgées à l’intérieur des camps encerclés et bouclés. L’estimation des victimes varie entre 700 (chiffre officiel des Israéliens) et 3.500.
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Sabra
Les victimes et les survivants des massacres n’ont jamais eu droit à une enquête officielle sur la tragédie, puisque la Commission Kahan d’Israel n’avait pas de mandat juridique et n’avait pas de pouvoir judiciaire.
Ce massacre est considéré comme le seul massacre sanglant de l’armée terroriste israélienne et il revendique la participation d’alliés, mais on peut penser qu’il ne sera pas le dernier. En particulier, après ce que nous avons vu dans la dernière guerre israélienne contre le Liban.
Si les Américains ont préparé avec agitation l’anniversaire du 11 septembre, beaucoup d’habitants du camp de Chatila et de son voisin plus petit, Sabra, ont redouté la date importante de samedi qui marquera 24 ans de souffrance et d’enquête futile de la justice.
Pour les Palestiniens, ce sera certainement un rappel bien loin des cérémonies de New York et de Washington où les responsables américains ont dit au monde que leur fameuse puissance militaire allait s’assurer que la justice pour les victimes triompherait du mal quel qu’en soit le prix.
Les survivants palestiniens des massacres de 1982 se réuniront probablement pour entendre des discours à l’endroit où leurs proches ont été enterrés dans des fosses communes : une parcelle vide et poussiéreux signalée par un pathétique monument provisoire en parpaings.
Mais, le monde n’observera pas une minute de silence pour les victimes innocentes de Sabra et Chatila, ni de reportages au sujet des survivants et de leur existence malheureuse sur les lieux de ce crime horrible.

03 août 2016

Lettre de prison de Bilal Kayed à son 48ème jour de grève


samidoun




Lettre de prison de Bilal Kayed à son 48ème jour de grève : « Vos luttes me donnent encore plus de détermination pour la victoire »
Par Samidoun/Bilal Kayed
1er août 2016

Le prisonnier palestinien Bilal Kayed, à son 48ème jour de grève de la faim, a publié aujourd’hui la lettre suivante depuis sa chambre à l’hôpital Barzilai, où il est détenu mains et pieds enchaînés à son lit. Kayed, 34ans, a commencé sa grève de la faim le 15 juin ; il devait être libéré le 13 juin après avoir purgé sa peine de 14 ans et demi dans les prisons israéliennes. Pourtant, au lieu d’être libéré comme prévu, il a été condamné à six mois de mise en détention administrative renouvelables indéfiniment sans inculpation ni jugement.
Il a immédiatement lancé une grève de la faim pour protester contre ce précédent menaçant tous les prisonniers palestiniens, une grève soutenue par ses camarades du Front Populaire pour la Libération de la Palestine, de gauche, et ceux de différents secteurs du Mouvement des Prisonniers Palestiniens. Plus de 100 prisonniers palestiniens se sont joints la grève de la faim collective pour la liberté de Kayed, dont le Secrétaire Général du FPLP Ahmad Sa’adat, les anciens grévistes de la faim Ghassan Zawahreh et Shadi Ma’ali, l’artiste de cirque Mohammed Abu Sakha, l’organisateur de la jeunesse Hassan Karajah et bien d’autres. Des centaines d’autres les ont rejoints dans une série de manifestations collectives pour la libération de Kayed, y compris des grèves de la faim partielles et des protestations lors de l’appel nominal ; les prisonniers ont subi des raids, des transferts de masse, des interdictions de visites familiales, la mise en isolement et autres sanctions pour tenter de briser leur mouvement de protestation collective.
Plus de 170 organisations palestiniennes et internationales ont signé l’appel pour la liberté de Kayed, et des manifestations se développent dans toute la Palestine et à l’étranger. Le Réseau de Solidarité du Prisonnier Palestinien Samidoun met en lumière l’appel de Kayed ci-dessous : « Ce que j’ai reçu de vous par le biais de vos luttes, vos sit-ins, vos manifestations, me donne plus de détermination pour continuer à aller de l’avant jusqu’à la victoire. La liberté ou le martyre » et appelle en urgence à l’intensification des manifestations, des actions et de la lutte en appui de Bilal Kayed et de ses codétenus en ce moment critique de la lutte.
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Lettre du gréviste de la faim Bilal Kayed
À mon peuple héroïque palestinien…
Gens libres du monde…
Dans cette étape difficile que je subis sur un plan personnel, dans la lutte contre la tentative de forcer ma soumission à l’occupation brutale qui a pris la décision de me liquider, pour rien d’autre que le fait que j’ai été aux côtés des prisonniers de mon peuple, défendant mes droits et leurs droits et les droits de leurs familles pour parvenir à accéder même aux conditions minimales de la dignité humaine. Il n’est pas étrange que je me trouve moi-même soutenu par l’ensemble de mon peuple, de ceux qui m’entourent avec leurs cris et leurs pleurs et leur soutien et font des efforts inlassables pour annihiler l’injustice qui a été infligée, à moi et aux prisonniers. Ce qui arrive est tout à fait en accord avec l’esprit d’entente nationale dans lequel j’ai été élevé, par vous, mon peuple et par les peuples libres du monde, où qu’ils soient. En Cisjordanie , se dressant contre l’oppression ; dans les terres occupées [de 1948], fiers et enracinés dans la terre et le respect de leur identité ; mon peuple héroïque dans Gaza victorieuse et tous les hommes libres du monde, de toutes les nationalités et de toutes les origines.
Je suis ici, aujourd’hui, terminant ma première étape dans ma bataille avec cet occupant brutal et j’ai annoncé ma deuxième étape, qui est celle de l’unité avec tous les prisonniers de tous horizons et partis politiques pour que nous puissions tous, collectivement, nous tenir à l’avant-garde de la lutte nationale, à l’intérieur et à l’extérieur des prisons.
Après avoir reçu cette décision des tribunaux de l’occupation militaire (comme je l’attendais) [de rejet de son appel contre la détention administrative] ignorant ma liberté, la vie et la dignité, il est nécessaire que je répondre afin de faire face à cette décision brutale. Ainsi à partir d’aujourd’hui, 1er août 2016, je refuse tous les examens médicaux proposés par les médecins de l’hôpital. J’exige mon retour immédiat en prison malgré la détérioration de mes conditions de santé, pour me tenir debout sur un seul front et sur une seule ligne dans les cellules de l’occupation, aux côtés de tous les prisonniers en révolte, élevant la voix avec force : Votre décision ne passera pas facilement ! Surtout après que l’occupation ait franchi une autre ligne rouge, encore plus dangereuse, en m’envoyant en détention administrative, ce qui vise à liquider tous les dirigeants du mouvement de prisonniers et ses cadres et ceux qui lèvent haut sa bannière en défense du droit des prisonniers à la liberté et à la dignité.
Mon peuple héroïque, l’heure du combat est arrivée. Je suis plein d’espoir. Car j’ai toujours su que vous, vous êtes le mur protecteur, défendant notre lutte. Ce que j’ai reçu de vous par vos luttes, vos sit-in, vos manifestations, me donne plus de détermination pour continuer vers l’avant jusqu’à la victoire. La liberté ou le martyre.
La victoire est inévitable.
Bilal Kayed
Hôpital Barzilai
1er août 2016
Source : Samidoun.ca
Traduction : André Comte
أسير الجبهة الشعبية لتحرير فلسطين ‫#‏بلال_كايد‬ يوجه رسالة لأحرار العالم في يومه ال48 من إضرابه المفتوح عن الطعام ..
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جماهير شعبنا البطل، أحرار العالم في كل بقاع الأرض ..
في هذه المرحلة العصيبة التي أمر بها على الصعيد الشخصي في حرب أعلنتها على محاولة تركيعي من قبل الاحتلال الغاشم، الذي أخذ قراراً بتصفيتي لا لشيء إلا لأني كنت أقف إلى جانب أبناء شعبي من الأسرى، مدافعاً عن حقّي وحقهم وحق أهاليهم في ظروف إنسانية بحدّها الأدنى من الكرامة، وليس غريباً أنني وجدت نفسي إلى جانب أبناء شعبي جميعاً ملتفّين حولي بصرخاتهم ووقفاتهم ومحاولاتهم الدؤوبة، لإزالة الظلم الذي وقع علي وعلى الأسرى أمثالي، وهذا يأتي انسجاماً مع الفهم الوطني الذي نشأت عليه منكم ومن أبناء شعبي الأحرار أينما تواجدوا، في الضفة الثائرة في وجهة القهر، والداخل الفلسطيني الأبيّ والمتجذّر والمتمسك في الهوية، وأبناء شعبي البطل في غزة المنتصرة، وفي كل أنحاء العالم مع جميع الأحرار من كافة الجنسيات والفئات.
وها أنا اليوم أعلن عن تدشين مرحلتي الأولى في صراعي مع هذا المحتل الغاشم، وأعلن ابتداء مرحلتي الثانية، والتي ستتمحور في التوحّد مع كل الأسرى في كافة أطيافهم وأحزابهم، لنشكّل سويّة رأس حربة النضال الوطني في داخل السجون وخارجها.
فبعد أن جاء القرار من محكمة الاحتلال العسكرية (كما توقعت) متجاهلاً حقي بالحرية والحياة بكرامة، بات من الضروري أن يكون هنالك رد من قبلي، يليق في هذا القرار الغاشم، عبر امتناعي ابتداءً من اليوم 1/8/2016 عن التعاطي مع أيّة فحوصات طبية يعرضها عليّ الأطباء في المستشفى والمطالبة في العودة الفوريّة إلى السجن، رغم تردّي حالتي الصحية، والوقوف في صف واحد في زنازين إدارات السجون التابعة للاحتلال، جنباً إلى جنب مع كل الأسرى المنتفضين والعليين للصوت، لن يمر قراركم في سهولة، خصوصاً بعد أن تخطّى الاحتلال بقرار اعتقالي إدارياً خطاً أحمراً آخر أكثر خطورة، والذي يهدف من خلاله على تصفية كل قيادات الحركة الأسيرة وكوادرها، والرافعين للوائها، والمدافعين عن حق أسراها بالحرية وبالعيش بكرامة.
يا أبناء شعبي البطل، لقد دقّت ساعة النضال، وكلّي أمل كما عهدتكم دوماً بأن تكونوا الجدار الحامي والساند لنضالنا، وما يصلني منكم من نضالات ووقفات واحتجاجات يزيدني عزماً وإصراراً على المضي قدماً حتى النصر، إما بالحرية أو بالاستشهاد.
وإننا حتماً لمنتصرون
المعتقل بلال كايد – مستشفى برزلاي « عسقلان » – 1/8/2016
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الحرية للرفيق الأسير بلال كايد .. الدعم و المساندة لكل الأسرى في سجون الإحتلال الغاشم ..
http://www.ism-france.org/temoignages/Lettre-de-de-prison-de-Bilal-Kayed-a-son-48eme-jour-de-greve-Vos-luttes-me-donnent-encore-plus-de-determination-pour-la-victoire–article-20059/

nos remerciements à Ahmed Manai qui nous a fait suivre ce double article. 

 

29 juillet 2016

Interview exclusive de M.Ahmed Manai Par Tunis Tribune


manai ahmed b

Tunis Tribune : Vous faites partie des membres de la mission d’observation de la Ligue arabe. Comment se passe cette mission sur le terrain ?

Ahmed Manai : Cette mission a été décidée par le Conseil des ministres des affaires étrangères des pays de la ligue, dans le cadre d’une initiative arabe pour aider au règlement de la crise syrienne. Un protocole d’accord a été signé entre la Ligue et la Syrie pour l’envoi des observateurs dans ce pays. Ces derniers sont venus en Syrie et à l’issue de leur travail sur le terrain, ils ont produit un rapport qui devrait servir aux ministres arabes d’entamer une seconde phase dans le règlement de la crise.
Malgré les grandes difficultés, causées surtout par les vrais « décideurs de la ligue » et une campagne d’hostilité sans précédent contre la mission, les observateurs ont fait un très bon travail qui a été résumé dans un rapport de synthèse d’une grande honnêteté, présenté par le Chef de la mission, le général Al-Dabi, au conseil des M.A.E de la ligue. C’est alors que ces « décideurs » se sont rendu compte que le rapport n’allait pas dans le sens de leur plan, l’ont enterré et sont allés au Conseil de sécurité. On connaît la suite. Je renvoie vos lecteurs à ce rapport. Je dirais plus à la fin de cette mission et une fois libéré de mon serment.

Fait rare, la Tunisie, a pris une mesure radicale à l’encontre d’un autre pays arabe, en annonçant l’expulsion imminente de l’ambassadeur de Syrie à Tunis. Est-ce une bonne décision et comment la jugez-vous ?

Fait rare en effet dans la diplomatie tunisienne ! Je me souviens qu’en 1961, lors de la bataille de Bizerte, au cours de laquelle des centaines sinon des milliers de tunisiens ont été massacrés par l’armée française, la Tunisie n’a pas rompu ses relations diplomatiques avec la France mais s’est contentée de rappeler son ambassadeur à Paris. Les étudiants tunisiens en France ont été encouragés à reprendre leurs études dans ce pays.

L’ambassadeur syrien est en congé maladie et se trouve en Syrie depuis plus d’un an !
Il faut dire tout d’abord qu’il n’y a pas d’ambassadeur syrien à Tunis, ce dernier est en congé de maladie depuis plus d’un an, mais simplement un vice-chargé d’affaires. N’empêche que nous sommes en face d’un acte symbolique, bête et gratuit.

La décision de renvoyer l'ambassadeur Syrien vient de Ghannouchi et du Qatar
La décision de renvoyer l’ambassadeur Syrien vient de Ghannouchi et du Qatar
Emir-of-Qatar-Ghannouchi

En 1980, lors de l’affaire de Gafsa, dans laquelle l’Algérie était aussi impliquée que la Libye, la Tunisie n’a pris aucune mesure de rétorsion contre l’Algérie. Bien plus, son nom n’a presque jamais été cité par les médias officiels tunisiens. L’explication de ces deux positions est bien simple : aucun pays, si puissant soit-il, et encore moins dans le cas de la Tunisie, ne peut se permettre d’être entouré par des ennemis. L’objectif de toute diplomatie digne de ce nom est d’avoir le maximum d’amis et le minimum d’ennemis. Je renvoie vos lecteurs à la thèse de l’ami et universitaire Allemand, Werner Ruff, ayant pour titre « La politique étrangère d’un pays faible : l’exemple de la Tunisie » soutenue à la fin des années Soixante. Nos diplomates pourront y trouver ce qui manque à nos gouvernants actuels.
Alors qu’est ce que j’en pense ? C’est une décision irréfléchie, prise par des amateurs de la diplomatie et des relations internationales, inconscients du tort qu’ils font aux intérêts et à l’image d’un pays qui s’est longtemps distingué par sa diplomatie sage et équilibrée, ou alors, une décision dictée par plus forts qu’eux !
Curieusement aucune des puissances qui s’apprêtaient il y a quelques semaines à lancer leur aviation sur la Syrie, n’a eu recours à la rupture des leurs relations avec la Syrie.

Sur votre compte Facebook, vous avez déclaré hier-soir ceci : « La décision de renvoyer l’ambassadeur de la République Syrienne à Tunis ne vient pas du président mais de Ghannouchi et du Qatar ! C’est une honte… » ! Voulez-vous nous donner plus de précisions ?

Il suffit de rappeler la déclaration faite par M. Ghannouchi au mois de novembre 2011, je crois, dans laquelle il a « décidé « que la Tunisie allait renvoyer l’ambassadeur syrien et plus tard, « qu’il allait remettre les ambassades du Yémen et de la Syrie aux opposants des deux pays » ignorant sans doute les conventions internationales qui régissent les relations diplomatiques.

Ghannouchi est tout et décide de tout !

Il n’était alors que le chef d’un parti politique ayant gagné les élections. Heureusement que le gouvernement de l’époque avait tempéré son zèle. Maintenant il est tout et décide de tout !
Pourquoi le Qatar ? Parce que ce pays avait enjoint à tous les pays arabes sous sa tutelle, d’accompagner la réunion du Conseil de sécurité du 4/2 par une action concertée de rupture avec la Syrie. Il a donné aussi des consignes à certains médias pour chauffer un peu plus l’ambiance. Le CNT a recommandé à ses militants à l’étranger d’occuper les ambassades et consulats syriens et à ses groupes armés de se distinguer par des actions d’éclat comme celle qu’a connu la ville de Homs.
Cependant je ne vous cache que j’ai des amis ambassadeurs à la ligue qui m’ont confirmé certaines choses, entre autres l’alignement inconditionnel de la délégation tunisienne à la ligue arabe sur le Qatar.

Ne pensez-vous pas que le pouvoir actuel en Syrie doit passer la main et que le peuple Syrien a droit à choisir son destin et à vivre en toute liberté comme ils le réclament ?

Tous les Syriens que je connais, certains depuis 1981, appartiennent à l’opposition. Ils appartiennent maintenant, au CNT, au CNC ou des indépendants. Depuis 1991, nous avons mené ensemble de nombreux combats pour la liberté, la démocratie et le respect des droits humains, en Tunisie, en Syrie et ailleurs. Je regrette de constater que le long parcours militant de certains d’entre eux n’a pas fait d’eux les hommes politiques qu’exige la phase actuelle du combat.
Juste avant de venir en Syrie, j’ai fait le déplacement à Tunis pour rencontre Burhan Ghoulioune. Je n’ai pas pu le faire mais j’ai rencontré trois de ses collègues et je leur ai posé cette question simple ! Êtes-vous prêts à négocier ? Ils m’ont répondu tous en chœur : jamais ! Ils pensaient sans doute qu’ils allaient faire une entrée triomphale à Damas derrière les troupes de l’OTAN.
C’est tout sauf de la politique, parce qu’en politique la négociation est le fondement de toute solution des différents et des conflits, même armés.
Alors, bien sûr que le peuple syrien a droit de choisir son destin et à vivre en toute liberté comme il le réclame. Mais c’est vrai aussi que l’alternance doit se passer dans le calme, et pas dans le désordre et au rythme des attentats terroristes.

Pourtant le chef de la mission d’observation de la Ligue arabe, chargée de suivre l’évolution de la situation en Syrie, a fait état jeudi d’une « guerre » dans ce pays, où les violences continuent d’émailler le mouvement de contestation du régime en place. Il aussi dit avoir vu « quelques preuves de torture » en Syrie qui fait face à une « guerre ».

Le rapport du chef de la mission est exhaustif et très équilibré. Il a synthétisé les rapports journaliers d’une quinzaine d’équipes d’observateurs qui ont sillonné le pays durant quatre semaines. Mais, je ne crois pas qu’il y ait une guerre civile mais tout simplement des foyers de tension et de grande violence, cinq ou six au plus, qui ont été quelque peu délaissés par les autorités syriennes. Depuis une semaine, les autorités ont repris les choses en main dans les campagnes de Damas (le Rif de Damas) et les opérations de maintien de l’ordre continuent ailleurs. Juste une dernière remarque : ceux qui croient que le président syrien est isolé et n’a pas de soutien populaire se font des illusions. C’est pourquoi je le dis à tous les amis de l’opposition syrienne : révisez vos positions sinon vous serez complètement marginalisés.

* Werner Ruf: Der Burgibismus und die Außenpolitik des unabhängigen Tunesien (Le bourguibisme et la politique étrangère de la Tunisie indépendante). Bertelmann Universitätsverlag Bielefeld, 1967. 280 pp.
La soutenance de la thèse a eu lieu à l’niversité der Fribourg (Allemagne) en janvier 1967

27 juillet 2016

L'avenir que Kadhafi avait prédit

Il avait beau avoir des défauts mais il avait prédit le chaos.
"Kadhafi les appelait des drogués, des fondamentalistes islamiques; nous, nous les appellons ISIS … on ne trouve plus cela aussi drôle aujourd’hui, hein ? Et ISIS est ce qui nous pendait au nez depuis le début ; le lynchage « révolutionnaire » et la sodomisation de Mouammar Kadhafi aux cris frénétiques de « Allahu Akbar », salués par beaucoup, à l’époque, comme une sorte de triomphe perverti du bien incarné par la volonté populaire (lire: loi de la populace parrainée par l’OTAN) sur le mal incarné par la dictature (lire : État souverain), n’étaient rien d’autre que les premiers signes de ce qui attendaient le pays et la région; à savoir, le lynchage de masse de populations entières en Libye, Syrie et Irak et l’éclatement d’états arabes clés en mini-états ennemis. La vidéo horrible de l’assassinat du colonel Kadhafi qui surpasse les vidéos d’ISIS en termes de brutalité désaxée et de grossièreté sanglante, n’a pas soulevé la moindre critique à l’époque, bien au contraire; tout le monde semblait parfaitement satisfait que le « tyran » libyen ait connu une fin aussi grotesque … sauf que ce n’était que le début d’un nouveau règne de terreur sans précédent que nous devons aux mercenaires de l’OTAN et aux rebelles islamiques soutenus par le Conseil de Coopération du Golfe (CCG).

merci Serge Adam
 
L
 
 
 
L’avenir que Kadhafi avait prédit
 
La Libye, ISIS et le luxe sans prix de la sagesse rétrospective « Qui êtes-vous ? » a demandé un jour, vers la fin de son règne, feu Mouammar Kadhafi dans un discours célèbre …

14 juillet 2016

Lettre ouverte à Monsieur le Président provisoire de la République Tunisienne


Objet : Je vous invite à rompre avec les rêves des Cowboys et des chameliers!

Monsieur le Président provisoire,
Avant toute chose, je dois vous avouer que je n’ai voté, ni pour vous, ni pour aucun des candidats de votre parti, parce que je vous connais depuis 32 ans. Je vous dirai aussi, qu’aucun des candidats des deux autres partis qui composent la majorité à l’Assemblée, n’a reçu mon suffrage, car en effet, je connais leurs chefs depuis 44 ans pour le premier, et 25 ans pour le second. Toutefois, vous êtes le Président provisoire, légitimement élu par une Assemblée légitime. A ce titre, je vous respecte donc, en tant que tel.
J’ai même pensé à vous féliciter lors de votre élection, mais hélas, j’y ai renoncé, au dernier moment, suite au profond malaise que j’ai ressenti en vous voyant courir avec de jeunes Libyens, et manifester votre impudente allégresse, à l’annonce de l’assassinat du leader Libyen.
Je vous écris donc, au sujet de la position de la Tunisie vis-à-vis de la Syrie et de la crise que connaît ce pays frère, depuis bientôt dix neuf mois ; position qui s’est illustrée, par une déviation complète par rapport aux traditions de la diplomatie tunisienne, connue pour sa modération, son indépendance, et son respect des principes et valeurs qui fondent les relations internationales.

Ahmed Manaï invite Marzouki à rompre avec les rêves des Cowboys et des chameliers
Ahmed Manaï invite Marzouki à rompre avec les rêves des Cowboys et des chameliers

Permettez-moi donc, de vous rappeler brièvement ce que furent ces positions controversées, au cours des dix derniers mois : La Tunisie a devancé tous les pays arabes pour, renvoyer l’ambassadeur syrien, absent alors de Tunisie, rappeler son ambassadeur et l’ensemble du personnel de son ambassade à Damas, et rompre les relations diplomatiques avec la Syrie. Cela s’était fait dans la hâte, et d’une manière intempestive, qui a surpris l’ambassadeur tunisien lui-même. Cette initiative hystérique a porté un grave préjudice aux deux mille cinq cents membres de la communauté  tunisienne qui ont été brusquement coupés de l’administration de leur pays.
Il est important de rappeler que toutes ces mesures prises singulièrement, par les autorités tunisiennes, dans une précipitation indescriptible et irréfléchie, à croire que nos intérêts supérieurs, concernant le devenir de notre propre nation, étaient mis dans un péril grave et  imminent par le régime Assad, n’ont pas eu d’équivalent, même chez les pays engagés directement dans la destruction de la République arabe syrienne. Ces régimes et pays étrangers à la Syrie, qui se sont autoproclamés libérateurs et « amis de la Syrie », se sont engagés, en effet, dans des opérations de propagande et de désinformation manifestes, telles que, l’entrainement, le financement, et l’armement des bandes armées responsables de terrorisme et de destructions d’infrastructures civiles, au nom de la guerre totale qui n’a d’autre effet évident, que de  détruire la Syrie arabe. Or, c’est ce même régime que l’on dit honni, qui a donné refuge aux résistants palestiniens, aux réfugiés libanais et irakiens, et un certain temps, à nos propres réfugiés. La Syrie est, enfin, le dernier bastion du « front du refus » contre Israël ! Or, ces mêmes pays s’étaient tout simplement contentés de retirer leurs ambassadeurs respectifs de Syrie et, de renvoyer les ambassadeurs syriens chez eux, sans toutefois, rompre leurs relations diplomatiques avec elle.
Malheureusement, la Tunisie s’est voulue le fer de lance de la défiance contre la Syrie, et elle a donc devancé les autres pays arabes en votant la suspension de la Syrie de la Ligue Arabe, alors que celle-ci fût l’un des sept pays fondateurs de cette même organisation en 1945. Hélas, et alors que le temps aurait dû émousser l’animosité de nos dirigeants, la Tunisie a confirmé et persisté dans son hostilité à l’égard de la Syrie, sœur, en votant sa mise au ban de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) lors de sa dernière réunion à la Mecque. De là, à penser que si l’occasion se présentait  pour exclure ce pays de la « Conférence des non alignés » dont elle fut membre fondateur, et même de l’ONU, je ne serai pas étonné que la Tunisie s’y engagerait tête baissée, démontrant ainsi l’alignement aveugle et inconditionnel de nos dirigeants sur les thèses et les plans diaboliques des ennemis de la République syrienne, au nom d’un pseudo soutien à des mouvements hétéroclites d’opposants suscités, instrumentalisés, voire, recrutés, embrigadés, armés, entraînés, et financés par les pays traditionnellement soutiens d’Israël, et leurs alliés arabes ou régionaux, de circonstance, qui se sont montrés amorphes, neutres, et non concernés lors des attaques contre la nation arabe, comme ce fut le cas durant la guerre israélienne contre le Liban, en 2006, ou le martyr de Gaza, en 2008, voire, à Allah ne plaise, de connivence coupable avec les ennemis de la nation arabe et, pire, soutiens d’Israël…
Monsieur le Président provisoire ;
Dans une initiative inédite dans son histoire, le Conseil des ministres des affaires étrangères de la Ligue Arabe  a adopté une résolution concernant la Syrie dans l’objectif de venir en aide à ce pays frère, afin de régler la crise politique qui le secoue depuis le mois de Mars 2011. La résolution stipule l’envoi d’une mission d’observateurs arabes, afin de se rendre compte de la situation réelle dans ce pays et d’en informer le Comité chargé de la Syrie à la Ligue arabe. C’est ce qui s’est passé en effet. De bonne foi, les observateurs arabes se sont rendus en Syrie et ils y ont travaillé pendant trois semaines, à la suite de quoi un rapport préliminaire, objectif, honnête et d’un professionnalisme incontesté, a été rédigé et soumis au conseil restreint des ministres des affaires étrangères arabes, par le Chef de la mission, le général Ed-Dabi en date du 17 janvier 2012.
Le rapport avait conclu, entre autres, que l’armée et les forces de l’ordre syriennes ne tiraient sur les manifestants, qu’en état de légitime défense, et, pour répondre aux tirs provenant du milieu des « manifestants ». C’est ce qui semble avoir enragé les représentants de certains pays arabes, missionnés par leurs suzerains occidentaux pour détruire la Syrie, en voyant que leur ruse avait failli et leurs grossières provocations éventées. Cette vérité amère, pour eux, les a poussés à enterrer le rapport de leur propre mission et à porter l’affaire devant le Conseil de Sécurité, dans l’espoir que ce dernier finisse par adopter une résolution analogue à celle qui a « légalisé »  la destruction de la Libye un an plus tôt. Cette démarche a fort heureusement, complètement échoué, comme vous le savez.
Le vingt quatre février 2012, suivant, la Tunisie a accueilli une conférence qui a réuni ceux qui se sont affublés indument, du titre « amis de la Syrie ». Or, aucun des pays représentés ne mérite ni de près, ni de loin, ce qualificatif. Il y avait, en effet parmi eux, des pays qui ont recrutés les terroristes de partout dans le monde, d’autres qui les ont armés, entraînés, financés, ou, qui leur ont assuré la couverture diplomatique et médiatique, aussi bien religieuse que la propagande. Ces « amis » n’étaient unis, que par un dénominateur commun, le dessein de détruire la Syrie et de démanteler son État, pour parachever le but inavoué, de briser enfin, la résistance contre Israël !
Le même jour et parallèlement à cette conférence de l’outrage, s’est tenue, dans la banlieue nord de Tunis, une réunion des États majors des services secrets européens et leurs vassaux arabes, pour étudier et peaufiner les scénaris de l’occupation de la Syrie et de la destruction de sa société.
Vous aviez déclaré ce jour là, très justement, et c’est à votre honneur, que vous étiez contre toute intervention étrangère en Syrie, ce que j’ai personnellement apprécié. Hélas, les grandes puissances pleines de morgue et sûres de leur immunité, décideront du contraire. En effet, habituées à mépriser les petits pays, dont leurs anciennes colonies qu’elles croient toujours être à leurs pieds, elles ne s’embarrasseront guère de votre position de principe, dès qu’elle ne vient pas abonder dans leur sens. La Tunisie ne sera donc consultée par aucun des agresseurs, pour obtenir son assentiment au recrutement des mercenaires, à leur armement et à leurs programmes de destructions ! A croire revenue la parodie coloniale de la « carotte », pour faire croire aux parents des victimes ciblées, qu’ils sont consultés, et celui du « bâton », pour leur faire comprendre qui est le maître véritable…
Était présent aussi à cette conférence ce qu’on appelle le « Conseil National Syrien (CNS) » dont la direction et les membres ont été choisis et cooptés par les services secrets occidentaux, turcs et arabes. Ce Conseil fantoche fonctionne sous la houlette des puissances qui le financent généreusement. Non indépendant, cet organe au service d’intérêts étrangers qui l’ont créé, le financent et lui assurent la couverture diplomatique et médiatique, n’a pour rôle, que d’exécuter les consignes et les programmes de ces États et puissances étrangères. Il a poussé l’ignominie, jusqu’à réclamer ouvertement et sans la moindre retenue ce que ces puissances n’osent pas clamer à voix haute, à savoir, l’intervention militaire et donc, la destruction de la Syrie, comme hier, il en fut de l’Irak, que les mêmes ennemis voulaient « ramener à l’âge de pierre », ou, de la Libye. Avons-nous donc, la mémoire si courte, et sommes-nous frappés d’amnésie sélective ?
Monsieur le Président provisoire ;
Si vraiment la Tunisie devait s’ingérer, en violation des chartes de l’ONU et de la Ligue arabe, cela va sans dire, dans les affaires intérieures syriennes, et, soutenir une opposition syrienne nationale et authentique, pourquoi donc, ne soutiendrait-elle pas l’opposition patriotique qui refuse aussi bien, la militarisation de la révolution syrienne que l’intervention militaire étrangère ? C’est pourtant, ce que prétend la Tunisie par votre bouche, et ce, d’autant plus que cette opposition se trouve être plus représentative dans le pays que ce Conseil fantoche. Cette opposition historique n’a,  à l’étranger, qu’un porte-parole en la personne du Docteur Haytham Manna, qui a fait ses preuves, comme grand militant des droits humains.
C’est même, lui, qui vous a soutenu tout au long de ces vingt dernières années. Il vous a protégé, conseillé, et il vous a placé à la présidence de la Commission arabe des Droits Humains, lors de sa fondation en 1998, pour mieux vous protéger. Avez-vous donc oublié vos compagnons de route ? Bien entendu, il est à déplorer que ni lui, ni ses structures en Syrie ne disposent de l’appui des puissances étrangères, ni surtout, de la manne financière qatarie et  saoudite, qui pourraient couler à flots avec un déferlement d’investissements mirifiques, sur la Tunisie, pour en faire un pays de cocagne et la sortir de la crise financière de l’après-Benali, un espoir chimérique, s’il en fut. Mais pourquoi pas, l’espoir fait vivre les crédules.
Monsieur le Président provisoire ;
Le 11 février 2012, des escarmouches ont éclaté entre les forces de l’ordre tunisiennes et un groupe armé d’une vingtaine d’individus munis d’armes légères que le Ministre de l’intérieur a abusivement qualifiés de membres d’Alqaida, une aubaine dont a profité son collègue de la défense qui s’est empressé de demander l’aide des USA pour protéger nos frontières nationales ! L’un des devoirs fondamentaux et premiers d’un État, qu’il soit démocratique ou totalitaire, n’est-il pas de protéger ses citoyens et de défendre ses frontières ? Vous devez vous souvenir, sans nul doute, du différend* surgi entre nous deux, à propos de la place des services de sécurité dans la nation et qui mit fin à nos relations, lors du Colloque organisé par la Commission arabe de droits humains, organisé avec le même Haytham Manna à Paris en 2002 ?
Ainsi donc, si de simples escarmouches entre les forces de l’ordre tunisiennes et un groupe armé ont justifié la position officielle tunisienne, que devrait-on attendre du gouvernement syrien confronté à des milliers de combattants étrangers, armés d’équipements lourds, et de ce qu’il y a de plus sophistiqué dans les arsenaux occidentaux, et pire, soutenus depuis plus d’un an par une intense propagande médiatique et religieuse, alors que le pays est livré aux assassinats et aux mutilations les plus ignobles, ainsi qu’aux destructions et aux sabotages les plus sophistiqués ?
Monsieur le Président provisoire,
L’armée arabe syrienne est en passe de régler le problème de la rébellion armée sur le terrain, et c’est le moment que choisit le pouvoir sioniste voisin, avec le dernier raid sur un centre de recherche syrien, pour « aider » à sa façon,  et « rembourser sa dette » à ses amis arabes, dont le Qatari, qui aurait «financé » la campagne électorale israélienne, selon l’ex ministre sioniste des affaires étrangères. Pourtant, sans fléchir, le  pouvoir politique syrien, soutenu par ses alliés, tente quant à lui, de régler les problèmes posés par la guerre diplomatique, menée contre la Syrie. Dans le même temps, la Syrie toute entière se mobilise pour accomplir des réformes politiques réelles. L’objectif que s’assigne le pouvoir, est d’épargner au pays, plus de victimes et le sort de l’Irak. L’agressivité de certains pays colonisateurs commence à s’estomper avec, la nouvelle mission internationale de Lakhdar Ibrahimi et, le début d’une longue partie de négociations, pouvant durer assez longtemps, sur la base de « l’accord de Genève » de juin 2012. Mais ce sont des négociations entre les « Grands » et dans lesquelles, les « petits », y compris le grand cheikhat du Qatar, n’auront aucune place, ni même de strapontins…
Pour toutes ces considérations, je vous invite, Monsieur le Président provisoire, à éviter à la Tunisie de continuer dans la voie que vous lui avez faite suivre, contre sa volonté, et donc, de rompre avec cette Coalition fantoche, dont la principale composante, « Jabhat Annosra » est classée « groupe terroriste » par les Américains eux-mêmes, et de boycotter les futures conférences des prétendus « amis de la Syrie », parce qu’elles ne seront que des réunions d’adieux aux rêves et illusions qui se sont saisis de l’esprit des cowboys et de certains chameliers. Il est déjà humiliant, devant l’histoire, que la Tunisie ait osé participer à l’occupation de la Libye, comme hier, les chameliers l’ont fait, non pour défendre un pays arabe agressé, mais pour offrir leurs aérodromes et leur logistique, comme bases d’envol et de préparations, pour bombarder l’Irak arabe !
Je vous invite aussi, à éviter, pour votre propre crédibilité et celle de la Tunisie, de seriner votre rengaine sur la nécessité du départ du Président Bachar Assad, comme solution à la crise syrienne. A mon humble avis, le Président Bachar Assad ne quittera pas le pouvoir de sitôt, puisque son mandat ne se termine qu’en 2014, c’est-à-dire longtemps après vous-même, et il est fort probable que son peuple le lui renouvellerait viendrait-il à se porter candidat de nouveau.
Par contre vous pouvez inviter les pays ennemis de la Syrie, le Conseil de Sécurité, la Ligue arabe, l’Organisation de la Conférence Islamique, les divers groupes d’opposants syriens, les laïcs, les Wahabites, les Salafis, et les « frères musulmans », et toutes autres organisations régionales et internationales, soucieuses d’abréger les souffrances du peuple syrien, à exiger l’organisation d’un référendum sous le contrôle de l’ONU et des organisations des sociétés civiles du monde entier, pour que le peuple syrien décide du sort de son président, et ce serait alors, à votre honneur, puissiez-vous convaincre, vos « amis » temporaires, d’occasion.
Veuillez croire Monsieur le Président provisoire de la République à mes sentiments distingués.

Par Ahmed Manai, Président de l’Institut tunisien des relations internationales et Membre de la Mission des Observateurs arabes en Syrie. Tunis le 3 Février 2013

*Moncef Merzouki a une sensibilité maladive contre tout ce qui touche à la police. A l’heure du déjeuner de la première journée de cette Conférence, tenue au mois de Novembre 2002, à Paris, nous étions à table à discuter des problèmes du pays. Il a juste fallu que je dise que la police est  « indispensable dans un pays », pour qu’il s’énerve et quitte la table en fulminant contre mon hérésie. Cela a perduré, même, quand il est devenu président de la République, puisqu’il a exclu la police de ses vœux du Nouvel an, en janvier 2012, ce qui a provoqué les protestations des syndicats de la police. Il s’est ressaisi deux jours plus tard ! Cela ne l’empêche pas de maintenir une garde présidentielle aux effectifs aussi pléthoriques que du temps du dictateur Ben Ali. Ses déplacements dans le pays, mobilisent une armée de policiers quoique, sur ce point, il a bien raison de veiller à sa sécurité : c’est le premier président tunisien qui est reçu par des « Dégage » et des jets de pierres, dans les villages les plus reculés !
Traduit de l’arabe par Si El-Hadj Abdel Madjid Aït Sâadi
  • Le texte arabe de cette lettre a été publié par le quotidien Attounissia, le 23 mars 2012, avec une présentation très éloquente du journaliste Mohamed Boughalleb. Nous avons dû l’actualiser et signaler les faits nouveaux survenus depuis cette date.
  • Le ministre tunisien des affaires étrangères, Rafik Abdesselam, a déclaré lors de la IVème réunion des « Amis du peuple syrien », le Mercredi 12 décembre 2012, que la Tunisie reconnait la Coalition de l’opposition syrienne, comme le seul représentant légitime du peuple syrien, sans consulter, semble-t-il, ni le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, ni le président provisoire, Moncef Merzouki. Ce dernier avait pourtant déclaré, au terme de son entretien avec le chef du Congrès national libyen, un mois plus tôt, que cette reconnaissance n’était pas à l’ordre du jour, ce qui laisse penser à une cacophonie au sein de l’État. Mais l’ordre aurait sûrement été intimé de loin, sinon, pourquoi ne pas penser « qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion », comme le pense le bon peuple, friand de perles ?
  • Le président provisoire aura-t-il la force de rétablir la hiérarchie, au sein du pouvoir, et saura-t-il marquer qu’il est celui qui détient le pouvoir légitime ? J’ose espérer qu’il le démontrera, en envoyant le 28 janvier, son porte parole à Genève, pour apporter son soutien à l’opposition syrienne indépendante, réunie autour de son ami, le grand et inlassable militant des droits humains, le Dr. Haytham Manna… ?
  • Entre temps, des centaines de tunisiens, chauffés à blanc par un discours haineux, s’étaient engagés dans la guerre en Syrie, et des dizaines d’entre eux, y ont trouvé la mort sans que le gouvernement tunisien ne lève le petit doigt, pour mettre un terme aux agissements néfastes de ces chouyoukhs « charismatiques », qui viennent de l’étranger, sous le couvert de semer « la bonne parole islamique », pour les enflammer et les recruter, au su et au vu de tout le monde.
Ils vont dans leurs prêches, jusqu’à oser vouloir nous « ré-islamiser ». A croire que nos propres prédicateurs, issus de notre prestigieuse et millénaire Zitouna, ont fait autre chose que cela. Eux, les dignes disciples de Mohamed Tahar Ben Achour, que ces « chouyoukhs cocotte-minute », apôtres du wahabisme, comme les appelle Cheikh Al-Azhar Djoum’a,  stigmatisent,  méprisent et dénigrent, du fait qu’ils sont attachés à nos enseignements traditionnels, nos traditions de paix, de fraternité et de tolérance.

 https://tunisitri.wordpress.com/2013/02/03/lettre-ouverte-a-monsieur-le-president-provisoire-de-la-republique-tunisienne/

11 juillet 2016

PETITION « Les crânes de résistants algériens n’ont rien à faire au Musée de l’homme »


resistance 

Texte collectif : « Les crânes de résistants algériens n’ont rien à faire au Musée de l’homme »

En mai 2011, l’archéologue et historien algérien Ali Farid Belkadi lançait une pétition « pour le rapatriement des restes mortuaires algériens conservés dans les musées français », en particulier les crânes de résistants algériens tués par le corps expéditionnaire français dans les années 1840 et 1850, qu’il venait de retrouver dans les réserves du Musée de l’homme à Paris.

Alors que cet appel était lancé un an après le vote, par le Parlement français, d’une loi exigeant la « restitution [à la Nouvelle-Zélande] de toutes les têtes maories détenues en France », il n’a eu malheureusement que très peu d’écho. En mai dernier, l’universitaire et écrivain algérien Brahim Senouci a lancé un nouvel appel pour que soient restituées les « têtes des résistants algériens détenues par le Musée de l’homme », afin que leur pays les honore, avec cette fois un écho nettement plus large.
Il nous a paru important de le relayer en rappelant la raison de la présence dans un musée parisien de ces restes mortuaires, à partir de l’histoire de l’un d’entre eux : le crâne du cheikh Bouziane, chef de la révolte de Zaâtcha en 1849, écrasée par une terrible répression, emblématique de la violence coloniale.

UN SIÈGE DE QUATRE MOIS

En 1847, après la reddition d’Abd-el- Kader, les militaires français croient que c’en est fini des combats en Algérie après plus de dix ans d’une guerre de conquête d’une sauvagerie inouïe. Mais, alors que le danger était surtout à l’ouest, il réapparaît à l’est début 1849, dans le Sud-Constantinois, près de Biskra, où le cheikh Bouziane reprend le flambeau de la résistance. Après des affrontements, il se retranche dans l’« oasis » de Zaâtcha, une véritable cité fortifiée où, outre des combattants retranchés, vivent des centaines d’habitants, toutes générations confondues.
« Le cheikh Bouziane reprend le flambeau de la résistance. Après des affrontements, il se retranche dans l’« oasis » de Zaâtcha, une véritable cité fortifiée où, outre des combattants retranchés, vivent des centaines d’habitants, toutes générations confondues ». | DR/Poste algérienne
Le 17 juillet 1849, les troupes françaises envoyées en hâte entament un siège, qui durera quatre mois. Après un premier assaut infructueux, l’état-major prend la mesure de la résistance et envoie une colonne de renfort de plus de 5 000 hommes, commandée par le général Émile Herbillon (1794-1866), commandant de la province de Constantine, suivie d’une autre, des zouaves dirigés par le colonel François Canrobert (1809-1895). Deux officiers supérieurs, plusieurs milliers d’hommes contre une localité du grand sud algérien, deux décennies après la prise d’Alger : la résistance algérienne était d’une ampleur et d’une efficacité exceptionnelles.
Le 26 novembre, les assiégeants, exaspérés par la longueur du siège, voyant beaucoup de leurs camarades mourir (des combats et du choléra), informés du sort que les quelques Français prisonniers avaient subi (tortures, décapitations, émasculations…), s’élancent à l’assaut de la ville. Chaque maison devient un fortin, chaque terrasse un lieu d’embuscade contre les assaillants. Après d’âpres combats, au cours desquels les Français subissent de lourdes pertes, le drapeau tricolore flotte sur le point culminant de l’oasis.
Deux ans plus tard, Charles Bourseul, un « ancien officier de l’armée d’Afrique » ayant participé à l’assaut, publiera son témoignage : « Les maisons, les terrasses sont partout envahies. Des feux de peloton couchent sur le sol tous les groupes d’Arabes que l’on rencontre. Tout ce qui reste debout dans ces groupes tombe immédiatement sous la baïonnette. Ce qui n’est pas atteint par le feu périt par le fer. Pas un seul des défenseurs de Zaâtcha ne cherche son salut dans la fuite, pas un seul n’implore la pitié du vainqueur, tous succombent les armes à la main, en vendant chèrement leur vie, et leurs bras ne cessent de combattre que lorsque la mort les a rendus immobiles. ». Il s’agissait là des combattants.

DESTRUCTION MÉTHODIQUE

Or, l’oasis abritait aussi des femmes, des vieillards, des enfants, des adolescents. La destruction de la ville fut totale, méthodique. Les maisons encore debout furent minées, toute la végétation arrachée. Les « indigènes » qui n’étaient pas ensevelis furent passés au fil de la baïonnette.
Dans son livre La Guerre et le gouvernement de l’Algérie, le journaliste Louis de Baudicour racontera en 1853 avoir vu les zouaves « se précipiter avec fureur sur les malheureuses créatures qui n’avaient pu fuir », puis s’acharner : « Ici un soldat amputait, en plaisantant, le sein d’une pauvre femme qui demandait comme une grâce d’être achevée, et expirait quelques instants après dans les souffrances ; là, un autre soldat prenait par les jambes un petit enfant et lui brisait la cervelle contre une muraille ; ailleurs, c’étaient d’autres scènes qu’un être dégradé peut seul comprendre et qu’une bouche honnête ne peut raconter. Des procédés aussi barbares n’étaient pas nécessaires, et il est très fâcheux que nos officiers ne soient pas plus maîtres en expédition de leurs troupes d’élite, qu’un chasseur ne l’est d’une meute de chiens courants quand elle arrive avant lui sur sa proie. »
D’après les estimations les plus basses, il y eut ce jour-là huit cents Algériens massacrés. Tous les habitants tués ? Non. Le général Herbillon se crut obligé de fournir cette précision : « Un aveugle et quelques femmes furent seuls épargnés ». Le pire est que la presse française d’alors reprit ce rapport cynique.

FUSILLÉS PUIS DÉCAPITÉS

Il y eut trois autres « épargnés »… provisoirement. Les Français voulurent capturer vivant – dans le but de faire un exemple – le chef de la résistance, le cheikh Bouziane. Au terme des combats, il fut fait prisonnier. Son fils, âgé de quinze ans, l’accompagna, ainsi que Si-Moussa, présenté comme un marabout. Que faire d’eux ? Ces « sauvages »n’eurent pas droit aux honneurs dus aux combattants.
Le général Herbillon ordonna qu’ils soient fusillés sur place, puis décapités. Leurs têtes, au bout de piques, furent emmenées jusqu’à Biskra et exposées sur la place du marché, afin d’augmenter l’effroi de la population. Un observateur, le docteur Ferdinand Quesnoy, qui accompagnait la colonne, dessina cette macabre mise en scène qu’il publia en 1888 dans un livre, témoignage promis à un certain avenir
Que devinrent les têtes détachées des corps des combattants algériens ? Qui a eu l’idée de les conserver, pratique alors courante ? Où le furent-elles et dans quelles conditions ? Quand a eu lieu leur sordide transfert en « métropole » ? Cela reste à établir, même si certaines sources indiquent la date de 1874, d’autres la décennie 1880. Il semble certaines d’elles aient été d’abord exposées à la Société d’anthropologie de Paris, puis transférées au Musée de l’homme. Elles y sont encore aujourd’hui.
Soutenir les appels de citoyens algériens à rapatrierces dépouilles dans leur pays, pour leur donner une sépulture digne comme cela fut fait pour les rebelles maori ou les résistants kanak Ataï et ses compagnons (en 2014), ne revient aucunement pour nous à céder à un quelconque tropisme de « repentance » ou d’une supposée « guerre des mémoires », ce qui n’aurait strictement aucun sens. Il s’agit seulement de contribuer à sortir de l’oubli l’une des pages sombres de l’histoire de France, celles dont l’effacement participe aujourd’hui aux dérives xénophobes qui gangrènent la société française.

Les signatairesPascal Blanchard historien ; Raphaëlle Branche, historienne ; Christiane Chaulet Achour, universitaire ; Didier Daeninckx, écrivain ; René Gallissot, historien ; François Gèze, éditeur ; Mohammed Harbi, historien ; Aïssa Kadri, sociologue ; Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire ; Gilles Manceron, historien ; Gilbert Meynier, historien ; François Nadiras, Ligue des droits de l’homme ; Tramor Quemeneur, historien ; Malika Rahal, historienne ; Alain Ruscio, historien ;Benjamin Stora, historien ; Mohamed Tayeb Achour, universitaire.
 
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