30 mars 2014

A l'occasion de l'inauguration du forum culturel du Mont Amel et l'ouverture du théâtre « al-Intissar » (la victoire : ndlr) dans le village du Sud Liban, Aynata, le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a prononcé le discours suivant :

«Le projet sioniste a toujours menacé notre région arabe et notre pays. La seule option toujours disponible devant le peuple libanais est la résistance dans toutes ses dimensions. La résistance est une culture. L'action militaire directe, le jihad, l'attachement à la terre occupée, le consentement des sacrifices, tous ces facteurs reflètent l'esprit de la résistance. La polémique autour de la résistance n'a rien à voir avec notre intervention en Syrie, ni aux années 2006, ni 1982. Depuis la mise en place de l'entité usurpatrice sioniste en Palestine, la polémique sur la résistance est née. Cette polémique datait de l'époque de Sayed Moussa Sadr, même avant, et avant le début de l'action du Hezbollah et du mouvement Amal, ce débat existe depuis 1948. J'ai toujours dit qu'il n'y a eu jamais d'unanimité nationale sur la résistance. Ce prétexte est trompeur. Ceux qui s'opposent à la résistance étaient depuis toujours opposés à l'action de cette résistance. Le fait de prétendre que l'opposition à cette action est née à cause de l'intervention du Hezbollah en Syrie est erroné. Cette résistance est cet esprit culturel et politique capable de rassembler tous ceux qui y croient, bien qu'ils soient opposés idéologiquement ou politiquement.

La résistance libanaise est présente au Liban dès le début de l'occupation, soit depuis 1948. Nombreux sont les Libanais qui ne connaissent rien des souffrances, des injustices, des massacres, des humiliations qu'ont subis les habitants du Sud, des agressions israéliennes contre les institutions de l'Etat. Pour certains Libanais, les agissements israéliens contre le Sud du pays ne sont qu'une riposte aux agissements des factions palestiniennes au Liban.

Cette résistance à laquelle nous croyons a donc commencé en 1948. L'attachement des habitants du Mont Amel à leurs terres occupées était une forme de la résistance disponible à l'époque. Ceux qui mouraient dans leurs maisons à cause des bombardements sionistes dans les villages du Sud, ceux qui acceptaient de souffrir des maladies pour ne pas se procurer de médicaments de cette entité sioniste ... tous ces facteurs représentent une forme de la résistance.

Malheureusement, les médias de l'autre camp continuent leur campagne contre la résistance. Si vous avez des différends avec le Hezbollah, parlez du Hezbollah et non de la résistance. Mais leur véritable problème réside avec la résistance.

L'équation « armée-peuple-résistance » a réussi à libérer la terre, là où le monde entier a échoué. La résistance, à côté de l'armée et du peuple, a permis de protéger les frontières du Liban. Personne n'est en mesure de négliger le statut du Liban parce que ce pays renferme de l'or, avant qu'il renferme le pétrole. Cet or n'est que la résistance. Et l'or restera de l'or quelles que soient les qualifications de certains. Si quelqu'un prétend que l'or est du bois, ceci ne signifie pas que l'or a perdu sa valeur. Au Liban, il existe de l'or plus précieux qu'ailleurs. Alors que le bois a été utilisé pour faire des cercueils aux officiers et soldats sionistes qui ont osé entrer au territoire libanais.

Par contre, dites-nous quels sont vos exploits ? Cette résistance restera forte, tenace et ferme et préservera les terres du pays. Le sujet des menaces israéliennes ne doit faire peur à personne. Les intimidations évoquées par certains sur une possible guerre israélienne contre le Liban ne sont pas exactes. Les calculs israéliens prennent en considération la disposition de la résistance à riposter fermement à toute agression. La résistance est aujourd'hui plus forte qu'à l'époque de 2006, sur le plan des capacités militaires, logistiques et même au niveau du nombre des combattants. L'ennemi est au courant des capacités grandissantes de la résistance.

Toute la campagne actuelle contre la résistance est focalisée sur le combat du Hezbollah en Syrie. D'aucuns disent que cette intervention en Syrie a ôté toute légitimité à la résistance. En réalité, l'opposition de ceux-ci n'est pas à l'intervention militaire qui est venue en retard par rapport aux autres parties politiques libanaises. Le véritable problème de ceux-ci est l'opposition à la position politique du Hezbollah sur la Syrie, l'opposition à nos choix stratégiques.

Donc, la position politique est derrière la campagne contre nous. Il fallait que nous nous fléchissions devant la tempête qui a frappé la région. Nous avons refusé de nous fléchir. Nous avons adopté une position politique qui rejette l'idée du renversement du régime en Syrie, et qui appelle aux réformes et au dialogue.

Notre première intervention en Syrie date de l'arrivée des groupes terroristes armés à quelques mètres du mausolée de Sayeda Zeinab, la petite-fille du prophète Mohammad. Nous avons senti que la destruction de ce mausolée provoquera une division sunnite-chiite dans la région.

Nous sommes allés pour défendre un mausolée respecté et vénéré par tous les musulmans, alors que la Turquie a menacé ces derniers jours d'une guerre régionale si le groupe d'al-Qaida, EIIL, détruit une tombe d'une personnalité turque morte, et que les peuples arabes entière ne connaissent pas.

Face à l'ampleur de l'intervention internationale et régionale en Syrie, il n'est plus question de débattre de notre participation en Syrie. Tout le monde combat actuellement en Syrie l'axe de la résistance. Trois ans après la guerre en Syrie, le sommet arabe appelle à une solution politique dans ce pays. Vous avez eu besoin de trois ans de guerre, de destructions, de divisions, de souffrances, pour appeler enfin à une solution politique.

Dès le début, nous avons dit que la guerre en Syrie attise les divisions sectaires et menace les pays de la région voire du monde. Après trois ans de financement de groupes armés et de sabotage de la solution politique, vous venez de dresser une liste d'organisations terroristes dans laquelle vous placez les groupes d'al-Qaida, l'EIIL, le front al-nosra et les Frères musulmans. Qui restent donc en Syrie parmi les groupes armés non terroristes ?

Le courant takfiri combattant contrôle le terrain en Syrie, regardez comment les groupes takfiris s'entretuent pour de simples différends structurels, comment vont-ils préserver la vie des Libanais, des Syriens ou des autres peuples ?

Face à cette réalité, j'appelle l'autre camp politique au Liban à faire une révision de leur position. Ceux qui répètent que le problème au Liban c'est que le Hezbollah est intervenu en Syrie, je leur affirme : le véritable problème c'est que le Hezbollah a pris du temps pour entrer en Syrie.

Sachez que si le courant terroriste takfiri remporte en Syrie, nous serons tous éliminés. Demandez aux partis islamistes non takfiris comment vivent-ils en Syrie, en Irak et ailleurs. Si l'axe de la résistance remporte en Syrie, nous allons être tous à l'abri des menaces au Liban. Cet axe ne cherche pas de vengeance.

Au Liban, nous devons profiter de l'occasion de la formation du gouvernement. Nous devons collaborer ensemble sur le dossier sécuritaire dans le pays, nous devons aborder les volets vital, social et économique. Venons-nous concerter ensemble pour élire un nouveau président. Le Liban peut se mettre à l'abri de ce qui se passe en Syrie.

A la lumière des changements en Syrie, venons ensemble nous mettre à l'abri de la guerre dans ce pays. Que Dieu préserve la Syrie et son peuple, mais profitons au Liban de cette occasion pour dialoguer calmement. Cessez les discours haineux. N'attendez pas de changements majeurs dans la région et ne misez pas sur ces changements. Quant à l'élection présidentielle, nous sommes pour une élection même anticipée d'un nouveau chef d'Etat».

Source : Al-Ahednews

أنا الأرض
 ...
يا أيّها الذاهبون إلى حبة القمح في مهدها
أحرثوا جسدي !
أيّها الذاهبون إلى جبل النار
مرّوا على جسدي
أيّها الذاهبون إلى صخرة القدس
مرّوا على جسدي
أيّها العابرون على جسدي
لن تمرّوا
أنا الأرض في جسد
لن تمرّوا
أنا الأرض في صحوها
لن تمرّوا
أنا الأرض .
يا أيّها العابرون على الأرض في صحوها
لن تمرّوا
لن تمرّوا
لن تمرّوا ..

محمود درويش

27 mars 2014

Ghannouchi dans الغنوشي يتدخل من جديد في الشأن السوريles affaires de la Syrie

27-03-2014-18:20: الغنوشي يتدخل من جديد في الشأن السوري وسط محاولات من حكومة جمعة تحسين العلاقات مع سوريا
  تونس-افريكان مانجر
استغرب مراقبون تصريحات راشد الغنوشي, رئيس اكبر حزب في تونس (حركة النهضة) , مطالبته كل من دولة ايران و حزب الله بالانسحاب من الصراع السوري في الوقت الذي تعمل فيه القيادة السياسية الجديدة في تونس برئاسة مهدي جمعة على تحسين العلاقات الديبلوماسية التونسية ومنها السورية بعد ما ساهمت "حكومة الترويكا " في تأزم العلاقات الدولية التونسية
.
الغنوشي يشاكس الدول العظمى
و قال في هذا السياق رئيس المعهد التونسي للعلاقات الدولية ,احمد المناعي , "لافريكان مانجر" انه من الصعب على الدول "الصغرى " على غرار تونس ان تتبنى "مواقف دولية " تجاه دول كبيرة و تنظيمات دولية لها وزنها السياسي .
و أضاف المناعي بالقول " كان من الأجدر "برئيس اكبر حزب سياسي " في تونس ان يطالب بانسحاب "المقاتلين الإرهابيين " الذين جاءوا من 83 دولة و من بينهم تونس
قرار قطري بامتياز
و أضاف المناعي في هذا السياق أن رأي الغنوشي هذا هو في الحقيقة " رأي دولة قطر التي تتحكم بقوة"المال " في الاحزاب والجمعيات التونسية موضحا بان قرار "حكومة الترويكا " الأول بشأن طرد السفير السوري و قطع العلاقات مع الدولة السورية كان قرارا "قطريا بامتياز
أخلاقيات الغنوشي ليس له حق التدخل في الشأن السوري
من جهته قال الأستـاذ والباحـث فـي التاريـخ الإسلامي ناجي جلول في تصريح "لافريكان مانجر "انه سياسيا من حق الغنوشي إبداء رأيه في القضايا الدولية و لكن أخلاقيا "و السياسة أخلاق " فذلك غير ممكن باعتباره أحد رؤساء أكبر الأحزاب في تونس و باعتبار ايضا أن قيادات حزبه ساهمت في توتير العلاقات التونسية السورية عندما "كانت في حكومة الترويكا
و اعتبر جلول انه كان من الأفضل من رئيس "الحزب الاسلامي بتونس " ان يطلب حلفائه من "الإخوان المسلمين " من الانسحاب من الصراع السوري على اعتبار انه عضو في جماعة الإخوان و عضو في هيئة العلماء المسلمين من جهة أخرى حسب تعبيره
 .
املاءات إماراتية على الديبلوماسية الجديدة
من جهة أخرى اعتبر رئيس المعهد التونسي للعلاقات الدولية أحمد المناعي ان السياسة الديبلوماسية التونسية الجديدة مع الحكومة مهدي جمعة أخذت نفس تمشي "الديبلوماسية القديمة " مشيرا ان الاختلاف الوحيد يكمن في ان "الحكومات السابقة كانت تؤمر من طرف "قطر " بينما الديبلوماسية الجديدة لها ميولات إماراتية، وفق ترجيحه
 .
و أشار في هذا السياق احمد المناعي الى ان وزير الخارجية التونسي منجي الحامدي قال في بداية توليه الحقيبة الوزارية انه سيعمل على إعادة العلاقات التونسية السورية الا ان هذا الموقف قد تغير بعد لقائه بالسفير الإماراتي بتونس ليصبح ان تونس ستكتفي بفتح قنصلية في تونس قائلا ":إن تونس لا تفكر في عودة العلاقات الدبلوماسية مع النظام الحاكم في سوريا
".
المرزوقي و بداية إعلان الحرب الدبلوماسية
و يجدر التذكير بان توتر العلاقات التونسية السورية بدأ بقرار من رئيس الجمهورية منصف المرزوقي بقطع العلاقات السورية التونسية مما تسبب في ما بعد في عدد من النتائج الوخيمة على الجالية التونسية بسوريا وعلى العلاقات التونسية مع بقية الدول المساندة لنظام بشار الاسد و من بينها ايران و روسيا .
مها قلالة

26 mars 2014

Ahmed Manai

د. أحمد المنّاعي (رئيس المعهد التونسي للعلاقات الدولية):«النهضة» حركة جهويّة.. مآل الدساترة التشتّت والطامة الكبرى وصول «الباجي» للرئاسة!

26/03/2014 14:16

لو لم يسقط الإخوان في مصر لتشبّثت «النهضة» بالحكم الى يوم القيامة

 

«التجمّع» لم يكن الحزب الحاكم بل حزب الحاكم


على المرزوقي الاستقالة كارها للرئاسة كان أو راغبا فيها


لا يمكن التنكر لإرث بورقيبة ولا الركوب عليه


ما حدث في عهد بن علي مسؤولية النظام و «التجمع» و «النهضة»


حاوره: محمد بوغلاّب




لم يكن أحمد المناعي في نهاية الثمانينات - وكنت وقتها في أول سن الشباب -شخصا عاديا في قريتنا الهادئة التي يتغنى «كبارها» بأنها قلعة النضال نظرا إلى مشاركة أبنائها في حرب التحرير ضد المستعمر الفرنسي، فقد كنا ننظر بإعجاب إلى أحمد المناعي، فالرجل يعمل خبيرا زراعيا بالأمم المتحدة، على سفر دائم كما أنه لم يستقر سوى حديثا بالقرية لنكتشف أن زوجته من أصل جزائري إسمها مليكة خيار وله ثلاثة أبناء أكبرهم باديس (من مواليد 1969) وبلال والطاهر وبنتان هما أميرة وبشرى ...
ينحدر أحمد المناعي الذي كان أول من تحصل على الباكالوريا في معهد الوردانين سنة 1962 من عائلة لها «سلطانها» ،  فشقيقه محمود من أثرياء القرية وترأس بلديتها لمدة فاقت العقدين، ولأنه من أصحاب الجاه فقد غادر القرية ليستقر بجوهرة الساحل سوسة. أما خاله فهو عبد الله فرحات الذي كان من أعمدة الحكم البورقيبي لأكثر من ربع قرن وشغل لسنوات خطة وزير الدفاع ، وله خال ثان هو محمد فرحات الذي كان الوكيل العام للجمهورية( حتى وفاته سنة 1980) وإكتسب شهرة ذاعت في الآفاق إبان محاكمة الوزير الأول الأسبق أحمد بن صالح ...
كانت كل المؤشرات تنبئ بأن أحمد المناعي الذي إشتغل لسنوات في البنك الدولي والأمم المتحدة خبيرا زراعيا في الجزائر والريف المغربي ودول شرق إفريقيا  مرشح لدور ما في حكم الرئيس بن علي الذي تسلم الحكم في ظل إجماع وطني أو يكاد بعد أن طالت شيخوخة الزعيم بورقيبة وأنهكت مؤامرات قصر قرطاج البلاد فهرب محمد مزالي خلسة وأوشكت البلاد على الإفلاس ...
ولكن الدكتور أحمد المناعي اختار كسيرته طويلا أن يكون سيّد نفسه، فترشح في انتخابات أفريل 1989 ضمن القائمات البنفسجية المستقلة  لتبدأ معاناته وعائلته مع نظام بن علي.
غادر الرجل البلاد بعد أسابيع من الإعتقال ثم  لحقت به عائلته عبر الحدود الجزائرية ليلتئم الشمل في فرنسا، ومنها أعلن عن ترشحه لرئاسية 1994 ثم  اصدر كتابه «العذاب التونسي: الحديقة السرية لبن علي» سنة 1995 الذي زعزع أركان عرش قصر قرطاج ....
لم يتخلف الدكتور أحمد المناعي عن أية معركة ضد بن علي وحسب طويلا على أنه إسلامي نهضوي غير أنّ الرجل ينفي في كل مرة إنتماءه التنظيمي للحركة التي لا يتردد في نقدها بشراسة . وبمناسبة عيد الإستقلال أصدر المعهد التونسي للعلاقات الدولية الذي يرأسه الدكتور أحمد المناعي كتابا بعنوان «البورقيبية والسياسة الخارجية لتونس المستقلة» للمؤرخ الألماني «فرنر روف» .
التونسية إلتقت الدكتور أحمد المناعي في هذا الحوار....

 بماذا يذكّرك تاريخ 14مارس 1997؟ 

 

ـ شهر مارس يذكرني بأحداث كبرى في تاريخ تونس، لكن يوم 14مارس 1997يذكرني بثاني عملية إعتداء تعرضت لها في باريس، كانت عملية أليمة بالنسبة إليّ ولعائلتي وكثير من أصدقائي.

 

ما الذي حدث؟

ـ «كنت نتصور كل شيء» إلا أنك تسألني عن هذا التاريخ، يومها كان يوم جمعة، كنت عائدا لبيتي محملا بـ«القَضْية» وعلى مسافة مترين من مدخل الإقامة، هجم علي شخص وراءه شخص يراقب وثالث في السيارة، هجم عليّ بعصا بيزبول، ضربني على رأسي، سقطت لكنه واصل إعتداءه وكنت احاول التصدي له بساقي ولذلك كانت جل الجروح في مستوى الفخذين ثم إلتحق رفيقه ورشّني بغاز مسيل للدموع وشرع في ضربي بحذائه على أضلعي.

 

ألم ينجدك أحد؟

ـ الحقيقة لم يكن هناك أحد حتى انتبهت السيدة المكلفة بحراسة الإقامة فصرخت وإستنجدت بالسكان، وفي وقت ما غبت عن الوعي ولكن إلى حد ما «كنت نشوف المعتدين».

 

هل تعرّفت على المعتدين؟

ـ عرضت عليّ الشرطة العدلية بفرساي (فرقة مقاومة الإجرام) صور متهمين لكن لم أتعرف على المعتدين من بينهم، ولكن في الإعتداء الأول الذي تعرضت له في 29فيفري 1996 اتذكر انه بعد أشهر صادفت أحد المعتدين الثلاثة في أحد الشوارع ، بقيت للحظات  أحاول تذكر أين شاهدته فاستغل الفرصة للفرار.

 

ماهي جنسية المعتدين عليك؟

ـ توانسة مع الأسف وقد عرفت لاحقا من خطّط لإعتداء مارس 1997.

ماذا كان مصير القضية؟

ـ ظلت سبع سنوات ونصف، ثم وقع حفظها،  أول ما تقدمت بشكاية كانت ضد بن علي لكن تم رفضها لأنه رئيس دولة ويملك حصانة.

من الذي خطط  للإعتداء عليك؟

ـ الرجل مات الآن.

أنا أسألك عن حادثة معينة سواء مات أم ظل على قيد الحياة؟

ـ جاءني أحد الأصدقاء ليبلغني أن من خطط للعملية يعتذر وأنه أجبر على ذلك.

من هو؟

ـ هو طبيب كان كاتبا عاما للجنة تنسيق التجمع بباريس وقبل ذلك كان واليا ، ابلغني لاحقا ان الأوامر جاءته من قصر قرطاج في الثامنة والنصف من صباح يوم 14مارس 1997 بعد ذلك نشرت « le canard enchainé» خبرا مفاده أن المخابرات الفرنسية رصدت مكالمة هاتفية بين قصر قرطاج ومن خطط للعملية صباح يوم التنفيذ ، «ما نحبّش نذكر» اسم من خطط للعملية واشرف على تنفيذها ، هو إعتذر وأنا قبلت اعتذاره.

يوم 14مارس 2014 كتبت تعليقا «أسامح ولكني لا أنسى»، لمن كان موجّها؟

ـ هو تعليق موجه لرئيسة منظمة الدفاع عن التونسيين بالخارج نفيسة ميلاد التي اصدرت بيانا بعد الإعتداء عليّ في 14مارس 1997 قالت فيه إن العملية مرتبة بين المعارضة التونسية نفسها لجلب الإنتباه  وإن النظام بريء منها، أنا لم أطلب منها أن تساندني ولكن كان عليها من باب الحياء على الأقل أن تصمت.

هل إعتذرت لك لاحقا؟

ـ لا، سنة 2011-بعد 14جانفي- إتصلت بها هاتفيا سألتها ما الذي دفعك لإصدار ذلك البيان المناهض أصلا لعمل الجمعية فقطعت المكالمة ولكني مع ذلك أرسلت لها برقية وكالة الفرنسية للأنباء عساها تراجع نفسها.

هل سامحتها؟

ـ بالنسبة إلى هذا الصنف من الناس «صعيب باش نسامح أو ننسى»، كل مرة تعرضت فيها للإعتداء زاد إيماني بأني على حق وبأن القضية التي أدافع عنها قضية عادلة.

 سامحت من دبر لإغتيالك ولم تسامح من أصدرت بيانا ضدك؟

ـ من كان في وضعيتها الاجتماعية لا أدري لماذا تكذب والحال أنها تنتحل صفة الدفاع عن التونسيين بالخارج.

هل تُزعجك عودة التجمع ورموزه إلى الساحة؟

ـ لا ما يقلقنيش.

قضيت جزءا من حياتك منفيا بعيدا عن بلدك و«التجمع» في الحكم والآن تدافع عن عودة رموزه؟

ـ لا أرتاح للأحكام الإطلاقية، «التجمع» في ما أعرف من السياسة التونسية لم يكن الحزب الحاكم بل كان حزب الحاكم ،فهو الأداة السياسية التي إستعملها بن علي ونظامه للحكم. «التجمع» كان مجرد آلة دعاية وتعبئة، لم يكن حزبا حاكما، كون التجمعيين أو فئة منهم إنتفعوا فلا شك في ذلك، ولكن «التجمع» كان فيه كثير من الوطنيين خدموا البلاد 23 سنة من حكم بن علي، لا شك في ذلك ، من حيث يدرون أو لا يدرون ، أنا لا اعفي احدا من المسؤولية عما حدث ولكن يوما ما عليهم ان يراجعوا انفسهم،  انا اعتقد ان مسؤولية ما حدث خلال حكم بن علي يتقاسمه النظام   و«التجمع» وحركة «النهضة». 

انت تساوي بين الجلاد والضحية؟

ـ «النهضة» مسؤولة عن المنعرج الذي عرفته بتونس نهاية 1989.

بن علي كان حاسما للأمر منذ البداية وقرار تصفية «النهضة» كان مسألة وقت لا غير؟

ـ لا، لا، هذا خور، مع الأسف لا يقرأ البعض الأحداث وإن قرؤوا فهم لا يقرؤون ما وراءها حين جاء بن علي كان سيغير بعض الأشياء في المشهد السياسي التونسي.

هل كان بن علي صادقا في ذلك؟

ـ القضية لا تتعلق بالصدق والكذب، أنا أذكر الأحداث بين 7نوفمبر 1987 وانتخابات أفريل 1989 لنتذكر ما حصلت عليه حركة «النهضة»؟ صحيح لم تتحصل على ترخيص ولكن ألا يكون ذلك بسبب إكتشاف المحاولة الإنقلابية 8ـنوفمبر 1987؟ هل سينكرون هذا أيضا؟
ـ «النهضة» تحصلت على ترخيص لجريدة «الفجر» ومديرها حمادي الجبالي ومكنها النظام من بعث الإتحاد العام التونسي للطلبة ذراعها الطالبي في الجامعة، ومكنها من مقعد في المجلس الإسلامي الأعلى(عبد الفتاح مورو) وأمضت «النهضة» على الميثاق الوطني(نور الدين البحيري) كما ان النظام لم يطرح قضية 8نوفمبر على القضاء وانا أعتقد أن ذلك الموقف كان غلطة فادحة من بن علي ، كان ذلك خطأ قاتلا فلو حوكم المتورطون في المحاولة الإنقلابية آنذاك لما وقع ما وقع في 1991، كان بوسع بن علي محاكمتهم ثم إصدار عفو عنهم  كان ذلك سيجنب تونس الكثير من الآلام والجراحات.
أعود إلى قضية «التجمع»، المشهد السياسي في تونس بعد حل «التجمع» بقي فارغا ليس فيه من حزب معتبر إلا «النهضة» بينما الحياة السياسية في تونس تحتاج أحزابا كبرى تتصارع وتتنافس، حل «التجمع» أدى إلى تكسير الماكينة التي كانت قادرة على مواجهة «النهضة» فكان انتصارها في 23 أكتوبر 2011 هي وأزلامها.

تقصد شركاءها؟

ـ هم اكثر زلمية من أزلام النظام البائد.

و«نداء تونس» هل هو البديل لـ «التجمع»؟

ـ لا وستثبت الإنتخابات القادمة التي لا أتوقع أن تنتظم هذه السنة أن «نداء تونس» لن يكون بديلا لـ «التجمع».

انا قصدت أن «النداء» سيكون المعادل لـ «النهضة»؟

ـ هذا ممكن جدا، وربما يفوز بالإنتخابات لكن ما أخشاه بالنسبة للمستقبل أن «نداء تونس» لا أراه قادرا على تغيير الأوضاع الحالية، إلى حد الآن هو حزب بلا روح وبلا برنامج.

أعلن الحزب أنه أعد برنامجا متكاملا؟

ـ البرامج ليست خططا سرية، البرامح السياسية تشرح للمواطنين وتقدم لهم.

هل تعتقد أن المواطن التونسي يهتم كثيرا ببرامج الأحزاب السياسية؟

ـ «صحيح ما عنّاش التقاليد هاذي» لكن نتيجة لما حدث في السنتين الأخيرتين ، كثير من التونسيين سينتخبون حسب البرامج وسينتخب جانب من التونسيين باعتبار أن هذا الحزب أو ذاك قريب من الله ويخاف ربي ويمثل الإسلام هذا ممكن.

والدساترة هل سيتوحّدون؟

ـ الدساترة سيكون حالهم كحال القوميين شتاتا.

لن يتوحّدوا؟

ـ لن يتوحدوا ، هذه حركات سياسية لن تخرج من حدود الولاية أو الجهة تأكد من ذلك.

تقصد أنها حركات ساحلية؟

ـ مع الأسف ،عموما زعماء الأحزاب التي تسمي نفسها دستورية جلها من الساحل ومن الساحل السوسي(مدينة سوسة) تحديدا.

كيف تعلق على رفع الأحزاب الدستورية لشعار بورقيبة والدفاع عن إرثه؟

ـ هؤلاء ليس فيهم من همس بكلمة عن بورقيبة بعد إقصائه من الحكم ، مبدئيا عندما جاء بن علي في 7نوفمبر 1987 كانت الأغلبية الساحقة من التونسيين مع هذا التغيير « الناس ملّت».

كنت من بينهم؟

ـ نعم ، بورقيبة لم يكن بوسعه ان يواصل حكم البلاد وإلا كانت تونس دخلت منعرجا خطيرا وكارثيا ، وأذكر أنه صباح 7نوفمبر 1987 صفّقت لما حدث ومن الغد كنت في منزل شقيقي محمود رحمه الله رفقة عدد من أصدقائه وبلغنا خبر إزالة تمثال بورقيبة من سوسة. شعرت بكثير من الألم لأنه يمكن إزاحة بورقيبة كرئيس طالت شيخوخته لكن لا يمكن أن تزيح ماضيه وتاريخه وتمثاله كان يرمز لبورقيبة قبل 7نوفمبر ولم يكن هناك من داع لإزالته.

إتُهم حامد القروي بأنه وراء إزالة التمثال؟

ـ انا سمعت شهادة المنصف بن شريفة في ذلك وكان عضوا في المجلس البلدي لسوسة.

لا تنس ان المنصف بن شريفة اليوم في «نداء تونس»؟

ـ على كل، اعتقد ان كل من عمل عملا عليه ان يتحمل مسؤولياته سواء تعلق الأمر بحامد القروي أو غيره، بورقيبة مثل مرحلة طويلة من حياة الشعب التونسي من حركة التحرير إلى بناء الدولة لا يمكن التنكر لهذا التاريخ ولكن لا يمكن لأي كان الركوب على ماضي بورقيبة وإحيائه من جديد، لا يمكن،  إرث بورقيبة ملك جماعي لكل التونسيين (1934-1987) كل واحد يأخذ منه ما اراد، و كثير من اليساريين الذين عارضوا بورقيبة وهو في الحكم هم اليوم اقرب إلى تراث بورقيبة الحضاري من كثير يدّعون البورقيبية  وخاصة في ما إختاره على الصعيد الاجتماعي. 

من دافع عن بورقيبة وهو في سجنه؟

ـ المجموعة الوحيدة التي دافعت عن بورقيبة منذ البداية في 9نوفمبر 1987 كانت متشكلة من تونسيين وفرنسيين، كان من بينهم  الأستاذ الصيّاح من جامعة تولوز ووزير خارجية فرنسي سابق وثلاثة تونسيين كونوا لجنة للدفاع عن بورقيبة فور الإطاحة به أملك بياناتهم إلى اليوم ثم تتالت ردود الفعل في ما بعد و أكثر من دافع عن بورقيبة وطالب بالإفراج عنه هو المنذر صفر.

هل كان دستوريا؟

ـ لا... هو أقرب إلى اليسار، طالب بمعالجة بورقيبة في الخارج وإطلاق سراحه سنة 1992.  سي المنذر كتب رسائل كثيرة دفاعا عن بورقيبة.

عمر صحابو يقول إنه دافع عن بورقيبة خلال سنوات سجنه؟

ـ عمر صحابو يمكنه ان يقول ما يريد، اذكر انه كتب نداءين لإعادة تشكيل الدساترة  ضمن إطار الدساترة الأحرار دون ان يمضي البيانين بإسمه، هناك أيضا  جورج عدة بعث برسالة لبن علي طالبه فيها بإطلاق سراح بورقيبة.

والآخرون؟

ـ ربما كتبوا رسائل لأنفسهم أو ذكروا بورقيبة في قلوبهم ولم يسمعهم أحد.

يصدر المعهد التونسي للعلاقات الدولية هذه الأيام كتابا بعنوان « البورقيبية والسياسة الخارجية لتونس المستقلة»   أليس في ذلك ركوبا على الأحداث؟

ـ في آخر يوم لي في مهمتي ضمن بعثة المراقبة العربية بسوريا جاء خبر قطع العلاقات مع سوريا ، إتصل بي صحافي فرنسي فأفدته بأن هذا الموقف مرتجل وصادر عن أشخاص هواة ويا ليتهم قرؤوا كتاب «فرنر روف» « ديبلوماسية بلد مستقل صغير» وفرنر روف مؤرخ ألماني درّس في جامعات نيويورك وفرنسا وألمانيا و كان ناشطا في حزب يساري، ألف هذا الكتاب سنة 1967 وكان موضوع رسالته للدكتورا ،عندما نشر تصريحي إتصل بي صديقي «فرنر روف» وصحح لي عنوان الكتاب وهو «البورقيبية والسياسة الخارجية لتونس المستقلة» كان الأمر هكذا، شخصيا أخطأت في عنوان الكتاب، بقينا على تواصل وإقترحت عليه نشر الكتاب بالعربية ، في جويلية 2012 حل بتونس ونظمنا ندوة عن بورقيبة وتقدمنا في مشروع الترجمة بإمضاء الأستاذ الصحبي ثابت، الكتاب لا علاقة له بهذا الصراع السياسي حول تراث بورقيبة.

ما قيمة الكتاب اليوم؟

ـ قيمته تاريخية، هو كتاب موجه للرأي العام الذي لا يقرأ وهو موجه أساسا  للمؤرخين والباحثين والطلبة.

من ساعدكم في ترجمة الكتاب ونشره؟

ـ هو مجهود المعهد التونسي للعلاقات الدولية وعدد من أصدقائنا.

دون اي دعم رسمي؟

ـ لا يوجد اي دعم رسمي لا من تونس ولا من خارجها . كنت أعوّل على كثير من الأطراف ورثة الفكر البورقيبي للمساعدة في تكاليف الكتاب ولكني إكتشفت أن هؤلاء يستخدمون إسم بورقيبة للدعاية لأنفسهم ، وأنا أشكر الأستاذ الصحبي ثابت  مترجم  الكتاب الذي تنازل  لنا عن ألف دينار ، هل تعلم ان الكتاب تكلف علينا بما يقارب العشرين ألف دينار؟
انا عموما  لا اعول على أية حركة سياسية ، سيباع الكتاب بثمن 20دينارا ونعول على القارئ التونسي  ليكون داعمنا.

هل إستفادت «النهضة» من خروجها من الحكم؟

ـ هي إستفادت من الحكم هذا أكيد، لا أعتقد انها ستستفيد من الخروج من الحكم لأنه أحدث كثيرا من الأسئلة الداخلية صلبها.

ولكن «النهضة» خرجت من الحكم وجنبت تونس ما حدث في مصر؟

ـ «النهضة» خرجت من الحكم لأنه حدث في مصر ما حدث ، ونصحوها بالخروج.

من نصحها؟

ـ أولياء أمورها.

لو لم يحدث ما حدث في مصر ما كانت «النهضة» تخرج؟

ـ لو لم يسقط حكم الإخوان في مصر لتشبثت «النهضة» بالحكم إلى يوم القيامة.

 «النهضة» لا صلة لها بالإخوان؟

ـ أنا معك إن وجدت لي بيانا أو نصا أو سطرا صادرا عن «النهضة» يعلن هذا الموقف الذي يميزهم عن تنظيم الإخوان. عد إلى أدبياتهم وإسألوا حميدة النيفر وصلاح الجورشي.

 «النهضة» جزء أصيل من المشهد السياسي التونسي؟

ـ هي جزء اساسي دون شك  ولكنها لم تتأصل بعد في الساحة التونسية  وعندما تتونس ويتخلى عنها جيل المؤسسيين  ستصبح جزءا اصيلا  لا تنس أن «النهضة» رغم إخوانيتها وعالميتها تبقى حركة جهوية.
كيف ذلك؟
ـ انظر قائمة اعضاء مجلس الشورى ، عد خاصة إلى القيادة سنوات المهجر جلها من الجنوب التونسي ، هذه حقيقة لا يمكن القفز عليها، سأروي لك حادثة: كنت أعرف شخصا في التسعينات(أصيل الشمال الغربي)  هو الآن مستشار عند الرئيس المؤقت، في سنة 1994 عاد إلى تونس فحكم عليه بأربع سنوات سجنا ولكن بسبب الضغط الدولي أطلق سراحه بعد عامين دون ان يمكن من جواز سفره، في يوم من الأيام ذهب لزيارة أستاذه عبد الباقي الهرماسي(كان وزيرا للثقافة )  الذي قاله له « يا ولدي آش دخلك في ها الحكايات هاذي عركة بين الساحل والجنوب، شنوة دخلك إنت؟» هي طرفة واقعية ولكنها معبرة لأن الهرماسي عالم إجتماع يعرف جيدا نظام بن علي وكذلك الحركة الإسلامية.

حمادي الجبالي أمين عام حركة «النهضة» اصيل سوسة؟

ـ أنا أسألك هل تعتقد ان لحمادي الجبالي مكانة ومكانا في «النهضة» اليوم؟

هل علي العريض هو وريث راشد الغنوشي؟

ـ لا يهمني من يرث من، «النهضة» جزء من المشهد السياسي وستكون أكثر تأصلا في المجتمع لو تُتَونس أكثر.

صرح راشد الغنوشي بأن السلفيين سبب سقوط حكومتي «الترويكا»؟

ـ (يضحك) «ماعادش نقرأ ماذا يقول الغنوشي» تصلني أصداء تصريحاته من بعيد،  ما من تصريح يصلني إلا ويعيدني لتصريح مناقض له قبل سنوات.

السياسة فنّ الممكن؟

ـ ولكن السياسة ليست مواقف بهلوانية.

هل على المرزوقي أن يستقيل في صورة كان راغبا في الترشح للرئاسة؟

ـ على المرزوقي أن يستقيل سواء كان كارها للرئاسة او راغبا فيها.
ويترك البلاد للمجهول؟
ـ لم تعش تونس المجهول إلا في عهده.

هل ستنتظم الإنتخابات خلال سنة 2014؟

ـ أستبعد ذلك.

هل أنت مع تزامن الإنتخابات الرئاسية والتشريعية؟

ـ أنا مع الفصل على ان تنتظم الرئاسية قبل التشريعية.

من هو مرشحك؟

ـ لا أتصور أحدا من البارزين حاليا رئيسا لتونس.

حتى الباجي قائد السبسي؟

ـ وتلك تكون الطامة الكبرى.

لماذا؟

ـ الذين صفقوا لتنحية بورقيبة سنة 1987 وبورقيبة في الرابعة والثمانين لا يمكن أن يكونوا اليوم مرشحين وهم على مشارف التسعين، أنظر الوضع في الجزائر اليوم، بوتفليقة قدم خدمات جليلة لبلاده ولكن لا يمكنه اليوم وهو يعالج مدة ثلاثة أشهر أن يكون رئيسا للبلاد.

14 mars 2014

La Belgique et le Maroc : une histoire de torture et de traitements inhumains et dégradants.

par Luk Vervaet



Ces dernières semaines, au Maroc, les tortionnaires ont été touchés en plein cœur. En France, Mostafa Naim, animateur social, Adil Lamtalsi, producteur de cinéma, Naama Asfari, militant sahraoui, son épouse, Claude Mangin et Zakaria Moumni, champion du monde de boxe thaïe, ont tous déposé plainte contre la torture dont ils ont été victimes après leur arrestation au Maroc. 
Suite à ces plaintes, déposées par ces (ex-) détenus et l'ACAT (Action des Chrétiens contre la torture), et en particulier suite à celle déposée contre le tortionnaire Abdellatif El Hammouchi, le Maroc a annoncé le 26 février dernier « la suspension de l'exécution de tous les accords de coopération judiciaire avec la France". Le magistrat de liaison marocain en France a été rappelé. Depuis, plus moyen d'exécuter un acte de mariage ou de filiation en France ou au Maroc. Plus de demandes d'extradition, d'auditions de témoins, ou de transferts de détenus. Hélène Legeay, de l'ACAT, déclarait à ce propos : « En empêchant le transfèrement de détenus français condamnés au Maroc, les autorités marocaines cherchent à les empêcher de porter plainte pour torture à leur arrivée en France ». 
Monsieur El Hammouchi n'est pas n'importe qui. Au sein de la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN), il est le directeur général de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST). Il est ainsi un des hommes les plus puissants au Maroc. En visite en France pour participer à un sommet des G4 (Portugal, Maroc, France et Espagne), sept policiers français se sont rendus à la résidence de l’ambassadeur du Maroc pour lui notifier une convocation émanant d’un juge d’instruction. El Hammouchi aurait pu recevoir la plainte, se rendre au bureau du juge et se défendre contre toute accusation injuste. Mais non. Il a été pris de panique comme tous ceux qui réalisent que leur impunité pourrait prendre fin un jour: « Certains hauts gradés marocains, eux-mêmes susceptibles d'être ciblés par la justice française, ont vécu d'une manière dramatique le fait qu'on puisse aller délivrer une convocation à la résidence de l'ambassadeur. Cela signifie qu'il n'y a plus de protection. » (1). En suspendant les accords, ces hauts gradés marocains lancent aussi un avertissement à la France et à l'Europe : après tous les services rendus, vous avez le devoir de nous laisser tranquilles et de nous protéger.  La France essaie de limiter les dégâts et a présenté ses excuses au Maroc, en foulant aux pieds le principe sacré de la séparation des pouvoirs.
Et la position de la Belgique  dans tout ça ? On se souvient de la fierté déplacée de notre ministre de la Justice, Annemie Turtelboom (VLD), dans le gouvernement Di Rupo (PS), quand elle déclarait devant la commission de la Justice de la Chambre, le 2 mai 2012 : « Après la France, la Belgique est le premier partenaire du Maroc en matière de collaboration judiciaire... ». La France tombée en disgrâce, c'est la Belgique qui est aujourd'hui le premier partenaire judiciaire du Maroc, pays mis mondialement en accusation pour ses pratiques généralisées de torture.
Tout indique que la Belgique va profiter du vide créé par l'incident entre Paris et Rabat pour s’enfoncer davantage dans la collaboration avec le Maroc. Quand il s'agit du Maroc, il ne faut attendre aucune moralité de la part de la Belgique.
Madame Turtelboom s'était déjà vantée que la Belgique a de meilleures relations avec le Maroc que d'autres pays européens. Dans un communiqué du ministère de la Justice, on peut lire : « La Belgique est le seul pays de l’Union Européenne qui a été en mesure de conclure un accord avec le Maroc pour le transfèrement, sans leur permission, de prisonniers condamnés. Plusieurs États membres de l’Union Européenne, dont principalement les Pays-Bas et la France, sont demandeurs d'un tel accord avec le Maroc, mais n'ont pas encore réussi à le négocier. »
Depuis le 1er mai 2011, la Belgique organise donc le transfert forcé des détenus marocains incarcérés en Belgique vers l'enfer carcéral marocain. Le 16 décembre 2013, la ministre de la justice belge sortait un communiqué annonçant le transfert « ce matin de six marocains, qui purgeaient leurs peines en Belgique, au Maroc...C'est la troisième fois que des détenus marocains sont transférés. Jusqu'à présent, au total 15 détenus ayant été condamnés ensemble à une peine de 125 ans ont été transférés. Ces transfèrements représentent un avantage financier pour notre pays de près de six millions d’euros ». (2)
Six millions d'euros contre six détenus, voilà à quoi se résument les principes humanitaires de la Belgique.

Les détenus au Maroc : entassés comme du bétail Quand la Belgique expulse de force des détenus vers le Maroc, elle sait pertinemment que c'est humainement inacceptable. Si la surpopulation en Belgique atteint quelque 12.000 détenus pour une capacité d'un peu plus de 9.000 places, et qu'on dit à juste titre que la situation est dramatique, au Maroc il s'agit de 65.000 détenus en 2012 pour une capacité de 30.000 et de 70.675 détenus pour la même capacité en 2013! C'est-à-dire que la population carcérale au Maroc dépasse de 100% la capacité d'accueil des prisons. Changez le mot détenus par « moutons » ou « poulets » ou « chiens », annoncez fièrement que vous allez encore ajouter de force quinze bêtes dans leurs cages surpeuplées et vous auriez sur le dos Gaïa et autres défenseurs des animaux, qui en feraient un incident majeur. Retransmission garantie sur toutes les chaînes de télévision. Mais pas pour des détenus ! Là la Belgique fait simplement le calcul de ses bénéfices. Avec l'approbation générale des politiciens et de l'opinion publique, les détenus marocains peuvent crever dans leur trou. Mais la fête continue : en grandes pompes, on célèbre les cinquante ans de l'immigration marocaine.


      
10 ans de collaboration belgo-marocaine dans la torture des inculpés de terrorisme
Quant à la situation des détenus politiques (tortures et procès iniques) dans les prisons marocaines, la Belgique fait preuve de la même collaboration et de la même insensibilité. Cela fait dix ans que les mêmes rapports des organisations des droits de l'homme dénoncent la torture des détenus politiques et que les autorités marocaines les dénient à chaque fois.
Il y a mois pour mois dix ans que la Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme (FIDH) écrivait : «  Les autorités marocaines ont procédé durant les mois qui ont suivi les attentats de Casablanca à des milliers d'arrestations; ces campagnes ont concerné l'ensemble du territoire et consisté parfois en de véritables rafles visant certains quartiers déshérités des périphéries des grandes villes, à Fès ou à Casablanca par exemple. Il sort des constatations des missions de la FIDH que les violences, y compris la torture et les traitements cruels, inhumains ou dégradants, commises contre les personnes poursuivies, comme les atteintes au droit à un procès équitable, y compris les droits de la défense, qu’elles ont constatées sont flagrantes. » (3)
Depuis la sortie de ce rapport, rien n’a changé.  La Belgique en a non seulement pris connaissance mais, comme tout pays de l'Union européenne, elle a également  pris connaissance du rapport du Parlement européen démontrant que le Maroc a été utilisé comme base de torture dans la guerre antiterroriste américaine. Selon ce même rapport parlementaire européen, quelque quarante escales d'avions de la CIA ont été effectuées au Maroc de 2001 à 20053.
Pour démontrer son utilité à l'Occident et à quel danger celui-ci s'expose sans le soutien du Maroc, le Maroc frappe aussi sur son front intérieur avec le démantèlement d'au moins une cellule terroriste par an : « En 10 ans, des dizaines de communiqués officiels ont fait état de démantèlements de "cellules terroristes dormantes qui préparaient des attentats contre des intérêts du pays". A l’occasion du dixième anniversaire des attentats de Casablanca, le ministère de l'Intérieur marocain a déclaré que les services de sécurité marocains ont réussi à démanteler pas moins de 113 cellules terroristes et à arrêter 1256 présumés terroristes "soupçonnés de préparer une trentaine d’actes". Pourtant, après Casablanca 2003, le seul attentat enregistré est celui du café Argana, à Marrakech en 2011 en plein cœur du Printemps Arabe. Une opération qui a soulevé beaucoup d'interrogations sur son véritable auteur. » (4)
En parfaite coordination avec le Maroc, la Belgique a démantelé elle aussi ses cellules dormantes en Belgique : des dizaines de Belgo-marocains et de Marocains vivant en Belgique sont passés devant les tribunaux antiterroristes belges pendant cette dernière décennie. Pensons aux dix-huit du GICM, aux volontaires Belgo-marocains pour l'Irak, aux Belgo-marocains dans les procès Trabelsi ou de Malika El Aroud.
Parmi les soi-disant cellules dormantes au Maroc, il y a aussi celles composées de différents Belgo-marocains arrêtés à la demande du Maroc en dehors de la Belgique (au Maroc, en Syrie, en Espagne). Ces Belgo-marocains ont subi le même sort que les autres : torture, preuves basés sur des aveux, procès iniques, peines d'emprisonnement à l'américaine, conditions carcérales impitoyables.   
La Belgique a nié l'existence même de la torture au Maroc, en s'opposant ainsi à tous les rapports internationaux sur le sujet.  Le 7 juin 2011, en réponse à une interpellation du sénateur Bert Anciaux à la commission des Relations extérieures et de la Défense, Olivier Chastel (MR), ministre du Développement, chargé des Affaires européennes, répond au nom du ministre des Affaires étrangères, Van Ackere (CD&V) : « À partir des dossiers sur lesquels mes collaborateurs travaillent, il n’est pas apparu jusqu’à présent que des prisonniers belges au Maroc ou dans d’autres prisons à l’étranger auraient été torturés.» Même quand des preuves noir sur blanc sont présentées par des instances reconnues mondialement, Monsieur Reynders (MR), ministre des Affaires étrangères, ne plie pas. Il est actuellement en appel contre la décision de la justice belge du 3 février 2014 qui oblige l'État belge à accorder une
protection consulaire à Ali Aarrass, un Belgo-marocain, innocenté en Espagne, extradé et incarcéré au Maroc. Ali Aarrass est sur la liste des détenus torturés d'Amnesty International et de Human Rights Watch. Juan Mendez lui a rendu visite en prison, une délégation onusienne a fait de même. Tous ont confirmé qu'Ali Aarrass a été torturé et demandent sa libération immédiate. De la part du gouvernement de son propre pays, en la personne du ministre Reynders, Ali Aarrass a droit au refus total de se voir accordée ne serait-ce que cette toute petite protection qu'est la protection consulaire. Comprenne qui pourra.
On peut penser que les intérêts économiques et le calcul stratégique constituent le fond de la collaboration belge avec ce qu'on appelle l'exception marocaine. Mais le plus inquiétant à mes yeux, c'est le degré d'insensibilité atteint en Belgique tant au niveau politique que dans l'opinion publique.  Qu'il s'agisse de la surpopulation carcérale et de la torture au Maroc ou d'un enfant afghan renvoyé de force dans son pays en guerre.
Au niveau carcéral, le Maroc est le Guantanamo de la Belgique. Aucun parti politique belge ne devrait pouvoir se présenter aux élections sans devoir s'expliquer sur cette question.

(2) http://justice.belgium.be/fr/nouvelles/communiques_de_presse/news_pers_2013-12-16_2.jsp?referer=tcm:421-239106-64
(3) Rapport FIDH février 2004 ( http://www.fidh.org/IMG/pdf/ma379f-3.pdf)
(4) http://www.slateafrique.com/1661/temara-bagne-torture-mohammed-vi
(5) http://diasporasaharaui.blogspot.be/2013/12/maroc-des-cellules-terroristes-trop.html

12 mars 2014

Serguei Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères Un vaste complot se dessine contre l’Algérie

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Mercredi 12 mars à 8:36
l Expression
Alors que la presse Américaine confirme la présence des marines au Sud de la Tunisie, Moscou alerte Alger 
Serguei Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères Un vaste complot se dessine contre l’Algérie, avertit Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Russie.
En visite éclair en Tunisie, il y a quelques jours, le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a soutenu lors de sa visite, il y a quelques jours à Tunis, que des «parties étrangères» veulent mettre l’Algérie à feu et à sang à travers la commercialisation d’un printemps algérien. Sans les nommer, le diplomate russe a ajouté que ces mêmes parties «ont ouvert plusieurs fronts près des frontières algériennes depuis la Libye, la Tunisie et le Mali». Etant des alliés traditionnels, M.Lavrov a notamment réitéré le soutien de son pays à l’Algérie. Le chef de la diplomatie russe a dévoilé, lors de son passage en Tunisie, que l’Algérie est devenue la cible des instigateurs et autres fomenteurs qui insistent pour y écrire le dernier épisode d’un supposé printemps arabe. Aussi, a-t-il mis en garde les autorités algériennes contre les instigateurs de ce qu’on appelle «printemps arabe».
Le ministre russe des AE incrimine directement ceux qui ont été à l’origine des bouleversements provoqués délibérément en Tunisie, en Libye et au Mali, d’où parvient la plus grande menace contre l’Algérie. Il estime que les conspirateurs du nouvel ordre mondial établissent leurs plans à base d’une politique d’influence en misant sur les minorités populaires et les réseaux terroristes.
Cependant, cette menace soulignée par Moscou n’est pas nouvelle pour les services de renseignements algériens, pas une menace qu’ignorent les services de renseignements algériens. Soumis à une très forte pression depuis le début de la guerre civile en Libye, les forces de sécurité algériennes ont misé sur leur expérience acquise sur le terrain de la lutte antiterroriste. En un temps relativement court, des milliers d’informations et de témoignages de première main ont été analysés et recoupés par les services du DRS engagés dans une course contre la montre contre tous genres de menaces, notamment des groupuscules criminels nés à l’ombre d’une crise libyenne qui aura servi de catalyseur au mouvement jihadiste. Un mouvement relativisé et parfois banalisé par l’ensemble des parties entrées en guerre contre le régime d’El Gueddafi, dont la France, la Grande-Bretagne et les USA.
Dans leur banque de renseignements les services de sécurité ont réussi à identifier des réseaux nouvellement constitués composés de Marocains et de Libyens.
L’arrestation de plusieurs agents du Mossad en Algérie en est la preuve tangible. Ne jugeant pas nécessaire de dévoiler le véritable scénario programmé contre l’Algérie, des sources très au fait du contexte confient que l’Algérie constitue «un terreau fertile» pour les grands appétits occidentaux. Le rapport du département d’Etat américain sur les droits de l’homme qui épingle paradoxalement l’Algérie et l’analyse du Combating Terrorism Center (CTC) de l’Académie militaire de West Point qui a mis sous la loupe tout ce qui se passe dans le sud de l’Algérie, prétextant que cette région névralgique de l’économie du pays, serait l’épicentre d’un éclatement populaire à cause de la marginalisation des minorités, ne peuvent être considérés que comme une introduction aux véritables visées des Occidentaux.
Une perception initiatrice de ce qui se prépare. «L’Algérie est-elle dans le collimateur des USA?» s’interrogeait L’Expression dans l’une de ses précédentes éditions! La réponse a été révélée dans les colonnes du Los Angeles Times. Le journal rapporte que «des troupes de forces spéciales américaines se sont installées en Tunisie». Cette présence dont nous avons fait foi, mais démentie par les autorités tunisiennes est justifiée, souligne le même organe de presse par le fait «d’entretenir les forces militaires tunisiennes en matière de lutte contre le terrorisme».
Les marines dont le nombre serait d’une cinquantaine ont pris position au sud de la Tunisie à un vol d’oiseau des frontières algériennes depuis le mois de janvier 2014. «Un avion de type hélicoptère s’y est installé aussi», précise encore le Los Angeles Times. Ce n’est que l’aspect visible de l’iceberg et de l’énorme stratégie de guerre annoncée contre l’Algérie.
En effet, depuis la fin de l’année précédente, des informations vérifiées font état d’une forte présence d’agents des services de renseignement américains et d’agents de l’Africom dans le Sud tunisien. Jalouse de sa souveraineté, l’Algérie avait agi en un temps record pour libérer plus de 600 otages tout en sécurisant le périmètre. L’Unité spéciale appelée à mener l’opération avait impressionné le monde entier par son professionnalisme! Même si les USA prétextent leur mobilisation en Afrique pour une coordination de lutte contre le terrorisme et pour préserver leurs intérêts, il est tout de même difficile de ne pas croire que les USA n’ont pas un intérêt pour une partie de l’Algérie dont les réserves de gaz de schiste, de gaz conventionnel et d’autres minéraux comme l’uranium.
Des clans complaisants sont déjà sur le terrain pour la mise en marche de la locomotive de déstabilisation.
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02 mars 2014

Géopolitique du conflit ukrainien : le dessous des cartes


 
Le Saqr
Face aux images incroyables qui nous parviennent non seulement de Kiev, mais aussi de beaucoup d’autres villes en Ukraine (voir par exemple ici, ici, ici, ici, ici, ici et ici), on pourrait penser qu’il s’agit d’un chaos total et absolu et que personne ne contrôle la situation. Mais c’est là une impression très inexacte et je pense que le moment est venu de considérer de près les acteurs de ce conflit et ce qu’ils veulent vraiment.

Géopolitique du conflit ukrainien : le dessous des cartes
Le Saqr
26 février 2014
Face aux images incroyables qui nous parviennent non seulement de Kiev, mais aussi de beaucoup d’autres villes en Ukraine (voir par exemple ici, ici, ici, ici, ici, ici et ici), on pourrait penser qu’il s’agit d’un chaos total et absolu et que personne ne contrôle la situation. Mais c’est là une impression très inexacte et je pense que le moment est venu de considérer de près les acteurs de ce conflit et ce qu’ils veulent vraiment. Alors seulement serons-nous en mesure de comprendre ce qui se passe, qui tire les ficelles derrière le rideau et comment la situation peut évoluer. Penchons-nous donc sur les différents acteurs de ce conflit, l’un après l’autre.
Le peuple ukrainien mécontent
Il ne fait absolument aucun doute qu’une grande partie de la population ukrainienne est profondément insatisfaite vis-à-vis du régime au pouvoir, de Ianoukovitch lui-même et de ce qui se passe en Ukraine depuis de nombreuses années. Comme je l’ai écrit plusieurs fois auparavant, l’Ukraine est essentiellement entre les mains de divers oligarques, tout comme la Russie dans les années 1990, mais en pire. La grande majorité des hommes politiques ukrainiens sont à vendre au plus offrant : cela est valable pour les membres du Parlement, pour l’administration présidentielle, pour les gouverneurs régionaux, pour les membres du gouvernement et, bien sûr, pour Ianoukovitch lui-même. De manière collective, ces oligarques possèdent également les médias, les tribunaux, la police, les banques et tout le reste. La conséquence directe de tout cela est que l’économie ukrainienne est à la dérive depuis des années et qu’elle est maintenant à peu près en ruines.
Par conséquent, personne ne devrait être surpris du fait que la plupart des Ukrainiens sont mécontents et qu’ils souhaitent de la prospérité, de la sécurité, le règne de la loi, des opportunités économiques, des moyens de développement personnel, social, professionnel et spirituel. Fondamentalement, ils aspirent à la même chose que tout être humain : des conditions de vie décentes. Certains d’entre eux voient l’Union européenne comme le meilleur espoir pour atteindre cet objectif, et d’autres considèrent la participation à une union économique avec la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan comme une bien meilleure option. Les proportions exactes ne sont pas vraiment importantes, pour une raison simple et largement ignorée : les citoyens ukrainiens ne comptent pas du tout dans ce conflit, ce ne sont que des pions utilisés par toutes les parties.
Les principaux politiciens ukrainiens
En théorie, Ianoukovitch, Timochenko, Klitschko et Iatseniouk veulent chacun des choses très différentes, mais en réalité ils ont tous exactement le même objectif : faire plaisir à leurs marionnettistes tout en faisant carrière dans la politique. Le cas de Tyagnibok pourrait être quelque peu différent. Il a des chances très réelles de devenir une figure très puissante en Ukraine occidentale. Il est assez intelligent pour se rendre compte que ni les Etats-Unis ni l’Union européenne ne veulent vraiment de lui, mais il commande une force beaucoup plus puissante (à la fois politiquement et en termes de force brute) que n’importe quel autre homme politique ukrainien. Quoiqu’il en soit, les dirigeants de l’opposition ou les politiciens pro-régime sont tous des marionnettes dans les mains de forces beaucoup plus puissantes, et même si Tyagnibok faisait exception à cette règle, il n’aurait tout de même pas grande importance car ses véritables ambitions sont locales, limitées à l’Ukraine occidentale.
Après avoir examiné rapidement les figures locales, tournons-nous maintenant vers les gens qui importent véritablement :
Les oligarques ukrainiens
La plupart d’entre eux estiment que tant que l’Ukraine maintiendra une position anti-russe, l’Union européenne leur permettra de faire tout ce qu’ils veulent à l’intérieur de l’Ukraine. Ils ont raison. Pour eux, la signature d’un accord – autrement sans conséquence – avec l’UE est essentiellement une manière d’accepter le deal suivant : ils deviennent les fidèles serviteurs de leurs seigneurs européens, en échange de quoi lesdits seigneurs les laisseront continuer à piller l’Ukraine autant qu’ils le souhaitent.
Il y a un plus petit groupe d’oligarques qui a plus à perdre qu’à gagner si les relations russo-ukrainiennes s’aigrissent et si la Russie impose des barrières au commerce avec l’Ukraine (ce que la Russie devra faire si l’Ukraine signe un accord de libre-échange avec l’UE). Ces oligarques estiment qu’il y a plus d’argent à se faire avec la Russie qu’avec l’Union européenne, et ce sont ceux-là qui ont convaincu Ianoukovitch de faire son « zag » décisif en tournant le dos à l’UE au profit de la Russie. Il y a donc une scission à l’intérieur de l’oligarchie ukrainienne, dont les représentants se trouvent des deux côtés du conflit actuel.
L’Union européenne
L’UE est prise dans une profonde crise systémique, économique, sociale et politique, et elle est absolument au désespoir de trouver de nouvelles opportunités pour se sauver de son lent écroulement. Pour l’UE, l’Ukraine est d’abord et avant tout un marché auquel vendre ses biens et ses services. L’Ukraine est aussi un moyen de donner à l’UE l’apparence d’une entité plus grande, plus puissante, plus pertinente. Certains estiment que l’Ukraine peut aussi fournir de la main-d’œuvre bon marché à l’UE, mais je ne crois pas que ce soit une considération importante pour les raisons suivantes : l’UE a déjà beaucoup trop d’immigrants, et il y a déjà eu un flux régulier d’Ukrainiens (et de Baltes) qui ont quitté leur pays pour une vie meilleure en Occident. Par conséquent, ce que l’UE veut vraiment, c’est un moyen de bénéficier de l’Ukraine, mais sans subir trop de conséquences négatives de tout accord qui serait signé. D’où les 1500 pages du projet d’accord avec l’UE.
Les États-Unis
Les objectifs des Etats-Unis en Ukraine sont complètement différentes des objectifs de l’UE, d’où les tensions très réelles entre leurs diplomates si bien exprimées par le « que l’UE aille se faire f*** ! » de Madame Nuland. En outre, et contrairement à l’UE qui est en faillite, les Etats-Unis ont dépensé plus de 5 000 000 000 de dollars pour atteindre leurs objectifs en Ukraine. Mais quels sont donc vraiment ces objectifs ?
C’est là que ça devient vraiment intéressant.
Tout d’abord, nous devons revenir à la déclaration cruciale faite par Hillary Clinton début décembre 2012 :
« Il y a une volonté de re-soviétiser la région. (…) Cette tendance ne va pas être appelée comme ça. Elle sera appelée ‘Union douanière’, ‘Union eurasienne’ ou quelque chose comme ça (…) Mais ne faisons aucune erreur à ce sujet. Nous savons quel en est l’objectif et nous essayons de trouver des moyens efficaces pour la ralentir ou l’empêcher. »
Il est ici absolument hors de propos de débattre pour savoir si Hillary avait tort ou raison dans son interprétation de ce que l’Union eurasienne est censée devenir : ce qui importe, c’est ce qu’elle croit et ce que ses maîtres politiquent croient, et ils croient vraiment que Poutine veut recréer l’Union soviétique. Peu importe à quel point une telle idée est stupide, mais nous devons toujours garder à l’esprit que c’est ce que les gens comme Hillary croient sincèrement.
Ensuite, nous devons nous rappeler une autre déclaration cruciale, faite cette fois par Zbigniew Brzezinski [1], qui a écrit :
« Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire, tandis qu’avec l’Ukraine – achetée en premier lieu et subjuguée ensuite – elle se transforme automatiquement en empire… » Selon lui, le nouvel ordre mondial sous l’hégémonie des Etats-Unis est créé contre la Russie et sur ​​les fragments de la Russie. L’Ukraine est l’avant-poste de l’Ouest pour empêcher la reconstitution de l’Union soviétique. »
Encore une fois, il n’est pas du tout important d’établir si Zbig le maléfique a raison ou tort. Ce qui importe est que Zbig et Hillary nous fournissent conjointement la clé de la politique américaine actuelle en Ukraine : empêcher la Russie de devenir une superpuissance. Pour eux, et contrairement aux Européens, il ne s’agit pas de « s’emparer de l’Ukraine », mais de « ne pas laisser les Russes obtenir l’Ukraine ». Et c’est absolument crucial : du point de vue américain, le chaos, la destruction et même une guerre civile totale en Ukraine États-Unis sont beaucoup, beaucoup plus souhaitables que toute – et je dis bien toute – forme d’union économique ou politique entre la Russie et l’Ukraine. Pour les Américains, c’est un jeu à somme nulle : plus grande est la perte pour la Russie, plus grande est la victoire de l’Empire Anglo-Sioniste.
La Russie
Ici, nous devons changer complètement notre point de vue et réaliser ce qui suit : même si cela peut sembler contre-intuitif, et indépendamment de l’extrême proximité entre les langues et les cultures russe et ukrainienne, indépendamment d’une longue histoire commune, indépendamment du fait que les Russes et les Ukrainiens ont vaincu l’Allemagne nazie ensemble, indépendamment du fait que l’Ukraine est un grand pays voisin de la Russie et indépendamment du fait que les deux pays ont des liens économiques étroits, la Russie n’a pas besoin de l’Ukraine. Hillary et Zbig ont, tout simplement, complètement tort. En outre, la Russie n’a absolument aucune intention de recréer l’Union soviétique ou, encore moins, de devenir un empire. C’est un non-sens absolu, de la propagande stupide pour nourrir les masses occidentales, des clichés de Guerre froide qui sont absolument inapplicables aux réalités actuelles. En outre, la Russie est déjà une superpuissance, tout à fait capable de défier l’UE et les Etats-Unis ensemble (comme l’exemple de la guerre en Syrie l’a si dramatiquement illustré). En réalité, la Russie a connu sa croissance la plus spectaculaire précisément à un moment où l’Ukraine était occupée par la Pologne (14ème-17ème siècles) :http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c0/Growth_of_Russia_15…
La croissance de la Russie par année
Pourquoi la Russie moderne aurait-elle besoin de l’Ukraine ? L’économie ukrainienne est en ruines, le pays est en proie à d’immenses tensions sociales et politiques, et l’Ukraine ne possède pas de ressources naturelles dont la Russie aurait besoin. Quant à « être une superpuissance », l’armée de l’Ukraine est une farce, et l’armée russe n’aurait guère besoin de la soi-disant « profondeur stratégique » offerte par l’Ukraine : c’est là de la logique militaire des 19e et 20ème siècles, et les guerres modernes sont menées dans la profondeur du territoire de l’ennemi, avec des armes de frappe à longue portée, et la Russie est tout à fait capable de fermer l’espace aérien ukrainien sans avoir la moindre forme d’union économique ou politique avec elle.
Non, ce dont la Russie a besoin d’abord et avant tout est de stabilité et de prospérité en Ukraine. Non seulement une partie non triviale de l’économie russe a-t-elle des liens avec l’Ukraine, mais l’effondrement total d’un si grand voisin affecterait forcément l’économie russe elle aussi (qui, soit dit en passant, risque fort d’entrer en récessionpour la première fois depuis longtemps). En outre, des millions de Russes vivent en Ukraine et des millions d’Ukrainiens vivent en Russie. La plupart des familles russes ont des liens avec l’Ukraine. Donc la dernière chose que souhaite la Russie est une guerre civile dans laquelle elle serait presque inévitablement attirée.
Même en Crimée, tout ce dont la Russie a vraiment besoin est un statu quo : la paix, la prospérité, une bonne infrastructure touristique pour accueillir les touristes russes, et le droit garanti de maintenir une base pour la flotte de la mer Noire. Pour cela, la Russie n’a pas besoin d’occuper ou d’annexer la Crimée. Toutefois, si la péninsule de Crimée devait être attaquée par les néo-nazis ukrainiens, il ne fait absolument aucun doute dans mon esprit que la flotte de la mer Noire interviendrait pour protéger la population locale avec laquelle elle a de nombreux liens familiaux. Il est important de se rappeler que la flotte de la mer Noire est infiniment mieux entraînée et équipée que l’armée ukrainienne et qu’elle comprend une très puissante force d’infanterie de marine (une brigade et un bataillon, ce dernier spécialisé dans les opérations anti-terroristes). Etre capable de battre et brûler des policiers anti-émeute est une chose, mais faire face à des forces d’élite bien entraînées, armées jusqu’aux dents et aguerries (Tchétchénie, Géorgie), disposant du matériel militaire le plus moderne et le plus développé est une toute autre chose.
Quant à la perspective stratégique globale, la Russie voit son avenir dans le Nord et dans l’Est, pas du tout dans son Sud-Ouest. L’Arctique, la Sibérie, l’Extrême-Orient, la Chine et le Pacifique, voilà les directions vers lesquelles les stratèges russes portent leurs regards pour l’avenir de la Russie, et certes pas l’Union européenne mourante et en décomposition ou les terres ruinées et instables de l’Ukraine !
Que va-t-il probablement se passer ?
Je pense que l’Union européenne a très peu de chances d’atteindre ses objectifs en Ukraine pour une raison très simple : les nationalistes ukrainiens et la soi-disant « opposition » (c’est-à-dire l’insurrection armée) sont tous achetés et payés par les Etats-Unis. Les bureaucrates de l’UE peuvent continuer à visiter l’Ukraine et à faire des déclarations tonitruantes, mais ils n’ont pas vraiment d’importance. C’est donc véritablement les Etats-Unis contre la Russie, et ici je dois dire que les objectifs des États-Unis sont beaucoup plus faciles à réaliser que ceux de la Russie : tout ce dont les Etats-Unis ont besoin est de chaos, quelque chose de facile à réaliser et qui se finance à relativement peu de frais, alors que la Russie a besoin de stabilité et de prospérité et que cela, à tout le moins, implique de fournir des moyens de réanimation cardiaque à l’économie ukrainienne qui est complètement en ruines et que des réformes vitales soient mises en œuvre. Ce dernier point ne peut probablement pas se faire sans briser les reins des oligarques ukrainiens. La Russie a-t-elle les moyens d’y parvenir ? J’en doute fortement. Pas avec ses signes actuels de problèmes économiques prochains et pas avec un clown veule et corrompu comme Ianoukovitch au pouvoir. Que faire alors ?
Eh bien, si le sauvetage de l’Ukraine n’est pas une option, alors protéger la Russie du chaos et de la destruction inévitables de l’Ukraine est la seule option qui reste. Cela, et s’assurer à tout prix que la Crimée est en sécurité. La Russie pourrait, par exemple, fournir une aide directe à l’Ukraine orientale, en particulier à des régions comme Kharkov qui sont régies par des gens compétents et déterminés. Au-delà de telles mesures, la seule option qui reste pour la Russie est de se mettre à l’abri et d’attendre ou bien qu’une force viable prenne le pouvoir à Kiev, ou bien que l’Ukraine se disloque.
Et qu’en est-il du peuple ukrainien ?
Je pense que ma position sur cette question est claire dans ce qui précède. L’UE a besoin d’eux comme esclaves, les Etats-Unis ont besoin d’eux comme pions, et le seul parti qui a besoin qu’ils vivent dans la prospérité est la Russie. C’est tout simplement un fait de géostratégie. Si les Ukrainiens sont trop stupides et trop aveuglés par leur nationalisme enragé pour comprendre cela, alors qu’ils paient le prix de leur folie. S’ils sont assez intelligents pour s’en rendre compte, qu’ils trouvent le courage d’agir en conséquence et de permettre à la Russie de les aider. Sinon, alors, à tout le moins, je leur conseillerais d’arrêter d’halluciner et de ne pas s’imaginer une sorte d’intervention des Spetsnaz (forces spéciales russes) qui envahiraient et occuperaient l’ « Ukraine indépendante ». Moscou a de meilleures choses à faire et est déjà occupée ailleurs.
Par Le Saqr
Article original : http://vineyardsaker.blogspot.fr/2014/02/the-geopolitics-of-ukrainian-conflict.html
Traduction : Salah pour Le Grand Soir
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[1« Zbigniew Kazimierz Brzeziński (né le 28 mars 1928 à Varsovie en Pologne) est un politologue américain d’origine polonaise. Il a été conseiller à la sécurité nationale du Président des États-Unis Jimmy Carter, de 1977 à 1981. En tant que tel, il a été un artisan majeur de la politique étrangère de Washington, soutenant alors à la fois une politique plus agressive vis-à-vis de l’URSS, en rupture avec la détente antérieure, qui mettrait l’accent à la fois sur le réarmement des États-Unis et l’utilisation des droits de l’homme contre Moscou. » (Wikipédia)
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http://www.legrandsoir.info/geopolitique-du-conflit-ukrainien-le-dessous-des-cartes.html