Saloua Charfi : Juin 2000 Départ du dernier soldat israélien
En en ce jour de honte où la Tunisie, tout comme Israël, a qualifié de terroriste un mouvement de libération nationale, et en hommage à la volonté du peuple libanais et au Hezbollah nous reproduisons le reportage sur la libération du sud Liban en 2000 réalisé par Saloua Charfi en Juin 2000.
Départ du dernier soldat israélien
De notre envoyée spéciale au Liban
Saloua Charfi Ben Youssef :Juin 2000
Nakoura, Dhaïra, Yarim, Aita Chaâb, Bint Jbeil, Khiam, Kafr Kala, Marjayoun… autant de hameaux ou « daïa », grands comme un tout petit quartier, parsemés ça et là de constructions qui tiennent à peine debout sur une terre presque déserte et en jachère.
Une terre brûlée. Voilà le cadeau empoisonné offert par Israël aux Libanais le 24 mai 2000 après vingt-deux années d’occupation. La randonnée cahotante de douze heures que nous avons effectuée dans les villages libérés du Sud-Liban nous a laissé un arrière-goût amer.
Aujourd’hui 17 juin à 7 heures, au moment où le dernier soldat israélien quitte le Sud Liban, nous foulons enfin, le souffle retenu, cette terre si précieuse. Nous n’avons plus les pieds sur terre, emportés par la foule qui nous traîne et nous entraîne, et assaillis impitoyablement par des souvenirs.
Il y a dix huit ans, j’étais ici, guidée par un Palestinien qui s’appelait Gharib (l’étranger), un pseudonyme évidemment. J’étais fascinée par les combattants dissimulés dans la citadelle de Saladin perchée au sommet de la montagne, mon cœur battait la chamade. Je scrutais fiévreusement avec des jumelles les patrouilles de Saâd Haddad, premier chef collabo d’Israël. Je m’agrippais aux jumelles malgré les avertissements des combattants, je risquais d’être tirée comme un lapin à tout moment. Je cherchais à comprendre pourquoi un Libanais collabore volontairement avec l’ennemi!
Depuis, beaucoup de sang a coulé sur cette terre prédestinée à cette tragédie par la force de l’histoire et de la géographie.
En 1982, j’assistais comme dans un cauchemar à l’entrée triomphale de Bégin dans cette même citadelle. Les Palestiniens étaient parqués au stade de Beyrouth, en guenilles, attendant sous le soleil impitoyable du mois d’août les bateaux qui devaient les amener vers Tunis. Encore un départ!
A Baouabet Fatma, on lapide le diable!
Aujourd’hui, ce sont les Israéliens qui s’en vont, qui plutôt s’enfuient sans demander leurs restes et les Libanais, éternels réfugiés sur leur propre terre, affluent par milliers vers ce Sud, que certains n’ont jamais connu. Ils se pincent encore les uns les autres pour être sûrs qu’il ne s’agit pas d’un rêve. Entendu devant le Portail de Fatma, un homme qui demande à son compagnon: « Pince moi, mon frère, je crois rêver ». Mais aussi une voix voilée de tristesse de quelqu’un qui a perdu des êtres chers: « Tout çà pour ce petit bout de terre! ».
Maintenant les jeunes entament leur jeu préféré: les jets de pierre en direction des soldats israéliens par dessus les barbelés. Les Israéliens courbent l’échine pour éviter d’être touchés.
Excités par l’ambiance, nous répondons au milicien du Hezbollah qui nous demande en plaisantant pourquoi nous sommes venus de si loin: « Nous sommes en pélerinage et nous venons lapider le diable, que diable! ». Et nous joignons le geste à la parole. Ridicule évidemment, avec le recul, mais sur le moment c’était grisant de pouvoir enfin rendre « la politesse » aux Israéliens, faute de pire, c’est le moindre mal!
Des groupes de jeunes grimpent sur le toit d’une mansarde et agitent le drapeau du Hezbollah. Tiens, nous n’avons pas vu de drapeau libanais! Le geste de triomphe est adressé aux habitants d’une proprette colonie israélienne dont on distingue nettement les maisonnettes blanches aux toits en tuiles rouges, aux rues impeccablement tracées, mais dont les fenêtres restent obstinément closes, à la déception des lapideurs qui se mettent à hurler de dépit: « Espèces de lâches… si vous êtes des hommes, montrez vous… »
Chaleur, poussière, hurlements, bousculade, l’ambiance bon enfant s’électrifie soudain, les injures frôlent la grossièreté, le mouvement de jets s’intensifie, les pierres sont plus grosses. Quelqu’un tire en l’air, on ne sait de quel côté. Les miliciens du Hezbollah accourent et somment la foule de se disperser. Tiens, nous n’avons pas rencontré de soldats réguliers libanais non plus!
Un bulldozer surgit, des ouvriers attachent des fils de fer aux poutres d’une cabane surélevée, le bulldozer recule et la cabane s’effondre dans un bruit assourdissant. Des « you you » éclatent, la foule hurle d’une seule voix « Allah akbar » (Dieu est grand). Le dernier vestige de l’occupation israélienne vient de disparaître. L’émotion est à son comble et tout le monde veut participer à la destruction des barbelés. Le territoire libanais vient de gagner quelques mètres!
Une jeune maman, les larmes aux yeux, s’adresse à son enfant: « Regarde mon chéri, ça c’est un Israélien, hier il était là où nous sommes. Que Dieu l’éloigne chaque jour un peu plus ». L’enfant lève vers sa maman un regard vide… un bébé de quelques mois!
A Auchwitz… prison de Khiyam
La route étroite, cahoteuse et rocailleuse, serpente interminablement au milieu des champs envahis par une végétation sauvage. Nous avons l’impression de tourner en rond. « Mais non, nous rassure le chauffeur, c’est que tous les hameaux se ressemblent ». Il ajoute d’une voix basse et triste: « Tout cela pour ce petit bout de terre! ». Du déjà entendu!
Nous roulons, sous un soleil de plomb, direction la fameuse et sinistre prison de Khiyam. Un portail noir surplombant la colline la plus élevée apparaît soudain, puis un flot de musique militaire diffusée à grand débit par les miliciens de Hezbollah qui montent la garde. Les paroles chantent les louanges de Hacen Nasrallah, le chef du Hezb, et de Houcine fils de l’Imam Ali, figure emblématique chiite. Amalgame fort réussi. « Ya Houcine ya Saïd achouhada, ya Hacen ya Saïd almoukawama ». (Traduisez: « O Houcine, maître des martyrs, O Hassen maître des résistants ».)
L’air et lourd, la poussière s’abat on ne sait d’où, les yeux picotent, on transpire à seaux, larmes et sueurs se mélangent. Emus et par pudeur, nous évitons de nous regarder ou de commenter.
Dans la cour de la prison, la télévision interviewe les visiteurs. Une jeune fille bouleversée crie sa haine et sa douleur: « La moindre des punitions que l’on puisse infliger aux collabos, c’est de les emprisonner ici. Qu’ils vivent ce que nos frères ont enduré… »; la voix de la jeune fille se voile, elle éclate en sanglots et se précipite vers la sortie.
Le spectacle qui s’offre à nos yeux est pénible. Il ne s’agit pas d’une prison ordinaire. Ici c’est Auchwitz! C’est indescriptible, ça rappelle le bagne de la Goulette, difficile de trouver les mots, vraiment difficile! Une odeur fétide nous prend à la gorge dès que nous nous approchons des cellules. Pourtant cela fait au moins vingt jours que portes et fenêtres sont ouvertes, plutôt défoncées. Dans leur précipitation, Israéliens et collabos sont partis en oubliant de libérer les prisonniers; 24 heures plus tard, la population a envahi la prison, défoncé les portes et tout saccagé, surtout les appareils de torture. Les prisonniers ont évidemment quitté la prison sans faire leurs bagages.
Du coup, la scène s’est figée dans ce dramatique flash de ce jeudi 25 mai 2000 à 10h du matin! Couvertures en boules ou jetées à terre, savates éparpillées, dépareillées, linge étendu, bouteilles d’eau suspendues aux fenêtres, même l’odeur refuse de quitter ces lieux maudits. On nous demande de ne pas rester plus de cinq minutes dans les cellules et de ne toucher à rien, le risque d’infection est important.
Haydar, ancien prisonnier, nous offre une visite guidée. Il récite sa leçon. Les prisonniers assurent depuis la libération une permanence de 24 heures pour accueillir les visiteurs et les guider.
Ce que Haydar raconte est archiconnu, cent fois lu ou entendu. N’empêche, cela fait très mal et l’on a envie de lui demander d’arrêter. Il était en train de décrire une scène de torture, pas particulièrement méchante, lorsqu’un des auditeurs s’évanouit. L’ancien prisonnier ne peut plus poursuivre son récit, il tremble de la tête aux pieds et transpire. Deux miliciens accourent, le prennent avec précaution par les bras et l’éloignent de la foule. Il avance en titubant comme un aveugle.
Etat, où es-tu?
Nous nous enfuyons lâchement et nous engouffrons de nouveau dans les interminables sentiers des interminables hameaux, bariolés à saturation par les drapeaux du Hezbollah et d’Amal, par les portraits de Nasrallah, Berri, Moussa Sadr, Assad et son fils, maquettes géantes de Khomeiny en carton pâte, étoile de David au cœur brisé par un canon, graffitis et banderoles: « Le sang a vaincu l’épée », « La cohabitation chiite-chrétienne, un trésor à sauvegarder », « Nous sommes orphelins de Assad », « Assad tu es parti à un moment crucial »…Tout y est, sauf l’Etat libanais. Une fois, une seule, nous avons eu sur une pancarte: « La municipalité de Nakoura vous souhaite la bienvenue », et quelqu’un a ajouté au crayon « République libanaise ». Notre « périple » a pourtant couvert 90% des territoires libérés.
Les restes du décor planté par les Libanais pour fêter la libération du Sud, qui leur est tombée dessus sans crier gare, témoigne de la fièvre qui s’est emparée de la population à l’annonce du miracle, mais tout comme au lendemain de dîners trop copieux on se réveille avec la gueule de bois, les Libanais découvrent stupéfaits et indignés, la misère poignante de leur Sud. Pourtant le Sud a toujours été misérable, mais il était habité et ses terres étaient cultivées.
« Maintenant, nous ne pouvons plus nous voiler la face. Nous devons affronter cette misère, sinon l’ennemi reviendra au galop, car si certains ont collaboré avec l’ennemi c’est justement pour fuir la misère ». nous affirme un jeune milicien en récitant son discours d’un trait, avec ce langage propre aux vieux politiciens de chez nous mais spécifique aux orientaux quel que soit leur âge. Ici, on vieillit prématurément, sinon on grossit.
Entendu dans un restaurant beyrouthin, un obèse, fort sympathique comme de coutume, affirmant à ses compagnons de table : » Dans ma famille, on grossit quand on est malheureux. Alors moi, après 20 ans de guerre et un mariage, j’ai pris 60 kilos ». Les gens du Sud par contre ne peuvent se permettre le luxe de prendre du poids, quel que soit le nombre de mariages et d’enterrements. Vivant essentiellement de la récolte du tabac, d’amour de la patrie pour certains et d’eau fraîche vendue à 2 dollars le m3 par Israël pour d’autres, ils triment du matin au soir, pour récolter et faire sécher les feuilles de tabac, en contrepartie d’un plat de pois-chiches, d’une tomate et d’un oignon !
A une enjambée de la Palestine
A Dhaïra, à un kilomètre de Zaraït, colonie israélienne en Palestine occupée, et sous l’œil placide de soldats israéliens joufflus, à la peau rose et à l’uniforme astiqué, patrouillant de l’autre côté des barbelés, une famille libano-palestinienne sunnite tente tant bien que mal d’assurer sa subsistance de la journée. Assis à même le sol, devant leur maison délabrée, trois jeunes garçons en guenilles et noirs de poussière, deux jeunes filles belles comme le jour et se grattant sans cesse les cheveux et la peau, la maman qui fait beaucoup plus que son âge, édentée et en haillons, le père encore plus mal loti, tous maigrichons, nous accueillent comme l’exige la légendaire générosité arabe.
Sortis d’on ne sait où, des verres remplis d’eau gazeuse fraîche atterrissent devant nous. Ils déballent leur « biographie » sans même qu’on le leur demande : « Nous avons résisté pendant 22 ans face à ceux-là (ils montrent les Israéliens du doigt avec une moue de mépris). Nous étions souvent pris entre deux feux, la Katioucha des résistants quand ils visaient mal et la riposte de ceux-là quand ils faisaient semblant de viser mal.
Nous avons tenu le coup, juste pour pouvoir aller de temps en temps serrer la main à nos cousins de l’autre côté des barbelés quand il y avait un mariage ou un décès « , raconte la maman en souriant. Il faut préciser que « là-bas » c’est juste de l’autre côté de la chaussée, une chaussée en outre très étroite ! « Fachka » disent les Libanais, c’est-à-dire une enjambée ! Un confrère venu de Beyrouth réplique : » Vous êtes vraiment forts, à votre place je serais mort de dépit de voir mon pays si près sans pouvoir y entrer ! »
La maman réplique avec un flegme à faire pâlir un Anglais : » Tu es encore bien vivant après 24 ans d’occupation syrienne. On ne meurt pas de ça. On meurt d’une balle perdue, de faim ou de soif. C’est ce qui risque de nous arriver bientôt si l’Etat continue à faire de la politique sur notre dos ! « .
Voilà, le mot est lâché ! Partout où nous allons, on nous parle de faim, de soif, de chômage et d’insécurité. Qu’ils soient chiites, sunnites ou chrétiens, les gens du Sud sont logés à la même enseigne. Du moment qu’ils sont encore là, cela signifie qu’ils ne sont pas des « collabos ». Ceux-ci sont soit en Israël soit en prison. Ceux qui sont restés ont généralement subi, pendant 22 ans au moins, les pires atrocités de la part des collabos et des Israéliens.
Apatrides dans un no man’s land
Vivant dans une sorte de no man’s land, ils étaient des apatrides, sans terre pour les Palestiniens, sans Etat pour les Libanais. Les premiers ne pouvant franchir la frontière pour rentrer chez eux, les seconds obtenaient difficilement un laissez-passer, pour aller à Tyr ou à Beyrouth rendre visite à leurs parents. Ils étaient suspectés de part et d’autre : collabos pour les Libanais, œil du Hezbollah pour les Israéliens.
Au Sud les voitures ne sont pas immatriculées. Un spectacle bizarre, ces voitures fantômes, borgnes, qui circulent tranquillement comme si de rien n’était. C’est comme une personne sans nom. Il y a des moments dans la vie où l’on remercie Dieu d’être fiché. Cela veut dire que l’on existe, que l’on a une loi, une nationalité et un Etat qui malgré tout nous protège les uns des autres. C’est qu’ici les gens ont peur les uns des autres. Les chiites ont peur des sunnites qui leur en veulent de s’être enrichis et » anoblis » grâce à la manne iranienne en oubliant leurs frères sunnites.
Les sunnites ont peur des chrétiens qui risquent à tout moment de prendre les armes pour venger leurs enfants accusés de collaboration et jetés en prison. Ils ne feront pas la différence entre chiites maîtres des lieux et sunnites. » Dans le malheur, nous sommes tous des musulmans « , nous dit un sunnite.
Quant aux chrétiens, ils ont peur de tout le monde, des Libanais en général, de la résistance, des Syriens et même d’Israël. Ils vivent dans la terreur. Chaque jour des miliciens viennent chercher des jeunes dans les villages chrétiens. Motif : accusés de collaboration avec l’ennemi. » Ils savent pourtant bien, nous dit une chrétienne, les larmes aux yeux, que nos enfants ont souvent été obligés à collaborer. Eux aussi ont vécu cela. Ceux qui refusent, on dynamite leur maison, et c’est le moindre mal, sinon on les assassine. Aujourd’hui il faut pardonner et tourner la page. Rendez-nous nos enfants « .
Quels enfants ? Ces enfants du no man’s land ont-ils jamais été enfants ? Ils sont nés vieux ! La plupart de ceux qui sont nés sous l’occupation n’ont jamais été à l’école. » Quelle école ? « , nous lance un jeune avec dédain. Evidemment nos questions sont parfois stupides. C’est que nos références sont totalement étrangères aux leurs. A partir du moment où l’Etat n’existe pas, qui construira les écoles ?Qui formulera les programmes ?
Le Conseil du Sud, instance étatique, a malgré tout réussi à faire passer assez d’argent pour construire une école. Mais pour certains il faut faire plusieurs kilomètres avant d’y arriver, donc certaines familles renoncent à y envoyer leur fille. De plus cette école est souvent fermée à cause des bombardements.
Agents-doubles, faim et soif
Faim, soif, analphabétisation, chômage, terre en jachère, villages déserts, enfants » collabos » en prison, tel est l’héritage de 22 ans d’occupation.
Nous avons mis le mot collabo entre guillemets parce que beaucoup de jeunes ont été enrôlés de force par l’ALS (Armée de Libération du Sud, de Lahad), selon le témoignage même des agents doubles.
Ceux-là sont des agents de la sécurité libanaise infiltrés dans l’ALS : » C’est ce qui explique, nous affirme l’un d’entre eux sous couvert d’anonymat, que les collabos n’ont pas été lynchés par la population. On ne sait pas qui est qui ! Donc la résistance les a remis aux mains de la police libanaise. C’est à la justice de dire le dernier mot. Bien sûr notre témoignage est capital ! « .
Les gros bonnets et collaborateurs volontaires ont bien entendu pris la poudre d’escampette. Ils sont en Israël. Ils vivaient très bien, eux. Les quelques villas luxueuses qui dénotent dramatiquement avec les chaumières leur appartenaient. Elles sont vides maintenant.
Bien sûr, dans ce genre de situation, beaucoup d’histoires circulent, les mythes et les légendes sont classiques, mais d’autres sont de toute autre nature. Un agent double nous a raconté en long et en large le fructueux trafic de drogue auquel se livraient certains officiers israéliens. Mais c’est une autre paire de manche.
Le plus important est cet appel de détresse lancé par les Libanais du Sud, surtout les chrétiens.
» Dites à notre Etat de marquer sa présence le plus vite possible. Nous voulons voir l’armée libanaise patrouiller ici. Dites au monde que nous avons faim et soif, nous n’avons ni eau ni électricité, ni écoles, ni hôpitaux, ni travail. C’est une honte pour l’humanité ! « .
19h, nous sommes enfin à Tyr, ville pas très recommandable il y a seulement 24 jours, puisqu’elle était le dernier coin libre du Liban, le front quoi. Maintenant Tyr est loin de l’ennemi par rapport aux villages visités qui sont eux à… un jet de pierre.
Il fait très beau, on lézarde encore au soleil sur une plage surpeuplée ou bien on fait son jogging sur l’immense corniche construite par Bahia Hariri, au dépens de la plage bien sûr. Mais comme elle est tellement belle, cette corniche, alors on pardonne cette entorse faite à l’environnement. Les voitures rutilantes des touristes du Golfe roulent à tombeau ouvert sur la nouvelle autoroute toute pimpante, direction Beyrouth. Sur la voie opposée, un embouteillage d’enfer et des klaxons assourdissants typiquement libanais. L’armée, oui, enfin elle est là au moins, fait la sourde oreille. L’embouteillage est une spécificité libanaise à toute heure du jour et de la nuit à Beyrouth et sur les grandes routes, les week-ends surtout, en direction du Sud.
Les luxueuses villas des immigrés surplombent la route, encombrée par toutes sortes d’échoppes et de restaurants. Et la vie continue ainsi, aussi clean et voluptueuse jusqu’au point culminant du luxe tape-à-l’œil et insultant de Ramla El Baïda à Beyrouth, où l’appartement se vend à un demi-milliard de nos millimes. Et enfin, au cœur de Beyrouth, tout se calme. Un silence à la fois apaisant et effrayant vous tombe dessus sans prévenir. C’est que tout le monde fait le pèlerinage du week-end au Sud. On n’a cesse d’y revenir, comme pour s’assurer que ce n’était pas un rêve. » I have a dream « , il y a 22 ans, tout comme Martin Luther King.
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Traduit de l’arabe par Ahmed Manaï
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