Lettre d'un historien Italien à son Président
Il se trouve que je suis chercheur en histoire du sionisme. C’est donc sur la base de mes études sur cette idéologie politique que je vous écris. Je vous rappelle quelques faits : le premier de tous est la collaboration des sionistes (de droite et de gauche) avec les antisémites, avec le fascisme et le nazisme. Il s’est agi d’une collaboration longue et extrêmement dommageable pour les Juifs non sionistes (qui étaient alors la très grande majorité). Pour incroyable que cela paraisse, la collaboration des sionistes avec les fascistes, les nazis et les antisémites, historiquement documentée, se fondait sur une logique d’échange criminelle aux dépens des Juifs. Les sionistes ont appuyé les régimes fascistes et antisémites avant et pendant la seconde guerre mondiale, demandant en échange de leur permettre d’amener les Juifs en Palestine pour réaliser leur projet colonial. Les juifs qui n’acceptaient pas d’émigrer en Palestine ont été abandonnés à leur destin. Les antisémites étaient bien contents de se libérer des Juifs de cette manière. Il n’est pas vrai que les antisémites sont des antisionistes comme vous le soutenez mais c’est le contraire, exactement. Vous ne mettrez pas en doute, j’espère, les mots de l’écrivain israélien Yehoshua qui a déclaré il y a quelques années :
« Les gentils ont toujours encouragé le sionisme, en espérant qu’il aurait aidé à se libérer des Juifs qui vivaient parmi eux. Aujourd’hui aussi, de façon perverse, un véritable antisémite doit être un sioniste ».
L’écrivain israélien oublie cependant de dire que même les sionistes, de façon perverse, ont encouragé les antisémites afin qu’ils éloignent les Juifs de leurs pays et les remettent aux activistes sionistes prêts à les emmener dans les colonies en Palestine. Un véritable sioniste est un ami des antisémites.
Cet aspect honteux de l’histoire du sionisme débute avec son fondateur même, Theodor Herzl. En août 1903, Herzl se rendit en Russie tsariste pour une série de rencontres avec le Conte Von Plehve, ministre antisémite du tsar Nicolas II, et Witte, ministre des Finances. Les rencontres eurent lieu moins de 4 mois après l’horrible pogrom de Kichinev, dont était directement responsable Von Plehve. Herzl propose une alliance, fondée sur le désir commun de faire sortir la plus grande partie des Juifs russes de Russie et, à plus brève échéance, d’éloigner les juifs russes du mouvement socialiste et communiste. Au début de la première rencontre (le 8 août), Von Plehve déclara qu’il se considérait comme « un ardent soutien du sionisme ». Quand Herzl commença à décrire l’objectif du sionisme, le Conte l’interrompit en affirmant : « Vous parlez à un converti ». Dans une rencontre ultérieure avec Witte, le fondateur du sionisme s’entendit déclarer ouvertement par celui-ci : « J’avais l’habitude de dire au pauvre empereur Alexandre III : « s’il était possible de noyer dans la Mer Noire six ou sept millions de juifs, j’en serais parfaitement satisfait ; mais ce n’est pas possible : alors nous devons les laisser vivre ». Et quand Herzl dit espérer quelque encouragement du gouvernement russe, Witte répondit : « Mais, nous, nous donnons aux Juifs les encouragements à partir, par exemple des coups de pieds au derrière ».
Le résultat des rencontres fut la promesse de Von Plehve et du gouvernement russe d’ « un appui moral et matériel au sionisme le jour où certaines de ses actions pratiques serviraient à réduire la population juive en Russie ». « Si nous (sionistes) - disait Jacob Klatzkin - n’admettons pas que les autres aient le droit d’être antisémites, alors nous nous refusons à nous-même le droit d’être nationalistes. Si notre peuple mérite et désire vivre sa propre vie nationale, il est naturel qu’il se sente un corps étranger obligé de vivre dans les nations parmi lesquelles il vit, un corps étranger qui insiste pour avoir son identité propre et distincte, et que, pour cela, il est contraint de réduire la sphère de sa propre existence. Il est juste, donc, qu’eux (les antisémites) luttent contre nous pour leur propre intégrité nationale. Au lieu de construire des organisations pour défendre les Juifs des antisémites qui veulent limiter nos droits, nous devons, nous, construire des organisations pour défendre les Juifs de nos amis qui désirent défendre nos droits ».
Ces mots, et l’attitude en conséquence des sionistes, ont à coup sûr donné de précieux arguments aux Nazis qui soutenaient justement que les Juifs étaient une nation étrangère à l’intérieur de leur nation.
« Pour les sionistes - affirmait sans vergogne Harry Sacher, un sioniste anglais - l’ennemi est le libéralisme ; celui ci est l’ennemi pour le nazisme ; donc, le sionisme devrait avoir beaucoup de sympathie et de compréhension pour le nazisme, dont l’antisémitisme devrait probablement être un aspect passager ».
Ce n’est pas seulement de l’aveuglement politique, c’est de la collaboration criminelle avec l’ennemi des Juifs. Et vous, Président, vous voulez fermer les yeux sur cet aspect de l’histoire du sionisme ? Je vous rappelle ensuite que les nazis répondaient très positivement aux offres des sionistes comme le montre ce passage d’une de leurs circulaires :
« Les membres des organisations sionistes, étant donné leurs activités dirigées vers l’émigration en Palestine, ne doivent pas être traités avec la même vigueur qui est par contre nécessaire envers des membres des organisations juives allemandes (c’est-à-dire les assimilationnistes) ».
Et Reinhardt Heyndrich, chef des Services Secrets de la SS déclarait :
« Le moment ne peut plus être loin, désormais, où la Palestine sera de nouveau en mesure d’accueillir ses fils qu’elle avait perdus depuis plus de mille ans. Que nos bons vœux et notre bienveillance officielle les accompagnent ».
La colonisation de la Palestine était bien vue par les Nazis. Entre colonialistes, on s’entend. Ceci pour vous rappeler que les Nazis, avec l’aide consciente des sionistes, n’ont touché que les Juifs qui entendaient vivre dans les pays dans lesquels ils étaient nés et ne voulaient pas se rendre responsables de l’occupation de la Palestine et de l’inévitable chasse aux Palestiniens qui s’ensuivrait. Ces victimes juives n’étaient pas sionistes, tout au plus étaient-elles assimilationnistes ou antisionistes. Après l’Holocauste, l’Occident n’a rien fait d’autre que récompenser les sionistes en leur remettant la terre des Palestiniens, et en faisant payer à qui n’avait commis aucune faute, le prix élevé de l’extermination des Juifs qui était advenue par la responsabilité directe de certains pays européens et par la veulerie de certains autres, ainsi que par la folie du plan sioniste. La collaboration entre sionistes et Nazis a été possible aussi, au-delà de l’aspect pratique de la volonté commune d’amener les Juifs en Palestine, parce que l’idéologie sioniste et celle nazie avaient un point en commun, comme le reconnaît le sioniste juif Prinz :
« Un état construit sur le principe de la pureté de la nation et de la race (c’est-à-dire l’Allemagne nazie) ne peut qu’avoir du respect pour ces Juifs qui se voient eux même de la même manière ».
Ce même personnage se rendait compte de la situation paradoxale qui survenait, et admettait :
« Pour les sionistes c’était très malaisé d’opérer. C’était moralement embarrassant d’avoir l’air d’être considérés comme les fils préférés du gouvernement nazi, en particulier justement au moment où il liquidait les groupes de jeunesse (juifs) antisionistes, et semblait favoriser par d’autres voies les sionistes. Les Nazis demandaient « un comportement sioniste de façon plus cohérente ».
Et cependant la collaboration continua. Ce fut une collaboration multiforme que je reconstruis dans mon essai « La natura del sionismo ».
Je veux vous rappeler, pour terminer, l’invitation de Dav Joseph, chef de district de l’Agence Juive, qui, à la fin de l’année 1944, quand les Juifs mouraient par centaines de milliers dans les camps, parlant aux journalistes sionistes en Palestine qui étaient préoccupés par les nouvelles des massacres, les mit en garde contre :
« la publication de données qui exagèrent le nombre des victimes juives, parce que si nous annonçons que des millions de Juifs on été massacrés par les Nazis, ils nous demanderont ensuite, avec raison, où sont les millions de Juifs pour lesquels nous revendiquons une patrie quand la guerre sera finie ».
Ceci peut suffire, mais j’ai la hardiesse, Monsieur le Président, de vous conseiller d’approfondir l’argument.
L’histoire du sionisme est une histoire criminelle, il n’est donc pas surprenant que les sionistes et l’Etat sioniste continuent à traiter les Palestiniens de façon si barbare. Mais ma préoccupation va au-delà de la très triste situation du peuple palestinien que tout le monde semble oublier.
Sincèrement, Monsieur le Président, voulons-nous finir comme les Etats-Unis en Irak ? Aujourd’hui, des personnages importants aux Usa comme l’ex président Jimmy Carter, ou les chercheurs universitaires Mersheimer et Walt, s’efforcent d’ouvrir les yeux à leurs compatriotes sur les conséquences de cette politique extérieure aveugle, élaborée à Tel-Aviv et dans les cercles des néo- conservateurs sionistes de Washington, que les Etats-Unis conduisent au Moyen-Orient. Croyez-vous que la guerre en Irak ait été faite en raison des armes de destruction de masse de Saddam Hussein ? Pour la menace que l’Irak représentait pour l’Occident ?
Pour l’exportation de la démocratie ? Pour les intérêts pétroliers étasuniens ? Beaucoup de gens soutiennent cette dernière hypothèse (les autres se sont misérablement écroulées). Mais le pétrole ne s’achète-t-il pas sur le marché ? Et puis, à combien reviendrait- il si nous devions faire une guerre à chaque pays producteur ?
Monsieur le Président,
la guerre a été faite pour éliminer un rival possible d’Israël, et pour consolider la domination sioniste au Moyen-Orient. Maintenant Tel-Aviv invite l‘Occident à détruire l’Iran, et achète tout le monde en faisant comprendre que si nous ne le faisons pas, nous, ce sera justement Israël qui le fera. Comment ? En envahissant l’Iran ? Non, Président, nous savons tous qu’Israël aurait recours aux armes nucléaires.
Les étasuniens sont en train de réaliser, à leurs dépens, ce que veut dire s’être laissé embourber dans une guerre absurde en Irak pour les intérêts d’Israël. Voulons-nous vraiment nous laisser entraîner dans la guerre nucléaire contre l’Iran ? Prenez exemple sur l’ex président Carter et dénoncez l’Apartheid d’Israël. Si vous ne voulez pas le faire vous-même, laissez quelqu’un d’autre, pour le bien de l’humanité, des Juifs et des Palestiniens, continuer à dénoncer le sionisme et se batte pour un Etat unique, démocratique, pacifique en Palestine, pour tous ses habitants, en n’excluant personne.
Monsieur le Président,
Vous ne vous souviendrez pas de moi, et pourtant nous nous sommes rencontrés et nous nous sommes parlé. Ce fut en de tristes circonstances. Il y a quelques années, à l’aéroport de Fiumicino. Vous, représentant votre parti, vous veniez apporter votre solidarité à ma sœur Marisa qui, près avoir participé à une manifestation pacifiste à Jérusalem, uniquement parce qu’elle regardait, de derrière la vitre de son hôtel, les policiers israéliens qui massacraient un enfant Palestinien dans la rue, perdit un œil quand, d’un canon à eau portant l’étoile de David, on tira un jet si violent qu’il brisa la vitre et lui envoya un éclat de verre dans l’œil. Vous veniez alors apporter vos salutations à ma sœur qui avait payé pour défendre les droits et la dignité des Palestiniens. Aujourd’hui avec votre déclaration inacceptable, vous accusez les antisionistes dont nombre d’entre eux sont Juifs, qui se battent pour un Etat démocratique en Palestine, en les mettant dans le même cloaque que les antisémites.
Je crois, Monsieur le Président, que les sionistes sont arrivés à vous faire pire encore que ce qu’ils ont fait à ma sœur. Chez vous, ils sont arrivés à aveugler non pas un mais les deux yeux !
Salutations distinguées.
Mauro Manno
Notes :
(1) Jewish Chronicle, 22 January 1982.
(2) Maxime Rodinson, Peuple juif ou problème juif ? Parigi, Petite collection Maspero, 1981, pp. 174-75..
(3) Maxime Rodinson, Peuple juif ou problème juif ? cit. p. 174.
(4) Jacob Klatzkin, (1925), quoted in Jacob Agus, The Meaning of Jewish History, in Jewish Encyclopedia, vol II, p. 425.
(5) Harry Sacher, Jewish Review, September 1932, p. 104, London.
(6) Memo from the Bavarian Gestapo addressed to the Bavarian police, 23 January, 1935, published in Kurt Grossman’s Zionists and Non-Zionists under Nazi Rule in the 1930’s, Herzl Yearbook, vol VI, p. 340.
(7) Reinhardt Heyndrich, SS secret services’ chief, The Visible Enemy, article issued in Das Schwarze Korps, SS’s official organ, May 1935.
(8) Joachim Prinz, (1936), quoted in Benyamin Matuvo’s The Zionist Wish and the Nazi Deed, Issues, (1966/67), p. 12.
(9) Joachim Prinz, Zionism under the Nazi Government, in Young Zionist, London, November 1937, p. 18.
(10) Zionism’s Nature, supplement to the issue 56, November 2006, by Aginform.
(11) Yoav Gelber, Zionist Policy and the Fate of European Jewry, p. 195.
Mauro Manno, le 31 janvier 2007 -
Il se trouve que je suis chercheur en histoire du sionisme. C’est donc sur la base de mes études sur cette idéologie politique que je vous écris. Je vous rappelle quelques faits : le premier de tous est la collaboration des sionistes (de droite et de gauche) avec les antisémites, avec le fascisme et le nazisme. Il s’est agi d’une collaboration longue et extrêmement dommageable pour les Juifs non sionistes (qui étaient alors la très grande majorité). Pour incroyable que cela paraisse, la collaboration des sionistes avec les fascistes, les nazis et les antisémites, historiquement documentée, se fondait sur une logique d’échange criminelle aux dépens des Juifs. Les sionistes ont appuyé les régimes fascistes et antisémites avant et pendant la seconde guerre mondiale, demandant en échange de leur permettre d’amener les Juifs en Palestine pour réaliser leur projet colonial. Les juifs qui n’acceptaient pas d’émigrer en Palestine ont été abandonnés à leur destin. Les antisémites étaient bien contents de se libérer des Juifs de cette manière. Il n’est pas vrai que les antisémites sont des antisionistes comme vous le soutenez mais c’est le contraire, exactement. Vous ne mettrez pas en doute, j’espère, les mots de l’écrivain israélien Yehoshua qui a déclaré il y a quelques années :
« Les gentils ont toujours encouragé le sionisme, en espérant qu’il aurait aidé à se libérer des Juifs qui vivaient parmi eux. Aujourd’hui aussi, de façon perverse, un véritable antisémite doit être un sioniste ».
L’écrivain israélien oublie cependant de dire que même les sionistes, de façon perverse, ont encouragé les antisémites afin qu’ils éloignent les Juifs de leurs pays et les remettent aux activistes sionistes prêts à les emmener dans les colonies en Palestine. Un véritable sioniste est un ami des antisémites.
Cet aspect honteux de l’histoire du sionisme débute avec son fondateur même, Theodor Herzl. En août 1903, Herzl se rendit en Russie tsariste pour une série de rencontres avec le Conte Von Plehve, ministre antisémite du tsar Nicolas II, et Witte, ministre des Finances. Les rencontres eurent lieu moins de 4 mois après l’horrible pogrom de Kichinev, dont était directement responsable Von Plehve. Herzl propose une alliance, fondée sur le désir commun de faire sortir la plus grande partie des Juifs russes de Russie et, à plus brève échéance, d’éloigner les juifs russes du mouvement socialiste et communiste. Au début de la première rencontre (le 8 août), Von Plehve déclara qu’il se considérait comme « un ardent soutien du sionisme ». Quand Herzl commença à décrire l’objectif du sionisme, le Conte l’interrompit en affirmant : « Vous parlez à un converti ». Dans une rencontre ultérieure avec Witte, le fondateur du sionisme s’entendit déclarer ouvertement par celui-ci : « J’avais l’habitude de dire au pauvre empereur Alexandre III : « s’il était possible de noyer dans la Mer Noire six ou sept millions de juifs, j’en serais parfaitement satisfait ; mais ce n’est pas possible : alors nous devons les laisser vivre ». Et quand Herzl dit espérer quelque encouragement du gouvernement russe, Witte répondit : « Mais, nous, nous donnons aux Juifs les encouragements à partir, par exemple des coups de pieds au derrière ».
Le résultat des rencontres fut la promesse de Von Plehve et du gouvernement russe d’ « un appui moral et matériel au sionisme le jour où certaines de ses actions pratiques serviraient à réduire la population juive en Russie ». « Si nous (sionistes) - disait Jacob Klatzkin - n’admettons pas que les autres aient le droit d’être antisémites, alors nous nous refusons à nous-même le droit d’être nationalistes. Si notre peuple mérite et désire vivre sa propre vie nationale, il est naturel qu’il se sente un corps étranger obligé de vivre dans les nations parmi lesquelles il vit, un corps étranger qui insiste pour avoir son identité propre et distincte, et que, pour cela, il est contraint de réduire la sphère de sa propre existence. Il est juste, donc, qu’eux (les antisémites) luttent contre nous pour leur propre intégrité nationale. Au lieu de construire des organisations pour défendre les Juifs des antisémites qui veulent limiter nos droits, nous devons, nous, construire des organisations pour défendre les Juifs de nos amis qui désirent défendre nos droits ».
Ces mots, et l’attitude en conséquence des sionistes, ont à coup sûr donné de précieux arguments aux Nazis qui soutenaient justement que les Juifs étaient une nation étrangère à l’intérieur de leur nation.
« Pour les sionistes - affirmait sans vergogne Harry Sacher, un sioniste anglais - l’ennemi est le libéralisme ; celui ci est l’ennemi pour le nazisme ; donc, le sionisme devrait avoir beaucoup de sympathie et de compréhension pour le nazisme, dont l’antisémitisme devrait probablement être un aspect passager ».
Ce n’est pas seulement de l’aveuglement politique, c’est de la collaboration criminelle avec l’ennemi des Juifs. Et vous, Président, vous voulez fermer les yeux sur cet aspect de l’histoire du sionisme ? Je vous rappelle ensuite que les nazis répondaient très positivement aux offres des sionistes comme le montre ce passage d’une de leurs circulaires :
« Les membres des organisations sionistes, étant donné leurs activités dirigées vers l’émigration en Palestine, ne doivent pas être traités avec la même vigueur qui est par contre nécessaire envers des membres des organisations juives allemandes (c’est-à-dire les assimilationnistes) ».
Et Reinhardt Heyndrich, chef des Services Secrets de la SS déclarait :
« Le moment ne peut plus être loin, désormais, où la Palestine sera de nouveau en mesure d’accueillir ses fils qu’elle avait perdus depuis plus de mille ans. Que nos bons vœux et notre bienveillance officielle les accompagnent ».
La colonisation de la Palestine était bien vue par les Nazis. Entre colonialistes, on s’entend. Ceci pour vous rappeler que les Nazis, avec l’aide consciente des sionistes, n’ont touché que les Juifs qui entendaient vivre dans les pays dans lesquels ils étaient nés et ne voulaient pas se rendre responsables de l’occupation de la Palestine et de l’inévitable chasse aux Palestiniens qui s’ensuivrait. Ces victimes juives n’étaient pas sionistes, tout au plus étaient-elles assimilationnistes ou antisionistes. Après l’Holocauste, l’Occident n’a rien fait d’autre que récompenser les sionistes en leur remettant la terre des Palestiniens, et en faisant payer à qui n’avait commis aucune faute, le prix élevé de l’extermination des Juifs qui était advenue par la responsabilité directe de certains pays européens et par la veulerie de certains autres, ainsi que par la folie du plan sioniste. La collaboration entre sionistes et Nazis a été possible aussi, au-delà de l’aspect pratique de la volonté commune d’amener les Juifs en Palestine, parce que l’idéologie sioniste et celle nazie avaient un point en commun, comme le reconnaît le sioniste juif Prinz :
« Un état construit sur le principe de la pureté de la nation et de la race (c’est-à-dire l’Allemagne nazie) ne peut qu’avoir du respect pour ces Juifs qui se voient eux même de la même manière ».
Ce même personnage se rendait compte de la situation paradoxale qui survenait, et admettait :
« Pour les sionistes c’était très malaisé d’opérer. C’était moralement embarrassant d’avoir l’air d’être considérés comme les fils préférés du gouvernement nazi, en particulier justement au moment où il liquidait les groupes de jeunesse (juifs) antisionistes, et semblait favoriser par d’autres voies les sionistes. Les Nazis demandaient « un comportement sioniste de façon plus cohérente ».
Et cependant la collaboration continua. Ce fut une collaboration multiforme que je reconstruis dans mon essai « La natura del sionismo ».
Je veux vous rappeler, pour terminer, l’invitation de Dav Joseph, chef de district de l’Agence Juive, qui, à la fin de l’année 1944, quand les Juifs mouraient par centaines de milliers dans les camps, parlant aux journalistes sionistes en Palestine qui étaient préoccupés par les nouvelles des massacres, les mit en garde contre :
« la publication de données qui exagèrent le nombre des victimes juives, parce que si nous annonçons que des millions de Juifs on été massacrés par les Nazis, ils nous demanderont ensuite, avec raison, où sont les millions de Juifs pour lesquels nous revendiquons une patrie quand la guerre sera finie ».
Ceci peut suffire, mais j’ai la hardiesse, Monsieur le Président, de vous conseiller d’approfondir l’argument.
L’histoire du sionisme est une histoire criminelle, il n’est donc pas surprenant que les sionistes et l’Etat sioniste continuent à traiter les Palestiniens de façon si barbare. Mais ma préoccupation va au-delà de la très triste situation du peuple palestinien que tout le monde semble oublier.
Sincèrement, Monsieur le Président, voulons-nous finir comme les Etats-Unis en Irak ? Aujourd’hui, des personnages importants aux Usa comme l’ex président Jimmy Carter, ou les chercheurs universitaires Mersheimer et Walt, s’efforcent d’ouvrir les yeux à leurs compatriotes sur les conséquences de cette politique extérieure aveugle, élaborée à Tel-Aviv et dans les cercles des néo- conservateurs sionistes de Washington, que les Etats-Unis conduisent au Moyen-Orient. Croyez-vous que la guerre en Irak ait été faite en raison des armes de destruction de masse de Saddam Hussein ? Pour la menace que l’Irak représentait pour l’Occident ?
Pour l’exportation de la démocratie ? Pour les intérêts pétroliers étasuniens ? Beaucoup de gens soutiennent cette dernière hypothèse (les autres se sont misérablement écroulées). Mais le pétrole ne s’achète-t-il pas sur le marché ? Et puis, à combien reviendrait- il si nous devions faire une guerre à chaque pays producteur ?
Monsieur le Président,
la guerre a été faite pour éliminer un rival possible d’Israël, et pour consolider la domination sioniste au Moyen-Orient. Maintenant Tel-Aviv invite l‘Occident à détruire l’Iran, et achète tout le monde en faisant comprendre que si nous ne le faisons pas, nous, ce sera justement Israël qui le fera. Comment ? En envahissant l’Iran ? Non, Président, nous savons tous qu’Israël aurait recours aux armes nucléaires.
Les étasuniens sont en train de réaliser, à leurs dépens, ce que veut dire s’être laissé embourber dans une guerre absurde en Irak pour les intérêts d’Israël. Voulons-nous vraiment nous laisser entraîner dans la guerre nucléaire contre l’Iran ? Prenez exemple sur l’ex président Carter et dénoncez l’Apartheid d’Israël. Si vous ne voulez pas le faire vous-même, laissez quelqu’un d’autre, pour le bien de l’humanité, des Juifs et des Palestiniens, continuer à dénoncer le sionisme et se batte pour un Etat unique, démocratique, pacifique en Palestine, pour tous ses habitants, en n’excluant personne.
Monsieur le Président,
Vous ne vous souviendrez pas de moi, et pourtant nous nous sommes rencontrés et nous nous sommes parlé. Ce fut en de tristes circonstances. Il y a quelques années, à l’aéroport de Fiumicino. Vous, représentant votre parti, vous veniez apporter votre solidarité à ma sœur Marisa qui, près avoir participé à une manifestation pacifiste à Jérusalem, uniquement parce qu’elle regardait, de derrière la vitre de son hôtel, les policiers israéliens qui massacraient un enfant Palestinien dans la rue, perdit un œil quand, d’un canon à eau portant l’étoile de David, on tira un jet si violent qu’il brisa la vitre et lui envoya un éclat de verre dans l’œil. Vous veniez alors apporter vos salutations à ma sœur qui avait payé pour défendre les droits et la dignité des Palestiniens. Aujourd’hui avec votre déclaration inacceptable, vous accusez les antisionistes dont nombre d’entre eux sont Juifs, qui se battent pour un Etat démocratique en Palestine, en les mettant dans le même cloaque que les antisémites.
Je crois, Monsieur le Président, que les sionistes sont arrivés à vous faire pire encore que ce qu’ils ont fait à ma sœur. Chez vous, ils sont arrivés à aveugler non pas un mais les deux yeux !
Salutations distinguées.
Mauro Manno
Notes :
(1) Jewish Chronicle, 22 January 1982.
(2) Maxime Rodinson, Peuple juif ou problème juif ? Parigi, Petite collection Maspero, 1981, pp. 174-75..
(3) Maxime Rodinson, Peuple juif ou problème juif ? cit. p. 174.
(4) Jacob Klatzkin, (1925), quoted in Jacob Agus, The Meaning of Jewish History, in Jewish Encyclopedia, vol II, p. 425.
(5) Harry Sacher, Jewish Review, September 1932, p. 104, London.
(6) Memo from the Bavarian Gestapo addressed to the Bavarian police, 23 January, 1935, published in Kurt Grossman’s Zionists and Non-Zionists under Nazi Rule in the 1930’s, Herzl Yearbook, vol VI, p. 340.
(7) Reinhardt Heyndrich, SS secret services’ chief, The Visible Enemy, article issued in Das Schwarze Korps, SS’s official organ, May 1935.
(8) Joachim Prinz, (1936), quoted in Benyamin Matuvo’s The Zionist Wish and the Nazi Deed, Issues, (1966/67), p. 12.
(9) Joachim Prinz, Zionism under the Nazi Government, in Young Zionist, London, November 1937, p. 18.
(10) Zionism’s Nature, supplement to the issue 56, November 2006, by Aginform.
(11) Yoav Gelber, Zionist Policy and the Fate of European Jewry, p. 195.
Mauro Manno, le 31 janvier 2007 -
Lettera aperta al Presidente della Repubblica Italiana
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
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