Abbas et Dahlan ont-ils conspiré
à l’assassinat d’Arafat ?
Khaled Amayreh Vendredi 17 Juillet 2009
Kaddumi a rapporté qu’Arafat lui avait confié les notes d’une rencontre secrète impliquant Abbas, Dahlan, des responsables du renseignement US ainsi que l’ancien premier ministre israélien Ariel Sharon. La rencontre aurait eu lieu le 22 mars 2004.
Selon ce document, dont l’authenticité n’a pas été vérifiée de façon indépendante, Sharon a dit à Abbas et à Dahlan, pendant la réunion, qu’Arafat devait être tué par empoisonnement.
Les notes prises montrent qu’Abbas a protesté, disant que l’assassinat d’Arafat compliquerait les choses et provoquerait de graves difficultés.
La version arabe des notes indique que Sharon a dit à Abbas et à Dahlan : “Pour commencer, nous devons tuer tous les dirigeants militaires et politiques du Hamas, du Jihad, des Brigades Al-Aqsa et du Front Populaire, de manière à créer un chaos dans leurs rangs qui permettra d’en finir avec eux plus facilement.”
Puis Sharon aurait répondu à une suggestion de Dahlan de commencer d’abord par « une période de calme » : « Aussi longtemps qu’Arafat siègera à la Muqata’a à Ramallah, vous échouerez, parce que le vieux renard vous surprendra tous, comme il l’a fait par le passé, parce qu’il sait exactement ce que vous voulez faire, et il fera tout pour faire échouer vos plans. »
Sharon a ensuite ajouté : « La première étape devrait donc être d’empoisonner Arafat et de le tuer. Je ne veux pas l’envoyer en exil à moins que j’ai des garanties du pays qui l’accueillera qu’ils l’assigneront à domicile… »
D’après les notes, Sharon aurait mentionné les noms des dirigeants principaux du Hamas et du Jihad Islamique à assassiner, dont Abdel Aziz Rantisi, qu’Israël a assassiné le 17 avril 2004.
Le document présenté par Kaddumi ne décrit pas les buts ultimes israélo-américains derrière la liquidation d’Arafat et des principaux chefs de la résistance. Cependant, on peut déduire sans risque d’erreur que l’objectif qui sous-tendait la conspiration alléguée était la création d’un régime palestinien collaborationniste dont la mission centrale et la raison d’être serait de flouer les masses palestiniennes et de leur faire accepter un « accord de paix » avec Israël qui permettrait à ce dernier d’imposer sa volonté et ses conditions aux Palestiniens.
Kaddumi est une personnalité importante au Fatah, et il est difficile d’écarter ses révélations en les qualifiant d’hallucinations, comme ont fait ses opposants. Néanmoins, il est difficile d’inculper Abbas sur cette base. Tout comme il est difficile de lui fournir un certificat d’innocence, parce qu’il n’est pas indemne de suspicions et n’est certainement pas un personnage impeccable.
Je me souviens d’une discussion avec Sakhr Abash, un proche de Yasser Arafat, deux jours après la mort de ce dernier, qui m’avait dit qu’il était sûr à 100% qu’ « ils l’avaient tué. »
Je l’avais pressé d’identifier les assassins, les gens auxquels il faisait référence. Il m’avait dit : « Tu les connais, ces gens autour de lui, les agents d’Israël. »
Dahlan
Alors qu’on peut être amené à prendre des précautions sur le rôle qu’aurait joué Abbas dans l’empoisonnement d’Arafat, si ce dernier est vraiment mort empoisonné, on se sent beaucoup libre et confiant lorsqu’il s’agit des accords traîtres pas-si-secrets de Dahlan avec les Israéliens et les Américains.
Il y a quelques années, je me souviens avoir écouté la bande-son secrète d’une discussion de Dahlan avec quelques-uns de ses partisans, à la radio al-Hurriya à Gaza. Au cours de cette discussion, on entendait Dahlan jurer de faire regretter au Hamas le jour où il avait décidé de se présenter aux élections de 2006.
“Je leur ferai manger ... (juron) ... et si n’importe quel type du Fatah ose participer au gouvernement Hamas, je saurai comment m’en occuper."
Dahlan a proféré des remarques encore plus scandaleuses qu’on préfère ne pas mentionner à cause de leur goût plus que douteux.
En 2008, le magasine américain Vanity Fair a publié un rapport d’investigation intitulé « Comment l’administration Bush a menti au Congrès et a armé le Fatah pour provoquer une guerre civile palestinienne visant à renverser le Hamas. »
Le rapport soulignait que la Maison Blanche avait essayé d’organiser le renversement armé du gouvernement dirigé par le Hamas après que le groupe islamique ait remporté les élections palestiniennes en 2006.
Il était clair que Dahlan était le meneur du coup d’Etat, dont le boulot était de détruire le Hamas, d’arrêter ou de tuer ses dirigeants, en collaboration avec Israël.
Toujours selon le rapport, l’administration Bush avait menti au Congrès et avait amplifié le soutien militaire au Fatah dans le but de provoquer une guerre civile palestinienne dont ils pensaient que le Hamas la perdrait.
Vanity Fair avait surnommé l’épisode « Iran Contra 2 », en référence au financement des Contras nicaraguayens par l’administration Reagan en vendant secrètement des armes à l’Iran.
Le rapport citait David Wurmser, un responsable dans l’administration Bush, qui avait dit qu’il croyait que « la prise du pouvoir par le Hamas à Gaza l’année dernière aurait bien pu être une mesure préemptive d’anticipation du coup d’Etat soutenu par les USA. »
En clair, il y a des preuves accablantes que Dahlan a collaboré de façon éhontée avec les services secrets israéliens et américains contre son propre peuple, tout comme il est clair que le régime actuel à Ramallah collabore, se coordonne et conspire avec Israël à la liquidation de la résistance en Cisjordanie.
Bien sûr, Abbas peut arguer qu’il n’a joué aucun rôle dans le complot pour assassiner Yasser Arafat. Cependant, lui et son régime à Ramallah ne peuvent nier le fait que leurs services de sécurité, maintenant entraînés et armés sous la supervision de l’officier du renseignement US Keith Dayton, ont étroitement collaboré avec Israël pour éliminer tous les résistants en Cisjordanie.
La récente tuerie à Qalqiliya fut une preuve accablante, si c’était nécessaire, que le régime de l’AP n’est qu’une autre couche de l’occupation israélienne.
Ceci ajouté à l’inquisition totale, la chasse, la répression, l’arrestation, le licenciement, la saisie et la fermeture des institutions, ainsi que la propagation de la torture qui, dans de nombreux cas, ont conduit à une mort cruelle, montrent que l’AP travaille de concert avec Israël pour saper les intérêts nationaux palestiniens.
Ceci en soi, et indépendamment de qui a empoisonné Arafat, est suffisant pour inculper la direction actuelle à Ramallah de collaboration avec Israël et de haute trahison.
Traduction : MR pour ISM
Khaled Amayreh Vendredi 17 Juillet 2009
Kaddumi a rapporté qu’Arafat lui avait confié les notes d’une rencontre secrète impliquant Abbas, Dahlan, des responsables du renseignement US ainsi que l’ancien premier ministre israélien Ariel Sharon. La rencontre aurait eu lieu le 22 mars 2004.
Selon ce document, dont l’authenticité n’a pas été vérifiée de façon indépendante, Sharon a dit à Abbas et à Dahlan, pendant la réunion, qu’Arafat devait être tué par empoisonnement.
Les notes prises montrent qu’Abbas a protesté, disant que l’assassinat d’Arafat compliquerait les choses et provoquerait de graves difficultés.
La version arabe des notes indique que Sharon a dit à Abbas et à Dahlan : “Pour commencer, nous devons tuer tous les dirigeants militaires et politiques du Hamas, du Jihad, des Brigades Al-Aqsa et du Front Populaire, de manière à créer un chaos dans leurs rangs qui permettra d’en finir avec eux plus facilement.”
Puis Sharon aurait répondu à une suggestion de Dahlan de commencer d’abord par « une période de calme » : « Aussi longtemps qu’Arafat siègera à la Muqata’a à Ramallah, vous échouerez, parce que le vieux renard vous surprendra tous, comme il l’a fait par le passé, parce qu’il sait exactement ce que vous voulez faire, et il fera tout pour faire échouer vos plans. »
Sharon a ensuite ajouté : « La première étape devrait donc être d’empoisonner Arafat et de le tuer. Je ne veux pas l’envoyer en exil à moins que j’ai des garanties du pays qui l’accueillera qu’ils l’assigneront à domicile… »
D’après les notes, Sharon aurait mentionné les noms des dirigeants principaux du Hamas et du Jihad Islamique à assassiner, dont Abdel Aziz Rantisi, qu’Israël a assassiné le 17 avril 2004.
Le document présenté par Kaddumi ne décrit pas les buts ultimes israélo-américains derrière la liquidation d’Arafat et des principaux chefs de la résistance. Cependant, on peut déduire sans risque d’erreur que l’objectif qui sous-tendait la conspiration alléguée était la création d’un régime palestinien collaborationniste dont la mission centrale et la raison d’être serait de flouer les masses palestiniennes et de leur faire accepter un « accord de paix » avec Israël qui permettrait à ce dernier d’imposer sa volonté et ses conditions aux Palestiniens.
Kaddumi est une personnalité importante au Fatah, et il est difficile d’écarter ses révélations en les qualifiant d’hallucinations, comme ont fait ses opposants. Néanmoins, il est difficile d’inculper Abbas sur cette base. Tout comme il est difficile de lui fournir un certificat d’innocence, parce qu’il n’est pas indemne de suspicions et n’est certainement pas un personnage impeccable.
Je me souviens d’une discussion avec Sakhr Abash, un proche de Yasser Arafat, deux jours après la mort de ce dernier, qui m’avait dit qu’il était sûr à 100% qu’ « ils l’avaient tué. »
Je l’avais pressé d’identifier les assassins, les gens auxquels il faisait référence. Il m’avait dit : « Tu les connais, ces gens autour de lui, les agents d’Israël. »
Dahlan
Alors qu’on peut être amené à prendre des précautions sur le rôle qu’aurait joué Abbas dans l’empoisonnement d’Arafat, si ce dernier est vraiment mort empoisonné, on se sent beaucoup libre et confiant lorsqu’il s’agit des accords traîtres pas-si-secrets de Dahlan avec les Israéliens et les Américains.
Il y a quelques années, je me souviens avoir écouté la bande-son secrète d’une discussion de Dahlan avec quelques-uns de ses partisans, à la radio al-Hurriya à Gaza. Au cours de cette discussion, on entendait Dahlan jurer de faire regretter au Hamas le jour où il avait décidé de se présenter aux élections de 2006.
“Je leur ferai manger ... (juron) ... et si n’importe quel type du Fatah ose participer au gouvernement Hamas, je saurai comment m’en occuper."
Dahlan a proféré des remarques encore plus scandaleuses qu’on préfère ne pas mentionner à cause de leur goût plus que douteux.
En 2008, le magasine américain Vanity Fair a publié un rapport d’investigation intitulé « Comment l’administration Bush a menti au Congrès et a armé le Fatah pour provoquer une guerre civile palestinienne visant à renverser le Hamas. »
Le rapport soulignait que la Maison Blanche avait essayé d’organiser le renversement armé du gouvernement dirigé par le Hamas après que le groupe islamique ait remporté les élections palestiniennes en 2006.
Il était clair que Dahlan était le meneur du coup d’Etat, dont le boulot était de détruire le Hamas, d’arrêter ou de tuer ses dirigeants, en collaboration avec Israël.
Toujours selon le rapport, l’administration Bush avait menti au Congrès et avait amplifié le soutien militaire au Fatah dans le but de provoquer une guerre civile palestinienne dont ils pensaient que le Hamas la perdrait.
Vanity Fair avait surnommé l’épisode « Iran Contra 2 », en référence au financement des Contras nicaraguayens par l’administration Reagan en vendant secrètement des armes à l’Iran.
Le rapport citait David Wurmser, un responsable dans l’administration Bush, qui avait dit qu’il croyait que « la prise du pouvoir par le Hamas à Gaza l’année dernière aurait bien pu être une mesure préemptive d’anticipation du coup d’Etat soutenu par les USA. »
En clair, il y a des preuves accablantes que Dahlan a collaboré de façon éhontée avec les services secrets israéliens et américains contre son propre peuple, tout comme il est clair que le régime actuel à Ramallah collabore, se coordonne et conspire avec Israël à la liquidation de la résistance en Cisjordanie.
Bien sûr, Abbas peut arguer qu’il n’a joué aucun rôle dans le complot pour assassiner Yasser Arafat. Cependant, lui et son régime à Ramallah ne peuvent nier le fait que leurs services de sécurité, maintenant entraînés et armés sous la supervision de l’officier du renseignement US Keith Dayton, ont étroitement collaboré avec Israël pour éliminer tous les résistants en Cisjordanie.
La récente tuerie à Qalqiliya fut une preuve accablante, si c’était nécessaire, que le régime de l’AP n’est qu’une autre couche de l’occupation israélienne.
Ceci ajouté à l’inquisition totale, la chasse, la répression, l’arrestation, le licenciement, la saisie et la fermeture des institutions, ainsi que la propagation de la torture qui, dans de nombreux cas, ont conduit à une mort cruelle, montrent que l’AP travaille de concert avec Israël pour saper les intérêts nationaux palestiniens.
Ceci en soi, et indépendamment de qui a empoisonné Arafat, est suffisant pour inculper la direction actuelle à Ramallah de collaboration avec Israël et de haute trahison.
Traduction : MR pour ISM
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