29 décembre 2009

Utilisation d'al Qaïda au yémen pour servir les intérêts américains

De l’utilisation d’al-Qaïda au Yémen afin de promouvoir les intérêts stratégiques américains

Article rédigé le 29 déc 2009, par Mecanopolis

Comme nous l’expliquions hier soir dans un article et cette nuit sur notre forum, la revendication d’Al-Qaeda de l’attentat manqué du vol Amsterdam-Detroit de vendredi dernier n’est en rien crédible. Tout indique que son véritable objectif consiste à légitimer une plus large implication des États-Unis dans un conflit qui, depuis cinq ans, oppose des tribus chiites du Nord du Yémen, qui n’ont aucun lien avec Al-Qaïda, au gouvernement de Saana, soutenu par l’Arabie Saoudite et la CIA. Malgré cette diversion crypto-terroriste, il n’est pas difficile de comprendre que c’est une fois de plus l’Iran qui est dans le collimateur des Etats-Unis et de leurs alliés.

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Extrait du document pdf du communiqué d’Al-Qaeda diffusé hier (source : Forum Mecanopolis)

La dernière phase paroxystique de la guerre qui dure depuis 5 années, au Yémen, contre les rebelles Houthis, a fait plus de 2000 morts en moins d’un mois et plus de 150 000 sans-abri. Les troupes du gouvernement yéménite se battent contre environ 15 000 rebelles Houthis, armés et entraînés par l’Iran et retranchés dans les montagnes du Nord, autour de Saada, sur la frontière de l’Arabie Saoudite. Les bombardiers de l’armée de l’air saoudienne tapissent les zones rebelles, et l’armée de l’air et la marine égyptienne transportent des munitions pour l’armée du Yémen avec les encouragements et le financement des Etats-Unis.

C’est la seconde guerre en moins d’une année dans laquelle les allés des Etats-Unis sont opposés à des forces soutenues par l’Iran. La première a correspondu à la campagne israélienne de trois semaines contre le Hamas dans la Bande de Gaza, qui s’est achevée en janvier dernier.

Ce pays pauvre de la Mer Rouge, mais stratégique par sa position, scène critique, depuis des années, de la guerre contre les extrémistes islamistes, est désormais devenu un théâtre-clé où les Etats-Unis et l’Iran luttent pour la prédominance régionale. Eu égard à cela, le conflit au Yémen peut être comparé en importance avec la guerre du Liban de 2006 et le conflit de Gaza. Ses résultats pèseront lourdement sur les positions stratégiques respectives dans les régions du Golfe Persique et de la Mer Rouge, pour les Etats-Unis, aussi bien que pour l’Arabie Saoudite, l’Egypte et, indirectement Israël aussi – vis-à-vis de l’Iran.

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Les militaires saoudiens utilisent des bombes au phosphore américaines pendant des raids nocturnes (source : Forum Mecanopolis)

Plusieurs sources militaires confirment huit traits saillants du conflit en cours au Yémen :

1. Au début septembre, l’armée du Président Ali Abdallah Saleh a lancé le 6è round de sa guerre depuis l’an 2000 contre les Houthis, en déployant environ 20 000 hommes dans une offensive majeure afin de déloger les 15 000 Houthis de leurs nids d’aigles dans les montagnes (entre 3 à 6000 m d’altitude) dans la province de Saada au nord.

2. Les Houthis sont des Zaydis qui revendiquent leur adhésion à la forme la plus pure de l’Islam chi’ite. Ils se battent pour apporter « la vraie voie » au Yémen, et restaurer l’autorité de l’Imam Zaydi renversé en 1962. Leur nom découle de celui du fondateur du mouvement, Badreddin al-Houti, qui fut tué par l’armée yéménite en 2004. Les Chi’ites Houthis et le Chi’isme iranien n’ont rien d’autre en commun, sauf l’utilisation par Téhéran des rebelles yéménites comme force armée par procuration (comme le Hezbollah libanais) pour offrir à l’Iran une place forte militaire qui débouche sur la frontière arabe saoudienne et le sud de la Péninsule arabe.

3. Les quantités extrêmes de matériel lourd que les Iraniens sont parvenus à transférer aux Houthis en quelques semaines ont stupéfié Washington, Saana, Riyad et Le Caire, même si l’Iran avait préalablement démontré ses capacités par la rapidité avec laquelle il a renfloué et augmenté les stocks du Hezbollah après ses pertes de la guerre de 2006 contre Israël. L’armée yéménite est, dès lors, mise en difficulté de réprimer ces insurgés lourdement armés ou même d’empêcher les combats de s’étendre au-delà de la région de Saada, vers d’autres parties du pays, y compris la capitale.

4. Craignant que le conflit et l’influence Zaydi puisse déborder par-delà la frontière du nord- Yémen vers les régions sud, saoudiennes de Najran et Asir, l’Arabie Saoudite a envoyé son armée de l’air aider l’armée yéménite en tapissant de bombes les bastions houthis dans les villages de montagne de Saada.

5. La petite armée yéménite de 66 000 hommes, manquant de stocks de matériel militaire organisés, a bientôt commencé à se trouver à court de munitions et d’équipement militaire. L’armée égyptienne s’est empressée de fournir cet approvisionnement nécessaire, en mettant en œuvre un corridor naval et aérien.

6. L’Administration Obama s’est lancée dans la mêlée, grâce à son assistance financière alimentant les efforts saoudiens et égyptiens pour venir en aide au Yémen. Elle a été tout dernièrement accordée lors de la rencontre entre les Présidents américain et égyptien à la Maison blanche, le mardi 18 août 2009. Selon cette modalité, le Président américain Barack Obama prend position contre l’Iran aux côtés d’Hosni Moubarak et du Roi Abdallah.

7. Autant que les Etats-Unis et Israël avaient été pris par surprise par les capacités militaires du Hezbollah, l’armée supplétive de l’Iran, lors de la guerre du Liban en 2006, les Américains et ses alliés ont été stupéfaits par la maîtrise du champ de bataille des rebelles Houthi. La 1ère Division d’infanterie mécanisée de l’armée yéménite, renforcée par chacune de ses 6 brigades de commandos- parachutistes et le soutien aérien saoudien, s’est avérée incapable, en deux semaines de combat, de briser la résistance des bastions de montagne des rebelles.

8. Sans la réalisation de cette percée, le conflit menace de s’étendre et de conduire à une escalade vers la plus importante et la plus dangereuse guerre ayant éclaté dans n’importe quelle partie du monde arabe durant les 18 dernières années, alors que Saddam Hussein avait ordonné à l’armée irakienne d’envahir le Koweit en 1991.

Sur la guerre au Yémen, lire également notre article du 10 novembre dernier.

1 commentaire:

Frédéric a dit…

Je signale que Washington lui même à déclaré début décembre qu'il n'y a aucune preuve concernant l'implication directe de l'Iran à l'aide à la rébellion Houdiste.

Qu'Al Queda déclare lui être contre la dite rébellion.

Il s'agit d'un conflit protéiforme avec en plus des sécessionnistes, la piraterie maritime, le trafic d'armes et l'exode des Somaliens quittant un pays encore plus pauvre que le Yémen.

Et concernant les armes au phosphore, dite moi qu'y n'en à pas en stock au proche orient ? De l'Egypte à l'Iran, de la Syrie à Oman, toute les armées en onts. Il n'y a que l'Occident qui à décider qu'il s'agissait d'une arme ''interdite''.