08 mars 2009

les exactions de la CIA seront-elles jugées ?



Les exactions de la CIA seront examinées pour être perfectionnés et non jugées


Leila Mazboudi

06/03/2009

Pas question pour la nouvelle administration américaine Obama de juger les actes de celle de Bush. L'examen des pratiques de la CIA, pour les années Bush, et dont les méthodes musclées notamment à Guantanamo sont mises en cause pour leur légitimité, cet examen est loin d'être une enquête préalable à finalité juridique.

Ordonnée par la commission du Renseignement du Sénat américain à majorité démocrate, le but en est tout juste de " de revoir les pratiques de la CIA et de jeter les bases des politiques d'interrogatoires et de détention pour l'avenir ". C'est-à-dire de les perfectionner, pour les rendre plus efficace. Pas question donc pour le sénat américain de traduire en justice ceux qui ont incarcéré à tort dans ce camp et ailleurs pendant plus de 6 ans, les plus de 800 détenus apportés d'une quarantaine de pays, usant contre eux de 16 méthodes de torture interdites par la convention de Genève. Détenus qui ont été innocentés dans leur écrasante majorité: seuls 15 d'entre eux sont promus au rang de combattants ennemis, 53 sont soupçonnés d'avoir commis des actes hostiles aux Etats Unis ou à leurs alliés. Tandis qu'un seul d'entre eux a été jugé coupable.

Il semble pour le sénat américain qui avait pourtant critiqué ouvertement ces mauvais traitements, accusant aussi bien l'ex-président Georges Bush que son secrétaire à la défense Donald Rumsfeld de les avoir autorisés, qu'il n'est plus question de rendre justice aux victimes emmenés de force de 40 pays du monde, mais de protéger les tortionnaires américains. Pour plus de précision, les sénateurs de cette commission spéciale dédiée au monde du renseignement, devront se contenter de comprendre "comment la CIA a créé, fait fonctionner et maintenu ses pratiques d'interrogatoires et de détention", et "comment la CIA jugeait qu'un détenu possédait des informations importantes". Au plus, ils chercheront, à savoir "si la CIA a informé correctement les autorités sur la détention et les interrogatoires, (...) dont la commission du Renseignement du Sénat", et "si la CIA a mis en place ces pratiques conformément à des instructions officielles". Rassurés que celles-ci étaient venues directement de Bush, auquel ce même sénat avait reproché d'avoir signé un document le 7 février 2002, autorisant le recours à des méthodes d'interrogatoire coercitives contre de présumés terroristes détenus à Guantanamo.

Tout au plus, ils se limiteront à "une évaluation des renseignements obtenus grâce à des techniques modifiées, puis grâce à des techniques ordinaires", en se fondant sur des témoignages officiels et des documents classés, sachant qu'une une bonne partie d'entre eux a été détruits par la CIA, selon les confessions de son ex-directeur.

Le tout sans aucune finalité juridique. Et pour plus de précaution, le sénat américain avait même tenté de garder l'information de cette commission au secret, la dissimulant à la presse américaine, et décidant que ses auditions ne seront pas ouvertes au public. Des garanties ont également été accordées au nouveau directeur de la CIA, Léon Panetta, fraîchement nommé par la président Barack Obama, aussi bien de la part de la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, qui est présidente de la commission du Renseignement que du sénateur républicain Kit Bond, le vice-président que toute finalité judiciaire à l'étude est exclue. " Je ne soutiendrai pas une enquête destinée à punir ceux qui ont agi conformément aux demandes du ministère de la Justice", a-t-il signalé.

Pourtant cette finalité avait été exigée par les Nations Unies, le mois de janvier dernier, par la voix de son rapporteur spécial sur la torture, Manfred Nowak, qui a demandé au nouveau gouvernement des États-Unis d'engager des poursuites judiciaires contre l'ex-président George W. Bush et son ancien secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, pour torture et mauvais traitements de prisonniers à la prison de Guantanamo. Bien entendu, cette revendication n'a eu aucun écho. Elle a même été étouffée. Serait-ce rêver les yeux ouverts que de croire voir un jour la Cour Pénale internationale saisie de l'affaire, et condamner Bush et compagnie comme elle le fait avec tant de plaisir, aujourd'hui, avec Béchir, le président soudanais et compagnie….

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