L'interview de sayed Hassan Nasrallah à Al Akhbar 14 août 2014. En présence de sayed Nasrallah, jusqu'à l'aube :
Sayed Nasrallah: nous avions pris de la décision de la capture de soldats israéliens avant quelques mois...
Q- Si nous
revenons au 12 juillet, saviez-vous que la capture des soldats
israéliens devait avoir lieu dans ce jour ? Quelles sont les mesures que
vous aviez prises? Comment les faits se sont bousculés plus tard ?
R- En fait, la décision de
capturer des soldats israéliens a été prise par le conseil consultatif
(Choura) du Hezbollah avant plusieurs mois du jour de l'exécution de
l'opération. Dans notre méthode de travail, lorsque le conseil prend une
décision de ce genre, il la défère devant le Conseil jihadiste, pour
être exécutée. Ce conseil est présidé, selon la structure du parti, par
le secrétaire général. Le conseil est formé d'un groupe de leaders
jihadistes actifs au niveau de la mise en œuvre des décisions. La
question fut débattue dans ce conseil, de plusieurs points de vue, comme
le choix du lieu adéquat pour exécuter une opération réussie, le
moment, les tactiques, le plan de l'opération, les participants à
l'opération, les éventuelles réactions et les mesures de préventions
requises dans de telles conditions. Ces questions sont toutes discutées
d'habitude par les membres du conseil jihadiste. La décision est prise à
l'unanimité ou presque, mais pas par le vote.
Le lieu a été choisi, ainsi que les groupes qui participeront à l'opération et la gestion des faits.
Mais ce n'était pas une question simple à planifier. L'opération a
nécessité des mois pour introduire les frères dans la région, même à
l'intérieur du territoire palestinien occupé. A plusieurs reprises, ils
ont tendu des embuscades pour une certaine période, puis ils sont
ressortis pour attendre la bonne opportunité. Parfois, des objectifs
étaient à leur disposition, mais ce n'était pas clair si c'étaient des
cibles civiles ou militaires. Nous insistions toujours sur la nécessité
de capturer des soldats non des colons, pour ne pas être accusés
d'enlever des civils. Tous ces préparatifs ont pris du temps l'exécution
de l'opération. Bien sûr, les personnes concernées par la gestion de
cette opération, à Beyrouth, au niveau de la prise de la décision ou au
niveau jihadiste, étaient au courant des développements. Ils ne furent
pas surpris. Avant quelques jours du 12 juillet, nous étions devant
l'éventualité de la réussite de la capture des soldats.
Au moment de l'exécution de l'opération, nous étions au courant des
faits. Nous avons pris les mesures de prévention décidées à l'avance. Un
groupe de chefs militaires concernés s'est rendu dans le lieu prévu,
dès les premières minutes. Plusieurs heures plus tard, les répercussions
attendues n'étaient pas encore dangereuses. Ce qui a été prévu dans le
premier jour a été contenu, puisqu'on était bien préparé à l'affronter.
Après s'être assuré de la réussite de l'opération, et que les soldats
capturés ont été éloignés de la ligne du feu, j'ai quitté la chambre des
opérations pour tenir la conférence de presse. On a annoncé la capture
des deux soldats et puis notre intention d'effectuer des négociations
indirectes, afin de libérer les hommes détenus par l'ennemi.
Q- comment se comporte le
secrétaire général dans de tels moments ? Quel est son rôle ? Aviez-vous
des plans sur la méthode de l'évacuation des lieux dangereux ?
R-Le secrétaire général du
parti assume la prise de la décision, dans la gestion de l'action
jihadiste. Evidemment, il ne dirige pas directement les unités
militaires. Il ne dirige pas les opérations militaires au niveau
technique. Ce sont plutôt les leaders jihadistes, ou nos adjoints qui le
font. Bien sûr, ils suivent les détails de près et en informent le
secrétaire général, puisque ce dernier est au courant des politiques
tracées par le conseil de la «choura» et jouit d'une certaine marge de
liberté d'action, selon ses prérogatives. En plus, le secrétaire général
est bien informé de la situation des jihadistes, du potentiel et de la
condition politique. Donc, le secrétaire général prend la décision,
même dans les affaires relatives au front. Parfois, sa décision est
prise suite à de concertations et parfois selon l'entente avec les
membres du conseil jihadiste. Par exemple, les zones ciblées durant la
guerre de 2006 dans la Palestine occupée, ne furent pas choisies par les
responsables du front. Nous même avons cette décision, puis les chefs
jihadistes la mettaient en œuvre et coordonnaient l'action des unités
militaires, des unités des informations et des forces responsables des
plates-formes des roquettes et des mortiers. Ceci signifie que lorsque
nous avons entamé l'étape de la prise pour cible de Haïfa, la décision
englobait aussi la nature des armes utilisées, tout comme la décision de
cibler le navire Saer 5. Ce genre de démarches est entrepris par le
conseil jihadiste et par le secrétaire général étant le chef de ce
conseil, en concertation avec les frères et les parties exécutives.
Ensuite, je suis informé de mesures prises sur le terrain.
Pourquoi nous disons «prise de décision» ? Parce que toute démarche a ses propres
circonstances. Par exemple, la frappe contre «Saer 5», signifie que
nous avons décidé de frapper un objectif de qualité, ce qui aurait
plusieurs répercussions. En second lieu, puisque nous utilisons une arme
pour la première fois, ceci signifie que le conseil jihadiste a décidé
de révéler la présence de nouvelles armes à la disposition de la
résistance, non connues à l'avance. Suite à la prise de la décision
initiale, les discussions prennent une tournure technique et exécutive,
dans laquelle je n'interviens pas. C'est du ressort des experts. Oui,
lorsque nos frères communiquent avec moi, ils m'expliquent si tout
allait comme il faut, ou s'il y avait des obstacles qui entravent leur
travail. Mais aplanir ces obstacles est de leur responsabilité.
Je cite un autre exemple, concernant la prise pour cible de «Tel Aviv».
Cette question n'est point d'ordre exécutif. C'est une décision
capitale. Au moment où la banlieue sud et autres villes dans le sud et
la Békaa étaient pilonnées, un débat sérieux s'est déroulé. Fallait-il
pilonner «Tel-Aviv» tout de suite ou non. La décision fut prise de fixer
l'équation «Tel- Aviv» en contrepartie de Beyrouth. La Banlieue et les
autres régions étant déjà sous le feu. Sur ce, nous avons établi une
nouvelle équation. Si nous étions en mesure de protéger Beyrouth ou de
contribuer à sa protection, ce serait mieux.
Q- «Tel-Aviv» aurait-il été pilonné en 2006, comme en est le cas ces jours-ci ?
R- bien sûr, voire avec
plus de force. C'est un fait connu et les israéliens le savent. Ce sont
des missiles de différentes genres, quantités et dimensions qui sont en
question. Evidemment, nous avions la capacité de frapper «Tel Aviv»,
sinon nous n'aurions pas lancé des menaces. Nous n'évoquons jamais une
équation que nous sommes incapables d'exécuter.
Q- Avez-vous été exposé à un danger direct durant la guerre ?
R- Je n'ai pas été atteint
directement. Les lieux où je me trouvais, n'ont pas été pilonnés. Mais
la région où on se trouvait, était visée.
Q- Est-il vrai que des missiles se sont abattus près d'un de vos convois ?
R- Pas vrai.
Q- Comment avez-vous passé les
premiers jours de la guerre ? Les unités exécutives de la résistance
assumaient d'importantes missions et les négociations politiques
n'étaient pas encore lancées. Suiviez-vous de près le déroulement de la
guerre ?
R- Lorsque je dis que je
n'interviens pas sur le front, ceci signifie que je ne le dirige pas
directement. Mais je dois être informé des développements sur le
terrain, tout au long des 24h. Je suis informé des développements en
cours au front au Liban sud, dans la Békaa. Des lieux ciblés. Je suis
aussi avisé du nombre des martyrs, des blessés, des déplacés, du climat
politique et médiatique. Je planche sur toutes ces questions.
Q- Aviez-vous rencontré votre famille durant la guerre ?
R- Oui, une seule fois.
Q-Chez qui vous vous êtes rendu au lendemain de la fin de la guerre ?
R- Lorsque la guerre a pris fin, la possibilité du
déplacement était un peu compliquée. Vous vous rappelez que la guerre
n'a pas été clôturée par un cessez-le-feu, mais par la cessation des
hostilités. Nous estimions qu'on était toujours au cœur de la bataille.
Sur ce, directement après la fin de la guerre, et un peu plus tard, mes
mouvements furent limités. Plusieurs personnalités ont insisté pour me
rencontrer. Je répondais que la guerre était menée contre moi et elles à
la fois. Nos frères estimaient la situation périlleuse. Ils disaient
que mon apparition publique pourrait m'exposer, ainsi que les personnes
présentes, au danger. La seule personne que j'ai visitée après la
guerre, est le feu sayed Mohammad Hussein Fadlallah. Je m'y suis rendu
en compagnie de quelques frères, afin de le remercier pour ses positions
prises durant la guerre. Je rencontrais uniquement les frères
concernés par l'action jihadiste. Je communiquais avec la chaine
télévisée Al-Manar et avec le bureau des relations médiatiques du parti
via le réseau de télécommunication intérieur. On ne pouvait pas
communiquer par téléphonie mobile. Parfois, j'enregistrais des messages
transmis par des appareils sans fil aux militants, non connectés au
réseau de télécommunication intérieur.
Q- Aviez-vous inspecté les déplacés durant la guerre ?
R- Je ne l'ai pas fait
personnellement, vu la nature des circonstances. Mais, je communiquais
constamment avec nos frères chargés d'assurer les besoins des déplacés.
Toutes les formations partisanes étaient en pleine action. Je
communiquais avec tous les responsables et j'étais informé
quotidiennement de tout : le pilonnage, la destruction, les déplacés et
comment leurs problèmes sont traités. L'affaire des déplacés, l'attitude
populaire, les gens, leurs conditions, leur moral, et leur humeur,
étaient essentiels pour nous. C'est sur ces bases que nous avions bâti
nos décisions.
Q- Aviez-vous été surpris par l'attitude des déplacés ?
R- Ce ne fut pas
surprenant, pour moi. Mais elle le fut pour plusieurs, puisqu'on pariait
sur leur prise de position ou leur protestation. Des médias tentaient
de provoquer les déplacés dans les écoles et ailleurs. Certaines parties
politiques espéraient que ces derniers organisent des manifestations,
réclamant la cessation de la résistance, sa démilitarisation ou sa
capitulation. Mais la position grandiose des gens, ne découle pas
seulement de leur volonté, prise de conscience ou convictions. Elle
découle de leur détermination à préserver leur convictions, à l'ombre
même de la guerre, de la destruction, du déplacement, des meurtres, des
massacres et à l'ombre des énormes tentatives de provocation. S'il y
avait eu de cohésion nationale, et que tous encourageaient ces gens
meurtris, on aurait moins évalué la position de ces derniers. Mais en
réalité, on tentait de provoquer un climat d'abattement et d'accusation
de traitrise, en attribuant la responsabilité de la guerre à la
résistance. L'objectif était d'exhorter les sinistrés à manifester.
Mais ces derniers ont refusé.
Q- Durant la guerre, quelle est la position qui vous a touché le plus ?
R- Les massacres étaient les plus douloureux. Généralement, les militaires sont inflexibles. Mais
nos frères, en dépit de leur aplomb, en étaient affectés. Certains
d'entre eux pleuraient en observant le spectacle des femmes et enfants
massacrés. Ce qui suscitait le plus la douleur, était la prise pour
cible des civils. Les immeubles pourraient être reconstruits. Les
déplacés pourront revenir en fin de compte, puisqu'on était certain de
la victoire, grâce à Dieu. Plusieurs massacres ont été perpétrés. On ne
peut dire que l'un fut plus douloureux que l'autre. Cependant, le
pilonnage du complexe «Imam Hassan» fut marquant. En premier, en raison
du grand nombre des martyrs. Ensuite, en raison des rumeurs selon
lesquelles ce complexe a été ciblé parce que les Israéliens estimaient
que je m'y trouvais. Evidemment, je ne m'y suis guère rendu, tout au
long de la guerre.
Q-
Qui est la personne pour laquelle vous craigniez ?
R- Pas de personne
précise. Je considérais que la sécurité d'un groupe de nos frères,
comprenant notamment hajj Imad Moghnieh, était importante en tant
qu'essentiels dans le parcours de la guerre. Je suivais leur état de
près.
Q- Quel
fut le rôle de la Syrie durant la guerre, surtout celui du général
Mohammad Sleimane ? Y-a-t-il eu des martyrs dans les rangs de l'armée
syrienne ?
R- Durant la guerre,
l'acheminement des armes n'a pas cessé à partir de la Syrie. On ne
pouvait estimer la durée de la guerre. Sur ce, tant que nous disposions
de plus de potentiel, d'armes et de munitions, la situation était
meilleure. La possibilité d'acheminer les armes était assurée, en dépit
du pilonnage de tous les passages frontaliers. Malgré ce fait, l'armée
syrienne n'a pas perdu de martyrs, puisque le territoire syrien n'a pas
été ciblé.
Concernant le général martyr Mohammad Sleimane, je crois que ce sont les
Israéliens qui l'ont tué, en raison de son rôle avant et durant la
guerre. De fait, cet homme était chargé par le président Assad de suivre
ce dossier. Il a joué un excellent rôle. Pour cette raison, les
Israéliens ont guetté Hajj Imad Moghnieh et le général Sleimane.
Certains médias arabes ont évoqué des liquidations sur le plan
intérieur. Mais l'enquête et les données ont montré qu'«Israël» était
derrière l'assassinat.
Q- Est-il vari que le président Bachar Assad était prêt à ouvrir le front syrien ?
R-
L'éventualité de l'extension de la guerre vers la Syrie était posée.
«Israël» attribuait une grande responsabilité à la Syrie, quant à la
lutte de la résistance, et à l'acheminement de certaines armes efficaces
dans le parcours de la guerre. Sur ce, l'extension de la guerre était
possible, surtout dans le contexte des propos sur une invasion terrestre
en direction de Hasbayya, Rachaya et la Békaa centrale et ouest. Ce
jour-ci, dans la deuxième semaine de l'offensive, le général Assaf
Chawkat, qui communiquait constamment avec nous, a demandé mon avis à
propos d'une idée examinée à Damas. Il dit que si une large invasion
terrestre a lieu, la Syrie serait contrainte de participer aux combats
aux côtés de la résistance. Je ne prétends pas que cette décision fut
prise. Mais cette éventualité était posée par le président syrien et les
hautes sphères du pouvoir en Syrie. Les hauts responsables syriens
suivaient les détails de la bataille de près et y étaient informés.
Je leur ai répondu, après s'être concerté avec nos frères : vous n'êtes
pas obligé d'intervenir. La question n'est pas tellement périlleuse.
Nous possédons les capacités nécessaires pour les affrontements
terrestres. Effectivement, l'opération terrestre devait provoquer la
discussion de l'intervention de la Syrie dans la guerre. Et puisque
l'invasion terrestre n'a pas eu lieu, l'intervention de la Syrie n'a pas
été débattue.
Q- Jusqu'à quel point avez-vous été surpris
par Gaza, d'autant qu'au début, la position du Hezbollah était
prudente, même sur le plan médiatique ? Craigniez-vous que la résistance
soit entraînée dans un piège ?
R- Le processus
palestinien était-il prévu ? Non. Mais il n'était pas non plus
surprenant. Ce qui était clair c'est que les Israéliens, non la
résistance, qui ont poussé les développements dans ce sens, à travers
l'enlèvement des trois colons. L'attitude des Israéliens n'était pas
celle d'une partie qui cherche des personnes enlevées et en particulier
les colons. Sous ce prétexte, ils ont fait tout ce qu'ils pouvaient
faire en Cisjordanie, ils ont cherché à se débarrasser du Hamas, du
Jihad islamique et du FPLP. Ils s'en sont pris à tout ce qui a trait à
l'infrastructure de la résistance. La situation a ainsi évolué d'un
stade à un autre. Je penche à croire que ce qui s'est passé a été comme
une boule de neige qui a grossi. Les Israéliens ont été entraînés et la
résistance aussi, dans le sens qu'aucune partie n'avait réellement
planifié la guerre. Hélas, certains ont accusé la résistance d'avoir
voulu la guerre pour se redonner un rôle ou pour faire relancer l'axe
turco-qatari des Frères, mais je ne le crois pas.
D'un autre côté, les Israéliens qui suivent les développements dans la
région et ses changements, ne sont pas pressés de faire une guerre. Mais
lorsque la situation se précipite ainsi, cela devient à la fois une
menace et une occasion. Les Israéliens veulent alors profiter de cette
occasion et la résistance affronte la menace et cherche à la transformer
en occasion. C'est notre façon de comprendre ces développements. La
partie israélienne a estimé que puisque nous allons vers la
confrontation, autant la transformer en occasion, surtout que Gaza est
encerclée, que le monde arabe est déchiré et que la sensibilité
internationale a d'autres sujets d'intérêt, de même que les populations
arabes ont d'autres priorités, notamment au cours des premiers jours de
l'agression. L'ennemi a donc frappé toutes les cibles dont il était
informé. Malgré cela, les missiles ont continué à être lancés à partir
de Gaza et il s'est trouvé face à un grand problème.
Pour la résistance, à partir du moment où cette guerre lui a été
imposée, elle est devenue une occasion d'obtenir la levée du blocus. Il
est clair que la résistance ne cherche pas une victoire morale ou une
issue honorable. Elle veut une réalisation concrète, qui se résume à la
levée du blocus, même si cela est coûteux. C'est un élément de force
pour la résistance, car la levée du blocus est une revendication de
toutes les factions de la résistance et une volonté populaire réelle.
Le Hamas est peut-être critiqué sur la façon dont il gère la bande de
Gaza, sur son autorité et son gouvernement, il y a peut-être des
divergences entre les factions de la résistance sur l'analyse et les
positions par rapport aux développements régionaux. Mais tout le monde
est d'accord sur la levée du blocus qui est une revendication qui fait
l'unanimité politique et populaire à Gaza. C'est notre façon de voir les
choses. C'est pourquoi, au début, lorsqu'il a été question d'un cessez
le feu, d'une accalmie des deux côtés, toutes les factions
palestiniennes les ont refusés exigeant la levée du blocus. Depuis le
début, c'était donc la revendication palestinienne. A mon avis, les
Israéliens ont été pris au piège, même s'ils ont beaucoup cherché à
profiter de l'expérience et des erreurs de la guerre de 2006. Dans cette
guerre à Gaza, l'expérience de 2006 était présente depuis le début dans
les médias israéliens.
Q- Etes-vous d'accord avec l'idée qui veut que les objectifs de l'ennemi étaient modestes depuis le début ?
R- C'est l'une des leçons
que l'ennemi a tirée de la guerre de 2006. Mais il s'est enfoncé dans le
problème. C'est pourquoi il n'a pas défini d'objectif précis au début.
J'ai suivi cette guerre depuis ces débuts et je n'ai pas réussi à
trouver un objectif précis. Il n'y a pas eu de déclaration officielle
claire. Certains ont parlé de faire chuter le Hamas, d'autres de
désarmer la résistance et
d'arrêter
le lancement des missiles. D'autres encore de l'arrêt de l'arrivée et
de la fabrication des missiles, de la destruction des tunnels. Même le
sujet des deux soldats capturés est autant que possible occulté. Car les
Israéliens savent qu'ils ne peuvent pas les récupérer sans mener des
négociations et sans donner une contrepartie. Ils ne parviendront pas à
les libérer par la seule pression politique ou militaire.
Les Israéliens sont donc dans une impasse. Ils croyaient peut-être que
la résistance n'avait pas la volonté de tenir et que les gens ne
pourraient pas supporter un tel lot de souffrances. Je crois aussi que
l'ennemi misait - comme l'avait fait Shimon Pérès en 1996 lors de
l'agression appelée les Raisins de la colère- sur l'épuisement des
stocks de missiles. A ce moment, il dirait qu'il a arrêté le lancement
des missiles sans donner la moindre contrepartie aux Palestiniens. Mais
ces calculs se sont avérés faux.
Q- Avez-vous reçu une demande palestinienne pour intervenir directement dans cette guerre ?
R- Le frère Moussa Abou
Marzouk a parlé de cela. Mais aucune autre faction palestinienne n'a
parlé avec nous de cela. Je crois que toutes comprennent la situation.
Q- Sa position exprime-t-elle celle réelle du Hamas ?
R- S'il y a une demande
sérieuse, elle est discutée dans les cercles fermés et non dans les
médias. Les canaux de contact entre nous et le Hamas n'ont jamais été
coupés, même pendant la période où l'on a dit qu'il y avait un froid
entre nous. Il était donc possible de discuter cette question
discrètement. Mais le fait de la soulever dans les médias suscite des
questions. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une démarche adéquate. Je ne
veux pas faire des analyses. Je mise sur la bonne foi et la
compréhension. Peut-être a-t-il estimé que les circonstances sont un peu
difficiles et il a lancé l'idée. Mais un tel sujet aussi grave ne se
discute pas dans les médias. C'est pourquoi je ne commenterai pas cette
demande dans les médias. La question sera discutée entre nous et nous
verrons s'il y a un intérêt à une telle intervention ou non.
Q- Avez-vous eu des contacts avec le Hamas à ce sujet ?
R- Non.
Q- Vous n'avez pas posé des questions sur ce sujet ?
R- Les contacts sont permanents, mais nous n'avons pas évoqué ce sujet et eux non plus.
Q- D'après vous, la guerre de Gaza a reporté la prochaine guerre au Liban pour combien de temps.
R- Je peux affirmer
qu'elle l'a reportée. Mais de combien de temps, je ne peux pas le dire.
Tout dépend des circonstances et des données qu'utiliseront les
Israéliens pour mener une nouvelle guerre. S'il faut en croire les
leçons tirées de la guerre de juillet 2006, la prochaine guerre
israélienne devrait aboutir à une victoire rapide et décisive. A la fin
de la guerre de 2006, tout le monde a dit qu'«Israël» avait essuyé une
défaite. Certains disent certes le contraire. Comme ils disent
aujourd'hui qu'ils ont gagné parce que le front du Liban n'a pas été
ouvert cette fois. Mais en réalité, il n'avait pas été ouvert en 2000,
lors de l'intifada, ni en 2008, ni lors de la guerre des 8 jours.
Après la guerre de juillet 2006, les Israéliens ont exigé que la
prochaine guerre aboutisse à une victoire nette et rapide. Ils veulent
éviter qu'elle se transforme en guerre d'usure avec des bombardements
des villes. Ils veulent aussi qu'elle soit une victoire décisive, non
temporaire, et qu'elle réalise tous les objectifs non des objectifs
modestes. Ils veulent aussi qu'elle soit éclatante au point que nul ne
puisse la contester. C'est pourquoi, ils pensent que la prochaine guerre
sera très difficile à cause de ces objectifs, et des capacités de la
résistance dans tous les domaines et sur le plan de la possession des
missiles. L'ennemi ne supporte pas une guerre d'usure. C'est pourquoi on
le voit aujourd'hui sous pression, bien que les obus lancés par la
résistance à partir de Gaza sur «Tel Aviv» et d'autres villes sont
limités. Il parle en plus de l'efficacité du bouclier d'acier. Même si
ce sujet supporte un débat. Le bouclier peut être efficace en cas d'un
nombre réduit de missiles. Mais s'il y en a beaucoup qui sont lancés en
même temps, son efficacité reste à prouver.
Q- Quel conseil donnez-vous à la résistance et au peuple palestinien à Gaza ?
R- Lorsqu'un homme est
placé devant un choix : se rendre ou résister, il n'y a pas à hésiter
entre la guerre et l'humiliation. C'est leur conviction, leur volonté et
leur culture. La culture et le choix de la résistance sont en train de
s'amplifier au sein du peuple palestinien. Car il n'a pas d'autre
horizon. Il a essayé les négociations. Il a attendu les développements
régionaux et internationaux. On peut même dire que pour Gaza et pour la
cause palestinienne, une occasion en or est passée avec l'Egypte. Elle a
été rapidement perdue. Quels sont donc les choix qui s'offrent au
peuple de Gaza ? Il faut résister et ne pas céder aux conditions
israéliennes, sinon il n'a plus qu'à se jeter dans la mer ou à émigrer
et à aller ainsi grossir le lot des réfugiés dans les camps et dans la
diaspora. Je crois que les Palestiniens n'ont pas d'autre choix
aujourd'hui. En fait il n'y a pas de choix, à partir du moment où ils
ont opté pour préserver leur dignité. Ils assument les responsabilités
de cette option, même si elles sont très lourdes. Ils ont confiance dans
la résistance et dans le fait que cette voie peut mener à des résultats
positifs. La logique, non les slogans montre qu'ils doivent se battre.
Q- Il est clair qu'il y a un problème entre
l'axe de la résistance et le commandement égyptien. Il ne s'agit donc
pas seulement du Hamas. Comment traitez-vous avec la position du
gouvernement de Sissi à l'égard de Gaza et de la pression sur la
résistance ?
R- Je voudrais reprendre
les propos de l'un des chefs de la résistance palestinienne qui a dit :
le problème de Gaza aujourd'hui est double. Le premier est une crise de
confiance avec l'Israélien ; ce qui constitue un problème essentiel de
fond et le second est qu'elle prise entre deux axes, celui du Qatar et
de la Turquie et celui de l'Egypte, de l'Arabie et des Emirats. Les
causes de cette division sont connues, mais malheureusement, il s'agit
d'une division dure et aigüe. Au moment où il aurait fallu dépasser les
divisions. Nous autres, nous avons proposé, après consultation avec les
frères des factions palestiniennes et les Iraniens, que ceux-ci
contactent les Turcs, les Qatariens, les Egyptiens et les Saoudiens,
même par le biais des Emirats et de Oman pour tenter de surmonter cette
division. Mais concernant la résistance, nous ne cherchons pas à marquer
des points dans un conflit interne ou régional. Il s'agit d'arrêter la
guerre contre Gaza et de lever le blocus qui lui est imposé. En période
d'affrontement, la priorité est au dialogue avec tout ce qui pourrait
aider. Mais dans cet affrontement, la position de l'Egypte était disons
difficile, alors que le Premier ministre turc a porté des attaques
personnelles contre le président égyptien Abdel Fattah Sissi. Même les
Qatariens avaient une position négative à l'égard de l'Egypte à partir
de la chaîne Al Jazeera. Or si on veut aider Gaza, il faut parler avec
les Egyptiens. Et les Palestiniens eux-mêmes disent qu'aucun compromis
solution n'est possible sans l'Egypte. Ceci exige de la part de ces deux
axes entre lesquels Gaza est prise en étau de considérer que la
priorité de Gaza est plus importante que les conflits et les débats.
Jusqu'à présent, cela n'a pas eu lieu comme il le fallait.
Q- Comment voyez-vous votre
relation avec le Hamas ? Non seulement en tant que parti, mais avec les
Iraniens et les Syriens après la guerre de Gaza ?
R- Même avant cette
guerre, les contacts sont restés constants et notre relation était très
normale, même si nous étions en conflit sur le dossier syrien.
Q- Et sur le plan de l'appui ?
R- Il est certain que toute la situation a été modifiée par les développements en Syrie, en Irak et
dans la région. Au sujet de la Syrie, dans toutes nos rencontres, notre
position était de leur demander de comprendre notre position comme nous
comprenions la leur. Nous étions en conflit sur l'approche de ce
dossier et nous avons eu de longs débats sur ce sujet. Certes, la
situation à Gaza ramène le processus à ses priorités et nous pousse à
multiplier les contacts et la coopération. Il est donc certain que cela
aura des conséquences sur le renforcement de la relation entre le
Hezbollah et le Hamas et entre le Hamas et la République islamique. Avec
la Syrie, c'est différent et c'est plus compliqué. Il faut du temps et
la relation est tributaire de développements régionaux. Il n'y a pas
d'horizon pour une ouverture pour l'instant.
Q- Entrerons-nous à al-Qods (Jérusalem) ?
R- J'en suis convaincu.
Q- Dans certains milieux
populaires, on dit : quelle est notre relation avec la Palestine et
pourquoi devons-nous libérer «Jérusalem» ?
R- Le plus grand danger
pour la sensibilité libanaise et arabe et pour les peuples de la région
est d'arriver à un stade où l'on considère l'existence d'«Israël» comme
normale et comme si elle ne représente pas une menace pour la région et
pour ses populations. Le danger est aussi de croire que si «Israël» est
un problème, il ne concerne que les Palestiniens, non les autres peuples
de la région. Ces propos sont liés à la politique, à la sécurité et à
l'économie. «Israël» est une entité illégale. Elle est une menace pour
toute la région, en permanence. On ne peut pas cohabiter avec cette
menace. C'est pourquoi l'objectif final de cette oumma est de la faire
disparaître, indépendamment de tous les autres problèmes, des calculs,
des conflits, de ce qui s'est passé avec les Palestiniens et les non
Palestiniens, entre les sunnites et les chiites, entre les chrétiens et
les musulmans, tous les conflits, toutes les susceptibilités. Il ne faut
pas que la culture qui considère comme une tumeur cancéreuse
disparaisse. «Israël» est le mal absolu, elle constitue un danger pour
les peuples et les gouvernements de la région, pour leur dignité, leurs
symboles sacrés. Par conséquent, l'objectif ultime doit être de la faire
disparaître.
Ils veulent nous faire arriver à ce stade. Ils réussissent à certaines
étapes et nous ne devons pas les atteindre. Sur le plan de la politique,
de l'économie, de la sécurité, des questions militaires et de
l'environnement. Mais sur le plan idéologique, cette question ne devrait
pas faire l'objet d'un débat. En matière d'idéologie, il n'y a plus de
place à la sensibilité populaire, aux émotions. Quand on dit qu'on a une
position idéologique à l'égard d'«Israël», cela n'a rien à voir avec le
fait que nous sommes d'accord ou en conflit avec les Palestiniens. Par
conséquent, le lien entre le Hezbollah et le conflit avec l'ennemi
israélien, même dans les réalités sur le terrain n'est pas discutable.
Q- Aimez-vous le football ?
R- Oui. Je jouais du foot avant de porter le turban et même après avec des amis.
Q- Appuyez-vous une équipe en particulier ?
R- Avant oui, par
amusement et pour changer de climat. La plupart du temps, j'étais avec
le Brésil. Parfois avec l'Argentine, surtout lorsque Maradona jouait.
Son jeu me plaisait.
Q- Et lors de la dernière coupe du monde ?
R- Il a été dit que
j'étais avec le Brésil. Mais je ne suis avec personne. Chez le
Hezbollah, le climat général était d'appuyer le Brésil. Il s'agit d'un
appui qui remonte au passé, à cause de la technique des joueurs
brésiliens et de leur jeu. Certains ont pourtant commencé à dire que le
Hezbollah appuie le Brésil parce que le drapeau de ce pays est vert et
jaune, deux couleurs particulières pour les chiites...
Q- Avez-vous suivi la dernière coupe du monde ?
R- A vrai dire, le mood
cette année ne permettait pas de la suivre en raison des développements
au Liban et en Syrie. Ensuite, il y a eu la guerre de Gaza et les
développements en Irak.
Q- Vous n'avez vu aucun match ?
R- J'ai vu une partie de
la finale, à cause de mon fils, non pour le match en lui-même. Comme il
était avec l'Allemagne, pour le taquiner et créer de l'animation, j'ai
appuyé avec l'Argentine...
Q- Etes-vous sur Facebook ?
R- En raison des exigences
de sécurité, je reste éloigné de tout ce qui a trait au téléphone
portable et à l'internet. C'est pourquoi je ne suis pas directement sur
Facebook. Mais je suis informé en permanence de ce qui se passe sur les
réseaux sociaux, sur le plan des débats, des rumeurs etc à travers des
résumés et des rapports qui me parviennent sur le sujet.
Q- En général, l'homme s'habitue aux lieux
et s'y accroche, un lit, un oreiller etc. Comment faites-vous vous qui
êtes obligé de vous déplacer en permanence ?
R- C'est vrai. Mais
lorsque le déplacement devient une partie de votre vie, vous vous
habituez aussi à cette situation. Pour moi, c'est donc devenu une
habitude, surtout depuis 2006. Mais avant, c'est vrai que j'avais des
lieux habituels.
Q- Quel est votre plat préféré ?
R- Dans le passé, j'en
avais. Mais maintenant, peu m'importe. Je me contente de ce qu'il y a.
Même si l'on me demande, je n'ai pas de préférence et je réponds ; je
mange ce qu'il y a, comme le militaire au front qui n'a pas le choix .
Mais avant, oui, j'aimais des plats comme la mouloukhié, la moujaddra
avec du riz et le poisson.
Q- Depuis combien de temps n'avez-vous pas conduit une voiture ?
R- Au moins depuis 1986.
Q- La banlieue sud a changé depuis 2006. Avez-vous une idée de ce qu'elle est devenue ?
R- Bien sûr. Je ne suis
pas absent de la banlieue sud. J'en connais les détails. Les Israéliens
et avec eux certains médias arabes répandent l'idée que je vis isolé
dans un sous-sol. Ce n'est pas vrai. Je ne vis pas dans un abri. Et les
mesures de sécurité ne visent qu'à garder mes déplacements secrets, non à
les empêcher. Je me déplace, je vois tout ce qui se passe. La question
est de savoir si les autres me voient. C'est pourquoi je sais ce qu'est
devenue la banlieue sud et je sais ce qui se passe dans la Békaa et au
sud en particulier.
Q- Quelle est la région que vous aimez au Liban ?
R- Le mode de vie de
l'homme fait que ce sont ses émotions qui dictent ses préférences. Il
fut un temps, avant 2000 et même un peu après où je me rendais à
Baalbeck si je voulais me reposer, car j'y possède des amitiés
personnelles. Avec le temps, il n'y a plus de préférence, car ce qui
dicte les émotions ce sont les gens. Or si vous avez des gens que vous
aimez dans toutes les régions, alors vous les aimez toutes. Vous
voudriez que toutes les personnes que vous aimez soient avec vous. Si
vous entrez dans mon cœur et que vous y cherchez une préférence pour une
région ou un quartier, vous ne la trouverez donc pas.
Q- Regardez-vous des films ou des séries ?
R- Lorsque j'en ai le
temps, je regarde des épisodes comme ceux de la série «La taghriba
palestinienne», ou «le Prophète Youssef» ou encore «Al Ghaliboun» et des
séries du même genre.
Q- Lisez-vous des romans ?
R- Dans le temps, j'en
lisais beaucoup. Mais depuis 5 ans, plus du tout. Il y a quelque temps,
j'ai reçu un livre sur Aïn al Jaouza. Je l'ai lu. Mais lorsque vous avez
des responsabilités, tout cela s'arrête. La priorité est de lire des
ouvrages qui concernent vos responsabilités. Ces derniers temps, je lis
beaucoup d'ouvrages sur le takfirisme, son histoire, ses causes, ses
orientations. Il y a beaucoup d'excellents livres sur ce sujet. Avant
2006, mes lectures se concentraient sur les Israéliens, les mémoires des
généraux, les partis, les hommes politiques car c'est notre combat. Je
suis devenu un spécialiste dans ce domaine..
Q- Lisez-vous le quotidien Al Akhbar ?
R- Pourrais-je ne pas le faire ? Je le recevais avec d'autres quotidiens.
Q- Suivez-vous d'autres chaînes qu'Al Manar ?
R- je zappe entre toutes
les chaînes en permanence. Comme la plupart des téléspectateurs
d'ailleurs. J'ai d'ailleurs une opinion sur la théorie selon laquelle
telle chaîne a tel public. Je crois que les gens zappent et par
conséquent, les statistiques ne sont pas précises. Avec la télécommande,
les gens changent de chaîne en permanence. S'ils tombent sur quelqu'un
qui leur plaît, indépendamment de son nom, ils s'arrêtent. Concernant
les bulletins d'informations, je ne me base pas sur un en particulier.
Sur le plan des chaînes satellitaires, j'en regarde trois : Al Jazeera,
Al Arabiya et Al Mayadeen, avec une préférence pour cette dernière. Pour
Al Jazeera et Al Arabiya, j'essaie de voir de quoi elles parlent,
indépendamment des positions.
Par contre, avec les chaînes libanaises, je zappe, j'essaie de savoir ce
qu'elles disent toutes, tout comme je me tiens informé par le biais des
comptes rendus qui me parviennent sur ce que disent les télés, les
radios les réseaux sociaux...
Q- Lisez-vous les ouvrages de certains écrivains en particulier ?
R- Sans entrer dans les noms, je lis les ouvrages et les articles de certains penseurs et écrivains.
Q- Ils partagent sans doute vos vues politiques ?
R- pas du tout. Il faut lire des ouvrages et des articles des deux camps pour connaître tous els points de vue.
Q- Pratiquez-vous d'autres langues que l'arabe et le persan ?
R- A un moment, je
pratiquais l'anglais, mais faute de pratique, j'ai un peu perdu. Je peux
suivre un bulletin d'information et une conversation et je comprends
les conversations avec les ambassadeurs ou les questions des
journalistes. Par contre, je connais très bien le persan, même si ma
relation avec cette langue a commencé sur le plan politique. Puis j'ai
découvert que les Arabes sont privés d'une partie de la culture
musulmane car elle est en persan.
Q- vous dites souvent que hajj Imad Moghnié est l'artisan des deux victoires. Qu'est ce que cela signifie en pratique ?
R- La structure qui était
adoptée à la fin des années 90 avait placé tout le dispositif jihadiste
entre les mains de Hajj Imad. D'autres frères le secondaient, mais
c'était lui qui dirigeait, cette
structure a duré jusqu'à sa mort.
En 2000, lors de la libération et en 2006, hajj Imad était donc le
responsable de la gestion de l'action jihadiste. Même si en 2006, on ne
peut pas dire qu'il y a un responsable et que la victoire est due à une
personne. Il s'agit d'une action collective et d'une situation nationale
générale. Mais Hajj Imad- que Dieu ait son âme- a eu un rôle essentiel
et central dans la première victoire en 2000 et dans la seconde en 2006.
S'il était resté en vie, nous n'aurions pas dit qu'il était l'artisan
des deux victoires.
Q- Qu'est devenue votre promesse de venger son assassinat ?
R- C'est une question
ouverte. J'ai dit à plusieurs reprises que certaines personnes
considèrent qu'il est possible de s'en prendre à un groupe de personnes,
de colons ou d'Israéliens qui voyagent d'un pays à l'autre ou encore
qu'il est possible de mener une attaque contre un lieu. Mais nous, nous
ne pensons pas ainsi. Nous considérons que la vengeance pour Hajj Imad
est double. D'abord par la poursuite de l'esprit de la résistance, de
sa structure et de son développement, de ses capacités et de ses moyens,
car le cerveau, le cœur et l'esprit de hajj Imad es présent dans tout
cela et la seconde est dans le maintien de l'ennemi en état d'alerte et
de vigilance. Les Israéliens savent que même si cela prendra du temps,
un jour nous vengerons l'assassinat de Hajj Imad. Mais nous voulons une
cible à la mesure du Hajj, même si en réalité, ils n'ont pas quelqu'un
qui ait sa dimension. Les israéliens supposent que pour nous, il a cette
ampleur et c'est pourquoi ils prennent leurs précautions et renforcent
la surveillance autour du Premier ministre, des ministres de la guerre,
des chefs d'état major, des chefs des services de sécurité actuels et
anciens. Ils sont convaincus que la vengeance pour l'assassinat de Hajj
Imad ne peut pas être en dessous de ce niveau, même si cela doit prendre
du temps.
Q- Vous souvenez-vous, sayed, d'une
fois où on vous aurait demandé de ses nouvelles et vous auriez dit que
vous ne le connaissez pas et que vous ne savez rien ?
R- Je n'ai jamais dit que
je ne le connais pas. Seulement dans ma première interview sur Télé
Liban, en 1993, j'ai répondu non à la question suivante : hajj Imad
est-il un responsable au sein du Hezbollah ?. A cette époque, c'était
vrai, lui et d'autres qui sont devenus essentiels dans l'action
jihadiste n'avaient pas encore intégré la structure du Hezbollah. Ils
avaient leur propre formation à partir de laquelle ils travaillaient. Je
n'entrerai pas dans la question de savoir si cette formation existe
encore ou non pour ne pas aborder des questions délicates.
Q- Placez-vous l'assassinat de hajj
Hassan Lakkis dans le même contexte que celui de Hajj Imad, parce que
hajj Lakkis aurait franchi quelque part une ligne rouge israélienne ?
R- Je crois que c'est une
partie de la guerre sécuritaire avec l'ennemi. Il ne s'agit pas de
lignes rouges. Nous savons que si «Israël» peut le faire, elle
n'hésitera pas à tuer certaines personnes et elle n'attend pas pour cela
que des lignes rouges soient franchies. Il y a donc pour nous, un
groupe de cibles liées au dossier de hajj Imad et comme je l'ai dit,
cela fait partie de la guerre sécuritaire ouverte entre nous et les
israéliens.
Traduit par Al-Ahednews