21 juin 2016



Libérez tous les prisonniers politiques
Bulletin Avril 2016

Bulletin d'avril pour la journée des prisonnier.es palestinien.nes

La journée pour les prisonnier.es palestinien.nes le 17 avril a été un évènement annuel national pour les Palestinien.nes depuis 1974. Ce jour là les Palestinien.nes expriment leur solidarité avec les prisonniers et prisonnières détenu.es en Israël et avec leurs familles.

Il faut noter que l'incarcération de prisonnier.es et de détenu.es des Territoires Occupés dans l'état d'Israël signifie un non-respect de la 4ème Convention de Genève qui proscrit le transfert de prisonnier.es et détenu.es hors d'un territoire occupé.

Selon diverses sources quelques 7000 prisonnier.es politiques palestinien.nes sont actuellement dans des prisons israéliennes, dont 670 détenus administratifs, 450 mineurs, 70 femmes -et parmi elles 14 mères de famille, 15 mineures et 3 détenues administratives. Nous ne pouvons toutefois pas garantir le nombre précis de prisonnières et détenues en raison du grand nombre de détentions.

Dans ce bulletin nous détaillons comment les prisonnières et détenues politiques palestiniennes sont discriminées par rapport aux prisonnières de droit commun:

  • les visites des familles ont lieu à travers une séparation transparente et les conversations se font par téléphone
  • les prisonnières/détenues, y compris les mineures, n'ont pas le droit de toucher ou de prendre dans leurs bras les membres de leur familles
  • les visites des familles sont limitées aux parents au 1er degré
  • les membres de la famille qui ont une carte d'identité délivrée par l'Autorité Palestinienne doivent demander des permis de visite aux autorités israéliennes par l'intermédiaire de la Croix Rouge. Beaucoup de membres des familles n'obtiennent pas de permis de visite et certain.es n'ont que des permis pour 6 mois ou un an.
  • il arrive que même avec un permis le passage au check point soit interdit
  • des membres de familles qui ont été prisonnier.es eux/elles-mêmes, même ayant un permis de visite, doivent demander des permis supplémentaires aux autorités des prisons.
  • Il est entendu que, si les jours de visite Israël impose un bouclage aux Palestinien.nes des Territoires Occupés, les visites doivent être remises à un autre jour.
  • en raison des restrictions indiquées ci-dessus, de nombreuses prisonnières/détenues n'ont pas de visites de leur famille
  • les enfants de prisonnières/détenues de moins de 8 ans ont droit à des visites libres, c-à-d sans la séparation pendant les 10 dernières minutes de la visite, mais les visites libres nécessitent une coordination préalable. Il faut noter qu'il y a de nombreuse mères chez les prisonnières/détenues
  • les prisonnières/détenues n'ont pas le droit de téléphoner à leur famille
  • les prisonnières/détenues n'ont pas droit à des permissions
  • quand un.e avocat.e demande à voir des prisonnières, il/elle doit formuler une demande auprès du Service des Prisons au moins 24 heures avant et doit attendre l'autorisation. Les rencontres entre avocat.es et prisonnières se font également à travers la séparation et par un téléphone
  • les prisonnières politiques palestiniennes n'ont pas le droit de suivre des cours d'enseignement supérieur par correspondance comme cela a été confirmé par la Cour Suprême siégeant comme Haute Cour de Justice en 2015
  • il est à noter qu'à part des dentistes, il n'y a aucun médecin spécialiste dans les prisons. Il est clair que les prisonnières ont besoin de soins gynécologiques
  • seulement 2 membres de la famille peuvent assister ensemble à une session de la cour militaire
Dans notre bulletin précédent nous avions rendu compte des conditions de transport intolérables dans la «Posta». Malheureusement rien n'a changé et nous considérons toujours que ces conditions constituent une forme de torture.

Un autre point que nous avons mentionné dans le passé et qui vaut d'être à nouveau indiqué est que le service du courrier des prisons israéliennes ne donne pas aux prisonnières politiques palestiniennes le courrier envoyé par des soutiens internationaux.

Les conditions de détention dans les prisons d'Hasharon et de Damon sont toujours aussi déplorables comme nous le détaillons ci-dessous

Prison d'Hasharon (Tel Mond)

Le 31 mars 2016, devant l'intolérable surpeuplement, des prisonnières politiques palestiniennes ont été transférées dans une autre aile. On pouvait s'attendre à ce que le Service des Prisons entreprenne des rénovations avant le transfert des prisonnières mais il n'en a rien été et les conditions de vie sont déplorables. Les cadres des fenêtres sont rouillés, les murs n'ont pas été peints, chaque cellule n'a qu'une prise électrique si bien qu'il est impossible de regarder la télévision et de faire bouillir de l'eau en même temps. L'éloignement de la nouvelle aile par rapport à l'ancienne ajoute des difficultés pour les avocat.es qui doivent attendre longtemps pour qu'un.e accompagnant.e du service de la prison les escorte dans la nouvelle aile C'est un point crucial car cela prend un temps précieux qui pourrait être utilisé pour des entretiens plus longs avec les prisonnières.

Les conditions médicales : nous avons déjà mentionné dans notre bulletin précédent que plusieurs détenues/prisonnières blessées par les forces de sécurité israéliennes sont toujours en prison et pas à l'hôpital. Nous pensons que ces prisonnières sont sorties trop tôt des hôpitaux israéliens où elles étaient soignées. Même si elles reçoivent un traitement dans la prison et qu'elles sont soignées par d'autres prisonnières, ce n'est pas satisfaisant d'un point de vue médical.

Par exemple: Yasmeen AlZaro, d'Hébron, a été arrêtée le 14 février 2016. Au cours de son arrestation les soldats israéliens lui ont tiré dessus et l'ont blessée à la main, la jambe et à l'estomac. Elle a été emmenée à l'hôpital Sha'arei Tsedek à Jérusalem où elle a subi plusieurs opérations mais au bout de 14 jours Yasmeen a été transférée à la prison d'Hasharon. Trois ou quatre jours après elle a été à nouveau amenée à l'hôpital où on l'a opérée pour sa main et où elle a reçu des traitements pour sa blessure à l'estomac et pour une infection. Elle est restée cette fois 12 jours à l'hôpital puis a à nouveau été renvoyée en prison.

Bien entendu les prisonnières aident les femmes blessées et les mineures autant qu'elles le peuvent, soutenant psychologiquement les filles et leur donnant des cours. Certaines filles ont l'intention de passer leur examen de fin d'études (Taujihi) cette année.

Prison de Damon (Mont Carmel)

Dans la prison de Damon 18 détenues vivent dans une même pièce avec une seule toilette.

Les avocat.es ne sont autorisé.es à rencontrer que 3 détenues/prisonnières à chaque visite.

A Damon il y a deux prisonnières de Gaza, Nasrin Hassan et Sanaa Al Hafi, leurs familles n'ont pas le droit de leur rendre visite en raison du blocus de Gaza par Israël. Suad Arzikat de Tapuach près d'Hébron est en détention administrative. Suad est une étudiante en Administration d'Entreprise à l'Université Libre, détenue depuis le 3 décembre 2015. Sa détention administrative a simplement été prolongée de 3 mois. C'est la 2ème détention de Suad – elle a déjà été emprisonnée du 8 avril 2008 au 7 juillet 2009.

Sanaa Abu Sanina est aussi en détention administrative.

Nous précisons à nouveau que la détention administrative est une détention préventive sans motifs d'inculpation contre le/la détenu.e. Elle est en général basée sur les services de renseignements et peut être prolongée indéfiniment et arbitrairement.

Certificats de respect

Le 29 mars 2016 le Centre d'Arts et de Culture Hawa de Naplouse a organisé une cérémonie pour marquer le Jour de la Terre et de l'Identité, la Journée des Femmes et la Journée des Mères. Nous sommes fières de dire que la conseillère juridique de la WOFPP, l'avocate Taghreed Jahshan et l'avocat Sahar Francis, directeur de l'Association pour le soutien aux prisonnier.es et pour les droits humains Addameer ont été invité.es à recevoir des certificats de respect pour leur travail en faveur des prisonnier.es politiques. Le directeur général du ministère de la Culture palestinien été présent à cette cérémonie.

Maître Jashan a été interviewée à plusieurs reprises après la cérémonie sur le travail qu'elle a déjà réalisé avec les prisonnières politiques. Elle a décrit les conditions déplorables dans les prisons et a parlé de ses efforts pour faire respecter les droits des prisonnières. Elle a aussi indiqué le grand nombre de prisonnières et de mineurs qui étudient et qui ont passé et passeront les examens palestiniens de fin d'études.

Nous appelons à la solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens et leur libération.

En raison du grand nombre de détenues et prisonnières, la WOFPP visite actuellement deux prisons, Damon et Hasharon; de plus le nombre de visites en prison a augmenté. Les mineures qui sont incarcérées pour la première fois ont besoin d'une attention particulière et nous nous occupons aussi des cas des prisonnières blessées lors de leur arrestation, ce qui est une nouveauté pour nous. Dans le même temps nous continuons à observer les auditions des cours militaires. Tout ce travail supplémentaire pèse sur notre petit budget et nous apprécierons les donations qui nous aideront à faire face à notre charge de travail constamment en augmentation.

Pour les donations à WOFPP:
Compte de banque:
Women's Organization for Political Prisoners (WOFPP)
Nombre du compte: 471067
BANK HAPOALIM
Branch 532
Daniel Frisch St. 3,Tel Aviv 64078, ISRAEL
IBAN number: IL 60-0125-3200-0000-0471-067
BIC (swift): POALILIT
Adresse de qui reçoit la contribution:
WOFPP
Frug Street 30
IL-63417 Tel Aviv, ISRAEL>

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