06 décembre 2011

Le député Sukarieh à Alintiqad: la découverte des agents de la CIA pose une question sur leur rôle dans les assassinats 
 
Le député Walid Sukarieh, membre du bloc parlementaire de la « Fidélité à la Résistance » a affirmé lors d’une interview accordée à Alintiqad que le fait de « dévoiler les réseaux d’espionnage  du service de renseignement américain « CIA » opérant au Liban,  par le service de contre-espionnage de la Résistance, représente un grand exploit qui révèle au grand jour le rôle de sabotage que pratiquent les américains sur la scène libanaise, dans le cadre du projet visant la résistance.


Interview: Hilal Salman
Traduction : Dina Chamseddine


Q-Comment commentez-vous les révélations des Etats Unis sur la capacité du Hezbollah à dévoiler les réseaux d’espionnage  de la « CIA », opérant à Beyrouth ?
R-Les Etats Unis traitaient le Liban, la Syrie et L’Iran (les pays où ont été récemment démasqués les réseaux d’espionnage américains), comme étant des pays sous développés du tiers monde où les activités de la CIA n’étaient pas susceptibles d’être interceptées.
La CIA confrontait dans la passé l’Union soviétique et les pays communistes qui lui étaient alliés sur la scène internationale, et il était rare qu’un agent à la solde des Etats Unis ait été dévoilé dans le cadre du conflit des services de renseignement, durant la guerre froide. Mais des indices ont démontré que la Résistance au Liban ne jouit pas uniquement de capacités et d’expertises militaires qui lui permettent d’infliger la défaite aux "Israéliens", mais qu’elle excelle de même dans les activités de contre- espionnage qui complètent ses aptitudes militaires, visant à protéger la scène intérieure des violations du « Mossad » et de la « CIA » et des services arabes ou occidentaux qui les assistent.
La Résistance a donc prouvé qu’elle est capable de démanteler ces réseaux d’espionnage et de s’infiltrer dans la scène de l’ennemi. Cet important aveu américain, sur le développement de l’activité de la Résistance dans les domaines militaires, sécuritaires et de contre-espionnage, et sur le dynamisme qui parraine son projet politique, confirme le fait que l’ambassade des Etats Unis ne pratique pas la diplomatie, mais qu’elle est un siège pour les espions, la conspiration et le sabotage sur la scène libanaise, en vue de servir le projet américain dans la région.
Dans ce contexte, nous posons la question suivante : quel est le rôle de l’ambassade des Etats Unis dans le sabotage sur la scène libanaise et dans les anciens assassinats, à partir de l’assassinat du président Rafik Hariri, arrivant à tous les attentats contre les leaders du 14 Mars, ces attentats qui ont surtout servi le projet américano-sioniste qui est parvenu à expulser la Syrie du Liban, à former le Tribunal spécial pour le Liban par une résolution du Conseil de sécurité, sous le chapitre VII de la Charte de l’ONU. Cette arme a tantôt été utilisée pour menacer la Syrie afin qu’elle coopère avec les Etats Unis en Irak, et tantôt pour menacer la Résistance en vue de provoquer une discorde au Liban. C’est notamment cette arme qu’a obtenue l’Amérique et son ambassade qui renferme un bureau d’espionnage. Quelle est donc la nature de l’activité de ce bureau ? Il convient de rappeler les propos de l’adjoint  de la Secrétaire d’état américaine pour les AE, Jeffrey Feltman qui avait déclaré devant le Congrès, qu’une somme de 500 millions de dollars a été payée dans le but de saccager l’image de la Résistance et du Hezbollah. Comment ces sommes ont elles été dépensées ? Et dans quel but ? Ont-elles été payées aux médias ou dépensées dans des opérations suspectes visant à porter atteinte à la sécurité et la stabilité du Liban ? C’est la nature du travail des services de renseignement et des forces américaines spéciales, dont les missions renferment la coopération avec les institutions militaires, l'entraînement des éléments terroristes en vue de renverser un régime ennemi, la provocation d'un soulèvement contre un régime, ou l'application des opérations desquelles découlent des profits politiques, ayant une dimension stratégique, à l’instar notamment de l’assassinat du président Rafik Hariri. Cet attentat à l’engin explosif, contre un nombre déterminé de personnes, est un acte limité, doté d’une dimension stratégique, dans la mesure où il a modifié la situation au Liban, a renversé les équations locales, a provoqué le retrait de la Syrie du Liban et a sapé l’alliance libano-syrienne. Ces missions sont au cœur des tâches des forces américaines spéciales. Et je m’interroge à ce propos sur le rôle que jouent les Etats Unis sur la scène libanaise. Les réseaux qui ont été démasqués, ont confirmé le rôle qu’assument les américains au Liban, dans le but de cibler la Résistance. Et nous devons nous interroger, sur leur rôle dans les événements qui ont eu lieu au Liban, et sur les auteurs des assassinats et des attentats qui visent  à semer la confusion et la discorde.


Q-Un responsable américain a démenti dans un entretien accordé au quotidien Assafir, la suspension des activités d’espionnage des Etats Unis au Liban. Ce fait ne porte-t-il pas atteinte à la souveraineté du Liban ?
R-Les services de renseignement américains ont peut être gelé l’activité de leurs réseaux afin de déterminer les données et les méthodes qui ont abouti à les démasquer,  pour  modifier leur méthode de travail et cerner leurs points faibles. Mais ils ne suspendront pas définitivement leurs  activités car le Liban est une scène essentielle pour faire avancer le projet américain et une base pour agir  contre la résistance non seulement libanaise, mais aussi contre la résistance palestinienne, la Syrie et l’Iran. Le Liban est une base à partir de laquelle sont visées toutes ces scènes et c’est pour ces raisons que la CIA pourrait geler certains aspects de son travail, pour qu’elle se lance de nouveau, par de nouvelles méthodes d’espionnage.


Q-Comment les autorités libanaises devraient elles agir  face à cette violation américaine de la souveraineté libanaise ?
R-Si nous étions dans un pays puissant et qu’un espion opérant pour le compte d’un autre pays ait été démasqué, l’affaire aurait causé l’expulsion de l’ambassadeur du pays et la fermeture de son ambassade. Mais au Liban, ce pays qui craint les Etats Unis et qui en reçoit quelques aides visant à le lier aux politiques américaines, je constate que l’Etat Libanais observe un mutisme face aux violations américaines. L’Etat libanais est appelé à demander des comptes aux Etats Unis et à leur ambassade, à surveiller ses activités et même le mécanisme de la dépense de l’argent qu’elle distribue sur les associations civiles qui reçoivent ses dons, afin d’empêcher ces associations d’être au service d’un pays étranger. Nous nous demandons dans ce contexte, comment les 500 millions de Dollars ont été dépensés sur des associations civiles. L’Etat devrait au moins surveiller les organismes non-gouvernementaux actifs au Liban et qui reçoivent des aides d’un pays étranger.


Q-Quel est l’objectif de l’aveu  américain sur la réalisation du Hezbollah en face de la CIA ?
R-Il se peut que des fuites d’informations aient eu lieu, à l’insu de l’administration américaine, puisque les médias s’empressent de publier de telles informations censées être importantes pour l’opinion publique. Il se peut en outre que l’administration américaine et la CIA aient intentionnellement publié ces informations car ils savent que le Hezbollah a démasqué ces espions, afin qu’ils suscitent chez le parti un sentiment de vanité qui le pousserait à commettre des erreurs ou  à réduire sa vigilance, au moment où ils formeront de nouveaux réseaux  qui opèrent différemment.  
Donc la publication des données peut être une fuite d’informations préméditée ou accidentelle, afin de rassurer le  Hezbollah.


Q-Comment expliquez-vous la chute de deux avions de reconnaissance israéliens récemment au Liban sud, sans que leur fuselage ne soit retrouvé ?
R-L’avion de reconnaissance MK est fabriqué de plastique et de métal. Et il pourrait être muni d’un engin explosif pour qu’il explose après sa chute, afin de prévenir qu’un ennemi découvre ses techniques. Mais il est étrange que les restes de l’avion aient disparu. Il se peut que le fuselage a été secrètement retrouvé pour qu’il soit examiné afin de découvrir ses secrets, ou que l’avion a chuté ailleurs, dans la mer ou dans les territoires occupés et que l’ennemi l’a récupéré.


Q-A l’ombre de la conjoncture locale et régionale actuelle, estimez-vous qu’une agression sioniste contre le Liban est probable ?
R-A l’ombre des événements en cours en Syrie, j’exclus la possibilité d’une offensive israélienne en ce moment, car l’ennemi est faible en face de la Resistance, capable de lui infliger une défaite. Au second plan, une guerre régionale pourrait représenter une issue pour le régime syrien. Israël tend à exploiter les résultats du complot fomenté contre la Syrie, afin qu’il parvienne à faire chuter le régime syrien comme étant un Etat résistant et le pousser vers la guerre civile qui l’effritera. C’est alors qu’Israël interviendrait en vue de détruire l’armée syrienne loyaliste et afin de paver la voie à l’opposition syrienne pour  gouverner la Syrie, l’éloigner de l’Iran et de la Resistance libanaise. C’est pour ces raisons qu’Israël est à l’affût, qu’il suit de près la situation en Syrie avant de décider d’avoir recours à la guerre. Mais cette interprétation des faits n’exclut pas la nécessité de la vigilance.


Q-Quel est le meilleur choix à adopter face à l’échéance du financement du TSL, qui sera soumis au Conseil des ministres a la fin de ce mois ?
R- Nous sommes contre ce Tribunal et bien conscients de sa politisation. Le TSL est un outil qu’utilisent les Etats Unis pour renforcer le projet américain et combattre les forces de la résistance. Le Tribunal pourrait développer dans l’avenir son acte d’accusation et prétendre que le sayed Khaminei a lui-même émis la fatwa et incité à l’assassinat et il serait alors requis pour le procès. Nous ne pouvons traiter le tribunal comme si nous admettions cette situation. Nous refusons par conséquent le tribunal, son financement et le gouvernement ne devrait pas l’avaliser. Et puisque nous sommes en état de guerre avec les Etats Unis et Israël, nous nous attendons à ce qu’ils exercent des pressions sur le Liban, non uniquement sur le plan économique mais aussi militaire et nous devons être prêts à faire face aux deux éventualités.


Q-Comment commentez-vous l’appel des forces du 14 Mars au Premier ministre pour démissionner au cas où le financement du TSL est avorté au gouvernement ?
R- Je ne crois pas que l’intérêt du Premier ministre Mikati  réside dans la démission, car il se serait placé dans une situation encore plus compliquée que celle causée par la campagne menée contre lui par le courant Futur. S’il démissionne,  il aurait entrepris un suicide politique.


Q-Comment voyez-vous les répercussions de la situation en Syrie sur le Liban, notamment à l’ombre de l’appel du 14 Mars à installer des camps pour les refugiés syriens ?
R- La mise en place  de camps suppose en premier lieu l’existence de refugiés syriens au Liban. Mais il s’est avéré que le nombre des refugiés est très limité et ceux qui se trouvent au Liban sont hébergés dans quelques maisons et écoles. Les informations qui me sont parvenues des citoyens du Nord affirment que la majorité des syriens déplacés ont loué des maisons et ont entamé des travaux. Leur situation ressemble à celle des libanais qui ont émigré durant la guerre civile vers d’autres pays et qui n’avaient pas le statut de refugiés. Et puis établir des camps sur les territoires syriens est impossible, vue la présence et le contrôle  de l’armée syrienne qui appellera les citoyens syriens à regagner leurs maisons. Alors que ceux qui ont commis des actes terroristes et tué des civils et des militaires, ils devraient assumer la responsabilité de leurs actes. Par conséquent, les appels des forces du 14 Mars revêtent un aspect purement médiatique et visent à prétendre que des catastrophes sociales ont lieu en Syrie et que des réfugiés syriens affluent vers le Liban. 


Q-Estimez-vous que ces forces (14 Mars) sont impliquées dans le trafic des armes vers la Syrie ?
R- Le trafic d’armes vers la Syrie a eu lieu, mais principalement par des commerçants d’armes à l’instigation de responsables locaux à Wadi Khaled,  à Ersal et en d’autres régions. Mais l’armée syrienne et en coopération avec l’armée libanaise, dont les moyens sont limités, est parvenue à contrôler les frontières, par les postes de surveillance plantés sur les zones frontalières. Mais l’armée libanaise ne peut contrôler toutes les zones frontalières,  que si elle déploie la moitié du nombre de ses militaires, ce qui affectera la situation délicate aux  frontières du Sud et à l’intérieur du pays.


Q-Quels sont les objectifs de la campagne lancée par les forces du 14 Mars contre l’armée libanaise ?
R-Les forces du 14 Mars veulent que l’armée ferme les yeux sur les frontières afin qu’elles demeurent ouvertes aux terroristes et aux trafiquants, et pour que le Liban devienne une base pour les opérations terroristes en Syrie et  un refuge aux terroristes. Mais l’armée ne tolère pas ce fait, d’où les critiques qui lui ont été adressées.


Q-Comment interprétez-vous le retrait des députés du 14 Mars de la commission parlementaire des Finances et du Budget ?
R-Ils tentent de camoufler les scandales financiers commis par le camp du 14 Mars et les gouvernements qu’il a formés. La commission des Finances œuvre peut être pour mettre un terme à des transgressions qui s’ajoutent au gaspillage au sein du ministère des Finances. Pour ces raisons, les députés du 14 Mars tentent par leur boycottage de bloquer les réunions, et  le travail de la commission des Finances, présidée par le député du Courant patriotique libre Ibrahim Kenaan. Ce ne sont que des pressions visant à suspendre le rôle assumé par la commission des Finances, dans la révélation des scandales  de cette équipe, au sein des gouvernements précédents.


Q-Estimez-vous que la loi électorale serait avalisée prochainement ?
R-Nous souhaitons de parvenir à un consensus sur une loi électorale qui soit satisfaisante pour les Libanais et qui soit un prélude à l’élection d’un Parlement qui représente le peuple libanais, qui réponde à ses aspirations et qui ancre l’union nationale.


Q-Comment évaluez-vous la performance du gouvernement en place ?
R- Le gouvernement œuvre en de difficiles conditions et son parcours est semé de pièges. Depuis sa formation, il a été refusé par les Etats Unis, alliés du 14 Mars. Et lors de l’explosion des événements en Syrie, le gouvernement a adopté la neutralité et le Liban n’a plus été une scène pour promouvoir le projet américain dans la région, mais plutôt la Syrie. Pour ces raisons, les Etats Unis n’exercent plus des pressions directes sur le gouvernement, mais en lui traçant par contre des lignes rouges à ne pas dépasser dont, l’interdiction de tout changement au sein des services de sécurité, de la modification de la politique de l’armée, de son équipement en armes pour qu’elle combatte "Israël", et l’interdiction de l’élimination du  TSL. Ces restrictions sur le travail du gouvernement le place dans un champ de mines où son activité est lente et prudente.


Q-Qu’aimeriez vous ajouter au terme cet entretien ?
R-J’affirme en conclusion que les Etats Unis, "Israël" et toux ceux qui leur sont affiliés, ont toujours combattu les forces de la Résistance. Ce n’est guère la première bataille, qui date depuis la fondation de l’entité sioniste. Ils ont lancé des séries d’offensives contre les pays arabes, et ont confronté dernièrement la Résistance, et la Syrie, et y ont imposé un embargo afin de la soumettre, mais elle a demeuré un Etat résistant, soutenant la Résistance. Ils ont de même combattu la Résistance Libanaise, ont fomenté des complots à son encontre et lancé la guerre de juillet 2006 pour l’abattre et y ont échoué. Leur guerre se poursuit par les tentatives visant à semer la discorde et la zizanie sur la scène libanaise, mais j’affirme à ce propos que la croyance en notre droit est ferme et que les forces de la résistance remporteront la victoire. L’agression américano-sioniste contre notre pays sera surement vouée à l’échec.

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