29 juillet 2016

Interview exclusive de M.Ahmed Manai Par Tunis Tribune


manai ahmed b

Tunis Tribune : Vous faites partie des membres de la mission d’observation de la Ligue arabe. Comment se passe cette mission sur le terrain ?

Ahmed Manai : Cette mission a été décidée par le Conseil des ministres des affaires étrangères des pays de la ligue, dans le cadre d’une initiative arabe pour aider au règlement de la crise syrienne. Un protocole d’accord a été signé entre la Ligue et la Syrie pour l’envoi des observateurs dans ce pays. Ces derniers sont venus en Syrie et à l’issue de leur travail sur le terrain, ils ont produit un rapport qui devrait servir aux ministres arabes d’entamer une seconde phase dans le règlement de la crise.
Malgré les grandes difficultés, causées surtout par les vrais « décideurs de la ligue » et une campagne d’hostilité sans précédent contre la mission, les observateurs ont fait un très bon travail qui a été résumé dans un rapport de synthèse d’une grande honnêteté, présenté par le Chef de la mission, le général Al-Dabi, au conseil des M.A.E de la ligue. C’est alors que ces « décideurs » se sont rendu compte que le rapport n’allait pas dans le sens de leur plan, l’ont enterré et sont allés au Conseil de sécurité. On connaît la suite. Je renvoie vos lecteurs à ce rapport. Je dirais plus à la fin de cette mission et une fois libéré de mon serment.

Fait rare, la Tunisie, a pris une mesure radicale à l’encontre d’un autre pays arabe, en annonçant l’expulsion imminente de l’ambassadeur de Syrie à Tunis. Est-ce une bonne décision et comment la jugez-vous ?

Fait rare en effet dans la diplomatie tunisienne ! Je me souviens qu’en 1961, lors de la bataille de Bizerte, au cours de laquelle des centaines sinon des milliers de tunisiens ont été massacrés par l’armée française, la Tunisie n’a pas rompu ses relations diplomatiques avec la France mais s’est contentée de rappeler son ambassadeur à Paris. Les étudiants tunisiens en France ont été encouragés à reprendre leurs études dans ce pays.

L’ambassadeur syrien est en congé maladie et se trouve en Syrie depuis plus d’un an !
Il faut dire tout d’abord qu’il n’y a pas d’ambassadeur syrien à Tunis, ce dernier est en congé de maladie depuis plus d’un an, mais simplement un vice-chargé d’affaires. N’empêche que nous sommes en face d’un acte symbolique, bête et gratuit.

La décision de renvoyer l'ambassadeur Syrien vient de Ghannouchi et du Qatar
La décision de renvoyer l’ambassadeur Syrien vient de Ghannouchi et du Qatar
Emir-of-Qatar-Ghannouchi

En 1980, lors de l’affaire de Gafsa, dans laquelle l’Algérie était aussi impliquée que la Libye, la Tunisie n’a pris aucune mesure de rétorsion contre l’Algérie. Bien plus, son nom n’a presque jamais été cité par les médias officiels tunisiens. L’explication de ces deux positions est bien simple : aucun pays, si puissant soit-il, et encore moins dans le cas de la Tunisie, ne peut se permettre d’être entouré par des ennemis. L’objectif de toute diplomatie digne de ce nom est d’avoir le maximum d’amis et le minimum d’ennemis. Je renvoie vos lecteurs à la thèse de l’ami et universitaire Allemand, Werner Ruff, ayant pour titre « La politique étrangère d’un pays faible : l’exemple de la Tunisie » soutenue à la fin des années Soixante. Nos diplomates pourront y trouver ce qui manque à nos gouvernants actuels.
Alors qu’est ce que j’en pense ? C’est une décision irréfléchie, prise par des amateurs de la diplomatie et des relations internationales, inconscients du tort qu’ils font aux intérêts et à l’image d’un pays qui s’est longtemps distingué par sa diplomatie sage et équilibrée, ou alors, une décision dictée par plus forts qu’eux !
Curieusement aucune des puissances qui s’apprêtaient il y a quelques semaines à lancer leur aviation sur la Syrie, n’a eu recours à la rupture des leurs relations avec la Syrie.

Sur votre compte Facebook, vous avez déclaré hier-soir ceci : « La décision de renvoyer l’ambassadeur de la République Syrienne à Tunis ne vient pas du président mais de Ghannouchi et du Qatar ! C’est une honte… » ! Voulez-vous nous donner plus de précisions ?

Il suffit de rappeler la déclaration faite par M. Ghannouchi au mois de novembre 2011, je crois, dans laquelle il a « décidé « que la Tunisie allait renvoyer l’ambassadeur syrien et plus tard, « qu’il allait remettre les ambassades du Yémen et de la Syrie aux opposants des deux pays » ignorant sans doute les conventions internationales qui régissent les relations diplomatiques.

Ghannouchi est tout et décide de tout !

Il n’était alors que le chef d’un parti politique ayant gagné les élections. Heureusement que le gouvernement de l’époque avait tempéré son zèle. Maintenant il est tout et décide de tout !
Pourquoi le Qatar ? Parce que ce pays avait enjoint à tous les pays arabes sous sa tutelle, d’accompagner la réunion du Conseil de sécurité du 4/2 par une action concertée de rupture avec la Syrie. Il a donné aussi des consignes à certains médias pour chauffer un peu plus l’ambiance. Le CNT a recommandé à ses militants à l’étranger d’occuper les ambassades et consulats syriens et à ses groupes armés de se distinguer par des actions d’éclat comme celle qu’a connu la ville de Homs.
Cependant je ne vous cache que j’ai des amis ambassadeurs à la ligue qui m’ont confirmé certaines choses, entre autres l’alignement inconditionnel de la délégation tunisienne à la ligue arabe sur le Qatar.

Ne pensez-vous pas que le pouvoir actuel en Syrie doit passer la main et que le peuple Syrien a droit à choisir son destin et à vivre en toute liberté comme ils le réclament ?

Tous les Syriens que je connais, certains depuis 1981, appartiennent à l’opposition. Ils appartiennent maintenant, au CNT, au CNC ou des indépendants. Depuis 1991, nous avons mené ensemble de nombreux combats pour la liberté, la démocratie et le respect des droits humains, en Tunisie, en Syrie et ailleurs. Je regrette de constater que le long parcours militant de certains d’entre eux n’a pas fait d’eux les hommes politiques qu’exige la phase actuelle du combat.
Juste avant de venir en Syrie, j’ai fait le déplacement à Tunis pour rencontre Burhan Ghoulioune. Je n’ai pas pu le faire mais j’ai rencontré trois de ses collègues et je leur ai posé cette question simple ! Êtes-vous prêts à négocier ? Ils m’ont répondu tous en chœur : jamais ! Ils pensaient sans doute qu’ils allaient faire une entrée triomphale à Damas derrière les troupes de l’OTAN.
C’est tout sauf de la politique, parce qu’en politique la négociation est le fondement de toute solution des différents et des conflits, même armés.
Alors, bien sûr que le peuple syrien a droit de choisir son destin et à vivre en toute liberté comme il le réclame. Mais c’est vrai aussi que l’alternance doit se passer dans le calme, et pas dans le désordre et au rythme des attentats terroristes.

Pourtant le chef de la mission d’observation de la Ligue arabe, chargée de suivre l’évolution de la situation en Syrie, a fait état jeudi d’une « guerre » dans ce pays, où les violences continuent d’émailler le mouvement de contestation du régime en place. Il aussi dit avoir vu « quelques preuves de torture » en Syrie qui fait face à une « guerre ».

Le rapport du chef de la mission est exhaustif et très équilibré. Il a synthétisé les rapports journaliers d’une quinzaine d’équipes d’observateurs qui ont sillonné le pays durant quatre semaines. Mais, je ne crois pas qu’il y ait une guerre civile mais tout simplement des foyers de tension et de grande violence, cinq ou six au plus, qui ont été quelque peu délaissés par les autorités syriennes. Depuis une semaine, les autorités ont repris les choses en main dans les campagnes de Damas (le Rif de Damas) et les opérations de maintien de l’ordre continuent ailleurs. Juste une dernière remarque : ceux qui croient que le président syrien est isolé et n’a pas de soutien populaire se font des illusions. C’est pourquoi je le dis à tous les amis de l’opposition syrienne : révisez vos positions sinon vous serez complètement marginalisés.

* Werner Ruf: Der Burgibismus und die Außenpolitik des unabhängigen Tunesien (Le bourguibisme et la politique étrangère de la Tunisie indépendante). Bertelmann Universitätsverlag Bielefeld, 1967. 280 pp.
La soutenance de la thèse a eu lieu à l’niversité der Fribourg (Allemagne) en janvier 1967

27 juillet 2016

L'avenir que Kadhafi avait prédit

Il avait beau avoir des défauts mais il avait prédit le chaos.
"Kadhafi les appelait des drogués, des fondamentalistes islamiques; nous, nous les appellons ISIS … on ne trouve plus cela aussi drôle aujourd’hui, hein ? Et ISIS est ce qui nous pendait au nez depuis le début ; le lynchage « révolutionnaire » et la sodomisation de Mouammar Kadhafi aux cris frénétiques de « Allahu Akbar », salués par beaucoup, à l’époque, comme une sorte de triomphe perverti du bien incarné par la volonté populaire (lire: loi de la populace parrainée par l’OTAN) sur le mal incarné par la dictature (lire : État souverain), n’étaient rien d’autre que les premiers signes de ce qui attendaient le pays et la région; à savoir, le lynchage de masse de populations entières en Libye, Syrie et Irak et l’éclatement d’états arabes clés en mini-états ennemis. La vidéo horrible de l’assassinat du colonel Kadhafi qui surpasse les vidéos d’ISIS en termes de brutalité désaxée et de grossièreté sanglante, n’a pas soulevé la moindre critique à l’époque, bien au contraire; tout le monde semblait parfaitement satisfait que le « tyran » libyen ait connu une fin aussi grotesque … sauf que ce n’était que le début d’un nouveau règne de terreur sans précédent que nous devons aux mercenaires de l’OTAN et aux rebelles islamiques soutenus par le Conseil de Coopération du Golfe (CCG).

merci Serge Adam
 
L
 
 
 
L’avenir que Kadhafi avait prédit
 
La Libye, ISIS et le luxe sans prix de la sagesse rétrospective « Qui êtes-vous ? » a demandé un jour, vers la fin de son règne, feu Mouammar Kadhafi dans un discours célèbre …

14 juillet 2016

Lettre ouverte à Monsieur le Président provisoire de la République Tunisienne


Objet : Je vous invite à rompre avec les rêves des Cowboys et des chameliers!

Monsieur le Président provisoire,
Avant toute chose, je dois vous avouer que je n’ai voté, ni pour vous, ni pour aucun des candidats de votre parti, parce que je vous connais depuis 32 ans. Je vous dirai aussi, qu’aucun des candidats des deux autres partis qui composent la majorité à l’Assemblée, n’a reçu mon suffrage, car en effet, je connais leurs chefs depuis 44 ans pour le premier, et 25 ans pour le second. Toutefois, vous êtes le Président provisoire, légitimement élu par une Assemblée légitime. A ce titre, je vous respecte donc, en tant que tel.
J’ai même pensé à vous féliciter lors de votre élection, mais hélas, j’y ai renoncé, au dernier moment, suite au profond malaise que j’ai ressenti en vous voyant courir avec de jeunes Libyens, et manifester votre impudente allégresse, à l’annonce de l’assassinat du leader Libyen.
Je vous écris donc, au sujet de la position de la Tunisie vis-à-vis de la Syrie et de la crise que connaît ce pays frère, depuis bientôt dix neuf mois ; position qui s’est illustrée, par une déviation complète par rapport aux traditions de la diplomatie tunisienne, connue pour sa modération, son indépendance, et son respect des principes et valeurs qui fondent les relations internationales.

Ahmed Manaï invite Marzouki à rompre avec les rêves des Cowboys et des chameliers
Ahmed Manaï invite Marzouki à rompre avec les rêves des Cowboys et des chameliers

Permettez-moi donc, de vous rappeler brièvement ce que furent ces positions controversées, au cours des dix derniers mois : La Tunisie a devancé tous les pays arabes pour, renvoyer l’ambassadeur syrien, absent alors de Tunisie, rappeler son ambassadeur et l’ensemble du personnel de son ambassade à Damas, et rompre les relations diplomatiques avec la Syrie. Cela s’était fait dans la hâte, et d’une manière intempestive, qui a surpris l’ambassadeur tunisien lui-même. Cette initiative hystérique a porté un grave préjudice aux deux mille cinq cents membres de la communauté  tunisienne qui ont été brusquement coupés de l’administration de leur pays.
Il est important de rappeler que toutes ces mesures prises singulièrement, par les autorités tunisiennes, dans une précipitation indescriptible et irréfléchie, à croire que nos intérêts supérieurs, concernant le devenir de notre propre nation, étaient mis dans un péril grave et  imminent par le régime Assad, n’ont pas eu d’équivalent, même chez les pays engagés directement dans la destruction de la République arabe syrienne. Ces régimes et pays étrangers à la Syrie, qui se sont autoproclamés libérateurs et « amis de la Syrie », se sont engagés, en effet, dans des opérations de propagande et de désinformation manifestes, telles que, l’entrainement, le financement, et l’armement des bandes armées responsables de terrorisme et de destructions d’infrastructures civiles, au nom de la guerre totale qui n’a d’autre effet évident, que de  détruire la Syrie arabe. Or, c’est ce même régime que l’on dit honni, qui a donné refuge aux résistants palestiniens, aux réfugiés libanais et irakiens, et un certain temps, à nos propres réfugiés. La Syrie est, enfin, le dernier bastion du « front du refus » contre Israël ! Or, ces mêmes pays s’étaient tout simplement contentés de retirer leurs ambassadeurs respectifs de Syrie et, de renvoyer les ambassadeurs syriens chez eux, sans toutefois, rompre leurs relations diplomatiques avec elle.
Malheureusement, la Tunisie s’est voulue le fer de lance de la défiance contre la Syrie, et elle a donc devancé les autres pays arabes en votant la suspension de la Syrie de la Ligue Arabe, alors que celle-ci fût l’un des sept pays fondateurs de cette même organisation en 1945. Hélas, et alors que le temps aurait dû émousser l’animosité de nos dirigeants, la Tunisie a confirmé et persisté dans son hostilité à l’égard de la Syrie, sœur, en votant sa mise au ban de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) lors de sa dernière réunion à la Mecque. De là, à penser que si l’occasion se présentait  pour exclure ce pays de la « Conférence des non alignés » dont elle fut membre fondateur, et même de l’ONU, je ne serai pas étonné que la Tunisie s’y engagerait tête baissée, démontrant ainsi l’alignement aveugle et inconditionnel de nos dirigeants sur les thèses et les plans diaboliques des ennemis de la République syrienne, au nom d’un pseudo soutien à des mouvements hétéroclites d’opposants suscités, instrumentalisés, voire, recrutés, embrigadés, armés, entraînés, et financés par les pays traditionnellement soutiens d’Israël, et leurs alliés arabes ou régionaux, de circonstance, qui se sont montrés amorphes, neutres, et non concernés lors des attaques contre la nation arabe, comme ce fut le cas durant la guerre israélienne contre le Liban, en 2006, ou le martyr de Gaza, en 2008, voire, à Allah ne plaise, de connivence coupable avec les ennemis de la nation arabe et, pire, soutiens d’Israël…
Monsieur le Président provisoire ;
Dans une initiative inédite dans son histoire, le Conseil des ministres des affaires étrangères de la Ligue Arabe  a adopté une résolution concernant la Syrie dans l’objectif de venir en aide à ce pays frère, afin de régler la crise politique qui le secoue depuis le mois de Mars 2011. La résolution stipule l’envoi d’une mission d’observateurs arabes, afin de se rendre compte de la situation réelle dans ce pays et d’en informer le Comité chargé de la Syrie à la Ligue arabe. C’est ce qui s’est passé en effet. De bonne foi, les observateurs arabes se sont rendus en Syrie et ils y ont travaillé pendant trois semaines, à la suite de quoi un rapport préliminaire, objectif, honnête et d’un professionnalisme incontesté, a été rédigé et soumis au conseil restreint des ministres des affaires étrangères arabes, par le Chef de la mission, le général Ed-Dabi en date du 17 janvier 2012.
Le rapport avait conclu, entre autres, que l’armée et les forces de l’ordre syriennes ne tiraient sur les manifestants, qu’en état de légitime défense, et, pour répondre aux tirs provenant du milieu des « manifestants ». C’est ce qui semble avoir enragé les représentants de certains pays arabes, missionnés par leurs suzerains occidentaux pour détruire la Syrie, en voyant que leur ruse avait failli et leurs grossières provocations éventées. Cette vérité amère, pour eux, les a poussés à enterrer le rapport de leur propre mission et à porter l’affaire devant le Conseil de Sécurité, dans l’espoir que ce dernier finisse par adopter une résolution analogue à celle qui a « légalisé »  la destruction de la Libye un an plus tôt. Cette démarche a fort heureusement, complètement échoué, comme vous le savez.
Le vingt quatre février 2012, suivant, la Tunisie a accueilli une conférence qui a réuni ceux qui se sont affublés indument, du titre « amis de la Syrie ». Or, aucun des pays représentés ne mérite ni de près, ni de loin, ce qualificatif. Il y avait, en effet parmi eux, des pays qui ont recrutés les terroristes de partout dans le monde, d’autres qui les ont armés, entraînés, financés, ou, qui leur ont assuré la couverture diplomatique et médiatique, aussi bien religieuse que la propagande. Ces « amis » n’étaient unis, que par un dénominateur commun, le dessein de détruire la Syrie et de démanteler son État, pour parachever le but inavoué, de briser enfin, la résistance contre Israël !
Le même jour et parallèlement à cette conférence de l’outrage, s’est tenue, dans la banlieue nord de Tunis, une réunion des États majors des services secrets européens et leurs vassaux arabes, pour étudier et peaufiner les scénaris de l’occupation de la Syrie et de la destruction de sa société.
Vous aviez déclaré ce jour là, très justement, et c’est à votre honneur, que vous étiez contre toute intervention étrangère en Syrie, ce que j’ai personnellement apprécié. Hélas, les grandes puissances pleines de morgue et sûres de leur immunité, décideront du contraire. En effet, habituées à mépriser les petits pays, dont leurs anciennes colonies qu’elles croient toujours être à leurs pieds, elles ne s’embarrasseront guère de votre position de principe, dès qu’elle ne vient pas abonder dans leur sens. La Tunisie ne sera donc consultée par aucun des agresseurs, pour obtenir son assentiment au recrutement des mercenaires, à leur armement et à leurs programmes de destructions ! A croire revenue la parodie coloniale de la « carotte », pour faire croire aux parents des victimes ciblées, qu’ils sont consultés, et celui du « bâton », pour leur faire comprendre qui est le maître véritable…
Était présent aussi à cette conférence ce qu’on appelle le « Conseil National Syrien (CNS) » dont la direction et les membres ont été choisis et cooptés par les services secrets occidentaux, turcs et arabes. Ce Conseil fantoche fonctionne sous la houlette des puissances qui le financent généreusement. Non indépendant, cet organe au service d’intérêts étrangers qui l’ont créé, le financent et lui assurent la couverture diplomatique et médiatique, n’a pour rôle, que d’exécuter les consignes et les programmes de ces États et puissances étrangères. Il a poussé l’ignominie, jusqu’à réclamer ouvertement et sans la moindre retenue ce que ces puissances n’osent pas clamer à voix haute, à savoir, l’intervention militaire et donc, la destruction de la Syrie, comme hier, il en fut de l’Irak, que les mêmes ennemis voulaient « ramener à l’âge de pierre », ou, de la Libye. Avons-nous donc, la mémoire si courte, et sommes-nous frappés d’amnésie sélective ?
Monsieur le Président provisoire ;
Si vraiment la Tunisie devait s’ingérer, en violation des chartes de l’ONU et de la Ligue arabe, cela va sans dire, dans les affaires intérieures syriennes, et, soutenir une opposition syrienne nationale et authentique, pourquoi donc, ne soutiendrait-elle pas l’opposition patriotique qui refuse aussi bien, la militarisation de la révolution syrienne que l’intervention militaire étrangère ? C’est pourtant, ce que prétend la Tunisie par votre bouche, et ce, d’autant plus que cette opposition se trouve être plus représentative dans le pays que ce Conseil fantoche. Cette opposition historique n’a,  à l’étranger, qu’un porte-parole en la personne du Docteur Haytham Manna, qui a fait ses preuves, comme grand militant des droits humains.
C’est même, lui, qui vous a soutenu tout au long de ces vingt dernières années. Il vous a protégé, conseillé, et il vous a placé à la présidence de la Commission arabe des Droits Humains, lors de sa fondation en 1998, pour mieux vous protéger. Avez-vous donc oublié vos compagnons de route ? Bien entendu, il est à déplorer que ni lui, ni ses structures en Syrie ne disposent de l’appui des puissances étrangères, ni surtout, de la manne financière qatarie et  saoudite, qui pourraient couler à flots avec un déferlement d’investissements mirifiques, sur la Tunisie, pour en faire un pays de cocagne et la sortir de la crise financière de l’après-Benali, un espoir chimérique, s’il en fut. Mais pourquoi pas, l’espoir fait vivre les crédules.
Monsieur le Président provisoire ;
Le 11 février 2012, des escarmouches ont éclaté entre les forces de l’ordre tunisiennes et un groupe armé d’une vingtaine d’individus munis d’armes légères que le Ministre de l’intérieur a abusivement qualifiés de membres d’Alqaida, une aubaine dont a profité son collègue de la défense qui s’est empressé de demander l’aide des USA pour protéger nos frontières nationales ! L’un des devoirs fondamentaux et premiers d’un État, qu’il soit démocratique ou totalitaire, n’est-il pas de protéger ses citoyens et de défendre ses frontières ? Vous devez vous souvenir, sans nul doute, du différend* surgi entre nous deux, à propos de la place des services de sécurité dans la nation et qui mit fin à nos relations, lors du Colloque organisé par la Commission arabe de droits humains, organisé avec le même Haytham Manna à Paris en 2002 ?
Ainsi donc, si de simples escarmouches entre les forces de l’ordre tunisiennes et un groupe armé ont justifié la position officielle tunisienne, que devrait-on attendre du gouvernement syrien confronté à des milliers de combattants étrangers, armés d’équipements lourds, et de ce qu’il y a de plus sophistiqué dans les arsenaux occidentaux, et pire, soutenus depuis plus d’un an par une intense propagande médiatique et religieuse, alors que le pays est livré aux assassinats et aux mutilations les plus ignobles, ainsi qu’aux destructions et aux sabotages les plus sophistiqués ?
Monsieur le Président provisoire,
L’armée arabe syrienne est en passe de régler le problème de la rébellion armée sur le terrain, et c’est le moment que choisit le pouvoir sioniste voisin, avec le dernier raid sur un centre de recherche syrien, pour « aider » à sa façon,  et « rembourser sa dette » à ses amis arabes, dont le Qatari, qui aurait «financé » la campagne électorale israélienne, selon l’ex ministre sioniste des affaires étrangères. Pourtant, sans fléchir, le  pouvoir politique syrien, soutenu par ses alliés, tente quant à lui, de régler les problèmes posés par la guerre diplomatique, menée contre la Syrie. Dans le même temps, la Syrie toute entière se mobilise pour accomplir des réformes politiques réelles. L’objectif que s’assigne le pouvoir, est d’épargner au pays, plus de victimes et le sort de l’Irak. L’agressivité de certains pays colonisateurs commence à s’estomper avec, la nouvelle mission internationale de Lakhdar Ibrahimi et, le début d’une longue partie de négociations, pouvant durer assez longtemps, sur la base de « l’accord de Genève » de juin 2012. Mais ce sont des négociations entre les « Grands » et dans lesquelles, les « petits », y compris le grand cheikhat du Qatar, n’auront aucune place, ni même de strapontins…
Pour toutes ces considérations, je vous invite, Monsieur le Président provisoire, à éviter à la Tunisie de continuer dans la voie que vous lui avez faite suivre, contre sa volonté, et donc, de rompre avec cette Coalition fantoche, dont la principale composante, « Jabhat Annosra » est classée « groupe terroriste » par les Américains eux-mêmes, et de boycotter les futures conférences des prétendus « amis de la Syrie », parce qu’elles ne seront que des réunions d’adieux aux rêves et illusions qui se sont saisis de l’esprit des cowboys et de certains chameliers. Il est déjà humiliant, devant l’histoire, que la Tunisie ait osé participer à l’occupation de la Libye, comme hier, les chameliers l’ont fait, non pour défendre un pays arabe agressé, mais pour offrir leurs aérodromes et leur logistique, comme bases d’envol et de préparations, pour bombarder l’Irak arabe !
Je vous invite aussi, à éviter, pour votre propre crédibilité et celle de la Tunisie, de seriner votre rengaine sur la nécessité du départ du Président Bachar Assad, comme solution à la crise syrienne. A mon humble avis, le Président Bachar Assad ne quittera pas le pouvoir de sitôt, puisque son mandat ne se termine qu’en 2014, c’est-à-dire longtemps après vous-même, et il est fort probable que son peuple le lui renouvellerait viendrait-il à se porter candidat de nouveau.
Par contre vous pouvez inviter les pays ennemis de la Syrie, le Conseil de Sécurité, la Ligue arabe, l’Organisation de la Conférence Islamique, les divers groupes d’opposants syriens, les laïcs, les Wahabites, les Salafis, et les « frères musulmans », et toutes autres organisations régionales et internationales, soucieuses d’abréger les souffrances du peuple syrien, à exiger l’organisation d’un référendum sous le contrôle de l’ONU et des organisations des sociétés civiles du monde entier, pour que le peuple syrien décide du sort de son président, et ce serait alors, à votre honneur, puissiez-vous convaincre, vos « amis » temporaires, d’occasion.
Veuillez croire Monsieur le Président provisoire de la République à mes sentiments distingués.

Par Ahmed Manai, Président de l’Institut tunisien des relations internationales et Membre de la Mission des Observateurs arabes en Syrie. Tunis le 3 Février 2013

*Moncef Merzouki a une sensibilité maladive contre tout ce qui touche à la police. A l’heure du déjeuner de la première journée de cette Conférence, tenue au mois de Novembre 2002, à Paris, nous étions à table à discuter des problèmes du pays. Il a juste fallu que je dise que la police est  « indispensable dans un pays », pour qu’il s’énerve et quitte la table en fulminant contre mon hérésie. Cela a perduré, même, quand il est devenu président de la République, puisqu’il a exclu la police de ses vœux du Nouvel an, en janvier 2012, ce qui a provoqué les protestations des syndicats de la police. Il s’est ressaisi deux jours plus tard ! Cela ne l’empêche pas de maintenir une garde présidentielle aux effectifs aussi pléthoriques que du temps du dictateur Ben Ali. Ses déplacements dans le pays, mobilisent une armée de policiers quoique, sur ce point, il a bien raison de veiller à sa sécurité : c’est le premier président tunisien qui est reçu par des « Dégage » et des jets de pierres, dans les villages les plus reculés !
Traduit de l’arabe par Si El-Hadj Abdel Madjid Aït Sâadi
  • Le texte arabe de cette lettre a été publié par le quotidien Attounissia, le 23 mars 2012, avec une présentation très éloquente du journaliste Mohamed Boughalleb. Nous avons dû l’actualiser et signaler les faits nouveaux survenus depuis cette date.
  • Le ministre tunisien des affaires étrangères, Rafik Abdesselam, a déclaré lors de la IVème réunion des « Amis du peuple syrien », le Mercredi 12 décembre 2012, que la Tunisie reconnait la Coalition de l’opposition syrienne, comme le seul représentant légitime du peuple syrien, sans consulter, semble-t-il, ni le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, ni le président provisoire, Moncef Merzouki. Ce dernier avait pourtant déclaré, au terme de son entretien avec le chef du Congrès national libyen, un mois plus tôt, que cette reconnaissance n’était pas à l’ordre du jour, ce qui laisse penser à une cacophonie au sein de l’État. Mais l’ordre aurait sûrement été intimé de loin, sinon, pourquoi ne pas penser « qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion », comme le pense le bon peuple, friand de perles ?
  • Le président provisoire aura-t-il la force de rétablir la hiérarchie, au sein du pouvoir, et saura-t-il marquer qu’il est celui qui détient le pouvoir légitime ? J’ose espérer qu’il le démontrera, en envoyant le 28 janvier, son porte parole à Genève, pour apporter son soutien à l’opposition syrienne indépendante, réunie autour de son ami, le grand et inlassable militant des droits humains, le Dr. Haytham Manna… ?
  • Entre temps, des centaines de tunisiens, chauffés à blanc par un discours haineux, s’étaient engagés dans la guerre en Syrie, et des dizaines d’entre eux, y ont trouvé la mort sans que le gouvernement tunisien ne lève le petit doigt, pour mettre un terme aux agissements néfastes de ces chouyoukhs « charismatiques », qui viennent de l’étranger, sous le couvert de semer « la bonne parole islamique », pour les enflammer et les recruter, au su et au vu de tout le monde.
Ils vont dans leurs prêches, jusqu’à oser vouloir nous « ré-islamiser ». A croire que nos propres prédicateurs, issus de notre prestigieuse et millénaire Zitouna, ont fait autre chose que cela. Eux, les dignes disciples de Mohamed Tahar Ben Achour, que ces « chouyoukhs cocotte-minute », apôtres du wahabisme, comme les appelle Cheikh Al-Azhar Djoum’a,  stigmatisent,  méprisent et dénigrent, du fait qu’ils sont attachés à nos enseignements traditionnels, nos traditions de paix, de fraternité et de tolérance.

 https://tunisitri.wordpress.com/2013/02/03/lettre-ouverte-a-monsieur-le-president-provisoire-de-la-republique-tunisienne/

11 juillet 2016

PETITION « Les crânes de résistants algériens n’ont rien à faire au Musée de l’homme »


resistance 

Texte collectif : « Les crânes de résistants algériens n’ont rien à faire au Musée de l’homme »

En mai 2011, l’archéologue et historien algérien Ali Farid Belkadi lançait une pétition « pour le rapatriement des restes mortuaires algériens conservés dans les musées français », en particulier les crânes de résistants algériens tués par le corps expéditionnaire français dans les années 1840 et 1850, qu’il venait de retrouver dans les réserves du Musée de l’homme à Paris.

Alors que cet appel était lancé un an après le vote, par le Parlement français, d’une loi exigeant la « restitution [à la Nouvelle-Zélande] de toutes les têtes maories détenues en France », il n’a eu malheureusement que très peu d’écho. En mai dernier, l’universitaire et écrivain algérien Brahim Senouci a lancé un nouvel appel pour que soient restituées les « têtes des résistants algériens détenues par le Musée de l’homme », afin que leur pays les honore, avec cette fois un écho nettement plus large.
Il nous a paru important de le relayer en rappelant la raison de la présence dans un musée parisien de ces restes mortuaires, à partir de l’histoire de l’un d’entre eux : le crâne du cheikh Bouziane, chef de la révolte de Zaâtcha en 1849, écrasée par une terrible répression, emblématique de la violence coloniale.

UN SIÈGE DE QUATRE MOIS

En 1847, après la reddition d’Abd-el- Kader, les militaires français croient que c’en est fini des combats en Algérie après plus de dix ans d’une guerre de conquête d’une sauvagerie inouïe. Mais, alors que le danger était surtout à l’ouest, il réapparaît à l’est début 1849, dans le Sud-Constantinois, près de Biskra, où le cheikh Bouziane reprend le flambeau de la résistance. Après des affrontements, il se retranche dans l’« oasis » de Zaâtcha, une véritable cité fortifiée où, outre des combattants retranchés, vivent des centaines d’habitants, toutes générations confondues.
« Le cheikh Bouziane reprend le flambeau de la résistance. Après des affrontements, il se retranche dans l’« oasis » de Zaâtcha, une véritable cité fortifiée où, outre des combattants retranchés, vivent des centaines d’habitants, toutes générations confondues ». | DR/Poste algérienne
Le 17 juillet 1849, les troupes françaises envoyées en hâte entament un siège, qui durera quatre mois. Après un premier assaut infructueux, l’état-major prend la mesure de la résistance et envoie une colonne de renfort de plus de 5 000 hommes, commandée par le général Émile Herbillon (1794-1866), commandant de la province de Constantine, suivie d’une autre, des zouaves dirigés par le colonel François Canrobert (1809-1895). Deux officiers supérieurs, plusieurs milliers d’hommes contre une localité du grand sud algérien, deux décennies après la prise d’Alger : la résistance algérienne était d’une ampleur et d’une efficacité exceptionnelles.
Le 26 novembre, les assiégeants, exaspérés par la longueur du siège, voyant beaucoup de leurs camarades mourir (des combats et du choléra), informés du sort que les quelques Français prisonniers avaient subi (tortures, décapitations, émasculations…), s’élancent à l’assaut de la ville. Chaque maison devient un fortin, chaque terrasse un lieu d’embuscade contre les assaillants. Après d’âpres combats, au cours desquels les Français subissent de lourdes pertes, le drapeau tricolore flotte sur le point culminant de l’oasis.
Deux ans plus tard, Charles Bourseul, un « ancien officier de l’armée d’Afrique » ayant participé à l’assaut, publiera son témoignage : « Les maisons, les terrasses sont partout envahies. Des feux de peloton couchent sur le sol tous les groupes d’Arabes que l’on rencontre. Tout ce qui reste debout dans ces groupes tombe immédiatement sous la baïonnette. Ce qui n’est pas atteint par le feu périt par le fer. Pas un seul des défenseurs de Zaâtcha ne cherche son salut dans la fuite, pas un seul n’implore la pitié du vainqueur, tous succombent les armes à la main, en vendant chèrement leur vie, et leurs bras ne cessent de combattre que lorsque la mort les a rendus immobiles. ». Il s’agissait là des combattants.

DESTRUCTION MÉTHODIQUE

Or, l’oasis abritait aussi des femmes, des vieillards, des enfants, des adolescents. La destruction de la ville fut totale, méthodique. Les maisons encore debout furent minées, toute la végétation arrachée. Les « indigènes » qui n’étaient pas ensevelis furent passés au fil de la baïonnette.
Dans son livre La Guerre et le gouvernement de l’Algérie, le journaliste Louis de Baudicour racontera en 1853 avoir vu les zouaves « se précipiter avec fureur sur les malheureuses créatures qui n’avaient pu fuir », puis s’acharner : « Ici un soldat amputait, en plaisantant, le sein d’une pauvre femme qui demandait comme une grâce d’être achevée, et expirait quelques instants après dans les souffrances ; là, un autre soldat prenait par les jambes un petit enfant et lui brisait la cervelle contre une muraille ; ailleurs, c’étaient d’autres scènes qu’un être dégradé peut seul comprendre et qu’une bouche honnête ne peut raconter. Des procédés aussi barbares n’étaient pas nécessaires, et il est très fâcheux que nos officiers ne soient pas plus maîtres en expédition de leurs troupes d’élite, qu’un chasseur ne l’est d’une meute de chiens courants quand elle arrive avant lui sur sa proie. »
D’après les estimations les plus basses, il y eut ce jour-là huit cents Algériens massacrés. Tous les habitants tués ? Non. Le général Herbillon se crut obligé de fournir cette précision : « Un aveugle et quelques femmes furent seuls épargnés ». Le pire est que la presse française d’alors reprit ce rapport cynique.

FUSILLÉS PUIS DÉCAPITÉS

Il y eut trois autres « épargnés »… provisoirement. Les Français voulurent capturer vivant – dans le but de faire un exemple – le chef de la résistance, le cheikh Bouziane. Au terme des combats, il fut fait prisonnier. Son fils, âgé de quinze ans, l’accompagna, ainsi que Si-Moussa, présenté comme un marabout. Que faire d’eux ? Ces « sauvages »n’eurent pas droit aux honneurs dus aux combattants.
Le général Herbillon ordonna qu’ils soient fusillés sur place, puis décapités. Leurs têtes, au bout de piques, furent emmenées jusqu’à Biskra et exposées sur la place du marché, afin d’augmenter l’effroi de la population. Un observateur, le docteur Ferdinand Quesnoy, qui accompagnait la colonne, dessina cette macabre mise en scène qu’il publia en 1888 dans un livre, témoignage promis à un certain avenir
Que devinrent les têtes détachées des corps des combattants algériens ? Qui a eu l’idée de les conserver, pratique alors courante ? Où le furent-elles et dans quelles conditions ? Quand a eu lieu leur sordide transfert en « métropole » ? Cela reste à établir, même si certaines sources indiquent la date de 1874, d’autres la décennie 1880. Il semble certaines d’elles aient été d’abord exposées à la Société d’anthropologie de Paris, puis transférées au Musée de l’homme. Elles y sont encore aujourd’hui.
Soutenir les appels de citoyens algériens à rapatrierces dépouilles dans leur pays, pour leur donner une sépulture digne comme cela fut fait pour les rebelles maori ou les résistants kanak Ataï et ses compagnons (en 2014), ne revient aucunement pour nous à céder à un quelconque tropisme de « repentance » ou d’une supposée « guerre des mémoires », ce qui n’aurait strictement aucun sens. Il s’agit seulement de contribuer à sortir de l’oubli l’une des pages sombres de l’histoire de France, celles dont l’effacement participe aujourd’hui aux dérives xénophobes qui gangrènent la société française.

Les signatairesPascal Blanchard historien ; Raphaëlle Branche, historienne ; Christiane Chaulet Achour, universitaire ; Didier Daeninckx, écrivain ; René Gallissot, historien ; François Gèze, éditeur ; Mohammed Harbi, historien ; Aïssa Kadri, sociologue ; Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire ; Gilles Manceron, historien ; Gilbert Meynier, historien ; François Nadiras, Ligue des droits de l’homme ; Tramor Quemeneur, historien ; Malika Rahal, historienne ; Alain Ruscio, historien ;Benjamin Stora, historien ; Mohamed Tayeb Achour, universitaire.
 
http://mobile.lemonde.fr/idees/article/2016/07/09/les-cranes-de-resistants-algeriens-n-ont-rien-a-faire-au-musee-de-l-homme_4966904_3232.html?xtref=http%3A%2F%2Fm.facebook.com

02 juillet 2016

Discours de Sayed Nasrallah. 1 juillet 2016

Journée d'Al Qods

S.Nasrallah appelle à une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme

L’équipe du site

Le secrétaire général du Hezbollah, Sayed Nasrallah, a affirmé que certains régimes (arabes) œuvrent à éradiquer les mouvements de résistance dans la région pour protéger Israël. Lors d’un discours à l’occasion de la journée mondiale d’AlQuds, Sayed a affirmé que le soutien logistique et l’argent dépensé par ces régimes, pour alimenter la guerre en Syrie et au Yémen, était capable de libérer 10 fois la Palestine.
Sayed Nasrallah a en outre riposté aux menaces israéliennes proférées lors de la conférence de Herziliya, faisant état d’une  importante collecte de renseignements de la part de la résistance concernant les installations chimiques et nucléaires israéliens, et sur l’état psychologique des soldats et colons israéliens.
S’agissant des derniers attentats-suicide ayant visé la localité libanaise de Qaa, Sayed a affirmé que si le Hezbollah n’avait pas participé à la guerre préventive contre les takfiristes en Syrie, le Liban aurez dû faire face à des kamikazes quotidiennement. Il a dans ce contexte appelé à l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme.

Voici les principaux de son discours :
A l’occasion de cette journée grandiose et bénie, faisant partie des dix derniers jours du mois sacré de Ramadan, et à l’occasion de cette journée mondiale d’AlQuds décrétée par l’Imam Khomeini, je voudrai aborder trois sujets :
-La journée mondiale d’AlQuds et la cause palestinienne
-Les menaces israéliennes proférées contre le Liban lors de la conférence d’Herziliya
-la situation sécuritaire au Liban
Journée mondiale d’AlQuds
Après la victoire de la révolution islamique en Iran en 1979, et la chute du régime du Chah, premier allié des Etats-Unis et d’Israël, les nouvelles autorités iraniennes ont fermé l’ambassade israélienne à Téhéran et ouvert à sa place l’ambassade de la Palestine.
Au moment ou des régimes arabes se rapprochent d’Israël pour s’assurer d’une protection internationale, l’Imam Khomeini a coupé les relations avec Israël et décrété le dernier vendredi du mois de Ramadan, journée mondiale d’AlQuds et non pas journée mondiale de Kerbala, de Najaf ou de Téhéran.
Un des objectifs de ce décret est de laisser la cause palestinienne vivante dans l’esprit de la nation. Pour que la nation islamique se rappelle dans ce mois béni de la Palestine et comprenne que son soutien fait partie de leur devoir religieux.
L’Imam Khomeini a voulu mettre la lumière sur la souffrance des Palestiniens, les détenus palestiniens incarcérés dans les geôles de l’occupation, les agressions de l’occupation et la souffrance des citoyens palestiniens à Gaza, en Cisjordanie ou dans les territoires occupés en 1948.
Déclencher des guerres sous de faux titres
Dans ce jour, il convient de rappeler et de dire avec force que toute la Palestine du fleuve à la mer est spoliée et usurpée. En dépit des années écoulées à son usurpation, l’entité usurpatrice ne sera jamais légitime, même si toute la communauté internationale la reconnait. Cette entité corrompue et meurtrière doit disparaitre de l’existence. Cela est prescrit par la religion et toute autre parole est une tromperie.
Dans les mauvaises conditions, certains (régimes arabes) ne vont pas à la guerre pour aider à la libération de la Palestine, mais il est inadmissible qu’ils se soumettent face à l’ennemi et s’attellent à normaliser les relations avec l’ennemi ou à conspirer avec cette entité contre la résistance. Certains pays arabe sont allés plus loin et à voter en faveur d’Israël à l’Onu. Si tu es faible et tu ne peux pas faire la guerre, pourquoi tu cherches à innocenter et reconnaitre Israël dans les instituions internationales.
Si vous n’êtes pas compétents de défendre la Palestine, laissez ce boulot aux générations. La loi du remplacement est une loi divine selon laquelle Dieu- qui n’abandonnera pas ses créateurs souffrir- vous remplacera par une autre génération capable d’assumer son rôle de libérer la Palestine.
La seule voie capable de libérer le peuple palestinien face aux agressions israéliennes est simple. Elle consiste à persévérer, résister et de patienter à long terme.
Dans nos jours et après les victoires du projet de la résistance face à Israël, certains sont intervenus avec force pour éradiquer cette voie et cette volonté.
Ils ont mené la région vers la guerre, en brandissant de faux titres à savoir : la liberté, la démocratie, le confessionnalisme…Tout cela, dans le but de frapper les mouvements de résistance et la culture de résistance.
Ils veulent éradiquer le soutien de la Palestine de l’esprit des populations en Syrie, au Yémen, en Irak, à Bahreïn, en Libye, au Nigeria, en Egypte, en Afghanistan, au Pakistan…
Ils veulent ouvrir les bras à Israël au point de le rendre un des alliés dans la lutte contre le terrorisme.
Si on recule des décennies en arrière, on constate que ce sont les mêmes familles régnantes qui ont ouvert la voie aux Américains et Britanniques pour créer Israël et usurper la Palestine. Et Aujourd’hui, leurs descendants répètent le même scénario face à l’axe de la résistance.
Si vous cherchez, vous allez constater que les bâtons du régime saoudien ont gravement lésé les peuples du Yémen, Bahreïn, Syrie, Irak, Nigeria, mais malgré cela ils n’ont pas abandonné le soutien de la Palestine. La guerre saoudienne contre le Yémen se poursuit depuis plus d’un an et demi. Au nom des lieux saints, ils ont tué les enfants yéménites, l’ONU lâche a d’ailleurs reconnu cela avant de renoncer face aux pressions financières. Malgré tout ça, le peuple yéménite n’a pas abandonné le soutien de la cause palestinienne. Il en est de même à Bahreïn et au Nigeria. Plus d’un millier de Nigérians ont été tués et leur chef détenu par le régime soutenu par l’Arabie, vu qu’ils avaient choisi l’axe de la résistance, et les slogans appelant à la  mort d’Israël et des USA.
Tout ce qui se passe dans les pays de la région, au nom de la liberté et du confessionnalisme, ce sont de faux titres visant à détruire les mouvements de résistance pour protéger Israël.
En 2009, Israël évoquait une menace existentielle, mais aujourd’hui cette menace s’est transformée en une opportunité, grâce aux guerres déclenchées dans la région.
Le soutien logistique et l’argent dépensé par ces régimes, pour alimenter la guerre en Syrie et au Yémen, était capable de libérer 10 fois la Palestine.
Les vassaux des Etats-Unis et d’Israël veulent empêcher la nation d’adopter le chemin de la résistance, tout en soutenant les mouvements takfiristes. D’où la nécessité de se révolter sur ces pratiques et de retourner vers le droit chemin.
La Conférence de Herziliya
Lors de la conférence de Herzilya, des arabes ont malheureusement participé à cette conférence chargée de la sécurité d’Israël.
Le représentant de l’opposition syrienne était l’hôte d’honneur de cette conférence. En 2011, les généraux israéliens prenant la parole à cette conférence évoquait un danger visant Israël. Mais, en 2016 ils étaient plus à l’aise, ils ont parlé de l’effondrement des armées arabes en Syrie et en Libye, et de l’épuisement de l’armée égyptienne.
Ils ont proposé de participer à la lutte contre le terrorisme, au moment où ils soutiennent le front Nosra (branche syrienne d’AlQaida) à la frontière syrienne.
Ils ont évoqué une menace par rapport à Israël en cas de défaite de Daesh en Syrie et de la victoire de la résistance. Ils ont beaucoup parlé de l’Iran qui soutient les mouvements de résistance au Liban et en Palestine.
S agissant du Liban, ils ont proféré beaucoup de menaces qui ne sont pas nouvelles pour nous. Ils ont menacé de détruire et de tuer. Tout cela n’est pas nouveau pour une entité fondée sur la tuerie et la destruction. Ils ont beaucoup détruit en Palestine en 1948, et lors des guerres contre le Liban, et à Gaza...Ils ont dits détenir beaucoup d’informations sur le Hezbollah. Cela aussi n’est pas nouveau pour cette entité qui détient un grand service de renseignements et collabore avec les services de renseignements étrangers et arabes. Mais ce qui importe pour nous c’est le résultat, malgré toutes vos collectes d’informations lors de la guerre 2006, c’est la résistance qui a créée les surprises et non pas vous.
Mais je vous dis, ce qui est nouveau pour nous c’est l’ampleur des informations que nous avons collecté sur vos stations électriques, usines nucléaires et chimique et sur l’état psychologique de votre peuple. Je crois que nous sommes le premier mouvement de résistance qui possède ces genres de données.
La résistance connait votre peuple, et vous connaissez notre peuple, la résistance connait vos soldats et vous connaissez nos Moujahidines.
Le Hezbollah possède la croyance nécessaire pour vous vaincre. Notre force militaire, la volonté de nos combattants et notre croyance en Dieu fait de nous une force plus puissante que vos armes.
La situation sécuritaire au Liban
Les attentats suicides qui ont récemment frappé la localité libanaise de Qaa (Békaa) constituent un développement très dangereux. A l’instar de tous les Libanais, nous avons condamné ces attentats et exprimé notre soutien aux habitants de Qaa. Il est clair que le village de Qaa était la cible, du fait qu'il s'agit d'une localité chrétienne.
Je crois que bientôt, le cerveau des attentats de Qaa sera connu. Toutes les informations, notamment les nôtres, certifient que les kamikazes ne sont pas venus des camps de réfugiés syriens aux abords de Qaa mais du jurd de Ersal. Ils s’étaient abrités chez Daesh qui jouit du soutien de certaines parties politiques. Les Daeshistes n’ont rien à voir avec la religion, leur doctrine est de tuer.
Certains s'étonnent du fait que Qaa a été ciblée mais estiment qu'il est normal que des régions favorables au Hezbollah soient visées, en raison de l'intervention militaire du Hezbollah en Syrie. Mais les habitants de Qaa sont chrétiens, et ne sont pas nécessairement favorables au Hezbollah et n'ont pas envoyé de combattants en Syrie. Et la municipalité de Qaa est favorable à un camp politique opposé au Hezbollah.
Si on parle du triple attentat ayant frappé à Istanbul,  pourquoi Daesh a frappé l’aéroport Atatürk, au moment où la Turquie n’a pas combattu les rebelles en Syrie, et en plus elle est le point de passage des armes et du soutien logistique aux rebelles, et  c’est elle qui achète le pétrole de Daesh.
Le problème réside dans la doctrine de Daesh, le front al-Nosra et Al-Qaïda, c'est-à-dire la pensée wahhabite qui apostasie autrui et décrète des fatwa de mort. Citons comme exemple, les deux frères saoudiens qui ont tué leurs parents, sous prétexte qu’ils sont des apostats. Quelle est cette religion qui n’a rien à voir avec la miséricorde de Dieu et du prophète Mohammad (S).
Pour Daesh, Erdogan est un apostat, le peuple turc est apostat vu qu’il participe aux élections, tout cela est le fruit de la culture wahhabite.
Citons un autre exemple, un des grands muftis du wahhabisme en Arabie a apostasié tous ceux qui disent que la terre tourne autour du soleil. C'est-à-dire, il sera légitime de tuer tout musulman, qui prie et jeune, parce qu’il croit à cette vérité scientifique.
De retour à la situation à Qaa, Certains disent que notre combat en Syrie, qui vise à protéger le Liban, a échoué, du fait que certains kamikazes se sont infiltrés au Liban. A ceux-là, nous disons que si nous n'étions pas présents militairement en Syrie, vous auriez dû faire face à des kamikazes quotidiennement. Vous auriez dû affronter les voitures piégées tous les jours. Sans les efforts de l'armée libanaise et de la Résistance, le Liban serait dans un piteux état, avec des sauvages dans notre voisinage.
La guerre préventive que nous menons à la frontière a empêché et empêche toujours la multiplication des attaques. Les efforts internes contribuent également à cela.
Cela n’empêche qu’ils peuvent s’infiltrer de temps à autre.
Lorsqu’une attaque est déjouée, ou des explosifs sont retrouvés, cela montre que la situation sécuritaire est sous contrôle, et qu'il n'y a aucune raison de s'inquiéter pour la stabilité et le tourisme. La situation sécuritaire au Liban est la meilleure parmi tous les pays du Tiers-monde.
D’où la nécessité d’adopter une stratégie nationale officielle afin de combattre le terrorisme.
Enfin je dis aux habitants de Qaa  que le Qaa est pour nous comme le Hermel. Ras Baalbeck est pour nous comme Baalbeck. Tous les Libanais sont nos frères.
Nous ne permettrons pas que quelqu'un s'en prenne à vous ou vous pousse à l'exode. L'armée libanaise et les services de sécurité sont chargés de vous protéger, et nous sommes là pour les soutenir. Par nos yeux, nous protégerons toute la région, chaque rue et chaque maison. Il s’agit d’un engagement national et religieux.