24 septembre 2013
Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah est intervenu ce lundi soir sur la chaine de télévision al-Manar pour commenter les derniers événements survenus sur la scène libanaise, syrienne et régionale. Voici les principales idées de son allocution télévisée :
« Je voudrais au début m’arrêter sur le déploiement de la force sécuritaire commune dans la banlieue Sud de Beyrouth. Cette force sécuritaire commune regroupe des forces de l’armée, des forces de sécurité et de la sureté générale.
Nous au Hezbollah saluons cette décision prise par l’Etat et nous espérons que l’Etat et les dirigeants assurent la sécurité de toutes les régions libanaises. La spécificité du cas de la banlieue découle du fait qu’elle a été visée par deux explosions. Nous soutenons aussi les appels lancés depuis Tripoli réclamant le déploiement des forces sécuritaires dans cette ville. J’appelle les habitants et les gens qui fréquentent la banlieue Sud à bien coopérer avec les forces de sécurité et à respecter les barrages établis au profit de la sureté des gens dans la banlieue. Nous nous attendons à ce que ces forces de sécurité commune assument leur entière responsabilité à ce sujet. Cette force commune fait partie d’un ensemble plus grand des services de sécurité qui doivent remplir leurs obligations. Depuis 14 aout, nos membres ont assumé des responsabilités grandioses en prenant à leur compte la sécurité de la banlieue. Dès le début, nous avons entendu des voix rejetant l’auto-sécurité. Nous respectons cette position et nous sommes aussi contre l’auto-sécurité. Sachez que nous n’avons jamais recouru à l’auto-sécurité. Les mesures de sécurité, les barrages et les fouilles avaient pour seul objectif d’empêcher l’entrée de voitures piégées dans la banlieue Sud, la Békaa et le Sud. D’aucuns ont repris le même leitmotiv qui nous accuse de chercher à établir notre propre Etat. Mais nous sommes entrés en contact avec les services sécuritaires de l’Etat dès la première explosion, mais c’est l’Etat qui a parlé de manques d’effectifs. Nous avons réussi dans notre mission, tout en insistant à ce que l’Etat établisse son rôle. Ceux qui nous accusent de chercher à mettre en place un mini-Etat sont allés jusqu’à condamner ces mesures de sécurité. Que voulez-vous ? Vous savez que nous sommes menacés. Personnellement, j’avais l’impression que ces gens étaient contents de voir des gens mourir dans des explosions dans la banlieue Sud ou même à Tripoli. Certains même ont écrit que le Hezbollah souhaite que des voitures explosent et que des gens soient tués au moment où les forces de sécurité prennent en charge la sécurité de la banlieue. Ceux qui ont tenu ces propos ne ressemblent en rien aux êtres humains. Ils sont atteints d’une décadence morale. Je remercie nos éléments, les forces de sécurité mais aussi les factions palestiniennes qui ont coopéré pleinement dans les camps de Bourj el Barajneh et de Sabra et Chatila avec ces mesures de sécurité.
Je m’adresse aux officiers et aux colonels de la force sécuritaire commune : La sécurité de la banlieue, de ses habitants et de ses propriétés sont de votre responsabilité. Et l’approbation du Hezbollah et du mouvement Amal de ce déploiement sont une preuve tangible sur la confiance des deux parties en l’Etat.
Au sujet de l’explosion de Rweiss, les enquêtes ont montré la responsabilité des groupes takfiris opérant depuis la Syrie et agissant dans les rangs de l’opposition syrienne. Les services de l’Etat compétents ont abouti au même résultat. Nous n’allons pas évoquer les noms des personnes responsables mais nous attendons que l’Etat prenne les mesures nécessaires pour les traquer et les punir.
Par rapport aux armes chimiques syriennes, certains dirigeants de l’opposition syrienne basée en Turquie ont accusé le Hezbollah d’avoir reçu des armes chimiques syriennes, et certains ont dit qu’il s’agit d’une tonne d’armes chimiques. Cette accusation expose le Liban au danger, et je rejette catégoriquement ces accusations. Jamais nos frères syriens ne nous ont parlé d’armes chimiques et la possession d’armes chimiques est prohibée du point de vue religieux. Les Etats-Unis et leurs outils dans la région jouent un jeu très dangereux et sachez que tout le monde au Liban sera affecté par ces répercussions.
Quatrièmement, le Hezbollah n’avait jamais projeté d’installer un réseau de télécommunications dans la ville de Zahlé. Cette question n’a jamais été posée. Il y a quelques années, un câble a été mis en place aux confins de Zahlé pour lier les réseaux ensemble. Par respect aux habitants de Zahlé j’ai décidé de parler de cette affaire.
Passons au volet politique, nous avons toujours appelé à un dialogue national. Le chef du Parlement a lancé une initiative mais certaines parties ont refusé de participer à la table de dialogue. Au passé, le camp du 14 mars ont claqué la porte au dialogue en imposant des conditions difficiles et continuent de rejeter le dialogue. Quant à nous, nous sommes prêts à prendre part à tout dialogue qui sert les intérêts du pays et ceux qui le rejettent sont libres de venir ou de ne pas participer à ce dialogue. Donc, nous soutenons l’initiative du Président Berri et nous sommes prêts à débattre des premières parties qui se sont intervenues dans le conflit syrien, et quand est-ce que le Hezbollah est entré en Syrie. Celui qui appelle le président Obama à frapper la Syrie ne s’ingère-t-il pas dans la crise syrienne ?
Hier, le président turc met en garde du danger des groupes extrémistes sur la Turquie. Nous avons mis en garde dès le début contre ce danger. Le Pakistan souffre de ces groupes takfiris, et aujourd’hui il y a eu des explosions contre des églises qui ont fait des dizaines de morts. Ceci nécessite sur la scène libanaise que tout le monde se mobilise pour aller au dialogue et trouver une issue à la crise.
Passons à la formation du gouvernement. L’autre partie mène une campagne médiatique contre le Hezbollah et rejette la participation du Hezbollah au gouvernement. Il y a juste deux semaines, ce même camp est revenu sur sa position et a dit que nous acceptons la participation du Hezbollah. Que personne ne vienne maintenant nous accuser de bloquer le pays alors qu’ils sont responsables de ce blocage. Notre condition est que toutes les forces politiques soient représentées selon leur représentativité au Parlement dans le nouveau gouvernement, alors que le camp du 14 mars rejette de facto l’équation peuple-armée-résistance. Quant à l’équation des trois huit, elle n’est pas correcte. En réalité, il s’agit de l’équation 8-10-6, surtout que le Premier ministre fait partie des forces du 14 mars ainsi que le ministre qu’il va nommer. Le président Michel Souleimane et le député Walid Joumblatt auront 6 ministres alors que les forces du 8 mars n’auront que 8 ministres.
Venez former un gouvernement d’union nationale et cessez de miser sur les développements en Syrie pour que le pays sorte de ce blocage qui menace la vie des citoyens.
Certains pays du Golfe, notamment l’Arabie Saoudite, insistent à accuser le Hezbollah et les gardiens de la révolution iranienne d’occuper la Syrie. Pour eux, il existe une occupation de la Syrie et les groupes rebelles sont la résistance contre cette occupation ! L’Arabie Saoudite part de cette accusation pour convoquer une intervention militaire internationale. Toute une campagne contre le Hezbollah est menée au Liban et partout dans le monde.
Cette accusation est erronée. Sachez qu’il n’existe qu’un nombre très limité des gardiens de la révolution islamique en Syrie qui vivent là-bas depuis des décennies. Est-ce que le Hezbollah a la capacité d’occuper la Syrie ? L’objectif réel de cette accusation est de démentir leur échec en Syrie. Cette coalition qui a misé sur la chute du régime en Syrie dès les premiers jours de la crise, a admis son échec et essaie de ne pas avouer cet échec en nous accusant d’occuper la Syrie.
Les autres groupes non syriens importés de partout n’occupent-ils pas la Syrie ? Celui qui parle de l’occupation de la Syrie ne doit pas convoquer une intervention militaire contre la Syrie.
A l’ombre des événements en Syrie voire dans le monde, j’appelle le royaume saoudien, les pays du Golfe, et la Turquie à réviser votre position. Nous sommes face à une nouvelle période très dangereuse partout dans le monde arabo-islamique. Miser sur une solution militaire ne mène nulle part. Mettez vos rancunes de côté, pensez à vos intérêts et aux intérêts de vos peuples. Sachez que le salut de la Syrie et des pays de la région passe par une solution politique. Poursuivre les combats ne réalisera pas les objectifs auxquels vous aspirez. Personne ne veut la guerre. La solution est d’aller au dialogue et celui qui le rejette est responsable de toute goutte de sang qui va couler.
Nous ne sommes pas surpris de l’insistance du gouvernement bahreïni à nous accuser d’organisation terroriste. Bon, espérons qu’il fera de même pour Israël qui menace les lieux saints en Palestine. C’est une position politique non juridique, qui est en étroite relation avec le soulèvement populaire légitime et pacifique à Bahreïn. Nous étions parmi les quelques forces qui ont affiché leur soutien politique et médiatique au peuple de ce pays. Les mesures prises par le gouvernement de Bahreïn sont un signe sur la faiblesse de ce gouvernement.
Quant à nous, c’est une position religieuse et morale et personne ne s’ingère pas dans les affaires de ce pays. Ni le Hezbollah, ni l’Iran ne s’ingèrent dans ce soulèvement populaire, alors que le gouvernement bahreïni a convoqué une intervention régionale pour réprimer violemment les manifestations populaires.
Nous misons sur la poursuite de ce mouvement populaire et le gouvernement ne réussira pas ses objectifs visant à le réprimer.
vidéo du discours complet
http://www.almanar.com.lb/programs/pdetails.php?pid=751&eid=81266&wid=2781
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