Dar Babel pour l’information
02/04/2009
Une excellente journée : nous avons tué de nombreux innocents !
C’est un livre difficile à lire mais dont on ne peut éviter la lecture. Il suffit d’en lire quelques pages pour avoir le tournis mais quand on a le courage d’aller plus loin et de le lire en entier on est sûr de perdre la boussole et de se retrouver à s’interroger sur ce monde fou, pour finir par désespérer de l’humanité !
Le livre « journal de marche de soldats américains au pays de la Mésopotamie », traduit en arabe par Boutheïna Ennasri, n’est pas d’une lecture facile. C’est un livre dur parce qu’il décrit des faits d’une rare violence, un crime contre tout un peuple et contre toutes les valeurs communes à l’humanité depuis le début des temps. Tout y passe à la moulinette, la fraternité, la justice, l’égalité entre les hommes les droits de l’homme, bafoués et piétinés par la soldatesque des envahisseurs.
Chaque passage de ce livre, chaque ligne me conduit à penser que ce qui s’est passé en Irak après l’occupation n’a rien à voir avec des erreurs, des fautes ou des mauvaises appréciations, mais relève plutôt d’un programme mûrement réfléchi pour humilier l’homme et détruire en lui tout ce qu’il a de beau, ce qu’il a hérité de sa culture et ce qu’il a acquis au contact de la modernité. Ce livre nous apporte la preuve que l’humanité n’a rien appris de l’holocauste Nazi et des génocides des Khmers Rouges et Rwandais. Galicula est toujours présent en nous, prêt à agir et à commettre son forfait, dès que l’occasion se présente à lui. Bush n’est en fait qu’un Galicula qui a su choisir les hommes qui lui conviennent pour accomplir son œuvre criminelle en Irak.
J’ai dit à mon chef : « c’est un mauvais jour, nous avons tué tout le monde ». « Non, non, au contraire, c’est un bon jour », répondit-il ! Rien que ça, c’est tout simple. D’ailleurs faut-il attendre autre chose de gens dont la profession est de tuer et qui sont venus pour le faire ? Aucun d’entre eux n’a essayé de camoufler ses méfaits sous le discours de liberté et de démocratie. Ils ont eu toujours la même attitude des irakiens : ce sont tous des ennemis « j’ai commencé à tirer sur tout ce qui bouge. A cet instant là, tous étaient mes ennemis, sauf bien sûr mes compatriotes ». Des sauvages excités par la vue du sang, des cadavres carbonisés et des corps déchiquetés.
Ce sont des psychopathes rassemblés là par Bush pour laisser leurs empruntes dans l’histoire, pour détruire ce que l’esprit humain a construit de bien et de beau : bibliothèques avec ses livres, universités, centres de recherche scientifique, usines de médicaments, centres de loisirs, opéras, cinémas. Bush s’est révélé fidèle à sa nature : chef d’une bande de criminels et d’assassins ennemis de toute l’œuvre divine. Oh si l’humanité savait ce qui s’est passé en Irak, dans les détails, elle pleurerait la vie entière, de honte et de remords, incapable d’imaginer que cela puisse arriver à l’époque du post modernisme !
C’est tout simplement affolant : tout un pays est devenu ce lieu lugubre qu’est la prison Abû Ghrib, l’image miniaturisée de toute la détresse humaine. Des millions de gens s’y entassent, confrontés à chaque instant à l’humiliation, à la mort que donnent sans compter des assassins grâcement rémunérés. Ils sont venus de partout pour tuer, gagner de l’argent mais aussi ramener l’humanité à sa barbarie primaire. Peut-être est-ce parce que l’Irak a donné tant de choses à l’humanité, les premières civilisations, l’écriture, la roue ? El les Irakiens de se demander encore et toujours : pourquoi donc vous nous tuez ?
« Les Irakiens nous ont vu humilier les vivants et profaner les tombes de leurs morts. Bien plus, nous avons piétiné les cadavres calcinés, mis de cigarettes dans la bouche des morts ; nous les avons jetés par-dessus bord des voitures après les avoir détroussés et vidés leurs poches. C’était soi-disant pour collecter des informations. J’ai vu des Marines voler les montres et les chaînes d’or des Irakiens, leur arracher des serviettes pleines d’argent ».
Que dire de certains intellectuels et politiques irakiens, des hommes de gauche, soi-disant. Je me souviens que certains d’entre eux ont envoyé un télégramme à Bush pour le remercier. Curieusement ils tiennent toujours à leur appartenance à la gauche, au communisme !
Remercier Bush pour avoir occupé mon pays ! Quelques années après, une centaine d’entre eux avait publié un communiqué pour dénoncer la situation dans laquelle se débat le pays, pour prendre rendez-vous avec l’histoire. Curieusement, le communiqué ne fait aucune mention de l’occupation. Nombreux ont écrit des articles pour exprimer leur déception sur ce retour dans un pays qu’ils ne reconnaissent pas. Mais rien, aucun mot sur l’occupant et sa responsabilité dans l’état auquel fut réduit le pays !
Parmi ces intellectuels et ces politiques, il y en a qui ont écrit des livres qui eux aussi ne comportent aucune mention à l’occupation, même pas des allusions furtives. Ces frères, ces irakiens du Pentagone, qui sont surtout des ennemis et des traîtres, sont pires que les américains et Bush lui-même. Ils ont été les plus enthousiastes pour l’invasion, pour se venger de leurs compatriotes.
Bush lui-même ne s’est pas gêné de parler d’occupation alors que nos intellectuels venus dans ses valises ont du mal à en parler. L’un d’eux, un brillant intellectuel et interprète, l’appelle « présence américaine en Irak ». Heureusement que Mountazer al-Zaïdi, le journaliste irakien qui avait lancé ses chaussures en direction du président américain George W. Bush en décembre 2008, a corrigé le tir.
Une petite fille irakienne demande à un soldat américain en anglais « pourquoi vous nous faites tout ce mal » ?
Un autre soldat raconte « j’ai regardé sur le pont. A une distance de 100 à 150 mètres devant moi, deux enfants me tiraient dessus à coups de kalachnikov. L’un était âgé de 10 ans et l’autre avait 7 ans ». Les tirs des enfants n’atteindront pas le soldat seul mais aussi la poussière qui s’échappe de dessous ses sabots !
J’espère que chaque irakien pourra lire le livre de Boutheina Ennasri, mais les criminels et traîtres n’en tireront aucun profit. Ils ont fait pire que les soldats américains.
Traduit de l'arabe par Ahmed Manai
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