Sayed Nasrallah : "Les comploteurs ne porteront pas atteinte à notre scène"
Nada RAAD
20/07/2009 Les idées principales du discours du secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah lors de la commémoration du décès du chef du Front d'action islamique cheikh Fathi Yakan:
Personne ne peut ignorer le rôle majeur qu'a joué le prédicateur cheikh Fathi Yakan dans le développement du mouvement de la résistance.
Au Liban, on ne peut parler de mouvement de résistance sans évoquer le défunt Yakan qui était l'un de ses fondateurs, prédicateurs, symboles, et intellectuels. Il a éduqué des générations de jeunes personnes à travers ses écrits et ses prêches.
Je voudrais insister sur un aspect caractéristique du docteur Fathi Yakan à la base de nos contacts mutuels, en vue de lui rendre hommage et d'assurer que nous allons suivre sa voie.
J'ai fait connaissance à ce cheikh érudit à travers ses livres et ses écrits que je lisais lorsque j'étais jeune. J'étais toujours à la recherche des livres religieux rédigés dans un style moderne et original.
Le premier contact direct avec son Eminence a eu lieu suite à la guerre de juillet 2006.
Pendant la guerre, je suivais tous les développements médiatiques et politiques, parmi lesquels le point de presse de son Eminence destiné à annoncer la naissance du Front d'action islamique et de sa voie militante.
En effet, cette annonce a constitué un facteur de soutien moral à la résistance au cours de son affrontement de l'agression.
J'ai suivi les positions du prédicateur Yakan ainsi que les positions de ses amis au Front d'action islamique.
Après la guerre, le docteur a réitéré son désir de me rendre visite, malgré la situation difficile dans laquelle nous vivions dans la banlieue sud.
En fin de compte, cette rencontre a eu lieu, elle a duré plusieurs heures, et s'est caractérisée par son intimité. J'ai senti son souci paternel pour la résistance.
Il a évoqué ses amis morts, et s'est demandé des raisons pour lesquelles il est toujours vivant, lui, qui a atteint 80 ans.
Je lui ai répondu que Dieu t'a réservé pour un rôle important sur la scène islamique en ces moments difficiles, dangereux et compliqués, que ce soit au niveau de la nation ou bien sur la scène libanaise.
Bien entendu, telle était la réalité, les dernières années étaient des plus difficiles, les circonstances étaient des plus compliquées.
Quand nous nous rappelons de la fermeté et de la ténacité du docteur Yakan, nous nous rendons compte de son rôle face aux pressions internationales qui visaient la résistance et le projet national. On se rend compte du vide qu'aurait dû laisser cheikh yakan en ces moments, s'il était parti auparavant.
L'une des caractéristiques du Cheikh Yakan était la compréhension claire et nette de ce qui se passe dans la région, et cette clarté dans sa vision stratégique provient de sa compréhension de l'Islam et de sa croyance au choix de la résistance.
Il faut dire qu'il était un des fondateurs de la résistance islamique au Liban, que ce soit au niveau intellectuel ou pratique. Ceci s'est confirmé lors de la guerre de juillet, au moment où l'objectif était de mettre fin à la résistance.
Il a exprimé son désir et son aspiration à ce que le Front fasse partie de la résistance islamique au Liban de façon directe et efficace.
Cheikh Fathi Yakan était un des défenseurs de la résistance avant et après la guerre de juillet.
Je ne vais pas rouvrir le dossier de cette guerre parce que nous nous sommes convenus à instaurer l'accalmie dans le pays, mais au cours des dernières années, le complot sur l'existence matérielle, humaine, culturelle et militaire de la résistance a atteint son apogée:
Le fait de se moquer des martyrs qui se sacrifient pour défendre le pays face aux agressions, d'accuser la culture de la résistance d'être la culture de la mort, alors qu'on qualifiait la culture de la capitulation de culture de vie…
Cette agression était encore plus large. Elle s'est manifestée sous plusieurs formes: l'assassinat des cadres de la résistance, en Irak, en Palestine occupée et au Liban, à l'instar de l'assassinat du Haj Imad Moughniyé.
Les accusations adressées à la résistance selon lesquelles elle agit au service des projets extérieurs.
Les attaques militaires contre la résistance.
Bref, les ennemis n'ont épargné aucune arme pour fragmenter les mouvements de résistance, et lorsque je parle tranquillement de l'avenir de la résistance, je le dis à la base de cette expérience: tout ce que les ennemis ont pu faire contre la résistance l'ont fait et ils ont échoué.
Dieu a donc gardé cheikh Yakan jusqu'à cet âge pour qu'il joue le rôle de défenseur de la résistance en ces moments difficiles.
Je m'adresse à son âme pour lui dire: dors tranquillement, les mouvement de résistance ont dépassé les moments les plus dures et vont poursuivre la lutte jusqu'à la réalisation de ton objectif ultime.
Dans toutes ses positions, rien ne l'a poussé à changer de direction. Sa première cause était la cause palestinienne…
Alors qu'on entend souvent des déclarations sur le processus de paix, nous estimons que ce dernier s'éloigne de plus en plus, parce qu'aucun Palestinien ne peut accepter les miettes qu'on lui offre en échange de cette paix.
J'adopte le même point de vue que l'imam Khomeiny qui ne croit pas au lobby sioniste, mais qui pense qu'Israël est un instrument dans les mains des Etats-Unis, Israël est la caserne militaire de l'administration américaine. Il est un enfant bâtard.
Arrêtons donc d'attendre Obama, ou Clinton, ou d'autres, arrêtons de faire écouler des années et des années en attendant que les Américains nous cherchent des solutions au conflit.
La colonisation et la judaïsation se poursuivent. Nous sommes maintenant face à un danger réel et sérieux qui menace les Palestiniens de 1948. On est entré dans la phase de la judaïsation de toute la Palestine.
Les Arabes sont prêts à faire toutes les concessions et se dépêchent pour signer un accord de paix avec Israël, mais nos peuples ne croient pas à ces politiques.
Au cours des années précédentes, les mouvements de résistance ont dû malheureusement passer de l'offensive à la défensive.
Quel est donc l'espoir de la libération de la terre et de nos détenus au moment où tout le monde regarde passivement?
L'espoir des détenus, d'al Qods et des peuples arabes réside dans la résistance.
La nation est de nouveau appelée à confirmer la culture et le choix de la résistance, ou alors comment va-t-on faire face à tous ces défis?
On entend de nouvelles déclarations israéliennes sur une éventuelle attaque du Liban. Les Israéliens parlent d'une nouvelle guerre pour éradiquer la résistance, pour avoir la mainmise sur le Liban, pour expulser nos frères palestiniens des territoires de 1948.
Si ces estimations s'avèrent correctes, quel sera le choix de notre nation face à une guerre qui vise non seulement le Hezbollah en tant que parti, mais qui cherche à mettre fin à la résistance en tant que choix.
Concernant le dossier irakien, on discutait de la résistance irakienne et des moyens de faire face à la dissension confessionnelle. On soutenait la résistance qui se sacrifie pour défendre la terre et la population, et c'est grâce aux sacrifices des militants de la résistance et des souffrances des détenus, que l'armée de l'occupation américaine s'est retirée des villes irakiennes et va se retirer de tout le pays.
La résistance doit faire face au projet de la dissension. Lorsque les Américains disent que si la situation reste compliquée, la violence va regagner de terrain en Irak, ceci signifie que la violence va retourner en Irak sous la direction des Etats-Unis.
Au Liban, nous avons toujours indiqué que le conflit est politique, mais certains œuvraient et ouvrent toujours pour que le conflit acquît un aspect confessionnel. A ce sujet, le docteur Yakan, en tant que personnalité centrale de l'opposition nationale, assurait tout le temps que le conflit n'est pas confessionnel au Liban, mais politique, vu que dans chaque camp on trouve des chiites, des sunnites et des chrétiens.
Personne ne peut négliger la prière en commun présidée par le docteur Yakan. Nous n'allons pas permettre aux comploteurs de porter atteinte à la scène islamique.
Cheikh Yakan me disait qu'il voulait transposer notre communication mutuelle à d'autres pays, pour que les mouvements sunnites et chiites arabes et musulmans en profitent, mais les défis auxquels nous avons fait face dernièrement, nous ont obligés de nous limiter au cadre libanais.
En cette occasion, j'assure au docteur Yakan que nous allons poursuivre sa voie. Nous sommes appelés à lui dire: nous allons assumer nos responsabilités dans la sauvegarde et l'élargissement de la résistance, nous allons le faire.
La Palestine restera dans notre esprit et nos cœurs, telle est notre responsabilité religieuse.
Nous te disons: Tu es parti, mais aie confiance de ces nouvelles générations, et sois sûr que tes aspirations à la victoire se réaliseront grâce à ces jeunes, nous allons poursuivre cette voie avec nos frères au Front d'action islamique.
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