par Tahar Hamadache, lundi 3 octobre 2011, 23:32
Nous parlons à des sourds, sans doute. N'est pire sourd que celui qui ne veut rien entendre, d'ailleurs.
Beaucoup comptent aujourd'hui sur l'écume islamiste, oubliant la lame de fond et les monstrueuses transformations qu'on l'oblige à subir, à plus grande échelle que celles au sujet desquelles Apulée de Madaure avertissait en son époque et qui, sans doute, participaient de l'éternelle régression de la prétendue Rome éternelle.
En tout cas, personne ne semble mesurer à quel point le monde change, et à quel point l'Algérie est en train de perdre, DE PERDRE, sur tous les trois "composantes" de l'identité nationale officielle : l'Arabie saoudite lâche peu à peu son patriarcat, ce qui signifier à terme un recul flagrant de l'islamisme saoudien (y compris ouahhabite) ; le leadership de la promotion amazighe se dispute de plus en plus âprement entre Rabat et paris ; l'arabe classique recule dans toutes les universités technologiques des pays arabes et même les kurdes ont fini par obtenir la certification de leur nationalité en Syrie !
Nous sommes appelés en tant que nation à nous plier aux conseils managériaux étrangers concernant notre identité même, concernant notre culture nationale même ! Pourtant, c'est quelque part dans le territoire algérien que l'auteur des "Damnés de la terre", j'ai nommé l'intellectuel révolutionnaire algérien Franz FANON, repose de son repos éternel.
Quant à nous, patriotes non aliénés et militants transis de dénis, nous savons que notre pays tire avantage de Augustion de Bône aussi bien que de Apulée de Madaure bien plus que des gens qui croient qu'il suffit de polémiquer, pleins d'illusion que les proposer au panthéon d'idées obtuses ou les fustiger en tant qu'apostats avant la Lettre peut servir leur cause ou leurs intérêts.
Inutile de pleurer, Ô! vestale ! Mais "pleure, Ô! Pays bien-aimé !"
Tahar HAMADACHE.
Ulac Tamazight...
Par Brahim TAKHEROUBT - Lundi 03 Octobre 2011 - Lu 384 fois
Source : http://www.lexpressiondz.com/edito/140192-ulac-tamazight.html
Le Salon international du livre d'Alger s'est terminé hier et ses hôtes sont rentrés chez eux satisfaits d'avoir réalisé la bonne affaire puisque près de 80% des livres exposés ont été vendus, à en croire les organisateurs de ce salon. Mais sur cet orgue livresque manquait la touche amazighe et la symphonie jouée à Ben Aknoun, sur les hauteurs d'Alger, tonnait en déphasage avec celle qui se joue actuellement dans toute l'Afrique du Nord. Alors que l'Amazighité est en train de retrouver ses heures de gloire en Libye, en Tunisie, et plus particulièrement au Maroc où elle a été consacrée langue officielle, en Algérie elle recule. En tout cas, à voir la place qui lui a été réservée à ce Salon du livre, on ne peut être que déçu. En dehors du stand du Haut Commissariat à l'Amazighité (HCA) dont la superficie ne dépasse pas les 4 m², pas la moindre trace des maisons d'édition en tamazight, pas la moindre conférence, pas la moindre table ronde. La langue de Massinissa, de Jugurtha, Takfarinas, celle de ceux qui ont construit le tombeau dit de la Chrétienne, des Djeddar de Tiaret, de la Kahina, de Koceyla n'a pas eu droit de cité dans un chapiteau. Comment peut-on espérer alors qu'elle ait sa place et son statut de langue officielle dans la prochaine Constitution? Pourquoi cette multiplication d'obstacles fallacieux quand il s'agit de se réapproprier une culture et une langue dont le peuple a hérité depuis des millénaires? «Je voyais que dans toutes les matières qu'on apprenait, il était question de tout le monde sauf de nous», avait noté le chantre de la culture amazighe, l'écrivain Mouloud Mammeri dans son dernier colloque qu'il avait animé à Oudjda (Maroc) en 1989. Vingt-deux ans plus tard, c'est la même partition qui se joue. Il a été question de toutes les cultures au Sila, sauf de la culture amazighe.
Si on fait l'hypothèse charitable qu'il s'agit d'un impair, il s'agira de savoir s'il a été fait sciemment ou est-ce un oubli. Dans un cas comme dans l'autre, il ne fait qu'aggraver la négation d'une composante majeure de la société algérienne. Pourquoi Dieu nous nous contentons de ce second rôle qui nous réduit à être là pour perdre la première bataille en souhaitant qu'il y ait une seconde? La langue Tamazight mérite mieux qu'un pareil déni. De tous les pays d'Afrique du Nord, l'Algérie a été le fer de lance de cette revendication identitaire. Au moment de cueillir le fruit, l'Algérie se retrouve à la traîne d'un combat que ses enfants ont mené sans relâche depuis 1949, date de la crise dite berbériste au sein du PPA-Mtld. Avant d'être assassiné à son tour en juin 1998, un autre géant du combat identitaire, Matoub Lounès, chantait dans son ultime album: Ma ulac Tamazight ulac, ulac, ulac... Au dernier Salon du livre, Ulac Tamazight.Pleure Ô vestale!
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