Vies sous occupation : aucun enfant ne doit subir ces atrocités
mardi 16 octobre 2012 - 08h:15
PCHR Gaza
Les frappes aériennes font parties des
méthodes adoptées par les forces de l’occupation israélienne dans ses
exécutions extrajudiciaires, reconnues comme « assassinats ciblés »,
visant des personnes soupçonnées d’appartenir à des groupes armés dans
les zones densément peuplées de la Bande de Gaza. Cependant, ces
attaques ont à maintes reprises provoqué des blessures et des
assassinats chez la population civile qui n’est souvent pas loin de la
cible.
Nassim et Bisan Al-Maqousi blessés par des éclats d’obus
En effet, aux environs de 17h30 de la journée du
dimanche 7 octobre 2012, les forces israéliennes ont lancé deux missiles
sur deux hommes en moto, au moment où ils passaient devant l’école
fondamentale Taha Hussain, située dans le quartier Al-Brazil de Rafah,
au sud de la Bande de Gaza.
Selon des sources médicales, un des deux hommes ciblés
est mort sur le coup, tandis que l’autre s’en est sorti avec une jambe
amputée. 8 civils qui étaient dans les parages au moment de l’attaque,
dont 4 enfants et une femme, ont également été blessés. Parmi eux,
Sabrin Al-Maqousi, 23 ans, ses deux enfants Bisan, 1 mois et Nassim, 2
ans et son cousin Jehad Al-Qatrous, 27 ans.
Sabrin vit à Jabalia, mais le jour de l’attaque, elle
était en visite chez sa famille à Rafah. Elle se souvient : « Mon fils
Nassim était assis à l’entrée de la maison lorsque les missiles ont
frappé. J’ai couru vers lui pour le tirer à l’intérieur de la maison
mais j’ai constaté qu’il était déjà touché par des éclats d’obus. Il
n’arrêtait pas de dire ‘’j’ai du sang, j’ai du sang’’. Des voisins sont
venus pour le conduire à l’hôpital. J’essayais à mon tour de calmer mon
autre enfant avant que je ne découvre qu’elle a également été touchée et
qu’elle saignait de la tête. Mes deux enfants ont quitté l’hôpital
après avoir reçu les soins nécessaires. De retour à la maison, j’ai
ressenti une douleur aiguë à la jambe. Je n’avais pas constaté que j’ai
été moi-même blessée et que mon cousin qui habite juste en face l’était
également. Une ambulance nous a donc reconduit à l’hôpital. »
Les blessés ont d’abord été transférés vers l’hôpital
Abu-Yusif Al-Najjar de Rafah. Toutefois, ce dernier a été tellement
surchargé que les blessés ont dû se rabattre sur l’hôpital Européen pour
y recevoir les soins nécessaires. Sabrin poursuit : « Ils ont retiré
les éclats d’obus incrustés dans mon corps et celui de mon bébé Bisan.
Les soins ont duré 5 heures à peu près, suite à quoi nous sommes rentrés
mais sans Nassim car ses blessures étaient plus sérieuses. Quant à mon
cousin, les médecins avaient réussi à retirer un éclat d’obus mais
avaient décidé d’une intervention chirurgicale pour retirer la deuxième
pièce. Le pauvre a également eu une oreille blessée et a même perdu son
ouïe temporairement. »
Bisan Al-Maqousi (1 mois), blesse par des éclats d’obus lors de l’attaque
Depuis l’incident, Sabrin vit avec l’angoisse et la peur
pour la vie et la sécurité de ses enfants et de l’ensemble de sa
famille. L’idée de nouvelles attaques et leurs conséquences sur ceux
qu’elle aime la bouleverse et l’inquiète : « Quand je suis retournée à
la maison, je ne cessais de pleurer. Je me réveillais plusieurs fois
dans la nuit craignant que quelque chose arrive. J’étais à la fois
triste et en colère pour ce qui nous est arrivé alors que nous étions
seulement venus pour rendre visite à la famille et passer du bon temps
ensemble. Notre visite s’est soldée par des blessures. Mes enfants sont
très petits pour comprendre ce qui leur est arrivé. Nassim est conscient
qu’il a été blessé par les forces israéliennes et rien de plus.
Maintenant il a peur de bouger un peu partout. Ce qui me choque et
m’effraye le plus c’est la rapidité et la soudaineté de la chose. Et si
ça avait été pire ? ça aurait changé et chamboulé toute notre
existence. »
Sabrin reconnait que depuis l’attaque, elle ne souhaite
qu’une seule chose : vivre en paix et se sentir en sécurité de nouveau :
« Je suis devenue comme une folle lorsque j’ai vu mes enfants blessés
puis éloignés. J’ai comme perdu la tête. On imagine mal que ce genre de
situation nous touche, on voit ça à la télé. J’ai été témoin de
l’Opération Plomb Durci et j’ai également vu des attaques survenues dans
les tunnels de Rafah, mais je n’ai pas été autant effrayée. Voir mes
enfants touchés est la pire des sensations. C’est vraiment inacceptable
que des enfants soient aussi brutalement et sauvagement blessés.
J’espère de tout cœur que la situation s’améliore à Gaza. Personne ne
doit plus subir de telles atrocités ni traverser de telles épreuves, les
enfants plus particulièrement. »
Diriger directement des attaques contre des biens de
caractère civil constitue un crime de guerre, tel que codifié par
l’Article 8(2) (b) (ii) du Statut de Rome de la Cour Pénale
Internationale. De plus, l’Article 53 de la Quatrième Convention de
Genève interdit expressément la destruction des biens appartenant à des
personnes privées, sauf dans le cas où ces destructions seraient rendues
absolument nécessaires par les opérations militaires. Lancer une
attaque sans discrimination constitue un crime de guerre tel que défini
dans l’Article 8 (2) (b) du Statut de Rome de la Cour Pénale
Internationale. En outre, conformément au principe de proportionnalité,
codifié par l’Article 51 (5) (b) du Protocole Additionnel 1 aux
Conventions de Genève, une attaque dont peut attendre qu’elles causent
incidemment des pertes en vies humaines dans la population civile, des
blessures aux personnes civiles, des dommages aux biens de caractère
civil, ou une combinaison de ces pertes et dommages est considérée
excessive par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu.
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