Sayyed Hassan
Nasrallah:
le serment pour la Palestine
le serment pour la Palestine
Samer R. Zoughaib
Samedi 3 août 2013
La presse
et les analystes du monde entier se
perdent en conjectures pour tenter de
comprendre les causes et les effets de
l'apparition publique du secrétaire
général du Hezbollah, sayyed Hassan
Nasrallah, vendredi 2 août au soir, dans
la banlieue sud de Beyrouth. Dans une
première réaction, les Israéliens ont
qualifié cette apparition d'«événement
exceptionnel». Ils ne croyaient pas si
bien dire. Il s'agit effectivement d'un
fait extraordinaire, aussi bien sur le
fond que dans la forme. Voilà pourquoi!
Dans la forme
d'abord. Cette sixième apparition du
leader de la Résistance libanaise depuis
la guerre de juillet 2006, est la plus
longue. Trente-cinq minutes, dans un
lieu public connu de tous, devant les
caméras du monde entier. Habituellement,
le leader du Hezbollah prend la parole à
partir d'un lieu secret et ses discours
sont retransmis instantanément sur
écran. En apparaissant au milieu de la
foule de ses partisans, sayyed Nasrallah
prend un risque certain, sachant qu'un
avion israélien a besoin de dix minutes
seulement pour décoller et atteindre sa
cible au Liban. Cette apparition
intervient aussi à un moment où la
banlieue sud de Beyrouth a été le
théâtre, le 9 juillet, d'un attentat à
la voiture piégée et d'un tir de
roquettes, le 26 mai. Sans oublier les
menaces quasi-quotidiennes proférées
contre le Hezbollah par les groupes
extrémistes-takfiris et la guerre totale
lancée contre lui par les monarchies du
Golfe et par l'Union européenne, qui a
récemment placé le «bras militaire» du
parti sur sa liste des organisations
terroristes.
Si sayyed Nasrallah a
tenu à se présenter en personne devant
son public dans ce contexte chargé de
menaces, c'est que les messages qu'il a
voulu délivrer sont exceptionnels.
Le premier de ces messages est qu'aussi pesantes et graves les menaces soient-elles, le leader du Hezbollah n'hésitera pas à se montrer en public lorsqu'il le jugera nécessaire. Une fois de plus, sayyed Nasrallah prouve qu'il est passé maître dans l'art de la guerre psychologique. Si ses ennemis pensaient que l'intensification des menaces et des pressions physiques, politiques et diplomatiques, allait pousser le chef de la Résistance à faire profil bas, à se montrer plus prudent et à s'isoler dans un abri sûr, le voilà qu'il dément tous leurs pronostics et choisit de se montrer à un moment crucial. En l'espace de 35 minutes, sayyed Nasrallah a inversé des équations que ses détracteurs ont tenté d'instaurer au prix de beaucoup de temps, d'efforts et d'énergie. Ils voient tous leurs plans tomber à l'eau, alors que la base populaire du Hezbollah, censée être désespérée et inquiète, voit, elle, son moral boosté et sa détermination renforcée.
Le premier de ces messages est qu'aussi pesantes et graves les menaces soient-elles, le leader du Hezbollah n'hésitera pas à se montrer en public lorsqu'il le jugera nécessaire. Une fois de plus, sayyed Nasrallah prouve qu'il est passé maître dans l'art de la guerre psychologique. Si ses ennemis pensaient que l'intensification des menaces et des pressions physiques, politiques et diplomatiques, allait pousser le chef de la Résistance à faire profil bas, à se montrer plus prudent et à s'isoler dans un abri sûr, le voilà qu'il dément tous leurs pronostics et choisit de se montrer à un moment crucial. En l'espace de 35 minutes, sayyed Nasrallah a inversé des équations que ses détracteurs ont tenté d'instaurer au prix de beaucoup de temps, d'efforts et d'énergie. Ils voient tous leurs plans tomber à l'eau, alors que la base populaire du Hezbollah, censée être désespérée et inquiète, voit, elle, son moral boosté et sa détermination renforcée.
La Palestine,
cause suprême
Dans cet événement,
le fond est aussi important que la
forme, sinon plus. Le caractère
exceptionnel du fait réside, surtout,
dans les messages politiques que sayyed
Hassan Nasrallah a voulu délivrer, à ses
partisans et à ses ennemis. S'il a
choisi d'apparaitre en public à
l'occasion de la journée al-Qods, c'est
pour rappeler à tous que la Palestine
reste la cause suprême, celle pour qui
il vit et il lutte depuis des décennies,
et celle pour laquelle il est prêt à
offrir sa vie en sacrifice. A tous ceux
qui l'accusent d'avoir dévié ses armes
de leur destination initiale, il adresse
un message d'une clarté éclatante: la
Palestine reste la boussole, la seule,
et tout le reste n'est que détail. «La
Palestine doit être rendue dans sa
totalité à son peuple, a martelé sayyed
Nasrallah. Aucun roi, prince, dirigeant,
président ou État n'a le droit de
sacrifier un grain de sable du
territoire palestinien», a-t-il dit, en
allusion à la reprise, lundi dernier,
des négociations entre Israéliens et
Palestiniens, sous l'égide des
Etats-Unis. Des pourparlers secrets,
dont personne ne sait sur quelles bases
ils ont lieu et sur quoi ils peuvent
aboutir, sinon à des concessions
supplémentaires de la part de l'Autorité
palestinienne. «Israël, base du projet
sioniste dans la région, représente un
énorme danger qui menace l'existence non
seulement de la Palestine mais aussi de
tous les pays de la région. Naïf est
celui qui croit le contraire», a-t-il
poursuivi. Selon lui, il est de
l'intérêt national de tous les pays de
la région, dont le Liban, qu'«Israël»
disparaisse.
Dans
le même contexte, sayyed Nasrallah a
dénoncé ceux qui veulent remplacer
«Israël» par l'Iran en tant qu'ennemi
des Arabes. Selon lui, tous les maux et
les misères dont souffre le monde arabe
sont dus au fait que les États arabes
ont abdiqué leur responsabilité
historique, préoccupés par des ennemis
créés de toutes pièces par «Israël» et
les États-Unis. «Ce fut d'abord les
communistes, puis la révolution
islamique en Iran, puis la marée
chiite.» Certains pays arabes, soutenus
par l'Occident, a-t-il relevé, veulent
faire oublier la cause palestinienne à
leurs peuples en leur créant d'autres
ennemis. «Ils ont évoqué le danger
iranien et ils ont lancé une guerre
contre la République islamique.
Aujourd'hui, ils parlent d'un nouvel
ennemi, la vague chiite, qu'ils
combattent sur plusieurs chaînes arabes
du Golfe», a déclaré sayyed Nasrallah.
«Ils créent des conflits confessionnels
pour nous faire oublier le véritable
ennemi. N'est-il pas temps de réaliser
l'étendue du complot qui vise à
affaiblir et détruire tous les pays de
la région? N'est-il pas temps de pointer
du doigt ceux qui dirigent et parrainent
un tel projet?» a-t-il ajouté.
A ceux-là, sayyed
Nasrallah a rappelé que quoi qu'ils
fassent, la Palestine restera la cause
centrale. Il a déclaré sur un ton
solennel: «Exceptionnellement, je vais
m'exprimer en tant que chiite cette
fois-ci. Nous, les chiites de Ali ben
Abi Taleb, affirmons que nous
n'abandonnerons jamais la Palestine. Les
divisions provoquées entre sunnites et
chiites sont destinées à semer la
discorde. L'attaque menée contre les
chiites a pour objectif de leur faire
oublier al-Qods (Jérusalem) et de les
pousser à haïr les Palestiniens. Si nous
allons nous concentrer sur nos
divergences pour renforcer les rancunes
et les jugements, alors nous ne sommes
pas une nation qui mérite de vivre».
Une volonté
inébranlable
S'adressant aux pays
occidentaux et à «leurs instruments dans
la région», le leader de la Résistance a
réaffirmé que les chiites ne laisseront
jamais tomber la cause palestinienne.
«Dites que nous sommes des terroristes,
des criminels, dites ce que vous voulez
et tuez-nous sur tous les fronts...
Nous, les chiites, ne laisserons jamais
la Palestine. Combattre Israël et
défendre le Liban et la Palestine est
une cause héritée de nos ancêtres, une
cause que nous avons dans le sang, le
Hezbollah n'oubliera jamais la
Palestine», a-t-il martelé.
Dans son discours,
sayyed Nasrallah a ignoré toutes les
attaques et les critiques dont le
Hezbollah fait l'objet, y compris de la
part du président de la République,
Michel Sleiman, qui a tenu, jeudi, un
discours ambigu, sur les armes de la
Résistance. A ceux qui tentent,
désespérément, de semer la discorde
entre le Hezbollah et l'Armée libanaise,
en accusant le parti d'être derrière les
roquettes tirées jeudi soir sur la
région de Yarzé, sayyed Nasrallah a
répondu: «La Résistance restera prête
pour défendre le Liban aux côtés de
l'Armée libanaise que nous saluons et
nous rendons hommage à ses martyrs».
Le leader du
Hezbollah a ensuite appelé à arrêter le
bain de sang en Syrie, en Irak et au
Pakistan, et à renforcer le dialogue
pour trouver des solutions aux crises.
Pointant un doigt accusateur en
direction de «ceux qui soutiennent et
financent» les takfiris, il a relevé que
le sang coule là où sévissent ces
groupes. «Ceux qui parrainent les
groupes takfiris et les poussent au
combat portent la responsabilité de la
destruction des pays de la région»,
a-t-il estimé. «Mais leur projet vengeur
sera voué à l'échec», a-t-il assuré,
avant d'ajouter que, dans ce contexte,
tout conflit confessionnel, politique,
idéologique ne doit pas faire oublier la
cause palestinienne.
L'apparition publique
de sayyed Nasrallah et l'importance des
messages exceptionnels qu'il a délivrés,
ont vidé de son contenu le discours qu'a
prononcé, quelques heures plus tard,
l'ancien Premier ministre, Saad Hariri.
Les propos du chef du Courant du futur,
qui a dénoncé 45 fois les «armes du
Hezbollah», sont apparus bien faibles
devant le serment de sayyed Nasrallah de
ne jamais oublier la Palestine.
Source :
al-Ahed
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