19 avril 2009

Torture sous surveillance médicale


ETATS-UNIS - Obama ne veut pas poursuivre les personnes impliquées...

Tourner la page. L'administration Obama a publié jeudi une version expurgée des mémos secrets décrivant les méthodes violentes de la CIA dans sa lutte antiterroriste, que certains assimilent à de la torture.

Certains courts passages mentionnant des noms ont été censurés et le président Barack Obama a affirmé que ces personnels qui «ont fait leur devoir en se fondant avec bonne foi sur les conseils légaux du département de la Justice ne seront pas poursuivis».

Barack Obama a convenu que les Etats-Unis avaient traversé «un chapitre noir et douloureux» de leur histoire mais a souligné qu'il avait déjà fait «cesser ces techniques contenues dans les mémos».

Violence physique et mentale

Les mémos datant de 2002 et 2005 constituent un mode d'emploi détaillé d'une dizaine de techniques «de bas » et «coercitives» pour faire parler des terroristes présumés.

Ainsi, le prisonnier est d'abord mis nu, privé de sommeil, enchaîné et parfois doté d'une couche-culotte, précisent les textes rédigés par des avocats mandatés par l'administration Bush. Il subit aussi une «altération de son hygiène alimentaire», souvent une alimentation exclusivement liquide.

Viennent ensuite les méthodes dites «correctrices» où il y a «interaction» avec le détenu. «Ces techniques ne sont pas toutes utilisées en même temps» précise un des mémos.

Selon un «interrogatoire prototype», on peut utiliser «la frappe insultante au visage», «la frappe au ventre», la privation de sommeil les mains menottées, parfois appuyé contre un faux mur souple qui s'affaisse lorsque le détenu tente de s'y reposer.

Celui qui interroge peut également utiliser le confinement en compagnie d'insectes hostiles et enfin le fameux «waterboarding», la simulation de noyade.

«Preuve irréfutable de torture»

C'est la puissante Association américaine de défense des libertés publiques (ACLU) qui avait obtenu devant les tribunaux la promesse de la publication de ces rapports secrets.

Jeudi, l'ACLU mais aussi le CCR (Center for Constitutional Rights) et Amnesty International ont contesté l'absence de poursuites. «Ces mémos fournissent la preuve irréfutable que des responsables de l'administration Bush ont autorisé et donné leur bénédiction légale à des actes de torture qui violent les lois internationales et nationales», a estimé Anthony Romero, directeur exécutif de l'ACLU.

Le directeur du renseignement américain Dennis Blair a reconnu qu' en avril 2009, cela paraît choquant et dérangeant», mais qu'il fallait replacer cela dans le contexte de «l'horreur» du 11-Septembre, rappelant que Washington s'était engagé à ne plus utiliser ces méthodes.

Ces organisations utiliseront sans doute tous les recours possibles pour tenter d’entamer des poursuites, y compris contre George Bush. Le sénateur démocrate Patrick Leahy propose, lui, une solution intermédiaire avec la création d’une commission «vérité et réconciliation» sur le modèle de l’Afrique du sud.

POLEMIQUE - Ils surveillaient l'état de santé des détenus alors que leur étaient infligés des mauvais traitements...

Quand l'interrogatoire passe avant la santé du patient. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) affirme dans un rapport confidentiel que des personnels médicaux ont participé à des interrogatoires de la CIA relevant de la torture,

Torture sous surveillance

Des premières conclusions de ce document, dévoilé en mars par la presse américaine, avaient montré que les traitements infligés aux personnes soupçonnées de terrorisme dans les prisons secrètes de la CIA relevaient de la «torture»: coups, privations de sommeil, expositions à des températures extrêmes, simulations de noyade...


Selon les nouvelles révélations, des personnels médicaux étaient présents lors de ces interrogatoires, surveillant l'état de santé des détenus alors que leur étaient infligés des mauvais traitements.


Ils «donnaient des instructions pour poursuivre, cesser ou modifier» les interrogatoires, assure le rapport, qui s'appuie sur les conclusions de responsables du CICR qui ont pu rencontrer des détenus des prisons de la CIA, membres présumés d'Al-Qaida, après leur transfert en 2006 dans le camp de prisonniers de Guantanamo, sur l'île de Cuba.


Garder le prisonnier vivant

Un des détenus a ainsi affirmé «qu'à plusieurs occasions, des simulations d'asphyxie ont été arrêtées sur intervention» d'équipes de santé présentes dans la pièce. A l'inverse, celles-ci pouvaient «recommander» la poursuite de tels traitements. «Je m'occupe de ta santé seulement parce qu'on a besoin de tes informations», aurait par ailleurs lancé un membre de ces équipes à un détenu.Le CICR rappelle dans son rapport que la pratique de la médecine obéit à des principes déontologiques: respect de la dignité du malade, recherche de l'amélioration de sa santé, interdiction des mauvais traitements.


Le comité conclut que «la participation du personnel médical» dans le cadre de ces interrogatoires «constituent une violation flagrante de l'éthique médicale, et s'apparente dans certains cas à une participation à la torture et/ou à des traitements cruels, inhumains ou dégradants».Au moins cinq copies du rapport ont été réalisées et diffusées auprès de hauts responsables de la CIA et de la Maison Blanche en 2007, mais interdits de diffusion auprès du public par le CICR, censé garder sa neutralité dans les conflits.


Le CICR n'a pas contesté l'authenticité du rapport, mais regretté sa diffusion. La CIA avait refusé de réagir. A mesure qu'elles ont été révélées, les méthodes utilisées par l'agence de renseignement dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme» de l'ancien président américain George W. Bush n'ont cessé de faire scandale.
MD (Avec agence)


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