06 décembre 2009

Laboratoires de la Mer Morte : l'affaire Ahava

Les laboratoires de la Mer Morte : l’affaire Ahava

samedi 5 décembre 2009 -

Nancy Kricorian


Les laboratoires Ahava de la Mer Morte (http://www.ahava.co.il) sont une entreprise israélienne privée de produits de beauté fabriqués à partir de minéraux et de boue de la Mer Morte.

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L’usine principale de l’entreprise et son showroom sont situés dans la colonie israélienne de Mitzpe Shalem en Cisjordanie occupée. (Toutes les colonies israéliennes de Cisjordanie sont illégales en vertu du droit international).

L’article 49 de la Quatrième Convention de Genève déclare : “ « La Puissance occupante ne pourra procéder à la déportation ou au transfert d’une partie de sa propre population civile dans le territoire occupé par elle. »

37% des actions de l’entreprise sont aux mains de la colonie du kibboutz Mitzpe Shalem, 37% sont détenus par Hamashbir Holdings (fonds d’investissement de B. Gaon Holdings et de la famille Livnat), 18% sont la propriété de Shamrock Holdings (fonds d’investissement de la famille Roy E. Disney), et 7% reviennent à la colonie du kibboutz Kalia en Cisjordanie. (Voir : http://www.whoprofits.org/Company%2... pour les chiffres ci-dessus et toute autre information sur l’entreprise.)

Les colonies de Mitzpe Shalem et de Kalia sont des coopératives possédées par les colons qui y vivent, et ensemble elles possèdent 44% d’Ahava. Ces deux colonies sont à l’intérieur du territoire palestinien. Mitzpe Shalem est à environ 9 kilomètres de la Ligne Verte et Kalia, à 30 kilomètres de cette Ligne. Les bénéfices d’Ahava subventionnent donc ces colonies illégales et leurs habitants. Selon la cartographie dressée par Adalah, Centre juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël , quelques communautés palestiniennes vivaient autrefois sur les terres occupées par ces deux colonies : Nabi Musa où se trouve à présent Kalia et ’Arab al-Ta’amira près de Mitzpe Shalem.

Quelle que soit sa nationalité, quiconque peut installer une usine dans n’importe quel pays, mais ce faisant il doit généralement payer des impôts au gouvernement local dont il doit aussi respecter les lois L’usine Ahava est dans le territoire palestinien occupé, mais elle ne paye pas d’impôts à l’Autorité palestinienne, et n’a pas obtenu son permis d’exploitation auprès de ladite Autorité.

Non seulement l’entreprise Ahava profite-t-elle de l’occupation en implantant son usine et ses magasins principaux dans une colonie israélienne illégale, elle incorpore de plus dans ses produits de la boue de la Mer Morte excavée dans une zone occupée, dont elle exploite les ressources naturelles à des fins commerciales. La boue qui est employée dans les produits Ahava est prise d’un site à côté de la colonie de Kalia.

Ce « pillage » est illégal en vertu du droit humanitaire international, spécifiquement en vertu des articles 23, 53 et 55 des règlements de la Haye ; les articles 51 et 53 de la Quatrième convention de Genève ; et l’article 8 (2) (b) du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.

Les produits d’Ahava sont étiquetés « fabriqué en Israël », mais selon le droit international, notamment les résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité de l’ONU, la Cisjordanie ne peut pas être considérée comme faisant partie de l’État d’Israël. A cause de cet étiquetage trompeur, il est difficile aux consommateurs d’identifier la source réelle des produits qu’ils achètent. Beaucoup de consommateurs qui achètent des produits israéliens, n’achèteraient pas un produit dont ils savent qu’il a été fabriqué dans les colonies israéliennes illégales de Cisjordanie. Les colonies sont une pierre d’achoppement pour une paix juste dans la région, et les entreprises israéliennes qui basent leurs opérations en Cisjordanie occupée sont considérées comme des profiteurs de guerre.

Avant que CODEPINK ne lance sa campagne de boycott AHAVA, Beauté Volée, nous avons envoyé une « mission d’enquête » à Mitzpe Shalem. Deux militants de CODEPINK ont visité l’usine d’Ahava à Mitzpe Shalem début juin 2009. Ils ont remarqué que beaucoup d’employés de l’usine étaient des immigrés russes qui venaient travailler en bus depuis les environs de Jérusalem. Ils ont également noté qu’une importante nouvelle aile de l’usine était en construction.

Un journaliste du quotidien étatsunien-juif en ligne The Tablet qui a écrit un article en août 2009 concernant la campagne de boycott de CODEPINK Ahava, beauté volée n’a reçu aucune réponse d’Ahava au sujet de ses pratiques illégales, mais un porte-parole du gouvernement israélien a offert cette explication : « Quand ils avaient cette terre, les Palestiniens n’en ont rien fait... et ils ont toujours accès à la Mer Morte. S’ils le voulaient, ils pourraient installer une usine eux-mêmes ». Cette réponse était au mieux mensongère, car il a été bien documenté que l’accès palestinien à la Mer Morte, même pour une journée à la plage, est strictement limité par les forces israéliennes de défense et du fait du réseau étendu de barrages routiers dans l’ensemble de la Cisjordanie occupée. Un article dans The Independent, intitulé « Les Palestiniens interdits sur les plages de la Mer Morte afin d’apaiser les colons israéliens ». (), montre combien il est difficile aux Palestiniens d’atteindre les rivages, ces rivages même qui sont exploités commercialement par Ahava.

En novembre 2009, le Ministre des affaires étrangères néerlandais a accepté de lancer une enquête sur les conditions de fabrication des produits Ahava afin de déterminer si le lieu d’implantation et les pratiques de l’entreprise étaient en contravention avec le droit international et les règlements de l’Union européenne en matière d’étiquetage. Immédiatement après cette annonce du gouvernement néerlandais, le groupe israélien Gush Shalom qui milite pour la paix, a envoyé une lettre ouverte à la direction d’Ahava l’invitant à tenir compte de cet avertissement et de déménager son usine hors de la Cisjordanie occupée.

En réponse à la polémique croissante, l’entreprise Ahava est allée jusqu’à défendre son vol des ressources palestiniennes en prétendant que « la Mer Morte et ses trésors sont internationaux et n’appartiennent pas à une seule nation ». Bien entendu dans cette déclaration, elle tourne le droit international en dérision.

Poursuivant son raisonnement spécieux, Ahava a ajouté, « l’entreprise a été fondée par amour pour les environs magiques de la Mer Morte et au fil des ans elle a été animée par le profond désir de révéler les secrets des effets rajeunissants des minéraux pour la peau. Il est donc naturel que l’usine se soit installée sur le rivage occidental de la Mer Morte. »

Ce n’est pas par amour ni motivée par la magie du lieu qu’Ahava a installé son usine sur les terres occupées, pas plus qu’il n’est vrai que la boue extraite par Ahava pour ses produits appartienne à plus d’une nation. Aussi longtemps que les laboratoires Ahava de la Mer Morte ne respecteront pas les droits humains et le droit international CODEPINK invitera les personnes de conscience à boycotter les produits Ahava.

1° décembre 2009 - Codepinkalert - Cet article peut être consulté ici :
http://codepinkalert.org/article.ph...
Traduction : Anne-Marie Goossens

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