19 juin 2008

attention à Ehud Barak !

Attention à Ehud Barak !

Le ministre de la « défense » israélien, actuellement en visite de deux jours à Paris, où il vient planifier la prochaine guerre contre l'Iran, est certainement l'homme le plus dangereux au Moyen Orient.



Attention à Ehud Barak !

Attention à Ehud Barak !

Le ministre de la « défense » israélien, Ehud Barak, est définitivement l'homme politique le plus dangereux au Moyen Orient. Ahmadinejad ne peut que rêver d'avoir les pouvoirs déjà aux mains de Barak : politique et militaire, conventionnel et non conventionnel. Netanyahu et d'autres hommes politiques israéliens d'extrême droite disent ce qu'ils pensent et sont catalogués comme étant des extrémistes, donc ils sont en permanence surveillés. Barak est plus extrémiste que Netanyahu, mais c'est un extrémiste qui le dissimule.

La personne qui a détruit le processus d'Oslo et initié la deuxième Intifada, la personne qui a démoli le camp de la paix israélien de l'intérieur en répandant le mythe de « l'offre généreuse » rejetée par les Palestiniens, en persuadant les israéliens qu'il avait « démasqué » Arafat, et qu'il n'y avait pas de partenaire palestinien – cette personne continue de s'appeler elle –même « le chef du camp de la paix israélien ».

C'est l'un des traits les plus dangereux de Barak : sa tendance à mentir, se présentant lui-même comme l'opposé de ce qu'il est réellement. ( c'est nous qui soulignons en gras)

Barak n'a pas changé. Comme l'a annoncé, le Yediot Aharonot (quotidien israélien ndlt) il y a juste quelques mois de cela : « le dirigeant du parti travailliste est plus à droite que Netanyahu » (le 10 août 2007). Barak a décrit la reprise des discussions de paix comme « une fantaisie », a dit « il n'y a pas de différence entre le Hamas et le Fatah »; promis »je n'enlèverai aucun barrage en Cisjordanie » ; et répété son vieux Mantra : « il n'y a aucune chance d'un accord avec les Palestiniens. »

En fait, Barak s'est opposé en permanence au Sommet d'Annapolis. Son opposition s'est transformée en soutien réservé quelques semaines avant sa tenue, quand il est devenu évident que la rencontre ne serait rien de plus qu'une opération pour la photo souvenir. Par-dessus le marché, pour être sûr que rien ne sortirait de ce processus nouvellement lancé, Barak a appelé à plusieurs reprises à relancer les négociations de paix avec la Syrie en parallèle à celle avec les Palestiniens. Un sale tour caractéristique de Barak : pousser à reprendre les discussions avec la Syrie permet à Barak d'améliorer son image d'homme de paix alors qu'il agit sciemment pour saboter toute perspective de paix. Dans un rapport officiel écrit à l'époque ou il était premier ministre en 2000, et récemment obtenu par le quotidien en hébreu Haaretz (13/12/07), le chef du bureau de Barak écrivait que résumer les négociations avec la Syrie avait mené à une méfiance extrême et un raidissement du côté palestinien, et, de plus, l'équipe israélienne avait été incapable de gérer simultanément les négociations sur les deux fronts. En d'autres termes, reprendre les négociations avec la Syrie est une démarche pour faire en sorte que celles menées avec les Palestiniens n'aboutissent pas, et Barak utilise cette sale carte de jeu pour la deuxième fois.

Barak avait promis de quitter la coalition d'Olmert après la publication (2007 ndlt) du rapport de la Commission Winograd (sur la guerre menée par Israël en 2006 contre le Liban ndlt), qui a fait porter la responsabilité de l'échec à Ehud Olmert (qui n'a pas démissionné malgré la sévérité des accusations contre lui ndlt). Ensuite il a laissé entendre via ses « aides » qu'il ne tiendrais pas sa promesse (Barak ne parle jamais aux médias ; il envoie ses « aides » pour faire part de ses intentions, de sorte que personne ne peut le tenir pour responsable de ce qu'il dit). C'est fort probable que la logique perverse utilisée par Barak le conduira à revenir occuper le bureau de premier ministre par le biais d'une « petite guerre ». Une fois qu'Olmert sera complètement discrédité (à l'échec de la guerre du Liban se sont ajoutés les soupçons de corruption qui pèsent actuellement sur lui ndlt), Barak, en tant que ministre de la défense, peut espérer bénéficier d'une nouvelle guerre réussie – une grande opération contre Gaza « qui se rapproche de plus en plus « comme Barak le répète inlassablement, une guerre contre la Syrie, une attaque contre l'Iran, ou une combinaison de tout cela. Une telle guerre serait une raison excellente de ne pas respecter sa promesse de quitter la coalition : après tout ce serait « irresponsable » de quitter le gouvernement alors qu'une guerre est imminente.

Barak sait mieux que quiconque comment précipiter Israël dans la guerre, même dans le dos du gouvernement si besoin est : après tout c'est le jeune général Barak qui au début des années 80 avait recommandé à ses supérieurs dans l'armée d'utiliser la tromperie pour embobiner le gouvernement et le public israélien pour qu'ils soutiennent la guerre contre le Liban.

Ran HaCohen 27/12/07 –www.antiwar.com

Traduction Mireille Delamarre www.planetenonviolence.org

Ran HaCohen est professeur d'université et critique littéraire au Yediot Aharonot. Il publie régulièrement des analyses pointues sur la situation au Moyen Orient sur le site américain Antiwar.

Information complémentaire

Actuellement, le premier ministre israélien Ehud Olmert est très affaibli et donc Barak a le champ libre. Ce dernier s'est rendu récemment à Washington dans le cadre de préparatifs militaires conjoints contre l'Iran. Il est en visite à Paris pour planifier, par étapes, une attaque contre l'Iran comme il l'annonce ci-dessous. Effectivement, dans un entretien accordé au journal le Monde, publié en ligne le 19/06/08 sous l'intitulé « Ehud Barak : l'Iran est un défi pour le monde » il affirme que :

Les Iraniens sont déterminés à continuer de défier le monde entier, à tricher, tromper et aller vers une capacité nucléaire militaire. Le rapport des services secrets américains était faux, point final, et je suis confiant : nous le démontrerons avec le temps. Il y a beaucoup à faire, à la fois en matière de sanctions sur les transactions financières et sur les capacités de raffinage. Cela devrait passer par des actions diplomatiques relevant du chapitre VII de la Charte de l'ONU. Mais d'autres façons de ralentir l'effort (iranien) devraient être envisagées. Nous disons qu'aucune option ne devrait être retirée de la table. Cela nécessite une certaine préparation, une planification.

Ainsi donc, il projette sur l'Iran ses propres vices (tricherie, tromperie), y ajoutant une grosse touche d'arrogance, typiquement israélienne, pour ce qui est du rapport des services secrets américains. Mais surtout, tout est dit ici en ces quelques mots, sur les préparatifs de guerre, pour une fois « en direct » sans ses « aides « habituels.

Lors de la dernière rencontre Bush Sarkozy à Paris, rien ou presque n'a filtré de ce qui s'est réellement conclu entre les deux va t-en guerre. La politique actuelle de la Maison Blanche vis-à-vis de l'Iran c'est d'aller jusqu'aux limites du possible – « brinkmanship » comme on dit dans le langage de politique étrangère américaine depuis des décennies, une politique extrêmement dangereuse et menaçante pour la paix mondiale. L'accord conclu avec Sarkozy, c'est d'aligner la politique étrangère de la France concernant l'Iran sur celle des US (« brinkmanship »), qui est elle-même alignée sur celle de Tel Aviv. Ce qui s'est mis en place à Paris, c'est une politique bilatérale (comme il existe un politique bilatérale entre Tel Aviv et Washington). Actuellement, les activités politiques sont concentrées sur des sanctions économiques mais la menace de l'utilisation de la force militaire contre l'Iran sera répétée en boucle de manière volontairement ambiguë, non seulement pour faire pression sur l'Iran, mais aussi pour préparer l'opinion publique à une telle éventualité. Une opération de psyop qui vise à neutraliser toute opposition à cette guerre (lassitude des opinions et résignation qu'on peut constater avec l'effritement du mouvement anti-guerre, pourtant très actif avant l'attaque contre l'Irak). Les pièces du puzzle d'une attaque sont mises progressivement en place, avec le concours actif des médias, dont en France, le Monde, le Figaro …. Cette fois la France non seulement ne s'y opposera pas, comme elle a pu s'opposer à la guerre contre l'Irak, mais avec Nicolas Sarkozy au pouvoir, et une opposition somnolente, voire consentante, surtout en matière de politique étrangère, elle pourrait y participer activement.

Aucun commentaire: