02 mai 2013

Sayed NASRALLAH, le 30 avril 2013

L'allocution de Sayed Hassan Nasrallah prononcée ce mardi soir:

Au sujet de la Syrie

Ce dossier est très dangereux non seulement pour la Syrie, mais aussi pour le Liban, Gaza et tous les pays de la région.

Je voudrais parler de plusieurs points à propos de la Syrie. Dans les dernières semaines, il y a eu une mobilisation médiatique, religieuse et politique d’envergure. Tout ce qui peut être dit contre le Hezbollah a été dit, et c’était une tentative pour porter atteinte à notre volonté, à notre décision, à notre vision. Mais cette guerre psychologique a échoué et elle va échouer. Parmi ce qui a été dit notamment est les convois présumés de martyrs. Dans les semaines dernières, des médias libanais et arabes ont commencé à avancer des chiffres sur les martyrs du Hezbollah. J’ai calculé les chiffres publiés par la chaine alArabiya et alMoustaqbal. Selon eux, 1000 éléments du Hezbollah sont tombés en martyr. Qui peut cacher 1000 ou 500 martyrs dans un monde rempli de médias. Nous n’avons jamais caché nos martyrs et les familles de nos martyrs sont les premières à être au courant de la mort des leurs. C’est vraiment ridicule, et c’est une politique de mensonge préméditée dans le but d’influencer l’opinion publique. Nous sommes fiers en nos martyrs, nous diffusons leurs funérailles via les médias. Je remercie les familles de ces martyrs qui ont toujours le moral haut et qui sont toujours attachées à la voie de la résistance.

Si nous prenons en considération les développements sur le terrain en Syrie et les positions politiques internationales depuis deux ans, nous parviendrons à un seul constat : l’objectif de ce qui se passe en Syrie n’est plus de chasser la Syrie de l’axe de la résistance ou de l’équation du conflit israélo-palestinien. Le seul objectif de ceux qui se tiennent derrière cette guerre est la destruction de la Syrie en tant que société, direction et armée pour faire de la Syrie un pays faible, incapable de gérer ses propres ressources naturelles, à l’instar de ce qui a lieu dans plusieurs pays du printemps arabe. On cherche à instaurer des régimes dirigés par des groupes armés qui reçoivent les directives des pays étrangers. Je m’adresse au peuple syrien pour lui dire que la destruction de la Syrie vise à affaiblir le rôle régional de la Syrie. Ce pays qui était un partenaire essentiel dans la prise de décision concernant le Liban, la Palestine ou autre, on veut l’affaiblir à travers le déchirement de ce pays.

Ce qui se passe en Syrie menace la Syrie, la cause palestinienne est menacée de liquidation, elle menace le Liban, la Jordanie, l’Irak et tous les autres pays dans la région, alors qu’Israël se met sur son trône et attend le moment propice pour cueillir le fruit de cette crise.

Il y a eu toujours deux orientations : le choix militaire (les tueries, les décapitations, les meurtres les plus atroces, jusqu’à appeler à une intervention étrangère). Des oulémas, des dirigeants et des groupes soutiennent cette option et ont décrété des fatwas étranges qui appellent à tuer tous ceux qui se tiennent dans le rang du pouvoir en Syrie. Par contre, aucun ouléma de l’autre camp n’a demandé de tuer tous ceux qui sont des partisans à l’opposition. Nous avons été confrontés à une longue liste d’appels au jihad en Syrie. Ceci provoque la destruction de la Syrie.

Nous avons mis en garde dès le début contre le danger de ce qui se passe en Syrie et nous avons toujours appelé au dialogue politique entre les différentes parties syriennes.

Les soi-disant amis de la Syrie ne cessent de soutenir en armes et argent les groupes armés et empêchent toute personnalité de l’opposition de s’exprimer en faveur du dialogue.

Sur le terrain, de mauvais calculs ont été faits sur la Syrie. On disait que le régime en Syrie va être renversé dans deux mois, et ensuite deux autres mois. Mais ça fait deux ans, et la guerre sanguinaire se poursuit en Syrie. Certains attendent le sommet Obama-Poutine pour imposer de nouvelles conditions sur le terrain. Face à ce qui a été dit, je peux vous dire : Vous êtes incapables de renverser militairement Damas, et tout notre camp n’a jamais appelé le régime à trancher militairement la bataille pour des raisons de principe et de vision. Donc, après deux ans, vous êtes incapables de trancher militairement le conflit, bien que vous poursuiviez à combattre seulement l’armée syrienne et les comités populaires. Pour le moment, les forces iraniennes n’ont pas encore pris part aux affrontements. Si c’est le cas actuellement, quelle sera alors la situation si certains pays se trouvent devant le choix d’intervenir en Syrie ? Sachez que la Syrie possède dans la région et dans le monde de vrais amis qui ne permettront pas que la Syrie tomber dans les mains des Américains. Je m’adresse à toute personne qui se dit inquiète et soucieuse pour la Syrie dans le monde arabe : vous devez œuvrer pour une solution politique et le dialogue en Syrie. Celui qui veut régler la crise des immigrés syriens qu’il œuvre pour la solution politique pour permettre à ces familles de rentrer chez elles en toute dignité. Quant au fait de miser sur les options militaires, ce ne sera qu’une guerre d’usure qui ne sera dans l’intérêt d’aucune communauté.

Le régime avait depuis longtemps annoncé être prêt au dialogue, mais l’autre partie rejette toujours le dialogue et pousse les choses vers la grande confrontation. L’intérêt de la Syrie et du monde arabe est d’opter vers le processus politique.

Malheureusement, des politiciens et des oulémas ont donné le feu vert pour l’effusion du sang des partisans du régime.

Passons à l’affaire du rif de Qousseir :

J’avais déjà dit que les familles qui habitent dans cette région sont menacées de mort. Le retrait de l’armée syrienne de certains points a placé les familles libanaises en face des groupes armés. On appelait à une trêve entre les deux camps mais à chaque fois, les groupes armés rompaient cette trêve, avec l’aide de certaines parties libanaises.

Certains ont commencé à décréter des fatwas qui appellent au jihad dans le rif de Qousseir. Sachez que ceux qui décrètent des fatwas ont fait tout leur possible pour changer la donne en Syrie, mais en vain. Sachez que des Libanais ont participé aux combats contre les Libanais. Pour ceux qui nous demandent de reléguer la mission de la protection des familles libanaises à l’Etat libanais, je leur dis que l’Etat est incapable de les protéger.

Nous n’allons pas laisser les Libanais dans le rif de Qousseir exposés aux dangers des groupes armés.

Concernant la région de Sayeda Zaynab au Cham :

A Damas se trouve le mausolée de Sayeda Zaynab, la fille du prophète Mohammad. Actuellement, des positions de groupes armés se situent à quelques centaines de mètres du mausolée, et c’est une question très sensible, parce que ces groupes, qui comprennent des groupes salafistes, ont averti qu’ils allaient détruire le mausolée dès qu’ils seront à ses abords. En Irak, les takfiris ont bombardé les mausolées des deux imams à Samarra. La destruction du mausolée de Sayeda Zaynab aura des répercussions très graves et tout le monde perdra le contrôle de la situation. Les pays qui financent ces groupes assument la responsabilité et doivent les empêcher de détruire le mausolée. Par ailleurs, des jeunes tombent en martyre pour défendre cette terre et ceux-ci empêchent l’éclatement du conflit confessionnel. Notre problème réside avec les groupes takfiris qui détruisent les lieux saints chiites et sunnites.

Au sujet des pèlerins enlevés à Azaz :

La poursuite de cette affaire à nos jours est très douloureuse. L’Etat n’est pas parvenu à une solution. Quel est objectif de ces ravisseurs ? Veulent-ils une rançon ? De l’argent ? Ou bien s’agit-il d’une pression politique ? si c’est le cas, la pression politique a échoué. Veulent-ils la libération des femmes des prisons syriennes ? Ils ont démenti cette exigence. Figurez-vous que nous sommes capables de voir pour longtemps les femmes et les enfants des pèlerins se déplacer d’une rue à une autre pour réclamer la libération des leurs sans que nous passions à l’acte ? Il faut que l’Etat trouve une solution à cette affaire.

Enfin je vous dis : Nous ne cherchons pas de conflit au Liban, et nous sommes soucieux d’épargner au Liban le conflit. Quant à ce qui se passe en Syrie, tous les Libanais y sont concernés. Les Libanais doivent réclamer en une seule voix la fin de la guerre en Syrie. Et c’est honteux d’accuser les dignitaires musulmans ou chrétiens qui adoptent cette logique d’être des ambassadeurs du régime»



 
merci à Chokri pour son envoi.

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