18 juin 2008

Israël emprisonne même les femmes mortes


Les autorités israéliennes emprisonnent les Palestiniennes même après leur mort
[ 20/06/2008 - 08:46 ]
Par Iqbal Tamimi

Iqbal Tamimi est palestinienne originaire d'Hébron, journaliste et poète. Elle est membre du service de la liberté de la presse du réseau des journalistes en exil, au Royaume-Uni. Elle a également créé un réseau dynamique et important de militants, Palestinian Mothers, ouvert à tous ceux et celles qui partagent une vision de paix et de justice, la même pour les hommes et les femmes.

Les forces israéliennes d'occupation ont arrêté plus de 10.000 palestiniennes, d'âges et milieux divers, depuis 1967. 720 palestiniennes ont été arrêtées pendant l'Intifada Al-Aqsa, 102 d'entre elles sont toujours détenues aujourd'hui.

L'arrestation des mères, des épouses et des sœurs des personnes recherchées ou des détenus est une forme de punition collective, et elle a pour but de faire pression sur les Palestiniens pour les forcer à avouer ou à se rendre.

Dans de nombreux cas, les Palestiniennes ont été menacées, en prison, de détention de leurs enfants, pour les forcer à coopérer. Un rapport du Comité Public contre la Torture en Israël (avril 2008) a rapporté 6 cas où les forces israéliennes ont menacé des prisonniers palestiniens d'emprisonner les membres de leurs familles cette année. Des rapports documentés existent de membres de familles de prisonniers palestiniens détenus sans aucune raison légale valide. Ce rapport a été soumis à la Knesset.

Le Président des services secrets intérieurs israéliens (Shin Bet) a confirmé qu'un de ces cas au moins a été avéré par l'Unité d'Enquête pendant l'audience de ce cas.

Certaines de ces détenues ont des maris ou des frères dans d'autres prisons, mais l'administration pénitentiaire en Israël refuse qu'elles puissent rencontrer ces membres de leur famille.

Le Ministre des Prisonniers a confirmé dans ses rapports que toutes les femmes arrêtées ont été soumises à des tortures psychologiques ou physiques, et dans certains cas, les deux. Certaines ont également subi du harcèlement sexuel. Certaines de ces prisonnières ont subi différents degrés et méthodes de torture. Des femmes ont été maintenues en cellules ou en salles d'interrogatoire pendant plusieurs mois, puis transférées dans les noires prisons pour y vivre dans des conditions dures ; certaines ont été libérées sans indemnité ni même aucune excuse.

102 palestiniennes sont toujours détenues depuis l'Intifada Al-Aqsa.
98 d'entre elles viennent des provinces du nord de la Palestine et de Jérusalem, 4 viennent des provinces du sud. Parmi elles, 4 prisonnières de moins de 18 ans.

Le Docteur Mariam Saleh, député au Conseil Législatif Palestinien et Ministre des Affaires Féminines fut parmi ces détenues.

51 de ces prisonnières ont été condamnées, certaines d'entre elles à un emprisonnement à vie, d'autres l'ont été à plusieurs condamnations à vie. 45 d'entre elles ont des condamnations avec sursis, 6 sont en centres de détention administrative. 4 ont accouché en prison, sans soins médicaux adéquats, privées de la présence de leur famille pendant l'accouchement.

Ces mères sont :
Mervat Taha, Manal Ghanem, Samar Subaih et Fatima Alziq. D'autres mères ont accouché, dans des conditions similaires, avant l'Intifada.

La souffrance des Palestiniennes dans les prisons israéliennes s'est accrue ; les conditions de vie des prisonniers se détériorent continuellement et dangereusement, outre leur assujettissement à des campagnes répressives par le département israélien des prisons, sans aucune considération pour les besoins spécifiques à leur genre. De tels traitements affectent gravement leur santé mentale, en particulier pour celles qui ont été placées en isolement pendant des périodes allant de quelques mois à plusieurs années.

Isolement cellulaire après la mort aussi

Le châtiment de détention des Palestiniennes n'est pas pratiqué que contre les vivantes, les autorités israéliennes d'occupation ont incarcéré plusieurs Palestiniennes après leur martyr, et comme punition, leurs corps ont été mis dans des réfrigérateurs, ou dans des fosses communes, refusant de rendre leurs corps à leurs familles pour des funérailles convenables.

Voici les noms de certaines prisonnières détenues après leur mort :
Ayat Alakhras
Dalal Almughrabi

Dareen Abu Eshah
Wafaa Edrees
Hanadi Jaradat
Hiba Daraghme.

Israël est le seul occupant au monde qui punit les gens même après leur mort, ce qui est une infraction à toutes les normes et lois éthiques universelles. En particulier parce qu'ils savent combien les funérailles d'un Musulman sont importantes, d'un point de vue religieux.

Fausses arrestations

L'une des procédures manipulatrices d'Israël est de faire semblant d'arrêter un membre d'une famille pour faire pression sur le prisonnier pour qu'il avoue ou coopère. Les mères, les filles, les épouses et les sœurs sont utilisées dans de tels plans retors pour exercer davantage de pression morale et psychologique sur eux.

Une des mères d'un prisonnier a dit qu'une fois, elle a été menottée avant de voir son fils pour qu'il ait l'impression qu'à cause de lui, elle traversait de dures épreuves. Un autre prisonnier, Mahmoud Alswaiti, a été détenu à Hébron, en Cisjordanie, parce qu'il était soupçonné d'appartenir à un groupe armé. Les Israéliens ont dit à Alswaiti, pour le mettre sous tension, que sa femme et son père avaient été arrêtés ; pour rendre l'histoire crédible, les gardiens israéliens ont obligé sa femme et son père à marcher près de sa fenêtre, par laquelle il pouvait les voir, encerclés par des gardiens lourdement armés. Et pour rendre l'histoire encore plus crédible, ils avaient obligé son père à porter une chemise semblable à celles que portent les prisonniers.

La réitération de telles actions a poussé Alswaiti à tenter de se suicider. Le comité a écrit, selon le témoignage d'un des enquêteurs, qu'Alswaiti avait essayé de s'étrangler avec sa propre chemise, et qu'il ne cessait de se cogner la tête contre le mur et la table, parce qu'il se sentait impuissant à aider sa femme et son père âgé, dont il pensait qu'à cause de lui, ils vivaient une expérience humiliante.

Ce qu'espère une mère palestinienne

Habituellement, les mères ont des espoirs et des rêves, comme toutes les autres mères, comme voir leur enfant réussir ses examens ou se marier. Mais les rêves des mères palestiniens sont fous… différents… extravagants.

Une de ces rêveuses est une mère de la ville de Qufor Qleel, au sud de Naplouse.

Ribheeyeh Alquni a 59 ans, et son rêve est que ses 5 fils emprisonnés le soient dans la même prison, pour qu'elle puisse aller les voir tous en même temps.

Ribheeyeh souffre de problèmes cardiaques et de diabète ; c'est la raison pour laquelle elle ne peut faire qu'une visite par semaine. Elle ne peut donc aller voir qu'un fils à la fois, annulant les visites pour les quatre autres.

Ses enfants sont :

- Mazin, 30 ans, arrêté par les forces israéliennes d'occupation il y a 5 ans. Il est en prison, malgré un handicap aux jambes, et il n'a pas été jugé. Il est détenu à la prison Megiddo.

- Samir, 29 ans, a été condamné à 40 ans et 10 jours de prison ; il a été arrêté il y a 6 ans et souffre de problèmes rénaux. Samir est détenu à la prison Rimon.

- Buraq, 23 ans, a d'abord été emprisonné pour 3 ans puis libéré, puis arrêté à nouveau il y a 17 mois. Les enquêteurs israéliens demandent 7 ans d'incarcération. Pour le moment, il est à Megiddo.

- Hazim a 27ans et a été condamné à la prison à vie il y a 6 ans.

- Mohammad, 20 ans, est en prison depuis un an et demi environ mais n'a toujours pas été reconnu coupable.

Leur mère a du chagrin parce qu'elle ne peut pas profiter de la présence de ses enfants dans un seul endroit, même pas en prison. Elle sourit malgré ses pleurs et dit que Mohammad et son frère Hazim se sont rencontrés une fois, dans une pièce, à la prison de Jalbooa, mais ils ne sont pas reconnus, parce qu'Hazim a été arrêté lorsque Mohammed était petit, et que Mohammed avait le visage gonflé par des tortures sévères qui lui changeaient le visage, de toutes façons.

La mère espère rencontrer ses enfants ensemble, elle dit qu'elle n'a pu poser les yeux sur trois de ses fils depuis qu'ils ont été emprisonnés, Mohammad, Buraq et Mazin.

Elle prie pour qu'ils soient mis ensemble, dans la même prison ; au moins elle pourrait tous les voir à chaque visite. "Maintenant, ma maison est vide", dit-elle.

Références :
Arab Media Internet Network / Amin
Palestinian Ministry of Prisoners
Director of Bureau of Statistics Awni Farawana
Public Committee against Torture in Israel
Reporter Ahmad Budairy BBC- Jerusalem
Arab Media Internet Network / Amin

Source : Palestine Think Tank


Israeli authorities imprison Palestinian women even after their death

By Iqbal Tamimi • Jun 17th, 2008 at 18:21 • Category: Features, Israel, Newswire, Opinions and Letters, Palestine, Resistance, Somoud: Arab Voices of Resistance

Israeli occupation forces have arrested more than 10,000 Palestinian women of various backgrounds and ages since 1967.

720 Palestinian women were arrested during the Al-Aqsa Intifada, 102 of them are still detained to this date.

Arresting mothers, wives and sisters of wanted persons or detainees is one form of collective punishment, and it is aimed at forcing Palestinian men to confess or surrender under pressure. In many incidents Palestinian women were threatened in prisons to detain their children in order to force the mothers to cooperate. A report by the Public Committee Against Torture in Israel (April 2008) reported 6 cases of Israeli forces threatening Palestinian prisoners to detain their family members this year. There are documented reports of detaining members of families of Palestinian prisoners without any valid legal reason to do so. This report has been submitted to the Knesset. The president of the Israeli International security service (Shin Bet) confirmed that one incident at least was confirmed by the Investigation Unit during the hearing of the case.

Some of the detained women have husbands or brothers held in other prisons too, but the administration of prisons in Israel refuses to grant them to exchange visits with their family members.

The Ministry of Prisoners confirmed in its reports that all women arrested were subjected to psychological or physical torture and in some cases to both. Some were sexually harassed too. Different female prisoners were subjected to different degrees and methods of torture. The women were kept in cells and chambers of investigations for several months, and then transferred to the dark prisons to live the hard conditions; some were freed without any compensation or even an apology.

102 female Palestinian prisoners are still detained since the Al-Aqsa Intifada.

98 of those women are from the Northern provinces of Palestine and Jerusalem, 4 are from the southern provinces. This includes 4 under-age female prisoners.

Dr.Mariam Saleh Deputy of the Palestinian legislative Council and Minister of Women Affairs was one of those detained women.

51 of those prisoners have been sentenced, some have been sentenced to lifetime imprisonment, others are sentenced several lifetime sentences. 45 of them are have suspended sentences, 6 are detained in administrative detention centres. 4 gave birth in prison without adequate medical or health care, deprived of being accompanied by any relatives during delivery. Those mothers are:

Mervat Taha, Manal Ghanem, Samar Subaih and Fatima Alziq. Other mothers delivered their babies in similar conditions before the Intifada.

The suffering of Palestinian women inside Israeli prisons has increased; the conditions of the prisoners is deteriorating continuously in a dangerous way, besides their subjection to repressive campaigns by the Israeli prisons department without any regard to their gender special needs. Such treatment has affected their mental health severely, especially for those who were kept in solitary isolation for periods extending from months to years.

Solitary confinement after death too

The punishment of detention of Palestinian women is not practiced only against living people, the Israeli occupation authorities have arrested several Palestinian women after their martyrdom, and as a punishment for them, their bodies are imprisoned in refrigerators, or in numbered mass graves, refusing to let go of their bodies, or handing them to their families for proper burial. Some of the names of the dead women prisoners detained after death are:

Ayat Alakhras

Dalal Almughrabi

Dareen Abu Eshah

Wafaa Edrees

Hanadi Jaradat

Hiba Daraghme

Israel is the only occupation country in the world that punishes people even after their death, contradicting all ethical universal norms and laws. Especially since they know how important it is to bury the dead body of a Muslim from a religious point of view.

Faked Arrests

One of Israel’s manipulative procedures is to fake arresting a family member so as to pressure the prisoner to confess or cooperate. Women mothers, daughters, wives, and sisters are used in such devious schemes to exert more mental and psychological pressure on them. One of the prisoner’s mothers said she was once handcuffed before meeting her son to give him that impression that she was going through hardships because of him. Another prisoner named Mahmoud Alswaiti was detained in the West Bank city of Hebron because he was suspected of joining an armed group. Alswaiti was told that his wife and his father had been arrested, to put him under strain, and to make their story believable, the Israeli guards forced his wife and father to walk near his widow where he could see them surround by heavily armed guards. And to make their story even more believable, they forced his father to wear a shirt similar to those worn by prisoners.

Repeating such actions forced Alswaiti to try to commit suicide, the committee wrote upon evidence of one of the interrogators that Alswaiti tried to strangle himself using his own shirt, and he kept banging his head in the wall and the table, because he felt he had no power to help his wife or his elderly father, who are supposed to experience humiliation because of him.

What one Palestinian mother can hope for

Usually mothers have hopes and dreams as all mothers do, like witnessing a child’s graduation or marriage. But Palestinian mother s’ dreams are wild… different … extravagant.

One of those dreamers is a mother from the town of Qufor Qleel south of the city of Nablus.

Ribheeyeh Alquni is 59 years old and her dream is to have her 5 imprisoned sons all in one prison so that she can visit them all at once.

Ribheeyeh suffers heart problems and diabetes; hence she can’t go to visit more than once a week. That’s why she only visits one son at a time, cancelling visiting the remaining four.

Her children are Mazin, 30, arrested by the Israeli occupation forces five years ago. He is in prison even though he has a disability in his legs, and he is still not charged. He is detained in Megiddo prison.

His brother Samir is 29, sentenced 40 years and ten days, he was arrested 6 years ago and suffers from kidney problems. Samir is detained at Rimon prison.

Buraq, 23, was imprisoned initially for 3 years then released, then arrested again 17 months ago; the Israeli investigators are demanding his imprisonment for 7 years. He is detained at the moment at Megiddo prison.

Hazim is 27 and he has been serving a life sentence at Jalbooa prison since 6 years ago. Mohammad his younger brother aged 20, was detained about a year and a half ago but still has not been convicted.

Their mother is in pain for she is not able to enjoy her children’s presence in one place not even if it was in a prison. She smiled while crying and said that her children Mohammad and his brother Hazim met once in one room at Jalbooa prison, but could not identify each other, because when Hazim was detained Mohammed was very little, besides Mohammed had a swollen face because of severe torture which made him look different anyway.

The mother is hoping to meet her children all at once, she said she has not set eyes on three of her sons since they were imprisoned, Mohammad, Buraq, and Mazin.

She prays that they will be put together in the same prison; at least she can see them for once. “My home now is empty,” she said.

References:

Arab Media Internet Network / Amin

Palestinian Ministry of Prisoners

Director of Bureau of Statistics Awni Farawana

Public Committee against Torture in Israel

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