28 juin 2016

René Naba: Marwane Barghouti, le Mandela Palestinien, pour le Prix Nobel de la Paix 2016



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Marwane Barghouti, le Mandela Palestinien, pour le Prix Nobel de la Paix 2016
Par René Naba
juin 6, 2016

Avigor LibermannBachir GemayelBaruch GoldsteinFeaturedMarwane BarghoutiMeir KahannaNicolas SarkozyRonald ReaganSamuel Flatto-Sharon
Le parlement belge choisit Marwan Barghouti pour le Prix Nobel de la Paix.
Le parlement tunisien a proposé, le 7 avril 2016, la candidature de Marwane Barghouti au Prix Nobel de la Paix, dans une démarche qui illustre la défiance de la Tunisie à l’égard de la normalisation rampante des pétromonarchies du Golfe avec Israël, considéré par les Palestiniens comme l’usurpateur de la Palestine.
En écho, le parlement belge lui a emboité le pas. Les chefs de groupes politiques du parlement belge, toutes tendance confondues, ont adressé une lettre au «Comité Norvégien du Prix Nobel de la Paix» réclamant que soit remis au prisonnier politique palestinien cette distinction, considérant que ce condamné à perpétuité par la puissance occupante israélienne est le «Mandela palestinien».
“La paix exige la libération de Marwan Barghouti et celle de tous les prisonniers politiques, comme celle de l’ensemble du peuple palestinien, qui vit sous occupation depuis des décennies », ont écrit les parlementaires belges dans une lettre collective.
“En accordant le prix Nobel de la Paix à une personne qui symbolise la lutte du peuple palestinien pour la liberté, mais aussi leur aspiration à vivre en paix, un leader qui a la capacité d’unir les Palestiniens autour d’un projet politique qui s’appuie sur le droit international et le retour aux frontières de 1967, menacées par la colonisation galopante et l’absence d’horizon politique, le Comité du Prix Nobel de la Paix contribuerait à faire revivre l’indispensable espoir de sortir de l’impasse politique actuelle ».
Cette lettre rappelle également la « Déclaration de Robben Island » de 2013, signée par huit prix Nobel de la Paix, ainsi que le président Jimmy Carter et le Sud-Africain Ahmed Kathrada, à l’intérieur de la cellule occupée durant 27 ans par Nelson Mandela dans la vieille prison de Robben Island.
Récidiviste, la Tunisie a refusé de criminaliser le Hezbollah libanais, considérant que la formation chiite est une formation combattante, assurant qu’elle soutenait sa lutte pour la libération du territoire libanais, par allusion aux fermes de Cheba’a, se démarquant ainsi de la majorité des états membres de la Ligue arabe, à l’exception de l’Algérie, dont la position est singulière en la matière.
La position de l’Algérie, de la Tunisie et de la Belgique tranchent avec la crispation philosioniste du pouvoir socialiste français, particulièrement de l’exécutif, François Hollande, qui se débrouillera toujours pour dénicher une «chanson d’amour» pour Israël, Manuel Valls, lié de «manière éternelle à Israël» ou encore l’ancien ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, le petit télégraphiste des Israéliens lors des négociations internationales sur le nucléaire iranien.
Ce papier a été publié pour la première fois le 5 juin 2009 sur http://www.renenaba.com au lendemain du discours du Caire du président fraîchement élu américain Barack Obama. L’auteur a décidé de le remettre en ligne, en guise de flashback à la veille de la commémoration du premier centenaire de la promesse Balfour, alors que le président américain est en fin de mandat et que la Palestine est en voie de de phagocytose totale de la part des Israéliens.
L’auteur revient sur cet aspect méconnu de la guerre psychologique menée par Israël contre les Arabes en vue de les contraindre à intérioriser leur infériorité dans un papier intitulé «La symbolique de la sentence contre Marwane barghouti ou de l’usage du calendrier comme fonction traumatique».
La symbolique de la sentence contre Marwane Barghouti
Paris, 5 juin 2009- Cinq peines de prison à vie et une peine de sûreté incompressible de 40 ans de détention, soit, pour une durée de vie moyenne de 60 ans, un total de 340 années de détention, record mondial absolu de tous les temps. Il faudra donc à Marwane Barghouti, le chef de la jeune garde palestinienne, plus de trois siècles de vie pour purger la peine que lui a infligée dimanche 6 juin 2004 la justice israélienne.
Trois siècles pour purger un crime imprescriptible le «crime de patriotisme».
La sentence est sans surprise, tant par sa lourdeur que par le choix du jour du verdict.
Le patriotisme palestinien est une matière corrosive, le principal obstacle à l’expansionnisme israélien, la peine peut paraître dans ce contexte justifiée dans la logique hégémonique israélienne et de la fonction traumatique du verdict.
Il n’a échappé à personne que la sentence est tombée le jour où la planète entière ce dimanche là avait les yeux rivés sur les plages de Normandie où les anciens alliés de la Deuxième Guerre mondiale -Américains, Anglais, Français et Russes- scellaient leur réconciliation avec leur ancien adversaire allemand. Luxe de raffinement ou de sadisme ?
Le verdict israélien contre l’un des symboles du combat national palestinien est intervenu le jour anniversaire de Marwane Barghouti. Il singularise ainsi Israël en plaçant ce pays à contre-courant d’une tendance générale au dépassement des conflits hérités de la guerre froide.
Mais ce verdict de guerre n’est pas le fruit d’un hasard fortuit. La bataille dans l’ordre symbolique revêt une importance primordiale dans le contexte de guerre totale que livre Israël, car elle détermine, au delà d’une lecture linéaire de l’actualité, l’issue d’un combat capital, la bataille pour la captation de l’imaginaire arabe et partant la soumission psychologique de ses adversaires. Dans cette guerre psychologique, deux dates ont une fonction traumatique dont Israël en use régulièrement à l’encontre de ses ennemis à la manière d’un coup de butoir répétitif afin d’intérioriser l’infériorité arabe et d’ancrer dans l’opinion l’idée d’une supériorité permanente israélienne et partant d’une infériorité irrémédiable arabe.
La date traumatique de la bretelle du 5-6 juin
La grande date traumatique est celle de la bretelle du 5-6 juin surchargée d’histoires:
Sur cette date se concentre en effet la troisième guerre israélo-arabe de juin 1967 ; la destruction de la centrale nucléaire irakienne de Tammouz le 5 juin 1981, ordonnée par Menahem Begin pour tester les réactions du nouveau président socialiste français François Mitterrand ; le lancement de l’opération «Paix en Galilée» contre le Liban, le 6 juin 1982, visant à déblayer la voie à l’élection à la présidence libanaise du chef phalangiste libanais Bachir Gemayel, enfin le 6 juin 2004 la lourde condamnation de Marwane Barghouti.
La Guerre de juin 1967, première guerre préemptive de l’histoire contemporaine, a permis à Israël, -déjà à l’époque première puissance militaire nucléaire du Moyen-Orient et non «le petit David luttant pour sa survie contre un Goliath arabe»-, de s’emparer de vastes superficies de territoires arabes (le secteur Est de Jérusalem, la Cisjordanie, la Bande de Gaza, le plateau syrien du Golan et le désert égyptien du Sinaï) et de briser l’élan du nationalisme arabe. Mais elle a du même coup accéléré la maturation de la question palestinienne et favorisé l’émergence du combat national palestinien qui demeure encore de nos jours, 42 ans après, le principal défi qui se pose à Israël.
La guerre du Liban de juin 1982, culminant avec un siège de 56 jours de la capitale libanaise, si elle a provoqué la perte du sanctuaire libanais de l’Organisation de Libération de la Palestine et le départ forcé de Yasser Arafat de Beyrouth, elle a dans le même temps donné naissance à une résistance nationale libanaise armée symbolisée par le Hezbollah (le Parti de Dieu) qui forcera dix huit ans plus tard l’invincible armée israélienne à une retraite sans gloire du sud-liban, le 25 mai 2000, premier dégagement militaire israélien d’un territoire arabe non assorti d’un traité de paix.
L’allié des Israéliens a bien accédé à la magistrature suprême, mais pour une présidence éphémère toutefois. Bachir Gemayel sera tué dans un attentat à la veille de sa prise de pouvoir et les Israéliens éclaboussés par les massacres des camps palestiniens de Sabra-Chatila qui ont suivi son assassinat.
La 2e date traumatique, la bretelle du 11-13 avril
L’autre date traumatique de la guerre psychologique anti-arabe menée par Israël est celle de la bretelle du 11-13 avril, date d’une triple commémoration :
1. celle du raid israélien contre le centre de Beyrouth, le 11 avril 1973, qui a entraîné l’élimination de trois importants dirigeants de l’OLP Kamal Nasser son porte-parole, Abou Youssef Al-Najjar, son ministre de l’Intérieur ainsi que Kamal Adwane, le responsable des organisations de jeunesse.
2. celle du déclenchement de la guerre civile inter factionnelle libanaise deux ans plus tard, le 13 avril 1975, la troisième, celle du raid aérien américain sur Tripoli (Libye), le 13 avril 1986, puis ultérieurement l’imposition du boycottage de la Libye par les Nations Unies le 13 avril 1992.
3. La condamnation de Marwane Barghouti, un des rares dirigeants palestiniens bilingues arabo-hébraïque, a éliminé de la vie politique active l’un des plus brillants représentants de la relève palestinienne, l’antithèse des bureaucrates corrompus à la représentativité problématique. Mais elle répond surtout à une fonction traumatique.
Par son excès toutefois, le verdict est lourd de conséquences en termes d’images pour les Israéliens, encombrés désormais d’un prisonnier charismatique et galvaniseur. Liant sa libération au triomphe qu’il juge inéluctable de la lutte du peuple palestinien, Marwane Barghouti n’a pas voulu se laisser enfermer dans la logique de ses adversaires.
Prenant le contre argument de ses ennemis par une opération de retournement psychologique, il a salué sa condamnation comme une victoire morale des combattants palestiniens sur leurs bourreaux israéliens. En le victimisant, les Israéliens l’ont transformé en symbole et les geôliers israéliens sont devenus ainsi, au regard de ses nombreux sympathisants dans le monde, les propres captifs de leur prisonnier palestinien. Avec en prime un symbole encombrant à gérer.
Le hasard favorise parfois le calendrier, la coïncidence apparaît alors comme un signe du destin. Marwane Barghouti a été condamné à la détention à perpétuité le jour du décès de l’ancien président américain Ronald Reagan, celui-là même qui avait dit «Bye Bye l’OLP», le jour de l’évacuation des Fedayin de la capitale libanaise en septembre 1982. En 25 ans les Fedayin se sont transformés en Moudjahiddine et le fait national palestinien a survécu à Ronald Reagan.
Un clin d’œil de l’histoire ?
Un symbole vit de sa propre vie en dehors de son porteur et la lutte des peuples pour leur survie obéit à d’autres paramètres que ceux engrangés dans les ordinateurs sophistiques de la guerre intelligente. Le moteur du combat d’un peuple pour sa survie est la dignité. L’honneur, la sève qui nourrit sa résistance. Ces paramètres là sont par essence non quantifiables. Ils échappent par définition à toute mise en équation. Marwane Barghouti en a fait l’éclatante démonstration lors du verdict traumatique du 6 juin 2004.
En 49 ans, les coups de butoir répétitifs israéliens ont eu donc des résultats mitigés, parfois même en contradiction avec l’objectif visé. Tout au long de ce conflit, Israël a veillé à s’assurer la maîtrise du récit médiatique et le monopole de la compassion universelle pour les persécutions dont les Juifs ont été les victimes au XIX me et XX me siècles en Europe. Mais la destruction de la ligne Bar Lev par les Égyptiens lors de la Guerre d’octobre 1973 a libéré les Arabes de la peur panique que leur inspirait l’État Hébreu, et, avec les volontaires de la mort, les bombes humaines ont fait 914 morts du côté israélien lors de la deuxième Intifada palestinienne (2000-2003). La peur est désormais équitablement répartie entre les deux camps, alors que, parallèlement, les massacres des Palestiniens de Sabra et Chatila, en 1982, ont brisé le mythe de la «pureté des armes israéliennes» et le dégagement militaire du Sud du Liban, le «mythe de l’invincibilité israélienne».
Le temps historique n’est pas réductible au temps médiatique. Israël, durant le premier demi-siècle de son indépendance (1948-2000), a été victorieux dans toutes les guerres qui l’ont opposé aux armées conventionnelles arabes, mais la tendance s’est inversée depuis le début du XXI me siècle, avec la mise en œuvre de la stratégie de la guerre asymétrique.
Toutes ses confrontations militaires avec ses adversaires arabes se sont depuis lors soldées par des revers militaires, que cela soit au Liban, en 2006, contre le Hezbollah chiite libanais, ou en 2008 à Gaza, en Palestine, contre le Hamas sunnite palestinien.
Longtemps sous la coupe des états arabes, les Palestiniens ont livré dans leur ghetto de Gaza, en décembre 2008, leur première guerre indépendante de toute tutelle. Désastreux sur le plan humain pour les Palestiniens, ce combat solitaire et solidaire de toutes les formations de la guérilla, y compris le Fatah de Mahmoud Abbas, et les formations marxistes, a néanmoins suscité un regain de sympathie internationale envers la revendication nationale palestinienne et placé sur la défensive les gouvernements arabes.
Désastreuse pour les Israéliens, sur le plan moral, l’expédition punitive israélienne continuera de produire ses effets corrosifs aussi longtemps que les pays occidentaux feront l’impasse sur les violations israéliennes au prétexte d’assurer «la sécurité d’Israël» et de le ravitailler en armes, sans prendre en compte l’insécurité que son bellicisme débridé génère à son environnement, ni brider la colonisation rampante de la Palestine. Aussi longtemps qu’ils continueront de témoigner de leur mansuétude à l’égard de leur gendarme régional, générateur en chef du Hamas par quarante ans d’occupation illégale et abusive de la bande de Gaza, anciennement sous souveraineté égyptienne.
La sophistication de la guerre psychologique menée depuis près de 60 ans par Israël ne saurait masquer la réalité.
Israël vit une situation schizothymique : Un état de Droit, certes, mais exclusivement à l’égard de ses citoyens de confession juive, un état d’apartheid à l’égard de la composante palestinienne de sa population, une zone de non droit et de passe droit dans ses colonies et sur la scène régionale, au point que bon nombre d’observateurs, pas uniquement arabes, pas uniquement musulmans, tendent à le considérer comme l’état voyou N°1 sur la scène internationale.
• Pour audacieuse que soit sa vision du monde et novatrice sa démarche, le président Barack Obama se devrait de savoir :
Que le monde arabo musulman n’a pas le monopole de la terreur aveugle, comme en témoigne la vitrification de Hiroshima et Nagasaki (Japon) et de Dresde (Allemagne), cibles urbaines d’innocentes victimes civiles.
• Que la «génération des lanceurs de pierre», véritable déclencheur de la première «Intifada» palestinienne en 1987, puis de la deuxième Intifada en 2000, a surgi dans la foulée de l’invasion israélienne du Liban en 1982 visant à démanteler les structures de l’Organisation de libération de la Palestine.
• Que les «volontaires de la mort» ne sont nullement animés exclusivement d’une «idéologie du mal», selon l’expression de lancienpremier ministre britannique Tony Blair, ou d’une «culture de la mort», selon la thématique saoudo américaine, mais aussi et sans doute dans les mêmes proportions d’une aversion profonde à l’égard de la morgue occidentale et que les «bombes humaines» constituent surtout une réponse inhumaine à la non-reconnaissance de l’humanité des interlocuteurs légitimes de la cause palestinienne.
• Que les combattants islamiques tant du Hamas que du Hezbollah que les partisans du chef chiite irakien Moqtada Sadr appartiennent à une génération que la promesse la plus alléchante ne saurait dévier de leur trajectoire, tant en Irak qu’au Liban, qu’en Palestine, aussi longtemps que la boulimie annexionniste d’Israël n’aura pas été bridée, aussi longtemps que la dignité du peuple palestinien et des autres peuples arabes sera bafouée.
Aussi longtemps que sera proposé un état croupion palestinien pour solde de tout compte à la spoliation de la Palestine. Aussi longtemps enfin que Mme Hillary Clinton, Secrétaire d’État américain, en tournée au Moyen-Orient, de même que son prédécesseur républicain Condoleeza Rice, se précipiteront à Beyrouth pour fleurir la tombe de Rafic Hariri, l’ancien premier ministre libanais assassiné, tout en persistant à négliger à leur passage à Ramallah (Cisjordanie), le mausolée de Yasser Arafat, le symbole de la renaissance du peuple palestinien.
Aussi longtemps que les dirigeants occidentaux autoproclamés «amis du peuple palestinien» s’appliqueront à contourner Ramallah, siège du pouvoir légal palestinien, pour rencontrer Mahmoud Abbas à Jéricho, comme ce fut le cas de Nicolas Sarkozy lors de son voyage en juin 2008, toujours dans le même but d’éviter le Mausolée de Yasser Arafat, comme si un Prix Nobel de la Paix palestinien constituait une monstruosité infamante, comme si le porte étendard de la revendication nationale palestinienne était pestiféré même au delà de la mort.
Une génération de combattants qui pense -et avec elle bon nombre d’adultes pas nécessairement uniquement arabes ou musulmans- qu’il existe un lien entre les attentats de Londres, de Madrid et d’ailleurs, -contrairement à la thèse défendue par Tony Blair-, un lien même entre les attentats de Londres et la Palestine, au-delà, un lien par ricochet avec la promesse Balfour, une promesse anglaise à l’origine de la création de l’État d’Israël.
Par glissement successif, Israël a été perçu dans un premier temps comme un fait colonial, le «coup de poignard» de l’Europe au cœur du Monde arabe, puis le bras armé de l’Amérique, enfin le «levier stratégique» de l’Occident dans la zone, son croquemitaine.
Sauf à vouloir se vivre en forteresse assiégée, une telle image paraît difficilement compatible avec une éventuelle intégration régionale, malgré toutes les barrières de sécurité et les murs de séparation, malgré toutes les rodomontades de tous les militaires ou paramilitaires qui se sont succédé à la tête du gouvernement israélien (Menahem Begin, Itzhak Shamir, Itzhak Rabin, Ehud Barak, Ariel Sharon), malgré le soutien intempestif de leurs relais au sein de la diaspora juive et de la communauté des chrétiens sionistes, de l’ordre de 70 millions de personnes dans le monde, et la servitude résignée de bon nombre de dirigeants arabes.
Le refuge des juifs, des rescapés des camps de la mort et des persécutés, le pays du Kibboutz socialiste et de la fertilisation du désert, des libres penseurs et des anticonformistes est devenu, aussi, au fil des ans, un bastion de la religiosité rigoriste, des illuminés et des faux prophètes, de Meir Kahanna (Ligue de la Défense Juive) à Baruch Goldstein, l’auteur de la tuerie d’Hébron, le 25 février 1994, le pays des gangs mafieux et des repris de justice, des Samuel Flatto-Sharon à Arcadi Gaydamak.
Un phénomène amplifié par la décomposition de l’esprit civique, gangrené par l’occupation et la corruption affairiste des cercles dirigeants, matérialisé par le naufrage du parti travailliste, le «parti des pères fondateurs», et la cascade de démission au plus haut niveau de l’état soit pour harcèlement sexuel, soit pour des faits en rapport avec l’argent illicite.
La propulsion d’Avigor Libermann sur le devant de la scène politique israélienne constitue à cet égard une illustration caricaturale du «Droit au retour» dans son extravagance la plus criante, en ce qu’elle confère à un ancien videur de boîtes de nuit de Kiev, du seul fait de sa judéité, et, au détriment des habitants originels du pays, une part du destin du Moyen orient. Elle constitue par là même la marque de l’aberration du projet sioniste dans ses manifestations les plus extrêmes, l’échec patent du projet occidental.
Près de 100 ans après sa fondation, le Foyer National Juif apparaît ainsi rétrospectivement comme la première opération de délocalisation de grande envergure opérée sur une base ethnico religieuse en vue de sous traiter au Monde arabe l’antisémitisme récurent de la société occidentale.
Et la Palestine, dans ce contexte, est devenue un immense défouloir de toutes les frustrations recuites générées des bas fonds de Kiev (Ukraine) et de Tbilissi (Géorgie) au fin fond de Brooklyn (États-Unis), la plus grande prison du monde, le plus grand camp de concentration à ciel ouvert pour les Palestiniens, les propriétaires originels du pays.
Le droit à l’existence d’Israël ne saurait impliquer un devoir d’anéantissement du peuple palestinien, ni son droit à la sécurité, l’insécurité permanente des pays arabes.
Curieux cheminement que celui des rescapés des Ghettos de Varsovie et d’ailleurs que de «s’emmurer» (2) en terre d’Orient, comme le signe d’une impasse de la société israélienne, soixante ans après la transformation de son «Foyer National» en état indépendant.
La mobilisation identitaire constitue la marque d’une crise interne du système politique, la ghettoïsation, la marque d’une régression car elle entraîne une éviction de l’intrus et non la reconnaissance de l’autrui. Une équation à tous égards réversible… tant qu’il est encore temps.
Notes
1. Le 25 février 1994, Baruch Goldstein, un médecin, colon juif d’origine américaine installé à Kyriat Arba, colonie forteresse fief de la colonie orthodoxe implantée à l’entrée d’Hébron, pénètre dans la mosquée bondée d’Abraham, située dans la ville biblique d’Hébron en Cisjordanie. Au cri de «Joyeux Pourim», il vide trois chargeurs de 30 cartouches à l’aide de son fusil d’assaut automatique sur l’assistance constituée de quelque 800 Palestiniens en prière, tuant 29 personnes et en blessant 150 autres avant d’être battu à mort.
2. Fidèle de longue date du groupe fondamentaliste radical juif, le mouvement «Kach», Baruch Goldstein était motivé par un mélange compliqué de ce qui ressemble à des considérations inextricables de nature politique et religieuse, alimentées par le fanatisme et par un sentiment aigu de trahison en constatant que son Premier ministre était en train de «conduire l’État juif hors du patrimoine légué par Dieu et vers un danger mortel». Le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, s’exprimant au nom de la grande majorité des Israéliens, exprima son dégoût, sa révulsion, ainsi que sa profonde tristesse à l’égard de l’acte commis par un «fanatique dérangé», tandis qu’une grande proportion des colons orthodoxes militants ont qualifié Goldstein d’homme juste et lui ont conféré la dignité de martyr.
3. 2. «Les Emmurés, la société israélienne dans l’impasse» de Sylvain CYPEL, journaliste au quotidien Le Monde. Éditions La découverte Février 2005 Ainsi que «Destins croisés, Israéliens, Palestiniens, l’Histoire en partage» de Michel Warshawski, préface d’Avraham Burg- Editions Riveneuve Avril 200

Marwane Barghouti, le Mandela Palestinien, pour le Prix Nobel de la Paix 2016
Liban/alQaa: Trois nouveaux attentats suicide meurtriers


Le terrorisme a réussi à frapper une nouvelle fois au Liban, cette fois-ci à l’extrémité nord-Est du pays.
Plusieurs attentats suicide menés par des kamikazes ont coûté la vie à au moins cinq personnes dans un village à majorité chrétienne de l'est du Liban, une région troublée en raison de sa proximité avec la Syrie en guerre.

Dans la soirée de lundi, le village  frappé par quatre attaques suicide, a indiqué une source militaire à l'AFP. Treize personnes ont été blessées, selon des sources hospitalières citées par l'agence nationale libanaise.Elles ont été transportées aux hôpitaux de la région.
 
La direction de l’armée a avisé les habitants de Qaa, dans un communiqué ce soir, de ne pas se rassembler dans les places de la région et de respecter les mesures de sécurité adoptées par les forces de l’ordre.

"A 22h30 ce soir, plusieurs explosions terroristes ont retenti dans la région de Qaa, faisant un nombre de blessés parmi les citoyens. Le commandement de l’armée appelle les habitants de la région à ne pas se rassembler dans la localité et à respecter les mesures adoptées par la troupe," souligne le communiqué.


Dans les détails, des  kamikazes à moto se sont  fait exploser au centre d'Al-Qaa, au moins un devant l'église et deux à proximité d'un véhicule blindé et d'une unité militaire de renseignement, selon une source militaire. Une source de sécurité a pour sa part indiqué que deux des explosions ont eu lieu près de la mairie.
 
Des combats ont éclaté à l'extérieur du village entre l'armée libanaise et des groupes armés. L'artillerie de l'armée a bombardé la province d'alQaa. L’Agence Nationale de l’Information a appris, par l’intermédiaire de son correspondant sur place, que des tirs d’armes moyennes se font entendre en ce moment à Qaa et que l’armée lance des fusées éclairantes.
 
Le  Hezbollah, a condamné ces attaques.

Pour le Premier ministre libanais Tammam Salam, cette opération montre "les plans funestes visant le Liban et les risques qui menacent le pays".
 
Le chef de l'armée, le général Jean Kahwaji, a de son côté rendu hommage à Al-Qaa et aux autres villages frontaliers qui "représentent la première ligne de défense du Liban face au terrorisme".
 
La coordonnatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Sigrid Kaag, a "condamné" cette attaque et appelé la communauté internationale à "améliorer les capacités de l'armée libanaise face aux défis sécuritaires, dont les menaces terroristes".


Journée sanglante pour alQaa



Auparavant, vers 4h20 heure locale de Beyrouth, une série d’attentats terroristes a frappé le village frontalier à majorité chrétienne d'Al-Qaa, dans la Bekaa du Nord.
Selon des informations préliminaires, un habitant du village a suspecté quatre personnes présentes dans une maison du village. Interrogés sur ce qu’ils faisaient, ceux-ci ont prétendu être des membres des services de renseignements de l’armée libanai
se.
Une querelle a éclaté entre les suspectés, au nombre de quatre, et ledit citoyen de la famille Moqalled qui est allé chercher son fusil et a tiré en leur direction.
C’est à ce moment alors qu’un kamikaze a actionné sa ceinture explosive.
Quelques instants plus tard, les trois autres kamikazes se sont fait exploser parmi les citoyens, qui s'étaient rassemblés sur la place du village pour s’informer sur les raisons de la première détonation.

L'Agence nationale de l'information (ANI) a fait état de quatre attentats suicide séparés par des intervalles de dix minutes.
Une bombe a explosé puis "au moins deux kamikazes se sont fait exploser", a déclaré auparavant à l'AFP un responsable libanais de la sécurité.
Les services sécuritaires ont ouvert une enquête pour dévoiler la véritable destination des kamikazes et leurs cibles.

Cinq martyrs et une quinzaine de blessés

Concernant le bilan des victimes de ces quatre attentats, il est question de cinq personnes qui sont tombées en martyres et 15 autres qui ont été blessées.
Selon Georges Kettaneh, le secrétaire général de la Croix-Rouge libanaise, interrogé par l'AFP, "au moins huit personnes dont trois kamikazes ont été tués et quinze ont été blessées".


La zone frontalière avec la Syrie a été le théâtre de multiples affrontements entre l'armée libanaise et des groupes terroristes comme le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al Qaïda, ou la milice wahhabite takfiriste Daech.
Ces affrontements se sont accentués en août 2014 lorsque Al Nosra et Daech ont enlevé 30 soldats et policiers libanais, à Arsal, et exécuté un nombre d'eux.

Présence terroriste sur le sol libanais

Le Liban accueille plus de 1,1 millions de réfugiés syriens sur tout son territoire, notamment à Aarsal, au nord Est du pays.

Des rapports sécuritaires libanais et internationaux confirment que parmi eux figurent un nombre de miliciens terroristes prêts à mener des attaques contre la population et l’armée libanaises.
C’est grâce aux combats menés conjointement par l’armée libanaise et le Hezbollah que la majeure partie de la frontière libano-syrienne à l’Est du pays a été sécurisée.
L’infiltration des terroristes est devenue alors quasi impossible et plusieurs tentatives d’attentats à la voiture piégée ont été sabotées à ce jour.
Mais lorsque l’armée et le Hezbollah sont arrivés au bord du village d’Aarsal pour poursuivre le nettoyage du reste de la frontière, toute une campagne politico-médiatique du camp politique du 14-mars a été lancée, brandissant la menace de la discorde sunnite-chiite.
Ce qui a empêché la poursuite des opérations du nettoyage de la frontière Nord-Est du Liban, facilitant ainsi la reprise des attaques terroristes à l’instar de l’attentat survenu ce lundi matin dans le village d’al-Qaa.

Sources: alManar, AFP

21 juin 2016



Libérez tous les prisonniers politiques
Bulletin Avril 2016

Bulletin d'avril pour la journée des prisonnier.es palestinien.nes

La journée pour les prisonnier.es palestinien.nes le 17 avril a été un évènement annuel national pour les Palestinien.nes depuis 1974. Ce jour là les Palestinien.nes expriment leur solidarité avec les prisonniers et prisonnières détenu.es en Israël et avec leurs familles.

Il faut noter que l'incarcération de prisonnier.es et de détenu.es des Territoires Occupés dans l'état d'Israël signifie un non-respect de la 4ème Convention de Genève qui proscrit le transfert de prisonnier.es et détenu.es hors d'un territoire occupé.

Selon diverses sources quelques 7000 prisonnier.es politiques palestinien.nes sont actuellement dans des prisons israéliennes, dont 670 détenus administratifs, 450 mineurs, 70 femmes -et parmi elles 14 mères de famille, 15 mineures et 3 détenues administratives. Nous ne pouvons toutefois pas garantir le nombre précis de prisonnières et détenues en raison du grand nombre de détentions.

Dans ce bulletin nous détaillons comment les prisonnières et détenues politiques palestiniennes sont discriminées par rapport aux prisonnières de droit commun:

  • les visites des familles ont lieu à travers une séparation transparente et les conversations se font par téléphone
  • les prisonnières/détenues, y compris les mineures, n'ont pas le droit de toucher ou de prendre dans leurs bras les membres de leur familles
  • les visites des familles sont limitées aux parents au 1er degré
  • les membres de la famille qui ont une carte d'identité délivrée par l'Autorité Palestinienne doivent demander des permis de visite aux autorités israéliennes par l'intermédiaire de la Croix Rouge. Beaucoup de membres des familles n'obtiennent pas de permis de visite et certain.es n'ont que des permis pour 6 mois ou un an.
  • il arrive que même avec un permis le passage au check point soit interdit
  • des membres de familles qui ont été prisonnier.es eux/elles-mêmes, même ayant un permis de visite, doivent demander des permis supplémentaires aux autorités des prisons.
  • Il est entendu que, si les jours de visite Israël impose un bouclage aux Palestinien.nes des Territoires Occupés, les visites doivent être remises à un autre jour.
  • en raison des restrictions indiquées ci-dessus, de nombreuses prisonnières/détenues n'ont pas de visites de leur famille
  • les enfants de prisonnières/détenues de moins de 8 ans ont droit à des visites libres, c-à-d sans la séparation pendant les 10 dernières minutes de la visite, mais les visites libres nécessitent une coordination préalable. Il faut noter qu'il y a de nombreuse mères chez les prisonnières/détenues
  • les prisonnières/détenues n'ont pas le droit de téléphoner à leur famille
  • les prisonnières/détenues n'ont pas droit à des permissions
  • quand un.e avocat.e demande à voir des prisonnières, il/elle doit formuler une demande auprès du Service des Prisons au moins 24 heures avant et doit attendre l'autorisation. Les rencontres entre avocat.es et prisonnières se font également à travers la séparation et par un téléphone
  • les prisonnières politiques palestiniennes n'ont pas le droit de suivre des cours d'enseignement supérieur par correspondance comme cela a été confirmé par la Cour Suprême siégeant comme Haute Cour de Justice en 2015
  • il est à noter qu'à part des dentistes, il n'y a aucun médecin spécialiste dans les prisons. Il est clair que les prisonnières ont besoin de soins gynécologiques
  • seulement 2 membres de la famille peuvent assister ensemble à une session de la cour militaire
Dans notre bulletin précédent nous avions rendu compte des conditions de transport intolérables dans la «Posta». Malheureusement rien n'a changé et nous considérons toujours que ces conditions constituent une forme de torture.

Un autre point que nous avons mentionné dans le passé et qui vaut d'être à nouveau indiqué est que le service du courrier des prisons israéliennes ne donne pas aux prisonnières politiques palestiniennes le courrier envoyé par des soutiens internationaux.

Les conditions de détention dans les prisons d'Hasharon et de Damon sont toujours aussi déplorables comme nous le détaillons ci-dessous

Prison d'Hasharon (Tel Mond)

Le 31 mars 2016, devant l'intolérable surpeuplement, des prisonnières politiques palestiniennes ont été transférées dans une autre aile. On pouvait s'attendre à ce que le Service des Prisons entreprenne des rénovations avant le transfert des prisonnières mais il n'en a rien été et les conditions de vie sont déplorables. Les cadres des fenêtres sont rouillés, les murs n'ont pas été peints, chaque cellule n'a qu'une prise électrique si bien qu'il est impossible de regarder la télévision et de faire bouillir de l'eau en même temps. L'éloignement de la nouvelle aile par rapport à l'ancienne ajoute des difficultés pour les avocat.es qui doivent attendre longtemps pour qu'un.e accompagnant.e du service de la prison les escorte dans la nouvelle aile C'est un point crucial car cela prend un temps précieux qui pourrait être utilisé pour des entretiens plus longs avec les prisonnières.

Les conditions médicales : nous avons déjà mentionné dans notre bulletin précédent que plusieurs détenues/prisonnières blessées par les forces de sécurité israéliennes sont toujours en prison et pas à l'hôpital. Nous pensons que ces prisonnières sont sorties trop tôt des hôpitaux israéliens où elles étaient soignées. Même si elles reçoivent un traitement dans la prison et qu'elles sont soignées par d'autres prisonnières, ce n'est pas satisfaisant d'un point de vue médical.

Par exemple: Yasmeen AlZaro, d'Hébron, a été arrêtée le 14 février 2016. Au cours de son arrestation les soldats israéliens lui ont tiré dessus et l'ont blessée à la main, la jambe et à l'estomac. Elle a été emmenée à l'hôpital Sha'arei Tsedek à Jérusalem où elle a subi plusieurs opérations mais au bout de 14 jours Yasmeen a été transférée à la prison d'Hasharon. Trois ou quatre jours après elle a été à nouveau amenée à l'hôpital où on l'a opérée pour sa main et où elle a reçu des traitements pour sa blessure à l'estomac et pour une infection. Elle est restée cette fois 12 jours à l'hôpital puis a à nouveau été renvoyée en prison.

Bien entendu les prisonnières aident les femmes blessées et les mineures autant qu'elles le peuvent, soutenant psychologiquement les filles et leur donnant des cours. Certaines filles ont l'intention de passer leur examen de fin d'études (Taujihi) cette année.

Prison de Damon (Mont Carmel)

Dans la prison de Damon 18 détenues vivent dans une même pièce avec une seule toilette.

Les avocat.es ne sont autorisé.es à rencontrer que 3 détenues/prisonnières à chaque visite.

A Damon il y a deux prisonnières de Gaza, Nasrin Hassan et Sanaa Al Hafi, leurs familles n'ont pas le droit de leur rendre visite en raison du blocus de Gaza par Israël. Suad Arzikat de Tapuach près d'Hébron est en détention administrative. Suad est une étudiante en Administration d'Entreprise à l'Université Libre, détenue depuis le 3 décembre 2015. Sa détention administrative a simplement été prolongée de 3 mois. C'est la 2ème détention de Suad – elle a déjà été emprisonnée du 8 avril 2008 au 7 juillet 2009.

Sanaa Abu Sanina est aussi en détention administrative.

Nous précisons à nouveau que la détention administrative est une détention préventive sans motifs d'inculpation contre le/la détenu.e. Elle est en général basée sur les services de renseignements et peut être prolongée indéfiniment et arbitrairement.

Certificats de respect

Le 29 mars 2016 le Centre d'Arts et de Culture Hawa de Naplouse a organisé une cérémonie pour marquer le Jour de la Terre et de l'Identité, la Journée des Femmes et la Journée des Mères. Nous sommes fières de dire que la conseillère juridique de la WOFPP, l'avocate Taghreed Jahshan et l'avocat Sahar Francis, directeur de l'Association pour le soutien aux prisonnier.es et pour les droits humains Addameer ont été invité.es à recevoir des certificats de respect pour leur travail en faveur des prisonnier.es politiques. Le directeur général du ministère de la Culture palestinien été présent à cette cérémonie.

Maître Jashan a été interviewée à plusieurs reprises après la cérémonie sur le travail qu'elle a déjà réalisé avec les prisonnières politiques. Elle a décrit les conditions déplorables dans les prisons et a parlé de ses efforts pour faire respecter les droits des prisonnières. Elle a aussi indiqué le grand nombre de prisonnières et de mineurs qui étudient et qui ont passé et passeront les examens palestiniens de fin d'études.

Nous appelons à la solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens et leur libération.

En raison du grand nombre de détenues et prisonnières, la WOFPP visite actuellement deux prisons, Damon et Hasharon; de plus le nombre de visites en prison a augmenté. Les mineures qui sont incarcérées pour la première fois ont besoin d'une attention particulière et nous nous occupons aussi des cas des prisonnières blessées lors de leur arrestation, ce qui est une nouveauté pour nous. Dans le même temps nous continuons à observer les auditions des cours militaires. Tout ce travail supplémentaire pèse sur notre petit budget et nous apprécierons les donations qui nous aideront à faire face à notre charge de travail constamment en augmentation.

Pour les donations à WOFPP:
Compte de banque:
Women's Organization for Political Prisoners (WOFPP)
Nombre du compte: 471067
BANK HAPOALIM
Branch 532
Daniel Frisch St. 3,Tel Aviv 64078, ISRAEL
IBAN number: IL 60-0125-3200-0000-0471-067
BIC (swift): POALILIT
Adresse de qui reçoit la contribution:
WOFPP
Frug Street 30
IL-63417 Tel Aviv, ISRAEL>
La campagne contre le Hezbollah, vers l’Amérique latine?

L’équipe du site
Dans le cadre de la campagne menée par les Etats-Unis contre l’environnement qui sympathise avec le Hezbollah, l’Amérique latine semble être dans la ligne de mire : en tête le Paraguay.

Selon le quotidien libanais al-Akhbar, une panoplie de mesures médiatiques et juridiques est en train d’être mise en place pour porter atteinte à la structure économique de la communauté libanaise dans le triangle frontalier qui regroupe le Brésil, le Paraguay et l’Argentine. Elles visent surtout à accuser certains hommes d’affaires libanais d’appartenir au Hezbollah et d’accorder leurs succès économiques à l’avantage de la résistance libanaise.

Dans un rapport sécuritaire présenté par le professeur universitaire israélien et membre de la Fondation de défense des démocraties à Washington, Emanuele Ottolenghi suggère « d’assiéger les activités économiques du Hezbollah et de traquer certaines sociétés commerciales qui sont particulièrement actives dans la Zone libre  située à l’intérieur de la ville de Ciudad del Este au Paraguay sous prétexte qu’elles soutiennent le Hezbollah.

Selon ce professeur qui a obtenu son doctorat d’une université israélienne de Tel Aviv, les enquêtes aboutissent à un soi-disant  réseau économique qui est étroitement lié au Hezbollah. Il a indiqué l’existence d’une liste de noms d’hommes d’affaires libanais et étrangers, sans étayer ses allégations par aucune preuve.

Selon al-Akhbar, sur le site du Congrès américain, la déposition d’Ottolenghi évoque entre autre les activités des deux chaines de télévision al-Manar et al-Mayadeen en Amérique Latine, inscrites dans la propagation des idées du Hezbollah. Il évoque entre autre le lancement par al-Mayadeen de son site hispanophone.

Dans son intervention, l’universitaire israélien évoque aussi ce qu’il considère être "l’influence médiatique qui s’illustre par la sympathie exprimée par des immigrés libanais à l’encontre du Hezbollah".
Deux journalistes influents sont nommément désignés : Ali Farhate et Yacine Hijazi. Ils sont décrits comme étant « deux activistes du Hezbollah qui font l’apologie de ses intérêts dans la région ». Il a appuyé son accusation en présentant des photographies de sayed Nasrallah et des martyrs de la résistance postées par des résidents arabes dans leur compte.

Des sources ont confié pour al-Akhbar que la campagne visera une centaine de sociétés dirigées dans leur majeure partie par des hommes d’affaires libanais dans une tentative de faire pression sur l’environnement qui soutient la résistance libanaise, quand bien même ce soutien est exclusivement moral.

Le rapport de l’universitaire israélien propose aussi de publier sur les réseaux sociaux des ultimatums qui adressent un message clair à tous ceux qui résident en Amérique latine, les avisant de réviser leur calculs et leurs positions politiques, faute de quoi ils seront suspectés.

Il est même question selon ces sources d’un plan préparé par des branches sécuritaires liées à des ambassades étrangères et arabes a Ascension afin de semer la terreur dans la région en diffusant des informations aux medias afin de recruter des résidents libanais disposés à espionner et dénoncer tous ceux qu’ils soupçonnent de sympathiser ou de soutenir le Hezbollah.

Au Paraguay, ce plan pourrait profiter aux calculs électoraux de la classe au pouvoir : d’un côté, il couperait court aux tentatives de soutenir des opposants paraguayens soutenus par des hommes d’affaires libanais, lesquels éviteraient de nuire à leurs propres intérêts. De l’autre, la campagne médiatique qui accompagnera ce plan permettra de divertir l’opinion publique des problèmes économiques et sociaux qui la préoccupent.


03 juin 2016

Un bel article d'Ahmed Manai

Cet extrait d’une longue interview donnée à TUNISIA MONITOR (USA) en 1996. Vingt ans plus tard, Ghannouchi est au pouvoir par la volonté des américains et pour exécuter leur projet dans la région, avec la complicité de prétendus Bourguibistes. « Le pouvoir ne change pas les hommes, il révèle leur véritable nature ».
TUNISIA MONITOR (USA)
JAN-FEB 1996
Traduit de l’Anglais
Interview avec Ahmed Manaï

T.M. :
Dans votre livre « Supplice Tunisien » vous avez fait l’éloge de Bourguiba et de Ghannouchi. Pouvez- vous nous expliquer l’antagonisme passé entre les deux hommes et comment réconcilier leurs points de vue ?

A.M. :
Pour agir en politique, faire bouger une société et mobiliser un peuple, il faut une idée mobilisatrice, un homme courageux et de conviction et un appareil politique. Bourguiba et Ghannouchi, ont été, à un demi-siècle d’intervalle, ces hommes là. Chacun d’eux a construit un puissant appareil politique, le Destour pour le premier et le Nahda pour le second. Il y a de nombreux points de convergence entre le Bourguiba d’avant l’indépendance et Ghannouchi d’aujourd’hui et l’antagonisme entre les deux hommes n’est pas aussi profond qu’on veuille le faire croire. Le rapport de Bourguiba de cette époque à l’islam, n’est pas aussi conflictuel qu’on le croit. Son rapport à l’occident et à la modernité n’était pas aussi aliéné et aligné qu’on le prétend. J’espère qu’un jour, des intellectuels tunisiens feront justice à Bourguiba sur ce point précis.
Mais Bourguiba ne s’est pas arrêté au combat pour l’indépendance. Il a construit un Etat et dirigé un pays pendant 30 ans et profondément marqué .sa société. Son bilan global n’est pas négatif, loin de là. Dans le bras de fer qui a opposé les deux hommes, Bourguiba et Ghannouchi, dans les années 80, je trouve des excuses au vieux Bourguiba d’avoir ignoré et combattu les motivations, légitimes, du mouvement islamiste, mais je n’excuse pas Ghannouchi dans sa méconnaissance de l’œuvre de Bourguiba et les préjugés défavorables qu’il continue à nourrir à son égard. Il lui serait plus judicieux de s’inspirer de ses grandes capacités manœuvrières et de son courage politique, pour sortir son mouvement et le pays de l’impasse dans laquelle il les a plongés..
Je ne juge pas ici les intentions et les convictions des hommes. Elles appartiennent au secret des consciences et Dieu seul peut en juger. Mais les deux hommes ont beaucoup de points communs, avec une franche vocation politique et d’homme d’Etat pour le premier et une franche vocation intellectuelle pour le second.