Comment la presse française « couvre » les crimes israéliens
dimanche 20 novembre 2011 - 06h:15Sabah Ayoub - al-Akhbar
Les médias français ont négligé de traiter un incident récent où des roquettes israéliennes ont explosé près de la maison d’un diplomate français à Gaza, entraînant des blessures et la mort d’un bébé à naître.
La presse française... Une presse de caniveau ?
L’attaque du domicile du consul français à Gaza n’a fait aucune première page des médias dominants en France, lesquels se sont trop souvent transformés en vulgaires moyens de propagande pro-israélienne - Photo : AFP
Quatre roquettes israéliennes ont explosé à côté de la résidence du diplomate français, Majdi Shaqura, à Gaza dimanche dernier, le blessant lui et sa fille âgée de 13 ans, et provoquant une fausse couche pour son épouse comme l’a déclaré le diplomate à un journaliste de l’AFP.
Une telle agression avec ses évidentes répercussions politiques et humanitaires aurait probablement provoqué l’indignation parmi la communauté internationale et le gouvernement français, à un détail près : le contrevenant était cette fois-ci Israël.
Le gouvernement français a évité de divulguer des informations sur l’attaque. La déclaration officielle publiée par le ministère des Affaires étrangères était réduite au maximum.
Aucune référence n’a été faite à la fausse couche subie par l’épouse de Shaqura, qui a très probablement été causée par l’attaque. Le porte-parole du ministère a été obligé de mentionner l’incident uniquement pour confirmer que c’était arrivé.
L’attaque à la roquette n’a fait la première page d’aucun des journaux de premier plan en France, et n’a reçu aucune couverture dans les programmes d’informations.
Les informations diffusées étaient basées sur des rapports d’agences, aucun correspondant n’étant dépêché sur place pour relever les détails de ce qui s’est produit ou pour ajouter une touche humaine aux faits.
Seules quelques lignes ont été publiées, résumant l’attaque avec des euphémismes et des litotes. Pas une seule présentation du diplomate blessé ou de sa famille endeuillée n’a été faite.
Cela permet de supposer que les principaux médias français, défenseurs présumés des droits humains et de la liberté d’expression, se sont inclinés devant les impératifs du gouvernement français et les pressions du lobby pro-israélien.
Un fait notoire : le journal Libération a mentionné l’attaque dans sa section de « nouvelles brèves » comme une nouvelle mineure. Le Figaro et Le Point ont repris les rapports des agences de presse, en se concentrant sur les soi-disant « blessures légères » du diplomate et de sa famille, tout en négligeant de mentionner la fausse couche subie par la femme du diplomate.
Le Figaro est allé encore plus loin en utilisant le terme [profondément raciste et méprisant pour la vie humaine - N.d.T] de « dommages collatéraux » pour parler des blessures de la famille Shaqura, tandis que Le Monde n’a certes pas oublié pas de mentionner le communiqué israélien, disant « qu’aucune plainte n’a été reçue et que les roquettes ont atteint leur cible. »
En fait, le seul véritable article qui a été publié était celui d’Adrien Jaulmes dans Le Figaro, qui [comme à l’habitude - N.d.T] a justifié les actions israéliennes en écrivant que « la surpopulation de Gaza et le fait que les militants palestiniens ont tiré leurs roquettes à partir de zones résidentielles, sont les raisons pour lesquelles des civils sont blessés ou tués par les attaques israéliennes. »
Enfin, le magazine Le Nouvel Observateur a publié la déclaration officielle du gouvernement et a rappelé aux lecteurs la tension entre le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, suite au scandale récent d’une conversation révélant le dégoût de Sarkozy pour son homologue israélien.
Les sites des chaînes de télévision ont également évité de publier des informations sur l’attaque. Il n’y avait aucune mention sur les sites internet de TF1 et TV5 Monde.
D’autres canaux, tels que France 24, ont signalé que le ministère français des Affaires étrangères avait convoqué l’ambassadeur d’Israël à Paris, Yossi Gal, la seule photo diffusée étant celle de Gal.
L’incapacité des médias français à rapporter l’événement s’affiche après que la libération du soldat israélien Gilad Shalit capturé [par la résistance palestinienne - N.d.T] ait submergé la presse et les médias occidentaux.
La question qu’il faut se poser est la suivante : peut-on imaginer la façon dont les choses se seraient passées si la même famille avait été blessée par des roquettes tirées par les Palestiniens ou par le Hezbollah [mouvement de la résistance libanaise - N.d.T] ?
18 novembre 2011 - al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
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