23 février 2016

Michel Raimbaud à propos de la Syrie: Le mensonge, la nausée et les sanctions

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Le mensonge, la nausée et les sanctions
Par Michel Raimbaud, ancien ambassadeur de France
Mardi 23 février 2016, par Comité Valmy


Le mensonge, la nausée et les sanctions
Le pire ministre des affaires étrangères jamais offert à la France a déguerpi. Il laisse derrière lui une diplomatie ruinée, décrédibilisée et démoralisée : seraient-ils les meilleurs de la planète, nos diplomates ne peuvent faire de miracles lorsqu’ils sont amenés à ne défendre que des dossiers indéfendables, qui les placent systématiquement du mauvais côté de l’Histoire. C’est là que le bât blesse.
Le départ d’un ministre aussi étranger aux affaires étrangères, qui ne se réveillait qu’au nom de Bachar al Assad, ne fera guère pleurer que lui-même et ses complices. Mais les optimistes inoxydables, inondés d’espoir l’espace d’un adieu, devraient se méfier : si le pire n’est jamais sûr, le meilleur l’est encore moins.
Le partant était un pilier du « groupe des Amis de la Syrie », dont la liste des Etats membres illustrait alors parfaitement la sentence bien connue : avec de tels amis, plus besoin de se chercher des ennemis. Reprenant le flambeau brandi par la France lors du rezzou de l’OTAN sur la Libye, Fabius a tout fait pour propulser notre pays à l’avant-garde des va-t-en guerre de la vertueuse « communauté internationale ». N’est-ce pas lui qui, mi-dépité mi-gourmand, estimait en juillet 2012 qu’il « reste encore quelques renforcements possibles en matière de sanctions », insistant pour que la Grèce cesse d’importer du phosphate syrien ?
Le club Elisabeth Arden (Washington, Londres, Paris), qui prétend depuis un quart de siècle incarner la « communauté internationale », s’est transformé au fil des dernières années en un directoire de pères fouettards ayant pour inspirateurs les néoconservateurs de « l’Etat profond » des pays d’Occident et d’ailleurs, et pour alliés privilégiés les régimes moyen-orientaux les plus portés sur la flagellation. En 2011, après l’Irak, le Soudan, l’Afghanistan, la Somalie, la Palestine, la Yougoslavie, l’Iran ou l’Ukraine et quelques autres, nos pères fouettards, pourtant bien absorbés par leur tâche du moment (protéger les populations civiles de la Jamahiriya libyenne en les bombardant, avant de liquider physiquement Kadhafi – NDLR), vont réserver à la Syrie un traitement de choix. C’est ainsi que les sanctions vont pleuvoir en giboulées dès les premiers beaux jours.
En juillet 2012 (on taira par décence le nom du journal et ceux des journalistes), une vidéo apparaît sur le net avec un titre en forme de question qui tue : « A quoi servent les sanctions contre la Syrie ? » Celle-ci, note le commentaire écrit, « fait depuis plus d’un an l’objet de mesures de rétorsion de la part de la communauté internationale, avec un succès mitigé ». Il faut « punir et étouffer économiquement le régime de Bachar al Assad, qui réprime dans le sang ses opposants : tel est l’objectif ». On n’aura pas fini d’entendre cette rengaine.

Notre vidéo précise que, le 23 juillet 2012, l’Union Européenne a adopté un nouveau train de sanctions, pour la 17ème fois en un an (sic). Elle rappelle que les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la Suisse, la Turquie et la Ligue Arabe (kidnappée par le Qatar et les régimes du Golfe) ont pris des mesures équivalentes.
Sans dresser une liste interminable des sanctions imposées, renouvelées et renforcées les années suivantes, il n’est pas inutile de rappeler au passage, à l’attention des distraits, des ignorants ou des bonnes consciences, le script général du chef-d’œuvre des dirigeants occidentaux et de leurs bureaucraties sadiques :
– 1/ D’abord viennent les sanctions classiques « de mise en situation » par le Conseil de Sécurité, prises en mai 2011 :
Les premières mesures prises par l’Union Européenne concernent la mise au ban (refus de délivrer des visas) et le gel des avoirs de 150 personnalités du « régime syrien ».
Par ailleurs, une cinquantaine de sociétés « soutenant le régime » sont soumises à boycott dont cinq organismes militaires, conformément à l’embargo adopté « sur les exportations d’armes et de matériel susceptible d’être utilisé à des fins de répression ». Il est ainsi interdit d’exporter vers la Syrie des équipements, des technologies ou des logiciels destinés à surveiller ou intercepter des communications sur Internet ou les téléphones.
– 2/ Le 10 août 2011, le gouvernement américain prend des sanctions économiques contre les sociétés de télécommunication syriennes et les banques liées à Damas, empêchant les citoyens étatsuniens de mener des affaires avec la Banque commerciale de Syrie, la Banque syrienne libanaise commerciale ou Syriatel. Les avoirs de ces sociétés aux États-Unis sont gelés, autant dire volés. Hillary Clinton annonce dans la foulée un embargo total sur les importations de pétrole et de produits pétroliers en provenance de Syrie. Imitant aussitôt ses maîtres, l’Union Européenne décide de plusieurs trains de sanctions supplémentaires, y compris un embargo sur le pétrole.
La dernière salve visera à réduire les échanges commerciaux afin de finir d’asphyxier l’économie du pays.
– 3/ Viendront ensuite les sanctions diplomatiques (rappel des ambassadeurs en consultation) décidées dès l’automne 2011, après le double véto russo-chinois sur le projet de résolution islamo-occidental visant à provoquer en Syrie un processus à la libyenne. Les Etats-Unis ayant rappelé de Damas leur ambassadeur du troisième type, plusieurs Etats de l’Union Européenne rappellent les leurs.
Juppé rappellera le sien une première fois le 17 novembre 2011 : « erreur fatale » pour le ministre ordinateur. Après un faux retour, ce sera le départ définitif en février 2012. Nommé en mai 2012, Fabius fera encore mieux : à peine intronisé, il expulsera l’ambassadrice de Syrie à Paris, ayant oublié que cette dernière est également représentante auprès de l’UNESCO et qu’il ne peut la contraindre au départ.
– 4/ En 2012, ce sera la fermeture de la compagnie aérienne « Syrianair » à Paris, puis l’interdiction de toute liaison aérienne entre la France et la Syrie et, plus généralement, entre les capitales européennes et Damas. Etc…
Hélas, se lamentent des experts pleins d’onction et de componction, tout le monde n’est pas d’accord pour mettre en place un embargo, ce qui en limite la portée. La belle unanimité qui, de 1991 à 2011, a rassemblé les cinq Permanents du Conseil de Sécurité autour des trois Occidentaux n’existe plus et c’est un élément déterminant qui permet de briser l’arrogance et la toute-puissance des puissances atlantiques. Des doigts accusateurs pointent « certains pays qui ne jouent pas le jeu ? (sic). Mais est-ce bien un jeu ? La Russie et la Chine soutiennent le gouvernement et l’Etat syriens : ils seront priés de « rejoindre la communauté internationale » (sic). La Syrie peut également compter sur l’aide multiforme de son allié, l’Iran, mais celui-ci est déjà sous lourdes sanctions. D’autres pays, comme le Brésil, ne soutiennent pas les Occidentaux ? En outre, certains Etats traînent les pieds au sein de l’Union Européenne, et les accrocs aux engagements pris contre Damas se multiplient.
Ce blocus qui asphyxie progressivement la Syrie est certes difficile à mettre en œuvre, mais que nos perfectionnistes se consolent : il est indéniable que les résultats escomptés sont là. Après cinq années de sanctions et d’acharnement collectif, le peuple syrien est épuisé et vit dans des conditions terrifiantes. Nos grands dirigeants, si bons et si pudiques, ne connaissent-ils pas la vérité, non pas celle de leurs protégés émigrés qui vivent au chaud ou au frais à l’ombre de leurs protecteurs, mais la vérité des habitants qui ont tenu bon dans leur pays. Loin du paradis de la révolution auquel les premiers feignent de croire, loin du paradis auquel aspirent les djihadistes démocratiques et les terroristes modérés, c’est un enfer que vivent les Syriens de la Syrie réelle, un enfer qu’ils doivent au fanatisme de leurs « libérateurs » et de leurs alliés turcs ou arabes ainsi qu’au sadisme de l’« Axe du Bien », parrain des terroristes et grand déverseur de punitions devant l’éternel.
Les sanctions sont parvenues à détruire un pays qui était plutôt prospère, quasiment sans endettement, autosuffisant pour l’essentiel de ses besoins et globalement bien parti. Elles ont fini par entamer le tissu national syrien, soudé par une tolérance « laïque » assez exemplaire, sans réussir toutefois à le déstructurer. Le but de ce politicide était (et reste toujours) de démoraliser les populations, en les amenant à perdre confiance dans la légitimité de leur Etat, de leur gouvernement, de leurs dirigeants, de leurs institutions, de leur armée, tout en leur donnant l’illusion que l’Occident est heureusement là pour les « sauver du tyran qui les massacre » et accueillir en son sein les réfugiés et les transfuges.
Le terrible bilan enregistré en Iraq – un million et demi de morts, dont 500 000 enfants – est là pour rappeler que les sanctions sont une arme de destruction massive, utilisée avec un total cynisme par les « maîtres du monde ». Pour Madeleine Albright évoquant sans doute des « dégâts collatéraux », « cela en valait la peine ». On voit le résultat.
En Syrie, les « punitions » occidentales ne sont pas mieux intentionnées. Elles visent à mater un peuple résistant et à le forcer à accepter la fatalité d’un changement de régime, ou bien à l’amener à fuir ou à déserter…Quitte à saigner le pays de sa jeunesse déjà formée, de ses cadres aspirant à vivre mieux dans un climat de paix…Quitte à faire de ces réfugiés un peuple de mendiants, à la merci des trafiquants de toutes spécialités : en témoignent ces femmes et enfants installés la nuit au coin des boulevards parisiens par des équipes inquiétantes.
Depuis cinq ans, nos politiciens combinards, nos journalistes complaisants, nos intellectuels perdus ou dévoyés participent, à quelques exceptions près, à l’énorme conspiration du mensonge qui fait passer la Syrie souveraine et légale pour usurpatrice et massacreuse, et ses agresseurs et leurs parrains, orientaux ou occidentaux, pour des libérateurs révolutionnaires. Outre l’horreur et l’effroi que soulèvent les images de cette guerre sauvage, comment ne pas avoir la nausée devant l’aveuglement, volontaire ou non, de nos élites qui préfèrent donner du crédit aux mensonges de leurs alliés et protégés criminels plutôt qu’aux témoignages innombrables des victimes qui désignent sans ambigüité leurs bourreaux ? Comment ne pas avoir la nausée devant cette complicité assumée, à peine camouflée par une omerta systématique ? Comment enfin ne pas frémir devant cet aplomb et cette bonne conscience bétonnée de nos faiseurs d’opinion ?
La solution ne consiste pas à accueillir en Europe les réfugiés que l’on a d’une façon ou d’une autre créés en alimentant la guerre universelle d’agression et le djihad en Syrie. Il faut lever immédiatement, sans délai et sans conditions, les sanctions qui sont destinées à briser tout un peuple. Il faut mettre fin à la guerre et non en décupler l’impact par les moyens minables, sournois et iniques que sont les sanctions à la mode occidentale.
Il faut rendre justice à ce peuple martyrisé et humilié. Et la plus élémentaire des justices, la première, est de ne plus couvrir d’un voile de vertu les criminels féroces qui cherchent à détruire au nom de l’intolérance la Syrie tolérante. Elle implique également de ne plus cautionner les impudeurs des maîtres fouettards qui punissent en toute impunité avec la morgue des arrogants. Assez de mensonges, assez d’hypocrisie, assez de leçons.
Répétons-le, il faut lever les sanctions criminelles et scélérates qui tuent la Syrie et son peuple. Ni dans un mois, ni dans un an, mais maintenant. Ce n’est pas une question de diplomatie, c’est une affaire d’honneur, et la France s’honorerait en prononçant, pour sa part et à titre national, la levée des sanctions.

Le 22 février 2016
Michel Raimbaud, ancien Ambassadeur de France


 merci à Ahmed Manaî qui a publié ce superbe texte dont voici le lien :
https://tunisitri.wordpress.com/michel-raimbaud-le-mensonge-la-nausee-et-les-sanctions/

 

18 février 2016

Libye: Il y a quatre ans les Libyens ont détruit leur propre pays !


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Voilà comment on détruit son propre pays.

La France préparait depuis novembre 2010 le renversement de Kadhafi


Selon le journaliste de la droite libérale italienne Franco Bechis, la révolte de Benghazi aurait été préparée depuis novembre 2010 par les services secrets français. Comme le remarque Miguel Martinez du site internet progressiste ComeDonChisciotte, ces révélations, encouragées par les services secrets italiens, doivent se comprendre comme une rivalité au sein du capitalisme européen.
Le Réseau Voltaire précise que Paris a rapidement associé Londres à son projet de renversement du colonel Kadhafi (force expéditionnaire franco-britannique). Ce plan a été modifié dans le contexte des révolutions arabes et pris en main par Washington qui a imposé ses propres objectifs (contre-révolution dans le monde arabe et débarquement de l’Africom sur le continent noir). La coalition actuelle est donc la résultante de ces ambitions distinctes, ce qui explique ses contradictions internes.
Première étape du voyage, 20 octobre 2010, Tunis. C’est là qu’est descendu avec toute sa famille d’un avion de Libyan Airlines, Nouri Mesmari, chef du protocole de la cour du colonel Muhamar Kadhafi. C’est un des grands perroquets du régime libyen, depuis toujours aux côtés du colonel.
Le seul -comprenons-nous- qui avec le ministre des Affaires étrangères Moussa Koussa avait un accès direct à la résidence du raïs sans avoir à frapper (avant d’entrer, NdT).
Le seul à pouvoir franchir le seuil de la suite 204 du vieux cercle officiel de Benghazi où le colonel libyen a accueilli avec tous les honneurs le Premier ministre italien Silvio Berlusconi pendant la visite officielle en Libye. Cette visite de Mesmari à Tunis ne dure que quelques heures. On ne sait pas qui il rencontre dans la capitale où la révolte contre Ben Ali couve sous la cendre. Mais il est désormais certain que dans ces heures-là et dans celles qui ont immédiatement suivi, Mesmari jette les ponts de ce qui, à la mi-février, allait devenir la rébellion de la Cyrénaïque. Et prépare l’estocade contre Kadhafi en cherchant et obtenant l’alliance sur deux fronts : le premier est celui de la dissidence tunisienne. Le second est celui de la France de Nicolas Sarkozy. Et les deux alliances lui réussissent.
C’est ce dont témoignent des documents de la DGSE, le service secret français, et une série de nouvelles fracassantes qui ont circulé dans les milieux diplomatiques français à partir de la lettre confidentielle, Maghreb Confidential (dont il existe une version synthétique et accessible payante).
Mesmari arrive à Paris le lendemain, 21 octobre. Et il n’en bougera plus. En Libye il n’a pas caché son voyage en France, puisqu’il a emmené avec lui toute sa famille. La version est qu’à Paris il doit subir un traitement médical et probablement une opération. Mais il ne verra pas l’ombre d’un médecin. Ceux qu’il verra seront par contre, tous les jours, des fonctionnaires des services secrets français.
La réunion. On a vu de façon certaine au début du mois de novembre, entrer à l’Hôtel Concorde Lafayette de Paris, où Mesmari réside, d’étroits collaborateurs du président français. Le 16 novembre, une file de voitures bleues est devant l’hôtel. Dense et longue réunion dans la suite de Mesmari. Deux jours plus tard une dense et étrange délégation française part pour Benghazi. Avec des fonctionnaires du ministère de l’Agriculture, des dirigeants de France Export Céréales et de France Agrimer, des managers de Soufflet, de Louis Dreyfus, de Glencore, de Cani Céréales, Cargill et Conagra.
Expédition commerciale, sur le papier, pour essayer d’obtenir à Benghazi justement de riches commandes libyennes. Mais se trouvent aussi dans le groupe des militaires français, déguisés en hommes d’affaire.
À Bengazi ils vont rencontrer un colonel de l’aéronautique libyenne indiqué par Mesmari : Abdallah Gehani. Il est au-dessus de tout soupçon, mais l’ex-chef du protocole de Kadhafi a révélé qu’il était prêt à déserter et qu’il a aussi de bons contacts avec la dissidence tunisienne.
L’opération est menée en grand secret, mais quelque chose filtre jusqu’aux hommes les plus proches de Kadhafi Le colonel se doute de quelque chose. Le 28 novembre il signe un mandat d’arrêt international à l’égard de Mesmari. L’ordre arrive aussi en France à travers les canaux protocolaires. Les Français s’alarment et décident de suivre de façon formelle l’arrêt
Quatre jours plus tard, le 2 décembre, la nouvelle filtre justement depuis Paris. On ne donne pas de nom mais on révèle que la police française a arrêté un des principaux collaborateurs de Kadhafi. La Libye, au premier abord, retrouve son calme. Puis apprend que Mesmari est en réalité aux arrêts domiciliaires dans la suite du Concorde Lafayette. Et le raïs commence à s’agiter.
La colère du raïs. Quand arrive la nouvelle que Mesmari a demandé officiellement l’asile politique à la France, la colère de Kadhafi éclate, il fait retirer son passeport même au ministre des Affaires étrangères, Moussa Koussa, accusé de responsabilité dans la défection de Mesmari. Il essaie ensuite d’envoyer ses hommes à Paris avec des messages pour le traître : « Reviens, tu seras pardonné ». Le 16 décembre, c’est Abdallah Mansour, chef de la télévision libyenne, qui essaie. Les Français l’arrêtent à l’entrée de l’hôtel. Le 23 décembre d’autres Libyens arrivent à Paris. Ce sont Farj Charrant, Fathi Boukhris et All Ounes Mansouri.
Nous les connaîtrons d’avantage après le 17 février : parce que ce sont justement eux, avec Al Hadji, qui vont mener la révolte de Benghazi contre les miliciens du colonel.
Les trois sont autorisés par les Français à sortir dîner avec Mesmari dans un élégant restaurant des Champs-Élysée. Il y a aussi là des fonctionnaires de l’Élysée et quelques dirigeants des services secrets français. Entre Noël et le Jour de l’an sort dans Maghreb Confidential la nouvelle que Benghazi est en ébullition (à ce moment-là personne ne le sait encore), et aussi quelques indiscrétions sur certaines aides logistiques et militaires qui seraient arrivées dans la seconde ville libyenne, en provenance justement de la France. Il est désormais clair que Mesmari est devenu un levier aux mains de Sarkozy pour faire sauter Kadhafi en Libye. La lettre confidentielle sur le Maghreb commence à faire filtrer les contenus de cette collaboration.
Mesmari est nommé « Libyan Wikileak », parce qu’il révèle un après l’autre les secrets de la défense militaire du colonel et raconte tous les détails des alliances diplomatiques et financières du régime, en décrivant même la carte du désaccord et les forces qui sont sur le terrain. À la mi-janvier la France a dans les mains toutes les clés pour tenter de renverser le colonel. Mais il y a une fuite. Le 22 janvier le chef des services secrets de Cyrénaïque, un fidèle du colonel, le général Aoudh Saaiti, arrête le colonel d’aviation Gehani, référant secret des Français depuis le 18 novembre.
Le 24 janvier il est transféré dans une prison de Tripoli, avec l’accusation d’avoir créé un réseau social en Cyrénaïque, qui faisait les louanges de la contestation tunisienne contre Ben Ali. Mais c’est trop tard : Gehani a déjà préparé la révolte de Benghazi, avec les Français.

Franco Bechis
Directeur adjoint du quotidien italien Libero.
Traduction Marie-Ange Patrizio

photo de famille :
Photo de famille:
Les leaders américains, arabes et européens posent à l’issue du sommet sur la crise libyenne qui s’est tenue à Paris, au palais de l’Elysée, le 19 mars. Sur la photo, de gauche à droite en partant du bas : Catherine Ashton, haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, le Premier ministre et ministre des affaires étrangères du Qatar Sheikh Hamad bin Jassim bin Jaber bin Muhammad Al Thani, le Premier ministre britannique David Cameron, la chancelière allemande Angela Merkel, le Président de l’UE Herman von Rompuy, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, le Premier ministre François Fillon, le Président de la République Nicolas Sarkozy, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et européennes Alain Juppé, le chef de la Ligue arabe Amr Mussa, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton et le Premier ministre danois Lars Rasmussen.
En arrière plan, le Premier ministre blege Yves Leterme, le Premier ministre canadien Stephen Harper, le ministre des Affaires étrangères maroccain Taib Fassi Fihri, le ministre des affaires étrangères irakien Hoshyar Zebari, le ministre des affaires étrangères des Emirats arabes unis Sheikh Abdullah bin Zayed bin Sultan Al Nahyan, le Premier ministre italien Silvio Berlusconi, le Premier ministre polonais Donald Tusk, le Premier ministre espagnol Jose Luis Zapatero, le Premier ministre grec George Papandreou, le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg, le Premier ministre hollandais Mark Rutte et le ministre des affaires étrangères Nasser Judeh.
 https://tunisitri.wordpress.com/2016/02/18/libye-il-y-a-quatre-ans-les-libyens-ont-detruit-leur-propre-pays/
 merci Ahmed Manaï


16 février 2016

S. Nasrallah aux Israéliens: Le Liban possède une bombe atomique

Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a mis en garde la nation arabe et islamique contre les tentatives des dirigeants sionistes de se présenter en tant que défenseurs des sunnites dans la région, juste pour attiser le conflit avec l'Iran et l'axe de la résistance.
S'exprimant devant des milliers de partisans venus participer à l'anniversaire du martyre des dirigeants de la résistance islamique au Liban dans la Banlieue Sud de Beyrouth, Sayed Nasrallah s'est attardé sur le projet sioniste qui cherche, avec l'aide cette fois des pays du Golfe et de la Turquie, à effriter la Syrie, changer le pouvoir en place et attiser un conflit sectaire, le tout, pour entamer la force de pays, et le rendre incapable de repousser une guerre israélienne dans l'avenir.
Sayed Nasrallah a par ailleurs énuméré les multiples atouts de force de la résistance qui constituent une véritable force de dissuasion d'une troisième guerre contre le Liban. Parmi les facteurs de force, Sayed Nasrallah a indiqué que quelques missiles peuvent s'abattre sur Haïfa, ville occupée par Israël, et détruire les conteneurs d'ammoniac. Une arme qui peut avoir l'effet d'une bombe atomique!

Voici les idées principales de son discours:
"Que la paix de Dieu soit sur vous, sur le Sceau des prophètes Mohammad et sur sa famille. Chers oulémas et frères. Au début de salue votre participation en cette occasion qui nous est chère. En cette occasion, nous avons besoin de nous inspirer beaucoup de choses du cheikh de la résistance islamique, cheikh Ragheb Harb, du maitre de la résistance Sayed Abbas Moussaoui, tombé en martyre avec son fils et sa femme combattante, Om Yasser, et du commandant de la résistance, Hajj Imad Mougniyeh.

Je voudrais au début parler d'une autre occasion, celle de la victoire de la révolution islamique en Iran. Nous félicitons le guide suprême Sayed Ali Khamenei et le peuple iranien pour la 37ème année de cette victoire et nous souhaitons plus de gloire, de force et de développement à ce pays.
A l'occasion du martyre de l'ancien Premier Rafic Hariri, et malgré l'adversité politique, nous présentons nos condoléances à sa famille, et nous espérons qu'un jour cette occasion rassemblera tous les Libanais.
Il y a déjà dix ans, l'entente politique entre le Hezbollah et le Courant patriotique Libre a été signée en ce mois de février. Une entente qui a évolué et s'est muée en alliance.
La révolution de Bahreïn marque sa cinquième année. Cette révolution se poursuit malgré les répressions, les tueries, et reflète de plus en plus la grande décision du peuple bahreini.
L'offensive américano-saoudienne contre le Yémen marquera aussi sa première année. Nous saluons tous les Yéménites tenaces et opprimés qui continuent de tracer des épopées face à toutes les exactions commises par les agresseurs. Nous saluons tous les Yéménites qui sont actuellement le symbole de l'humanité opprimée.

A chaque année, nous commémorons le martyre de nos dirigeants pour afficher notre gratitude envers eux. C'est grâce à leur sang, leur jihad et leurs sacrifices que nous avons réalisé de multiples exploits. Nous avons réussi à avorter tous les complots qui visent notre pays.
Nos dirigeants martyrs font partie, même après être devenus des martyrs, du combat perpétuel et de la guerre ouverte contre nos ennemis. Ils demeurent avec nous, dans les champs de bataille face au projet américano-sioniste et sachez que nous n'allons jamais oublier de nous venger pour eux.
Deux opportunités et deux risques aux yeux d'Israël

Je voudrais commencer mon discours par l'approche israélienne des développements de la région et sa vision.
Chaque année se tiennent plusieurs congrès au sein de l'Entité sioniste et auxquels participent les hauts dirigeants sionistes, militaires, sécuritaires et politiques. Ils étudient la conjoncture régionale et dressent des listes de recommandations à la direction politique. Le gouvernement de l'ennemi prend au sérieux ces recommandations.
Parmi les constats émanant des derniers congrès, les Israéliens disent qu'ils sont face à deux opportunités et deux risques:
La première opportunité: l'intention de former des coalitions avec les pays arabes sunnites ou le bloc des pays sunnites, usant du facteur de la confrontation de ces pays avec l'Iran.
Deuxième opportunité: la possibilité d'un changement de pouvoir en Syrie. Ils disent que la chute du pouvoir en Syrie portera un coup dur à la résistance, et l'éclatement de la guerre civile en Syrie pourra empêcher l'armée syrienne de participer à toute guerre prochaine contre Israël.

Quant aux deux risques, les dirigeants sionistes citent l'Iran et les mouvements de résistance au Liban et en Palestine occupée. Pour les Israéliens, le Hezbollah constitue le danger primordial. Donc, quand ils parlent des recommandations, ils évoquent la "troisième guerre avec le Liban".
Les Israéliens et des dirigeants arabes qui sont de connivence avec l'ennemi parlent de plus en plus d'un conflit sunnite-chiite dans la région. Bien que les conflits en cours n'aient pas été déclenchés pour des raisons confessionnelles, ils adoptent cette appellation parce qu'elle sert le plus leurs objectifs. Le conflit régional, du Yémen, en Syrie, en Irak, à Bahreïn et au Liban est un conflit purement politique.
Israël l'ami, l'Iran l'ennemi!

Sachez que les grands journalistes israéliens et certains médias arabes surtout saoudiens adoptent la même ligne éditoriale. Israël tente de se présenter en tant qu'ami des sunnites dans la région, et de déformer l'image de l'Iran, de la Syrie et du Hezbollah comme s'ils étaient les véritables ennemis de la nation arabe.
Par le passé, cet ennemi s'est présenté comme le défenseur des chrétiens, ou des druzes voire des chiites contre les Palestiniens en 1982.
Aujourd'hui, il se présente comme allié, ami et protecteur des sunnites. Certains exploitent les développements dans la région pour dévoiler au grand jour les relations bilatérales entre l'Entité sioniste et certains pays sunnites de la région. Des relations qui étaient jusque-là gardées en catimini. Aujourd'hui, on voit des dirigeants des pays du Golfe donner des poignées de mains aux dirigeants israéliens à Munich.
Israël a assassiné nos dirigeants martyrs et poursuit la voie des assassinats. Celui du martyr Samir Qintar ne sera pas le dernier.

S'allier avec le meurtrier des sunnites!
Même pour le cas des sunnites, Israël continue d'occuper une terre appartenant aux sunnites. Comment ces pays arabes acceptent-ils ce fait? Comment vous alliez-vous avec une Entité qui a commis au fil des années les massacres les plus atroces contre le peuple palestinien? Qui empêche des milliers de Palestiniens de regagner leurs territoires? Ce sont les sionistes qui usurpent et occupent des lieux saints faisant partie des legs sunnites. Rappelez-vous le nombre des guerres menées contre les Palestiniens, au su et au vu des arabes et des dirigeants qui se croient à tort des sunnites.
Avez-vous vu comment ont-ils ouvert le feu sur la jeune fille Yasmine Tamimi, une jeune de 21 ans?
Comment présente-t-on Israël comme le protecteur des sunnites. C'est une falsification des faits, des mensonges émanant d'esprits rancuniers, vindicatifs.
Tous ceux qui ont été détenus puis tués par Israël au cours des années étaient des victimes de toutes les nationalités arabes, et pour la plupart des sunnites.

Quel affront israélien! Quel complot! Il est de la responsabilité des oulémas de lutter contre les tentatives de Yaalon et de Netanyahu de se présenter comme les grands défenseurs des sunnites. Quand les pays dits sunnites s'allieront avec Israël, ceci signifie clairement que la cause de la Palestine et d'al-Aqsa sera à jamais perdue.

En ce qui concerne la Syrie, Israël a depuis toujours considéré que la chute du pouvoir et l'affaiblissement de la Syrie permettront d'asséner un coup dur à l'axe de la résistance. Israël approche tous les développements dans la région sur la base de ses intérêts. Aujourd'hui, il existe une unanimité israélienne sur l'acceptation de tout choix autre que le maintien du président Bachar el-Assad.

Dès le début, les Israéliens ont vu en la personne du président Assad un grand danger sur le projet israélien.
Pour cette raison, les sionistes ont fourni toutes les facilités logistiques et au niveau des renseignements pour permettre aux miliciens de Daech et d'al-Qaïda d'agir sur le terrain.

Sur ce point, Israël converge avec l'Arabie Saoudite et la Turquie sur cet objectif: il ne faut tolérer aucune solution en Syrie qui maintiendra Assad au pouvoir. Toutes les solutions basées sur le maintien du président syrien sont rejetées par ce trio. Ainsi, ils haussent le plafond de leurs conditions, et empêchent leurs alliés syriens d'aller participer aux congrès de dialogue. Pour eux, le maintien du pouvoir d'Assad est un danger crucial pour eux, et surtout pour Israël.

Tentative d'effriter la Syrie

Les Israéliens ont admis que la chute du pouvoir en Syrie est improbable. Partant de là, Israël appelle à partager la Syrie sur une base ethnique et confessionnelle: sunnite, alaouite, kurde et druze.
Israël refuse pour cette raison toute entente inter-syrienne. Cet ennemi préfère le partage de la Syrie pour paver la voie à des dialogues unilatéraux voire des alliances avec telle ou telle partie.

Ces derniers développements et ces positions braquent la lumière sur la nature des choix à faire.
Revers cuisants pour les ennemis de la Syrie

En Syrie, on s'approche de la fin de la cinquième année de la guerre mondiale. Israël, partenaire dans la guerre en cours, a échoué dans le changement du pouvoir, et dans le partage du pays, parce que l'armée syrienne et les forces alliées combattent partout sur le territoire syrien. Donc, l'armée syrienne lutte contre le partage du pays, contrairement à toutes les allégations.

Après cinq ans, al-Qaïda, avec ses deux ramifications Daech et al-Nosra, est venu en principe instaurer le califat de l'obscurantisme en Syrie. Aujourd'hui, le projet d'al-Qaïda a échoué.

Le projet de l'empire turc moderne a également échoué, tout comme le projet saoudien. On ne parle pas de défaite totale, mais d'un échec. Le chef des renseignements US a avancé le chiffre de 38000 combattants qui ont été dépêchés en Syrie.

Quant au pouvoir national en Syrie, son objectif majeur est de tenir bon face à cette guerre et d'empêcher la division du pays.
Des milliards de dollars et des milliers de tonnes de munitions ont été réservées pour la guerre syrienne, et toute une machine de campagne médiatique a été investie pour effriter la Syrie. Mais en vain.

Le seul facteur derrière la victoire syrienne réside dans l'unité du pouvoir et du peuple syriens, l'attachement au pays, et la disposition à consentir les sacrifices.
Le facteur secondaire est celui du soutien des forces alliées du pouvoir syrien.

Donc, le camp ennemi encaisse les défaites et notre camp multiplie les exploits. On ne parle pas de victoire décisive, parce que les développements en cours au nord et au sud de la Syrie se succèdent très rapidement.

Intervention saoudienne en Syrie: sauver la face

Les revers des groupes armés ont poussé l'Arabie Saoudite à parler d'une intervention terrestre pour combattre Daech en Syrie, et ce, dans le cadre de la coalition internationale menée par les Etats-Unis.
C'est maintenant que l'Arabie Saoudite et la Turquie ont pris conscience du danger de Daech à Raqqa et ailleurs!

En réalité, ces deux pays cherchent à sauver la face. Leur pari sur les groupes armés n'est plus valable. Dans le but de renforcer leurs positions  sur la table de dialogue ou dans le but de perpétuer la guerre et le bain de sang en Syrie, l'Arabie Saoudite et la Turquie parlent actuellement de cette intervention terrestre.

La Turquie peut juste fermer sa frontière, et cesser d'acheter le pétrole volé par Daech pour en finir avec ce groupe.

L'Arabie Saoudite veut nous convaincre qu'elle cherche à combattre Daech! Daech et al-Qaïda sont entrés au Yémen et à Aden surtout grâce aux facilités présentées par Riyad.
Leur objectif est de mettre les pieds en Syrie face à l'autre camp. Donc, ces deux parties sont prêtes à provoquer une guerre régionale voire mondiale, mais rejettent un simple  dialogue pour parvenir à une entente politique. Voyez l'ampleur de leur rancune.

Les positions militaires saoudiennes sont détruites à la frontière avec le Yémen, malgré tout, les Saoudiens  continuent d'étrangler le peuple yéménite, et de lui imposer une guerre sans merci.
"Qu'ils interviennent ou pas en Syrie nous est profitable"

Ils ont cherché des mercenaires du monde entier pour combattre en Syrie. Je vais être clair: qu'ils viennent ou qu'ils ne viennent pas en Syrie nous est profitable. S'ils décident de ne pas intervenir, ceci nous donnera l'espoir d'une résolution prochaine de la crise syrienne. Mais s'ils décident d'intervenir en Syrie,  peut-être ça prendre un peu plus de temps, mais au moins on en finira une fois pour toute avec la crise de la région entière!
Que tout le monde sache qu'à ce jour, c'est la volonté et la décision du peuple et du commandement syriens qui ont triomphé, malgré l'effusion du sang.
Ni Daech, ni al-Nosra, ni al-Qaïda, ni les Etats-Unis, ni l'Arabie Saoudite ne pourront contrôler la Syrie. Les rêves israéliens ne seront pas réaliser, et la Syrie restera le pilier de la résistance.

Nous serons là où nous devons l'être
Nous au Hezbollah, nous sommes fiers de nos combattants, de nos martyrs, de leurs familles. Nous sommes fiers d'avoir contribué à torpiller ces projets dangereux. Nos purs martyrs qui sont tombés en Syrie sont au même titre que nos martyrs qui se sont sacrifiés au Liban lors de la guerre de juillet.
Ils ont tous avorté le projet du nouveau Moyen-Orient. Nous sommes plus décidés à poursuivre cette voie, et nous réalisons les victoires aux côtés de l'armée syrienne. Dans les jours, dans les années et dans les siècles à venir, nous serons là où nous devons l'être et nous réaliserons les victoires.

En finir avec le Hezbollah: les options israéliennes

Au sujet des risques et des menaces débattus par Israël:
L'an dernier, les dirigeants israéliens ont longuement parlé de la résistance au Liban, de ses potentiels, de ses missiles, de sa grande expérience défensive et offensive, de la Galilée… ils ont dressé plusieurs scénarios et plusieurs objectifs. Tout ceci sous le titre de la troisième guerre au Liban. Ils ont parlé surtout de la menace que représente le Hezbollah.
Pour les Israéliens, le Hezbollah représente un danger sur leur projet colonial, sur les ambitions sionistes dans la région.
Lorsqu'Israël diagnostique ce problème, ceci signifie qu'il va tenter d'éliminer ce danger. Pour cette fin, Israël est face à deux choix: mener une guerre globale destructrice contre nous, ou tenter d'assiéger et de diaboliser le Hezbollah, en asséchant ses ressources financières, en s'infiltrant dans ses rangs, en pourchassant ses membres et ses soutiens de par le monde. C'est ainsi que le Hezbollah devient faible et vulnérable, et donc, il pourra être éliminé dans une simple frappe militaire.

Lors de la guerre de juillet 2006, le premier choix a été adopté, mais en vain.

Diabolisation du Hezbollah: efforts israélo-arabes

Actuellement, on cherche à diaboliser le Hezbollah. On nous accuse de trafic de drogues, de blanchiment d'argent, de vols sur l'échelle internationale, de meurtre d'enfants et de viols de femmes. Toute une machine médiatique arabe est investie jour et nuit pour déformer notre image. Tout ceci sert le projet d'Israël.
Maintenant, ils mènent une guerre psychologique sous le titre de la troisième guerre du Liban. Il semble que les Libanais ne suivent pas actuellement les médias sionistes compte tenu de leurs préoccupations quotidiennes. Heureusement alors!

Sachez que la guerre psychologique sera vaine. Nous n'allons point fléchir et nous allons déployer tous nos efforts en tant que résistance.
Nous faisons face à la campagne de falsification  par le biais de nos valeurs, de nos exploits et de la pureté des âmes de nos dirigeants martyrs.
Parler sans cesser de la guerre est inutile, même si la donne permet actuellement à Israël de se lancer dans une guerre contre le Liban.
En effet, Israël ne cherche guère de circonstances régionales pour lancer des guerres. Quand il veut déclencher une offensive, il crée les conditions propices.

Renforcer la résistance pour empêcher une guerre

Désormais, un seul facteur pousse Israël à déclencher une guerre: Etre certain d'une victoire imminente!

Lorsqu'au Liban nous assurons les facteurs de force qui empêchent Israël de réaliser une victoire claire et prompte, ceci protège le pays. Sachez que la résistance possède nouveaux potentiels et est capable d'infliger une défaite cuisante à l'ennemi dans toute prochaine guerre.

Et ces facteurs se résument par une résistance forte, capable, décidée, avec de nouveaux potentiels et des armes défensives et offensives. Cette résistance sera ainsi capable de réaliser une victoire écrasante sur l'ennemi. Quand on soutient cette résistance, on empêche le déclenchement d'une guerre sioniste.

 Comme si le Liban possède une bombe atomique!

Un expert israélien dit: "Les habitants de Haïfa craignent une offensive meurtrière contre les conteneurs d'ammoniac, renfermant 15000 tonnes de gaz et qui provoquera la mort de dizaines de milliers d'habitants. Il critique les autorités qui, au lieu de transférer les conteneurs, ajoutent une infrastructure chimique et militaire dans cette zone. Ceci équivaut parfaitement à une bombe nucléaire. C'est comme si le Liban possédait une bombe nucléaire. Quelques missiles qui s'abattent sur ces conteneurs auront l'effet d'une bombe destructrice.

Ce sont ces facteurs de force qui épargnent au Liban une guerre sioniste. Je le rappelle une fois de plus: Nous ne sommes pas des vas-t-en guerre,  mais nous sommes attachés à ces capacités pour éviter une troisième guerre contre le Liban. Nous devons être prêts pour avorter les objectifs de cette guerre si elle a lieu.

Le sang de nos dirigeants martyrs ne sera pas perdu. A Sayed Abbas nous disons: Nous allons respecter et appliquer votre testament. Et à Hajj Imad je lui dis que tous tes efforts ont donné naissance à une génération de dizaines de milliers de combattants entrainés pour réaliser les victoires au niveau de la région entière. Et que la Paix de Dieu soit sur vous".

La face cachée de la vie de Haj Imad, l’homme qui a changé le cours de l’histoire

source: http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=286152&cid=18&fromval=1&frid=18&seccatid=23&s1=1

haj_imad

Il est des hommes qui changent le cours de l’histoire. L’ex commandant militaire du Hezbollah Imad Moughniyyeh, en fait partie.
Lorsque celui que les Libanais n’ont connu que le jour de son martyre a fondé la Résistance islamique en 1982, c’était l’année de l’invasion israélienne du Liban, celle de l’occupation de la première capitale arabe.
Cette offensive se voulait achever la résistance palestinienne, -à laquelle il avait fait part d’ailleurs- en la délogeant du pays des Cèdres, et d’en finir une fois pour toute avec toute résistance qui menace l’entité sioniste. Cette première guerre du Liban aspirait aussi à instaurer dans ce pays un pouvoir collaborateur, l’entrainant à son tour vers la normalisation, après l’Egypte.
Le pire était à craindre…D’autant que le Liban avait toujours été parmi les Etats arabes le maillon le plus faible…D’autant qu’il était clair que ces régimes voulaient sortir du conflit contre Israël, tellement ils étaient hantés, – ou se voulaient l’être- par le déséquilibre des forces à son avantage.
Ce que la Résistance peut faire
« N’est pas important ce qu’Israël peut dire ou faire. Seul compte ce que la résistance peut dire et faire », était le credo principal qui a insufflé l’esprit de résistance inlassable à celui qui a été connu pour être « l’homme des deux victoires » au Liban, raconte son compagnon de route Ramadane Abdallah Challah, le secrétaire général du mouvement de résistance palestinien Jihad islamique.
Ces deux victoires étant celle de l’an 2000, en forçant le retrait israélien du sud-Liban après plus de 20 années d’occupation, et puis celle de 2006.
L’impossible n’existe pas
Autre conviction qui a façonné ce résistant que ses compatriotes appellent intimement Haj Imad, mais dont la vie a longtemps été un grand mystère, tellement il a œuvré dans la plus grande clandestinité: l’impossible n’existe pas pour lui.
Il avait exprimé sa surprise qu’un poème signé par le célèbre poète palestinien Mahmoud Darwich, dans lequel il rendait hommage au professeur palestino-américain Edward Saïd, après sa mort, recommandait en son nom : «  si je meurs avant toi, je te lègue l’impossible».
« Le martyr Imad ne pouvait admettre, même en poésie et en littérature, que la libération de la Palestine relève de l’impossible », explique M. Challah qui avait lui-même fait lire le texte à Moughniyyeh.
Au moment même où il dirigeait la lutte contre l’occupation israélienne du Liban, Haj Imad a accordé à la résistance palestinienne toute l’expertise de la résistance libanaise, tout en prenant en considération les particularités de chacune.
Ce qui a permis de rétablir à la cause palestinienne son statut de cause centrale des Arabes et des Musulmans.
« La Palestine a été l’air qu’il respire, son identité et son appartenance. Lorsqu’il est tombé en martyre, nous étions persuadés qu’il était un palestinien jusqu’à la moelle épinière », poursuit M. Challah.
Le résistant ne meurt jamais
Une autre anecdote qui illustre en profondeur la personnalité de Moughniyyeh: il avait été profondément ému, en regardant le film américain, « Le dernier samouraï », par son dénouement. Lorsqu’après la mort de ce guerrier qui faisait la gloire de l’histoire du Japon, son compagnon de route, en offrant son sabre à l’empereur, esquiva de répondre à sa question « comment est-il mort», a préféré lui dire : «  je peux en revanche vous raconter comment il a vécu ».
Celui qui meurt pour une cause reste à jamais vivant dans la mémoire, avait alors retenu l’homme qu’Israël avait recherché pendant plus d’un quart de siècle.
Jamais le dernier samouraï
«  Lorsque haj Imad est tombé en martyre, je me suis souvenu de cette nuit lorsque nous avons regardé ensemble ce film. C’était comme s’il s’était identifié à lui. Et puis je me suis dit que non, jamais Haj Imad ne sera le dernier Libanais, ni le dernier arabe, ni le dernier résistant ni le dernier musulman dans cette bataille. C’est pour cela que chaque fois que nous commémorons son martyre, nous ne racontons pas comment l’ennemi sioniste l’a tué, mais comment il a vécu, parce que le martyr reste vivant chez Dieu », a promis M. Challah.
Son esprit plane sur la palestine
Ce dont se rappelle le plus, le numéro un du Jihad islamique palestinien, est que ce maitre en l’art de la résistance qui s’est dévoué jusqu’au dernier jour de sa vie pour avorter la culture de la défaite, nourrie par les pertes des régimes arabes et leur renoncement a légué à la résistance palestinienne  sa meilleure doctrine de dissuasion militaire: quelque soient les sacrifices, jamais plus il n’est permis à Israël d’aller en guerre comme s’il s’agissait d’une promenade gratuite.
Cette doctrine-là, qui a été mise en application pour la première fois par les palestiniens durant la guerre de 22 jours (2008- 2009), a fait ses preuves durant l’offensive des 8 jours (2014). Pour la première fois dans le conflit arabo-israélien, Tel Aviv était bombardé.
Ceci a eu lieu 6 années après la disparition de haj Imad. Son vœu exaucé, son esprit plane depuis sur la Palestine.


Remarque: Les informations sur la vie du commandant martyr Imad Moughniyyeh sont recueillies et diffusées par la fondation « Kaf ».
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Sayed Nasrallah, 16 février 2016

Interdiction de venir au monde à Jérusalem, sauf si labellisé « juif »



Un couple franco-palestinien subit une course contre la montre après que les autorités israéliennes ont détenu et expulsé en janvier une employée du consulat français, Elsa Lefort, enceinte de six mois et demi, l’empêchant de retourner auprès de son époux et dans leur maison à Jérusalem-Est (al-Qods) sous occupation.
Alors qu’elle n’est qu’à quelques jours de la date limite autorisée par sa grossesse pour voyager en avion, Elsa Lefort et son mari, Salah Hamouri, tentent désespérément de défendre leur cas de façon à ce que leur enfant puisse naître à Jérusalem (al-Qods), illustrant par leur situation si particulière les difficultés auxquelles font face les Palestiniens pour conserver leur droit et lieu de résidence dans la ville sainte occupée.

Enceinte de six mois et un « danger pour la sécurité d’Israël »

Hamouri, dont la mère est française et le père palestinien, est bien connu, après avoir passé près de sept ans emprisonné par les autorités sionistes lors de la Seconde Intifada. Il a été emprisonné sous l’« accusation » d’être un membre du Front Populaire pour la Libération de la Palestine et d’avoir envisagé l’assassinat de Obadia Yossef, le leader du Shas [extrême-droite religieuse], charge qu’il a toujours niée.

Hamouri a été libéré en 2011 grâce à l’échange de prisonniers palestiniens avec Gilad Shalit [soldat israélien capturé par la résistance palestinienne]. Plus tard, en mai 2014 dans la partie Est de Jérusalem, il a épousé Elsa Lefort, très engagée dans le mouvement de solidarité en France pour sa libération.
Elsa Lefort a déclaré à Ma’an qu’en juin 2014, elle avait entamé le processus de demande de visa pour conjoint, afin d’obtenir son propre statut de résidente de Jérusalem-Est.
Toutefois, la procédure a traîné pendant plus d’un an jusqu’en août 2015, moment où elle a été informée que sa demande avait été refusée.
Elsa a fait appel de la décision du ministère israélien de l’Intérieur de refuser son visa de conjoint, et dans l’intervalle, a obtenu un permis de travail de son employeur, le consulat français à Jérusalem, valable pour un an jusqu’en octobre 2016.
Mais le 5 janvier, alors qu’elle rentrait d’un bref voyage en France pour les vacances, Elsa a été arrêtée [kidnappée] à l’aéroport Ben Gourion à Tel Aviv par la police israélienne et incarcérée pendant deux jours et deux nuits. On lui a d’abord dit que ses papiers n’étaient pas en règle, avant de l’informer qu’elle allait être expulsée et renvoyée en France parce qu’elle constituait un « danger pour la sécurité d’Israël. »
Selon le couple Hamouri, ce n’est pas la première fois que le statut de Hamouri comme ancien prisonnier a été exploité pour leur rendre la vie difficile.
En mars 2015, Hamouri a été interdit pendant six mois par les autorités israéliennes de se rendre en Cisjordanie occupée, lui interdisant de fait de fréquenter l’université de Ramallah pour obtenir son diplôme de droit. L’ordre a été renouvelé une fois de plus en septembre, toujours au nom de « la sécurité de l’État d’Israël », a-t-il déclaré dans un entretien avec Ma’an.
Pour Elsa Lefort, les difficultés qu’elle et son époux ont rencontrées représentent une peine supplémentaire depuis la libération de Salah, le tout culminant avec sa propre détention en janvier.
« Ils auraient pu me mettre dans le premier avion pour Paris », a déclaré Elsa. « Je ne sais pas quel est leur but en emprisonnant une femme enceinte de six mois et demi pendant deux jours. Sauf si vous voulez la décourager de jamais revenir. »
La police des frontières l’a informée à l’aéroport que son permis de travail avait été révoqué, mais Elsa réplique qu’elle ou le consulat français n’ont pour l’instant reçu aucune notification officielle de cette décision.
« Pourquoi m’ont-ils délivré un visa en octobre juste pour le révoquer deux mois et demi plus tard ? » demande-t-elle. « Ils auraient pu me dire non depuis le début. »
« Ce n’est pas que moi qu’ils sanctionnent, mais c’est aussi la diplomatie française. Ce qu’ils disent ainsi, c’est : ’nous pouvons révoquer le visa d’un employé chaque fois que nous le voulons, sans même prévenir’. »
Négociations délicates

Depuis janvier, Elsa Lefort est en France, essayant d’obtenir le droit de retourner auprès de son mari, à Jérusalem-Est.
Le ministère français des Affaires étrangères, ainsi que l’ambassade française en Palestine occupée par Israël et le consulat français à Jérusalem ont demandé depuis janvier qu’Israël autorise Elsa à rentrer à Jérusalem-Est.
« Ils (consulat et l’ambassade) ont fait leur travail. Quand j’étais détenue, ils ont essayé de me faire sortir, ils ont essayé d’améliorer les conditions dans lesquelles je me trouvais », a déclaré Elsa. « Mais maintenant, ce n’est plus à leur niveau, c’est à celui du ministère des Affaires étrangères. »
Le cas de Elsa Lefort a été soulevé lors d’une session de l’Assemblée nationale française ce mercredi, lorsque Harlem Désir, le secrétaire d’État aux Affaires européennes, a parlé de l’engagement du gouvernement à trouver une solution à la question.
« Depuis que nous avons été informés (de la situation), le ministère français des Affaires étrangères s’est complètement mobilisé en appui à Mme Lefort », a déclaré Desir. « Nous avons demandé et continuons de demander sans relâche aux autorités israéliennes de revenir sur leur décision. »
Mais Elsa Lefort et Salah Hamouri n’ont pas encore vu le moindre signe encourageant quant à l’évolution de leur dossier.
Selon Lefort, c’est un « tabou » dans la diplomatie française quand il s’agit de traiter avec « Israël ». Cette réticence a des répercussions directes sur la vigueur des efforts de son gouvernement pour obtenir une solution à son cas.

« Nous voyons combien différemment sont traités les cas de personnes qui ont eu des problèmes avec les autorités au Burundi et au Népal, par rapport à quelqu’un qui a des problèmes avec Israël », dit-elle, se référant aux incidents impliquant des citoyens français dans les pays mentionnés ci-dessus, et qui ont reçu une attention politique et des médias considérables au cours des dernières semaines.
« Ce n’est pas très surprenant, c’est autant un tabou dans les médias que sur le plan diplomatique. Il y a toujours cet obstacle quand il s’agit d’Israël », a-t-elle ajouté. « Nous avons un soutien populaire très actif, tout comme nous l’avons vu quand Salah était en prison, mais au niveau politique et médiatique, ce n’est pas du tout la même chose. »
Un compte à rebours pour avoir le droit de vivre à al-Qods occupée

Une préoccupation majeure pour Elsa Lefort et Salah Hamouri est que leur enfant ne puisse pas naître à Jérusalem-Est, ce qui le (ou la) priverait de son droit de résider dans la ville.
« Même [s’il naissait ici] cela ne signifierait pas que notre enfant sera enregistré en tant que tel, simplement parce qu’il y a tant d’obstacles mis en place pour les enfants nés à Jérusalem. Mais c’est encore pire pour ceux qui sont nés à l’extérieur », a déclaré Elsa.
« C’est la pression exercée par les forces d’occupation pour essayer de nous mettre dehors, pour nous forcer à partir d’ici », a déclaré Salah Hamouri.
En 1967, après leur invasion de Jérusalem-Est, les autorités israéliennes d’occupation ont fait un recensement de la population palestinienne résidant dans la ville à ce moment-là - à l’exclusion de ceux qui avaient fui pendant la guerre des Six Jours - et leur ont accordé un statut de résident au lieu de citoyens.
Les résidents palestiniens dans Jérusalem-Est doivent être nés dans la ville, mais leur statut peut être révoqué pour un certain nombre de raisons, une fois atteint l’âge de 14 ans.
Depuis 2003, la législation israélienne a gelé la réunification des familles lorsque certains membres viennent de Cisjordanie ou de Gaza et que d’autres sont résidents de Jérusalem-Est ou ont la citoyenneté israélienne, affectant des milliers de familles.
Dans un rapport de 2015, l’organisation de défense des droits humains Saint Yves a vivement critiqué le ministère israélien de l’Intérieur et ses « procédures arbitraires sur l’enregistrement des enfants. » L’organisation a ajouté que la législation israélienne concernant Jérusalem-Est sur le droit à résidence, signifie que « d’année en année, le ministère se rapproche de la réalisation de son but ultime : vider la ville de sa population palestinienne ».
« J’ai encore l’espoir que cette situation sera résolue et que notre famille sera réunie à nouveau », nous dit Salah.
« C’est une pression psychologique quotidienne. Elsa est enceinte de bientôt huit mois, et elle est en France, faisant face en plus de cela à toutes les complications d’être une femme qui attend un bébé. Elle a besoin de moi et j’ai besoin d’elle. »
Au-delà des circonstances difficiles vécues par leur propre famille, Elsa Lefort a dit qu’elle et son époux sont bien conscients que leur situation reflète la lutte à plus grande échelle des Palestiniens dans la ville sainte.

« Nous voulons faire connaître le traitement que subissent les Palestiniens de Jérusalem» dit-elle. « Nous nous battons pour réunir notre famille, mais nous ne nous battons pas que pour nous-mêmes. Nous voulons que les gens sachent ce qui se passe à Jérusalem, que les choses changent, et que l’injustice cesse. »

Avec Info-Palestine
Sur Manar

14 février 2016

Je résisterai.

Je résisterai.

Je résisterai

Je perdrai peut-être – si tu le désires – ma subsistance
Je vendrai peut-être mes habits et mon matelas
Je travaillerai peut-être à la carrière comme porte faix, balayeur des rues
Je chercherai peut-être dans le crottin des grains
Je resterai peut-être nu et affamé
Mais je ne marchanderai pas
O ennemi du soleil
Et jusqu'à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai.
Je résisterai
Tu me dépouilleras peut-être du dernier pouce de ma terre
Tu jetteras peut-être ma jeunesse en prison
Tu pilleras peut-être l'héritage de mes ancêtres
Tu brûleras peut-être mes poèmes et mes livres
Tu jetteras peut-être mon corps aux chiens
Tu dresseras peut-être sur notre village l'épouvantail de la terreur
Mais je ne marchanderai pas
O ennemi du soleil
Et jusqu'à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai.
Tu éteindras peut-être toute lumière dans ma vie
Tu me priveras peut-être de la tendresse de ma mère
Tu falsifieras peut-être mon histoire
Tu mettras peut-être des masques pour tromper mes amis
Tu élèveras peut-être autour de moi des murs et des murs
Tu me crucifieras peut-être un jour devant des spectacles indignes
O ennemi du soleil
Je jure que je ne marchanderai pas
Et jusqu'à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai.

Samih al-Qâsim
Poème original : Rubbama ربما (Peut-être)
Traduction de Abdellatif LAABI, écrivain marocain.
Version originale

Poète, journaliste, ancien membre du Parti communiste, Samih Al Qasim, mort en août 2014, a publié de nombreux recueils de poésies. Il a été arrêté à plusieurs reprises et soumis à résidence surveillée de la part de l'occupant israélien en raison de ses positions politiques.

12 février 2016

Le Tunisien Tahar Manai de nouveau sur l’Everest


tahar sur l everest


Tahar Manai au camp de base de l’Everest en avril 2015. Une grande partie de son matériel, dévasté par l’avalanche – causée par le séisme survenu le 25 -04-2015, au nord-ouest de Katmandu- qui a causé la mort de dizaines d’alpinistes.


Rien, ni personne, ne l’empêchera d’aller au bout de son rêve. Courageux, déterminé, Tahar Manai, originaire d’Ouardanine (Sousse), ne lâche rien : il a décidé de repartir fin mars au Népal. Plus que jamais, il veut devenir le premier Tunisien à atteindre le sommet de l’Everest.
« La réalisation d’un rêve de gamin », explique ce jeune franco-tunisien 27 ans, sapeur pompier professionnel à la caserne de Massy (91), en banlieue parisienne. « Ce sera aussi un cadeau pour tout le peuple tunisien » clame cet amoureux des grands espaces. Son projet qui s’appelle « l’ascension d’une nation » a pour slogan : « ça ne sera pas mon Everest, mais le notre, celui de tous les Tunisiens ».
C’est la deuxième fois que Tahar Manai s’attaque à la plus haute montagne du monde. L’année dernière, il avait été stoppé dans son ascension à cause d’un terrible tremblement de terre.
Le samedi 25 avril 2015, un fort séisme d’une magnitude de 7,8 s’était produit à 80 km au nord ouest de Katmandu, la capitale népalaise, et avait fait près de 8700 morts.
Un tremblement de terre qui s’était fait également ressentir jusque dans le camp de base de l’Everest où Tahar Manai se trouvait. Le séisme avait causé une avalanche emportant avec elle une dizaine d’alpinistes. Une grande partie de l’installation du camp avait été également ensevelie, dont le matériel du Tunisien.
Comme l’année dernière, Tahar Manai a décidé de s’appuyer sur le champion de triathlon français Vincent Luneau pour l’aider dans sa préparation physique et mentale. Et comme l’année dernière, l’alpiniste n’a rien laissé au hasard.
« En plus des entrainements classiques, je prend soin de mon alimentation. Je me suis également rendu plusieurs fois en montagne pour être au maximum de ma forme le jour J», détaille l’alpiniste qui malgré son jeune âge a déjà atteint plusieurs sommets : Le Mont-Blanc, le Kilimandjaro, ou encore la plus haute montagne d’Amérique du Sud, l’Aconcagua (6900 m).

Et comme l’année dernière, Tahar Manai, peine à rassembler les fonds nécessaires à son ascension. « C’est difficile d’obtenir des sponsors. Nous sommes sur quelques pistes mais rien n’est encore sûr », annonce-t-il.

Pour celles et ceux qui aimeraient l’aider, un appel à dons a été lancé:
https://www.indiegogo.com/projects/1er-tunisien-sur-leverest-1st-tunisian-on-everest#/
Nadir Dendoune


05 février 2016

Algérie : Article 51 et binationalité


photo-drapeau-algerie


Alors qu’en France, la « déchéance de nationalité » fait débat, en Algérie, c’est le nouveau projet de constitution qui est en débat et une vive polémique a éclaté entre autre sur l’article 51 de ce projet qui ferme les hauts postes de responsabilité aux binationaux.

Les Tunisiens qui viennent tout juste d’adopter leur constitution ne se sont guère posé cette question et aucun débat de ce genre n’a accompagné sa longue élaboration. Bien plus et alors qu’historiquement (constitution de 1959) seul un tunisien de naissance, dont les parents et les grands parents sont eux-mêmes tunisiens (avec les autres conditions d’âge et de confession…) peut se porter candidat à la magistrature suprême, la Constitution de 2014 autorise même un bi ou tri national à se présenter à l’élection présidentielle à la seule condition qu’il renonce à la deuxième nationalité en cas d’élection..
Depuis 2011, les gouvernements tunisiens successifs ont compté de nombreux membres bi et tri nationaux et même le chef de l’un d’entre eux un Franco-tunisien. On ne compte pas non plus les ambassadeurs et consuls généraux tunisiens accrédités dans des pays dont ils portent la nationalité. Cela ne semble gêner personne. Mais voyons d’abord ce qui se passe chez le voisin Algérien

A.M.


Algérie : Article 51 et binationalité

par Djamel LABIDI
3 Février 2016

 » Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. »
(Président J.F.Kennedy, discours d’investiture, 20 Janvier 1961)
L’intérêt du débat actuel , mené sur l’article 51, à la faveur du débat sur la nouvelle Constitution, est qu’il permet d’aborder la question de la double nationalité au grand jour, de façon franche alors qu’elle a jusqu’à présent été occultée ou traitée de façon administrative.
Le principal argument des adversaires de l’article 51 du projet de Constitution est de dire que la règle de droit, notamment pour l’accès aux hautes fonctions de l’Etat, doit être la même pour tout le monde, binationaux ou non, dès lors qu’ils ont en commun la nationalité algérienne.
On oublie cependant de préciser de quelle règle de droit on parle, car il s’agit justement de fixer cette règle, à travers la Constitution puis la loi, comme partout dans le monde. Autrement ce serait partir de l’axiome que la règle de droit, fixant la nationalité et son exercice, est partout la même.
Or ce n’est pas le cas. Elle dépend de l’histoire de chaque société.
Les règles gérant la nationalité sont forcément différentes par exemple entre pays d’immigration et pays d’émigration.
Ainsi les Etats Unis ont largement ouvert leurs portes à l’émigration pendant des siècles. Mais des gardes -fous ont été placés. La citoyenneté américaine implique expressément le renoncement à la loyauté envers tout autre Etat étranger. L’article 349 de la loi de l’immigration et la nationalité prévoit la perte de la nationalité américaine dans les cas suivants: obtention de la nationalité d’un Etat étranger, acceptation d’un emploi au service d’un gouvernement étranger, serment prêté dans un Etat étranger, enrôlement ou service au sein d’une armée étrangère. Bref, dans la conception américaine, l’émigrant change de nation.
De plus le fait de posséder la nationalité américaine n’implique pas de jouir de tous les droits liés à la nationalité américaine. C’est le cas de certains territoires américains Porto Rico, Gam, les Samoa américaines etc… Leurs habitants disposent de la citoyenneté américaine et d’un passeport américain mais ne peuvent participer aux élections fédérales.
Des Etats, la Chine, le Japon interdisent la double nationalité. L’Allemagne exigeait, jusque récemment, la preuve que la personne a renoncé à sa nationalité précédente. Elle n’a accepté la double nationalité, dernièrement ( juin 2014) que pour les allemands d’origine étrangère. L’Australie interdit aux binationaux l’accès à certaines fonctions etc..
Il faut ajouter à cela que les mêmes actes n’ont pas la même signification suivant qu’un pays soit puissant ou encore fragile. Les pays dominants auront tendance à ouvrir la nationalité ( et d’ailleurs à la restreindre en période de crise), les pays à l’indépendance récente à la consolider.
Bref, la façon d’envisager la question de la nationalité dépend donc de l’histoire de chaque pays.
La nationalité algérienne s’est affirmée dans la lutte contre le colonialisme français. Nous avons clamé au monde entier que nous n’étions pas français. Il y a eu plus d’un million de morts pour cela, pour nous donner une patrie et ce passeport vert. Il serait donc pour le moins incohérent aujourd’hui, pour un haut responsable de la république algérienne de se réclamer à la fois des valeurs de Novembre et de la nationalité française.
Imaginons un président de la République algérienne ayant la double nationalité, et étant par exemple, algérien et français. Cela n’a pas de sens. Imaginons un ministre algérien ou même un haut fonctionnaire devant gérer un crédit financier avec un pays étranger et possédant, outre la nationalité algérienne, celle de ce pays. Il agirait au profit de qui. On le voit bien, il faut des règles de droit pour gérer cette question. Il vaut mieux le faire dans la clarté, dans la transparence au lieu de vivre dans le mensonge, dans les cachotteries, dans les non-dits comme cela a été longtemps le cas sur cette question. Ceci est aussi un pas supplémentaire vers l’Etat de droit.
Acquérir une nationalité est un acte humain majeur. Il ne peut être banalisé. Le réduire à un simple acte utilitaire, comme celui par exemple de ne plus avoir besoin de visa, comme le font certains, est manquer de respect à la fois à deux nations: celle d’origine et celle d’accueil.
Certes l’Histoire continue : il y a les différentes strates de l’émigration au fil du temps, il y a aussi le phénomène de l’exode des compétences dont pâtissent les pays en développement. Emigration et utilisation des compétences algériennes se trouvant à l’étranger sont les deux situations souvent évoquées dans le débat sur la double nationalité. Voyons ces deux points.
L’émigration
L’émigration algérienne a une histoire. Il y a celle d’avant l’indépendance et celle d’après. Se réclamer du nationalisme et du prestige de celle d’avant l’indépendance pour justifier certaines positions, dans le débat sur la binationalité et l’article 51, c’est confondre les périodes historiques et tomber dans un anachronisme total. Les émigrés, vivants en France, avant l’indépendance, ont lutté pour la nation algérienne, et non pour réclamer la nationalité française. L’émigration à cette époque, et pendant une période après l’indépendance, était celle essentiellement de travailleurs manuels. Après la libération du pays, eux et les autres vagues d’émigration de travailleurs, ont gardé leurs réflexes nationalistes, peut être avec plus de force qu’au pays. Ils ont toujours rêvé du retour pour eux et leurs enfants. Après l’indépendance, résidents en France, ils ont continué à faire montre de beaucoup de prévention envers l’acquisition de la nationalité française. Ils en redoutaient les conséquences pour leurs enfants à travers notamment les discriminations néocoloniales dont ils pourraient souffrir et le service militaire dans l’armée française. Ses craintes étaient hélas fondées. Les fils et filles d’émigrés continuent jusqu’à aujourd’hui de souffrir de discriminations malgré la nationalité française. L’armée française a utilisé largement des fils d’émigrés maghrébins dans des interventions directes ou secrètes à l’étranger, notamment, cela pour des raisons évidentes, dans les pays arabes et musulmans. C’est ainsi qu’on parle de l’utilisation de jeunes fils d’émigrés maghrébins comme tireurs d’élite dans les forces spéciales françaises en Lybie, en Afghanistan et en marge de l’opération « Serval « au Mali.
L’Histoire de l’émigration algérienne en France continue d’être douloureuse. A la demande de la nationalité française qu’ouvraient les accords d’Evian, les travailleurs émigrés ont toujours préféré leurs cartes de résidence et les files interminables pour son renouvellement devant les préfectures françaises. Pour une partie de cette émigration, les circonstances et le droit du sol ont fait que leurs enfants sont de nationalité française. Mais leurs enfants continuent de regarder avec circonspection ceux qui vivant en Algérie ont demandé, eux, à avoir la nationalité française.
Il ne faut donc pas faire l’amalgame, pour les besoins de l’argumentation, entre ceux-ci et ceux-là, entre ceux qui ont eu de fait la nationalité française et ceux qui l’ont demandée. Les situations sont différentes, tout dépend des circonstances et des motivations. L’opinion publique algérienne sait discerner les nuances.
L’exode des compétences
C’est la nouvelle émigration. L’exode des compétences est produit essentiellement par les inégalités de développement entre pays. C’est une question à la fois grave sur le plan économique et douloureuse sur le plan moral.
Sur le plan économique, cet exode représente un transfert gratuit vers les pays les plus développés d’énormes ressources humaines, et donc de l’énorme capital qui a servi à les former.
Les compétences, qui partent, quittent un pays, leur pays, à qui ils doivent tout, leur éducation, leur formation. Le sentiment douloureux de culpabilité qui en résulte, pour la plupart d’entre eux, n’est pas en réalité stérile. Il traduit une conscience morale, celle de leurs obligations envers leur patrie. Il les interpelle sur ce qu’ils ont fait pour leur pays et il est une puissante motivation pour revenir au pays et/ou lui apporter ce qu’ils ont pu apprendre.
L’attitude du cadre ou du scientifique envers son pays n’a donc rien à voir avec la question de la binationalité. Elle est déterminée par des valeurs.
Il est d’ailleurs faux d’établir une relation entre l’utilisation des compétences algériennes se trouvant à l’étranger et la question de la double nationalité. Cela au moins pour deux raisons:
– la première est qu’il n’y pas une causalité directe entre le fait de travailler à l’étranger et celui de prendre la nationalité du pays d’accueil. Les cartes de résidence, de la Green card au titre de séjour, remplissent amplement cette fonction. C’est le cas par exemple pour les émigrés occidentaux. On peut, sans grand risque de se tromper dire que c’est aussi le cas de la grande majorité de nos compétences se trouvant pour plus ou moins longtemps à l’extérieur du pays.
– la deuxième est que l’acquisition de la nationalité du pays d’accueil joue en réalité dans le sens inverse, celui de la fixation de l’immigrant. Il ne faut pas s’y tromper: c’est le pays d’accueil qui y trouve son compte et non le pays d’origine. C’est la raison pour laquelle certains pays occidentaux facilitent l’accès à la nationalité pour les compétences.
Prendre la nationalité du pays d’accueil est en effet, un acte qui traduit la volonté de s’intégrer à ce pays de façon implicite ou explicite. L’inverse est aussi vrai: conserver sa seule nationalité algérienne traduit un projet de vie, une vision du monde, une appartenance, une volonté de garder très fort le cordon ombilical avec le pays. C’est d’ailleurs de cette manière que cela est vécu par les concernés et perçu par l’opinion publique. Et c’est aussi une manière d’exprimer sa fidélité et donc sa disponibilité à son pays.
On donne souvent comme exemple d’ouverture et de tolérance envers la double nationalité, celui de binationaux d’origine algérienne élus à des mandats politiques dans d’autres pays occidentaux, comme c’est le cas en France. Outre que cela est encore rare, il faut signaler que ces exemples confirment en réalité que pour être élu il faut partager la vie d’un pays, sa langue, sa culture, bref y être intégré.
Au fond, la double nationalité est en elle-même une contradiction. Peut-on être l’un et l’autre, ici et là. Vaste débat qui dépasse le cadre de cet article. En tout cas, la contradiction est si évidente que rares sont les Etats qui s’aventurent à reconnaitre officiellement la double nationalité, même s’il l’autorise comme c’est le cas de la France qui cependant ne l’inscrit pas dans son droit. Ou alors il faudrait permettre l’existence de citoyens différents par rapport à leurs droits et devoirs nationaux, et qui pourraient se référer à l’une ou l’autre nationalité selon la conjoncture, les avantages ou leurs intérêts.
Ceux qui défendent le point de vue d’un traitement indifférent des algériens par rapport aux hautes fonctions officielles ou électives, qu’ils aient la double nationalité ou non, ceux-là oublient cependant que la situation des uns et des autres est différente précisément sur ce point, celui du rapport de la nationalité avec les critères exigés par ces hautes fonctions. C’est donc à la Constitution et à la loi de veiller à ce que les mêmes critères d’accessibilité à ces fonctions soient appliqués et que tous les algériens s’y conforment, pour avoir les mêmes devoirs envers leur pays.
La nationalité comme la binationalité ou la multinationalité est le résultat d’une Histoire, celle de la fin des empires coloniaux, des inégalités de développement qui crée les flux migratoires et les exodes des compétences. Ses contradictions reflètent toutes les contradictions et les déchirements de notre époque. Il ne s’agit pas d’aborder cette question de façon moralisante ou étroitement nationaliste comme il ne s’agit pas de produire un discours de légitimation qui pourrait permettre de justifier les égoïsmes, les individualismes et l’ingratitude par rapport aux sacrifices de tous ceux à qui nous devons d’avoir une patrie.
Si la question de la nationalité se pose de manière si vive, c’est que la nation est pour l’instant et pour longtemps le cadre du développement humain et des relations avec les autres. Quand on part ailleurs, on s’aperçoit très vite qu’on vaut ce que vaut son pays.

Paru dans le Quotidien d'Oran du 3 Février 2016

 https://tunisitri.wordpress.com/2016/02/05/algerie-article-51-et-binationalite/
Merci Ahmed MANAI

03 février 2016

2
fév
2016

[Recommandé] Destructions wahhabites : les lieux saints de l’islam en péril

Par Corinne Autey-Roussel, pour Les-Crises.fr



Au delà de l’émotion, la destruction de sites historiques majeurs par Daech en Syrie et en Irak pose question : le vandalisme de l’organisation terroriste relève-t-il de la simple irresponsabilité ou au contraire, est-il fondé sur une idéologie précise ? A l’examen des attitudes wahhabites envers les lieux de mémoire, la réponse se trouve en Arabie Saoudite. Si la destruction de lieux sacrés – et avant tout ceux de l’islam lui-même – a eu ses adeptes dans le passé, dont les premiers Abassides au VIIIème siècle et les premiers Séfévides persans au XVIème siècle, ce n’est qu’avec l’arrivée du wahhabisme, au XVIIIème siècle, qu’elle s’inscrit au cœur même de l’islam réformiste radical. Or, le wahhabisme est aux fondements de l’Arabie Saoudite.
En 1703, à Al-Uyaynah, une oasis du nord de Riyad, naît Muhammad ibn Abd al-Wahhab. En esprit aussi individualiste que puritain, n’écoutant que ses propres perceptions, al-Wahhab conteste l’autorité de ses professeurs et, selon certaines sources, puise dans les prescriptions de l’école hanbalite (la plus rigoriste des quatre écoles de l’islam) pour fonder une ligne doctrinale à même de purger l’islam de ce qu’il considère comme des éléments de décadence et le ramener à une pureté originelle dont il définit personnellement les conditions. D’autres sources, en particulier wahhabites, nient tout rapport avec l’école hanbalite et proclament l’originalité absolue d’al-Wahhab, dont l’inspiration aurait émané d’une révélation divine directe. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, une autre mouvance musulmane fondamentaliste, le Salafisme, est aussi liée au wahhabisme qu’à l’école hanbalite dont elle tire son origine.
Après qu’il ait pris sur lui d’infliger des punitions à ceux qui ne se joignaient pas aux prières communales, détruit de ses mains la tombe d’un saint de l’islam et mené un groupe de zélotes à lapider une femme, l’activisme religieux d’al-Wahhab lui vaut un bannissement de sa ville pour hérésie. A Dariya, un village distant de quelques soixante kilomètres, il trouve la protection de l’émir local, Mohammed ibn al-Saoud. Al-Whabbab qui, à l’instar d’un Luther ou d’un Calvin, rejette les exégèses des oulémas accumulées au cours des siècles pour y substituer le libre examen individuel du Coran, des hadiths et de la Sunna, décrie le culte populaire des saints de l’islam et rejette violemment les innovations inacceptables (bid’ah) constituées, selon lui, par le chiisme et le soufisme, est si bien accueilli qu’al-Saoud officialise sa doctrine moyennent un pacte : le minuscule émirat adopte les vues d’al-Wahhab contre le soutien loyal de tous les wahhabites à sa famille régnante. Ainsi, dès ses débuts au XVIIIème siècle, le wahhabisme a représenté le socle du pouvoir politique des Saoud. Il le reste à ce jour.

Le wahhabisme, instrument guerrier et politique

A l’époque, l’empire ottoman administre La Mecque et Médine, mais l’émirat wahhabite-saoudien entreprend une série de campagne de conquêtes militaires et s’étend rapidement. Dès 1790, les wahhabites dominent de vastes territoires de la péninsule arabique et lancent des raids contre Médine et des villages d’Irak et de Syrie. Entre leurs mains, le rejet de “l’idolâtrie” devient un outil de contrôle politique par la terreur : les accusations d’hérésie justifient toutes les discriminations et tous les massacres. En 1801, outre leurs habituels raids meurtriers contre les “apostats” des villages d’Arabie, les troupes d’Abdelaziz ben Mohammed ben Saoud mettent à sac la ville sainte chiite de Karbala, profanent la mosquée de l’imam Al-Hussein ibn Ali, rasent sa tombe et assassinent des milliers de chiites, femmes et enfants compris. Le coup de main forge une réputation de cruauté telle à  Abdelaziz qu’en 1803, les habitants de La Mecque, pris de panique, se rendent sans combattre – une victoire que les wahhabites fêteront par une véritable orgie de destruction de sites historiques, de mosquées et de tombeaux de saints de l’islam. Et même si, la même année, un assassin chiite tue Abdelaziz pour venger Karbala, la guerre de conquête saoudienne, poursuivie par son fils, continue d’avaler des pans entiers de l’empire ottoman, dont Médine en 1804. Face au désarroi des musulmans, en 1812, le sultan ottoman Mahmoud II se décide à envoyer une armée égyptienne renforcée de tribus arabes anti-wahhabites à la reconquête des territoires perdus. Au terme de deux ans de combats, La Mecque, Djeddah et Médine repassent sous contrôle ottoman. Les Égyptiens poussent leur avantage et en 1818, les forces wahhabites finissent décimées, leur capitale Dariya en ruines et leur émir Abdallah ben Saoud, décapité pour ses profanations de lieux saints.
Le premier État saoudien n’existe plus.
Au début du XXème siècle, à la tête des Ikhwan, une milice wahhabite recrutée au sein de tribus bédouines sédentarisées dont il se débarrassera une fois la victoire acquise, Ibn Saoud ressuscite le rêve saoudien de conquête de la péninsule arabique et reprend Riyad en 1902, la région du Hasa en 1913 puis, à la faveur de l’engagement ottoman dans la Première Guerre mondiale, La Mecque en 1924 et Médine en 1925. Les méthodes sanguinaires de groupes terroristes actuels tels que Daech ou Boko Haram copient à la lettre celles des Ikhwan, des adeptes par tradition ancestrale de la razzia mués en combattants fanatiques : la conversion ou l’épée. En 1924, à Ta’if, près de La Mecque, la résistance des habitants aboutit au sac de la ville, au massacre de trois cent  hommes adultes et à la réduction en esclavage de leurs femmes et enfants.
Sur les décombres de l’empire ottoman, le 22 septembre 1932 Ibn Saoud annonce la création d’un nouvel état, l’Arabie Saoudite. Principalement composé de vastes étendues désertiques, le royaume est misérable, mais cela ne durera pas. Dès l’année suivante, la découverte d’immenses champs de pétrole place l’Arabie Saoudite au rang des pays les plus importants de la planète et le wahhabisme, avec ses moyens dorénavant inépuisables, au centre des débats sur l’islam.

Wahhabisme et lieux de mémoire, une incompatibilité structurelle

Selon al-Wahhab, le monde musulman doit être purifié des tombes, reliques et sanctuaires qui “divinisent des êtres humains” et à ce titre, représentent un polythéisme déguisé. Quant aux pèlerins qui se pressent dans les lieux saints de l’Islam, ce sont à ses yeux des “infidèles”. Le double dogme de l’excommunication (takfir) et de la destruction des lieux de pèlerinage représente donc un axe du puritanisme wahhabite. La première tombe à raser, choisie par al-Wahhab lui-même, sera celle de Zayd ibn al-Khattab, compagnon de Mahomet et frère du second calife Omar. Al-Wahhab signifie par ce choix que tous les lieux de pèlerinage de l’islam doivent être démantelés, pas seulement les lieux saints chiites ou soufis.
Après leur seconde prise de La Mecque et Médine, les Saoudiens progresseront dans leurs déprédations, mais probablement à cause de leur nouveau statut de gardiens des lieux centraux de l’islam, avec une certaine mesure  – Jusqu’à ces deux dernières décennies, qui ont vu le rythme des démolitions s’accélérer.


Kaaba, La Mecque, avant. Photo non datée.

Kaaba, La Mecque, aujourd’hui.

L’Arabie Saoudite, une terre millénaire transformée en méga-complexe hôtelier


Destruction en cours des portiques ottomans, La Mecque 2014.
Depuis 1985, 98% des sites religieux et des édifices millénaires de l’Arabie Saoudite ont disparu. En 2014, les portiques ottomans qui entouraient la Kaaba depuis des siècles ont été enlevés, officiellement pour permettre l’extension de la grande mosquée de La Mecque. Auparavant, la maison de l’oncle de Mahomet, Hamza, avait déjà cédé la place à un hôtel ; la maison de Khadijah, sa première épouse, à des toilettes publiques et celle d’Abou Bakr, le premier calife de l’islam, à un hôtel Hilton flanqué d’un Burger King.  Aujourd’hui, l’hôtel Mecca Royal Clock Tower construit par l’entreprise de bâtiment Saudi Binladin Group (groupe Ben Laden), qui fait partie d’un complexe ultra-moderne comportant un centre commercial de cinq étages, des hôtels de luxe et des parkings, surplombe la Kaaba à la place de la forteresse Al-Ajyad, une citadelle ottomane bâtie en 1780 pour protéger la ville sainte et ses sanctuaires.  L’acte a été qualifié “d’acte de barbarie” et de “massacre culturel” par la Turquie.

Forteresse al-Ajyad vue de la Kaaba. La Mecque, 1889
Mecca prayer, 1889.tif
By ʻAbd al-Ghaffār, al-Sayyid, Physician of Mecca, photographer - http://hdl.loc.gov/loc.pnp/cph.3b06798, Public Domain, $3
La forteresse al-Ajyad vue de près. La Mecque.
http://www.somalinet.com/forums/viewtopic.php?t=316140
Les bulldozers et les pelleteuses à l’œuvre. La forteresse a été rasée et la colline nivelée.

Forteresse ottomane Al-Ajyad en surplomb de la grande mosquée al-Haram, aujourd’hui détruite et remplacée par un complexe urbain, dont un hôtel 5 étoiles et un centre commercial. La Mecque.

Le complexe érigé à côté de la Kaaba (La Mecque) à la place de la forteresse ottomane Al-Ajyad.

Bibliothèque du lieu présumé de naissance de Mahomet. Démolition en cours, 2014.
À côté de ces bouleversements flagrants de l’espace public, d’autres changements plus discrets sont tout aussi définitifs. Des maisons anciennes, mosquées et sanctuaires ont disparu par centaines. Selon le témoignage de l’activiste saoudienne Nimah Ismail Nawwab à Time, les bulldozers sortent à la nuit noire. “Tout arrive la nuit. Le matin suivant, le monument est parti”. Même le lieu présumé de naissance de Mahomet, d’abord transformé en bibliothèque au cours des années 60, est aujourd’hui voué à la destruction dans le cadre d’un grand projet d’extension du palais royal.
Les bulldozers saoudiens actuels ne font que finir le travail entamé lors de la première prise de La Mecque, en 1803. A l’époque, entre autres destructions (comme celle de la coupole de la source Zamzam), les dômes des tombes de personnages centraux du cimetière Jannatul Mu’alla, dont celles du grand-père et de la première épouse de Mahomet, avaient fait place à une esplanade désertique jalonnée de cailloux marquant leur emplacement. Et, pour ne plus laisser aux pèlerins la moindre chance de les situer, même ces repères discrets ont été détruits ou déplacés lors des purges de 1925. A Abwa, la tombe de la mère de Mahomet, rasée, arrosée d’essence et brûlée, n’est plus signalée aujourd’hui que par un cercle de pierres perdu dans une étendue de rocailles.

Jannatul Mu’alla, à La Mecque, tombe de la première épouse de Mahomet, Khadija. Avant.

Jannatul Mu’alla, à La Mecque, où reposent la première épouse du prophète Mahomet et d’autres personnages centraux de l’islam, avant.

Jannatul Mu’alla, La Mecque, aujourd’hui.
A Médine, le cimetière Jannatul Baqi’ situé à quelques mètres de son cœur religieux, la mosquée al-Nabawi ou mosquée du prophète, a également vu ses dômes et mosquées rasés entre 1806 et 1925. Entre autres mausolées des nombreux proches, compagnons et membres de tribu de Mahomet, ont disparu ceux de son oncle, de ses tantes, de son fils, de sa fille, de ses épouses et des imams Al-Hassan ibn Ali, Muhammad al-Baqir, Ali Zayn al-Abidin et Ja’far al-Sâdiq. Et aujourd’hui, le lieu où le prophète de l’islam s’était réfugié au cours de la bataille d’Uhud a été scellé au ciment ; les sept mosquées de la Bataille du fossé, officiellement fermées pour restauration en 2006, avaient en réalité été laissées à l’abandon avant leur démolition, en 2014 ; une mosquée ayant appartenu à Abou Bakr a laissé place à un guichet automatique bancaire, et un projet officiel présenté sur 61 pages en 2014 suggère de détruire le tombeau de Mahomet abrité dans la mosquée al-Nabawi et de transférer ses restes dans une tombe anonyme. Étant donnée la levée de boucliers déclenchée par le projet, les Saoudiens l’ont pour le moment mis en sommeil, mais pour combien de temps ?

Mosquée d’Abou Bakr, Médine. Aujourd’hui disparue.
Tout la région du Hedjaz y est passée : de sites scellés au ciment ou dynamités en habitations historiques, mosquées et mausolées rasés, en deux décennies, le pays s’est mué en royaume de l’immobilier moderne où hôtels, parkings et centres commerciaux effacent toute trace d’histoire, à tel point que nombre de musulmans, lettrés comme simples fidèles, comparent ses villes saintes à Las Vegas.
Mais – car il y a un mais – la destructivité des Saoud envers le patrimoine de l’islam et au-delà, à travers les saccages d’organisations wahhabites comme Daech, envers l’héritage culturel général de l’humanité, exclut celui de l’Arabie Saoudite elle-même. Que ce soit de l’hypocrisie, du chauvinisme, une volonté d’afficher une façade de normalité ou une démonstration implicite de pouvoir, un fait inexpliqué demeure : en Arabie Saoudite, des fouilles archéologiques soigneuses mettent régulièrement au jour des objets antiques, aussi bien musulmans que préislamiques, que le musée national de Riyad et des musées de Djeddah se chargent d’exposer et de prêter à des musées du monde entier, représentations anthropomorphes interdites par le wahhabisme incluses. Et ceux-là, idolâtrie ou non, pas question pour eux d’y toucher.

Stèle anthropomorphe prêtée au Louvre en 2010. Arabie préislamique, 4000 av J.C. Musée National de Riyad.

Site archéologique nabatéen Al-Hijr, Arabie Saoudite. Classé patrimoine de l’humanité par l’Unesco.

District At-Turaif de Dariya, première capitale des Saoud. Travaux de restauration en cours. Classé patrimoine de l’humanité par l’Unesco.
Quoi qu’il en soit, l’Arabie Saoudite d’al-Wahhab a développé une version sui generis de sa religion, le wahhabisme saoudien et qatari, animé d’un inlassable zèle prosélyte financé par ses pétrodollars, s’étend chaque jour un peu plus dans le monde, avec son cortège de destructions. Mais, par un étonnant retour des choses – qui ne consolera toutefois pas des centaines de monuments millénaires disparus – des tombes de moudjahiddines wahhabites particulièrement réputés pour leur baraka sont aujourd’hui devenues des lieux de pèlerinage “miraculeux”où les fidèles vont demander leur intercession, qui pour avoir des enfants, qui pour recouvrer la santé, trouver du travail ou d’autres faveurs… “Chassez le naturel, il revient au galop”.


Jannatul Baqi’, à Médine, aujourd’hui. Tombes de quatre imams et de l’oncle de Mahomet.

ANNEXE, photos et vidéos

La Mecque en 1930, vidéo

Destruction of Islamic heritage: How and Why, par le Dr Irfan Al Alawi de l’Islamic Heritage Research Foundation de Londres et Jerome Taylor, journaliste pour The Independent. En anglais.

Al Baqi’, le cimetière sacré et islamique détruit, avant-après.Vidéo.

Jannatul Baqi’, à Médine, où reposent des membres de la famille et des compagnons du Prophète, avant sa destruction de 1925 par Ibn Saoud.

Jannatul Baqi’, à Médine, aujourd’hui.

Autre vue de Jannatul Baqi’, à Médine, aujourd’hui.

La grande mosquée al-Haram de La Mecque, aujourd’hui.

Travaux d’extension et démolitions, grande mosquée de La Mecque, 2013

Portiques ottomans aujourd’hui démolis ou déplacés, La Mecque.

Médine, mosquée (Al-Masjid) al-Nabawi ou mosquée du prophète, avec le célèbre dôme vert qui marque la tombe de Mahomet située à l’intérieur.

ANNEXE 2, photos d’Arabie Saoudite

Le hadj à travers les âges. La Mecque, avant. Photos non datées.

La Mecque, avant. Photo non datée.

La grande mosquée de la Mecque, avant, avec ses arches et ses portiques ottomans encore intacts.

La Mecque, aujourd’hui.

La Mecque, quatre images de destructions d’arches et de portiques ottomans dans le cadre des travaux d’agrandissement du mataf (espace de circumambulation autour de la Kaaba).




La Mecque, décembre 2014.

La Mecque, décembre 2014. Au premier plan, les dômes des portiques ottomans.

Pelleteuses à La Mecque, décembre 2014.

Pelleteuses à La Mecque, décembre 2014.

Portiques ottomans défoncés, La Mecque 2014.

Sans commentaire…




LA La Mecque, les travaux ne s’arrêtent pas la nuit. 2014.





La Mecque by night, chantier et pèlerins.

Nouveaux portiques autour de la Kaaba. Briques, pas de décorations.

Plans de l’extension du mataf (espace de circumambulation autour de la Kaaba).



Sur la gauche, travaux d’extension du palais du roi. Décembre 2014.
http://www.skyscrapercity.com/showthread.php?t=1237079&page=380
Vidéo de la chute d’une arche :
https://www.instagram.com/p/wM4bBjDBoW/
…et une photo de plus. La Mecque, décembre 2014.

La tradition cède le pas à une modernité sans concessions qui n’est pas sans rappeler le style architectural des aéroports : pylônes de béton, escaliers mécaniques, sobriété des volumes et luminosité du marbre. La Mecque, décembre 2014.

Enlèvement de la dernière colonne ottomane, 22 décembre 2014. Aux dernières nouvelles, l’intervention de la Turquie a sauvé les colonnes et portiques ottomans de la destruction. Après leur enlèvement, ils ont été pris en charge par une entreprise turque de restauration.

Médine, derrière la façade ouest de la mosquée du prophète. 12 300 bâtiments ont été démolis aux alentours de la mosquée. Décembre 2014.

Médine, mosquée du prophète, travaux d’extension de l’esplanade sur douze hectares de terrain exproprié, décembre 2014.

Médine, mosquée du prophète, aujourd’hui. 2016.

Intérieur de la mosquée du prophète, Médine.

Deux images de l’intérieur de la mosquée du prophète pendant le ramadan, Médine 2012.


Une des façades de la niche entourant la tombe de Mahomet, mosquée du prophète, Médine. La tombe elle-même ne peut pas être vue.

Fidèles devant la façade. Mosquée du prophète, Médine.