Sayed Nasrallah: nous avions pris de la décision de la capture de soldats israéliens avant quelques mois...
Q- Si nous revenons au 12 juillet, saviez-vous que la capture des soldats israéliens devait avoir lieu dans ce jour ? Quelles sont les mesures que vous aviez prises? Comment les faits se sont bousculés plus tard ?
R- En fait, la décision de capturer des soldats israéliens a été prise par le conseil consultatif (Choura) du Hezbollah avant plusieurs mois du jour de l'exécution de l'opération. Dans notre méthode de travail, lorsque le conseil prend une décision de ce genre, il la défère devant le Conseil jihadiste, pour être exécutée. Ce conseil est présidé, selon la structure du parti, par le secrétaire général. Le conseil est formé d'un groupe de leaders jihadistes actifs au niveau de la mise en œuvre des décisions. La question fut débattue dans ce conseil, de plusieurs points de vue, comme le choix du lieu adéquat pour exécuter une opération réussie, le moment, les tactiques, le plan de l'opération, les participants à l'opération, les éventuelles réactions et les mesures de préventions requises dans de telles conditions. Ces questions sont toutes discutées d'habitude par les membres du conseil jihadiste. La décision est prise à l'unanimité ou presque, mais pas par le vote.
Le lieu a été choisi, ainsi que les groupes qui participeront à l'opération et la gestion des faits. Mais ce n'était pas une question simple à planifier. L'opération a nécessité des mois pour introduire les frères dans la région, même à l'intérieur du territoire palestinien occupé. A plusieurs reprises, ils ont tendu des embuscades pour une certaine période, puis ils sont ressortis pour attendre la bonne opportunité. Parfois, des objectifs étaient à leur disposition, mais ce n'était pas clair si c'étaient des cibles civiles ou militaires. Nous insistions toujours sur la nécessité de capturer des soldats non des colons, pour ne pas être accusés d'enlever des civils. Tous ces préparatifs ont pris du temps l'exécution de l'opération. Bien sûr, les personnes concernées par la gestion de cette opération, à Beyrouth, au niveau de la prise de la décision ou au niveau jihadiste, étaient au courant des développements. Ils ne furent pas surpris. Avant quelques jours du 12 juillet, nous étions devant l'éventualité de la réussite de la capture des soldats.
Au moment de l'exécution de l'opération, nous étions au courant des faits. Nous avons pris les mesures de prévention décidées à l'avance. Un groupe de chefs militaires concernés s'est rendu dans le lieu prévu, dès les premières minutes. Plusieurs heures plus tard, les répercussions attendues n'étaient pas encore dangereuses. Ce qui a été prévu dans le premier jour a été contenu, puisqu'on était bien préparé à l'affronter. Après s'être assuré de la réussite de l'opération, et que les soldats capturés ont été éloignés de la ligne du feu, j'ai quitté la chambre des opérations pour tenir la conférence de presse. On a annoncé la capture des deux soldats et puis notre intention d'effectuer des négociations indirectes, afin de libérer les hommes détenus par l'ennemi.
Q- comment se comporte le secrétaire général dans de tels moments ? Quel est son rôle ? Aviez-vous des plans sur la méthode de l'évacuation des lieux dangereux ?
R-Le secrétaire général du parti assume la prise de la décision, dans la gestion de l'action jihadiste. Evidemment, il ne dirige pas directement les unités militaires. Il ne dirige pas les opérations militaires au niveau technique. Ce sont plutôt les leaders jihadistes, ou nos adjoints qui le font. Bien sûr, ils suivent les détails de près et en informent le secrétaire général, puisque ce dernier est au courant des politiques tracées par le conseil de la «choura» et jouit d'une certaine marge de liberté d'action, selon ses prérogatives. En plus, le secrétaire général est bien informé de la situation des jihadistes, du potentiel et de la condition politique. Donc, le secrétaire général prend la décision, même dans les affaires relatives au front. Parfois, sa décision est prise suite à de concertations et parfois selon l'entente avec les membres du conseil jihadiste. Par exemple, les zones ciblées durant la guerre de 2006 dans la Palestine occupée, ne furent pas choisies par les responsables du front. Nous même avons cette décision, puis les chefs jihadistes la mettaient en œuvre et coordonnaient l'action des unités militaires, des unités des informations et des forces responsables des plates-formes des roquettes et des mortiers. Ceci signifie que lorsque nous avons entamé l'étape de la prise pour cible de Haïfa, la décision englobait aussi la nature des armes utilisées, tout comme la décision de cibler le navire Saer 5. Ce genre de démarches est entrepris par le conseil jihadiste et par le secrétaire général étant le chef de ce conseil, en concertation avec les frères et les parties exécutives. Ensuite, je suis informé de mesures prises sur le terrain.
Pourquoi nous disons «prise de décision» ? Parce que toute démarche a ses propres circonstances. Par exemple, la frappe contre «Saer 5», signifie que nous avons décidé de frapper un objectif de qualité, ce qui aurait plusieurs répercussions. En second lieu, puisque nous utilisons une arme pour la première fois, ceci signifie que le conseil jihadiste a décidé de révéler la présence de nouvelles armes à la disposition de la résistance, non connues à l'avance. Suite à la prise de la décision initiale, les discussions prennent une tournure technique et exécutive, dans laquelle je n'interviens pas. C'est du ressort des experts. Oui, lorsque nos frères communiquent avec moi, ils m'expliquent si tout allait comme il faut, ou s'il y avait des obstacles qui entravent leur travail. Mais aplanir ces obstacles est de leur responsabilité.
Je cite un autre exemple, concernant la prise pour cible de «Tel Aviv». Cette question n'est point d'ordre exécutif. C'est une décision capitale. Au moment où la banlieue sud et autres villes dans le sud et la Békaa étaient pilonnées, un débat sérieux s'est déroulé. Fallait-il pilonner «Tel-Aviv» tout de suite ou non. La décision fut prise de fixer l'équation «Tel- Aviv» en contrepartie de Beyrouth. La Banlieue et les autres régions étant déjà sous le feu. Sur ce, nous avons établi une nouvelle équation. Si nous étions en mesure de protéger Beyrouth ou de contribuer à sa protection, ce serait mieux.
Q- «Tel-Aviv» aurait-il été pilonné en 2006, comme en est le cas ces jours-ci ?
R- bien sûr, voire avec plus de force. C'est un fait connu et les israéliens le savent. Ce sont des missiles de différentes genres, quantités et dimensions qui sont en question. Evidemment, nous avions la capacité de frapper «Tel Aviv», sinon nous n'aurions pas lancé des menaces. Nous n'évoquons jamais une équation que nous sommes incapables d'exécuter.
Q- Avez-vous été exposé à un danger direct durant la guerre ?
R- Je n'ai pas été atteint directement. Les lieux où je me trouvais, n'ont pas été pilonnés. Mais la région où on se trouvait, était visée.
Q- Est-il vrai que des missiles se sont abattus près d'un de vos convois ?
R- Pas vrai.
Q- Comment avez-vous passé les premiers jours de la guerre ? Les unités exécutives de la résistance assumaient d'importantes missions et les négociations politiques n'étaient pas encore lancées. Suiviez-vous de près le déroulement de la guerre ?
R- Lorsque je dis que je n'interviens pas sur le front, ceci signifie que je ne le dirige pas directement. Mais je dois être informé des développements sur le terrain, tout au long des 24h. Je suis informé des développements en cours au front au Liban sud, dans la Békaa. Des lieux ciblés. Je suis aussi avisé du nombre des martyrs, des blessés, des déplacés, du climat politique et médiatique. Je planche sur toutes ces questions.
Q- Aviez-vous rencontré votre famille durant la guerre ?
R- Oui, une seule fois.
Q-Chez qui vous vous êtes rendu au lendemain de la fin de la guerre ?
R- Lorsque la guerre a pris fin, la possibilité du déplacement était un peu compliquée. Vous vous rappelez que la guerre n'a pas été clôturée par un cessez-le-feu, mais par la cessation des hostilités. Nous estimions qu'on était toujours au cœur de la bataille. Sur ce, directement après la fin de la guerre, et un peu plus tard, mes mouvements furent limités. Plusieurs personnalités ont insisté pour me rencontrer. Je répondais que la guerre était menée contre moi et elles à la fois. Nos frères estimaient la situation périlleuse. Ils disaient que mon apparition publique pourrait m'exposer, ainsi que les personnes présentes, au danger. La seule personne que j'ai visitée après la guerre, est le feu sayed Mohammad Hussein Fadlallah. Je m'y suis rendu en compagnie de quelques frères, afin de le remercier pour ses positions prises durant la guerre. Je rencontrais uniquement les frères concernés par l'action jihadiste. Je communiquais avec la chaine télévisée Al-Manar et avec le bureau des relations médiatiques du parti via le réseau de télécommunication intérieur. On ne pouvait pas communiquer par téléphonie mobile. Parfois, j'enregistrais des messages transmis par des appareils sans fil aux militants, non connectés au réseau de télécommunication intérieur.
Q- Aviez-vous inspecté les déplacés durant la guerre ?
R- Je ne l'ai pas fait personnellement, vu la nature des circonstances. Mais, je communiquais constamment avec nos frères chargés d'assurer les besoins des déplacés. Toutes les formations partisanes étaient en pleine action. Je communiquais avec tous les responsables et j'étais informé quotidiennement de tout : le pilonnage, la destruction, les déplacés et comment leurs problèmes sont traités. L'affaire des déplacés, l'attitude populaire, les gens, leurs conditions, leur moral, et leur humeur, étaient essentiels pour nous. C'est sur ces bases que nous avions bâti nos décisions.
Q- Aviez-vous été surpris par l'attitude des déplacés ?
R- Ce ne fut pas surprenant, pour moi. Mais elle le fut pour plusieurs, puisqu'on pariait sur leur prise de position ou leur protestation. Des médias tentaient de provoquer les déplacés dans les écoles et ailleurs. Certaines parties politiques espéraient que ces derniers organisent des manifestations, réclamant la cessation de la résistance, sa démilitarisation ou sa capitulation. Mais la position grandiose des gens, ne découle pas seulement de leur volonté, prise de conscience ou convictions. Elle découle de leur détermination à préserver leur convictions, à l'ombre même de la guerre, de la destruction, du déplacement, des meurtres, des massacres et à l'ombre des énormes tentatives de provocation. S'il y avait eu de cohésion nationale, et que tous encourageaient ces gens meurtris, on aurait moins évalué la position de ces derniers. Mais en réalité, on tentait de provoquer un climat d'abattement et d'accusation de traitrise, en attribuant la responsabilité de la guerre à la résistance. L'objectif était d'exhorter les sinistrés à manifester. Mais ces derniers ont refusé.
Q- Durant la guerre, quelle est la position qui vous a touché le plus ?
R- Les massacres étaient les plus douloureux. Généralement, les militaires sont inflexibles. Mais nos frères, en dépit de leur aplomb, en étaient affectés. Certains d'entre eux pleuraient en observant le spectacle des femmes et enfants massacrés. Ce qui suscitait le plus la douleur, était la prise pour cible des civils. Les immeubles pourraient être reconstruits. Les déplacés pourront revenir en fin de compte, puisqu'on était certain de la victoire, grâce à Dieu. Plusieurs massacres ont été perpétrés. On ne peut dire que l'un fut plus douloureux que l'autre. Cependant, le pilonnage du complexe «Imam Hassan» fut marquant. En premier, en raison du grand nombre des martyrs. Ensuite, en raison des rumeurs selon lesquelles ce complexe a été ciblé parce que les Israéliens estimaient que je m'y trouvais. Evidemment, je ne m'y suis guère rendu, tout au long de la guerre.
Q- Qui est la personne pour laquelle vous craigniez ?
R- Pas de personne précise. Je considérais que la sécurité d'un groupe de nos frères, comprenant notamment hajj Imad Moghnieh, était importante en tant qu'essentiels dans le parcours de la guerre. Je suivais leur état de près.
Q- Quel fut le rôle de la Syrie durant la guerre, surtout celui du général Mohammad Sleimane ? Y-a-t-il eu des martyrs dans les rangs de l'armée syrienne ?
R- Durant la guerre, l'acheminement des armes n'a pas cessé à partir de la Syrie. On ne pouvait estimer la durée de la guerre. Sur ce, tant que nous disposions de plus de potentiel, d'armes et de munitions, la situation était meilleure. La possibilité d'acheminer les armes était assurée, en dépit du pilonnage de tous les passages frontaliers. Malgré ce fait, l'armée syrienne n'a pas perdu de martyrs, puisque le territoire syrien n'a pas été ciblé.
Concernant le général martyr Mohammad Sleimane, je crois que ce sont les Israéliens qui l'ont tué, en raison de son rôle avant et durant la guerre. De fait, cet homme était chargé par le président Assad de suivre ce dossier. Il a joué un excellent rôle. Pour cette raison, les Israéliens ont guetté Hajj Imad Moghnieh et le général Sleimane. Certains médias arabes ont évoqué des liquidations sur le plan intérieur. Mais l'enquête et les données ont montré qu'«Israël» était derrière l'assassinat.
Q- Est-il vari que le président Bachar Assad était prêt à ouvrir le front syrien ?
R- L'éventualité de l'extension de la guerre vers la Syrie était posée. «Israël» attribuait une grande responsabilité à la Syrie, quant à la lutte de la résistance, et à l'acheminement de certaines armes efficaces dans le parcours de la guerre. Sur ce, l'extension de la guerre était possible, surtout dans le contexte des propos sur une invasion terrestre en direction de Hasbayya, Rachaya et la Békaa centrale et ouest. Ce jour-ci, dans la deuxième semaine de l'offensive, le général Assaf Chawkat, qui communiquait constamment avec nous, a demandé mon avis à propos d'une idée examinée à Damas. Il dit que si une large invasion terrestre a lieu, la Syrie serait contrainte de participer aux combats aux côtés de la résistance. Je ne prétends pas que cette décision fut prise. Mais cette éventualité était posée par le président syrien et les hautes sphères du pouvoir en Syrie. Les hauts responsables syriens suivaient les détails de la bataille de près et y étaient informés.
Je leur ai répondu, après s'être concerté avec nos frères : vous n'êtes pas obligé d'intervenir. La question n'est pas tellement périlleuse. Nous possédons les capacités nécessaires pour les affrontements terrestres. Effectivement, l'opération terrestre devait provoquer la discussion de l'intervention de la Syrie dans la guerre. Et puisque l'invasion terrestre n'a pas eu lieu, l'intervention de la Syrie n'a pas été débattue.
Q- Jusqu'à quel point avez-vous été surpris par Gaza, d'autant qu'au début, la position du Hezbollah était prudente, même sur le plan médiatique ? Craigniez-vous que la résistance soit entraînée dans un piège ?
R- Le processus palestinien était-il prévu ? Non. Mais il n'était pas non plus surprenant. Ce qui était clair c'est que les Israéliens, non la résistance, qui ont poussé les développements dans ce sens, à travers l'enlèvement des trois colons. L'attitude des Israéliens n'était pas celle d'une partie qui cherche des personnes enlevées et en particulier les colons. Sous ce prétexte, ils ont fait tout ce qu'ils pouvaient faire en Cisjordanie, ils ont cherché à se débarrasser du Hamas, du Jihad islamique et du FPLP. Ils s'en sont pris à tout ce qui a trait à l'infrastructure de la résistance. La situation a ainsi évolué d'un stade à un autre. Je penche à croire que ce qui s'est passé a été comme une boule de neige qui a grossi. Les Israéliens ont été entraînés et la résistance aussi, dans le sens qu'aucune partie n'avait réellement planifié la guerre. Hélas, certains ont accusé la résistance d'avoir voulu la guerre pour se redonner un rôle ou pour faire relancer l'axe turco-qatari des Frères, mais je ne le crois pas.
D'un autre côté, les Israéliens qui suivent les développements dans la région et ses changements, ne sont pas pressés de faire une guerre. Mais lorsque la situation se précipite ainsi, cela devient à la fois une menace et une occasion. Les Israéliens veulent alors profiter de cette occasion et la résistance affronte la menace et cherche à la transformer en occasion. C'est notre façon de comprendre ces développements. La partie israélienne a estimé que puisque nous allons vers la confrontation, autant la transformer en occasion, surtout que Gaza est encerclée, que le monde arabe est déchiré et que la sensibilité internationale a d'autres sujets d'intérêt, de même que les populations arabes ont d'autres priorités, notamment au cours des premiers jours de l'agression. L'ennemi a donc frappé toutes les cibles dont il était informé. Malgré cela, les missiles ont continué à être lancés à partir de Gaza et il s'est trouvé face à un grand problème.
Pour la résistance, à partir du moment où cette guerre lui a été imposée, elle est devenue une occasion d'obtenir la levée du blocus. Il est clair que la résistance ne cherche pas une victoire morale ou une issue honorable. Elle veut une réalisation concrète, qui se résume à la levée du blocus, même si cela est coûteux. C'est un élément de force pour la résistance, car la levée du blocus est une revendication de toutes les factions de la résistance et une volonté populaire réelle.
Le Hamas est peut-être critiqué sur la façon dont il gère la bande de Gaza, sur son autorité et son gouvernement, il y a peut-être des divergences entre les factions de la résistance sur l'analyse et les positions par rapport aux développements régionaux. Mais tout le monde est d'accord sur la levée du blocus qui est une revendication qui fait l'unanimité politique et populaire à Gaza. C'est notre façon de voir les choses. C'est pourquoi, au début, lorsqu'il a été question d'un cessez le feu, d'une accalmie des deux côtés, toutes les factions palestiniennes les ont refusés exigeant la levée du blocus. Depuis le début, c'était donc la revendication palestinienne. A mon avis, les Israéliens ont été pris au piège, même s'ils ont beaucoup cherché à profiter de l'expérience et des erreurs de la guerre de 2006. Dans cette guerre à Gaza, l'expérience de 2006 était présente depuis le début dans les médias israéliens.
Q- Etes-vous d'accord avec l'idée qui veut que les objectifs de l'ennemi étaient modestes depuis le début ?
R- C'est l'une des leçons que l'ennemi a tirée de la guerre de 2006. Mais il s'est enfoncé dans le problème. C'est pourquoi il n'a pas défini d'objectif précis au début. J'ai suivi cette guerre depuis ces débuts et je n'ai pas réussi à trouver un objectif précis. Il n'y a pas eu de déclaration officielle claire. Certains ont parlé de faire chuter le Hamas, d'autres de désarmer la résistance et d'arrêter le lancement des missiles. D'autres encore de l'arrêt de l'arrivée et de la fabrication des missiles, de la destruction des tunnels. Même le sujet des deux soldats capturés est autant que possible occulté. Car les Israéliens savent qu'ils ne peuvent pas les récupérer sans mener des négociations et sans donner une contrepartie. Ils ne parviendront pas à les libérer par la seule pression politique ou militaire.
Les Israéliens sont donc dans une impasse. Ils croyaient peut-être que la résistance n'avait pas la volonté de tenir et que les gens ne pourraient pas supporter un tel lot de souffrances. Je crois aussi que l'ennemi misait - comme l'avait fait Shimon Pérès en 1996 lors de l'agression appelée les Raisins de la colère- sur l'épuisement des stocks de missiles. A ce moment, il dirait qu'il a arrêté le lancement des missiles sans donner la moindre contrepartie aux Palestiniens. Mais ces calculs se sont avérés faux.
Q- Avez-vous reçu une demande palestinienne pour intervenir directement dans cette guerre ?
R- Le frère Moussa Abou Marzouk a parlé de cela. Mais aucune autre faction palestinienne n'a parlé avec nous de cela. Je crois que toutes comprennent la situation.
Q- Sa position exprime-t-elle celle réelle du Hamas ?
R- S'il y a une demande sérieuse, elle est discutée dans les cercles fermés et non dans les médias. Les canaux de contact entre nous et le Hamas n'ont jamais été coupés, même pendant la période où l'on a dit qu'il y avait un froid entre nous. Il était donc possible de discuter cette question discrètement. Mais le fait de la soulever dans les médias suscite des questions. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une démarche adéquate. Je ne veux pas faire des analyses. Je mise sur la bonne foi et la compréhension. Peut-être a-t-il estimé que les circonstances sont un peu difficiles et il a lancé l'idée. Mais un tel sujet aussi grave ne se discute pas dans les médias. C'est pourquoi je ne commenterai pas cette demande dans les médias. La question sera discutée entre nous et nous verrons s'il y a un intérêt à une telle intervention ou non.
Q- Avez-vous eu des contacts avec le Hamas à ce sujet ?
R- Non.
Q- Vous n'avez pas posé des questions sur ce sujet ?
R- Les contacts sont permanents, mais nous n'avons pas évoqué ce sujet et eux non plus.
Q- D'après vous, la guerre de Gaza a reporté la prochaine guerre au Liban pour combien de temps.
R- Je peux affirmer qu'elle l'a reportée. Mais de combien de temps, je ne peux pas le dire. Tout dépend des circonstances et des données qu'utiliseront les Israéliens pour mener une nouvelle guerre. S'il faut en croire les leçons tirées de la guerre de juillet 2006, la prochaine guerre israélienne devrait aboutir à une victoire rapide et décisive. A la fin de la guerre de 2006, tout le monde a dit qu'«Israël» avait essuyé une défaite. Certains disent certes le contraire. Comme ils disent aujourd'hui qu'ils ont gagné parce que le front du Liban n'a pas été ouvert cette fois. Mais en réalité, il n'avait pas été ouvert en 2000, lors de l'intifada, ni en 2008, ni lors de la guerre des 8 jours.
Après la guerre de juillet 2006, les Israéliens ont exigé que la prochaine guerre aboutisse à une victoire nette et rapide. Ils veulent éviter qu'elle se transforme en guerre d'usure avec des bombardements des villes. Ils veulent aussi qu'elle soit une victoire décisive, non temporaire, et qu'elle réalise tous les objectifs non des objectifs modestes. Ils veulent aussi qu'elle soit éclatante au point que nul ne puisse la contester. C'est pourquoi, ils pensent que la prochaine guerre sera très difficile à cause de ces objectifs, et des capacités de la résistance dans tous les domaines et sur le plan de la possession des missiles. L'ennemi ne supporte pas une guerre d'usure. C'est pourquoi on le voit aujourd'hui sous pression, bien que les obus lancés par la résistance à partir de Gaza sur «Tel Aviv» et d'autres villes sont limités. Il parle en plus de l'efficacité du bouclier d'acier. Même si ce sujet supporte un débat. Le bouclier peut être efficace en cas d'un nombre réduit de missiles. Mais s'il y en a beaucoup qui sont lancés en même temps, son efficacité reste à prouver.
Q- Quel conseil donnez-vous à la résistance et au peuple palestinien à Gaza ?
R- Lorsqu'un homme est placé devant un choix : se rendre ou résister, il n'y a pas à hésiter entre la guerre et l'humiliation. C'est leur conviction, leur volonté et leur culture. La culture et le choix de la résistance sont en train de s'amplifier au sein du peuple palestinien. Car il n'a pas d'autre horizon. Il a essayé les négociations. Il a attendu les développements régionaux et internationaux. On peut même dire que pour Gaza et pour la cause palestinienne, une occasion en or est passée avec l'Egypte. Elle a été rapidement perdue. Quels sont donc les choix qui s'offrent au peuple de Gaza ? Il faut résister et ne pas céder aux conditions israéliennes, sinon il n'a plus qu'à se jeter dans la mer ou à émigrer et à aller ainsi grossir le lot des réfugiés dans les camps et dans la diaspora. Je crois que les Palestiniens n'ont pas d'autre choix aujourd'hui. En fait il n'y a pas de choix, à partir du moment où ils ont opté pour préserver leur dignité. Ils assument les responsabilités de cette option, même si elles sont très lourdes. Ils ont confiance dans la résistance et dans le fait que cette voie peut mener à des résultats positifs. La logique, non les slogans montre qu'ils doivent se battre.
Q- Il est clair qu'il y a un problème entre l'axe de la résistance et le commandement égyptien. Il ne s'agit donc pas seulement du Hamas. Comment traitez-vous avec la position du gouvernement de Sissi à l'égard de Gaza et de la pression sur la résistance ?
R- Je voudrais reprendre les propos de l'un des chefs de la résistance palestinienne qui a dit : le problème de Gaza aujourd'hui est double. Le premier est une crise de confiance avec l'Israélien ; ce qui constitue un problème essentiel de fond et le second est qu'elle prise entre deux axes, celui du Qatar et de la Turquie et celui de l'Egypte, de l'Arabie et des Emirats. Les causes de cette division sont connues, mais malheureusement, il s'agit d'une division dure et aigüe. Au moment où il aurait fallu dépasser les divisions. Nous autres, nous avons proposé, après consultation avec les frères des factions palestiniennes et les Iraniens, que ceux-ci contactent les Turcs, les Qatariens, les Egyptiens et les Saoudiens, même par le biais des Emirats et de Oman pour tenter de surmonter cette division. Mais concernant la résistance, nous ne cherchons pas à marquer des points dans un conflit interne ou régional. Il s'agit d'arrêter la guerre contre Gaza et de lever le blocus qui lui est imposé. En période d'affrontement, la priorité est au dialogue avec tout ce qui pourrait aider. Mais dans cet affrontement, la position de l'Egypte était disons difficile, alors que le Premier ministre turc a porté des attaques personnelles contre le président égyptien Abdel Fattah Sissi. Même les Qatariens avaient une position négative à l'égard de l'Egypte à partir de la chaîne Al Jazeera. Or si on veut aider Gaza, il faut parler avec les Egyptiens. Et les Palestiniens eux-mêmes disent qu'aucun compromis solution n'est possible sans l'Egypte. Ceci exige de la part de ces deux axes entre lesquels Gaza est prise en étau de considérer que la priorité de Gaza est plus importante que les conflits et les débats. Jusqu'à présent, cela n'a pas eu lieu comme il le fallait.
Q- Comment voyez-vous votre relation avec le Hamas ? Non seulement en tant que parti, mais avec les Iraniens et les Syriens après la guerre de Gaza ?
R- Même avant cette guerre, les contacts sont restés constants et notre relation était très normale, même si nous étions en conflit sur le dossier syrien.
Q- Et sur le plan de l'appui ?
R- Il est certain que toute la situation a été modifiée par les développements en Syrie, en Irak et dans la région. Au sujet de la Syrie, dans toutes nos rencontres, notre position était de leur demander de comprendre notre position comme nous comprenions la leur. Nous étions en conflit sur l'approche de ce dossier et nous avons eu de longs débats sur ce sujet. Certes, la situation à Gaza ramène le processus à ses priorités et nous pousse à multiplier les contacts et la coopération. Il est donc certain que cela aura des conséquences sur le renforcement de la relation entre le Hezbollah et le Hamas et entre le Hamas et la République islamique. Avec la Syrie, c'est différent et c'est plus compliqué. Il faut du temps et la relation est tributaire de développements régionaux. Il n'y a pas d'horizon pour une ouverture pour l'instant.
Q- Entrerons-nous à al-Qods (Jérusalem) ?
R- J'en suis convaincu.
Q- Dans certains milieux populaires, on dit : quelle est notre relation avec la Palestine et pourquoi devons-nous libérer «Jérusalem» ?
R- Le plus grand danger pour la sensibilité libanaise et arabe et pour les peuples de la région est d'arriver à un stade où l'on considère l'existence d'«Israël» comme normale et comme si elle ne représente pas une menace pour la région et pour ses populations. Le danger est aussi de croire que si «Israël» est un problème, il ne concerne que les Palestiniens, non les autres peuples de la région. Ces propos sont liés à la politique, à la sécurité et à l'économie. «Israël» est une entité illégale. Elle est une menace pour toute la région, en permanence. On ne peut pas cohabiter avec cette menace. C'est pourquoi l'objectif final de cette oumma est de la faire disparaître, indépendamment de tous les autres problèmes, des calculs, des conflits, de ce qui s'est passé avec les Palestiniens et les non Palestiniens, entre les sunnites et les chiites, entre les chrétiens et les musulmans, tous les conflits, toutes les susceptibilités. Il ne faut pas que la culture qui considère comme une tumeur cancéreuse disparaisse. «Israël» est le mal absolu, elle constitue un danger pour les peuples et les gouvernements de la région, pour leur dignité, leurs symboles sacrés. Par conséquent, l'objectif ultime doit être de la faire disparaître.
Ils veulent nous faire arriver à ce stade. Ils réussissent à certaines étapes et nous ne devons pas les atteindre. Sur le plan de la politique, de l'économie, de la sécurité, des questions militaires et de l'environnement. Mais sur le plan idéologique, cette question ne devrait pas faire l'objet d'un débat. En matière d'idéologie, il n'y a plus de place à la sensibilité populaire, aux émotions. Quand on dit qu'on a une position idéologique à l'égard d'«Israël», cela n'a rien à voir avec le fait que nous sommes d'accord ou en conflit avec les Palestiniens. Par conséquent, le lien entre le Hezbollah et le conflit avec l'ennemi israélien, même dans les réalités sur le terrain n'est pas discutable.
Q- Aimez-vous le football ?
R- Oui. Je jouais du foot avant de porter le turban et même après avec des amis.
Q- Appuyez-vous une équipe en particulier ?
R- Avant oui, par amusement et pour changer de climat. La plupart du temps, j'étais avec le Brésil. Parfois avec l'Argentine, surtout lorsque Maradona jouait. Son jeu me plaisait.
Q- Et lors de la dernière coupe du monde ?
R- Il a été dit que j'étais avec le Brésil. Mais je ne suis avec personne. Chez le Hezbollah, le climat général était d'appuyer le Brésil. Il s'agit d'un appui qui remonte au passé, à cause de la technique des joueurs brésiliens et de leur jeu. Certains ont pourtant commencé à dire que le Hezbollah appuie le Brésil parce que le drapeau de ce pays est vert et jaune, deux couleurs particulières pour les chiites...
Q- Avez-vous suivi la dernière coupe du monde ?
R- A vrai dire, le mood cette année ne permettait pas de la suivre en raison des développements au Liban et en Syrie. Ensuite, il y a eu la guerre de Gaza et les développements en Irak.
Q- Vous n'avez vu aucun match ?
R- J'ai vu une partie de la finale, à cause de mon fils, non pour le match en lui-même. Comme il était avec l'Allemagne, pour le taquiner et créer de l'animation, j'ai appuyé avec l'Argentine...
Q- Etes-vous sur Facebook ?
R- En raison des exigences de sécurité, je reste éloigné de tout ce qui a trait au téléphone portable et à l'internet. C'est pourquoi je ne suis pas directement sur Facebook. Mais je suis informé en permanence de ce qui se passe sur les réseaux sociaux, sur le plan des débats, des rumeurs etc à travers des résumés et des rapports qui me parviennent sur le sujet.
Q- En général, l'homme s'habitue aux lieux et s'y accroche, un lit, un oreiller etc. Comment faites-vous vous qui êtes obligé de vous déplacer en permanence ?
R- C'est vrai. Mais lorsque le déplacement devient une partie de votre vie, vous vous habituez aussi à cette situation. Pour moi, c'est donc devenu une habitude, surtout depuis 2006. Mais avant, c'est vrai que j'avais des lieux habituels.
Q- Quel est votre plat préféré ?
R- Dans le passé, j'en avais. Mais maintenant, peu m'importe. Je me contente de ce qu'il y a. Même si l'on me demande, je n'ai pas de préférence et je réponds ; je mange ce qu'il y a, comme le militaire au front qui n'a pas le choix . Mais avant, oui, j'aimais des plats comme la mouloukhié, la moujaddra avec du riz et le poisson.
Q- Depuis combien de temps n'avez-vous pas conduit une voiture ?
R- Au moins depuis 1986.
Q- La banlieue sud a changé depuis 2006. Avez-vous une idée de ce qu'elle est devenue ?
R- Bien sûr. Je ne suis pas absent de la banlieue sud. J'en connais les détails. Les Israéliens et avec eux certains médias arabes répandent l'idée que je vis isolé dans un sous-sol. Ce n'est pas vrai. Je ne vis pas dans un abri. Et les mesures de sécurité ne visent qu'à garder mes déplacements secrets, non à les empêcher. Je me déplace, je vois tout ce qui se passe. La question est de savoir si les autres me voient. C'est pourquoi je sais ce qu'est devenue la banlieue sud et je sais ce qui se passe dans la Békaa et au sud en particulier.
Q- Quelle est la région que vous aimez au Liban ?
R- Le mode de vie de l'homme fait que ce sont ses émotions qui dictent ses préférences. Il fut un temps, avant 2000 et même un peu après où je me rendais à Baalbeck si je voulais me reposer, car j'y possède des amitiés personnelles. Avec le temps, il n'y a plus de préférence, car ce qui dicte les émotions ce sont les gens. Or si vous avez des gens que vous aimez dans toutes les régions, alors vous les aimez toutes. Vous voudriez que toutes les personnes que vous aimez soient avec vous. Si vous entrez dans mon cœur et que vous y cherchez une préférence pour une région ou un quartier, vous ne la trouverez donc pas.
Q- Regardez-vous des films ou des séries ?
R- Lorsque j'en ai le temps, je regarde des épisodes comme ceux de la série «La taghriba palestinienne», ou «le Prophète Youssef» ou encore «Al Ghaliboun» et des séries du même genre.
Q- Lisez-vous des romans ?
R- Dans le temps, j'en lisais beaucoup. Mais depuis 5 ans, plus du tout. Il y a quelque temps, j'ai reçu un livre sur Aïn al Jaouza. Je l'ai lu. Mais lorsque vous avez des responsabilités, tout cela s'arrête. La priorité est de lire des ouvrages qui concernent vos responsabilités. Ces derniers temps, je lis beaucoup d'ouvrages sur le takfirisme, son histoire, ses causes, ses orientations. Il y a beaucoup d'excellents livres sur ce sujet. Avant 2006, mes lectures se concentraient sur les Israéliens, les mémoires des généraux, les partis, les hommes politiques car c'est notre combat. Je suis devenu un spécialiste dans ce domaine..
Q- Lisez-vous le quotidien Al Akhbar ?
R- Pourrais-je ne pas le faire ? Je le recevais avec d'autres quotidiens.
Q- Suivez-vous d'autres chaînes qu'Al Manar ?
R- je zappe entre toutes les chaînes en permanence. Comme la plupart des téléspectateurs d'ailleurs. J'ai d'ailleurs une opinion sur la théorie selon laquelle telle chaîne a tel public. Je crois que les gens zappent et par conséquent, les statistiques ne sont pas précises. Avec la télécommande, les gens changent de chaîne en permanence. S'ils tombent sur quelqu'un qui leur plaît, indépendamment de son nom, ils s'arrêtent. Concernant les bulletins d'informations, je ne me base pas sur un en particulier. Sur le plan des chaînes satellitaires, j'en regarde trois : Al Jazeera, Al Arabiya et Al Mayadeen, avec une préférence pour cette dernière. Pour Al Jazeera et Al Arabiya, j'essaie de voir de quoi elles parlent, indépendamment des positions.
Par contre, avec les chaînes libanaises, je zappe, j'essaie de savoir ce qu'elles disent toutes, tout comme je me tiens informé par le biais des comptes rendus qui me parviennent sur ce que disent les télés, les radios les réseaux sociaux...
Q- Lisez-vous les ouvrages de certains écrivains en particulier ?
R- Sans entrer dans les noms, je lis les ouvrages et les articles de certains penseurs et écrivains.
Q- Ils partagent sans doute vos vues politiques ?
R- pas du tout. Il faut lire des ouvrages et des articles des deux camps pour connaître tous els points de vue.
Q- Pratiquez-vous d'autres langues que l'arabe et le persan ?
R- A un moment, je pratiquais l'anglais, mais faute de pratique, j'ai un peu perdu. Je peux suivre un bulletin d'information et une conversation et je comprends les conversations avec les ambassadeurs ou les questions des journalistes. Par contre, je connais très bien le persan, même si ma relation avec cette langue a commencé sur le plan politique. Puis j'ai découvert que les Arabes sont privés d'une partie de la culture musulmane car elle est en persan.
Q- vous dites souvent que hajj Imad Moghnié est l'artisan des deux victoires. Qu'est ce que cela signifie en pratique ?
R- La structure qui était adoptée à la fin des années 90 avait placé tout le dispositif jihadiste entre les mains de Hajj Imad. D'autres frères le secondaient, mais c'était lui qui dirigeait, cette structure a duré jusqu'à sa mort.
En 2000, lors de la libération et en 2006, hajj Imad était donc le responsable de la gestion de l'action jihadiste. Même si en 2006, on ne peut pas dire qu'il y a un responsable et que la victoire est due à une personne. Il s'agit d'une action collective et d'une situation nationale générale. Mais Hajj Imad- que Dieu ait son âme- a eu un rôle essentiel et central dans la première victoire en 2000 et dans la seconde en 2006. S'il était resté en vie, nous n'aurions pas dit qu'il était l'artisan des deux victoires.
Q- Qu'est devenue votre promesse de venger son assassinat ?
R- C'est une question ouverte. J'ai dit à plusieurs reprises que certaines personnes considèrent qu'il est possible de s'en prendre à un groupe de personnes, de colons ou d'Israéliens qui voyagent d'un pays à l'autre ou encore qu'il est possible de mener une attaque contre un lieu. Mais nous, nous ne pensons pas ainsi. Nous considérons que la vengeance pour Hajj Imad est double. D'abord par la poursuite de l'esprit de la résistance, de sa structure et de son développement, de ses capacités et de ses moyens, car le cerveau, le cœur et l'esprit de hajj Imad es présent dans tout cela et la seconde est dans le maintien de l'ennemi en état d'alerte et de vigilance. Les Israéliens savent que même si cela prendra du temps, un jour nous vengerons l'assassinat de Hajj Imad. Mais nous voulons une cible à la mesure du Hajj, même si en réalité, ils n'ont pas quelqu'un qui ait sa dimension. Les israéliens supposent que pour nous, il a cette ampleur et c'est pourquoi ils prennent leurs précautions et renforcent la surveillance autour du Premier ministre, des ministres de la guerre, des chefs d'état major, des chefs des services de sécurité actuels et anciens. Ils sont convaincus que la vengeance pour l'assassinat de Hajj Imad ne peut pas être en dessous de ce niveau, même si cela doit prendre du temps.
Q- Vous souvenez-vous, sayed, d'une fois où on vous aurait demandé de ses nouvelles et vous auriez dit que vous ne le connaissez pas et que vous ne savez rien ?
R- Je n'ai jamais dit que je ne le connais pas. Seulement dans ma première interview sur Télé Liban, en 1993, j'ai répondu non à la question suivante : hajj Imad est-il un responsable au sein du Hezbollah ?. A cette époque, c'était vrai, lui et d'autres qui sont devenus essentiels dans l'action jihadiste n'avaient pas encore intégré la structure du Hezbollah. Ils avaient leur propre formation à partir de laquelle ils travaillaient. Je n'entrerai pas dans la question de savoir si cette formation existe encore ou non pour ne pas aborder des questions délicates.
Q- Placez-vous l'assassinat de hajj Hassan Lakkis dans le même contexte que celui de Hajj Imad, parce que hajj Lakkis aurait franchi quelque part une ligne rouge israélienne ?
R- Je crois que c'est une partie de la guerre sécuritaire avec l'ennemi. Il ne s'agit pas de lignes rouges. Nous savons que si «Israël» peut le faire, elle n'hésitera pas à tuer certaines personnes et elle n'attend pas pour cela que des lignes rouges soient franchies. Il y a donc pour nous, un groupe de cibles liées au dossier de hajj Imad et comme je l'ai dit, cela fait partie de la guerre sécuritaire ouverte entre nous et les israéliens.
Traduit par Al-Ahednews
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