09 juin 2008

les conséquences du blocus sur nos enfants

Le siège israélien entraîne de plus en plus d'anémie chez les nouveaux-nés de Gaza
[ 26/05/2008 - 17:34 ]
Par Mohammed Omer

Le siège israélien de Gaza, qui a limité l'accès à la nourriture, l'eau et les médicaments, cause maintenant des problèmes sérieux aux nouveaux-nés et aux femmes enceintes.

"Beaucoup de bébés souffrent d'anémie à la naissance, anémie héritée de leurs mères", dit le Docteur Salah al-Rantisi, chef du département de santé des femmes au Ministère palestinien de la Santé à Gaza. Les mères sont anémiées parce qu'elles ne se nourrissent pas suffisamment pendant leur grossesse à cause du blocus israélien qui a porté un coup à l'approvisionnement en nourriture et en médicaments.

Le Docteur al-Rantisi dirige également l'unité de soins pour les femmes à l'hôpital Nasser, où 30 à 40 enfants naissent chaque jour. Beaucoup souffrent d'anémie, dit-il.

Anwaar Abu Daqqa, 30 ans, a perdu trois bébés prématurés. Les fœtus étaient mal formés à cause du manque de nourriture et de médicaments pour la mère, dit le Docteur al-Rantisi. Dans le dernier cas, Daqqa est arrivée tard à l'hôpital parce qu'elle n'a pu trouvé de moyen de transport. "Les prématurés dangereusement en dessous du poids normal sont un phénomène quotidien et en augmentation dans les hôpitaux de Gaza", dit-il.

La Bande de Gaza est plus pauvre et plus durement touchée que la Cisjordanie ; mais là-bas aussi, il y a des cas de femmes ayant accouché aux checkpoints à cause des restrictions de circulation.

Le Ministère de la Santé a dit qu'entre 9.000 et 10.000 bébés naissent tous les mois dans la Bande de Gaza. Sur 1.000 d'entre eux, 28 meurent de malnutrition, d'anémie et d'autres maladies causées par la pauvreté. Le Ministère n'a pas de chiffres des bébés survivants souffrant de malnutrition.

"Beaucoup de femmes enceintes ont besoin de médicaments qui ne sont pas disponibles à Gaza", dit al-Rantisi. "Mais la plupart des familles ne pourraient pas les acheter, même s'ils étaient disponibles", dit-il.

La Banque Mondiale a dit le mois dernier que le taux de pauvreté à Gaza est maintenant proche de 67%, et que la croissance économique l'an dernier était de zéro.

L'anémie est une conséquence de la pauvreté. La situation, conséquence directe de la nourriture pauvre, n'est pas nouvelle à Gaza. En 2002, l'UNRWA rapportait que 19% des Gazans souffraient d'anémie à l'époque. Aujourd'hui, l'agence estime ce chiffre à 77,5%. Les enfants ne reçoivent en moyenne que 61% des besoins caloriques quotidiens par le ravitaillement des Nations Unies.

Beaucoup des nouveaux-nés sont frappés par la situation politique avant même d'ouvrir les yeux sur le monde. Sur les nombreux accouchements qui ont lieu à l'hôpital al-Shifa, le plus grand de Gaza, personne ne peut dire combien de ces enfants pourront vivre heureux, en bonne santé. Les premiers dangers sont le manque de nourriture, d'eau et de médicaments ; la crainte des bombes vient plus tard.

Tahani Safi, 29 ans, est inquiète sur la césarienne qu'elle doit subir demain. Elle souffre de malnutrition, de tension artérielle, de diabète et d'insuffisance de quantité du liquide amniotique. On trouve des cas similaires dans n'importe quel hôpital, mais les médecins disent que le nombre de cas résultant de la pauvreté de la nourriture et des soins médicaux à Gaza est en augmentation. Les autorités de santé ont prévenu que la vie et la santé d'innombrables bébés est en danger sérieux partout à Gaza.

Jusqu'à maintenant, 146* Gazans sont morts du résultat direct du siège israélien, de la fermeture des frontières et de la pénurie de médicaments et de soins de santé, selon le Ministère de la Santé.

* au 25 mai, ce chiffre est de 162 (ndt).

Mohammed Omer est lauréat du Prix du Journalisme Martha Gellhorn 2008.

Source : IMEMC

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