23 décembre 2013

En Egypte, 450 Frères musulmans détenus en grève de la faim

Le Monde.fr | • Mis à jour le
Des partisans des Frères musulmans et du président islamiste Mohamed Morsi, destitué par l'armée, lors d'une manifestation au Caire, en novembre.

En Egypte, plus de 450 Frères musulmans ont commencé une grève de la faim pour dénoncer « le traitement inhumain » qu'ils subissent en prison, a annoncé la confrérie lundi 23 décembre sur son compte Twitter. Parmi eux, plusieurs proches du président islamiste Mohamed Morsi destitué par l'armée début juillet.

« De nombreux Frères musulmans prisonniers politiques ont été interdits de visites familiales, d'assistance juridique, de soins médicaux et [vivent dans] des cellules surpeuplées et insalubres », accuse la confrérie. Parmi les grévistes de la faim figurent, selon eux, Khairat Al-Chater, un adjoint du « guide suprême »  de la confrérie et puissant argentier du mouvement islamiste, Essam El-Erian, un dirigeant de la confrérie, Mohamed Beltagi, un ancien parlementaire, Oussama Yassine, ancien ministre de la jeunesse, ainsi que plusieurs conseillers de l'ancien président.
Mourad Ali, porte-parole du parti Liberté et Justice (PLJ) des Frères musulmans et lui-même détenu, a indiqué, via un intermédiaire, qu'il était, avec les autres membres de sa confrérie, « détenu à l'isolement ». « Même lorsque nous sortons de nos cellules, deux heures par jour, chaque prisonnier est seul. Ils nous coupent de tout », a-t-il expliqué depuis la prison de Tora au Caire. Il a affirmé ne pas avoir accès à la presse, à la lecture et à la radio. De plus, s'il a droit à « une visite hebdomadaire de [sa] famille », il n'a « pas accès régulièrement à ses avocats ».

Lire notre décryptage : Qui sont les Frères musulmans ?

Début décembre, l'organisation Human Rights Watch avait accusé l'armée d'être responsable de la « disparition forcée » de cinq membres de la garde rapprochée de Mohamed Morsi, détenus au secret depuis sa destitution. Parmi eux, figurait M. Haddad qui a depuis été transféré à la prison de Tora au Caire, où se trouvent également la plupart des dirigeants des Frères musulmans, dont leur « guide suprême »,  Mohamed Badie. M. Morsi est pour sa part incarcéré à Alexandrie, la deuxième ville du pays, sur la côte méditerranéenne.
UNE CAMPAGNE DE RÉPRESSION IMPLACABLE
La destitution de Mohamed Morsi fit suite à de nombreuses manifestations massives qui reprochaient au président islamiste de ne pas avoir su gérer le pays et de n'avoir servi que les intérêts de sa confrérie. Peu après sa destitution, les nouvelles autorités dirigées de facto par l'armée ont lancé une campagne de répression implacable contre la confrérie qui a fait à ce jour plus d'un millier de morts et des milliers d'arrestations. A l'instar de M. Morsi, la quasi-totalité de la direction de la confrérie fondée il y a 85 ans se trouve actuellement derrière les barreaux et fait l'objet de poursuites, souvent pour la mort de manifestants anti-Morsi.
Depuis, les chefs d'accusation se multiplient contre membres et dirigeants des Frères musulmans, influent mouvement extrêmement organisé en Egypte, qui avait remporté toutes les élections organisées depuis la révolte populaire ayant chassé Hosni Moubarak du pouvoir en février 2011. M. Morsi est ainsi jugé dans trois affaires : son évasion de prison lors de la révolte de 2011, la mort de manifestants et des accusations d'« espionnage » au profit d'organisations étrangères en vue de commettre des « actes terroristes ».

Aucun commentaire: