31 décembre 2007

un programme du Pentagone



LE PENTAGONE MET EN PLACE UN PROGRAMME DE LAVAGE DE CERVEAUX POUR LES PRISONNIERS IRAKIENS


Le Pentagone a publié un appel d'offres pour l'exécution d'un programme de « lavage de cerveaux » et « de re-programmation » des prisonniers irakiens pour s'assurer qu'ils ne reprendront pas les armes contre les troupes américaines après leur libération. L'appel, dont la date limite a été établie au 8 janvier 2008, invite les entreprises participantes à présenter leurs offres pour l'exécution du programme dans une fourchette financière comprise entre 5 et 216 millions $.


Le Pentagone met en place un programme de lavage de cerveaux pour les prisonniers irakiens 25/12/2007 Selon le cahier de charges, l'exécution du programme de lavage de cerveaux requiert des interprètes (appelés consultants), des spécialistes en sciences sociales et religieuses ainsi que des musiciens et des informaticiens. Ces spécialistes auront pour tâche d'agir en commun pour « réhabiliter » les prisonniers et rédiger leur rapport final sur les adultes et les adolescents au plan psychologique et de leurs accointances idéologiques et religieuses. L'évaluation qui en est faite décidera si oui non le prisonnier mérite d'être libéré. Selon le journal Alkhalij des Emirats arabes, qui a publié l'information, les équipes chargées d'exécuter ce programme de « lavage de cerveaux » seraient dirigées par un Américain ayant travaillé avec les irakiens ou dans des pays de la région et disposant d'au moins cinq années d'expérience dans l'analyse des politiques, des cultures et des religions du moyen orient. Il devrait être diplômé d'un magistère en psychologie ou en sciences du comportement. Ce responsable dirigerait une équipe de spécialistes avec des fonctions déterminées et comprenant notamment : - Un responsable de la collecte des informations sécuritaires utilisables dans les interrogatoires et qui doit être américain disposant d'une autorisation de la sécurité. - Un responsable de nationalité irakienne (ou d'un pays arabe) formé dans les sciences de la Sharia et du Coran et maîtrisant parfaitement l'arabe irakien avec un peu d'anglais. - Un spécialiste en psychologie, disposant d'un magistère en sciences du comportement, maîtrisant parfaitement l'arabe, parlé et écrit, avec cinq années d'expérience dans ce que le cahier de charges appelle « l'idéologie fondamentaliste » au moyen orient. Ce responsable aurait, entre autres fonctions, de rencontrer les détenus « fondamentalistes ». - Un spécialiste en psychologie des adolecents, avec au moins un magistère dans les sciences du comportement et maîtrisant le dialecte irakien. Le Général Stone, premier responsable des pénitenciers américains en Irak a reconnu pour sa part que les forces américaines avaient arrêté des milliers d'irakiens « relativement pondérés » en Irak et que la plupart d'entre eux n'étaient pas « acquis aux idéologies » et souhaitent vivre simplement en paix. Selon le général Stone, ces détenus ne représentent pas un grand danger pour la situation sécuritaire et il serait préférable qu'ils soient libérés. Les américains estiment néanmoins que cette libération ne peut se faire qu'après « un lavage de cerveaux » et « une re-programmation » des détenus contre toute idée de résistance et qu'après qu'ils se soient engagés individuellement, sur le Coran, à ne pas porter les armes et combattre les forces d'occupation !!!



Traduit de l'arabe par Ahmed Manai : www.tunisitri.net/

27 décembre 2007

Dossier sur Sami al Hadj, prisonnier 345 à Guantanamo


« Ici, c'est un goulag ! » : le combat des détenus de guantanamo à travers les lettres de Sami Nous publions une lettre du détenu de guantanamo Sami Muhydine Al Hajj, caméraman d’Al Jazeera, à son avocat britannique Clive Stafford-Smith, en date du 6 novembre 2005.

Original : http://www.aljazeera.net/NR/exeres/08DE9B0F-391A-42B4-B391 A73AE742F133.htm/

Traduit de l’arabe par Ahmed Manaï, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (transtlaxcala@yahoo.com).
Cette traduction est en Copyleft.

Dimanche 4/10/1426 H- 6/11/05 J.C.

Mon Cher Clive,
Permets-moi de te faire cette confidence : je suis taraudé par cette question : pourquoi suis-je puni ? Cette question obsède mon esprit et tourne en boucle dans ma tête.
Mon histoire avec les sanctions a commencé à la prison de Bagram. On ne nous autorisait à aller aux toilettes que deux fois par jour : la première juste après l’aube et la seconde avant le crépus cule et tu ne peux y aller que lorsque son tour arrive.
Je me souviens d’une fois où j’étais vraiment pressé. J’ai chuchoté alors à l’oreille de la personne qui était devant moi, de me laisser passer avant elle. C’est alors que le soldat en colère me crie au visage : ne parle pas, et il m’ordonne d’aller à la porte. Là, il m’accroche les mains à un fil de fer et je suis demeuré debout toute la journée à trembler de froid, si bien que j’ai pissé dans mon pantalon ce qui a provoqué les rires moqueurs des soldats et des putains.
Puis à Kandahar :
En plein été, sous un soleil de plomb et sur un solbrûlant, un soldat crie : toi, arrête, le deuxième, le troisième et le quatrième aussi ! Pourquoi vous parlez ? Mettez-vous à genoux, les mains sur la tête. Nous nous exécutons et il nous laisse ainsi sous une chaleur torride, les genoux sur une caillasse chauffée à blanc…jusqu’à ce que l’un d’entre nous s’évanouisse et que les autres viennent à son secours.
Une semaine après notre arrivée à Guantanamo, les soldats sont venus de très bonne heure et ont ordonné aux détenus de sortir le bras par le guichet de la porte par laquelle on nous sert d’habitude la nourriture et ce pour nous faire vacciner contre le tétanos, disaient-ils.
Quand mon tour est venu, je les ai informés qu’avant de quitter Doha, je m’étais fait vacciner contre le tétanos, la fièvre jaune, le choléra et autres maladies et que selon le médecin, ces vaccins étaient valides durant cinq ans. Je n’avais donc pas à les refaire.
L’officier me cria au nez et m’ordonna de ne pas discuter : « sors ton bras pour le vaccin, sinon on va te faire sortir de force », me dit-il. J’ai refusé.
Ils m’ont laissé puis sont revenus me voir après avoir terminé avec le bloc. Mais j’ai persisté à ne pas accepter de me refaire vacciner. Alors ils m’ont confisqué toutes mes affaires, du matelas à la brosse à dents et m’ont laissé coucher à même le sommier en fer durant trois jours et trois nuits.
Et c’est toujours la même question qui me revient et me tourmente: pourquoi suis-je puni ?

Les soins sont-ils obligatoires ? Sommes-nous devenus un troupeau de moutons qu’on conduit et parque ? Devrons-nous accepter tout sans discuter, sans émettre la moindre objection et sans même nous informer ?
Il m’est arrivé pire encore. Une nuit, je m’étais couché très tôt. J’étais exténué après avoir été interrogé à la salle d’interrogatoire durant des heures. C’est alors que j’ai commis l’erreur de me couvrir la tête et les mains. J’étais plongé dans le sommeil quand j’entendis les cris et les ordres d’un soldat : sors ta tête et les mains de sous la couverture. J e me suis réveillé en sursaut et j’ai aussitôt obéi aux ordres. Il nous était interdit en effet de dormir la tête ou les mains sous la couverture.
A peine je me rendors que le soldat est venu frapper violemment à la porte de ma cage et me crier très fort : pourquoi tu as mis la pâte dentifrice à la place de la brosse ? Il m’accusa de désobéir délibérément aux lois et règlements militaires et m’ordonna de ramasser mes affaires. Ma punition dura une semaine entière.
Et la sempiternelle question me revient : pourquoi suis-je puni ? Est-ce que cela constitue une raison suffisante pour me punir en me retirant toutes mes affaires et en me laissant dormir toute une semaine à même le fer, sans matelas ni couverture ?
Une autre fois, j’étais en train de prendre mon déjeuner qui consistait en un repas froid en boîte. Après avoir fini de manger, un soldat est venu ramasser les restes du repas et les sachets d’emballage. Il s’est arrêté à la porte de ma cage et a commencé à compter les morceaux du sac d’emballage et à les assembler. Aussitôt il me cria à la figure : où est l’autre morceau ? je commençais aussitôt à fouiller dans mes affaires, vainement. C’est alors qu’il prit contact avec son administration et revint avec la sentence : je méritais une sanction exemplaire pour dissuader d’autres détenus d’un tel écart.
Alors on me confisque mes affaires pendant 3 jours pendant lesquels je me suis creusé la tête par cette question lancinante : pourquoi suis-je puni et qu’aurai-je fait avec ce morceau d’emballage de plastique introuvable ?
Une autre fois, la providence m’a réuni dans le même bloc avec Jamel l’Ougandais, Mohamed le Tchadien et Jamel Blama le Britannique. Nous étions réunis ensemble mais aussi unis par la même couleur noire de peau et la même couleur détestable de notre tenue orange. Notre peau noire suffisait à elle seule à exciter nos gardiens blancs contre nous pour nous harceler et nous coller des sanctions avec ou sans motif.
Ils nous réveillaient souvent en pleine nuit au motif de fouiller la geôle. Une certaine nuit, ils m’ont réveillé pour une fouille. Ils n’ont rien trouvé de suspect…à part 3 grains de riz par terre qui avaient attiré quelques fourmis. Alors ils me collèrent une sanction de 7 jours. Encore une fois, je les ai mis à profit pour creuser cette obsédante question : pourquoi suis-je puni ? Il me paraissait débile en effet que je le sois à cause de 3 grains de riz et de quatre fourmis.
Une autre nuit, deux soldats s’arrêtèrent à la porte de ma cage. Ils avaient des chaînes et des menottes. Ils frappèrent violemment à la porte ce qui me réveilla terrorisé. Ils me menottèrent et me conduisirent au bloc Romeo où ils m’ont mis dans une cage après m’avoir déshabillé entièrement sauf du caleçon et du tricot de peau. Rien d’autre, ni même savon ou brosse à dents.
J’ai eu beau demander une explication à cette sanction, sans réponse jusqu’au lendemain, quand sur mon insistance, un responsable est venu me dire que j’étais puni à passer deux semaines en cage, parce qu’un soldat a trouvé un clou sur le bord extérieur de l’ouverture d’aération de ma cage !
J’ai alors dit au responsable : comment aurai-je eu ce clou, d’où me viendrait-il et comment aurai-je pu le mettre sur le bord extérieur de cette ouverture et dans quel but ? Mais il me tourna le dos et partit, ignorant mes questions.
Ainsi, je suis resté pendant 14 jours en position assise évitant, par pudeur, de faire mes prières les fesses en l’air, et j’ai dormi pendant 14 nuits froides d’hiver, à même le fer, sans couverture ni matelas.
Les harcèlements et les provocations des soldats se multiplièrent et se diversifièrent.
Une fois, nous avons appris qu’un soldat avait piétiné le Saint Coran, y imprimant les traces de ses chaussures. Tous les détenus se révoltèrent et décidèrent de rendre les exemplaires du livre Saint à l’administration américaine pour éviter qu’ils ne soient profanés sous nos yeux, surtou t que le général s’était engagé précédemment que ce genre de provocation ne se renouvellerait pas. Mais ils faillirent à leur promesse.
Suite à cela, les détenus décidèrent de ne pas quitter leurs cages, pas même pour aller en promenade et la douche dont ils avaient tant besoin, et cela pour obtenir le ramassage des exemplaires du Coran.
Comme à leur habitude, les responsables sont aussitôt venus pour donner des ordres et proférer des menaces. Au bout d’un moment, ils lâchèrent les valeureuses forces anti-émeutes qui forcèrent les geôles et se mirent à battre les détenus avant de les enchaîner et de les menotter. Ils leurs coupèrent les cheveux, les barbes et les moustaches et les jetèrent dans des cages individuelles.
Comme tout détenu, mon tour arriva. Ils m’aspergèrent les yeux d’un gaz, puis 5 soldats se mirent à me battre, me conduisirent à l’aire de promenade et me jetèrent au sol. Alors que j’étais par terre, l’un d’eux me prit la tête et la frappa contre le sol en ciment. Un autre me frappa sur l’arcade sourcilière et l’entailla. Le sang gicla et me couvrit le visage. Tout cela, alors que j’étais au sol, menotté et enchaîné. Ils me coupèrent cheveux, moustaches et barbe et me jetèrent dans une cage individuelle, baignant dans le sang.
Au bout d’une heure, un soldat est venu me demander, à travers l’ouverture, si je voulais des soins médicaux. Je refusais l’offre et plaçais ma confiance en Dieu auprès duquel je dénonçais l’injustice de mes geôliers. A un certain moment, j’ai senti que je perdais connaissance à cause de la perte de sang, je demandais alors des soins. Ils sont venus et m’ont fait trois points de suture à l’arcade sourcilière, un pansement à la tête et ils m’ont donné des somnifères, des antibiotiques disaient-ils. Tout cela à travers une lucarne de quelques centimètres de côté.
Je me suis endormi, écrasé par l’injustice criarde des hommes.
Le lendemain matin, à peine ai-je ouvert les yeux, que je me suis retrouv é confronté de nouveau à l’obsédante question : pourquoi je suis puni ?
Est-ce que la défense de ma foi et de ma religion, serait un crime puni de prison ? Nos demandes de ramasser les exemplaires du Coran afin qu’ils ne soient pas profanés devant nos yeux serait aussi un crime ? Pourquoi suis-je ici ? Est-ce que le départ en Afghanistan pour quatre semaines avec une caméra d’Aljazeera après la guerre d’agression contre un peuple afghan désarmé,, est aussi un crime pour lequel je dois être puni de prison pour plus de quatre ans ? Et même de me faire accuser de terrorisme ?
De nombreuses questions fourmillent dans ma tête, me tourmentent l’esprit et viennent toutes buter contre le fatras de slogans racoleurs dont se targuent les promoteurs de la liberté, les défenseurs de la démocratie et les protecteurs de la paix, sur toute l’étendue de la planète.
Al Hajj
Nous poursuivons la publication de lettres du détenu de guantanamo Sami Muhydine Al Hajj, caméraman d'Al Jazeera, à son avocat britannique Clive Stafford- Smith, en date du 9 août et du 20 octobre 2005. Traduit de l'arabe par Ahmed Manaï, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (transtlaxcala@yahoo.com). Ces traductions sont en Copyleft.


9 Août 2005
Original : http://www.aljazeera.net/NR/exeres/08DE9B0F-391A-42B4-B391-A73AE742F133.htm/


Mon cher Clive,
Je te livre ces quelques impressions sur la grève de la faim.
J'ai commencé la grève de la faim le 12 Juillet dernier au camp N°4 et plus exactement au Bloc ³Whisky². 190 détenus y ont participé.
Nos revendications tenaient en deux points :
-L'arrêt de la main de fer à laquelle étaient soumis les détenus, surtout au camp N°5.
-La garantie de soins médicaux et l'arrêt des pratiques arbitraires systématiques qui consistaient notamment à droguer les détenus et à se jouer de leur santé mentale.
Le 15 juillet, de nombreux visiteurs sont arrivés au camp Delta. Je crois que c'étaient des membres du Congrès US. Pour des raisons connues des seules autorités du camp, les visiteurs ont été empêchés de rendre une visite normale au camp 4. C'est peut-être en raison de la tension qui y régnait. Il y a eu quand même une visite de l'hôpital proche du Bloc ³Whisky².
Abattus et désespérés, les détenus ont commencé aussitôt à hausser la voix et à crier pour attirer l'attention des visiteurs, dans l'espoir de pouvoir leur expliquer leur situation. Certains criaient des slogans « Liberté », d'autres « Bush= Hitler », ici c'est un Goulag , c'est un scandale, c'est l'esclavage ! ».
A ce moment-là, certains visiteurs ont tenté de s'approcher du Bloc ³Whisky² pour mieux entendre les cris, passant outre les consignes des gardiens. Certains visiteurs se sont intéressés à nous alors que d'autres nous regardaient avec mépris.
Le 15 juillet à 17 heures, les autorités du camp Delta ont entrepris de faire évacuer les détenus du Bloc ³Whisky² contre leur volonté (je crois que c'était le résultat de la visite des membres du Congrès). Ainsi, ils ont ramené 18 détenus aux camps 2 et 3, où les conditions de détention sont extrêmes. Parmi ces détenus, il y avait un de tes clients, Jamel El Bannas. Bien qu'il n'y avait aucune résistance de la part des détenus, on a fait appel aux forces de maintien de l'ordre, connues sous le nom de ERF.
À la fin de cette opération, ce sont 18 détenus qui ont été transférés aux blocs 2 et 3.et les autres détenus du Bloc ³Whisky² ont demandé aussitôt à rejoindre leurs amis aux blocs 2 et 3.
Entretemps, les conditions s'étaient dégradées au bloc 4. Ses détenus ont eux aussi demandé à être transférés aux blocs 2 et 3, connus pour leurs très mauvaises conditions. En fin de compte ce sont 40 détenus qui ont été transférés en suivant la procédure pour évacuer le bloc 4 : ils ont abandonné tous leurs biens et se sont avancés devant le bloc, afin que les autorités les prennent au sérieux.
Le 18 juillet à 15 heures, les autorités ont commencé le transfert des détenus aux camps 2 et 3.
Au fil des jours de la grève, un autre slogan est apparu : Pourquoi sommes-nous des ennemis ? Scandé par tous les détenus. Le général nous a dit qu'il n'avait pas le pouvoir de changer cette situation. On nous raconté que Donald Rumsfield, le ministre de la Défense, avait envoyé une lettre de Washington demandant au général d'appliquer la convention de Genève aux détenus.
Le plus important pour nous était de faire fermer le bloc 5 parce que les conditions y étaient vraiment extrêmes.
Des officiers sont venus nous voir et nous ont promis qu'ils allaient ouvrir une cantine où nous pourrions nous approvisionner. Ils nous ont fait savoir que nos familles pouvaient nous envoyer de l'argent et qu'ils allaient donner 3 dollars par semaine à chaque détenu qui n'a pas d'argent.
Il y avait un conseil de détenus pour leur permettre de débattre de leurs problèmes, de définir leurs positions et de négocier avec les autorités. Les détenus étaient autorisés à tenir leur conseil mais non pas à débattre dans la confidentialité. Aussi, ils ont été obligés de faire passer entre eux des bouts de papier dans lesquels étaient consignées leurs observations, qu'ils avalaient après leur échange. Cela a provoqué la colère des autorités.
Le 5 août, l'affaire Hicham Sliti provoqua de graves problèmes. Ce dernier était battu pendant son interrogatoire. Le Coran était aussi profané. Il y avait beaucoup de problèmes concernant le Coran : ainsi par exemple : la police militaire a demandé quelque chose à Chamrani- originaire du Yémen- alors qu'il faisait sa prière. Il a répondu qu'il allait accomplir ce qui était demandé après avoir fini sa prière. C'est alors que la police militaire s'est ruée sur lui et l'a battu. Son visage était ensanglanté. Puis ils ont commencé à profaner et à piétiner le Coran.
Ce n'était pas la première fois que cela se produisait. On a dit à Hakim- lui aussi originaire du Yémen- qu'il constituait une grave danger pour les Américains parce qu'il apprenait par c¦ur tout le Coran. C'est une véritable humiliation pour la foi musulmane.
Il y avait aussi le cas de Sâad, originaire du Koweit, qui a été emmené par la force à l'interrogatoire. Une autre fois, il a été contraint de rester cinq heures avec une femme qui le harcelait sexuellement. Le cas aussi du jeune Omar Khadr, du Canada, lui aussi traîné de force à l'interrogatoire.
Au bloc 3, les détenus étaient emmenés dans un lieu dit Romeo, où leur dignité était bafouée et où on les obligeait à porter des shorts.
Les autorités ont coupé l'eau pendant 24 heures et ont privé les détenus de nourriture.
Le 8 août, le général a interdit les réunions du conseil des détenus. Les blocs 2 et 3 ont commencé leur grève de la faim le 7 août et le bloc 1, deux jours plus tard.
Dès la reprise de la grève, un colonel est venu avec un mégaphone demander à parler aux chefs des blocs, mais nous avons refusé.
Nous avons été contraints de reprendre cette grève quoique personnellement elle ne m'enchante pas, mais c'est le devoir de solidarité. Nous sommes obligés d'être solidaires entre nous et surtout avec les détenus du bloc 5.
Mon grand espoir est de rester en vie et je te prie de transmettre à mon épouse et à mon fils que je les aime beaucoup.
Ton ami et client.
Sami Muhydine Al Hajj


Jeudi 17/09/1426H-20/10/2005 J.C.


Original : http://www.aljazeera.net/NR/exeres/B23124B3-E716-4F1D-8DBE-C934AB849556.htm/


Mon Cher Clive, bonjour.
Je voudrais te dire encore une fois qu'au cas où je serais libéré, je décide de rentrer dans ma chère patrie le Soudan et je ne veux aller nulle part ailleurs.
Je souhaite retourner au Soudan pour y mener ma vie normale avec ma chère famille et continuer à assumer mes devoirs envers mes petits frères et s¦urs, d'autant qu'ils sont sous ma responsabilité maintenant que mes chers et regrettés parents ont été rappelés à Dieu.
Je souhaite aussi que mon fils bien aimé, Mohamed El Habib, rejoigne l'école soudanaise qui le préparera, par la Grâce de Dieu, j'en suis sûr, à un avenir radieux.
Je te remercie et je t'exprime toute ma considération et tout mon respect pour ce que tu as fait pour moi.
En fidèle amitié
Sami Mohydine Mohamed Al Hajj

L’ordalie d’un caméraman d’Aljazeera à Guantanamo : Sami Al Hajj, le journaliste oublié par Reporters sans frontières
par Asim Khan & Mahmoud El Gartit, Aljazeera.net, 26 Octobre 2005
Sami Al Hajj affirme avoir été victime de violences physiques et sexuelles.
Sami Mohieddine Al Hajj, de nationalité soudanaise, a été arrêté par l’armée US alors qu’il travaillait pour la chaîne de télévision Aljazeera durant l’invasion US de l’Afghanistan en 2001, et a ensuite été détenu à Guantanamo pendant quatre années sans jugement.
Aljazeera.net s’est entretenue avec l’avocat d’Al Hajj, Me Clive Stafford Smith, à propos de son cas et de ses perspectives de libération. Il dit qu’Al Hajj a souffert de violences physiques et sexuelles extrêmes, et souffert de persécution religieuse. Stafford Smith affirme qu’en dépit des démentis du gouvernement US, les prisonniers de Guantanamo sont détenus dans des conditions lamentables.
« Guantanamo est un désastre du point de vue relations publiques. C’est un des plus hauts symboles de l’hypocrisie dans le monde. On a peine à admettre que les USA aient dilapidé de la sorte toute la sympathie dont ils bénéficiaient après les attaques du Onze Septembre » dit l’avocat.
Il a récemment rendu visite à des clients à Guantanamo, dont Al Hajj, et a parlé à Aljazeera.net des notes que le caméraman avait écrites, qui ont été déclassifiées par les autorités US.
Ces notes révèlent en détail comment Al Hajj a été battu et violenté par ses interrogateurs, comment on lui a demandé d’espionner pour les USA en échange de la citoyenneté US et comment ses interrogateurs ont menacé sa famille, dont son fils de cinq ans, s’il ne collaborait pas, d’après l’avocat.
« Les Américains ont essayé de le retourner en informateur dans le but de lui faire dire qu’Aljazeera est liée à Al-Qaïda.»
« Il est parfaitement innocent. Il est à peu près autant un terroriste que mon grand-père. La seule raison qui lui a valu d’être traité comme il l’a été est qu’il est un journaliste d’Aljazeera», dit Stafford Smith.
« Les USA doivent se réveiller à la réalité que la mesure la plus efficace contre le terrorisme est l’application de droits de l’homme comme la liberté de la presse, au lieu d’essayer de museler de telles libertés en persécutant des membres de chaînes câblées qu’ils désapprouvent» déclara-t-il à Aljazeera.net.

Aljazeera.net : Quels sont les derniers développements légaux du dossier d’Al Hajj ?
Clive Stafford Smith : Il n’y a eu aucun changement notable.
Les dossiers de Guantanamo sont une fois de plus devant le bureau de la Cour d’Appel à Washington DC avec une fois de plus l’administration Bush qui argumente sur le fait que ces prisonniers ne peuvent jouir d’aucun droit légal.
Hélas, le système judiciaire US permet aux parties en présence de retarder l’avancement des procédures d’année en année.
Un de mes clients qui a été maintenu 31 ans dans le ‘death row’, le couloir de condamnés à mort, est décédé récemment des suites de son grand âge, sans avoir encore épuisé tous les recours.
Alors que l’administration Bush s’est plainte des retards dans les cas de peine capitale, cette même administration Bush utilise les mêmes méthodes pour repousser une décision concernant les droits des prisonniers.
Aljazeera.net : - Quand avez-vous rencontré Sami Al Hajj la dernière fois et comment décririez-vous son état général, de santé et son moral en particulier ?
Clive Stafford Smith Sami était des plus optimistes en ce qui concerne sa famille, heureux de savoir qu’Aljazeera prenait en charge sa femme et son enfant et les avait emmenés à Doha.
Il était aussi très heureux que la chaîne l’aide à dire au monde la situation critique des prisonniers de guantanamo.
Cependant, je l’ai vu pour la dernière fois alors qu’il allait replonger dans une grève de la faim, et il s’assombrissait à l’idée que les USA allaient le forcer – juste pour affirmer ses droits fondamentaux – dans une situation où lui et beaucoup d’autres auraient à endurer des souffrances.
Je suis inquiet de ce qui a pu lui arriver depuis la dernière fois que je l’ai vu, il y a deux mois.

Les accusations portées contre lui ont-elles la moindre base légale ?

Clive Stafford Smith Il n’y a techniquement aucune accusation contre Sami.
Il n’a été accusé d’aucun crime.
Il est simplement accusé d’être « enemy- combatant », un combattant ennemi donc, terme ridiculement vague qui peut inclure tous ceux que les américains veulent y inclure.
Il n’y a absolument aucune base factuelle à cette allégation, et la manière dont l’état US l’emploie est simplement malhonnête.
Par exemple, il lui est reproché d’avoir été capturé alors qu’il cherchait à se rendre en Afghanistan. Bien sûr que c’est vrai.
Mais ce que l’appareil d’état ne dit pas dans ces accusations est qu’il était en mission pour Aljazeera, qu’il disposait d’un visa valide pour s’y rendre, et qu’il ne faisait rien de mal.

Aljazeera.net On nous a beaucoup parlé de torture et de mauvais traitements à Guantanamo. Al Hajj en a-t-il été victime de quelque sorte que se soit et, si oui, à quel point ?

Clive Stafford Smith : Sami a enduré des mauvais traitements épouvantables – abus sexuels et persécution religieuse.
Il a subi ses pires abus quand il a été capturé et détenu en Afghanistan. Il a été battu en diverses occasions, et assailli sexuellement.
Il a à coup sûr été passé à tabac. Il avait une cicatrice énorme sur le visage quand je l’ai vu.
Il a souffert à Guantanamo également, surtout parce qu’il était puni d’avoir objecté à la profanation du Coran.
Aljazeera.net : A-t-il eu à faire face à des pressions US concernant sa position de journaliste ?
Clive Stafford Smith Sami a été interrogé environ 130 fois. Pendant une longue période, cela a été exclusivement dans le but d’en faire un indicateur contre Aljazeera.
L’armée US veut obtenir de Sami qu’il dise qu’Aljazeera est une devanture d’Al Qaida, et est financée par Al Qaida. Il refuse de le dire parce que ce n’est pas vrai.
L’armée US lui a révélé que le gouvernement enregistre les conversations téléphoniques des journalistes d’Aljazeera. (Ils enregistraient les appels personnels de Sami à son épouse pendant son affectation.)
En particulier, l’Etat US veut que Sami soit un indicateur contre certains de ses collègues à Aljazeera, prétendument membres d’Al Qaida.
Sami refuse résolument de faire cela, car il dit que ce n’est tout simplement pas vrai.
L’État US veut transformer Al Hajj en indicateur
C’est seulement quand il a demandé à être interrogé sur les ‘charges’ supposées retenues contre lui que l’état US lui a posé quelques questions sur les allégations vagues, et encore il y en a certaines sur lesquelles l’administration US n’a même pas pris la peine de le questionner.
Sur un plan personnel, j’ai un immense respect pour le courage de Sami.
Il refuse d’inventer des histoires sur ses employeurs et ses collègues pour acheter sa liberté, même s’il subit une pression énorme pour le faire, et même quand l’état US lui promet monts et merveilles en deviennent un ‘indic’.
Aljazeera.net : - Pensez vous qu’il s’agit en fait d’un autre fiasco ou procès de pacotille pour coincer Aljazeera et ternir sa réputation ?
Clive Stafford Smith Il n’y a pas de procès à paillettes ici, parce qu’il n’y a pas de procès, tout simplement.
J’aimerais qu’il y ait un procès, parce qu’au moins là il pourrait répondre à de vraies accusations.
En tant qu’Américain je suis scandalisé d’avoir à le dire, mais tout ce que nous avons ce sont des efforts de l’administration Bush pour obliger Sami à fabriquer des mensonges contre Aljazeera dans des buts politiques.
Aljazeera.net : - Pensez-vous que son cas soit utilisé pour faire passer un message aux journalistes de par le monde ?
Clive Stafford Smith Sami est en train d’être utilisé pour envoyer un message à Aljazeera – que l’état US, tout en proclamant qu’il encourage la liberté de parole, veut fermer Aljazeera ou forcer cette chaîne à s’autocensurer dans le sens du discours de l’administration Bush.
J’ai été frustré dans mes difficiles efforts pour intéresser les agences médiatiques occidentales à la cause de Sami.
Une raison pour laquelle Sami Al Hajj n’a pas obtenu le soutien des journalistes dans le monde est que l’appareil US a mené une campagne contre Aljazeera et a amené de nombreux journalistes occidentaux à penser qu’Aljazeera n’a aucune légitimité comme média.
Evidemment, ceci est rendu possible par le fait que la plupart des journalistes ne parlent pas l’arabe, et donc ne peuvent pas juger par eux-mêmes.
Le changement viendra, je l’espère, de la création d’un canal d’Aljazeera en langue anglaise qui permettra à ces journalistes de fonder leurs propres appréciations.
Aljazeera.net : - Êtes-vous optimiste sur le cas de Al Hajj et combien de temps pensez-vous que l’affaire va encore durer ?
Clive Stafford Smith Je suis optimiste et pense que tant que Sami recevra une aide consistante de la part d’Aljazeera il sera libéré dans les six mois à venir.
Clive Stafford- Smith dit que le dossier Al Hajj a besoin de plus d’exposition médiatique.
Mais il est crucial d’avoir à l’esprit que sa libération ne viendra pas d’une cour de justice américaine quelconque – des 248 prisonniers relâchés à ce jour, 0 ont été libérés sur décision de justice et 248 ont été libérés suite à des pressions politiques.
Il y a donc plusieurs conditions qui amèneront sa libération :
1. Que le gouvernement soudanais affirme fermement à l’appareil d’Etat US que Sami doit être relâché. Je suis heureux de pouvoir dire que j’ai rencontré l’ambassadeur du Soudan à Londres et qu’il m’a assuré de son soutien, mais Aljazeera doit aider à assurer ce soutien.
2. Qu’Aljazeera publicise tout ce qu’il est possible à propos de Sami, ce qui inclut un spot hebdomadaire où ses nouvelles pourront être diffusées de par le monde.
3. Que les amis et collègues de Sami dans le monde entier aident à obtenir d’autres soutiens à son endroit, pour augmenter la pression en vue de sa libération.
Tous ceux qui souhaitent aider Sami devraient me contacter, soit à l’organisation caritative où je travaille (info@reprieve.org.uk), soit à mon courriel personnel (clivess@mac.com).
Aljazeera.net : - Si vous rencontriez le succès dans cette entreprise, pensez-vous qu’il serait en mesure de se retourner contre le gouvernement US pour l’avoir détenu si longtemps ?
Clive Stafford Smith Il va absolument engager une action légale contre les Etats-Unis, et j’ai d’ores et déjà fait en sorte que cela se produise.
Que cela ne résulte jamais en compensations financières, est un tout autre aspect. J’ai déjà fait sortir un certain nombre de prisonniers des couloirs de la mort de l’Amérique pénitentiaire, en prouvant qu’ils étaient innocents après des années d’emprisonnement erroné, et c’est incroyable ! – la plus grosse somme que n’importe lequel d’entre eux ait perçu en compensation a été de... 10dollars !
Stafford- Smith veut voir Rumsfeld et Bush sur le banc des témoins
Le système est truqué contre les prisonniers sur cet aspect.
Cependant, nous porteront le litige contre l’administration Bush pour le compte de Sami, et pour le compte de tout autre prisonnier de Guantanamo qui nous le demande, parce que qu’il y a un principe fondamental à l’œuvre ici.
Un jour, j’espère vraiment avoir le président George Bush et le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld sur le banc des témoins expliquant précisément pourquoi il pensaient pouvoir traiter des prisonniers de la sorte.
Au minimum, nous devons nous assurer que cela ne se reproduise plus jamais.

Lettres de Guantanamo

http://www.aljazeera.net/NR/exeres/08DE9B0F-391A-42B4-B391-A73AE742F133.htm/

9 Août 2005


Mon cher Clive,
Je te livre ces quelques impressions sur la grève de la faim.
J’ai commencé la grève de la faim le 12 Juillet dernier au camp N°4 et plus exactement au whisky Bloc. Cent quatre vingt dix détenus y ont participé.
Nos revendications tenaient en deux points :
-L’arrêt de la main de fer à laquelle étaient soumis les détenus, surtout au camp N°5.
-La garantie d’une couverture médicale et l’arrêt des pratiques arbitraires systématiques qui consistaient notamment à droguer les détenus et à se jouer de leur santé mentale.
Le 15 juillet, de nombreux visiteurs sont arrivés au camp Delta. Je crois que c’étaient des membres du Congrès américain. Pour des raisons connues des seules autorités du camp, les visiteurs ont été empêchés de rendre visite normale au camp 4. C’est peut-être en raison de la tension qui y régnait. Il y a eu quand même une visite de l’hôpital proche de whisky bloc.
Abattus et désespérés, les détenus ont commencé aussitôt à hausser la voix et à crier pour attirer l’attention des visiteurs, dans l’espoir de pouvoir leur expliquer leur situation. Certains criaient des slogans « Liberté », d’autres « Bush= Hitler », ici c’est un « Goulag », c’est un scandale, c’est l’esclavage ».
A ce moment là, certains visiteurs ont tenté de s’approcher de whisky bloc pour mieux entendre les cris, passant outre les consignes des gardiens. Certains visiteurs se sont intéressés à nous alors que d’autres nous regardaient avec mépris.
Le 15 juillet à 17 heures, les autorités du camp Delta ont entrepris de faire évacuer les détenus du bloc whisky contre leur volonté (je crois que c’était le résultat de la visite des Congresman). Ainsi, ils ont ramené dix huit détenus aux camps 2 et 3, où les conditions de détention sont extrêmes. Parmi ces détenus, il y avait un de tes clients Jamel El Bannas. Bien qu’il n’y avait aucune résistance de la part des détenus, on a fait appel aux forces de maintien de l’ordre, connues sous le nom de ERF.
A la fin de cette opération, ce sont dix huit détenus qui ont été transférés aux blocs 2 et 3.et les autres détenus de whisky bloc ont demandé aussitôt de rejoindre leurs amis aux blocs 2 et 3.
Entre temps, les conditions s’étaient dégradées au bloc 4. Ses détenus ont eux aussi demandés à être transférés aux blocs 2 et 3, connus pour leurs très mauvaises conditions. En fin de compte ce sont 40 détenus qui ont été transférés en suivant la procédure pour évacuer le bloc 4 : ils ont abandonné tous leurs biens et se sont avancés devant le bloc, afin que les autorités les prennent au sérieux.
Le 18 juillet à 15 heures, les autorités ont commencé le transfert des détenus aux camps 2 et 3.
Au fil des jours de la grève, un autre slogan est apparu : Pourquoi sommes-nous des ennemis ? Scandé par tous les détenus. Le général nous a dit qu’il n’avait pas le pouvoir de changer cette situation. On nous raconté que Donald Rumsfield, le ministre de la défense, avait envoyé une lettre de Washington demandant au général d’appliquer la convention de Genève aux détenus.
Le plus important pour nous était de faire fermer le bloc 5 parce que les conditions y étaient vraiment extrêmes.
Des officiers sont venus nous voir et nous ont promis qu’ils allaient ouvrir une cantine où nous pourrions nous approvisionner. Ils nous ont fait savoir que nos familles pouvaient nous envoyer de l’argent et qu’ils allaient donner 3 dollars par semaine à chaque détenu qui n’a pas d’argent.
Il y avait un conseil de détenus pour leur permettre de débattre de leurs problèmes, de définir leurs positions et de négocier avec les autorités. Les détenus étaient autorisés à tenir leur conseil mais non pas à débattre dans la confidentialité. Aussi, ils ont été obligés de faire passer entre eux des bouts de papier dans lesquels étaient consignés leurs observations, qu’ils avalaient. Cela a provoqué l’ire des autorités.
Le 5 août, l’affaire Hicham Sliti provoqua de graves problèmes. Ce dernier était battu pendant son interrogatoire. Le Coran était aussi profané. Il y avait beaucoup de problèmes concernant le Coran : ainsi par exemple : la police militaire a demandé quelque chose à Chamrani- originaire du Yémen- alors qu’il faisait sa prière. Il a répondu qu’il allait accomplir ce qui était demandé après avoir fini sa prière. C’est alors que la police militaire se rua sur lui en le battant. Son visage était ensanglanté, puis ils ont commencé à profaner et à piétiner le Coran.
Ce n’était pas la première fois que cela se produisait. On a dit à Hakim- lui aussi originaire du Yémen- qu’il constituait une grave danger pour les Américains parce qu’il apprenait par cœur tout le Coran. C’est une véritable humiliation pour la foi musulmane.
Il y avait aussi le cas de Sâad, originaire du Koweit, qui a été pris par la force à l’interrogatoire. Une autre fois, il a été contraint de rester cinq heures avec une femme qui le sexuellement. Le cas aussi du jeune Omar Khadr, du Canada, lui aussi extrait par la force pour un interrogatoire.
Au bloc 3, les détenus étaient emmenés dans un lieu dit Roméo, où leur dignité était bafouée et où on les obligeait à porter des shorts.
Les autorités ont coupé l’eau pendant 24 heures et ont privé les détenus de nourriture.
Le 8 août, le général a interdit les réunions du conseil des détenus. Les blocs 2 et 3 ont commencé leur grève de la faim le 7 août et le bloc 1, deux jours plus tard.
Dès la reprise de la grève, un colonel est venu avec un haut parleur demander à parler aux chefs des blocs, mais nous avons refusé.
Nous avons été contraints de reprendre cette grève quoique personnellement elle ne m’enchante pas, mais c’est le devoir de solidarité. Nous sommes obligés d’être solidaires entre nous et surtout avec les détenus du bloc 5.
Mon grand espoir est de rester en vie et je te prie de transmettre à mon épouse et à mon fils que je les aime beaucoup.
Ton ami et client.
Sami Mohieddine El Hadj.

Jeudi 17/09/1426H-20/10/2005 J.C.


http://www.aljazeera.net/NR/exeres/B23124B3-E716-4F1D-8DBE-C934AB849556.htm/

Mon Cher Clive, bonjour.
Je voudrais te dire encore une fois qu’au cas où je serais libéré, je décide de rentrer dans ma chère patrie le Soudan et je ne veux aller nulle part ailleurs.
Je souhaite retourner au Soudan pour y mener ma vie normale avec ma chère famille et continuer à assumer mes devoirs envers mes petits frères et sœurs, d’autant qu’ils sont sous ma responsabilité maintenant que mes chers et regrettés parents ont été rappelés à Dieu.
Je souhait aussi que mon fils bien aimé Mohamed El Habib, rejoigne l’école Soudanaise qui le préparera, j’en suis sûr, à un avenir radieux par la Grâce de Dieu.
Je te remercie et je t’exprime toute ma considération et tout mon respect pour ce que tu as fait pour moi.
En fidèle amitié
Sami Mohieddine Mohamed El Hadj


Puni pour trois grains de riz et quatre fourmis :
Lettre de Guantanamo de Sami Al Hajj

Nous publions une lettre du détenu de Guantanamo Sami Muhydine Al Hajj, caméraman d’Al Jazzeera, à son avocat britannique Clive Stafford-Smith, en date du 6 novembre 2005. Original :
http://www.aljazeera.net/NR/exeres/08DE9B0F-391A-42B4-B391-A73AE742F133.htm/


Dimanche 4/10/1426 H- 6/11/05 J.C.

Mon Cher Clive,
Permets-moi de te faire cette confidence : je suis taraudé par cette question : pourquoi suis-je puni ? Cette question obsède mon esprit et tourne en boucle dans ma tête.
Mon histoire avec les sanctions a commencé à la prison de Bagram. On ne nous autorisait à aller aux toilettes que deux fois par jour : la première juste après l'aube et la seconde avant le crépuscule et tu ne peux y aller que lorsque son tour arrive.
Je me souviens d'une fois où j'étais vraiment pressé. J'ai chuchoté alors à l'oreille de la personne qui était devant moi, de me laisser passer avant elle. C'est alors que le soldat en colère me crie au visage : ne parle pas, et il m'ordonne d'aller à la porte. Là, il m'accroche les mains à un fil de fer et je suis demeuré debout toute la journée à trembler de froid, si bien que j'ai pissé dans mon pantalon ce qui a provoqué les rires moqueurs des soldats et des putains.
Puis à Kandahar :
En plein été, sous un soleil de plomb et sur un sol brûlant, un soldat crie : toi, arrête, le deuxième, le troisième et le quatrième aussi ! Pourquoi vous parlez ? Mettez-vous à genoux, les mains sur la tête. Nous nous exécutons et il nous laisse ainsi sous une chaleur torride, les genoux sur une caillasse chauffée à blanc jusqu'à ce que l'un d'entre nous s'évanouisse et que les autres viennent à son secours.
Une semaine après notre arrivée à Guantanamo, les soldats sont venus de très bonne heure et ont ordonné aux détenus de sortir le bras par le guichet de la porte par laquelle on nous sert d'habitude la nourriture et ce pour nous faire vacciner contre le tétanos, disaient-ils.
Quand mon tour est venu, je les ai informés qu'avant de quitter Doha, je m'étais fait vacciner contre le tétanos, la fièvre jaune, le choléra et autres maladies et que selon le médecin, ces vaccins étaient valides durant cinq ans. Je n'avais donc pas à les refaire.
L'officier me cria au nez et m'ordonna de ne pas discuter : « sors ton bras pour le vaccin, sinon on va te faire sortir de force », me dit-il. J'ai refusé.
Ils m'ont laissé puis sont revenus me voir après avoir terminé avec le bloc. Mais j'ai persisté à ne pas accepter de me refaire vacciner. Alors ils m'ont confisqué toutes mes affaires, du matelas à la brosse à dents et m'ont laissé coucher à même le sommier en fer durant trois jours et trois nuits.
Et c'est toujours la même question qui me revient et me tourmente: pourquoi suis-je puni ?
Les soins sont-ils obligatoires ? Sommes-nous devenus un troupeau de moutons qu'on conduit et parque ? Devrons-nous accepter tout sans discuter, sans émettre la moindre objection et sans même nous informer ?
Il m'est arrivé pire encore. Une nuit, je m'étais couché très tôt. J'étais exténué après avoir été interrogé à la salle d'interrogatoire durant des heures. C'est alors que j'ai commis l'erreur de me couvrir la tête et les mains. J'étais plongé dans le sommeil quand j'entendis les cris et les ordres d'un soldat : sors ta tête et les mains de sous la couverture. Je me suis réveillé en sursaut et j'ai aussitôt obéi aux ordres. Il nous était interdit en effet de dormir la tête ou les mains sous la couverture.
A peine je me rendors que le soldat est venu frapper violemment à la porte de ma cage et me crier très fort : pourquoi tu as mis la pâte dentifrice à la place de la brosse ? Il m'accusa de désobéir délibérément aux lois et règlements militaires et m'ordonna de ramasser mes affaires. Ma punition dura une semaine entière.
Et la sempiternelle question me revient : pourquoi suis-je puni ? Est-ce que cela constitue une raison suffisante pour me punir en me retirant toutes mes affaires et en me laissant dormir toute une semaine à même le fer, sans matelas ni couverture ?
Une autre fois, j'étais en train de prendre mon déjeuner qui consistait en un repas froid en boîte. Après avoir fini de manger, un soldat est venu ramasser les restes du repas et les sachets d'emballage. Il s'est arrêté à la porte de ma cage et a commencé à compter les morceaux du sac d'emballage et à les assembler. Aussitôt il me cria à la figure : où est l'autre morceau ? je commençais aussitôt à fouiller dans mes affaires, vainement. C'est alors qu'il prit contact avec son administration et revint avec la sentence : je méritais une sanction exemplaire pour dissuader d'autres détenus d'un tel écart.
Alors on me confisque mes affaires pendant 3 jours pendant lesquels je me suis creusé la tête par cette question lancinante : pourquoi suis-je puni et qu'aurai-je fait avec ce morceau d'emballage de plastique introuvable ?
Une autre fois, la providence m'a réuni dans le même bloc avec Jamel l'Ougandais, Mohamed le Tchadien et Jamel Blama le Britannique. Nous étions réunis ensemble mais aussi unis par la même couleur noire de peau et la même couleur détestable de notre tenue orange. Notre peau noire suffisait à elle seule à exciter nos gardiens blancs contre nous pour nous harceler et nous coller des sanctions avec ou sans motif.
Ils nous réveillaient souvent en pleine nuit au motif de fouiller la geôle. Une certaine nuit, ils m'ont réveillé pour une fouille. Ils n'ont rien trouvé de suspect à part 3 grains de riz par terre qui avaient attiré quelques fourmis. Alors ils me collèrent une sanction de 7 jours. Encore une fois, je les ai mis à profit pour creuser cette obsédante question : pourquoi suis-je puni ? Il me paraissait débile en effet que je le sois à cause de 3 grains de riz et de quatre fourmis.
Une autre nuit, deux soldats s'arrêtèrent à la porte de ma cage. Ils avaient des chaînes et des menottes. Ils frappèrent violemment à la porte ce qui me réveilla terrorisé. Ils me menottèrent et me conduisirent au bloc Roméo où ils m'ont mis dans une cage après m'avoir déshabillé entièrement sauf du caleçon et du tricot de peau. Rien d'autre, ni même savon ou brosse à dents.
J'ai eu beau demander une explication à cette sanction, sans réponse jusqu'au lendemain, quand sur mon insistance, un responsable est venu me dire que j'étais puni à passer deux semaines en cage, parce qu'un soldat a trouvé un clou sur le bord extérieur de l'ouverture d'aération de ma cage !
J'ai alors dit au responsable : comment aurai-je eu ce clou, d'où me viendrait-il et comment aurai-je pu le mettre sur le bord extérieur de cette ouverture et dans quel but ? Mais il me tourna le dos et partit, ignorant mes questions.
Ainsi, je suis resté pendant 14 jours en position assise évitant, par pudeur, de faire mes prières les fesses en l'air, et j'ai dormi pendant 14 nuits froides d'hiver, à même le fer, sans couverture ni matelas.
Les harcèlements et les provocations des soldats se multiplièrent et se diversifièrent.
Une fois, nous avons appris qu'un soldat avait piétiné le Saint Coran, y imprimant les traces de ses chaussures. Tous les détenus se révoltèrent et décidèrent de rendre les exemplaires du livre Saint à l'administration américaine pour éviter qu'ils ne soient profanés sous nos yeux, surtout que le général s'était engagé précédemment que ce genre de provocation ne se renouvellerait pas. Mais ils faillirent à leur promesse.
Suite à cela, les détenus décidèrent de ne pas quitter leurs cages, pas même pour aller en promenade et la douche dont ils avaient tant besoin, et cela pour obtenir le ramassage des exemplaires du Coran.
Comme à leur habitude, les responsables sont aussitôt venus pour donner des ordres et proférer des menaces. Au bout d'un moment, ils lâchèrent les valeureuses forces anti-émeutes qui forcèrent les geôles et se mirent à battre les détenus avant de les enchaîner et de les menotter. Ils leurs coupèrent les cheveux, les barbes et les moustaches et les jetèrent dans des cages individuelles.
Comme tout détenu, mon tour arriva. Ils m'aspergèrent les yeux d'un gaz, puis 5 soldats se mirent à me battre, me conduisirent à l'aire de promenade et me jetèrent au sol. Alors que j'étais par terre, l'un d'eux me prit la tête et la frappa contre le sol en ciment. Un autre me frappa sur l'arcade sourcilière et l'entailla. Le sang gicla et me couvrit le visage. Tout cela, alors que j'étais au sol, menotté et enchaîné. Ils me coupèrent cheveux, moustaches et barbe et me jetèrent dans une cage individuelle, baignant dans le sang.
Au bout d'une heure, un soldat est venu me demander, à travers l'ouverture, si je voulais des soins médicaux. Je refusais l'offre et plaçais ma confiance en Dieu auprès duquel je dénonçais l'injustice de mes geôliers. A un certain moment, j'ai senti que je perdais connaissance à cause de la perte de sang, je demandais alors des soins. Ils sont venus et m'ont fait trois points de suture à l'arcade sourcilière, un pansement à la tête et ils m'ont donné des somnifères, des antibiotiques disaient-ils. Tout cela à travers une lucarne de quelques centimètres de côté.
Je me suis endormi, écrasé par l'injustice criarde des hommes.
Le lendemain matin, à peine ai-je ouvert les yeux, que je me suis retrouvé confronté de nouveau à l'obsédante question : pourquoi je suis puni ?
Est-ce que la défense de ma foi et de ma religion, serait un crime puni de prison ? Nos demandes de ramasser les exemplaires du Coran afin qu'ils ne soient pas profanés devant nos yeux serait aussi un crime ? Pourquoi suis-je ici ? Est-ce que le départ en Afghanistan pour quatre semaines avec une caméra d'Aljazeera après la guerre d'agression contre un peuple afghan désarmé,, est aussi un crime pour lequel je dois être puni de prison pour plus de quatre ans ? Et même de me faire accuser de terrorisme ?
De nombreuses questions fourmillent dans ma tête, me tourmentent l'esprit et viennent toutes buter contre le fatras de slogans racoleurs dont se targuent les promoteurs de la liberté, les défenseurs de la démocratie et les protecteurs de la paix, sur toute l'étendue de la planète.
Traduit de l’arabe par Ahmed Manaï, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (transtlaxcala@yahoo.com). Cette traduction est en Copyleft.
http://www.tunisitri.net/

10 octobre 2007

silence sur 1 million d'Irakiens tués sous occupation


Silence total sur le million d'Irakiens tués sous l'occupation américaine


Lorsque les responsables de la guerre lancée par les Etats-Unis en Irak répondront publiquement de leurs énormes crimes, le week-end du 15 et 16 septembre 2007 constituera une preuve accablante contre eux. Vendredi le 14 septembre furent publiés de courts articles sur un sondage scientifique mené par la firme de sondage britannique ORB, qui concluait que 1,2 million de morts violentes étaient survenues en Irak depuis l'invasion américaine.

Ce nombre ahurissant démontre deux faits politiques : 1) la guerre américaine en Irak a créé une catastrophe humanitaire aux proportions historiques, avec un total de victimes dépassant déjà celui du Rwanda en 1994; 2) ceux qui s'opposent à un retrait des Etats-Unis sur la base que cela entraînerait une guerre civile, ou même un génocide, dissimulent délibérément le fait qu'un tel massacre se déroule présentement sous le contrôle de l'armée américaine. La réaction au rapport de l'ORB dans l'establishment politique et médiatique fut un silence quasi total. Après quelques articles isolés publiés dans les journaux le 14 septembre, aucune couverture de la nouvelle ne fut présentée aux bulletins d'information de soirée et sur les chaînes de nouvelles spécialisées. La Maison-Blanche , le Pentagone et le département d'Etat ne firent aucun commentaire et aucun candidat à la présidence ou chef du Congrès, républicain comme démocrate, n'aborda la question. Aucun des quatre principaux réseaux de télévision n'abordèrent le sujet lors des talk-shows du dimanche matin. Et ce n'est pas parce que les personnes concernées n'étaient pas au courant de l'étude, qui a profité d'une grande diffusion sur Internet et qui a été rapportée abondamment dans la presse britannique. La validité des conclusions de l'étude n'a pas vraiment été remise en question. Opinion Research Business (ORB), fondée par l'ancien directeur britannique des opérations de la firme de sondage Gallup, est une firme de sondage commerciale bien établie. Elle a présenté une description technique détaillée des méthodes utilisées pour extraire un échantillon aléatoire de manière scientifique. Par contraste, six mois plus tôt, un sondage de l'ORB en Irak avait été acclamé par la Maison-Blanche car certaines de ses conclusions pouvaient fournir un éclairage favorable à la propagande de l'administration. Ce sondage, réalisé en février et rendu public le 18 mars dans le Sunday Times de Londres, concluait que seulement 27 pour cent des Irakiens croyaient que leur pays était en état de guerre civile et que la majorité appuyait le gouvernement Maliki et l'augmentation des troupes militaires américaines, et croyait que la vie s'améliorait au pays. Ce sondage rapportait aussi des statistiques sur la violence correspondant à celles du sondage mené en août et publié vendredi dernier, notamment que 79 pour cent des résidents de Bagdad affirmaient avoir assisté à une mort violente ou à un kidnapping dans leur famille immédiate ou au travail. Mais ses conclusions sur les opinions politiques irakiennes - et non celles sur les statistiques concernant les victimes - furent publiées à la une des quotidiens américains, dans le Washington Post, le Christian Science Monitor et d'autres journaux nationaux. Le porte-parole de la Maison-Blanche , Tony Snow, avait mentionné le sondage de l'ORB lors d'un point de presse le 23 mars, utilisant ses conclusions pour réfuter les résultats d'un sondage en Irak par ABC News, la BBC , le réseau allemand ARD et le journal USA Today. Lorsqu'on lui avait mentionné les conclusions du sondage de ABC soutenant que les Irakiens étaient davantage pessimistes face à leur avenir, Snow avait déclaré : « il y a eu au même moment un sondage britannique avec des résultats presque diamétralement opposés ». Il avait ajouté que l'échantillon du sondage britannique était deux fois plus grand que celui de ABC, et qu'il avait ainsi davantage de crédibilité. Le sondage ORB de mars avait été largement salué par les médias de droite, y compris le réseau Fox News. Le magazine de droite National Review déclarait : « Les partisans de l'Opération Liberté en Irak seront réconfortés par un nouveau sondage indiquant un haut niveau d'appui pour le plan de sécurité de Bagdad et pour le gouvernement élu qui le met en oeuvre. » Le dernier sondage ORB, qui se concentre sur l'énorme taux de mortalité produit par l'invasion américaine, n'a pas été reçu aussi positivement par la Maison-Blanche. Il y a, bien sûr, suffisamment de raisons pour une telle hostilité. Les chiffres rapportés par le sondage ORB mine les prétentions de l'administration Bush que son objectif en Irak est de « libérer » le peuple irakien de la tyrannie et terrorisme, ou de défendre la « liberté et la démocratie ». La véritable raison de la guerre a été révélée par l'ancien président de la réserve fédérale, Alan Greenspan, dans ses mémoires nouvellement publiés, dans lesquels il écrit : « Quelles que soient leurs craintes exprimées quant aux "armes de destruction massive de Saddam Hussein", les autorités américaines et britanniques étaient également préoccupées par la violence dans une région qui abrite une ressource indispensable au fonctionnement de l'économie mondiale. Je suis attristé qu'il soit politiquement inapproprié de reconnaître ce que tout le monde sait : la guerre en Irak est essentiellement une question de pétrole. » Tout aussi significatif est le silence des démocrates au Congrès et des candidats démocrates aux présidentielles, qui prétendent tous être opposés à la guerre en Irak. Cependant, cette posture anti-guerre n'a rien en commun avec un véritable sentiment de compassion pour les souffrances du peuple irakien ou avec une opposition de principe aux intérêts prédateurs de l'impérialisme américain dans ce pays riche en pétrole. Les démocrates s'opposent à la façon d'ont l'administration Bush mène la guerre, non pas parce que c'est une opération sanglante et criminelle, mais parce qu'elle est mal gérée et parce que les succès escomptés dans l'opération de pillage des ressources pétrolières et la consolidation de la position stratégique de l'impérialisme américain au Moyen Orient n'ont pas été réalisés. Les démocrates ne veulent pas souligner l'ampleur du bain de sang en Irak, tel que le suggère le sondage ORB, parce qu'ils partagent la responsabilité politique de la guerre, du vote autorisant l'utilisation de la force en octobre 2002 jusqu'au passage par le Congrès d'une série de lois finançant la guerre et totalisant plus de $600 milliards. Dans un procès pour crimes de guerre liés au quasi génocide en Irak, les dirigeants démocrates trouveraient leur place dans le box des accusés, juste derrière la cabale Bush/Cheney/Rumsfeld. Invité à l'émission de télévision Meet the Press du dimanche 16 septembre, le candidat des démocrates à l'élection présidentielle américaine de 2004, le sénateur John Kerry, a dénoncé toute suggestion que les démocrates au Congrès permettraient une défaite des Etats-Unis en Irak. Il a critiqué l'administration Bush pour la façon dont elle mène la guerre parce que les intérêts nationaux des Etats-Unis en matière de sécurité s'en trouvaient affaiblis, surtout face à l'Iran. « Nous ne disons pas qu'il faut abandonner l'Irak, a dit Kerry. Nous disons qu'il faut un changement de la mission et un ajustement de la mission pour que le gros des troupes de combat soit retiré au plus tard d'ici un an pendant que nous continuons à offrir en arrière-garde le soutien de base nécessaire pour terminer l'entraînement [des troupes irakiennes], pour qu'elles puissent se tenir debout seules et que nous puissions pourchasser al-Qaïda. » Kerry a clairement dit qu'il était en faveur d'une politique plus, pas moins, agressive au Moyen-Orient. « Nous devons sortir d'Irak dans le but d'être plus fort face à l'Iran, a-t-il dit, dans le but de nous occuper du Hezbollah et du Hamas, de restaurer notre crédibilité dans la région. Et je crois, très profondément, qu'ils comprennent ce qu'est la puissance. » Le présentateur de Meet the Press, Tim Russert, a insisté pour que Kerry prenne position sur le refus des démocrates de forcer la Maison-Blanche à mettre un terme à la guerre en refusant de voter les crédits de guerre. Kerry a éludé la question, déclarant, faussement, qu'un tel geste exige 67 voix au Sénat pour contrecarrer le veto présidentiel. Le soi-disant problème des 67 voix est un obstacle que les démocrates au Congrès ont sciemment construit dans le but de continuer leur double jeu de prendre publiquement la posture d'opposants à la guerre tout en continuant de permettre à l'administration Bush de la poursuivre. Kerry a ajouté : « Je vais octroyer aux troupes les fonds nécessaires pour la protection des intérêts américains en matière de sécurité, pour l'accomplissement d'une mission qui améliore notre sécurité nationale et qui protège les troupes elles-mêmes. Nous ne proposons pas l'échec… » Que signifie le « succès » dans le contexte de rapports faisant état de 1,2 million de morts violentes en Irak depuis l'invasion et l'occupation américaine ? Il signifie que la dévastation de ce pays continuera tant que la classe ouvrière américaine et internationale n'interviendra pas pour y mettre fin. wsws.org
http://www.alterinfo.net/Silence-total-sur-le-million-d-Irakiens-tues-sous-l-occupation/

Lundi 24 Septembre 2007
Patrick Martin

dossier de presse du Front Irakien contre la loi du pétrole et du gaz



Dossier de presse
du Front Irakien contre la loi du pétrole et du gaz


La position des syndicats et des conseils ouvriers en Irak


Les syndicats ouvriers Irakiens mènent un combat acharné contre l’occupation et ses créatures et pour l’abrogation de la loi sur le pétrole et le gaz, entérinée par le gouvernement Maliki, en attente d’être votée par le parlement de la zone verte.

Nous vous adressons ce dossier de presse, comportant des documents, des informations, des appels et des messages de soutien, en espérant que notre combat trouve auprès de vous et de la classe ouvrière internationale l’écho que nous sommes en droit d’attendre de vous tous dans notre lutte contre l’occupation.Nous vous rappelons que le 22 septembre 2007, se tiendra à Bagdad, à la place de la Libération et à l’ombre de la statue de la liberté, un grand rassemblement dont les participants risquent d’être réprimés et arrêtés, ce qui exige de tous de mobiliser tous les médias pour faire parvenir la voix des travailleurs irakiens à l’opinion publique irakienne, arabe et internationale.Avec nos salutations et nos espoirs d’engager avec tous une action solidaire.
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Déclaration à l’opinion publique et aux syndicats des travailleurs arabes

C’est la troisième fois que nous manifestons pour protester contre “la loi du pétrole et du gaz” que l’administration américaine essaie d’imposer à notre peuple irakien, soumis aux pires conditions sécuritaires, économiques et politiques qu’il n’ait jamais connues. Des dizaines de nos compatriotes sont assassinés chaque jour et des millions d’entre eux ont été contraints à l’exode intérieure et à l’exil, étant donné que le seul langage en vogue, depuis que l’Amérique nous a importé sa démocratie de la peur pour en finir avec les irakiens, est celui de la terreur et de l’assassinat.
Deux autres manifestations ont eu lieu cette année, à la place El Ferdous à Bagdad en date du 31/03/2007 et du 07/07/2007. Aujourd’hui nous manifestons à Babel (Babylone), haut lieu de la civilisation, de même qu’au centre de notre chère Bagdad, à la place de la Libération et à l’ombre de la statue de la liberté, symbole des aspirations de notre peuple, sans aucune crainte des multiples dangers qui nous guettent.
A cette nouvelle étape de notre lutte, nous voulons exprimer notre refus des plans concoctés contre les masses du peuple irakien par les forces d’occupation et les gouvernements fantoches successifs, qui croient avoir domestiqué définitivement la volonté de notre peuple et pouvoir faire ainsi ce qu’elles veulent, tant que l’occasion les y autorise.
Notre réponse se fera entendre progressivement pour culminer dans une Intifada générale que l’action quotidienne des masses populaires rend de plus en plus proche, étant donné que ces dernières ne peuvent subir indéfiniment la répression des despotes d’hier et d’aujourd’hui.
Nous avons connu récemment la grève des ouvriers des pipes lines à Bassora dont l’action a surpris les américains et leur gouvernement Maliki, qui ont tenté de faire arrêter les chefs syndicaux et poussé Hussein Shahrastani, ministre du pétrole dans le 3ème gouvernement de l’occupation, à faire appel aux lois réactionnaires des régimes antérieures pour faire interdire l’action syndicale au sein de la société du pétrole du sud.

Aujourd’hui, nous voici dans notre rassemblement à Bagdad, capitale de l’Irak Uni, pour assurer notre peuple et le monde, que les masses populaires irakiennes ne peuvent avoir d’autre position que de s’opposer et de résister à tout ce qui vise à dilapider leurs intérêts, leurs richesses nationales et l’avenir de leurs générations futures.

L’administration américaine a réussi, moyennant de fortes pressions sur le gouvernement actuel, à lui soutirer un accord sur le scélérat projet “de loi du pétrole et du gaz” et à le soumettre au prétendu parlement irakien en vue de l’adopter, pour qu’elle dispose pleinement des richesses de notre peuple.

Tout le monde sait pertinemment que cette loi, qui touche à la vie de millions de citoyens, fera l’objet de décisions prises dans les arrières cours sans que les irakiens n’aient à se prononcer sur son contenu. C’est pour cette raison que le gouvernement fantoche et ses acolytes essaient par tous les moyens de justifier cette loi américaine, dans les conditions dramatiques que connaît notre pays. Ils essaient tous de convaincre le monde que leur loi sera au service de l’Irak alors qu’ils font tout pour exclure les voix irakiennes contestataires et hostiles à ces plans douteux.
En fait, ni l’administration américaine, ni le gouvernement irakien n’ont de lien avec les intérêts des masses populaires irakiennes, ce que confirment les événements des cinq dernières années. La preuve en est que jamais ils n’ont pas réussi au cours de cette période à rétablir les services de base tel que l’électricité et l’eau devenus un rêve impossible à réaliser. En plus de l’absence des autres services humanitaires pour lesquels des milliards ont été alloués et qu’ils ont promis dans leur budget de 2007 appelé explosif.

Les « révolutionnaires de la zone verte » ne s’intéressent en fait qu’à ce qu’ils peuvent gagner de leur gestion de l’Irak, qu’ils quitteront un jour avec un visa américain accordé une fois qu’ils auront accompli ce pour lequel ils sont arrivés en Irak.Chers frèresEn organisant ces multiples manifestations et rassemblements, dans les divers coins du pays, l’action du Front contre la loi du pétrole et du gaz, qui s’est engagé à combattre cette loi, ne se limitera pas à cette action. Nous projetons de continuer le combat sous diverses formes et par tous les moyens, en mobilisant les masses populaires en Irak et en appelant à la solidarité, effective et tangible, de nos frères arabes et de tous nos amis libres à travers le monde, pour qu’ils pressent le régime en place et l’administration de l’occupation, à répondre à nos revendications et à l’abrogation immédiate de cette loi. Nous revendiquons aussi, pour le Front ainsi que pour l’ensemble des syndicats ouvriers, une participation effective à l’élaboration de toute autre loi future qui concernerait l’intérêt du peuple irakien et les richesses de son pays.
Permettez-moi enfin, au nom du « Front Contre la loi du pétrole et du gaz », de vous remercier tous pour votre soutien et votre solidarité en espérant que vous demeuriez à nos côtés jusqu’à la réalisation de nos justes combats nationaux
Sobhi Al Badry
Président du Front Contre la loi du pétrole et du gaz
12 septembre 2007

Téléphone : 00 964 79 01 30 72 55
Email : albadry2005@yahoo.com/

Site Internet du Front: http://www.basraoilunion.org/
Email : info@basraoilunion.org/


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Déclaration de Sobhi Al Badry, Président du Front Contre la loi du pétrole et du gaz, à l’opinion publique arabe et internationale, sur la solidarité avec les travailleurs irakiens dans leur combat contre la loi « du pétrole et du gaz », au cours du Rassemblement de la place de la Libération à Bagdad, le 22/09/2007.

Travailleurs et Hommes libres

Nous voici aujourd’hui à la place de la Libération que nous voulons transformer en place de la libération de tout l’Irak, des troupes d’occupation et de leurs agents, réunis dans ce rassemblement qui sera le début de la libération de l’Irak. Cette libération ne peut être le fait que des forces progressistes et non pas des milices confessionnelles et des groupes terroristes.
Nous voici aujourd’hui, fidèles à notre promesse, de nous rassembler pour protester contre « la loi scélérate du pétrole et du gaz », qu’on veut nous imposer. Cette loi a été concoctée par les trusts monopolistiques américains, qui veulent s’accaparer de nos richesses, propriété de nos masses populaires démunies et de nos générations futures.
Le ministre du pétrole Shahrestani, ennemi de la classe ouvrière irakienne, a demandé à son gouvernement d’engager contre nous une procédure judiciaire, parce que nous avons décidé de nous opposer à ce qu’on fasse don des droits des irakiens, aux occupants, ennemis des peuples, venus nous apporter leur démocratie « du terrorisme, des milices et des traîtres » qui a mis le pays en sang et fait plus d’un million de victimes, en plus de quatre millions de réfugiés à l’intérieur et à l’extérieur de l’Irak.

Camarades et Frères

Tout le monde sait que l’occupant et ses trois gouvernements successifs ont constamment agi contre les intérêts des masses populaires et n’ont rien réalisé des promesses de bien-être dont ils ont bercé le peuple irakien. Ce même peuple irakien qui n’a hérité du régime précédent que misère et drames, reproduits d’ailleurs en ce temps de « démocratie » américaine.
Il ne nous reste ainsi qu’à nous prendre en charge, à défendre nos propres intérêts et à les arracher des occupants et de leurs agents, étant bien sûr que les droits ne s’octroient pas mais s’arrachent de haute lutte.
Nous avons le devoir de ne pas temporiser sinon nous nous ferons voler en plein jour.
Les travailleurs et les forces progressistes du monde entier nous observent. N’ayez pas peur de Shahrestani et de ses acolytes, car ils sont ils ne sont pas éternels, alors que le peuple est éternel malgré eux!
Vive la classe ouvrière irakienne!
Vive le Front contre la loi du pétrole et du gaz !
Sobhi Al Badry, Président du Front Contre la loi du pétrole et du gaz

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Déclaration d’appui et de soutien au mouvement des travailleurs irakiens dans leur combat contre la loi du pétrole et du gaz et contre l’occupation.

Les syndicats et les conseils ouvriers irakiens, toutes tendances politiques et spécialités professionnelles confondues, se préparent à entrer en grève générale, conduisant à l’arrêt des exportations de pétrole, au cas où le « parlement irakien » voterait la loi du pétrole et du gaz, pour satisfaire les intérêts américains et sous la pression de l’administration et des forces d’occupation américaine.
Il s’agirait là d’une concrétisation de fait des objectifs de la guerre, de l’occupation de l’Irak et de la destruction totale de son Etat, de sa société, de son avenir et de ses richesses.
Les Irakiens libres et avec eux les citoyens arabes, les ouvriers libres, leurs syndicats et l’ensemble de l’opinion publique internationale qui ont soutenu le peuple irakien à tous les stades de son combat, sont appelés aujourd’hui à redoubler d’effort et à accentuer leur soutien à ce peuple meurtri mais qui résiste courageusement pour chasser les occupants et leurs pions locaux. Ils doivent le faire aussi pour empêcher l’institutionnalisation du pillage des richesses pétrolières irakiennes par les grands trusts américains et autres pays occidentaux qui ont participé à la guerre et à l’occupation de l’Irak.

Le mouvement syndical irakien, soutenu massivement par toutes les forces sociales irakiennes et le mouvement national de la résistance avec toutes ses composantes, salue l’action des travailleurs irakiens et leur détermination à affronter l’occupation étrangère, sa répression et son pillage systématique et destructeur de l’Irak.
Les hommes libres, en Irak et de par le monde, suivent avec intérêt les débats houleux relatifs à « la loi du pétrole et du gaz », passée en catimini par le gouvernement Maliki, et prennent acte de son refus unanime par tous les patriotes sincères, suite aux manifestations, aux rassemblements et aux protestations qui l’ont accompagnée et pour dénoncer la décision de Shahrestani, troisième ministre du pétrole dans le gouvernement de l’occupation, interdisant les activités syndicales dans le secteur pétrolier.
Actuellement, la position unanime des irakiens est de soutenir sans ambiguïté les ouvriers du pétrole dans leur combat pour aller de l’avant et jusqu’au bout dans cette confrontation nationale et générale contre l’occupant, y compris par le recours légitime à la grève pacifique et à l’interruption des exportations de pétrole. C’est là le moyen radical et efficace pour venir à bout des projets de l’occupant et de ses pions dans le gouvernement de la « zone verte » américaine et pour les empêcher de cueillir les fruits de l’occupation de l’Irak.
Nous sommes tous invités à apporter sans retard notre soutien réel et notre solidarité effective avec les travailleurs irakiens du pétrole et avec l’ensemble du peuple irakien dans cette bataille qui déterminera le sort du pays et de la nation.
Nous invitons tout particulièrement l’Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA) et l’ensemble des syndicats arabes et dans le monde à concrétiser leur soutien aux travailleurs irakiens dans leur combat pour libérer leur richesse pétrolière et mettre fin au pillage et à la destruction de l’Irak, d’autant que l’Algérie a réussi à écarter les visées des mêmes groupes d’intérêt internationaux qui ont ambitionné de faire passer une loi similaire. Ce faisant, l’Algérie a donné le meilleur exemple d’une volonté nationale soucieuse de libérer les richesses nationales, de les conserver et de les protéger en legs pour les générations futures.

Nous déclarons notre soutien inconditionnel au « Front contre la loi du pétrole et du gaz » en Irak ainsi qu’à la classe ouvrière irakienne dans son combat pour libérer ses richesses nationales et son pays.

Nous donnons à tous ceux qui veulent communiquer avec nous, les informations et les contacts dont nous disposons sur ce combat pour agir en conséquence.

Professeur Abdel Kadhem Al Aboudi
Membre du Comité Algérien de Soutien aux Peuples Irakien et Palestinien et Coordonnateur Général du Rassemblement des Irakiens Libres à l’étranger.
Téléphone : 00 213 71 61 24 05
Email : aboudika@yahoo.ca


Sobhi Al Badry : Président du Front Irakien contre la loi du pétrole et du gaz.
Téléphone : 00 964 79 01 30 72 55
Email : albadry2005@yahoo.com/

Site Internet du Front: http://www.basraoilunion.org/
Email : info@basraoilunion.org/

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Syndicat général des travailleurs du secteur pétrolier Communiqué du Comité de Coordination des Syndicats Irakiens

Au nom d’Allah, Le Miséricordieux, Le Tout Miséricordieux

Communiqué

La classe ouvrière irakienne a longtemps souffert de la répression du régime dictatorial précédent qui lui avait interdit de s’organiser librement par la loi n°150 datée de 1978. Nous avons cru qu’après la chute du régime, le mouvement syndical et ouvrier irakien qui fait partie du mouvement social, allait recouvrir tous ses droits, y compris l’abrogation de la loi susmentionnée.
Malheureusement, de nombreux responsables dans le gouvernement irakien actuel ont essayé avec force de combattre le mouvement syndical au point d’interdire ses activités, en contradiction totale avec les conventions de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) qui considère que l’action syndicale comme un droit fondamental de la classe ouvrière et que le gouvernement n’avait pas à y interférer et encore moins à l’interdire.
L’attaque en règle de l’Union des syndicats du pétrole et d’autres syndicats actifs dans le secteur est là pour nous convaincre du contraire.
Le mouvement syndical et ouvrier de Bassora, convaincu de l’importance de son unité et de la nécessité de coordonner son action pour faire face à cette attaque et contrer tous les plans de l’occupation et ses projets en Irak et pour réaliser les objectifs de la classe ouvrière :
Les unions et syndicats des travailleurs ci-dessous désignés se sont réunis le 20/08/2007/ au siège de l’Union des syndicats du pétrole, se sont concertés et débattu des problèmes qui les préoccupent et décidé à l’unanimité:
De créer un bureau de coordination de l’action syndicale commune ayant pour siège général Bassora. Ce bureau est un cadre large et ouvert à toutes les unions, les syndicats et les commissions qui désirent le rejoindre dans le but d’unifier la voix de la classe ouvrière en Irak et de réaliser ses objectifs.
Vive la classe ouvrière irakienne
Gloire éternelle aux martyrs de la classe ouvrière
Qu’Allah nous aide

Signataires :
1) Union des syndicats du pétrole
2) Union des conseils et des syndicats ouvriers
3) Syndicat des ouvriers agricoles et de l’agro-alimentaire
4) Syndicat Général des ports irakiens
5) Syndicat général des ouvriers et des techniciens de l’électricité du sud.
6) Comité syndical de la société Ben Majed

A l’issue de la réunion tenue au siège de l’Union des syndicats du pétrole le 22/08/07/ à 10 heures, il a été procédé à l’élection par vote secret du bureau de la coordination. Les personnes ci-dessous ont été élues :
1) Hassen Jomâa Awad Alasadi : de l’union des syndicats du pétrole : Président
2) Abbas Ibrahim Jabbar : du syndicat des ouvriers agricoles, 1er vice-président
3) Abdel Krim Abd Assada : union des conseils et des syndicats ouvriers : 2ème vice président
4) Mouaied Salah Fahd : syndicat des ouvriers et des techniciens de l’électricité : secrétaire

Le bureau se compose de 11 membres, représentant les unions et conseils syndicaux présents à la réunion.
Le Bureau de coordination de l’action syndicale commune.
Siège général : Bassora
Le 23 août 2007

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Notre rassemblement est le début d’une protestation des masses irakiennes contre l’occupation et la loi du pétrole et du gaz.

Communiqué du Front contre la loi du pétrole et du gaz, à l’occasion du rassemblement de la place de la libération.

Deux jours après notre rassemblement du 22/09/07, nous voici le 24 septembre, date anniversaire de la décision maudite prise par l’administration américaine le 24 septembre 2002 d’occuper l’Irak. Cette occupation exécrable a transformé la vie des irakiens en un véritable enfer que l’histoire immédiate de l’humanité n’a pas connu d’équivalent : terrorisme de masse, assassinats ciblés, nettoyage ethnique et règne de l’insécurité. La population Irakienne qui a connu les drames de l’ancien régime connaît actuellement les catastrophes nées de la démocratie ensanglantée américaine, avec notamment une bipolarisation entre d’un côté l’occupation et ses agents, les mouvements terroristes et les milices confessionnelles et de l’autre les masses déshéritées du peuple irakien.

Toutes les composantes du premier pôle, avec leurs diverses agendas, se sont coalisées pour déclarer une guerre à outrance qui détruit les services sociaux, généralise la corruption et le pillage des deniers publics par les dirigeants et les chefs des partis politiques de la zone verte, au point que les scandales ont atteint des proportions jamais égalées auparavant, exploitant l’insécurité qui empêche les masses populaires à faire entendre leurs voix. Ils ne font au fait qu’exécuter les recommandations et les ordres de leurs alliés de la Maison blanche.

Le projet de loi du pétrole et du gaz, adopté sous la pression des occupants, est en fait une première dans le pillage des richesses irakiennes, consenti par le gouvernement « élu » au profit des trusts américains et devant mettre définitivement le sort des irakiens entre leurs mains.

Notre Front appelle tous les irakiens, tous les hommes libres et toutes les forces hostiles à cette loi, à intensifier leur lutte pour son abrogation.
Front contre la loi du pétrole et du gaz.




Soutenez le rassemblement du Front contre la loi du pétrole et du gaz du 22/09/07
Appel aux forces populaires hostiles à cette loi



Nous n’avons plus le temps : la patience des forces d’occupation, de leurs monopoles et de leurs trusts qui veulent foncer sur nos richesses pour se les approprier, a atteint ses limites extrêmes.
Le vote de la maudite loi du pétrole et du gaz par le parlement irakien est imminent alors que l’ennemi de notre peuple continue à nous provoquer et à défier la détermination de nos immenses forces qui refusent cette loi de la honte.
Notre retard à relever ces défis nationaux a donné l’illusion au gouvernement et au parlement que la majorité qui refuse cette loi, allait se taire indéfiniment et les laisserait adopter cette loi sans réagir.
Nous leur disons haut et fort : cessez de jouer avec nos vies, notre stabilité, nos richesses et l’avenir de nos générations futures.
Nous sommes à la croisée des chemins et notre patience a atteint ses limites. Il ne nous reste qu’à sortir dans la rue pour relever le défi et en finir définitivement.
Forces populaires, unisse-vous et relevez le défi !
Oh forces nationales irakiennes qui refusent cette loi, unisse-vous !
Le Front contre la loi du pétrole et du gaz s’est fixé pour objectif, depuis le premier jour de sa formation, de s’opposer à cette loi et de la faire abroger. Cet objectif national ne peut se réaliser sans le soutien des hommes d’honneur de l’Irak.
Notre Front a entrepris des actions multiples pour s’assurer des dangers qui nous attendent au cas où cette loi est adoptée et la réaction des masses populaires a été unanime et claire pour la refuser catégoriquement.
Il a été décidé que le Front organise un rassemblement, place de la Libération , au centre de Bagdad, le 22/09/2007, qui sera le point de départ d’une intensification de la lutte en rapport avec les développements attendus.
Nous lançons un appel à tous nos compatriotes pour apporter leur soutien au Front et pour que notre rassemblement soit celui de la dignité, du défi, de la résistance et un message fort à l’occupant et ses agents, pour en finir avec cette loi.
Soutenez notre rassemblement à la place de la Libération et redonnez à notre peuple la chaleur de l’Intifada nationale pour la liberté et la libération.
Rejoignez le Front contre la loi du pétrole et du gaz.

Sobhi Albadry
Président du Front Contre la loi du pétrole et du gaz


Communiqué de l’Union des syndicats du pétrole à l’occasion du 4ème anniversaire de l’occupation de l’Irak

21 mars 2007
L’occupation de l’Irak est entrée dans sa cinquième année, dans un climat de grande violence, de sang, de nettoyage ethnique, de génocide des enfants, des femmes et des vieillards.
Quatre années d’une extrême dureté, de souffrances, de destruction systématique des conditions de vie sociale organisée, d’incitations aux luttes et à la guerre interconfessionnelle, viennent de s’écouler et pendant lesquelles l’Irak a connu l’insécurité totale, le règne des milices soutenues de l’intérieur et de l’étranger, d’une généralisation du chômage, de la paupérisation, du sous-développement, de la marginalisation, de la fermeture d’usines et de l’absence de services. Au cours de ces longues années, les irakiens ont connu aussi la montée des gangs armés, agissant en toute impunité pour violer les lois, porter atteinte aux biens publics et privés et enlever les personnes. Au cours de ces longues années, les irakiens ont vu s’effriter les liens de fraternité qui cimentaient la société et le règne de l’individualisme et de l’égoïsme qui ont fini par avoir raison de la cohésion sociale.
Quatre années de destruction, d’effondrement, de drames et de catastrophes qui ont enfoncé la société irakienne dans des ténèbres dont on ne voit pas du tout le bout et qu’aucune lueur d’espoir n’en annonce la fin et le retour de la vie à ce corps démembré et meurtri.

Les forces qui dominent l’Irak, leurs soutiens et leurs agents, sont ceux là même qui ont poussé toutes les composantes de la société à s’entretuer et à procéder au nettoyage ethnique. Ce faisant, ils ont précipité le pays dans l’instabilité et l’errance et ont en fait un terrain de prédilection pour les luttes et les règlements de compte entre puissances régionales et une proie facile à leurs projets de domination, au contenu réactionnaire. C’est toute la société irakienne qui est en train d’en payer le prix.
Les Etats Unis et leurs alliés, qui ont misé sur leur puissance armée et leur capacité à dominer l’ensemble du territoire irakien, ont été incapables de trouver une solution à la crise d’un pays en butte aux tiraillements ethniques, nationalistes et confessionnels et brûlé par le feu de la haine et de la discorde.
Toutes ces forces réunies n’ont pas la réponse convaincante aux grandes questions de l’Irak et encore moins la solution à ses problèmes parce qu’elles manquent de l’expérience politique nationale capable de définir des objectifs susceptible d’être réalisés.
La réponse et la solution !
La montée de courants politiques et sociaux indépendants, jugés sans doute petits et sans grande influence, mais qui organisent et dirigent les manifestations et les protestations populaires contre l’occupation, source de tous les maux qui assaillent notre société, est la réponse adéquate à notre situation. Ces forces sont capables de mobiliser les forces patriotiques sincères et d’engager les mouvements syndicaux et ouvriers dans une coalition populaire de classe, capable d’imposer un nouvel équilibre, au détriment des forces dominantes de droite. Elles sont aussi capables de proposer une alternative capable de rompre avec le modèle du confessionnalisme et d’en finir avec ses propositions rétrogrades. Pour cela, il faudrait que ces forces ouvrières, solidaires et organisées dans une structure unie, se transforment en une force influente sur la vie politique et les luttes actuelles. Si tel est le cas, le mouvement ouvrier trouvera auprès des autres organisations patriotiques et, plus largement, auprès des millions des travailleurs en Irak et dans le monde, la solidarité nécessaire pour affronter l’occupation et faire partir ses troupes, mais aussi pour rétablir une vie sociale digne et réunifier l’Irak. C’est le programme que nous proposons à notre peuple et qu’il convient d’exécuter sans retard.
Aussi, et depuis le début de la guerre contre l’Irak et son occupation, les cadres syndicaux ouvriers, ont pris l’initiative d’organiser des mouvements de protestation et de dénonciation de cette occupation. Après, quand l’organisation syndicale s’est développée dans le secteur du « pétrole du sud » et que l’Union générale, réunissant tous les syndicats du sud de l’Irak, s’est constituée, nous avons appelé aux marches de protestation, aux grèves et aux manifestations silencieuses en hommage aux martyrs de la classe ouvrière, morts au champ d’honneur, en résistant à l’occupation dès les premiers jours que ses troupes ont foulé le sol de la Mésopotamie.
Nous, à l’Union des syndicats du pétrole avec toutes ses structures et ses organisations ouvrières, déclarons soutenir notre peuple dans les épreuves difficiles qu’il subit et nous l’assurons que nous partageons son combat pour délivrer notre pays de l’occupation, avec tous les moyens disponibles.
Nous appelons tous les syndicats et les mouvements ouvriers en Irak, à engager des actions de protestation, des manifestations et des rassemblements et à organiser des réunions pour dénoncer l’occupation.
Nous saluons les organisations, les mouvements et les syndicats ouvriers, qui ont manifesté massivement, en Amérique, en Europe et partout ailleurs dans le monde, pour dénoncer la guerre d’agression contre l’Irak et appeler au retrait des troupes d’occupation.
Nous demeurons plus que jamais, contre l’occupation et nous le crions haut et fort !
NON ! NON ! NON ! A l’Amérique !
Abdallah Jabbar Al Maliki
Bureau d’informationUnion des syndicats du pétroleTraduit de l'arabe par Ahmed Manai


FATWA SUR LA LOI SUR LE PETROLE ET LE GAZ
Interdiction pour un dirigeant musulman
de transférer les biens de son pays à des non-musulmans …
Au nom d’Allah, le Compatissant, le Miséricordieux,
Allah a dit « O croyants, ne trahissez pas la foi d’Allah et du Messager,
ni ne détournez en toute connaissance les biens qui vous ont été confiés ».

Ainsi, tous les biens sont par nature la possession d’Allah, tous les biens lui appartiennent. Il a dit « Le royaume des cieux et de la terre est à Allah ; il a le pouvoir sur toutes choses »…

L’Islam a déclaré que l’être humain peut posséder des biens, mais ce droit à la possession doit être confirmé par la religion, qui est source de droit. Ces droits ne sont pas des droits naturels ou le résultat de la pensée mais un don d’Allah à l’être humain.

L’Islam a classé les biens en trois genres : les biens individuels, les biens communs et les biens de l’Etat. Cette fatwa s’intéresse aux biens communs… Le Prophète Mohamed a dit : « les peuples partagent trois choses, l’Eau, la Terre verte et le Feu ». Il est donc interdit à un individu, à un Etat, de posséder les biens communs. Ceux-ci appartiennent à un groupe et ne sont pas inclus dans ceux d’un individu, d’une secte ou ethnie ou des biens d’Etat, l’Etat ayant pour fonction de contrôler ou superviser ces biens au bénéfice du peuple.

Ces biens communs s’analysent ainsi :
1. les matériaux qui ne peuvent être coupés (illimités) tels que le Pétrole, le gaz, le soufre, le phosphate, etc…
2. Les installations relatives au groupe
3. les choses qui ne peuvent être gérés par des individus, comme les fleuves

De ce qui précède, il s’ensuit que :

- Premièrement, le Pétrole est un bien général comme il est un matériau qui ne peut pas être coupé (illimité) aussi il est la possession de l’Etat Nation Musulman et personne ne peut s’en saisir à moins que cela ne l’ait été autorisé par la loi religieuse ou le fiqh(jurisprudence musulmane).

- Deuxièmement, Allah a conféré au gouvernant la responsabilité de conduire ou veiller aux biens communs comme le Prophète l’a énoncé dans son hadith : « Allah s’enquerra auprès de chaque berger des biens placés sous sa responsabilité et même des biens perdus » ou « chacun de vous est un berger et responsable de son troupeau comme l’imam est responsable
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Traduit de l’Arabe par Ahmed Manai : www.tunisitri.net/