10 novembre 2011

Carlos dénonce ses conditions de détention devant la cour d'assises

Le Nouvel Observateur - AFP Publié le 08-11-11 à 15:51

Ilich Ramirez Sanchez a pointé devant ses juges "l'anti-France" qui l'"emmerde de manière minable".

Paris, le 8 novembre 2011 procès Carlos à la Cour d'assises (AFP/ BENOIT PEYRUCQ) Paris, le 8 novembre 2011 procès Carlos à la Cour d'assises (AFP/ BENOIT PEYRUCQ)

Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, a attaqué mardi 8 novembre devant la cour d'assises spéciale de Paris "l'anti-France" qui selon lui est incapable d'offrir à ses prisonniers des conditions décentes de détention.
"On m'emmerde de manière minable", s'est plaint Carlos dans un soliloque rageur d'une vingtaine de minutes. "C'est pas la France, c'est l'anti-France", a déploré le Vénézuélien, et ce alors que, dans le monde entier, "la France est un pays de référence, le pays des droits de l'Homme".
Sans vouloir "faire pleurer dans les chaumières", l'un des plus célèbres prisonniers de l'Hexagone a alors raconté, les coudes appuyés sur la vitre de son box, comment l'Administration pénitentiaire (AP) aurait passé son temps à le brimer.
Pêle-mêle, il a relaté comment elle lui aurait subtilisé "un petit blouson en cuir", en échange d'"un blouson d'été de mauvaise qualité" ou l'aurait empêché d'utiliser son ordinateur.
Il a décrit les sept années passées "dans une cellule de 6 m2 et quelques centimètres, avec 16 contrôles de sécurité par jour".
"Moi je suis un dur"
"Moi, je suis un dur", a-t-il dit avant de se tourner vers les avocats des parties civiles et de déraper dans une de ces comparaisons totalement décalées qu'il affectionne: "Je ne suis pas un de ces pauvres types qui exploitent les victimes!" Et de s'emporter, dans un français souvent incompréhensible car marqué d'un fort accent hispanique, en lançant avec véhémence: "Honte à ces charognards sionistes!".
"Nous avons été parasités par des questions pénitentiaires", avait dénoncé plus tôt son avocat, Francis Vuillemin.
"Pendant 15 ans, (le juge) Jean-Louis Bruguière a refusé de mettre à disposition de Carlos une copie du dossier: 82 volumes, 100.000 pièces, une dizaine de mètres de long. Comment peut-on se défendre sans avoir jamais eu un tel dossier entre les mains?" a-t-il demandé à la cour.
Motifs "illégaux, futiles, mensongers" 
Selon lui, "depuis le mois de mai, Carlos n'a pas pu travailler sur son dossier, d'abord à la centrale de Poissy, au prétexte de mesures de sécurité zélées, artificielles", puis à la Santé.
Les motifs fournis par l'AP, a plaidé Francis Vuillemin, sont "illégaux, futiles, mensongers" et "n'ont rien à voir avec la réalité, mais sont simplement destinés à le déstabiliser et à déstabiliser sa défense."
Il a été mis à l'isolement car il a donné une interview à Europe 1, a rappelé l'avocat, mais "la belle affaire! Il en a donné des centaines, des milliers dans la presse internationale!"
Et puis, a argué le conseil, "l'égalité des armes doit aussi s'appliquer dans l'enceinte médiatique. Arte diffusait le film "Carlos" d'Olivier Assayas ou Ilich Ramirez Sanchez est présenté comme coupable. L'égalité des armes, c'était lui permettre de répliquer à la diffusion sur cette chaîne d'Etat de ce film à charge."
Grève de la faim
Il a ensuite regretté que son client ait dû se mettre en grève de la faim pour que cesse son isolement. Un point mis en doute par l'AP, qui dans un certificat médical parle d'une "grève de la faim hypothétique".
Habitué des provocations, Bernard Ripert, l'avocat de l'accusée allemande Margot Frohlich, n'a alors pu s'empêcher de déclarer que le directeur de la maison d'arrêt de La Santé qui a rédigé le rapport sur Carlos "aurait fait une brillante carrière à la Stasi".
"Ce sont des procédés minables", s'est encore scandalisé Francis Vuillemin, avant de mettre la cour en garde: Carlos "a 62 ans, il est diabétique et il est présumé innocent. Il faut que (l'AP) revienne à plus de mesure, à plus de respect de ses droits, sinon on risque d'arriver vers des incidents graves qui risquent de perturber ce procès."
Vers 11h00, la cour a commencé la lecture de l'acte de l'accusation. Elle examinera ensuite la personnalité des accusés.

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