29 juin 2012

Ces Israéliens qui boycottent le "Made in Israel" sur les produits des colonies

Ces Israéliens qui boycottent le "Made in Israel" sur les produits des colonies

Plusieurs voix israéliennes réclament l’abolition de l’étiquetage "Made in Israel" pour les produits issus des colonies palestiniennes. Un acte politique ni antisémite ni anti-israélien mais destiné, au contraire, à protéger l’État hébreu.

Par Charlotte BOITIAUX (texte)
 
"L’étiquetage des produits des colonies comme ‘Made in Israel’ trompe le consommateur et approuve implicitement la politique expansionniste du gouvernement de droite d’Israël mené par Benyamin Netannyahou". Les mots sont de Alon Liel, ex-directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères et ancien ambassadeur de l’État hébreu en Afrique du Sud. Dans une lettre ouverte publiée mercredi 27 juin sur le site du Guardian et traduite en français sur le site de Libération, cette figure politique dissidente s’indigne de la politique d’étiquetage menée par Israël et consistant à apposer le label "Made in Israel" sur tous ses produits, qu’ils soient issus des colonies ou d’origine israélienne.
La raison en est presque déconcertante de simplicité : "Pourquoi étiqueter différemment les produits des colonies ? Parce que les colonies ne font pas partie d’Israël", écrit-il. Il ne s'agit évidemment pas pour Alon Aliel d'un simple combat en faveur d’une législation commerciale visant à mieux informer le consommateur – même si, précise le diplomate, un nouvel étiquetage donnerait le choix aux clients "d’acheter ou non des produits des colonies" - mais d'une lutte éminemment politique. Refuser le "Made in Israel", c’est contester la présence israélienne sur "des territoires occupés en dehors des frontières internationalement reconnues et illégales au regard du droit international".

"Agir dans l’intérêt d’Israël"

Et il n’est pas le seul à ruer dans les brancards. Le 5 juin dernier, Avraham Burg, ex-président de la Knesset et de l’Organisation sioniste mondiale, a fait savoir qu’il refusait d’acheter des produits estampillés "Made in Israel" et issus des colonies. Il a tenu à expliquer la portée de son geste. "Contrairement à ce que l’on peut entendre, il ne s’agit pas d’un boycottage généralisé d’Israël mais plutôt d’une distinction subtile et morale entre le grand potentiel d’Israël et ses capacités destructrices", expliquait-il dans les colonnes du Monde.
Les deux hommes insistent en effet sur un même point : rien dans ce combat politique ne doit être considéré comme antisémite ou anti-israélien. Bien au contraire. En menant cette lutte d’étiquetage, ces deux politiques farouchement opposés à la politique de Benyamin Netanyahou déclarent agir dans l’intérêt d’Israël.
Selon eux, l’État hébreu ne pourra sortir du conflit qui l’oppose aux Palestiniens qu’à condition de respecter sa "ligne verte", c’est-à-dire ses frontières de 1948, internationalement reconnues et séparant Israël de la Cisjordanie et de Gaza. Rendue caduque après la Guerre des Six Jours (1967), cette "ligne verte", devrait pourtant être "défendue et renforcée", estime Avraham Burg. "Elle est d’importance vitale" pour Israël, car la respecter, c’est rendre possible la création de deux États distincts.
"Tout ce qui se trouve au-delà de cette ligne est d’une autre nature : illégal et non normatif. C'est-à-dire que cela ne nous appartient pas", ajoute l’ancien président de la Knesset. Autrement dit, quiconque défend les délimitations de 1948 "est un ami d’Israël et garde l’espoir en vie", tandis que les autres, "les colons, les conquérants et leurs alliés politiques, sont les véritables ennemis d’Israël"."Empêcher l'étiquetage erroné 'Made in israel' [...] est un pas de géant pour la paix au Proche-Orient", écrit même Burg.

"Ce combat à lui seul ne fera pas fléchir Israël"

Sans surprise, cette prise de position est vécue comme une hérésie par Yigal Palmor, porte-parole israélien du ministère des Affaires étrangères. Ce dernier met d’ailleurs en garde contre un "projet raciste" qui pourrait "mettre à mal la production israélienne dans son ensemble".
Pourtant, de plus en plus de pays comme le Royaume-Uni, l’Afrique du Sud et le Danemark, considèrent très sérieusement ce projet de boycott porté par Alon Liel. En mai, les gouvernements sud-africain et danois ont affiché leur volonté d’établir une distinction claire entre produits d’origine israélienne et ceux issus des colonies. En 2009, les Britanniques avaient demandé à leurs supermarchés d’étiqueter différemment les produits des territoires occupés. La chaîne suisse de grandes surfaces Migros avait elle aussi décidé d’agir en ce sens. Selon l’agence Associated Press, en 2013, elle adoptera même les mentions "Cisjordanie, zone de peuplement israélienne" ou  "Jérusalem-Est, zone de peuplement israélienne" sur lesdits produits.
Mais ce nouvel étiquetage sera-t-il suffisant pour infléchir la position de Tel-Aviv vis-à-vis des territoires occupés ? Rien n’est moins sûr, estime Didier Billion, spécialiste du Moyen-Orient à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS). "Malgré le bien-fondé de cette lutte qui vise à desserrer l’étau autour des Palestiniens, ce combat a lui seul ne pourra évidemment pas faire fléchir la position de l’État hébreu. Cette campagne n’aura réellement d’impact que si elle est prise dans un ensemble d’actions politiques dont le but serait la proclamation d’un État palestinien".

50 organisations humanitaires, non-gouvernementales et agences de l'ONU exigent la fin du blocus israélien sur la bande de Gaza

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50 organisations humanitaires, non-gouvernementales et agences de l'ONU exigent la fin du blocus israélien sur la bande de Gaza
 
 




43 organisations humanitaires et non-gouvernementales et sept agences des Nations unies exigent qu’Israël mette fin au blocus de la bande de Gaza, ce qu'elles considèrent être « une violation manifeste du droit international ».


Les signataires de la déclaration, parmi lesquels se détache l'UNICEF, l'Organisation mondiale de la santé, le Haut-commissariat pour les Droits de l'Homme, l'UNESCO et l'Agence des nations unies pour les réfugiés Palestiniens, soulignent que dans les cinq dernières années plus d'1,6 millions d'êtres humains, la moitié d'entre eux mineurs, ont été privés d'aliments, médicaments, combustibles et services fondamentaux comme la Santé ou l’Éducation.


Israël a imposé le blocus de la Bande de Gaza en 2007, aggravant la situation sur le territoire. La semaine passée, la plus haute fonctionnaire de l'ONU pour les Questions humanitaires et pour la Coordination des secours d'urgence, Valerie Amos, a sollicité les autorités de Tel-Aviv pour qu'elles lèvent immédiatement l'état de siège, insistant sur le fait que « 80% des familles à Gaza dépendent de l'aide humanitaire », ce qui, ajoute-t-elle, « représente une punition collective pour tous ceux qui vivent dans la Bande et, dans le même temps, une violation de leurs droits fondamentaux ».


Amos a également fait remarquer que le blocus est la principale cause de la baisse de la qualité de vie des palestiniens qui habitent sur ces territoires, un fait que l'on peut constater par les indices de chômage, de pauvreté, et de pouvoir d'achat.


A titre d'exemple des difficiles conditions de vie à Gaza, l'alimentation en énergie électrique est limitée, en moyenne, à 6 heures par jour. Dans la meilleure des hypothèses, elle peut se prolonger jusqu'à 16 heures. Dans les hôpitaux, la majorité des personnes meurent faute de médicaments.


Israël, de son côté, poursuit une politique d'extermination lente de la population, et dans les derniers jours dix palestiniens sont morts et cinq furent blessés dans des attaques de l'armée, essentiellement, et des affrontements avec les colons dans la région.


L'expulsion des palestiniens de leurs territoires est une des multiples faces de la politique sioniste. Selon les données officielles, entre 1967 et 1994, lorsque l'Autorité nationale palestinienne en est venue à administrer les territoires autonomes, Israël a annulé les autorisations de résidence à plus de 250 000 palestiniens, près de 100 000 à Gaza et 150 000 en Cisjordanie.


Source : article d'Avante, organe du Parti communiste portugais (PCP)

28 juin 2012

Vidéo-Tunisie: Samia Abbou: «Le ministre de la Défense a caché à Marzouki l’extradition de Baghdadi Mahmoudi»


 

Dans une déclaration à TunisieNumérique, Samia Abbou député du CPR à l’assemblée nationale constituante (ANC) a indiqué que l’affaire de l’extradition de Baghdadi Mahmoudi, ex-premier ministre libyen a déclenché un quasi rupture au sein de la troïka.
« Le gouvernement a du, avant l’extradition de Baghdadi Mahmoudi, informé le président de la République qui aura ainsi le temps nécessaire de prendre des mesures, selon ses prérogatives, et de présenter l’affaire devant l’ANC qui la présentera à son tour au Tribunal administratif» a précisé Abbou.
Elle a ajouté que: «actuellement, l’affaire de l’extradition a dépassé la question de la personne concernée (Mahmoudi) pour se transformer en un vrai différend entre les deux têtes au pouvoir à savoir Hamadi Jebali, chef du Gouvernement et Moncef Marzouki, chef de l’État. La confiance entre les deux camps a ébranlé profondément, puisqu’il s’agit là, même si je ne veux pas prononcer le mot mais c’est de la perfidie ».
Samia Abbou a indiqué que Marzouki a été trahi par tous les membres du Gouvernement qui étaient tous au courant de la date de l’extradition de Mahmoudi et depuis plusieurs jours.
Elle a fait savoir que même Abedelkarim Zbidi, le ministre de la Défense nationale détenait l’information de son extradition mais n’a rien communiqué à Marzouki.
Abbou a tenu à rappeler de la gravité de cette question puisque le ministre de la Défense n’est pas censé dissimiler des renseignements au Chef suprême des forces armées. « Le ministre de la Défense nationale a été en compagnie du Président et lui a caché l’information de l’extradition de Baghdadi Mahmoudi ce qui constitue un acte grave», a déclaré Abbou.
Selon Samia Abbou, l’un des deux scénarios se produira dans les prochains jours: « Présentation d’une Réhabilitation de la part du Gouvernement en signe d’excuse au Président Marzouki, ou bien, présentera sa démission ».

27 juin 2012

De la torture, en veux-tu en voilà
 

Bahar Kimyongür


A notre connaissance, jamais un bureau des droits de l'homme n'a occupé autant de place dans la presse mainstream. Nous parlons bien sûr de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), cette officine située à Londres, en très bons termes avec l'administration Cameron et animée par un homme d'affaires, Oussama Ali Souleimane alias Rami Abdel Rahmane. Dans ses communiqués repris comme parole d'évangile par les agences de presse, l'OSDH fait régulièrement passer des combattants armés pour des victimes civiles, classe les victimes « pro-Bachar » de l'insurrection pour des victimes de l'armée gouvernementale et gonfle sa liste nécrologique avec de décès « apolitiques », notamment des accidentés de la route. Surfant sur le succès de l'OSDH et dans l'espoir que les victimes du terrorisme de l'Etat turc soient un peu plus entendues, notre collaborateur et ami Bahar Kimyongür qui milite depuis plus de quinze ans pour la démocratisation de la Turquie, s'est autoproclamé « directeur de l'Observatoire turc des droits de l'homme » (OTDH). Les deux seules fois où il est passé à la télévision belge pour expliquer la situation en Turquie lui ont valu d'être poursuivi pour terrorisme. Syrie-Turquie, deux poids deux mesures ?


Voici des images qui ne feront pas le tour du monde (libre) :


Et pour cause, elles montrent un lynchage policier qui ne s'est déroulé ni en Iran, ni en Syrie mais en Turquie.

La Turquie, cette magnifique destination de vacances est aussi une belle dictature islamo-libérale placée sous la férule du Parti de la justice et du développement (AKP) depuis 10 ans et le garde-chiourme du monde « libre » depuis 60 ans, 1952 étant l'année de son adhésion à l'OTAN.

La victime de ce lynchage policier est un chauffeur pressé de conduire une femme enceinte à l'hôpital.

Pendant son contrôle d’identité, Ahmet Koca a eu le malheur de parler en kurde, la « langue des terroristes » selon ses tortionnaires.

Il subira une vé rita ble ratonnade pendant de longues minutes devant la femme enceinte qu'il conduisait et devant ses enfants.

Ahmet Koca sera assommé par une volée de coups de poings, de coups de pied, de coups de matraque et de ceintures.

Le cas d'Ahmet Koca est loin d'être isolé. L'an dernier, au moment où la presse occidentale nous rivait les yeux sur la Syrie, la Ligue turque des droits de l'homme (IHD) a enregistré 3.252 cas de torture et de mauvais traitements dans les centres de détention turcs.

Voici quelques données chiffrées concernant l'ampleur du terrorisme d’État sévissant dans ce pays qui, paradoxalement, se situe à l'avant-garde de la guerre pour la démocratie en Syrie :

- Avec 96 journalistes emprisonnés (chiffres publiés le 18 juin 2012 par la Plate-forme de solidarité avec les journalistes emprisonnés - TGDP), la Turquie compte le plus grand nombre de journalistes incarcérés au monde. Ces derniers sont accusés à tort et à travers de terrorisme d'extrême-gauche, de terrorisme séparatiste ou de complot putschiste.

- La Turquie compte actuellement 8.010 prisonniers politiques (chiffres officiels de 2011) soit le plus grand nombre de prisonniers politiques au monde

- Les prisonniers politiques sont tués à petits feux dans le silence des cellules d'isolement (prisons de type F). Quant aux prisonniers de droit commun, ils sont tués à grandes flammes, parqués comme du bétail dans des dortoirs surpeuplés (prisons de type E) où règne une chaleur de plus de 40 degrés. Le 16 juin 2012 à Urfa, une mutinerie s'est soldée par la mort de 13 détenus, victimes de l'incendie qu'ils ont eux-mêmes allumés pour protester contre leurs conditions de détention inhumaines. La plus jeune des victimes avait 18 ans. La plus « âgée » : 34 ans. La révolte carcérale s'est propagée vers les prisons d'Adana, Osmaniye, Gaziantep où l'on dénombre de plusieurs blessés.

- Pas moins de 2.200 étudiants et lycéens croupissent dans les prisons pour avoir manifesté pacifiquement pour un enseignement gratuit et démocratique ou pour le respect de leurs droits nationaux et culturels
- D'après les chiffres publiés par le ministère turc de la justice en avril dernier, 2.281 enfants se trouvent derrière les barreaux. Ils subissent régulièrement des abus sexuels notamment à la prison de Pozanti.

- En dix ans de règne de l'AKP, 171 enfants auraient été tués par les forces de sécurité d'après la Ligue turque des droits de l'homme (IHD)

- L'armée turque utilise des armes chimiques et du napalm contre les maquisards kurdes. Le 22 octobre 2011, 24 combattants kurdes ont perdu la vie sous les bombes chimiques interdites larguées par l'aviation militaire.

- L'armée turque utilise des drones israéliens Heron ou des drones américains Predator contre la rébellion kurde. De nombreux villageois sont victimes de ces opérations meurtrières. Le 28 décembre dernier, 34 civils kurdes ont été tués à Uludere/Roboski.

- La police exerce une violence létale contre les rassemblements démocratiques à travers l'usage de matraques ou de gaz lacrymogènes hautement toxiques. Le 28 mai dernier, Cayan Birben, 31 ans, est mort asphyxié par les bombes à gaz de la police. Birben est la 6e victime de ces gaz en un an.

- Le parlement turc compte huit députés de l'AKP réputés proches des djihadistes qui ont bouté le feu à l'hôtel Madimak le 2 juillet 1993 tuant 34 intellectuels. Il s'agit de Zeyid Aslan, Hüsnü Tuna, Ali Bulut, Ali Aslik, Halil Ürün, Haydar Kemal Kurt, Bülent Tüfekçi et Ibrahim Hakki Aksar.

Malgré la terreur que fait régner cette dictature pro-occidentale et membre de l'OTAN sur nos peuples, l'opposition turque n'a jamais sollicité la moindre intervention de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ni celle des États-membres de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA).

Consciente que seule la lutte sociale permettra de faire de la Turquie une patrie libre et démocratique, l'opposition turque remercie cette autre communauté internationale (dont se gausse bien entendu l'Occident nombriliste et "humanitaire") pour son respect envers notre droit de disposer de nous-mêmes.


Observatoire turc des droits de l'homme (OTDH)
otdh.turquie@yahoo.fr
Le 21 juin 2012

Un avion turc abattu par l’armée syrienne. Quid des milliers de Syriens abattus par les forces pro-turques ?


Bahar Kimyongür


Ce vendredi 22 juin à 11h58 précises, un avion de type F4 Phantom parti de la base aérienne d’Erhaç à Malatya (Est de la Turquie) a disparu en Méditerranée, au large des côtes syriennes.

 
Il aurait été abattu par la défense anti-aérienne syrienne au moment où celui-ci aurait franchi son espace aérien d’au moins un kilomètre.

La version syrienne des faits n’est pas dénuée de sens puisque l’épave de l’avion se trouve actuellement dans les eaux territoriales syriennes.

Autre détail important : l’avion de reconnaissance (et donc non équipé de missiles) aurait été abattu après qu'il ait disparu des écrans radars turcs. L'avion a probablement disparu parce qu'il aurait violé l'espace aérien syrien.

Par ailleurs, l’endroit où l’avion de reconnaissance turc a été abattu se situe aux confins de la frontière turque, dans les eaux qui font face à la ville turque de Samandag mais qui se situent à une jetée de pierre du village côtier syrien de Ras El Bassit.

D’autant que les pêcheurs et certains riverains de Samandag (ville turque majoritairement arabophone) disent avoir entendu trois déflagrations en provenance de la frontière.

Ces témoins « auditifs » ont d’abord pensé qu’il s’agissait de tirs entre soldats et rebelles syriens. Ce n’est qu’après avoir aperçu un zodiac des garde-côtes turcs et deux frégates en provenance de la base navale d’Iskenderun que les habitants de Samandag ont pensé à un « naufrage ».

De retour du sommet de Rio+20 au Brésil, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a convoqué vendredi soir, une réunion d’urgence dont le sujet principal devait être le « terrorisme séparatiste » et l'attaque menée par le PKK à Daglica dans la zone montagneuse de Hakkari.

Selon la chaîne turque NTV, l’état-major turc n’aurait pas soufflé mot sur les pertes humaines essuyées par son armée. Ainsi, pendant 2h10 minutes, le seul sujet de discussion aurait été la disparition du F4 et la responsabilité syrienne dans cette perte.

Dans un communiqué de presse très laconique émis à l’issue de la réunion de crise, le premier ministre Erdogan a confirmé que l'avion a été abattu par la défense syrienne. Il a par ailleurs annoncé que les recherches de l’épave sont menées conjointement avec les autorités syriennes et que « la Turquie fera connaître sa position finale une fois que toute la lumière aura été faite sur cette incident. »

Aucune information n’a été communiquée concernant le sort des deux pilotes qui se trouvaient à bord de l’avion abattu.

Entretemps, la plupart des analystes interrogés par les chaînes satellitaires turques tiennent un discours plus que dangereux, se référant à tous les articles de la charte des Nations Unies et de l’OTAN qui permettraient de contourner le véto sino-russe pour intervenir militairement en Syrie, expliquant que le « crime » commis par la Syrie est très grave et relève du « casus belli ».

Ils démentent, par ailleurs, les allégations de soutien militaire de la part de la Turquie aux insurgés syriens.

Sur ce dernier point, l’administration Erdogan et ses panégyristes médiatiques sont peu convaincants.

Rappelons d’abord quelques faits avérés :

- les Frères musulmans syriens et l’Armée syrienne libre (ASL) sont les invités de marque du gouvernement turc et les principaux acteurs pro-turcs de l’opposition syrienne.

- l’ASL dispose de camps d’entraînement dans la province turque du Hatay, à quelques kilomètres de l’endroit où l’avion turc est tombé.

- certains camps de réfugiés syriens sont utilisés comme couverture pour les insurgés syriens. Durant l’été dernier, des opposants syriens ont été arrêtés en territoire turc par les services secrets de la MIT pour avoir dénoncé le détournement des camps de réfugiés à des fins militaires notamment par des groupes djihadistes.

- l’ASL lance des attaques en territoire syrien depuis ses bases turques en s’infiltrant vers les provinces de Lattaquié et d’Idlib via le Djebel Zawiya. L’ASL revendique des attentats depuis le territoire turc. Des milliers de soldats et de civils syriens ont été tués dans ces attentats.

- tous les militants maghrébins d’Al Qaida capturés par l’armée syrienne et passés aux aveux parlent de la piste Istanbul-Antakya dans leur itinéraire vers le djihad en Syrie. Il est impossible que ces militants traversent toute la Turquie de haut en bas, rencontrent des insurgés syriens agissant sous contrôle de l’armée turque et franchissent une zone frontalière militarisée sans que les autorités turques ne soient au courant.

- le New York Times (article d’Eric Schmitt) du 21 juin évoque des opérations secrètes de la CIA qui coordonnerait le trafic d’armes en provenance des pays du Golfe avec l’aide des Frères musulmans syriens.

- dans une interview réalisée le même jour avec Reuters, le ministre US de la défense Leon Panetta a révélé que des militants d’Al Qaida actifs en Syrie étaient munis de MANPAD. Cet armement capable d’abattre des avions civils ou des hélicoptères proviendraient selon lui de l’ancienne armée libyenne. En même temps, des rumeurs circulent concernant l’arrivée dans les villes portuaires du Sud de la Turquie (Iskenderun) des bateaux remplis d’armes en provenance de Libye. A l’insu de l’armée turque ? Ces rumeurs sont invérifiables car la TSK n’a procédé à aucune saisie d’armes. En revanche, l’armée libanaise a effectué plusieurs prises, notamment la cargaison du Lutfullah II battant pavillon sierra-léonais avec une cargaison d’armes libyennes.

En 1998, l’armée turque avait menacé de marcher sur Damas en raison de la présence du leader kurde Abdullah Öcalan sur son territoire. En novembre 2011, elle a organisé des exercices de mobilisation baptisés « Yildirim » (la foudre) à ses frontières avec la Syrie. En mars dernier, un journal émirati rapportait que l’armée turque se préparait à entrer de 15 km en territoire syrien pour y créer une zone-tampon[1] Cette info avait auparavant été évoquée par Reva Bhalla le directeur de l’agence privée de renseignement américain STRATFOR.[2]

A l’aune de ces multiples indications concernant le bellicisme turc, Ankara semble mal placée pour accuser Damas de « menaces » et de « provocations ».

Finalement, que vaut une carcasse d’avion face aux milliers de victimes syriennes tombées sous les balles et les bombes des insurgés sponsorisés par Erdogan ?



Le 22 juin 2012
Bahar Kimyongür
Auteur de Syriana, la conquête continue, Ed. Investig’action et Couleur Livres, Charleroi, 2011
 
 
Notes :
[1] Thomas Seibert, “Turkey readies Syrian buffer zone plan”, The National, 22 mars 2012
[2] Câble Wikileaks relatif à un courriel de Reva Bhalla daté du 15 novembre 2011

Justice pour Ziad Jilani

MON MARI FUT EXÉCUTÉ EN PLEIN JOUR: AIDEZ MOI À MOI ET À MA FAMILLE À OBTENIR JUSTICE

J´ai présenté des accusations contre Maxim Vinogradov, assassin de Ziad Jilani
Au F iscal géneral d´Israël Yehuda Weinstein
Le Juin 2010, Ziad Jilani fut exécuté par un policier des frontières Israëlien, Maxim Vinogradov. Malgré le fait que lors de l´enquête des preuves furent trouvées de ce fait, le département des Affaires Internes de la police Israélien (( " Machash") a fermé l´affaire pour manque de preuves et son prédécesseur , le Fiscal d´Etat Mecachem Mazuz, a ratifié cette décision.
Comme vous le savez, le 4 Janvier de cette année la veuve de Ziad et ses trois filles présentèrent un recours au Tribunal Suprême Israélien à travers du Centre Al-Mazaan pour les Droits de l´Homme, lui demandant, à vous, en tant que Fiscal d´Etat, que vous en finissiez avec cette pantomime et présentez des charges contre les assassins de Ziad Jilani, Maxim Vinogradov et Shadi Heir Al Din, pour assassinat ou homicide par négligence respectivement.
En tant que personne préoccupée par la justice et les droits de l´homme , j´appuie cette pétition et je veux ajouter ma voix à celle de toutes les personnes qui s´inquiètent du message que la clôtùre de ce cas transmet aux soldats israëliens. Je vous demande justice pour Ziad Jilani
 
pour signer la pétition  :
http://www.change.org/petitions/my-husband-was-executed-in-broad-daylight-help-me-and-my-family-get-justice  

Mi marido fue ejecutado a plena luz del día. Ayúdame a mí y a mi familia a conseguir justicia.
  merci à notre camarade Gwendoline Taffin qui nous a transmis ce message et cette pétition.
 

Libye – Tunisie : Al-Baghdadi Al-Mahmoudi dans la gueule d’Al Qaïda

Publié le27 juin 2012


Al-Baghdadi et les renégats
Al-Baghdadi et les renégats

Toute  honte bue, la Tunisie a donc envoyé un homme à la mort !
La Tunisie qui disait combattre la dictature de Ben Ali s’allie donc avec une dictature pour livrer un homme entre les mains d’une machine à tuer, le CNT. A peine arrivé à Tripoli, Al-Baghdadi Al-Mahmoudi a été soumis à une torture en règle. Selon nos informations, recueillies auprès du personnel hospitalier, il aurait aujourd’hui les ongles arrachés, le visage tuméfié et de nombreuses fractures. 

Après un interrogatoire musclé qui se serait essentiellement concentré et basé sur l’endroit où le frère Guide Mouammar Kadhafi aurait caché de l’argent et de l’or libyen, les renégats et félons du CNT, traîtres à leur Nation qu’ils ont vendu à un dinar, ne savent plus où donner de la tête pour faire croire qu’ils sont victorieux alors qu’ils ont été aidés par les nazis de l’OTAN.
Après avoir passé 9 mois dans les geôles tunisiennes, malade et affaibli, alors qu’il voulait se rendre en Algérie, les autorités tunisiennes ont violé allègrement les traités internationaux, notamment les conventions sur le droit d’asile en incarcérant cet homme qui n’était pas un inconnu de surcroît…

Tombé à Tripoli entre les bras du membre d’Al Qaïda connu de tous, Abdel Hakim Belhadj pour ne pas le nommer, son sort semble être scellé. Le silence assourdissant des médias qui relatent juste l’information sans condamner est un indicateur. Les félons libyens bénéficient d’une impunité incroyable et savent très bien que cet homme détient des secrets que les Occidentaux ne veulent pas qu’il divulgue et par conséquent, bye bye les droits de l’homme, mieux vaut un Al-Baghdadi Al-Mahmoudi mort que vif…


http://allainjules.com/2012/06/27/libye-tunisie-al-baghdadi-al-mahmoudi-dans-la-gueule-dal-qaida/

PHOTOS | Israel Demolishes Historic Islamic Sites In Jerusalem

IMEMC | June 26, 2012 

The Al-Aqsa Foundation for Waqf and Heritage issued a press release, on Monday, revealing that Israeli bulldozers destroyed and demolished historic Islamic sites dating back to the Umayyad and Abbasid eras, in addition to the Ottoman era in occupied Jerusalem. Some of the demolished sites are a mosque and a school building dating back to the Umayyad era.
The Foundation said that the so-called Israel’s Archeological Authority has been destroying and burying ancient Islamic sites over the last five years during excavations in Al-Boraq area, 100 meters west of the Al-Aqsa Mosque.
The area is part of the Al-Magharba neighborhood that was demolished by Israel on June 11, 1967, after Israeli occupied the West Bank and East Jerusalem.
The Al-Aqsa Foundation reported that its teams repeatedly visited the site and examined documents and pictures documenting the Israeli violations.
It said that “the occupation is demolishing ancient sites, Islamic historic sites and structures, and claiming that it found Archeological Jewish sites underneath”, and added that “Israel is planning to build a huge Jewish Center, including five underground floors”.
The foundation further stated that the Israeli Archeological Authority conducted, in the period between 2005 and 2009, excavations on 1500 square/meters in an area west of the Al-Buraq Wall.
“The excavations were conducted in Ash-Sharaf neighborhood, that was taken over in 1967, and most of its ancient Arabic and Islamic buildings were demolished before Islamic constructed the Jewish Neighborhood”, the Foundation said, “Israel also demolished ancient Islamic archeological sites, residencies and public structures, including a mosque and the Al-Afdaliyya School”.
The demolished structures were built in the later stages of the Omayyad era, and during the Abbasid era, the Mamlooky era, the Ayyoubi era, and the Ottoman era.
“Israel is trying to void the Islamic culture, history and archeology, that extended for 1400 year”, the Foundation said, “Israel is trying to void an Arabic history that dates back to thousands of years, during the Canaanite and Yabousy eras”.
The Foundation stated that what Israel is doing is a “massacre targeting the Arab and Islamic history and culture in occupied Jerusalem, especially in the area adjacent to the Al-Aqsa Mosque”, and strongly denounced the silence of Arab and International institutions that are failing to intervene in stopping the Israeli violations against the Arab and Islamic archeological sites in Jerusalem.
It is worth mentioning that Israel’s leading paper, Haaretz, published on June 15 a picture taken by a German war plane flying over the Al-Aqsa mosque in 1931, clearly showing a mosque and the Afdaliyya School in Al-Boraq Wall area that were completely destroyed and removed by Israel in 1967.
The Afdaliyya School was built by King Al-Afdal Nour Ed-Deen Ali, the son of Salah Ed-Deen Al-Ayyoubi, more than 800 years ago in the Al-Magharba neighborhood in Jerusalem that was completely destroyed by Israel after it occupied East Jerusalem in June 1967.
In 2007, the Al-Aqsa Foundation published an ancient picture of the Al-Magharba neighborhood clearly showing the dome of the mosque in Al-Afdaliyya school.
Photos by IMEMC, Al-Aqsa Foundation and Paltoday.ps


Photography


26 juin 2012

SNIPER : ARABIA

A Bizerte, une marina sort des eaux, les pêcheurs s’ensablent


Vue paronamique sur la nouvelle marina de Bizerte (photo envoyée vendredi 22 juin par Ahmed Amine Ben Saïd).
 
Le projet de construction d’une nouvelle marina, supposée transformer Bizerte en grand centre touristique, inquiète les écologistes tunisiens car il risque de défigurer la Médina, qui fait la réputation de la ville.
 
Résidences de luxe, centres commerciaux haut de gamme, esplanades, port de plaisance : Marina Bizerte est un mégaprojet visant à faire de la ville une destination phare dans le domaine du tourisme de luxe en Méditerranée, et à stimuler du même coup l’activité économique dans la région avec la création de près de 400 emplois.
 
Un immeuble de haut standing en construction en face de de la Médina (photo envoyée vendredi 22 juin par Ahmed Amine Ben Saïd)
 

"La justice a désigné des experts pour évaluer les dégâts"

Architecte de profession, Ahmed Amine Ben Saïd est membre de l’Association de Sauvegarde de la Médina de Bizerte.
 
Dans le cadre de ce projet, un immeuble de 35 mètres de haut a été érigé juste en face [100 mètres] des murailles de la Médina aux fondations byzantines. Cette construction est tout bonnement une violation du Code du patrimoine et vient saper les efforts de plusieurs associations qui travaillent depuis longtemps à faire inscrire le site au patrimoine mondial de l’Unesco.
 
Ajoutez à cela les dégâts occasionnés par la construction du port de plaisance : notamment celle d’une digue qui a provoqué un ensablement du chenal qui relie le vieux port à la Marina. Le vieux port n’est quasiment plus alimenté en eau et les détritus s’y amoncellent [joint au téléphone, le maire de Bizerte, Mohamed Salah Fliss, nous a affirmé qu’il a soulevé le problème auprès du promoteur et que ce dernier s’est engagé à y remédier le plus tôt possible].
Cette digue pose également des problèmes aux pêcheurs qui ont beaucoup de difficultés à accéder à la mer, parce qu’ils doivent désormais traverser un domaine privé [la marina] pour se rendre au large. Ils doivent d'ailleurs emprunter ce chenal ensablé qui n’est quasiment plus navigable.
 
Les travaux de dragage pour la construction de la marina ont provoqué un ensablement au goulet du vieux port, indique notre observateur (photo envoyée vendredi 22 juin par Ahmed Amine Ben Saïd).

 
Notre association a été mandatée par 75 pêcheurs pour demander à la justice d’évaluer les dégâts. Il y a deux semaines, trois experts en bâtiment, en environnement et en travaux maritimes ont été désignés. Le promoteur a demandé l’annulation de l’expertise au prétexte que notre association n’était pas qualifiée pour défendre les pêcheurs. La justice doit se prononcer mercredi prochain. Mais pour l’instant, les experts continuent à faire leur travail.
 

« Le poisson se raréfie»

Yassine Zaghouani, pêcheur.
 
 
Il faut savoir que la zone sur laquelle est actuellement installée la digue est un endroit stratégique pour les pêcheurs. C’est l’endroit qui relie le lac de Bizerte aux eaux profondes de la Méditerranée. On y trouvait du poisson en grande quantité, en particulier pendant les périodes de migration, notamment le loup de mer et le mulet. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus pêcher comme avant. Nous sommes des pêcheurs traditionnels, nous n’avons pas de gros moyens, nous travaillons sur des petites embarcations et pratiquons la pêche au fil. Or, le poisson se raréfie et les digues et les ponts flottants nous rendent la tâche très difficile. Maintenant que notre pays a connu la révolution, nous voulons que l’Etat accepte d’ouvrir un dialogue avec nous pour trouver une solution.
 
 La justice a désigné des experts pour évlauer les dégâts (photo envoyée vendredi 22 juin par Ahmed Amine Ben Saïd).
 
 Le PDG Marina Cap 3000, Moez Ben Zid, a affirmé à plusieurs reprises dans les medias qu’il s’était engagé auprès de la ville à effectuer divers travaux de restauration dans le vieux port et la Médina, en plus d’œuvrer à la valorisation du travail des artisans.
Nous avons pu joindre au téléphone Ahmed Salah Fliss, nommé maire de Bizerte après la révolution de 2011. Il nous a affirmé qu’il ne pouvait pas agir car « ce projet est mené dans une totale légalité et [que] le terrain a été acheté en bonne et due forme à l’Etat ». Il a cependant insisté sur le fait qu’il veillera à ce que les engagements pris par le promoteur vis-à-vis de la ville, en matière de protection de l’environnement et de sauvegarde du patrimoine, soient respectés.
 
Cet article a été rédigé en collaboration avec Djamel Belayachi, journaliste à France24

24 juin 2012

Popular Front for Liberation of Palestine Condemns Terrorist Attacks against the Palestinians in Syria

Jun 23, 2012

DAMASCUS, (SANA)- The Popular Front for the Liberation of Palestine-General Command- on Saturday condemned the attack against the al-Aaedin refugee camp in Hama by the armed terrorist groups, which caused injury to three civilians.
The Front said in a statement that the armed terrorist groups in Syria are carrying out a U.S. program against the Resistance alliance with Syria being its depth and core.
The statement considered the repeated terrorist attacks on the Palestinian refugees at their camps in Syria as "a Zionist crime that comes in the framework of the plot of displacing the Palestinians away from the resistant political geography embodied in this country." 

H. Said

Les zéros tournent en rond‏"

Par Malek Haddad
Haddad Malek, Les Zéros tournent en rond, Paris, Ed. F. Maspéro, 1961

Ecrivain algérien de langue française, Malek Haddad est né le 5 juillet 1927 à Constantine. Fils d'un instituteur de l'éducation nationale, Malek Haddad suivit des études de langue française dans une ville connue comme un haut-lieu de la culture arabo-islamique en Algérie. Dans cette ville conservatoire d’une identité menacée, ouverte sur le Machrek arabe, l'influence des universités Zitouna de Tunis et al-Azhar du Caire se ressentait dans l'ensemble de la cité de Salah Bey.
Dans les années 1920, Constantine était devenue le principal fief du revivalisme islamique en Algérie. A partir de 1913, le cheikh Abdelhamid Ben Badis fit de la Mosquée Verte (Jama’ Al Akhdar) le centre de sa prédication appelant à la défense de l'islam et de la langue arabe. Malek Haddad grandit dans cette atmosphère marquée par l'affirmation de l'identité arabo-islamique de l’Algérie face à une politique coloniale qui cherchait à effacer cette identité.

Son éducation exclusivement francophone dans une ville de culture arabe marqua profondément celui qui avait coutume d’affirmer : « Nous écrivons le français, n’écrivons pas en français ». Elle lui donna le sentiment d'être coupé de son peuple, de son histoire et de sa culture: « Je suis moins séparé de ma patrie par la Méditerranée que par la langue française », écrivait-il.

Pour Malek Haddad, cette coupure avait une cause : le colonialisme et son œuvre d'aliénation culturelle cherchant à effacer l'identité du colonisé. Dans cette œuvre d'aliénation culturelle, l'école française jouait un rôle déterminant: « L’école coloniale colonise l’âme (…), c’est insidieux, c’est profond (…) Chez nous, c’est vrai chaque fois qu’on a fait un bachelier, on a fait un Français ». Evoquant son cas personnel, celui qui avait débuté sa carrière comme enseignant dans l'éducation nationale affirmait : « Il y a toujours eu une école entre mon passé et moi ».

Poète et romancier, Malek Haddad débuta sa carrière d'homme de lettres durant la Révolution algérienne. Son œuvre était une manière artistique de dénoncer le colonialisme. Après l’indépendance, Malek Haddad retourna à Constantine où il exerça la profession de journaliste, prenant en charge la page culturelle du quotidien An Nasr. Rejoignant le ministère de l’Information et de la Culture (MIC) en 1968, il fut chargé de la direction de la Culture. A ce titre, il fut l'un des principaux organisateurs du festival culturel panafricain d’Alger en juillet 1969. Il occupa aussi la fonction de secrétaire général de l’Union des écrivains algériens (UEA). Malek Haddad décéda des suites d'un cancer le 2 juin 1978 à Alger.

Dans l'essai Les Zéros tournent en rond, Malek Haddad développa les questions qui le hantaient: le problème de la dépersonnalisation et de l'aliénation des élites culturelles francophones algériennes ; la domination culturelle des peuples colonisés et l'hégémonie occidentale ; le rôle de l'islam et de la langue arabe dans la résistance du peuple algérien. Ainsi, en 1961, Malek Haddad posait la question des rapports de domination culturelle et de l'hégémonie occidentale qui n'ont pas été abolis avec la décolonisation.

Youssef Girard

Photo

Les Zéros tournent en rond

Je suis moins séparé de ma patrie par la Méditerranée que par la langue française. Ecrirais-je l’arabe qu’un écran se dresserait quand même entre mes lecteurs et moi : l’analphabétisme.

Mes cousins de la montagne écorchée n’auront pas déchiffré ton monument, Kateb Yacine : « Nedjma ». Les vieilles de « Dar-El-Spitar » n’auront pas eu à se reconnaître dans ta « Grande Maison », mon cher tisserand de la quotidienneté maudite, Mohamed Dib. Qui aura lu « Le Séisme » de Kréa dans les ruelles sans roses de Blidah ? Pourtant la musique trouvera l’orchestre qui convint. Marcel Moussa, Malek Ouary, Feraoun, Sénac, Mammeri, Jules Roy, Amrouche, mon ami Roger Curel, Roblès, je pourrais reprendre à votre compte le mot d’un porte-parole de la France-Libre et vous dire avec tout mon respect, toute mon affection : l’Algérie présente les armes à votre solitude.

Je vous salue orphelins de lecteurs authentiques, vous nobles Représentants et tragiques Soli. Vous m’aurez fait comprendre l’expression « Prêcher dans le désert » ; mais, au-delà de mon amertume, je sais que la vocation des déserts est d’engendrer les amples méditations et les gazelles.

***

La guerre va maintenant finir. Les fusils se tairont et je veux croire la poudre désormais pour les feux de Bengale. Les fusils se tairont, les mots mobilisés deviendront sérénade et rossignols d’amour en permission de nuit. Les fusils se tairont mais les stylos ne se tairont pas. Voici déjà que se réalise la prophétie de Saint-Exupéry : « Une tour à construire… ». L’encre va prendre le relais du sang.

Nous quitterons l’exil. Les plantes transplantées retrouveront leur jardin. Dans la maison à faire et à refaire, chacun, dans la raisonnable humilité de son utilité, aura sa place. Nous reverrons les lieux perdus, les enfers et les paradis dont on nous priva, ces hauts-lieux de ma mémoire et du cœur qui justifièrent notre nostalgie.

L’amour de l’Algérie nous jeta dans les méandres baroques de la dispersion. Nous n’avons pas fui le drame puisque nous le portons en nous, puisque nous le transportons avec nous, puisque nos romans et nos poèmes contribuèrent à la faire connaître, puisque de chauds témoignages m’affirment que ces romans et ces poèmes entretinrent l’espoir chez ceux qui certes n’en manquaient pas mais qui trouvèrent dans leurs hirondelles une raison de plus de croire au printemps. Je pense à ces lettres adressées des prisons, à ces messagers venus d’Algérie, de France, d’Europe, ces lettres, ces messages qui étaient autan de bons-points et de billets-de-satisfaction pour les élèves et les leçons que nous sommes.

Ces lettres, ces messagers qui étaient autant de conseils et d’exigences.

Nous quitterons l’exil, non pas pour un pèlerinage, pas même pour un retour aux sources car nous n’avons jamais quitté les sources, mais parce que, fourmis et cigales tout à la fois, nous sommes des fourmis et des cigales conditionnées, parce que l’arbre a besoin de ses racines et des racines de leur sol, parce que la Patrie stade élémentaire, précis et glorieux de sa réalité, est un phénomène quasiment biologique. J’ai dit tout à l’heure : orphelins de lecteurs. Que tous ceux et toutes celles qui ont eu la bonté et la curiosité de suivre ma démarche littéraire me comprennent et me pardonnent.

Des lecteurs, nous en avons, nous en avons même beaucoup, en Algérie, en France, et un peu partout ailleurs. Nous savons que l’intérêt que nous suscitons, que l’attention qu’il nous arrive d’attirer, ne sont pas purs de toute sympathie politique et débordent la personnalité du poète et du romancier. A travers nous, c’est l’Algérie qui souffre et qui lutte que l’on salue : Nous sommes les tristes bénéficiaires d’une actualité bouleversée et bouleversante.

Des lectures, nous en avons, nous en avons même beaucoup et nos éditeurs qui sont parfois, qui sont presque toujours nos amis, ne s’y sont pas trompés qui ont concilié les exigences techniques de leur choix qualitatif et l’opportunité politique de leurs publications. Qu’il me soit permis ici de rendre hommage à tous ceux d’entre eux qui surent prendre d’énormes risques physiques et matériels pour rester fidèles à un humanisme traditionnel et d’avant-garde.

Des lecteurs, nous en avons, nous en avons même beaucoup, mais personne ne m’empêchera de répéter que nous sommes, par la force des choses, orphelins de vrais lecteurs. Car ceux pour qui nous écrivons d’abord ne nous lisent pas et probablement ne nous liront jamais. Parce qu’ils ignorent, dans la proportion de 95%, nos existences mêmes. Ces lecteurs qui, ajoutant une syllabe à leur nom, sont devenus les fossoyeurs bénis de tous les impérialismes, ces lecteurs qui, troquant le mancheron de la charrue pour la crosse du fusil, ont étonné le monde entier et forcé le respect du général De Gaulle lui-même. Ces lecteurs qui vivent et n’écrivent pas l’histoire – on ne peut pas faire deux choses à la fois -, ces lecteurs qui ne nous lisent pas, qui ne peuvent pas nous lire et qui pourtant sont notre raison d’être, notre raison d’écrire, la cause et le but de la Révolution Algérienne : Les Fellah.

***

J’entends d’ici l’objection et elle est de taille si l’argument pue la mauvaise foi :

- Cet Algérien qui partit avec votre livre sous le bras, vous aurait-il lu davantage si vous écriviez en arabe ?

- Evidemment non.

Ce qui n’explique rien. Pourtant l’explication est facile, simple, banale même dans son évidence :

Le colonisé s’est vu spolié de son patrimoine culturel comme il s’est vu privé de ses terres. On l’a exproprié de ses biens, qu’ils soient fonciers ou culturels. Il fallait sinon tuer – car l’esprit ne meurt pas – son âme, mais tout faire pour la mettre en veilleuse, pour l’éteindre.

Le processus de colonisation est d’une logique rigoureuse : c’est un processus d’implantation. De la même manière que le vainqueur amène le drapeau du vaincu pour hisser le sien à sa place, il va démanteler, contrarier, interdire tout ce qui était et aurait pu être la preuve et le véhicule d’une pensée autochtone originale, d’un ensemble national.

Mais dans la nuit noire du régime colonial, l’Islam veillait.

***

Dans l’explication du réveil des nationalités et des luttes d’émancipation politique, il est un phénomène dont on a souvent négligé l’importance : le phénomène religieux. C’est un fait établi : l’actuelle révolution algérienne est une révolution laïque. Mais ce n’est pas fausser la destination et les origines de cette révolution que de rendre à l’Islam la grande place qui lui revient dans la conservation des valeurs traditionnelles et la défense de ce qui pouvait être encore sauvé.

La religion coranique, gardienne tutélaire de la langue, s’est vue contrôlée, véritablement gérée par la puissance occupante. Les Ouléma furent persécutés et il s’en est fallu de peu pour que le grand patriote, le grand défenseur de l’Islam rajeuni, le Cheikh Benbadis ne meure dans les prisons qu’il venait à peine de quitter. D’ailleurs, l’un de ses disciples et successeurs à l'Institut de Constantine qui porte son nom, Ahmed Rida Houhou fut assassiné au cours des massacres de mars 1956, dans la même ville.

Il est significatif que des trésors d’architecture comme les mosquées d’Alger et de l’antique capitale de la Numidie furent littéralement, au mépris de tout respect sacré, détournés de leur destination première pour devenir des cathédrales ou des synagogues.

En s’attaquant à l’Islam, l’impérialisme agissait moins par intolérance religieuse que par prévoyance, que par stratégie politique. Le rêve du cardinal de La Vigerie rejoint celui du maréchal Bugeaud : le fusil et la charrue demandant leur aide à l’épée et à la croix.

C’est là un exemple primordial de cette tentative de décoloration nationale, de désoriginalisation historique.

On ne répétera jamais assez que durant les 124 ans de l’éclipse coloniale, cette parenthèse d’asphyxie culturelle et politique qui s’étend du 5 juillet 1830 au 1er novembre 1954, on ne répétera jamais assez la grande part que prirent en Algérie l’Islam et ses serviteurs pour conserver à ma patrie profanée ses dernières caractéristiques propres, son ultime originalité, sa spécificité quotidienne, son authenticité culturelle et en fin de compte ce qui lui restait d’unité organique et de monolithisme dans son expression constitutionnelle : sa langue.

***

Car une langue ne se tête pas seulement au sein maternel. Elle ne s’apprend pas uniquement dans la cellule restreinte et indigente d’une famille elle-même noyée dans un contexte intellectuellement appauvri, dénaturé, abâtardi. Une langue s’apprend aussi à l’école, au lycée, à l’université. Est-il besoin de rappeler le nombre d’enfants algériens non scolarisés et celui encore plus ahurissant des gamins ayant pu obtenir le certificat d’études primaires, ayant franchi le cap des bachots, ayant accédé à l’enseignement supérieur. Bien plus important et plus grave, en même temps que stupide, c’est le contenu même de l’enseignement et ses méthodes qui sont en cause.

Dès l’école primaire, cet enseignement se faisait en français avec interdiction d’avoir recours à l’arabe, même pour des facilités pédagogiques. On ne faisait qu’effleurer à la fin du cours moyen 2ème année, la Géographie ou l’Histoire de l’Algérie. Dans les lycées, l’arabe s’enseignait et s’apprenait comme une langue étrangère. Les autres disciplines, Sciences, Mathématiques, etc. se faisaient en français. Notre langue maternelle était en exil dans son propre pays. Par ailleurs, la presse, la radio, les conférences, les films, le théâtre, la publicité sur les murs, les formalités qui vont d’un mandat-poste à l’état-civil, tout ce qui s’écrit, depuis, le « défense d’afficher » jusqu’aux plaques des rues, tout, absolument tout, était privilège et monopole de la langue française.

Il fallait voir, il n’y a pas très longtemps encore de cela, comment des instituteurs, débarqués de quelque Poitou ou de quelque Normandie, traitaient d’abrutis des gosses affamés d’instruction comme ils l’étaient de nourritures terrestres. Il ne s’agit pas bien sur de jeter l’anathème sur le corps enseignant et de démagogiquement généraliser. Mais qu’on le veuille ou non, et quelle que soit sa vocation originellement libérale et respectueuse des valeurs d’autrui, il se trouve que ce corps enseignant, même lorsqu’il en limitait les dégâts, faisait partie du dispositif colonial et contribuait par là même, en symbiose avec les autres administrations, à l’entreprise concertée de décoloration et de désoriginalisation qui est la raison d’être de ce phénomène colonial.

***

Chaque loterie nationale a ses approchants. Nous, écrivains algériens, nous sommes des approchants. Je le répète, mon grand-père ne m’a jamais lu comme il n’a jamais lu Mohamed Dib, Kateb Yacine, Henri Kréa ou tel autre de ces clair-chantants, de ces plain—chantants, dont le talent n’est pas en cause et dont la bonne foi, le courage et l’audace font que je me réchauffe au grand feu d’amour-propre satisfait. Je salue l’éloquence de tous ces muets ! Je salue ces bâtards, ces princes des bâtards ! Je salue leur démarche. Et je comprends la surdité des sourds. Je suis incapable de raconter en arabe ce que je sens en arabe.

Voilà les phénomènes ! Le colonialisme étant une pathologie de l’histoire, il n’est pas étonnant que, dans une certaine mesure, ses produits, passifs ou en réaction, se définissent à une échelle pathologique. Je suis persuadé que des écrivains algériens chanteront dans leur langue, la langue arabe, pour le meilleur enrichissement de la langue des autres. L’unisson dans la symphonie algérienne ne proviendra pas des paroles de cette symphonie mais de l’unanime musique. Il n’y a jamais assez de voix pour pareil chœur. Quant aux inquiets, je leur dirai : l’Algérie n’ayant pas l’intention de coloniser la France, je ne vois pas pourquoi et comment la langue arabe menacerait la langue française et plus généralement le potentiel culturel français. D’autre part, 124 ans de coexistence ont créé des liens et la réalité d’une minorité européenne considérable fera qu’il faudra bien régler les questions du bilinguisme. Ce sera là une simple modalité de commodités pratiques et en aucun cas un problème pouvant inquiéter les deux blocs ethniques. Car il est évident que l’Algérie nouvelle ne comprendra pas deux communautés mais une seule, la communauté algérienne, une et indivisible, que ses éléments soient arabophones ou francophones.

A ce sujet, les expériences théâtrales de Mustapha Kateb sont d’une audace très riche d’enseignements. Ce grand artiste qui affirmait : « Nous avons résisté à Bugeaud mais pas à Molière » poursuivait « Molière (en Algérie) est le plus apprécié. Il y a là un merveilleux anachronisme… L’homme qui avait soutenu les premiers pas du théâtre français et qui l’avait conduit à maturité, allait retrouver sa jeunesse dans une société qui n’était guère différente de celle qui refusait à Jean-Baptiste la dérisoire consécration d’un corbillard officiel. Pour le peuple algérien, Molière n’est pas un étranger, il n’a rien à voir avec la puissance colonisatrice ; il nous apporte de sa propre persécution, et il nous enseigne que le premier ennemi, c’est l’ennemi intérieur : le seigneur et le féodal qu’il avait su démasquer en France et qui, en Algérie, tendait les bras aux conquérants… ».

Encore cette réflexion de Mustapha Kateb : « On ne peut intégrer un peuple ; mais le peuple algérien a intégré Molière ».

Et plus loin, ce cri bouleversement : « Le pays saura un jour tout ce qu’il doit à une poignée de naufragés qui se sont accrochés à des épaves de l’ancien enseignement traditionnel ainsi qu’à l’école coranique, à ceux qui, ne voulant pas désespérer, allèrent continuer à apprendre leur langue maternelle dans les archaïques universités d’« El-Karaouyine », et de « la Zitouna », et d’autres, plus audacieux, jusqu’au Caire ».

Le peuple algérien, en déclenchant l’irréversible processus de décolonisation, se bat pour son droit à la liberté. Descendue de ses nuages métaphysiques, la Liberté signifie pour lui le Droit à son Existence Propre et la langue arabe est une des manifestations de cette existence originale. Qu’on le veuille ou non, qu’on l’admette ou non, dans sa grande majorité, l’Algérie est arabophone. Et la reconnaissance de la langue arabe comme Langue Nationale ne saurait mettre en péril et en difficulté la langue française qui, qu’on le veuille ou non, qu’on l’admette ou non, fait désormais partie de notre patrimoine national.

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Gabriel Audisio me citait un jour une de ses propres phrases qui résume assez bien sa pensée : « La langue française est ma patrie ». Je me souviens de lui avoir répondu :

- La langue française est mon exil.

Je respecte et comprends cette définition de Gabriel Audisio d’autant plus qu’un écrivain de son âge, surpris et bousculé par l’Histoire, peut pour éviter certains déchirements, se réfugier dans cette patrie supra-nationale dont les contours géographiques et le contenu historique seraient ceux du rivage méditerranéen. Personnellement mon cœur et mon stylo sont sollicités par une seule nostalgie : la langue qu’on parle dans ce que j’appelle avec une triste obstination : LA RUE DES ARABES.

***

Ma patrie, c’est l’Algérie. L’Algérie de demain, quand le fait de se dire Algérien ne tombera pas sous le coup de je ne sais quelle atteinte à la sûreté intérieure d’un Etat que je respecte, d’un Etat dont je souhaite l’amitié et à qui je propose la mienne, mais un Etat que je ne reconnais pas comme étant le mien ou ayant des droits sur moi. Ma patrie, c’est l’Algérie. Et l’amour que je lui porte ne met pas en péril le pays de Moselle ou le ciel de Loire. Il s’agit de l’Algérie de demain et surtout de celle d’aujourd’hui, sublime dans sa colère et dans son sacrifice. Cette Algérie d’aujourd’hui qui a réinventé le mot d’Homme. Mais il s’agit en premier lieu de l’Algérie d’hier, d’avant le débarquement de Sidi-Ferruch. Cette Algérie qui ne savait pas encore que nos pères étaient gaulois…

Je m’honore d’être un conservateur et je ne rêve pas d’un pays libéré qui serait la réplique de celui qui justement l’enferma dans son ombre en le condamnant à végéter, privé de ses structures, de ses traditions, de ses formes élaborées de sensibilité, de sa manière de croire en Dieu et de ses façons de réagir aux grands thèmes éternels.

L’impérialisme serait gagnant si par malheur, je dis bien par malheur, le vaincu ressemblant au vainqueur abandonnait ce qui fait l’essence de sa personnalité historique et géographique. Pour moi l’avant-garde, c’est le retour au passé et, je demande aux mauvais plaideurs de m’épargner un méchant procès. Qu’on ne vienne pas parler du voile de la femme arabe – indépendamment du fait que je trouve cette toilette très belle – ou de toute autre billevesée qui aboutirait à confondre Libération et Occidentalisation en retenant pour critère de cette dernière des valeurs qui ne sont pas traditionnellement les nôtres. Il ne s’agit évidemment pas d’opposer deux civilisations mais tout simplement de respecter la personnalité de chacune d’elles.

Je suis en exil dans la langue française. Mais des exils peuvent ne pas être inutiles et je remercie sincèrement cette langue de m’avoir permis de servir ou d’essayer de servir mon pays bien-aimé. Lorsque la paix et la liberté s’affirmeront sur ma patrie, je dirai encore, comme je ne cesse de le dire, que mon amour pour les Aurès n’est pas incompatible avec l’émotion que j’éprouve devant Vercors. Il n’y a pas très loin de Jeanne d’Arc à la Kahina, du colonel Fabien au colonel Amirouche, de Jean Moulin à Ben M’hidi, de Kateb Yacine à Peul Eluard. Comme il n’y a pas très loin du plus Français des Français, clamant son espoir d’un micro de Londres, Charles de Gaulle, au plus Algérien des Algériens, clamant ses certitudes d’un micro de Tunis, Ferhat Abbas.

Mais tout est là, pour nous écrivains algériens, qu’un véritable humanisme peut s’exprimer en arabe. Et, malgré ou à cause de ce défaut de langue que nous devons au colonialisme, nous posons cette question : quels sont les écrivains algériens ?

***

N’est pas totalement Algérien qui veut. Nous, écrivains d’origine arabo-berbère, avons été amenés à chanter dans une langue merveilleuse entre toutes, mais qui historiquement n’est pas notre langue maternelle. Et ce qui différencie les écrivains arabo-berbères des autres écrivains algériens, c’est moins leurs préoccupations politiques plus anciennes et plus aiguës que leur nostalgie d’une langue maternelle dont nous avons été sevrés et dont nous sommes les orphelins inconsolables.

Avec les écrivains algériens d’origine européenne qui ont choisi l’Algérie comme patrie, nous n’avons que l’avenir en commun. Ce qui n’est déjà pas si mal.

La marque indélébile de l’Islam nous distingue mais ne doit pas nous séparer. Notre folklore, nos modes de penser et de sentir, et partant, d’agir, nous sont propres. Même en nous exprimant en français, nous transportons le Rêve, la Colère et la Complainte sortis des siècles et des siècles de notre Histoire nationale. Que l’on ne nous dise pas surtout que l’Algérie n’a jamais constitué une Nation ou, ce qui est pire, qu’elle n’était jusqu’à ces dernières années, selon la formule d’un marxiste, Maurice Thorez…, « qu’une Nation en formation ».

L’Occident, se donnant comme modèle, ravagé par son égocentrisme et son anthropomorphisme, mû par son goût morbide des projections, animé par un sénile paternalisme conquérant, l’Occident n’a jamais admis qu’il pouvait exister d’autres formes d’Etat et d’autres manifestations nationales de son existence que les siennes. Il avait même monopolisé l’Humanisme.

En vérité, vaincue par les armes, l’Algérie s’est vue dissoudre dans le bon plaisir du vainqueur qui substitua ses structures en même temps que son drapeau et sa langue nationale. Il existe suffisamment de par le monde de documents authentiques et solennels pour affirmer l’existence avant 1830 d’un Etat algérien, sur le plan interne et sur le plan international. A nos juristes d’en faire la rigoureuse démonstration et de rétablir une fois pour toutes les faits.

***

Ce qu’il convient surtout de noter, c’est que même s’exprimant en français, les écrivains algériens d’origine arabo-berbère traduisent une pensée spécifiquement algérienne, une pensée qui aurait trouvé la plénitude de son expression si elle avait été véhiculée par un langage et une écriture arabes.

Je pourrais demeurer cinquante ans dans cette Provence que j’aime et que je comprends, cette Provence qui inspire nombre de mes livres, sans pour autant être un poète provençal. L’amour que portait par exemple une Isabelle Eberrarht à l’Algérie ne suffirait pas à en faire une Algérienne. Je connais de merveilleuses pages de Guy de Maupassant inspirées par Constantine qui pourraient très bien figurer dans un recueil de textes consacrés à l’Algérie mais en aucun cas dans une anthologie d’écrivains algériens.

La nationalité littéraire n’est pas une formalité juridique et ne relève pas du législateur mais de l’historien. La naturalisation confère un statut mais n’affecte pas l’essence même d’une personnalité. L’adaptation n’est que superficielle, apparente. On pourrait nous croire à l’aise, détendus, satisfaits, il n’en est rien.

Très souvent, en discutant avec des écrivains de France, amis ou adversaires, j’ai nettement l’impression que cette discussion se déroule en français et pourtant que nous ne parlons pas la même langue. Nous chargeons les mots d’un contenu et nous leur donnons un sens que l’expression française ne traduit pas totalement.

Nous nous faisons comprendre. Les mots, nos matériaux quotidiens, ne sont pas à la hauteur de nos idées et encore bien moins de nos sentiments.

Il n’y a qu’une correspondance approximative entre notre pensée d’Arabes et notre vocabulaire de Français.

Voilà la raison majeure de ce manège désolé qui fait que LES ZEROS TOURNENT EN ROND.

Malek Haddad
Ecrivain algérien (1927-1978)

Le ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas, à propos de la célébration du cinquantenaire : “Les festivités seront à la hauteur de l’événement”

«La célébration du 50e anniversaire du recouvrement de notre indépendance nationale rend nécessaires la jonction de tous les efforts, la mobilisation de toutes les énergies, pour conférer à cet événement grandiose, la signification qui lui sied et l’intérêt qui doit lui être consenti.»

PUBLIE LE : 24-06-2012 | 0:00

 
«La célébration du 50e anniversaire du recouvrement de notre indépendance nationale rend nécessaires la jonction de tous les efforts, la mobilisation de toutes les énergies, pour conférer à cet événement grandiose, la signification qui lui sied et l’intérêt qui doit lui être consenti.»
C’est un message essentiel qu’a voulu transmettre le ministre des Moudjahidine, M. Mohamed Cherif Abbas, dans le cadre de l’émission télévisuelle «Rencontre avec la presse», animée par la journaliste Thouraya Zerfaoui. S’agissant des préparatifs de ces festivités, le ministre des Moudjahidine a indiqué qu’ils sont confiés à une commission nationale, assistée de commissions de wilaya. A cet effet, un document-programme de 200 pages a été dressé et sera publié  incessamment. Il renferme toute la panoplie des festivités (conférences nationales et internationales, éditions et traductions de livres et autres  publications sur l’histoire du Mouvement national et la lutte de libération, produits audiovisuels, soirées artistiques, épopée historique et artistique… ). C’est un programme qui prend en charge l’aspect historique  et le second volet concerne les réalisations concrétisées par notre par notre pays depuis son accession à la souveraineté nationale. «Ce document sera mis à la disposition des médias», déclare le ministre.

Une attention concrète pour le secteur de l’audiovisuel
Ce programme accordera un intérêt palpable au secteur de l’audiovisuel. A ce titre, des films longs métrages et des documentaires sont réalisés ou en voie de l’être, souligne M. Mohamed Cherif Abbas. Ce sont 100 documentaires et des films sur les symboles de notre lutte de libération nationale, comme Mostefa Ben Boulaïd, le colonel Amirouche, Krim Belkacem, le colonel Lotfi, Didouche Mourad, Mohamed Larbi  Ben Mhidi, Zighoud Youcef… Des étapes historiques amplement emblématiques sont traitées également dans le sillage de cette production audiovisuelle, fait remarquer le ministre,  comme les négociations entre le Front de libération nationale et les émissaires français, le Congrès de la Soummam… L’audiovisuel a mis en valeur des potentialités juvéniles prometteuses qui vont impulser une nouvelle dynamique dans ce secteur. L’occasion est offerte au ministre pour lever un certain malentendu. Il n’y a pas de décision politique préméditée,  tendant à retarder le traitement de notre mouvement national sous l’angle de la production filmographique et documentaire. Ce fut le cas durant les années 1960-70, mais la situation a complètement changé. En témoignent les conférences et autre colloques et rencontres organisés depuis les trois dernières décennies, et dont les travaux sont consignés dans des documents portés à la connaissance du public. Il y a   des livres et des mémoires rédigés par les acteurs de cette lutte de libération qui sont édités. M. Mohamed Cherif Abbas évoque la contribution  du Centre national des études sur le Mouvement national et la Révolution de Novembre 1954, placé sous la tutelle du ministère des Moudjahidine. Cette structure rassemble 72 cellules de recherche qui œuvrent dans le champ de la recherche historique et dont les travaux sont portés à la connaissance de nos concitoyens. Toutefois, le ministre ne s’exonère pas de dire à ses interlocuteurs, que l’histoire n’est pas l’apanage d’un  seul secteur, mais il y a une pléthore d’écrivains, de chercheurs et autres historiens qui sont concernés par la question de l’écriture de notre histoire. La Constitution impose, d’ailleurs, l’enseignement de cette histoire à nos élèves scolarisés.

Un intérêt accru pour l’édition et la traduction d’ouvrages
 La  célébration de ce 50e anniversaire offrira l’occasion idoine de procéder à une œuvre substantielle d’édition et de réédition de quelque 500 livres d’histoire, ainsi que la concrétisation d’un travail conséquent de traduction de documents liés aux questions d’ordre historique. Cette tâche est d’autant nécessaire qu’outre-Méditerranée, il y a des manifestations qui sont organisées dans ce cadre, mais qui n’en sont pas moins dénuées d’arrière-pensées. Dans la mesure où elles tentent d’accréditer des thèses erronées sur la prétendue mission civilisatrice du colonialisme français en Algérie, observe M. Cherif Abbas. On tente de mettre sur le même pied la victime et son bourreau. Vaine préméditation, car la Révolution a éliminé par les armes le colonialisme qui était à cent lieues de sa prétention à promouvoir la science, la civilisation et l’urbanité sur notre terre. Pour ce qui nous concerne, on va mettre en lumière les sacrifices consentis par notre peuple pour accéder à son indépendance et arracher sa liberté spoliée, car  notre révolution est un événement majeur dans ce XXe siècle. Cela étant, le ministre n’a pas mis sous le boisseau des initiatives encourageantes qui sont orchestrées France, qui  sont marquées du sceau d’une certaine probité.

Chaînes thématiques historiques : oui mais…
Abordant la question de la création éventuelle de chaînes thématiques historiques, le ministre s’est montré quelque peu réservé, car, de son point de vue, il ne s’agit pas de lancer des projets de ce type, encore faut-il en assurer une constance et une régularité dans la programmation d’émissions, de produits divers à l’effet de pourvoir la chaîne TV. Ce qui n’est pas encore évident. L’idée est louable en elle-même, mais il faut lui garantir toutes les conditions de son succès. Le ministre des Moudjahidine a déclaré que le spectacle de l’épopée historique et artistique sera montré au public durant trois nuits à Alger, au Casif, puis ce sera le tour de la ville de Constantine durant trois nuits et à Oran pour la même période. Une représentation de ce spectacle est prévue dans le cadre de la tenue du Festival de Timgad.Le ministre a eu à répondre sur le sujet de la création d’une école nationale d’écriture de l’histoire. C’est un domaine délicat, a-t-il rétorqué, dans la mesure où il y a la question des sources de documentation. Le dossier de la restitution de nos archives transférées en France a été évoqué. A ce propos, le ministre a fait une distinction entre deux types d’archives. Celles qui sont la propriété de ’Algérie, et celles produites depuis la colonisation du pays jusqu’à son indépendance qui lui sont propres et les archives du colonialisme jusqu’à l’indépendance. Il a cité également les archives qu’il a qualifiées de  matérielles, à l’exemple du  canon de Baba Marzouk. M. Mohamed Cherif Abbas a ajouté, concernant la question des archives, que les colonialistes se sont toujours arrogé le droit injustifié de prendre par la force les biens et les patrimoines des pays conquis. Pour ce qui a trait aux fonds archivistiques   conservés dans le Centre des archives nationales, ils sont mi à la disposition des usagers et des chercheurs  spécialisés. «Nous avons entrepris un travail de collecte et de recueil de documents qui constituent les matériaux de base pour l’investigation scientifique. Nos colloques et autres rencontres historiques sont autant de sources de documentation à l’intention du public intéressé.»
Le ministre cite quelques exemples non exhaustifs de thèmes d’études comme  la question du foncier en Algérie, le rôle des zaouïas dans le mouvement national et d’autres sujets de préoccupation scientifiques et historiques. Les résultats de ces colloques et autres rencontres sont imprimés et édités.
En dernier lieu, le ministre a exhorté nos compatriotes à participer en force à cet événement de la plus haute importance qui sera célébré durant toute l’année. Ce sera la fête de l’Algérie.

M. Bouraib