06 juin 2014

 
«Informe-nous sur la Palestine que tu as visitée; sur Jinine que tu as bien connue, sur Ramallah et El-Khalil... retrace-nous ton parcours sur les monts Safi, Rafih et Sojod...raconte ton histoire avec la libération et avec tes compagnons qui t'on précédé... raconte-nous les histoires des orphelins et des pauvres que tu avais pris en charge...tu ne dormais jamais avant d'être rassuré sur leur état... raconte-nous l'histoire de tous ceux qui ont sollicité ton aide, revenant toujours satisfaits... raconte-nous l'histoire de tous les jeunes hommes dont tu as guidé les pas vers la croyance et la droiture ; de tes soirées où ne s'installe jamais l'ennui... du sourire toujours sur les lèvres...tu as marché vers Dieu... le créateur t'a aimé...te voilà entre ses mains ...sois notre intercesseur...»

Ce sont les mots d'un jeune homme élevé par le commandant du Hezbollah, hajj Faouzi Ayyoub, tombé en martyr, dimanche dernier en Syrie. Le 25 mai.

Il avait fixé son objectif sur cette terre : protéger les opprimés et ce lorsqu'il a comparu devant le tribunal israélien suite à son arrestation à Al-Khalil où les israéliens ont exercé sur lui une guerre psychologique sans toutefois nuire à son corps en raison de sa nationalité canadienne. Cependant, Ayyoub fut arrêté la première fois en Roumanie en 1988, sur fond d'une accusation de vouloir détourner un avion irakien à Bukharest. Il fut relaxé et se rendit à Toronto, où il a reçu la nationalité canadienne, puis à Dearborn, au Michigan, puis en Europe et enfin au Liban, comme a indiqué la chaîne de télévision canadienne CBC.

Le «National Post» qui a qualifié Ayyoub de «terroriste vétéran» a précisé que cet homme était rentré au Liban en 2000 et puis s'était rendu en Palestine occupée grâce à un passeport américain falsifié portant le nom de Frank Poutchi, pour y être arrêté en 2002 et puis libéré dans un échange de prisonniers en 2004.

L'armée israélienne a expliqué suite à l'arrestation d'Ayyoub, que ce dernier était entré en «Israël» afin de planifier des attentats contre les Israéliens. Le communiqué de l'armée israélienne a noté que «le martyr Ayyoub avait participé à des activités du Hezbollah et était responsable d'un grand nombre de victimes civiles. Sa mission en Israël prouve le début d'une nouvelle période dans l'action du Hezbollah pour exercer le terrorisme en Israël».

Le site électronique de la FBI a publié une photo de Faouzi Ayyoub, ainsi que des informations détaillées sur son aspect extérieur, en plus des phrases suivantes : «Faouzi Ayyoub, accusé le 5 septembre 2009, d'utiliser un passeport américain pour entrer en Israël et y perpétrer des attentats au nom de l'organisation terroriste du Hezbollah».

Un autre site israélien avait reconnu le rôle d'Ayyoub, ayant résidé à Judée et Samarie (Yahuda et Samera) en aidant les organisations palestiniennes durant l'intifada d'Al-Aqsa et ce dans le but de perpétrer des opérations parrainées par le Hezbollah contre «Israël».

Pour sa part, le «Yediot Ahronot» a publié qu'«Ayyoub était accusé d'entrainer des combattants palestiniens sur la planification des opérations offensives».

Haaretz a rapporté les informations publiées par Reuters, qui avait publié, comme l'AFP, un reportage sur le parcours d'Ayyoub.

Dans le livre intitulé «la guerre secrète avec l'Iran», écrit par l'enquêteur israélien Ronen Bergamn, le nom de Faouzi Ayyoub a été évoqué dans le contexte de la relation entre «les cellules en Amérique du Nord» et le Hezbollah, et sa relation intime avec le martyr Imad Moghnieh, notant qu'Ayyoub, arrivé au Canada en 1992 et âgé de 28 ans, est «un des activistes du Hezbollah, devenu un émissaire entre les réseaux dans ce pays».

Abou Abbas, né à Ain-Cana dans le Liban sud, a réalisé des épopées dans le jihad contre l'ennemi israélien et dans l'entrainement des jeunes résistants palestiniens. Ses empreintes furent claires dans la bataille de Jénine, au niveau de l'implantation des explosifs ou des techniques militaires du combat, selon les aveux des Israéliens. Il est un des piliers de l'Intifada d'Al-Aqsa, transformée plus tard en soulèvement armé contre l'ennemi, dont les forces avaient assiégé un bâtiment à Al-Khalil en juin 2002, et puis arrêté Ayyoub dont les munitions avaient touché à la fin.

Cet homme recherché sur le plan international, fut un des premiers survivants à l'une des plus dangereuses embuscades israéliennes «étoile de David» à Jabal el-Rafih au Liban sud, où est tombé en martyre le fils du secrétaire général du Hezbollah, sayed Hassan Nasrallah. Il avait perdu son chemin et prié. Il tomba dans une embuscade tendue par les Israéliens. Il tua trois soldats et fut blessé dans ses pieds. Mais cette blessure ne l'a pas empêché de participer à la guerre de juillet 2006.

L'année dernière, il fut blessé à Qosseir en Syrie. Mais il pansa ses blessures et poursuivit le combat. Il était connu par ses efforts acharnés pour évacuer les blessés et les martyrs. Cette bataille était censée être la dernière pour l'homme qui a été détenu et blessé à plusieurs reprises. Mais il a refusé de quitter la scène du combat. Sauf en martyr. Il est mort et son cœur aspirant à la Palestine et à la mosquée al-Aqsa qu'il avait visitée pour prier lors de sa mission jihadiste.

Un des proches du martyr Ayyoub rapporte ses propos selon lesquels il sera de retour pour visiter Al-Qods. Selon lui, l'israélien a le cœur faible, ce qui le poussera à quitter la terre qu'il a colonisée. Réticent lors de l'évocation de la période de son travail jihadiste en Palestine, sa peine se lisait dans les yeux lorsqu'il évoquait ce pays.

D'autre part, cet homme des plus dangereux pour ses ennemis, avait un grand cœur, plein d'amour, de charité et de générosité. Il était un modèle à suivre pour plusieurs jeunes de son entourage. Un de ses voisins affirme qu'il était toujours prêt à aider autrui. Il raconte que le martyr avait un jour économisé de l'argent pour acheter une voiture. Il a rencontré un jeune homme et sa fiancée. Lorsqu'il a su que ces derniers n'étaient pas en mesure de s'approprier un véhicule il leur a offert la sienne. Un autre de ses proches raconte qu'Ayyoub avait un jour vendu sa motocyclette et collecté une somme d'argent de certains hommes riches de la région pour envoyer une vieille femme pauvre effectuer son pèlerinage.

Celui qui vendait ses propriétés pour aider les autres et satisfaire leurs souhaits a obtenu la fin à laquelle il aspirait. Il disait toujours qu'il souhaitait terminer sa vie comme l'imam el-Kazem, duquel il avait appris à réprimer sa colère. «Je veux être un moujahed, captif, pour me donner entièrement à la vénération de Dieu dans la captivité. Puis mourir en martyre», disait-il.

Il fut un moujahid, un captif, un blessé et enfin un martyr. C'est l'itinéraire d'un des hommes de Dieu.

Article paru dans le quotidien libanais As Safir, traduit par l'équipe du site

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