27 août 2013

Attaques chimiques : L’ONU sape les déclarations américaines et britanniques

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L’ONU a contredit les allégations des dirigeants américains et britanniques selon lesquels les preuves de l’attaque chimique présumée contre les deux Ghouta de Damas peuvent être détruites.
Si des gaz neurotoxiques ont bien été utilisés mercredi près de Damas, les inspecteurs de l’ONU devraient facilement pouvoir en trouver des traces et les identifier à condition de pouvoir prélever des échantillons sur le site de l’attaque présumée et sur les victimes, assurent des experts interrogés par l’AFP.
"Ca ne devrait pas poser de problème, surtout si ce sont des molécules de type sarin ou des choses connues", estime Pascal Klintz, toxicologue et expert médico-légal français.
"Si les inspecteurs de l’ONU font des prélèvements corrects, de sang, d’urine, dans les tissus gras où ça se fixe, et également sur les vêtements, il n’y aura aucune difficulté analytique à faire ce genre d’investigations, même avec des délais particulièrement longs", assure-t-il à l’AFP.
Même cinq jours après l’attaque présumée, "il y a de bonnes chances de trouver du sarin et ses dérivés dans le sol, des munitions explosées et des fluides corporels comme le sang et l’urine", renchérit le Dr Alastair Hay, spécialiste en toxicologie de l’Université britannique de Leeds.
"Chez certains individus qui ont été sévèrement intoxiqués, on peut encore trouver des traces de sarin jusqu’à six semaines après l’exposition", affirme le Dr Hay, qui étudie les effets des armes chimiques depuis plus de trente ans.
"Dans l’environnement, la marge est encore bien plus importante. Lors d’une enquête que j’ai menée au Kurdistan irakien, nous avons trouvé, quatre ans après, du gaz moutarde, du gaz neurotoxique et leurs dérivés dans le sol prélevé à l’endroit où les munitions avaient explosé", insiste l’expert britannique.
Tout dépendra donc de la latitude dont bénéficieront les experts internationaux en Syrie pour mener leurs investigations.
"S’ils ont librement accès à la zone, et qu’ils peuvent y faire ce qu’ils veulent, je pense qu’ils ont de bonnes chances de trouver des preuves qui nous permettront de mieux comprendre ce qui s’est passé", juge aussi Ralf Trapp, consultant indépendant qui fut de 1998 à 2006 expert à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) de La Haye.
Pour lui, l’idéal serait que les enquêteurs de l’ONU puissent découvrir dans les cratères laissés par les explosion des fragments de munitions, qui leur permettraient non seulement de déterminer si elles contenaient des agents chimiques mais aussi de quel arsenal elles peuvent provenir.
"S’il s’agit de missiles ou de bombes d’aviation, la responsabilité du gouvernement syrien sera clairement engagée. S’il s’agit d’obus de mortier, il faudra essayer de déterminer la trajectoire des obus et savoir qui tenait la position (gouvernement ou rebelles), d’où ont été lancés les obus", explique Olivier Lepick, spécialiste des armes chimiques et biologiques et chercheur à la Fondation de la recherche stratégique.
Trop tard ?
Dimanche, Damas venait à peine de donner son feu vert pour l’enquête onusienne que des responsables américains et britanniques s’étaient relayés pour saper d’avance les résultats de l’enquête onusienne.
S’exprimant pour l’AFP, un responsable américain qui n’a pas été identifié a dit que le feu vert de Damas arrive "trop tard pour être crédible, notamment parce que les preuves disponibles ont été largement altérées par les bombardements continus menés par le régime et d’autres actes délibérés ces cinq derniers jours".
Même son de cloche de la part du ministre britannique des Affaires étrangères William Hague, qui sans tarder, a déclaré que ces preuves "pourraient avoir été détruites".
"D’autres preuves peuvent avoir été endommagées au cours des derniers jours et d’autres peuvent avoir été trafiquées", a-t-il prétendu.
La France a évité une telle bêtise et son ministre français s’est contenté de répéter que l’attaque chimique ne faisait aucun doute.
Les mensonges de l’Irak
POur sa part, Téhéran a rappelé par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Abbas Araghchi les mensonges qui ont précédé la guerre contre l’Irak en 2003.
« L’opinion publique n’a pas oublié les mensonges à propos des armes de destruction massive en Irak et ne permettra pas que de telles accusations fausses aboutissent à un autre drame humanitaire », a-t-il dit selon l’agence Isna, estimant que l’Iran juge dangereux de parler de l’éventualité d’une intervention militaire en Syrie.
"Alors que la région a besoin de calme, parler d’une attaque militaire contre la Syrie, de plus sans l’autorisation du Conseil de sécurité (de l’ONU), est très dangereux et peut créer des tensions", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, cité par l’agence Isna.
"Toute mauvaise interprétation de la situation en Syrie mènera toute la région dans une situation compliquée et dangereuse avec des conséquences pour tous les pays de la région", a-t-il ajouté, assurant que "le règlement de la crise en Syrie ne peut se faire par des moyens militaires. Le dialogue et l’entente politique pour une solution pacifique est la seule voie".
Des tirs contre les inspecteurs
Sur le terrain, alors qu’ils se rendaient sur le site présumé de l’attaque, les enquêteurs onusiens ont essuyé des tirs.
"Le premier véhicule de l’équipe d’enquête sur les armes chimiques a été délibérément touché à plusieurs reprises par des tirs de snipers non identifiés", a déclaré un porte-parole de l’ONU Martin Nesirky dans un communiqué, ne faisant état d’aucun blessé.
"La voiture n’étant plus utilisable, (les enquêteurs) sont retournés sains et saufs au point de contrôle tenu par le gouvernement", a-t-il précisé, ajoutant que l’équipe retournerait dans la zone "après avoir changé de véhicule", a-t-il ajouté.
Les membres de la mission de l’ONU avaient quitté plus tôt leur hôtel de Damas à bord d’un convoi de cinq voitures, escorté des services de sécurité syriens en direction de la  banlieue de Damas tenue par les rebelles.
Damas assure que ce sont les rebelles qui ont tiré sur les inspecteurs.
"Les membres de l’équipe des Nations unies (…) ont essuyé des tirs des groupes terroristes armés alors qu’ils entraient dans la région de la Moadamiyat al-Cham", au sud-ouest de Damas, a indiqué la télévision d’Etat.
La télévision, qui citait un responsable syrien sous couvert de l’anonymat, a précisé que les services de sécurité "avaient escorté (les inspecteurs) jusqu’au site contrôlé par ces groupes".
"Le gouvernement syrien fait assumer aux groupes terroristes la responsabilité de la sécurité et de l’intégrité physique des membres de l’ONU et la garantie qu’ils rentrent sains et saufs", poursuit la chaîne.

Almanar

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