17 septembre 2016

Sabra et Chatila : Le massacre inoubliable, impardonnable des Israéliens contre des Palestiniens

Il y a un autre anniversaire significatif cette semaine, mais celui-ci n’attire pas la même attention que les commémorations du 11 septembre. 16-17 Septembre 1982, Sabra et Chatila...
Sabah, lundi 18 septembre 2006
Au matin du samedi 18 septembre 1982, les journalistes qui sont entrés dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, près de Beyrouth au Liban ont eu une vision horrible.
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Sabra
Des piles de corps jonchaient les rues poussiéreuses des camps, des fosses communes avaient été construites à la hâte et les bâtiments avaient été rasés au bulldozer sur les cadavres.
Les personnes assassinées étaient des hommes âgés, des femmes et des enfants. Un massacre avait eu lieu. Le nombre de morts était estimé à des milliers.
Que s’y était-il produit ? Qu’est ce qui avait pu provoquer ce type de massacre inhumain ? Qui avait fait cela ?
C’étaient les questions qui ponctuaient le silence du matin après que le massacre se soit arrêté. On se pose encore aujourd’hui ces questions, plus de deux décennies après les événements.
Pour essayer de répondre à ces questions, relisons une nouvelle fois l’histoire :
Le 6 juin 1982, l’armée israélienne a envahi le Liban dans ce qu’elle a décrit comme étant des "représailles" pour la tentative d’assassinat sur l’Ambassadeur israélien à Londres, Argov, le 4 juin. L’invasion, appelée ensuite "Opération Paix en Galilée", a progressé rapidement.
Le 18 juin 1982, Israel avait cerné les forces armées de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) dans la partie occidentale de la capitale libanaise. Un cessez-le-feu, négocié par l’envoyé des Etats-Unis, Philip Habib, a eu comme conséquence l’évacuation de l’OLP de Beyrouth le 1er septembre 1982.
Le 11 septembre 1982, le ministre de la défense israélien, Ariel Sharon, l’architecte de l’invasion, a annoncé que "2.000 terroristes" étaient restés à l’intérieur des camps de réfugiés palestiniens autour de Beyrouth.
Le mercredi 15 septembre, le lendemain de l’assassinat du chef de la milice phalangiste alliée des Israéliens et président élu libanais, Bashir Gemayel, l’armée israélienne a occupé Beyrouth-Ouest, "encerclant et bouclant" les camps de Sabra et Shatila, où vivaient des civils libanais et palestiniens. Israël a justifié son initiative dans Beyrouth-Ouest par un besoin de maintenir l’ordre et la stabilité après l’assassinat de Gemayel.
Cependant, plusieurs jours plus tard, Ariel Sharon a déclaré à la Knesset, le parlement israélien : "Notre entrée dans Beyrouth-Ouest était destinée à faire la guerre contre l’infrastructure laissée par les terroristes."
L’armée israélienne a alors désarmé, dans la mesure où elle le pouvait, les milices anti-israéliennes à Beyrouth-Ouest, alors qu’elle a laissé ses armes aux milices phalangistes chrétiennes de Beyrouth.
A midi le 15 septembre 1982, les camps de réfugiés étaient complètement encerclés par des tanks et des soldats israéliens, qui ont installé des points de contrôle aux endroits stratégiques et aux carrefours autour des camps afin d’en surveiller toutes les entrées et les sorties.
En fin d’après-midi et toute la soirée, les camps ont été bombardés.
Le jeudi 16 septembre 1982 vers midi, une unité d’environ 150 Phalangistes armés (c’est ce que prétend Israël) est entrée dans le premier camp.
Pendant les 40 heures suivantes, les membres de la milice phalangiste ont violé, tué et blessé un grand nombre de civils non-armés, dont la plupart étaient des enfants, des femmes et des personnes âgées à l’intérieur des camps encerclés et bouclés. L’estimation des victimes varie entre 700 (chiffre officiel des Israéliens) et 3.500.
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Sabra
Les victimes et les survivants des massacres n’ont jamais eu droit à une enquête officielle sur la tragédie, puisque la Commission Kahan d’Israel n’avait pas de mandat juridique et n’avait pas de pouvoir judiciaire.
Ce massacre est considéré comme le seul massacre sanglant de l’armée terroriste israélienne et il revendique la participation d’alliés, mais on peut penser qu’il ne sera pas le dernier. En particulier, après ce que nous avons vu dans la dernière guerre israélienne contre le Liban.
Si les Américains ont préparé avec agitation l’anniversaire du 11 septembre, beaucoup d’habitants du camp de Chatila et de son voisin plus petit, Sabra, ont redouté la date importante de samedi qui marquera 24 ans de souffrance et d’enquête futile de la justice.
Pour les Palestiniens, ce sera certainement un rappel bien loin des cérémonies de New York et de Washington où les responsables américains ont dit au monde que leur fameuse puissance militaire allait s’assurer que la justice pour les victimes triompherait du mal quel qu’en soit le prix.
Les survivants palestiniens des massacres de 1982 se réuniront probablement pour entendre des discours à l’endroit où leurs proches ont été enterrés dans des fosses communes : une parcelle vide et poussiéreux signalée par un pathétique monument provisoire en parpaings.
Mais, le monde n’observera pas une minute de silence pour les victimes innocentes de Sabra et Chatila, ni de reportages au sujet des survivants et de leur existence malheureuse sur les lieux de ce crime horrible.

03 août 2016

Lettre de prison de Bilal Kayed à son 48ème jour de grève


samidoun




Lettre de prison de Bilal Kayed à son 48ème jour de grève : « Vos luttes me donnent encore plus de détermination pour la victoire »
Par Samidoun/Bilal Kayed
1er août 2016

Le prisonnier palestinien Bilal Kayed, à son 48ème jour de grève de la faim, a publié aujourd’hui la lettre suivante depuis sa chambre à l’hôpital Barzilai, où il est détenu mains et pieds enchaînés à son lit. Kayed, 34ans, a commencé sa grève de la faim le 15 juin ; il devait être libéré le 13 juin après avoir purgé sa peine de 14 ans et demi dans les prisons israéliennes. Pourtant, au lieu d’être libéré comme prévu, il a été condamné à six mois de mise en détention administrative renouvelables indéfiniment sans inculpation ni jugement.
Il a immédiatement lancé une grève de la faim pour protester contre ce précédent menaçant tous les prisonniers palestiniens, une grève soutenue par ses camarades du Front Populaire pour la Libération de la Palestine, de gauche, et ceux de différents secteurs du Mouvement des Prisonniers Palestiniens. Plus de 100 prisonniers palestiniens se sont joints la grève de la faim collective pour la liberté de Kayed, dont le Secrétaire Général du FPLP Ahmad Sa’adat, les anciens grévistes de la faim Ghassan Zawahreh et Shadi Ma’ali, l’artiste de cirque Mohammed Abu Sakha, l’organisateur de la jeunesse Hassan Karajah et bien d’autres. Des centaines d’autres les ont rejoints dans une série de manifestations collectives pour la libération de Kayed, y compris des grèves de la faim partielles et des protestations lors de l’appel nominal ; les prisonniers ont subi des raids, des transferts de masse, des interdictions de visites familiales, la mise en isolement et autres sanctions pour tenter de briser leur mouvement de protestation collective.
Plus de 170 organisations palestiniennes et internationales ont signé l’appel pour la liberté de Kayed, et des manifestations se développent dans toute la Palestine et à l’étranger. Le Réseau de Solidarité du Prisonnier Palestinien Samidoun met en lumière l’appel de Kayed ci-dessous : « Ce que j’ai reçu de vous par le biais de vos luttes, vos sit-ins, vos manifestations, me donne plus de détermination pour continuer à aller de l’avant jusqu’à la victoire. La liberté ou le martyre » et appelle en urgence à l’intensification des manifestations, des actions et de la lutte en appui de Bilal Kayed et de ses codétenus en ce moment critique de la lutte.
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Lettre du gréviste de la faim Bilal Kayed
À mon peuple héroïque palestinien…
Gens libres du monde…
Dans cette étape difficile que je subis sur un plan personnel, dans la lutte contre la tentative de forcer ma soumission à l’occupation brutale qui a pris la décision de me liquider, pour rien d’autre que le fait que j’ai été aux côtés des prisonniers de mon peuple, défendant mes droits et leurs droits et les droits de leurs familles pour parvenir à accéder même aux conditions minimales de la dignité humaine. Il n’est pas étrange que je me trouve moi-même soutenu par l’ensemble de mon peuple, de ceux qui m’entourent avec leurs cris et leurs pleurs et leur soutien et font des efforts inlassables pour annihiler l’injustice qui a été infligée, à moi et aux prisonniers. Ce qui arrive est tout à fait en accord avec l’esprit d’entente nationale dans lequel j’ai été élevé, par vous, mon peuple et par les peuples libres du monde, où qu’ils soient. En Cisjordanie , se dressant contre l’oppression ; dans les terres occupées [de 1948], fiers et enracinés dans la terre et le respect de leur identité ; mon peuple héroïque dans Gaza victorieuse et tous les hommes libres du monde, de toutes les nationalités et de toutes les origines.
Je suis ici, aujourd’hui, terminant ma première étape dans ma bataille avec cet occupant brutal et j’ai annoncé ma deuxième étape, qui est celle de l’unité avec tous les prisonniers de tous horizons et partis politiques pour que nous puissions tous, collectivement, nous tenir à l’avant-garde de la lutte nationale, à l’intérieur et à l’extérieur des prisons.
Après avoir reçu cette décision des tribunaux de l’occupation militaire (comme je l’attendais) [de rejet de son appel contre la détention administrative] ignorant ma liberté, la vie et la dignité, il est nécessaire que je répondre afin de faire face à cette décision brutale. Ainsi à partir d’aujourd’hui, 1er août 2016, je refuse tous les examens médicaux proposés par les médecins de l’hôpital. J’exige mon retour immédiat en prison malgré la détérioration de mes conditions de santé, pour me tenir debout sur un seul front et sur une seule ligne dans les cellules de l’occupation, aux côtés de tous les prisonniers en révolte, élevant la voix avec force : Votre décision ne passera pas facilement ! Surtout après que l’occupation ait franchi une autre ligne rouge, encore plus dangereuse, en m’envoyant en détention administrative, ce qui vise à liquider tous les dirigeants du mouvement de prisonniers et ses cadres et ceux qui lèvent haut sa bannière en défense du droit des prisonniers à la liberté et à la dignité.
Mon peuple héroïque, l’heure du combat est arrivée. Je suis plein d’espoir. Car j’ai toujours su que vous, vous êtes le mur protecteur, défendant notre lutte. Ce que j’ai reçu de vous par vos luttes, vos sit-in, vos manifestations, me donne plus de détermination pour continuer vers l’avant jusqu’à la victoire. La liberté ou le martyre.
La victoire est inévitable.
Bilal Kayed
Hôpital Barzilai
1er août 2016
Source : Samidoun.ca
Traduction : André Comte
أسير الجبهة الشعبية لتحرير فلسطين ‫#‏بلال_كايد‬ يوجه رسالة لأحرار العالم في يومه ال48 من إضرابه المفتوح عن الطعام ..
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جماهير شعبنا البطل، أحرار العالم في كل بقاع الأرض ..
في هذه المرحلة العصيبة التي أمر بها على الصعيد الشخصي في حرب أعلنتها على محاولة تركيعي من قبل الاحتلال الغاشم، الذي أخذ قراراً بتصفيتي لا لشيء إلا لأني كنت أقف إلى جانب أبناء شعبي من الأسرى، مدافعاً عن حقّي وحقهم وحق أهاليهم في ظروف إنسانية بحدّها الأدنى من الكرامة، وليس غريباً أنني وجدت نفسي إلى جانب أبناء شعبي جميعاً ملتفّين حولي بصرخاتهم ووقفاتهم ومحاولاتهم الدؤوبة، لإزالة الظلم الذي وقع علي وعلى الأسرى أمثالي، وهذا يأتي انسجاماً مع الفهم الوطني الذي نشأت عليه منكم ومن أبناء شعبي الأحرار أينما تواجدوا، في الضفة الثائرة في وجهة القهر، والداخل الفلسطيني الأبيّ والمتجذّر والمتمسك في الهوية، وأبناء شعبي البطل في غزة المنتصرة، وفي كل أنحاء العالم مع جميع الأحرار من كافة الجنسيات والفئات.
وها أنا اليوم أعلن عن تدشين مرحلتي الأولى في صراعي مع هذا المحتل الغاشم، وأعلن ابتداء مرحلتي الثانية، والتي ستتمحور في التوحّد مع كل الأسرى في كافة أطيافهم وأحزابهم، لنشكّل سويّة رأس حربة النضال الوطني في داخل السجون وخارجها.
فبعد أن جاء القرار من محكمة الاحتلال العسكرية (كما توقعت) متجاهلاً حقي بالحرية والحياة بكرامة، بات من الضروري أن يكون هنالك رد من قبلي، يليق في هذا القرار الغاشم، عبر امتناعي ابتداءً من اليوم 1/8/2016 عن التعاطي مع أيّة فحوصات طبية يعرضها عليّ الأطباء في المستشفى والمطالبة في العودة الفوريّة إلى السجن، رغم تردّي حالتي الصحية، والوقوف في صف واحد في زنازين إدارات السجون التابعة للاحتلال، جنباً إلى جنب مع كل الأسرى المنتفضين والعليين للصوت، لن يمر قراركم في سهولة، خصوصاً بعد أن تخطّى الاحتلال بقرار اعتقالي إدارياً خطاً أحمراً آخر أكثر خطورة، والذي يهدف من خلاله على تصفية كل قيادات الحركة الأسيرة وكوادرها، والرافعين للوائها، والمدافعين عن حق أسراها بالحرية وبالعيش بكرامة.
يا أبناء شعبي البطل، لقد دقّت ساعة النضال، وكلّي أمل كما عهدتكم دوماً بأن تكونوا الجدار الحامي والساند لنضالنا، وما يصلني منكم من نضالات ووقفات واحتجاجات يزيدني عزماً وإصراراً على المضي قدماً حتى النصر، إما بالحرية أو بالاستشهاد.
وإننا حتماً لمنتصرون
المعتقل بلال كايد – مستشفى برزلاي « عسقلان » – 1/8/2016
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الحرية للرفيق الأسير بلال كايد .. الدعم و المساندة لكل الأسرى في سجون الإحتلال الغاشم ..
http://www.ism-france.org/temoignages/Lettre-de-de-prison-de-Bilal-Kayed-a-son-48eme-jour-de-greve-Vos-luttes-me-donnent-encore-plus-de-determination-pour-la-victoire–article-20059/

nos remerciements à Ahmed Manai qui nous a fait suivre ce double article. 

 

29 juillet 2016

Interview exclusive de M.Ahmed Manai Par Tunis Tribune


manai ahmed b

Tunis Tribune : Vous faites partie des membres de la mission d’observation de la Ligue arabe. Comment se passe cette mission sur le terrain ?

Ahmed Manai : Cette mission a été décidée par le Conseil des ministres des affaires étrangères des pays de la ligue, dans le cadre d’une initiative arabe pour aider au règlement de la crise syrienne. Un protocole d’accord a été signé entre la Ligue et la Syrie pour l’envoi des observateurs dans ce pays. Ces derniers sont venus en Syrie et à l’issue de leur travail sur le terrain, ils ont produit un rapport qui devrait servir aux ministres arabes d’entamer une seconde phase dans le règlement de la crise.
Malgré les grandes difficultés, causées surtout par les vrais « décideurs de la ligue » et une campagne d’hostilité sans précédent contre la mission, les observateurs ont fait un très bon travail qui a été résumé dans un rapport de synthèse d’une grande honnêteté, présenté par le Chef de la mission, le général Al-Dabi, au conseil des M.A.E de la ligue. C’est alors que ces « décideurs » se sont rendu compte que le rapport n’allait pas dans le sens de leur plan, l’ont enterré et sont allés au Conseil de sécurité. On connaît la suite. Je renvoie vos lecteurs à ce rapport. Je dirais plus à la fin de cette mission et une fois libéré de mon serment.

Fait rare, la Tunisie, a pris une mesure radicale à l’encontre d’un autre pays arabe, en annonçant l’expulsion imminente de l’ambassadeur de Syrie à Tunis. Est-ce une bonne décision et comment la jugez-vous ?

Fait rare en effet dans la diplomatie tunisienne ! Je me souviens qu’en 1961, lors de la bataille de Bizerte, au cours de laquelle des centaines sinon des milliers de tunisiens ont été massacrés par l’armée française, la Tunisie n’a pas rompu ses relations diplomatiques avec la France mais s’est contentée de rappeler son ambassadeur à Paris. Les étudiants tunisiens en France ont été encouragés à reprendre leurs études dans ce pays.

L’ambassadeur syrien est en congé maladie et se trouve en Syrie depuis plus d’un an !
Il faut dire tout d’abord qu’il n’y a pas d’ambassadeur syrien à Tunis, ce dernier est en congé de maladie depuis plus d’un an, mais simplement un vice-chargé d’affaires. N’empêche que nous sommes en face d’un acte symbolique, bête et gratuit.

La décision de renvoyer l'ambassadeur Syrien vient de Ghannouchi et du Qatar
La décision de renvoyer l’ambassadeur Syrien vient de Ghannouchi et du Qatar
Emir-of-Qatar-Ghannouchi

En 1980, lors de l’affaire de Gafsa, dans laquelle l’Algérie était aussi impliquée que la Libye, la Tunisie n’a pris aucune mesure de rétorsion contre l’Algérie. Bien plus, son nom n’a presque jamais été cité par les médias officiels tunisiens. L’explication de ces deux positions est bien simple : aucun pays, si puissant soit-il, et encore moins dans le cas de la Tunisie, ne peut se permettre d’être entouré par des ennemis. L’objectif de toute diplomatie digne de ce nom est d’avoir le maximum d’amis et le minimum d’ennemis. Je renvoie vos lecteurs à la thèse de l’ami et universitaire Allemand, Werner Ruff, ayant pour titre « La politique étrangère d’un pays faible : l’exemple de la Tunisie » soutenue à la fin des années Soixante. Nos diplomates pourront y trouver ce qui manque à nos gouvernants actuels.
Alors qu’est ce que j’en pense ? C’est une décision irréfléchie, prise par des amateurs de la diplomatie et des relations internationales, inconscients du tort qu’ils font aux intérêts et à l’image d’un pays qui s’est longtemps distingué par sa diplomatie sage et équilibrée, ou alors, une décision dictée par plus forts qu’eux !
Curieusement aucune des puissances qui s’apprêtaient il y a quelques semaines à lancer leur aviation sur la Syrie, n’a eu recours à la rupture des leurs relations avec la Syrie.

Sur votre compte Facebook, vous avez déclaré hier-soir ceci : « La décision de renvoyer l’ambassadeur de la République Syrienne à Tunis ne vient pas du président mais de Ghannouchi et du Qatar ! C’est une honte… » ! Voulez-vous nous donner plus de précisions ?

Il suffit de rappeler la déclaration faite par M. Ghannouchi au mois de novembre 2011, je crois, dans laquelle il a « décidé « que la Tunisie allait renvoyer l’ambassadeur syrien et plus tard, « qu’il allait remettre les ambassades du Yémen et de la Syrie aux opposants des deux pays » ignorant sans doute les conventions internationales qui régissent les relations diplomatiques.

Ghannouchi est tout et décide de tout !

Il n’était alors que le chef d’un parti politique ayant gagné les élections. Heureusement que le gouvernement de l’époque avait tempéré son zèle. Maintenant il est tout et décide de tout !
Pourquoi le Qatar ? Parce que ce pays avait enjoint à tous les pays arabes sous sa tutelle, d’accompagner la réunion du Conseil de sécurité du 4/2 par une action concertée de rupture avec la Syrie. Il a donné aussi des consignes à certains médias pour chauffer un peu plus l’ambiance. Le CNT a recommandé à ses militants à l’étranger d’occuper les ambassades et consulats syriens et à ses groupes armés de se distinguer par des actions d’éclat comme celle qu’a connu la ville de Homs.
Cependant je ne vous cache que j’ai des amis ambassadeurs à la ligue qui m’ont confirmé certaines choses, entre autres l’alignement inconditionnel de la délégation tunisienne à la ligue arabe sur le Qatar.

Ne pensez-vous pas que le pouvoir actuel en Syrie doit passer la main et que le peuple Syrien a droit à choisir son destin et à vivre en toute liberté comme ils le réclament ?

Tous les Syriens que je connais, certains depuis 1981, appartiennent à l’opposition. Ils appartiennent maintenant, au CNT, au CNC ou des indépendants. Depuis 1991, nous avons mené ensemble de nombreux combats pour la liberté, la démocratie et le respect des droits humains, en Tunisie, en Syrie et ailleurs. Je regrette de constater que le long parcours militant de certains d’entre eux n’a pas fait d’eux les hommes politiques qu’exige la phase actuelle du combat.
Juste avant de venir en Syrie, j’ai fait le déplacement à Tunis pour rencontre Burhan Ghoulioune. Je n’ai pas pu le faire mais j’ai rencontré trois de ses collègues et je leur ai posé cette question simple ! Êtes-vous prêts à négocier ? Ils m’ont répondu tous en chœur : jamais ! Ils pensaient sans doute qu’ils allaient faire une entrée triomphale à Damas derrière les troupes de l’OTAN.
C’est tout sauf de la politique, parce qu’en politique la négociation est le fondement de toute solution des différents et des conflits, même armés.
Alors, bien sûr que le peuple syrien a droit de choisir son destin et à vivre en toute liberté comme il le réclame. Mais c’est vrai aussi que l’alternance doit se passer dans le calme, et pas dans le désordre et au rythme des attentats terroristes.

Pourtant le chef de la mission d’observation de la Ligue arabe, chargée de suivre l’évolution de la situation en Syrie, a fait état jeudi d’une « guerre » dans ce pays, où les violences continuent d’émailler le mouvement de contestation du régime en place. Il aussi dit avoir vu « quelques preuves de torture » en Syrie qui fait face à une « guerre ».

Le rapport du chef de la mission est exhaustif et très équilibré. Il a synthétisé les rapports journaliers d’une quinzaine d’équipes d’observateurs qui ont sillonné le pays durant quatre semaines. Mais, je ne crois pas qu’il y ait une guerre civile mais tout simplement des foyers de tension et de grande violence, cinq ou six au plus, qui ont été quelque peu délaissés par les autorités syriennes. Depuis une semaine, les autorités ont repris les choses en main dans les campagnes de Damas (le Rif de Damas) et les opérations de maintien de l’ordre continuent ailleurs. Juste une dernière remarque : ceux qui croient que le président syrien est isolé et n’a pas de soutien populaire se font des illusions. C’est pourquoi je le dis à tous les amis de l’opposition syrienne : révisez vos positions sinon vous serez complètement marginalisés.

* Werner Ruf: Der Burgibismus und die Außenpolitik des unabhängigen Tunesien (Le bourguibisme et la politique étrangère de la Tunisie indépendante). Bertelmann Universitätsverlag Bielefeld, 1967. 280 pp.
La soutenance de la thèse a eu lieu à l’niversité der Fribourg (Allemagne) en janvier 1967

27 juillet 2016

L'avenir que Kadhafi avait prédit

Il avait beau avoir des défauts mais il avait prédit le chaos.
"Kadhafi les appelait des drogués, des fondamentalistes islamiques; nous, nous les appellons ISIS … on ne trouve plus cela aussi drôle aujourd’hui, hein ? Et ISIS est ce qui nous pendait au nez depuis le début ; le lynchage « révolutionnaire » et la sodomisation de Mouammar Kadhafi aux cris frénétiques de « Allahu Akbar », salués par beaucoup, à l’époque, comme une sorte de triomphe perverti du bien incarné par la volonté populaire (lire: loi de la populace parrainée par l’OTAN) sur le mal incarné par la dictature (lire : État souverain), n’étaient rien d’autre que les premiers signes de ce qui attendaient le pays et la région; à savoir, le lynchage de masse de populations entières en Libye, Syrie et Irak et l’éclatement d’états arabes clés en mini-états ennemis. La vidéo horrible de l’assassinat du colonel Kadhafi qui surpasse les vidéos d’ISIS en termes de brutalité désaxée et de grossièreté sanglante, n’a pas soulevé la moindre critique à l’époque, bien au contraire; tout le monde semblait parfaitement satisfait que le « tyran » libyen ait connu une fin aussi grotesque … sauf que ce n’était que le début d’un nouveau règne de terreur sans précédent que nous devons aux mercenaires de l’OTAN et aux rebelles islamiques soutenus par le Conseil de Coopération du Golfe (CCG).

merci Serge Adam
 
L
 
 
 
L’avenir que Kadhafi avait prédit
 
La Libye, ISIS et le luxe sans prix de la sagesse rétrospective « Qui êtes-vous ? » a demandé un jour, vers la fin de son règne, feu Mouammar Kadhafi dans un discours célèbre …

14 juillet 2016

Lettre ouverte à Monsieur le Président provisoire de la République Tunisienne


Objet : Je vous invite à rompre avec les rêves des Cowboys et des chameliers!

Monsieur le Président provisoire,
Avant toute chose, je dois vous avouer que je n’ai voté, ni pour vous, ni pour aucun des candidats de votre parti, parce que je vous connais depuis 32 ans. Je vous dirai aussi, qu’aucun des candidats des deux autres partis qui composent la majorité à l’Assemblée, n’a reçu mon suffrage, car en effet, je connais leurs chefs depuis 44 ans pour le premier, et 25 ans pour le second. Toutefois, vous êtes le Président provisoire, légitimement élu par une Assemblée légitime. A ce titre, je vous respecte donc, en tant que tel.
J’ai même pensé à vous féliciter lors de votre élection, mais hélas, j’y ai renoncé, au dernier moment, suite au profond malaise que j’ai ressenti en vous voyant courir avec de jeunes Libyens, et manifester votre impudente allégresse, à l’annonce de l’assassinat du leader Libyen.
Je vous écris donc, au sujet de la position de la Tunisie vis-à-vis de la Syrie et de la crise que connaît ce pays frère, depuis bientôt dix neuf mois ; position qui s’est illustrée, par une déviation complète par rapport aux traditions de la diplomatie tunisienne, connue pour sa modération, son indépendance, et son respect des principes et valeurs qui fondent les relations internationales.

Ahmed Manaï invite Marzouki à rompre avec les rêves des Cowboys et des chameliers
Ahmed Manaï invite Marzouki à rompre avec les rêves des Cowboys et des chameliers

Permettez-moi donc, de vous rappeler brièvement ce que furent ces positions controversées, au cours des dix derniers mois : La Tunisie a devancé tous les pays arabes pour, renvoyer l’ambassadeur syrien, absent alors de Tunisie, rappeler son ambassadeur et l’ensemble du personnel de son ambassade à Damas, et rompre les relations diplomatiques avec la Syrie. Cela s’était fait dans la hâte, et d’une manière intempestive, qui a surpris l’ambassadeur tunisien lui-même. Cette initiative hystérique a porté un grave préjudice aux deux mille cinq cents membres de la communauté  tunisienne qui ont été brusquement coupés de l’administration de leur pays.
Il est important de rappeler que toutes ces mesures prises singulièrement, par les autorités tunisiennes, dans une précipitation indescriptible et irréfléchie, à croire que nos intérêts supérieurs, concernant le devenir de notre propre nation, étaient mis dans un péril grave et  imminent par le régime Assad, n’ont pas eu d’équivalent, même chez les pays engagés directement dans la destruction de la République arabe syrienne. Ces régimes et pays étrangers à la Syrie, qui se sont autoproclamés libérateurs et « amis de la Syrie », se sont engagés, en effet, dans des opérations de propagande et de désinformation manifestes, telles que, l’entrainement, le financement, et l’armement des bandes armées responsables de terrorisme et de destructions d’infrastructures civiles, au nom de la guerre totale qui n’a d’autre effet évident, que de  détruire la Syrie arabe. Or, c’est ce même régime que l’on dit honni, qui a donné refuge aux résistants palestiniens, aux réfugiés libanais et irakiens, et un certain temps, à nos propres réfugiés. La Syrie est, enfin, le dernier bastion du « front du refus » contre Israël ! Or, ces mêmes pays s’étaient tout simplement contentés de retirer leurs ambassadeurs respectifs de Syrie et, de renvoyer les ambassadeurs syriens chez eux, sans toutefois, rompre leurs relations diplomatiques avec elle.
Malheureusement, la Tunisie s’est voulue le fer de lance de la défiance contre la Syrie, et elle a donc devancé les autres pays arabes en votant la suspension de la Syrie de la Ligue Arabe, alors que celle-ci fût l’un des sept pays fondateurs de cette même organisation en 1945. Hélas, et alors que le temps aurait dû émousser l’animosité de nos dirigeants, la Tunisie a confirmé et persisté dans son hostilité à l’égard de la Syrie, sœur, en votant sa mise au ban de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) lors de sa dernière réunion à la Mecque. De là, à penser que si l’occasion se présentait  pour exclure ce pays de la « Conférence des non alignés » dont elle fut membre fondateur, et même de l’ONU, je ne serai pas étonné que la Tunisie s’y engagerait tête baissée, démontrant ainsi l’alignement aveugle et inconditionnel de nos dirigeants sur les thèses et les plans diaboliques des ennemis de la République syrienne, au nom d’un pseudo soutien à des mouvements hétéroclites d’opposants suscités, instrumentalisés, voire, recrutés, embrigadés, armés, entraînés, et financés par les pays traditionnellement soutiens d’Israël, et leurs alliés arabes ou régionaux, de circonstance, qui se sont montrés amorphes, neutres, et non concernés lors des attaques contre la nation arabe, comme ce fut le cas durant la guerre israélienne contre le Liban, en 2006, ou le martyr de Gaza, en 2008, voire, à Allah ne plaise, de connivence coupable avec les ennemis de la nation arabe et, pire, soutiens d’Israël…
Monsieur le Président provisoire ;
Dans une initiative inédite dans son histoire, le Conseil des ministres des affaires étrangères de la Ligue Arabe  a adopté une résolution concernant la Syrie dans l’objectif de venir en aide à ce pays frère, afin de régler la crise politique qui le secoue depuis le mois de Mars 2011. La résolution stipule l’envoi d’une mission d’observateurs arabes, afin de se rendre compte de la situation réelle dans ce pays et d’en informer le Comité chargé de la Syrie à la Ligue arabe. C’est ce qui s’est passé en effet. De bonne foi, les observateurs arabes se sont rendus en Syrie et ils y ont travaillé pendant trois semaines, à la suite de quoi un rapport préliminaire, objectif, honnête et d’un professionnalisme incontesté, a été rédigé et soumis au conseil restreint des ministres des affaires étrangères arabes, par le Chef de la mission, le général Ed-Dabi en date du 17 janvier 2012.
Le rapport avait conclu, entre autres, que l’armée et les forces de l’ordre syriennes ne tiraient sur les manifestants, qu’en état de légitime défense, et, pour répondre aux tirs provenant du milieu des « manifestants ». C’est ce qui semble avoir enragé les représentants de certains pays arabes, missionnés par leurs suzerains occidentaux pour détruire la Syrie, en voyant que leur ruse avait failli et leurs grossières provocations éventées. Cette vérité amère, pour eux, les a poussés à enterrer le rapport de leur propre mission et à porter l’affaire devant le Conseil de Sécurité, dans l’espoir que ce dernier finisse par adopter une résolution analogue à celle qui a « légalisé »  la destruction de la Libye un an plus tôt. Cette démarche a fort heureusement, complètement échoué, comme vous le savez.
Le vingt quatre février 2012, suivant, la Tunisie a accueilli une conférence qui a réuni ceux qui se sont affublés indument, du titre « amis de la Syrie ». Or, aucun des pays représentés ne mérite ni de près, ni de loin, ce qualificatif. Il y avait, en effet parmi eux, des pays qui ont recrutés les terroristes de partout dans le monde, d’autres qui les ont armés, entraînés, financés, ou, qui leur ont assuré la couverture diplomatique et médiatique, aussi bien religieuse que la propagande. Ces « amis » n’étaient unis, que par un dénominateur commun, le dessein de détruire la Syrie et de démanteler son État, pour parachever le but inavoué, de briser enfin, la résistance contre Israël !
Le même jour et parallèlement à cette conférence de l’outrage, s’est tenue, dans la banlieue nord de Tunis, une réunion des États majors des services secrets européens et leurs vassaux arabes, pour étudier et peaufiner les scénaris de l’occupation de la Syrie et de la destruction de sa société.
Vous aviez déclaré ce jour là, très justement, et c’est à votre honneur, que vous étiez contre toute intervention étrangère en Syrie, ce que j’ai personnellement apprécié. Hélas, les grandes puissances pleines de morgue et sûres de leur immunité, décideront du contraire. En effet, habituées à mépriser les petits pays, dont leurs anciennes colonies qu’elles croient toujours être à leurs pieds, elles ne s’embarrasseront guère de votre position de principe, dès qu’elle ne vient pas abonder dans leur sens. La Tunisie ne sera donc consultée par aucun des agresseurs, pour obtenir son assentiment au recrutement des mercenaires, à leur armement et à leurs programmes de destructions ! A croire revenue la parodie coloniale de la « carotte », pour faire croire aux parents des victimes ciblées, qu’ils sont consultés, et celui du « bâton », pour leur faire comprendre qui est le maître véritable…
Était présent aussi à cette conférence ce qu’on appelle le « Conseil National Syrien (CNS) » dont la direction et les membres ont été choisis et cooptés par les services secrets occidentaux, turcs et arabes. Ce Conseil fantoche fonctionne sous la houlette des puissances qui le financent généreusement. Non indépendant, cet organe au service d’intérêts étrangers qui l’ont créé, le financent et lui assurent la couverture diplomatique et médiatique, n’a pour rôle, que d’exécuter les consignes et les programmes de ces États et puissances étrangères. Il a poussé l’ignominie, jusqu’à réclamer ouvertement et sans la moindre retenue ce que ces puissances n’osent pas clamer à voix haute, à savoir, l’intervention militaire et donc, la destruction de la Syrie, comme hier, il en fut de l’Irak, que les mêmes ennemis voulaient « ramener à l’âge de pierre », ou, de la Libye. Avons-nous donc, la mémoire si courte, et sommes-nous frappés d’amnésie sélective ?
Monsieur le Président provisoire ;
Si vraiment la Tunisie devait s’ingérer, en violation des chartes de l’ONU et de la Ligue arabe, cela va sans dire, dans les affaires intérieures syriennes, et, soutenir une opposition syrienne nationale et authentique, pourquoi donc, ne soutiendrait-elle pas l’opposition patriotique qui refuse aussi bien, la militarisation de la révolution syrienne que l’intervention militaire étrangère ? C’est pourtant, ce que prétend la Tunisie par votre bouche, et ce, d’autant plus que cette opposition se trouve être plus représentative dans le pays que ce Conseil fantoche. Cette opposition historique n’a,  à l’étranger, qu’un porte-parole en la personne du Docteur Haytham Manna, qui a fait ses preuves, comme grand militant des droits humains.
C’est même, lui, qui vous a soutenu tout au long de ces vingt dernières années. Il vous a protégé, conseillé, et il vous a placé à la présidence de la Commission arabe des Droits Humains, lors de sa fondation en 1998, pour mieux vous protéger. Avez-vous donc oublié vos compagnons de route ? Bien entendu, il est à déplorer que ni lui, ni ses structures en Syrie ne disposent de l’appui des puissances étrangères, ni surtout, de la manne financière qatarie et  saoudite, qui pourraient couler à flots avec un déferlement d’investissements mirifiques, sur la Tunisie, pour en faire un pays de cocagne et la sortir de la crise financière de l’après-Benali, un espoir chimérique, s’il en fut. Mais pourquoi pas, l’espoir fait vivre les crédules.
Monsieur le Président provisoire ;
Le 11 février 2012, des escarmouches ont éclaté entre les forces de l’ordre tunisiennes et un groupe armé d’une vingtaine d’individus munis d’armes légères que le Ministre de l’intérieur a abusivement qualifiés de membres d’Alqaida, une aubaine dont a profité son collègue de la défense qui s’est empressé de demander l’aide des USA pour protéger nos frontières nationales ! L’un des devoirs fondamentaux et premiers d’un État, qu’il soit démocratique ou totalitaire, n’est-il pas de protéger ses citoyens et de défendre ses frontières ? Vous devez vous souvenir, sans nul doute, du différend* surgi entre nous deux, à propos de la place des services de sécurité dans la nation et qui mit fin à nos relations, lors du Colloque organisé par la Commission arabe de droits humains, organisé avec le même Haytham Manna à Paris en 2002 ?
Ainsi donc, si de simples escarmouches entre les forces de l’ordre tunisiennes et un groupe armé ont justifié la position officielle tunisienne, que devrait-on attendre du gouvernement syrien confronté à des milliers de combattants étrangers, armés d’équipements lourds, et de ce qu’il y a de plus sophistiqué dans les arsenaux occidentaux, et pire, soutenus depuis plus d’un an par une intense propagande médiatique et religieuse, alors que le pays est livré aux assassinats et aux mutilations les plus ignobles, ainsi qu’aux destructions et aux sabotages les plus sophistiqués ?
Monsieur le Président provisoire,
L’armée arabe syrienne est en passe de régler le problème de la rébellion armée sur le terrain, et c’est le moment que choisit le pouvoir sioniste voisin, avec le dernier raid sur un centre de recherche syrien, pour « aider » à sa façon,  et « rembourser sa dette » à ses amis arabes, dont le Qatari, qui aurait «financé » la campagne électorale israélienne, selon l’ex ministre sioniste des affaires étrangères. Pourtant, sans fléchir, le  pouvoir politique syrien, soutenu par ses alliés, tente quant à lui, de régler les problèmes posés par la guerre diplomatique, menée contre la Syrie. Dans le même temps, la Syrie toute entière se mobilise pour accomplir des réformes politiques réelles. L’objectif que s’assigne le pouvoir, est d’épargner au pays, plus de victimes et le sort de l’Irak. L’agressivité de certains pays colonisateurs commence à s’estomper avec, la nouvelle mission internationale de Lakhdar Ibrahimi et, le début d’une longue partie de négociations, pouvant durer assez longtemps, sur la base de « l’accord de Genève » de juin 2012. Mais ce sont des négociations entre les « Grands » et dans lesquelles, les « petits », y compris le grand cheikhat du Qatar, n’auront aucune place, ni même de strapontins…
Pour toutes ces considérations, je vous invite, Monsieur le Président provisoire, à éviter à la Tunisie de continuer dans la voie que vous lui avez faite suivre, contre sa volonté, et donc, de rompre avec cette Coalition fantoche, dont la principale composante, « Jabhat Annosra » est classée « groupe terroriste » par les Américains eux-mêmes, et de boycotter les futures conférences des prétendus « amis de la Syrie », parce qu’elles ne seront que des réunions d’adieux aux rêves et illusions qui se sont saisis de l’esprit des cowboys et de certains chameliers. Il est déjà humiliant, devant l’histoire, que la Tunisie ait osé participer à l’occupation de la Libye, comme hier, les chameliers l’ont fait, non pour défendre un pays arabe agressé, mais pour offrir leurs aérodromes et leur logistique, comme bases d’envol et de préparations, pour bombarder l’Irak arabe !
Je vous invite aussi, à éviter, pour votre propre crédibilité et celle de la Tunisie, de seriner votre rengaine sur la nécessité du départ du Président Bachar Assad, comme solution à la crise syrienne. A mon humble avis, le Président Bachar Assad ne quittera pas le pouvoir de sitôt, puisque son mandat ne se termine qu’en 2014, c’est-à-dire longtemps après vous-même, et il est fort probable que son peuple le lui renouvellerait viendrait-il à se porter candidat de nouveau.
Par contre vous pouvez inviter les pays ennemis de la Syrie, le Conseil de Sécurité, la Ligue arabe, l’Organisation de la Conférence Islamique, les divers groupes d’opposants syriens, les laïcs, les Wahabites, les Salafis, et les « frères musulmans », et toutes autres organisations régionales et internationales, soucieuses d’abréger les souffrances du peuple syrien, à exiger l’organisation d’un référendum sous le contrôle de l’ONU et des organisations des sociétés civiles du monde entier, pour que le peuple syrien décide du sort de son président, et ce serait alors, à votre honneur, puissiez-vous convaincre, vos « amis » temporaires, d’occasion.
Veuillez croire Monsieur le Président provisoire de la République à mes sentiments distingués.

Par Ahmed Manai, Président de l’Institut tunisien des relations internationales et Membre de la Mission des Observateurs arabes en Syrie. Tunis le 3 Février 2013

*Moncef Merzouki a une sensibilité maladive contre tout ce qui touche à la police. A l’heure du déjeuner de la première journée de cette Conférence, tenue au mois de Novembre 2002, à Paris, nous étions à table à discuter des problèmes du pays. Il a juste fallu que je dise que la police est  « indispensable dans un pays », pour qu’il s’énerve et quitte la table en fulminant contre mon hérésie. Cela a perduré, même, quand il est devenu président de la République, puisqu’il a exclu la police de ses vœux du Nouvel an, en janvier 2012, ce qui a provoqué les protestations des syndicats de la police. Il s’est ressaisi deux jours plus tard ! Cela ne l’empêche pas de maintenir une garde présidentielle aux effectifs aussi pléthoriques que du temps du dictateur Ben Ali. Ses déplacements dans le pays, mobilisent une armée de policiers quoique, sur ce point, il a bien raison de veiller à sa sécurité : c’est le premier président tunisien qui est reçu par des « Dégage » et des jets de pierres, dans les villages les plus reculés !
Traduit de l’arabe par Si El-Hadj Abdel Madjid Aït Sâadi
  • Le texte arabe de cette lettre a été publié par le quotidien Attounissia, le 23 mars 2012, avec une présentation très éloquente du journaliste Mohamed Boughalleb. Nous avons dû l’actualiser et signaler les faits nouveaux survenus depuis cette date.
  • Le ministre tunisien des affaires étrangères, Rafik Abdesselam, a déclaré lors de la IVème réunion des « Amis du peuple syrien », le Mercredi 12 décembre 2012, que la Tunisie reconnait la Coalition de l’opposition syrienne, comme le seul représentant légitime du peuple syrien, sans consulter, semble-t-il, ni le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, ni le président provisoire, Moncef Merzouki. Ce dernier avait pourtant déclaré, au terme de son entretien avec le chef du Congrès national libyen, un mois plus tôt, que cette reconnaissance n’était pas à l’ordre du jour, ce qui laisse penser à une cacophonie au sein de l’État. Mais l’ordre aurait sûrement été intimé de loin, sinon, pourquoi ne pas penser « qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion », comme le pense le bon peuple, friand de perles ?
  • Le président provisoire aura-t-il la force de rétablir la hiérarchie, au sein du pouvoir, et saura-t-il marquer qu’il est celui qui détient le pouvoir légitime ? J’ose espérer qu’il le démontrera, en envoyant le 28 janvier, son porte parole à Genève, pour apporter son soutien à l’opposition syrienne indépendante, réunie autour de son ami, le grand et inlassable militant des droits humains, le Dr. Haytham Manna… ?
  • Entre temps, des centaines de tunisiens, chauffés à blanc par un discours haineux, s’étaient engagés dans la guerre en Syrie, et des dizaines d’entre eux, y ont trouvé la mort sans que le gouvernement tunisien ne lève le petit doigt, pour mettre un terme aux agissements néfastes de ces chouyoukhs « charismatiques », qui viennent de l’étranger, sous le couvert de semer « la bonne parole islamique », pour les enflammer et les recruter, au su et au vu de tout le monde.
Ils vont dans leurs prêches, jusqu’à oser vouloir nous « ré-islamiser ». A croire que nos propres prédicateurs, issus de notre prestigieuse et millénaire Zitouna, ont fait autre chose que cela. Eux, les dignes disciples de Mohamed Tahar Ben Achour, que ces « chouyoukhs cocotte-minute », apôtres du wahabisme, comme les appelle Cheikh Al-Azhar Djoum’a,  stigmatisent,  méprisent et dénigrent, du fait qu’ils sont attachés à nos enseignements traditionnels, nos traditions de paix, de fraternité et de tolérance.

 https://tunisitri.wordpress.com/2013/02/03/lettre-ouverte-a-monsieur-le-president-provisoire-de-la-republique-tunisienne/

11 juillet 2016

PETITION « Les crânes de résistants algériens n’ont rien à faire au Musée de l’homme »


resistance 

Texte collectif : « Les crânes de résistants algériens n’ont rien à faire au Musée de l’homme »

En mai 2011, l’archéologue et historien algérien Ali Farid Belkadi lançait une pétition « pour le rapatriement des restes mortuaires algériens conservés dans les musées français », en particulier les crânes de résistants algériens tués par le corps expéditionnaire français dans les années 1840 et 1850, qu’il venait de retrouver dans les réserves du Musée de l’homme à Paris.

Alors que cet appel était lancé un an après le vote, par le Parlement français, d’une loi exigeant la « restitution [à la Nouvelle-Zélande] de toutes les têtes maories détenues en France », il n’a eu malheureusement que très peu d’écho. En mai dernier, l’universitaire et écrivain algérien Brahim Senouci a lancé un nouvel appel pour que soient restituées les « têtes des résistants algériens détenues par le Musée de l’homme », afin que leur pays les honore, avec cette fois un écho nettement plus large.
Il nous a paru important de le relayer en rappelant la raison de la présence dans un musée parisien de ces restes mortuaires, à partir de l’histoire de l’un d’entre eux : le crâne du cheikh Bouziane, chef de la révolte de Zaâtcha en 1849, écrasée par une terrible répression, emblématique de la violence coloniale.

UN SIÈGE DE QUATRE MOIS

En 1847, après la reddition d’Abd-el- Kader, les militaires français croient que c’en est fini des combats en Algérie après plus de dix ans d’une guerre de conquête d’une sauvagerie inouïe. Mais, alors que le danger était surtout à l’ouest, il réapparaît à l’est début 1849, dans le Sud-Constantinois, près de Biskra, où le cheikh Bouziane reprend le flambeau de la résistance. Après des affrontements, il se retranche dans l’« oasis » de Zaâtcha, une véritable cité fortifiée où, outre des combattants retranchés, vivent des centaines d’habitants, toutes générations confondues.
« Le cheikh Bouziane reprend le flambeau de la résistance. Après des affrontements, il se retranche dans l’« oasis » de Zaâtcha, une véritable cité fortifiée où, outre des combattants retranchés, vivent des centaines d’habitants, toutes générations confondues ». | DR/Poste algérienne
Le 17 juillet 1849, les troupes françaises envoyées en hâte entament un siège, qui durera quatre mois. Après un premier assaut infructueux, l’état-major prend la mesure de la résistance et envoie une colonne de renfort de plus de 5 000 hommes, commandée par le général Émile Herbillon (1794-1866), commandant de la province de Constantine, suivie d’une autre, des zouaves dirigés par le colonel François Canrobert (1809-1895). Deux officiers supérieurs, plusieurs milliers d’hommes contre une localité du grand sud algérien, deux décennies après la prise d’Alger : la résistance algérienne était d’une ampleur et d’une efficacité exceptionnelles.
Le 26 novembre, les assiégeants, exaspérés par la longueur du siège, voyant beaucoup de leurs camarades mourir (des combats et du choléra), informés du sort que les quelques Français prisonniers avaient subi (tortures, décapitations, émasculations…), s’élancent à l’assaut de la ville. Chaque maison devient un fortin, chaque terrasse un lieu d’embuscade contre les assaillants. Après d’âpres combats, au cours desquels les Français subissent de lourdes pertes, le drapeau tricolore flotte sur le point culminant de l’oasis.
Deux ans plus tard, Charles Bourseul, un « ancien officier de l’armée d’Afrique » ayant participé à l’assaut, publiera son témoignage : « Les maisons, les terrasses sont partout envahies. Des feux de peloton couchent sur le sol tous les groupes d’Arabes que l’on rencontre. Tout ce qui reste debout dans ces groupes tombe immédiatement sous la baïonnette. Ce qui n’est pas atteint par le feu périt par le fer. Pas un seul des défenseurs de Zaâtcha ne cherche son salut dans la fuite, pas un seul n’implore la pitié du vainqueur, tous succombent les armes à la main, en vendant chèrement leur vie, et leurs bras ne cessent de combattre que lorsque la mort les a rendus immobiles. ». Il s’agissait là des combattants.

DESTRUCTION MÉTHODIQUE

Or, l’oasis abritait aussi des femmes, des vieillards, des enfants, des adolescents. La destruction de la ville fut totale, méthodique. Les maisons encore debout furent minées, toute la végétation arrachée. Les « indigènes » qui n’étaient pas ensevelis furent passés au fil de la baïonnette.
Dans son livre La Guerre et le gouvernement de l’Algérie, le journaliste Louis de Baudicour racontera en 1853 avoir vu les zouaves « se précipiter avec fureur sur les malheureuses créatures qui n’avaient pu fuir », puis s’acharner : « Ici un soldat amputait, en plaisantant, le sein d’une pauvre femme qui demandait comme une grâce d’être achevée, et expirait quelques instants après dans les souffrances ; là, un autre soldat prenait par les jambes un petit enfant et lui brisait la cervelle contre une muraille ; ailleurs, c’étaient d’autres scènes qu’un être dégradé peut seul comprendre et qu’une bouche honnête ne peut raconter. Des procédés aussi barbares n’étaient pas nécessaires, et il est très fâcheux que nos officiers ne soient pas plus maîtres en expédition de leurs troupes d’élite, qu’un chasseur ne l’est d’une meute de chiens courants quand elle arrive avant lui sur sa proie. »
D’après les estimations les plus basses, il y eut ce jour-là huit cents Algériens massacrés. Tous les habitants tués ? Non. Le général Herbillon se crut obligé de fournir cette précision : « Un aveugle et quelques femmes furent seuls épargnés ». Le pire est que la presse française d’alors reprit ce rapport cynique.

FUSILLÉS PUIS DÉCAPITÉS

Il y eut trois autres « épargnés »… provisoirement. Les Français voulurent capturer vivant – dans le but de faire un exemple – le chef de la résistance, le cheikh Bouziane. Au terme des combats, il fut fait prisonnier. Son fils, âgé de quinze ans, l’accompagna, ainsi que Si-Moussa, présenté comme un marabout. Que faire d’eux ? Ces « sauvages »n’eurent pas droit aux honneurs dus aux combattants.
Le général Herbillon ordonna qu’ils soient fusillés sur place, puis décapités. Leurs têtes, au bout de piques, furent emmenées jusqu’à Biskra et exposées sur la place du marché, afin d’augmenter l’effroi de la population. Un observateur, le docteur Ferdinand Quesnoy, qui accompagnait la colonne, dessina cette macabre mise en scène qu’il publia en 1888 dans un livre, témoignage promis à un certain avenir
Que devinrent les têtes détachées des corps des combattants algériens ? Qui a eu l’idée de les conserver, pratique alors courante ? Où le furent-elles et dans quelles conditions ? Quand a eu lieu leur sordide transfert en « métropole » ? Cela reste à établir, même si certaines sources indiquent la date de 1874, d’autres la décennie 1880. Il semble certaines d’elles aient été d’abord exposées à la Société d’anthropologie de Paris, puis transférées au Musée de l’homme. Elles y sont encore aujourd’hui.
Soutenir les appels de citoyens algériens à rapatrierces dépouilles dans leur pays, pour leur donner une sépulture digne comme cela fut fait pour les rebelles maori ou les résistants kanak Ataï et ses compagnons (en 2014), ne revient aucunement pour nous à céder à un quelconque tropisme de « repentance » ou d’une supposée « guerre des mémoires », ce qui n’aurait strictement aucun sens. Il s’agit seulement de contribuer à sortir de l’oubli l’une des pages sombres de l’histoire de France, celles dont l’effacement participe aujourd’hui aux dérives xénophobes qui gangrènent la société française.

Les signatairesPascal Blanchard historien ; Raphaëlle Branche, historienne ; Christiane Chaulet Achour, universitaire ; Didier Daeninckx, écrivain ; René Gallissot, historien ; François Gèze, éditeur ; Mohammed Harbi, historien ; Aïssa Kadri, sociologue ; Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire ; Gilles Manceron, historien ; Gilbert Meynier, historien ; François Nadiras, Ligue des droits de l’homme ; Tramor Quemeneur, historien ; Malika Rahal, historienne ; Alain Ruscio, historien ;Benjamin Stora, historien ; Mohamed Tayeb Achour, universitaire.
 
http://mobile.lemonde.fr/idees/article/2016/07/09/les-cranes-de-resistants-algeriens-n-ont-rien-a-faire-au-musee-de-l-homme_4966904_3232.html?xtref=http%3A%2F%2Fm.facebook.com

02 juillet 2016

Discours de Sayed Nasrallah. 1 juillet 2016

Journée d'Al Qods

S.Nasrallah appelle à une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme

L’équipe du site

Le secrétaire général du Hezbollah, Sayed Nasrallah, a affirmé que certains régimes (arabes) œuvrent à éradiquer les mouvements de résistance dans la région pour protéger Israël. Lors d’un discours à l’occasion de la journée mondiale d’AlQuds, Sayed a affirmé que le soutien logistique et l’argent dépensé par ces régimes, pour alimenter la guerre en Syrie et au Yémen, était capable de libérer 10 fois la Palestine.
Sayed Nasrallah a en outre riposté aux menaces israéliennes proférées lors de la conférence de Herziliya, faisant état d’une  importante collecte de renseignements de la part de la résistance concernant les installations chimiques et nucléaires israéliens, et sur l’état psychologique des soldats et colons israéliens.
S’agissant des derniers attentats-suicide ayant visé la localité libanaise de Qaa, Sayed a affirmé que si le Hezbollah n’avait pas participé à la guerre préventive contre les takfiristes en Syrie, le Liban aurez dû faire face à des kamikazes quotidiennement. Il a dans ce contexte appelé à l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme.

Voici les principaux de son discours :
A l’occasion de cette journée grandiose et bénie, faisant partie des dix derniers jours du mois sacré de Ramadan, et à l’occasion de cette journée mondiale d’AlQuds décrétée par l’Imam Khomeini, je voudrai aborder trois sujets :
-La journée mondiale d’AlQuds et la cause palestinienne
-Les menaces israéliennes proférées contre le Liban lors de la conférence d’Herziliya
-la situation sécuritaire au Liban
Journée mondiale d’AlQuds
Après la victoire de la révolution islamique en Iran en 1979, et la chute du régime du Chah, premier allié des Etats-Unis et d’Israël, les nouvelles autorités iraniennes ont fermé l’ambassade israélienne à Téhéran et ouvert à sa place l’ambassade de la Palestine.
Au moment ou des régimes arabes se rapprochent d’Israël pour s’assurer d’une protection internationale, l’Imam Khomeini a coupé les relations avec Israël et décrété le dernier vendredi du mois de Ramadan, journée mondiale d’AlQuds et non pas journée mondiale de Kerbala, de Najaf ou de Téhéran.
Un des objectifs de ce décret est de laisser la cause palestinienne vivante dans l’esprit de la nation. Pour que la nation islamique se rappelle dans ce mois béni de la Palestine et comprenne que son soutien fait partie de leur devoir religieux.
L’Imam Khomeini a voulu mettre la lumière sur la souffrance des Palestiniens, les détenus palestiniens incarcérés dans les geôles de l’occupation, les agressions de l’occupation et la souffrance des citoyens palestiniens à Gaza, en Cisjordanie ou dans les territoires occupés en 1948.
Déclencher des guerres sous de faux titres
Dans ce jour, il convient de rappeler et de dire avec force que toute la Palestine du fleuve à la mer est spoliée et usurpée. En dépit des années écoulées à son usurpation, l’entité usurpatrice ne sera jamais légitime, même si toute la communauté internationale la reconnait. Cette entité corrompue et meurtrière doit disparaitre de l’existence. Cela est prescrit par la religion et toute autre parole est une tromperie.
Dans les mauvaises conditions, certains (régimes arabes) ne vont pas à la guerre pour aider à la libération de la Palestine, mais il est inadmissible qu’ils se soumettent face à l’ennemi et s’attellent à normaliser les relations avec l’ennemi ou à conspirer avec cette entité contre la résistance. Certains pays arabe sont allés plus loin et à voter en faveur d’Israël à l’Onu. Si tu es faible et tu ne peux pas faire la guerre, pourquoi tu cherches à innocenter et reconnaitre Israël dans les instituions internationales.
Si vous n’êtes pas compétents de défendre la Palestine, laissez ce boulot aux générations. La loi du remplacement est une loi divine selon laquelle Dieu- qui n’abandonnera pas ses créateurs souffrir- vous remplacera par une autre génération capable d’assumer son rôle de libérer la Palestine.
La seule voie capable de libérer le peuple palestinien face aux agressions israéliennes est simple. Elle consiste à persévérer, résister et de patienter à long terme.
Dans nos jours et après les victoires du projet de la résistance face à Israël, certains sont intervenus avec force pour éradiquer cette voie et cette volonté.
Ils ont mené la région vers la guerre, en brandissant de faux titres à savoir : la liberté, la démocratie, le confessionnalisme…Tout cela, dans le but de frapper les mouvements de résistance et la culture de résistance.
Ils veulent éradiquer le soutien de la Palestine de l’esprit des populations en Syrie, au Yémen, en Irak, à Bahreïn, en Libye, au Nigeria, en Egypte, en Afghanistan, au Pakistan…
Ils veulent ouvrir les bras à Israël au point de le rendre un des alliés dans la lutte contre le terrorisme.
Si on recule des décennies en arrière, on constate que ce sont les mêmes familles régnantes qui ont ouvert la voie aux Américains et Britanniques pour créer Israël et usurper la Palestine. Et Aujourd’hui, leurs descendants répètent le même scénario face à l’axe de la résistance.
Si vous cherchez, vous allez constater que les bâtons du régime saoudien ont gravement lésé les peuples du Yémen, Bahreïn, Syrie, Irak, Nigeria, mais malgré cela ils n’ont pas abandonné le soutien de la Palestine. La guerre saoudienne contre le Yémen se poursuit depuis plus d’un an et demi. Au nom des lieux saints, ils ont tué les enfants yéménites, l’ONU lâche a d’ailleurs reconnu cela avant de renoncer face aux pressions financières. Malgré tout ça, le peuple yéménite n’a pas abandonné le soutien de la cause palestinienne. Il en est de même à Bahreïn et au Nigeria. Plus d’un millier de Nigérians ont été tués et leur chef détenu par le régime soutenu par l’Arabie, vu qu’ils avaient choisi l’axe de la résistance, et les slogans appelant à la  mort d’Israël et des USA.
Tout ce qui se passe dans les pays de la région, au nom de la liberté et du confessionnalisme, ce sont de faux titres visant à détruire les mouvements de résistance pour protéger Israël.
En 2009, Israël évoquait une menace existentielle, mais aujourd’hui cette menace s’est transformée en une opportunité, grâce aux guerres déclenchées dans la région.
Le soutien logistique et l’argent dépensé par ces régimes, pour alimenter la guerre en Syrie et au Yémen, était capable de libérer 10 fois la Palestine.
Les vassaux des Etats-Unis et d’Israël veulent empêcher la nation d’adopter le chemin de la résistance, tout en soutenant les mouvements takfiristes. D’où la nécessité de se révolter sur ces pratiques et de retourner vers le droit chemin.
La Conférence de Herziliya
Lors de la conférence de Herzilya, des arabes ont malheureusement participé à cette conférence chargée de la sécurité d’Israël.
Le représentant de l’opposition syrienne était l’hôte d’honneur de cette conférence. En 2011, les généraux israéliens prenant la parole à cette conférence évoquait un danger visant Israël. Mais, en 2016 ils étaient plus à l’aise, ils ont parlé de l’effondrement des armées arabes en Syrie et en Libye, et de l’épuisement de l’armée égyptienne.
Ils ont proposé de participer à la lutte contre le terrorisme, au moment où ils soutiennent le front Nosra (branche syrienne d’AlQaida) à la frontière syrienne.
Ils ont évoqué une menace par rapport à Israël en cas de défaite de Daesh en Syrie et de la victoire de la résistance. Ils ont beaucoup parlé de l’Iran qui soutient les mouvements de résistance au Liban et en Palestine.
S agissant du Liban, ils ont proféré beaucoup de menaces qui ne sont pas nouvelles pour nous. Ils ont menacé de détruire et de tuer. Tout cela n’est pas nouveau pour une entité fondée sur la tuerie et la destruction. Ils ont beaucoup détruit en Palestine en 1948, et lors des guerres contre le Liban, et à Gaza...Ils ont dits détenir beaucoup d’informations sur le Hezbollah. Cela aussi n’est pas nouveau pour cette entité qui détient un grand service de renseignements et collabore avec les services de renseignements étrangers et arabes. Mais ce qui importe pour nous c’est le résultat, malgré toutes vos collectes d’informations lors de la guerre 2006, c’est la résistance qui a créée les surprises et non pas vous.
Mais je vous dis, ce qui est nouveau pour nous c’est l’ampleur des informations que nous avons collecté sur vos stations électriques, usines nucléaires et chimique et sur l’état psychologique de votre peuple. Je crois que nous sommes le premier mouvement de résistance qui possède ces genres de données.
La résistance connait votre peuple, et vous connaissez notre peuple, la résistance connait vos soldats et vous connaissez nos Moujahidines.
Le Hezbollah possède la croyance nécessaire pour vous vaincre. Notre force militaire, la volonté de nos combattants et notre croyance en Dieu fait de nous une force plus puissante que vos armes.
La situation sécuritaire au Liban
Les attentats suicides qui ont récemment frappé la localité libanaise de Qaa (Békaa) constituent un développement très dangereux. A l’instar de tous les Libanais, nous avons condamné ces attentats et exprimé notre soutien aux habitants de Qaa. Il est clair que le village de Qaa était la cible, du fait qu'il s'agit d'une localité chrétienne.
Je crois que bientôt, le cerveau des attentats de Qaa sera connu. Toutes les informations, notamment les nôtres, certifient que les kamikazes ne sont pas venus des camps de réfugiés syriens aux abords de Qaa mais du jurd de Ersal. Ils s’étaient abrités chez Daesh qui jouit du soutien de certaines parties politiques. Les Daeshistes n’ont rien à voir avec la religion, leur doctrine est de tuer.
Certains s'étonnent du fait que Qaa a été ciblée mais estiment qu'il est normal que des régions favorables au Hezbollah soient visées, en raison de l'intervention militaire du Hezbollah en Syrie. Mais les habitants de Qaa sont chrétiens, et ne sont pas nécessairement favorables au Hezbollah et n'ont pas envoyé de combattants en Syrie. Et la municipalité de Qaa est favorable à un camp politique opposé au Hezbollah.
Si on parle du triple attentat ayant frappé à Istanbul,  pourquoi Daesh a frappé l’aéroport Atatürk, au moment où la Turquie n’a pas combattu les rebelles en Syrie, et en plus elle est le point de passage des armes et du soutien logistique aux rebelles, et  c’est elle qui achète le pétrole de Daesh.
Le problème réside dans la doctrine de Daesh, le front al-Nosra et Al-Qaïda, c'est-à-dire la pensée wahhabite qui apostasie autrui et décrète des fatwa de mort. Citons comme exemple, les deux frères saoudiens qui ont tué leurs parents, sous prétexte qu’ils sont des apostats. Quelle est cette religion qui n’a rien à voir avec la miséricorde de Dieu et du prophète Mohammad (S).
Pour Daesh, Erdogan est un apostat, le peuple turc est apostat vu qu’il participe aux élections, tout cela est le fruit de la culture wahhabite.
Citons un autre exemple, un des grands muftis du wahhabisme en Arabie a apostasié tous ceux qui disent que la terre tourne autour du soleil. C'est-à-dire, il sera légitime de tuer tout musulman, qui prie et jeune, parce qu’il croit à cette vérité scientifique.
De retour à la situation à Qaa, Certains disent que notre combat en Syrie, qui vise à protéger le Liban, a échoué, du fait que certains kamikazes se sont infiltrés au Liban. A ceux-là, nous disons que si nous n'étions pas présents militairement en Syrie, vous auriez dû faire face à des kamikazes quotidiennement. Vous auriez dû affronter les voitures piégées tous les jours. Sans les efforts de l'armée libanaise et de la Résistance, le Liban serait dans un piteux état, avec des sauvages dans notre voisinage.
La guerre préventive que nous menons à la frontière a empêché et empêche toujours la multiplication des attaques. Les efforts internes contribuent également à cela.
Cela n’empêche qu’ils peuvent s’infiltrer de temps à autre.
Lorsqu’une attaque est déjouée, ou des explosifs sont retrouvés, cela montre que la situation sécuritaire est sous contrôle, et qu'il n'y a aucune raison de s'inquiéter pour la stabilité et le tourisme. La situation sécuritaire au Liban est la meilleure parmi tous les pays du Tiers-monde.
D’où la nécessité d’adopter une stratégie nationale officielle afin de combattre le terrorisme.
Enfin je dis aux habitants de Qaa  que le Qaa est pour nous comme le Hermel. Ras Baalbeck est pour nous comme Baalbeck. Tous les Libanais sont nos frères.
Nous ne permettrons pas que quelqu'un s'en prenne à vous ou vous pousse à l'exode. L'armée libanaise et les services de sécurité sont chargés de vous protéger, et nous sommes là pour les soutenir. Par nos yeux, nous protégerons toute la région, chaque rue et chaque maison. Il s’agit d’un engagement national et religieux.

28 juin 2016

René Naba: Marwane Barghouti, le Mandela Palestinien, pour le Prix Nobel de la Paix 2016



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Marwane Barghouti, le Mandela Palestinien, pour le Prix Nobel de la Paix 2016
Par René Naba
juin 6, 2016

Avigor LibermannBachir GemayelBaruch GoldsteinFeaturedMarwane BarghoutiMeir KahannaNicolas SarkozyRonald ReaganSamuel Flatto-Sharon
Le parlement belge choisit Marwan Barghouti pour le Prix Nobel de la Paix.
Le parlement tunisien a proposé, le 7 avril 2016, la candidature de Marwane Barghouti au Prix Nobel de la Paix, dans une démarche qui illustre la défiance de la Tunisie à l’égard de la normalisation rampante des pétromonarchies du Golfe avec Israël, considéré par les Palestiniens comme l’usurpateur de la Palestine.
En écho, le parlement belge lui a emboité le pas. Les chefs de groupes politiques du parlement belge, toutes tendance confondues, ont adressé une lettre au «Comité Norvégien du Prix Nobel de la Paix» réclamant que soit remis au prisonnier politique palestinien cette distinction, considérant que ce condamné à perpétuité par la puissance occupante israélienne est le «Mandela palestinien».
“La paix exige la libération de Marwan Barghouti et celle de tous les prisonniers politiques, comme celle de l’ensemble du peuple palestinien, qui vit sous occupation depuis des décennies », ont écrit les parlementaires belges dans une lettre collective.
“En accordant le prix Nobel de la Paix à une personne qui symbolise la lutte du peuple palestinien pour la liberté, mais aussi leur aspiration à vivre en paix, un leader qui a la capacité d’unir les Palestiniens autour d’un projet politique qui s’appuie sur le droit international et le retour aux frontières de 1967, menacées par la colonisation galopante et l’absence d’horizon politique, le Comité du Prix Nobel de la Paix contribuerait à faire revivre l’indispensable espoir de sortir de l’impasse politique actuelle ».
Cette lettre rappelle également la « Déclaration de Robben Island » de 2013, signée par huit prix Nobel de la Paix, ainsi que le président Jimmy Carter et le Sud-Africain Ahmed Kathrada, à l’intérieur de la cellule occupée durant 27 ans par Nelson Mandela dans la vieille prison de Robben Island.
Récidiviste, la Tunisie a refusé de criminaliser le Hezbollah libanais, considérant que la formation chiite est une formation combattante, assurant qu’elle soutenait sa lutte pour la libération du territoire libanais, par allusion aux fermes de Cheba’a, se démarquant ainsi de la majorité des états membres de la Ligue arabe, à l’exception de l’Algérie, dont la position est singulière en la matière.
La position de l’Algérie, de la Tunisie et de la Belgique tranchent avec la crispation philosioniste du pouvoir socialiste français, particulièrement de l’exécutif, François Hollande, qui se débrouillera toujours pour dénicher une «chanson d’amour» pour Israël, Manuel Valls, lié de «manière éternelle à Israël» ou encore l’ancien ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, le petit télégraphiste des Israéliens lors des négociations internationales sur le nucléaire iranien.
Ce papier a été publié pour la première fois le 5 juin 2009 sur http://www.renenaba.com au lendemain du discours du Caire du président fraîchement élu américain Barack Obama. L’auteur a décidé de le remettre en ligne, en guise de flashback à la veille de la commémoration du premier centenaire de la promesse Balfour, alors que le président américain est en fin de mandat et que la Palestine est en voie de de phagocytose totale de la part des Israéliens.
L’auteur revient sur cet aspect méconnu de la guerre psychologique menée par Israël contre les Arabes en vue de les contraindre à intérioriser leur infériorité dans un papier intitulé «La symbolique de la sentence contre Marwane barghouti ou de l’usage du calendrier comme fonction traumatique».
La symbolique de la sentence contre Marwane Barghouti
Paris, 5 juin 2009- Cinq peines de prison à vie et une peine de sûreté incompressible de 40 ans de détention, soit, pour une durée de vie moyenne de 60 ans, un total de 340 années de détention, record mondial absolu de tous les temps. Il faudra donc à Marwane Barghouti, le chef de la jeune garde palestinienne, plus de trois siècles de vie pour purger la peine que lui a infligée dimanche 6 juin 2004 la justice israélienne.
Trois siècles pour purger un crime imprescriptible le «crime de patriotisme».
La sentence est sans surprise, tant par sa lourdeur que par le choix du jour du verdict.
Le patriotisme palestinien est une matière corrosive, le principal obstacle à l’expansionnisme israélien, la peine peut paraître dans ce contexte justifiée dans la logique hégémonique israélienne et de la fonction traumatique du verdict.
Il n’a échappé à personne que la sentence est tombée le jour où la planète entière ce dimanche là avait les yeux rivés sur les plages de Normandie où les anciens alliés de la Deuxième Guerre mondiale -Américains, Anglais, Français et Russes- scellaient leur réconciliation avec leur ancien adversaire allemand. Luxe de raffinement ou de sadisme ?
Le verdict israélien contre l’un des symboles du combat national palestinien est intervenu le jour anniversaire de Marwane Barghouti. Il singularise ainsi Israël en plaçant ce pays à contre-courant d’une tendance générale au dépassement des conflits hérités de la guerre froide.
Mais ce verdict de guerre n’est pas le fruit d’un hasard fortuit. La bataille dans l’ordre symbolique revêt une importance primordiale dans le contexte de guerre totale que livre Israël, car elle détermine, au delà d’une lecture linéaire de l’actualité, l’issue d’un combat capital, la bataille pour la captation de l’imaginaire arabe et partant la soumission psychologique de ses adversaires. Dans cette guerre psychologique, deux dates ont une fonction traumatique dont Israël en use régulièrement à l’encontre de ses ennemis à la manière d’un coup de butoir répétitif afin d’intérioriser l’infériorité arabe et d’ancrer dans l’opinion l’idée d’une supériorité permanente israélienne et partant d’une infériorité irrémédiable arabe.
La date traumatique de la bretelle du 5-6 juin
La grande date traumatique est celle de la bretelle du 5-6 juin surchargée d’histoires:
Sur cette date se concentre en effet la troisième guerre israélo-arabe de juin 1967 ; la destruction de la centrale nucléaire irakienne de Tammouz le 5 juin 1981, ordonnée par Menahem Begin pour tester les réactions du nouveau président socialiste français François Mitterrand ; le lancement de l’opération «Paix en Galilée» contre le Liban, le 6 juin 1982, visant à déblayer la voie à l’élection à la présidence libanaise du chef phalangiste libanais Bachir Gemayel, enfin le 6 juin 2004 la lourde condamnation de Marwane Barghouti.
La Guerre de juin 1967, première guerre préemptive de l’histoire contemporaine, a permis à Israël, -déjà à l’époque première puissance militaire nucléaire du Moyen-Orient et non «le petit David luttant pour sa survie contre un Goliath arabe»-, de s’emparer de vastes superficies de territoires arabes (le secteur Est de Jérusalem, la Cisjordanie, la Bande de Gaza, le plateau syrien du Golan et le désert égyptien du Sinaï) et de briser l’élan du nationalisme arabe. Mais elle a du même coup accéléré la maturation de la question palestinienne et favorisé l’émergence du combat national palestinien qui demeure encore de nos jours, 42 ans après, le principal défi qui se pose à Israël.
La guerre du Liban de juin 1982, culminant avec un siège de 56 jours de la capitale libanaise, si elle a provoqué la perte du sanctuaire libanais de l’Organisation de Libération de la Palestine et le départ forcé de Yasser Arafat de Beyrouth, elle a dans le même temps donné naissance à une résistance nationale libanaise armée symbolisée par le Hezbollah (le Parti de Dieu) qui forcera dix huit ans plus tard l’invincible armée israélienne à une retraite sans gloire du sud-liban, le 25 mai 2000, premier dégagement militaire israélien d’un territoire arabe non assorti d’un traité de paix.
L’allié des Israéliens a bien accédé à la magistrature suprême, mais pour une présidence éphémère toutefois. Bachir Gemayel sera tué dans un attentat à la veille de sa prise de pouvoir et les Israéliens éclaboussés par les massacres des camps palestiniens de Sabra-Chatila qui ont suivi son assassinat.
La 2e date traumatique, la bretelle du 11-13 avril
L’autre date traumatique de la guerre psychologique anti-arabe menée par Israël est celle de la bretelle du 11-13 avril, date d’une triple commémoration :
1. celle du raid israélien contre le centre de Beyrouth, le 11 avril 1973, qui a entraîné l’élimination de trois importants dirigeants de l’OLP Kamal Nasser son porte-parole, Abou Youssef Al-Najjar, son ministre de l’Intérieur ainsi que Kamal Adwane, le responsable des organisations de jeunesse.
2. celle du déclenchement de la guerre civile inter factionnelle libanaise deux ans plus tard, le 13 avril 1975, la troisième, celle du raid aérien américain sur Tripoli (Libye), le 13 avril 1986, puis ultérieurement l’imposition du boycottage de la Libye par les Nations Unies le 13 avril 1992.
3. La condamnation de Marwane Barghouti, un des rares dirigeants palestiniens bilingues arabo-hébraïque, a éliminé de la vie politique active l’un des plus brillants représentants de la relève palestinienne, l’antithèse des bureaucrates corrompus à la représentativité problématique. Mais elle répond surtout à une fonction traumatique.
Par son excès toutefois, le verdict est lourd de conséquences en termes d’images pour les Israéliens, encombrés désormais d’un prisonnier charismatique et galvaniseur. Liant sa libération au triomphe qu’il juge inéluctable de la lutte du peuple palestinien, Marwane Barghouti n’a pas voulu se laisser enfermer dans la logique de ses adversaires.
Prenant le contre argument de ses ennemis par une opération de retournement psychologique, il a salué sa condamnation comme une victoire morale des combattants palestiniens sur leurs bourreaux israéliens. En le victimisant, les Israéliens l’ont transformé en symbole et les geôliers israéliens sont devenus ainsi, au regard de ses nombreux sympathisants dans le monde, les propres captifs de leur prisonnier palestinien. Avec en prime un symbole encombrant à gérer.
Le hasard favorise parfois le calendrier, la coïncidence apparaît alors comme un signe du destin. Marwane Barghouti a été condamné à la détention à perpétuité le jour du décès de l’ancien président américain Ronald Reagan, celui-là même qui avait dit «Bye Bye l’OLP», le jour de l’évacuation des Fedayin de la capitale libanaise en septembre 1982. En 25 ans les Fedayin se sont transformés en Moudjahiddine et le fait national palestinien a survécu à Ronald Reagan.
Un clin d’œil de l’histoire ?
Un symbole vit de sa propre vie en dehors de son porteur et la lutte des peuples pour leur survie obéit à d’autres paramètres que ceux engrangés dans les ordinateurs sophistiques de la guerre intelligente. Le moteur du combat d’un peuple pour sa survie est la dignité. L’honneur, la sève qui nourrit sa résistance. Ces paramètres là sont par essence non quantifiables. Ils échappent par définition à toute mise en équation. Marwane Barghouti en a fait l’éclatante démonstration lors du verdict traumatique du 6 juin 2004.
En 49 ans, les coups de butoir répétitifs israéliens ont eu donc des résultats mitigés, parfois même en contradiction avec l’objectif visé. Tout au long de ce conflit, Israël a veillé à s’assurer la maîtrise du récit médiatique et le monopole de la compassion universelle pour les persécutions dont les Juifs ont été les victimes au XIX me et XX me siècles en Europe. Mais la destruction de la ligne Bar Lev par les Égyptiens lors de la Guerre d’octobre 1973 a libéré les Arabes de la peur panique que leur inspirait l’État Hébreu, et, avec les volontaires de la mort, les bombes humaines ont fait 914 morts du côté israélien lors de la deuxième Intifada palestinienne (2000-2003). La peur est désormais équitablement répartie entre les deux camps, alors que, parallèlement, les massacres des Palestiniens de Sabra et Chatila, en 1982, ont brisé le mythe de la «pureté des armes israéliennes» et le dégagement militaire du Sud du Liban, le «mythe de l’invincibilité israélienne».
Le temps historique n’est pas réductible au temps médiatique. Israël, durant le premier demi-siècle de son indépendance (1948-2000), a été victorieux dans toutes les guerres qui l’ont opposé aux armées conventionnelles arabes, mais la tendance s’est inversée depuis le début du XXI me siècle, avec la mise en œuvre de la stratégie de la guerre asymétrique.
Toutes ses confrontations militaires avec ses adversaires arabes se sont depuis lors soldées par des revers militaires, que cela soit au Liban, en 2006, contre le Hezbollah chiite libanais, ou en 2008 à Gaza, en Palestine, contre le Hamas sunnite palestinien.
Longtemps sous la coupe des états arabes, les Palestiniens ont livré dans leur ghetto de Gaza, en décembre 2008, leur première guerre indépendante de toute tutelle. Désastreux sur le plan humain pour les Palestiniens, ce combat solitaire et solidaire de toutes les formations de la guérilla, y compris le Fatah de Mahmoud Abbas, et les formations marxistes, a néanmoins suscité un regain de sympathie internationale envers la revendication nationale palestinienne et placé sur la défensive les gouvernements arabes.
Désastreuse pour les Israéliens, sur le plan moral, l’expédition punitive israélienne continuera de produire ses effets corrosifs aussi longtemps que les pays occidentaux feront l’impasse sur les violations israéliennes au prétexte d’assurer «la sécurité d’Israël» et de le ravitailler en armes, sans prendre en compte l’insécurité que son bellicisme débridé génère à son environnement, ni brider la colonisation rampante de la Palestine. Aussi longtemps qu’ils continueront de témoigner de leur mansuétude à l’égard de leur gendarme régional, générateur en chef du Hamas par quarante ans d’occupation illégale et abusive de la bande de Gaza, anciennement sous souveraineté égyptienne.
La sophistication de la guerre psychologique menée depuis près de 60 ans par Israël ne saurait masquer la réalité.
Israël vit une situation schizothymique : Un état de Droit, certes, mais exclusivement à l’égard de ses citoyens de confession juive, un état d’apartheid à l’égard de la composante palestinienne de sa population, une zone de non droit et de passe droit dans ses colonies et sur la scène régionale, au point que bon nombre d’observateurs, pas uniquement arabes, pas uniquement musulmans, tendent à le considérer comme l’état voyou N°1 sur la scène internationale.
• Pour audacieuse que soit sa vision du monde et novatrice sa démarche, le président Barack Obama se devrait de savoir :
Que le monde arabo musulman n’a pas le monopole de la terreur aveugle, comme en témoigne la vitrification de Hiroshima et Nagasaki (Japon) et de Dresde (Allemagne), cibles urbaines d’innocentes victimes civiles.
• Que la «génération des lanceurs de pierre», véritable déclencheur de la première «Intifada» palestinienne en 1987, puis de la deuxième Intifada en 2000, a surgi dans la foulée de l’invasion israélienne du Liban en 1982 visant à démanteler les structures de l’Organisation de libération de la Palestine.
• Que les «volontaires de la mort» ne sont nullement animés exclusivement d’une «idéologie du mal», selon l’expression de lancienpremier ministre britannique Tony Blair, ou d’une «culture de la mort», selon la thématique saoudo américaine, mais aussi et sans doute dans les mêmes proportions d’une aversion profonde à l’égard de la morgue occidentale et que les «bombes humaines» constituent surtout une réponse inhumaine à la non-reconnaissance de l’humanité des interlocuteurs légitimes de la cause palestinienne.
• Que les combattants islamiques tant du Hamas que du Hezbollah que les partisans du chef chiite irakien Moqtada Sadr appartiennent à une génération que la promesse la plus alléchante ne saurait dévier de leur trajectoire, tant en Irak qu’au Liban, qu’en Palestine, aussi longtemps que la boulimie annexionniste d’Israël n’aura pas été bridée, aussi longtemps que la dignité du peuple palestinien et des autres peuples arabes sera bafouée.
Aussi longtemps que sera proposé un état croupion palestinien pour solde de tout compte à la spoliation de la Palestine. Aussi longtemps enfin que Mme Hillary Clinton, Secrétaire d’État américain, en tournée au Moyen-Orient, de même que son prédécesseur républicain Condoleeza Rice, se précipiteront à Beyrouth pour fleurir la tombe de Rafic Hariri, l’ancien premier ministre libanais assassiné, tout en persistant à négliger à leur passage à Ramallah (Cisjordanie), le mausolée de Yasser Arafat, le symbole de la renaissance du peuple palestinien.
Aussi longtemps que les dirigeants occidentaux autoproclamés «amis du peuple palestinien» s’appliqueront à contourner Ramallah, siège du pouvoir légal palestinien, pour rencontrer Mahmoud Abbas à Jéricho, comme ce fut le cas de Nicolas Sarkozy lors de son voyage en juin 2008, toujours dans le même but d’éviter le Mausolée de Yasser Arafat, comme si un Prix Nobel de la Paix palestinien constituait une monstruosité infamante, comme si le porte étendard de la revendication nationale palestinienne était pestiféré même au delà de la mort.
Une génération de combattants qui pense -et avec elle bon nombre d’adultes pas nécessairement uniquement arabes ou musulmans- qu’il existe un lien entre les attentats de Londres, de Madrid et d’ailleurs, -contrairement à la thèse défendue par Tony Blair-, un lien même entre les attentats de Londres et la Palestine, au-delà, un lien par ricochet avec la promesse Balfour, une promesse anglaise à l’origine de la création de l’État d’Israël.
Par glissement successif, Israël a été perçu dans un premier temps comme un fait colonial, le «coup de poignard» de l’Europe au cœur du Monde arabe, puis le bras armé de l’Amérique, enfin le «levier stratégique» de l’Occident dans la zone, son croquemitaine.
Sauf à vouloir se vivre en forteresse assiégée, une telle image paraît difficilement compatible avec une éventuelle intégration régionale, malgré toutes les barrières de sécurité et les murs de séparation, malgré toutes les rodomontades de tous les militaires ou paramilitaires qui se sont succédé à la tête du gouvernement israélien (Menahem Begin, Itzhak Shamir, Itzhak Rabin, Ehud Barak, Ariel Sharon), malgré le soutien intempestif de leurs relais au sein de la diaspora juive et de la communauté des chrétiens sionistes, de l’ordre de 70 millions de personnes dans le monde, et la servitude résignée de bon nombre de dirigeants arabes.
Le refuge des juifs, des rescapés des camps de la mort et des persécutés, le pays du Kibboutz socialiste et de la fertilisation du désert, des libres penseurs et des anticonformistes est devenu, aussi, au fil des ans, un bastion de la religiosité rigoriste, des illuminés et des faux prophètes, de Meir Kahanna (Ligue de la Défense Juive) à Baruch Goldstein, l’auteur de la tuerie d’Hébron, le 25 février 1994, le pays des gangs mafieux et des repris de justice, des Samuel Flatto-Sharon à Arcadi Gaydamak.
Un phénomène amplifié par la décomposition de l’esprit civique, gangrené par l’occupation et la corruption affairiste des cercles dirigeants, matérialisé par le naufrage du parti travailliste, le «parti des pères fondateurs», et la cascade de démission au plus haut niveau de l’état soit pour harcèlement sexuel, soit pour des faits en rapport avec l’argent illicite.
La propulsion d’Avigor Libermann sur le devant de la scène politique israélienne constitue à cet égard une illustration caricaturale du «Droit au retour» dans son extravagance la plus criante, en ce qu’elle confère à un ancien videur de boîtes de nuit de Kiev, du seul fait de sa judéité, et, au détriment des habitants originels du pays, une part du destin du Moyen orient. Elle constitue par là même la marque de l’aberration du projet sioniste dans ses manifestations les plus extrêmes, l’échec patent du projet occidental.
Près de 100 ans après sa fondation, le Foyer National Juif apparaît ainsi rétrospectivement comme la première opération de délocalisation de grande envergure opérée sur une base ethnico religieuse en vue de sous traiter au Monde arabe l’antisémitisme récurent de la société occidentale.
Et la Palestine, dans ce contexte, est devenue un immense défouloir de toutes les frustrations recuites générées des bas fonds de Kiev (Ukraine) et de Tbilissi (Géorgie) au fin fond de Brooklyn (États-Unis), la plus grande prison du monde, le plus grand camp de concentration à ciel ouvert pour les Palestiniens, les propriétaires originels du pays.
Le droit à l’existence d’Israël ne saurait impliquer un devoir d’anéantissement du peuple palestinien, ni son droit à la sécurité, l’insécurité permanente des pays arabes.
Curieux cheminement que celui des rescapés des Ghettos de Varsovie et d’ailleurs que de «s’emmurer» (2) en terre d’Orient, comme le signe d’une impasse de la société israélienne, soixante ans après la transformation de son «Foyer National» en état indépendant.
La mobilisation identitaire constitue la marque d’une crise interne du système politique, la ghettoïsation, la marque d’une régression car elle entraîne une éviction de l’intrus et non la reconnaissance de l’autrui. Une équation à tous égards réversible… tant qu’il est encore temps.
Notes
1. Le 25 février 1994, Baruch Goldstein, un médecin, colon juif d’origine américaine installé à Kyriat Arba, colonie forteresse fief de la colonie orthodoxe implantée à l’entrée d’Hébron, pénètre dans la mosquée bondée d’Abraham, située dans la ville biblique d’Hébron en Cisjordanie. Au cri de «Joyeux Pourim», il vide trois chargeurs de 30 cartouches à l’aide de son fusil d’assaut automatique sur l’assistance constituée de quelque 800 Palestiniens en prière, tuant 29 personnes et en blessant 150 autres avant d’être battu à mort.
2. Fidèle de longue date du groupe fondamentaliste radical juif, le mouvement «Kach», Baruch Goldstein était motivé par un mélange compliqué de ce qui ressemble à des considérations inextricables de nature politique et religieuse, alimentées par le fanatisme et par un sentiment aigu de trahison en constatant que son Premier ministre était en train de «conduire l’État juif hors du patrimoine légué par Dieu et vers un danger mortel». Le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, s’exprimant au nom de la grande majorité des Israéliens, exprima son dégoût, sa révulsion, ainsi que sa profonde tristesse à l’égard de l’acte commis par un «fanatique dérangé», tandis qu’une grande proportion des colons orthodoxes militants ont qualifié Goldstein d’homme juste et lui ont conféré la dignité de martyr.
3. 2. «Les Emmurés, la société israélienne dans l’impasse» de Sylvain CYPEL, journaliste au quotidien Le Monde. Éditions La découverte Février 2005 Ainsi que «Destins croisés, Israéliens, Palestiniens, l’Histoire en partage» de Michel Warshawski, préface d’Avraham Burg- Editions Riveneuve Avril 200

Marwane Barghouti, le Mandela Palestinien, pour le Prix Nobel de la Paix 2016