16 février 2009

Imad Moughniyeh



Portrait d'Imad Moughniyeh: le commandant de l'ombre de la résistance


Leila Mazboudi


16/02/2009

Un troisième homme fait partie cette année des commandants de la résistance dont le souvenir sera commémoré durant la semaine du martyre; il s'agit d'Imad Moughniyeh, le commandant de l'ombre du Hezbollah.


Imad avait 14 ans lorsqu'il a commencé sa lutte au début de la deuxième moitié des années soixante dix. La guerre civile qui avait éclaté en 1975 battait son plein dans les rues de Beyrouth et toutes ses banlieues. C'est à cette époque que la Banlieue-sud où il vivait avait accueilli les milliers de Musulmans chassés par les Phalangiste des quartiers est de la capitale libanaise: Nabaa et Karantina. Le projet consistait alors à diviser le pays en deux parties: une pour les Chrétiens et une autre pour les Musulmans.Imad avait grandi à Chiah, où grouillaient tous les partis et forces politiques et paramilitaires en action. En général ceux de la gauche libanaise alliés à la résistance palestinienne, en plus du mouvement Amal.Mais c'est surtout la résistance palestinienne qui attira l'attention du jeune adolescent qu'était Imad.


Plus par engagement moral à l'égard de la cause palestinienne, que par affinité politique et idéologique avec ses dirigeants. Très tôt, il avait subi l'influence de sa mère qui donnait des cours de religion islamique, et se mit très tôt à effectuer ses obligations. Etant de nature un homme d'action, il rallia sans tarder ses services paramilitaires. En 1978, lors de la première invasion israélienne du Liban-sud, il faisait partie de ceux qui s'étaient organisés pour renforcer leur présence dans les régions limitrophes avec la Palestine occupée, et qui ont combattu contre les troupes israéliennes.Il en fut de même durant la deuxième invasion, en 1982, Imad fit partie de ceux qui ont combattu les Forces israéliennes investies à plus de 100.000 soldats dans le pays des Cèdres, pour mettre fin à la résistance palestinienne. Ayant affronté une force sioniste à Khaldé, situé à proximité de la capitale libanaise, il fut blessé.


Regardant de sa chambre d'hôpital l'occupation de Beyrouth par les troupes israéliennes, puis le départ des troupes de la résistance palestinienne, Imad était décidée plus que jamais à continuer la confrontation et chasser l'occupation israélienne. Un an et demi après l'invasion du Liban, Il a préparé l'opération qui va d'un seul coup changer le rapport de force, et qui sera la première de son genre depuis l'occupation de la Palestine: une voiture bourrée d'explosifs s'explose au siège du gouverneur militaire israélien-commandement militaire, situé dans la ville de Tyr, au sud du Liban. Des dizaines de soldats israéliens furent tués. Arien Sharon, qui était alors ministre de la guerre israélien s'était déplacé en personne pour voir la scène. Exécutée par un certain Ahmad Kassir, dont l'identité ne fut révélée que quelques années plus tard, c'était Imad qui avait planifié l'opération et qui avait même scruté le terrain pour la préparer.Depuis cette date, une nouvelle ère de la résistance était née, avec surtout une nouvelle idéologie: très secrète, sans revendication ni communiqué, elle était assistée militairement et financièrement par la toute jeune république islamique d'Iran qui avait dépêché pour cette mission ses Gardiens de la révolution dans la plaine de la Békaa.


C'est là qu'Imad fit la connaissance d'un certain Hassan Nasrallah, jeune homme de religion. Entre les deux hommes se scella une relation de complicité qu'eux seuls connaissent les détails, sur le chemin de la résistance libanaise contre Israël. Imad se chargea des questions militaires et sécuritaires. Hassan de celle ayant rapport à l'organisation de la résistance.Entre 1982 et 1985, date de la fin du premier retrait israélien du Liban et de la formation de la " bande frontalière", Imad dirigea des dizaines de groupes de résistance dans plusieurs régions libanaises. Il se déplaçait sans cesse entre les régions occupées, la Bekaa et Beyrouth, mettant au point des opérations de résistance d'une nouvelle nature. C'est bien lui qui a été le premier à accorder aux opérations militaires un aspect sécuritaire, et à commanditer les opérations martyres, pour pallier au déséquilibre des forces en faveur de l'entité sioniste.


Sa doctrine militaire préconisait la nécessité d'infliger aux Israéliens des frappes de nouvelle nature, qui puissent lui nuire et lui faire comprendre que ses agressions seront répondues par des coups aussi durs; Il se rallia les groupes restants de la résistance palestinienne.En 1983, il parvint ainsi que ses compagnons à capturer un soldat israélien. Ayant procédé pour la première fois à ce genre d'opération, le soldat fut tué par un résistant alors qu'il tentait de fuir. Son corps resta sur place. Dans les opérations qui suivirent, même les cadavres des soldats israéliens tués étaient gardés, pour négocier la libération de détenus libanais dans les prisons israéliennes.Lui ayant attribué nombreuses opérations de toutes sortes au Liban, ayant le nom inscrit sur Interpol, puis relayé par tous les médias du monde, et étant poursuivi par une quarantaine de services de renseignements internationaux, Imad s'esquiva petit à petit pour ne devenir qu'une ombre.Ce n'est que le jour de son assassinat que ceux qui l'ont connu plus tard sous le nom de Hajj Ridwane découvrirent qu'il était bien Imad Moughniyeh.
Car c'est bien Hajj Ridwane qui faisait partie du conseil du Corps des Combattants, chargé de commanditer les opérations de résistance qui ont harcelé les positions israéliennes et celles de leurs collaborateurs conduits par le général libanais banni Antoine Lahad (Armée du Liban Sud, alias ALS) au Liban-Sud. En 1999, il fut désigné à la tête de ce conseil. Le premier ministre israélien Ehud Barak qui venait d'être élu, s'était engagé à se retirer du Liban. Hajj Ridwane fut chargé de préparer l'escorte de ce retrait. Ne sachant si les Israéliens étaient vraiment sérieux ou pas dans leur décision, il décida de ne pas lâcher du leste, voire d'intensifier les opérations de résistance.

Il avait même mis en place le plan d'une opération d'envergure, au cas de non retrait israélien, ou d'un retrait partiel. Il prévoyait un plan d'attaque populaire, de la part des habitants eux-mêmes, escortés par des résistants qui ont pour mission de mettre fin à tout foyer israélien ou de l'ALS. Il rentrera en vigueur le mois de mai, au moment où les Israéliens ont entamé leur retrait. C'est bien Hajj Ridwane qui dirigeait les gens qui investissaient leurs villages. C'est bien lui qui avait été le premier à être arrivé aux positions israéliennes qui venaient d'être évacuées, à Marje'youne, au camp de Khiam, jusqu'à Nakoura, à l'ouest. C'est lui qui a supervisé la récolte du butin, l'évacuation de toutes les positions abandonnées et leur bombardement, et enfin le redéploiement des combattants de la résistance tout au long de la frontière libanaise avec la Palestine occupée. En deux semaines, tout était déblayé, et commençait une nouvelle phase. Avec pour mot d'ordre: libérer les détenus dans les geôles israéliennes et les hameaux de Chébaa.
En six années, il a conduit l'un des processus de développement de la résistance le plus avancé. Des milliers de combattants ayant subi un entrainement intensif ont été déployés tout au long de la frontière, sans être vus pour autant. De nouveaux moyens logistiques furent introduits sur le champ de bataille, entre autre la force de frappe des roquettes dont le champ a été élargi. Un réseau de tunnels a également été instauré, ainsi que des dizaines de points de surveillance, visibles et non visibles, qui scrutaient au détail près tous les mouvements des soldats israéliens sur la frontière; Il dirigeait aussi un service de renseignements dont les exploits resteront tenus au secret pour longtemps.C'est ainsi qu'a eu lieu en l'an 2000 la première opération capture des soldats israéliens, dans la région de Chébaa, en plus de celle de l'officier israélien Tenenbaum venu en personne à Beyrouth; puis, la libération en 2004 des détenus libanais dans les prisons israéliennes. Puis se déroula la deuxième opération de capture de soldats israéliens, en juillet 2006, qui fut suivie par l'une des guerres israéliennes les plus féroces contre le Liban et par la victoire la plus resplendissante de la résistance au Liban. Son rôle dans cette victoire n'est un secret pour personne.Dès lors, hajj Ridwane se trouvait face à une nouvelle mission.

Il parvint en "6 mois à reconstruite un travail qui nécessite six mois", comme il l'a déclaré lui-même. Alors que tous les responsables du Hezbollah étaient occupés par l'évaluation des dommages et pertes de la guerre, pour entamer la reconstruction. Hajj Ridwane, lui, suivait de près le dossier des résistants, les visitant un à un, s'enquérant des martyrs et des blessés. Concernant la guerre, il a opéré une opération de révision détaillée de tous les évènements, de tous les points faibles et lacunes, ainsi que tous les points de forces. Et avant même que l'ennemi sioniste n'ait clôturé son enquête qui fut publiée dans la cadre de la commission de Vinograd, Hajj Ridwane avait terminé l'évaluation de la guerre 2006, les leçons avaient été déjà prises.Dans un temps record, il a mis au point les différents scénarios d'une guerre éventuelle contre Israël, qui pourrait durer plusieurs mois et non plusieurs semaines, inventant de nouveaux procédés, qui concordent entre ceux des groupes de résistance et ceux des armées régulières. Les scénarios qu'il a mis au point ont cette fois-ci un nouveau but: la libération de la Palestine, thème central dans son idéologie politique.


A SUIVRE


( traduit en résumé d'un article d'Ibrahim al-Amine- du journal al-Akhbar)

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