06 janvier 2013

Le Front Al-Nosra et le risque d'expansion régionale
 
_Dr Amer SABAILEH_

par Amin Os, dimanche 6 janvier 2013, 22:03 ·

L'arrivée d'une solution politique en Syrie dans une impasse pourrait faire développer la crise régionalement dans plusieurs directions.Le plus grand danger auquel les pays du voisinage syrien doivent faire face est que le conflit dans ce pays prenne une dimension confessionnelle et que le Front Al-Nosra, interdit sur le plan international, domine le paysage de la résistance en Syrie.Par conséquent, la probabilité que le modèle de la guerre civile alimentée sectairement se propage dans la région est devenue très forte, surtout si nous soulignons les liens régionaux qui se chevauchent à la fois en termes d'affiliation sectaire partagée entre les habitants de la région ou les appartenance géographique des membres du Front Al-Nosra, ce qui favorise la propagation de ce modèle dans les pays d'origine des membres de cette organisation.

Depuis le début, il était clair que la séquestration des demandes légitimes du peuple syrien et leur transformation en un moyen pour les pays de la région et de groupes connus, feront exploser la sécurité dans la région. Et la préparation du terrain de provoquer des fissures sectaires et géographiques vise a redessiner de nombreuses zones, selon la logique de division et de fragmentation, en faisant valoir l'incapacité de ces peuples et communautés de coexister. C'est pourquoi l'intensification des zones du conflit dans la région peut devenir inévitable dans la continuité de l'alimentation de la culture de la haine et de rejet de l'autre. Et donc, ceci pourrait se transformer en un modèle valable pour tous les pays de la région, sans exception, et qui pourraient découvrir en une fraction de seconde une certaine incapacité à vivre ensemble dorénavant, de l'Irak au Yémen, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l'Egypte, etc. Il est frappant de constater que la plupart des analystes, des diplomates et des politiciens occidentaux , rapprochent aujourd'hui ce que traverse la région au modèle yougoslave , qui avait nécessité la division de la Yougoslavie en de petits Etats à la fin du rude conflit entre les différentes identités, ethnies et confessions.

Les nouvelles transformations politiques régionales ont travaillé implicitement pour repositionner la Jordanie politiquement. La politique de "plaire à tout le monde" suivie par la Jordanie depuis le premier jour de la crise en Syrie, l'a placée automatiquement aujourd'hui dans l'animosité avec les pays de la région impliqués dans l'alimentation du conflit en Syrie. Et donc, les défis internes en Jordanie ont grandi, sur le plan politique et de la sécurité. Le système politique en Jordanie est exposé à des pressions politiques de grande taille et qu'il se pourrait qu'il ait des difficultés à traiter plus tard dans une situation politique interne engorgée et dans l'incapacité - à ce jour - de créer une situation politique saine en mesure d'ajuster l'ambiance populaire et l'épuration de l'image du système politique auquel beaucoup d'impuretés se sont accrochées ces dernières années.

Sur le plan sécuritaire, On ne peut négliger le fait que la plupart des dirigeants et des combattants du Front Al-Nosra sont d'origine jordanienne, appartenant à la scène jordanienne et associés à un agenda régional, beaucoup d'entre eux ont été poussés à quitter la Jordanie et s'orienter aujourd'hui vers la Syrie et auparavant vers l'Irak, le Liban et de nombreux autres pays. Et donc, le traitement de cet épineux dossier, plus tard, sera peut-être un des plus grands défis de sécurité auxquels fera face l'Etat Jordanien, et ici on ne peut ignorer de nombreux rapports qui évoquent l'activité de renseignement du Mossad israélien dans certaines capitales arabes dont Amman afin de nourrir les affrontements armés en Syrie et au Liban. Pour cela, le plus grand danger à ce stade serait l'idée de passer à créer des points chauds et de confrontation armée, qui est habituellement le recours où échoue le modèle de révolution pacifique ou la transition politique non sanglante, comme dans certaines modèles récents de révolutions dans le monde arabe.

Le Liban à son tour pourrait être sujet à ce genre de confrontation. La création d'un conflit sunnite-chiite dans l'espoir d'impliquer le Hezbollah à l'intérieur et de l'isoler de son environnement, il peut être une forme de conflit qui est alimenté dans la région. Les préparatifs en cours à Tripoli et à Saida où on entasse et on arme des courants salafistes indiquent qu'elles ne proviennent pas d'un vide, qu'elles visent à frapper la scène intérieure libanaise, la préparer à son tour au modèle de séparation sectaire et à éliminer le Hezbollah après l'échec du modèle de la confrontation militaire directe. L'Irak est également au rendez-vous avec un examen de ce genre. L'explosion de la région de l'ouest de l'Irak sous le prétexte de division sectaire, et la mise en place de l'émirat indépendant sunnite d'Al Anbar est un réel danger auquel fera face la région dans son ensemble. Le succès de ce scénario implique la préparation de toute la région à accepter ces formes de divisions. Pour cela, le poids politique jordanien doit être consacré à la mise en échec d'un tel projet qui est aussi désastreux pour la Jordanie à l'avenir. Donc, la Jordanie est invitée à jouer un rôle dynamique pour faire échouer ce projet et l'utiliser pour servir les intérêts jordaniens stratégiques supérieurs, en exploitant les liens profonds avec les aînés et les clans de la province d'Al Anbar.


Dr Amer SABAILEH

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