Tunisie : quand la liberté d’expression est un délit
vendredi 4 décembre 2009 - 21h:09
Marianne Lamiral
À l’issue de son procès, ses proches sont restés deux semaines sans nouvelles et, alors qu’il souffre d’une maladie rare, il va bientôt être à court de médicaments, les gardiens ayant refusé de lui transmettre ceux remis par sa famille. Depuis le 25 no¬vembre, il a entrepris une grève de la faim pour protester contre les brimades dont il fait l’objet.
Taoufik Ben Brik avait été arrêté après un incident de rue, une femme d’affaires ayant porté plainte contre lui sous prétexte qu’après avoir embouti sa voiture il l’aurait insultée et frappée. Taoufik Ben Brik affirme, lui, qu’il a été « victime d’un traquenard » mis en place par la police du régime. Le journaliste est en effet connu pour ses prises de position, notamment dans la presse étrangère, critiques vis-à-vis du régime dictatorial de Ben Ali.
Le dirigeant tunisien ne supporte pas la liberté d’expression. Le journaliste en ligne et militant des droits de l’homme Zouhaïer Makhlouf a été condamné le 1er décembre à trois mois de prison ferme et 6 000 dinars d’amende (plus de 3 000 euros) pour « nuisance à travers le réseau de communication » à cause de ses prises de position. Le 28 octobre, un autre journaliste, Slim Boukhdir, a été enlevé et tabassé, vraisemblablement par des policiers, parce qu’il avait formulé des critiques à l’égard de l’épouse du président dans une interview à la BBC.
Mohamed Soudani, membre du syndicat étudiant UGET, a disparu depuis le 22 octobre après avoir donné une interview à deux journalistes françaises. Même si les conséquences en sont moins graves, les journalistes étrangers font aussi l’objet de mesures de répression ; ainsi, fin octobre, une journaliste du Monde a été expulsée parce que ses articles émettaient des réserves sur la politique menée par Ben Ali.
Répression contre les journalistes, emprisonnement des opposants sous des motifs montés de toutes pièces par la police, emprisonnement des mineurs de Gafsa qui avaient fait grève et de personnes qui les avaient soutenus : voilà le régime que soutient le gouvernement français.
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