Les enfants de Gaza ne peuvent plus être soignés à l’étranger
Quatre jours de suite, une ambulance a conduit Amira Ghirim, 15 ans, de l’hôpital Shifa jusqu’à la frontière à Rafah. On espérait que la fillette serait admise en Egypte pour aller en France se faire opérer d’urgence.
Amira a eu le bras et la cuisse gauches écrasés et les organes internes blessés par la chute de gravats quand un obus a touché sa maison dans le quartier de Tel al Hawa, à Gaza Ville, vers la fin de l’offensive israélienne. L’assaut qui a tué son père, son frère et sa soeur l’a laissée orpheline.
Sa tante, Mona Ghirim, raconte toutefois que malgré l’urgence de son opération, Amira s’est fait renvoyer chaque fois de la frontière. "Tous les matins quand nous arrivions au passage, les soldats égyptiens nous insultaient et nous disaient de partir".
Mme Ghirim a dit que l’état d’Amira s’était détérioré à cause des heures qu’elle avait passées hors de l’hôpital. Hier, en entendant que la frontière resterait fermée, elles ont décidé d’abandonner le voyage. "Amira est très malade et ces déplacements inutiles ne sont pas bons pour elle".
Amira est l’une des quatre enfants auxquels une équipe de docteurs en France à offert une opération qui pourrait leur sauver la vie. Toutefois, Amira et les autres enfants sont victimes d’une bataille bureaucratique opposant l’Autorité palestinienne, le Hamas et l’Égypte.
Mohammed Salem, chef du groupe médical Pal Med basé en France, était parmi les médecins qui accompagnaient les enfants jusqu’au passage vendredi dernier. Il a dit que les médecins avaient pu passer, mais que les ambulances transportant les enfants étaient restées bloquées. Quand les médecins ont essayé de retourner à Gaza, ils n’ont pas été autorisés à passer.
"Nous ne savons pas pourquoi les enfants ont été refoulés" dit-il. " Nous avions tous les papiers et les documents nécessaires. On nous avait dit qu’une fois que nous aurions traversé le passage de Rafah, l’ambulance transportant les enfants serait autorisée à nous suivre".
Il semblerait que le Ministère de la santé de Ramallah ait brusquement changé de politique et que, la veille de la tentative de départ des quatre enfants, il ait annoncé qu’il n’y avait plus de raison de faire soigner d’autres enfants à l’étranger.
Pendant l’attaque israélienne de vingt-deux jours contre Gaza, près de 1300 palestiniens ont été tués et quelque 5300 ont été blessés.
Dans les jours qui ont suivi la déclaration de cessez-le-feu par Israël, le 18 janvier, des centaines de Gazaouis grièvement blessés ont été transférés en Égypte par le passage de Rafah. Beaucoup sont soignés dans les hôpitaux égyptiens et d’autres ont été envoyés à l’étranger.
Mais pour ces quatre cas, il semble que les autorités égyptiennes aient préféré se plier aux souhaits du Ministère palestinien de la santé par crainte de frictions diplomatiques.
Sur les quatre enfants, Hazem Abu Odeh, 12 ans et Iman Khadum, 9 ans doivent être opérés pour arrêter une hémorragie dans leurs reins.
Le quatrième, Alla Abu Dagan, 16 ans, souffre de fractures et de blessures multiples dans le ventre causées par l’explosion d’un obus.
Parlant sous couvert de l’anonymat, une source diplomatique a dit qu’Amira et les autres enfants ont probablement été pris dans une dispute politique causée par la division entre l’Autorité palestinienne, contrôlée par le Fatah en Cisjordanie, et le gouvernement du Hamas à Gaza
"L’AP veut montrer que son autorité s’étend à Gaza également. Elle utilise le contrôle qu’elle exerce sur l’aide médicale internationale à Gaza pour montrer qui est le chef et qui est aux commandes » selon la source.
Le Ministère palestinien de la santé s’est refusé à tout commentaire.
Mme Ghirim a dit que sa nièce avait subi un traumatisme terrible." Après le bombardement de la maison, elle a rampé hors du bâtiment pour demander de l’aide, mais la rue était déserte. Elle a couché en plein air et toute la nuit elle a entendu les voix des soldats qui parlaient en hébreu.
Le lendemain matin, elle a rampé sur cinq cents mètres jusqu’à une autre maison pour se cacher. Elle est restée là jusqu’au retour du propriétaire de la maison. Celui-ci a dit qu’elle était en état de choc, couverte de sang et de poussière.
Les organisations médicales internationales ont fait leur propre évaluation de la situation à Gaza ces derniers jours. L’Organisation mondiale de la santé devrait émettre un rapport dans les jours à venir.
Une équipe de douze médecins israéliens arabes, membres de Médecins pour les droits humains, est rentrée de Gaza dimanche. Les médecins ont prévenu que le système de santé à Gaza avait atteint ses limites et que les patients blessés risquaient de mourir.
Selon Riyad Haddad, chirurgien au centre médical Carmel de Haïfa : "l’aide médicale est abondante, mais les soins que les médecins peuvent prodiguer sont extrêmement limités du fait de l’isolement de Gaza qui a été coupé du monde pendant de longs mois".
Il a dit que les techniciens n’étaient pas formés à l’utilisation d’un équipement hospitalier moderne,que les médecins n’avaient pas assisté à des séminaires médicaux sur les derniers progrès dans leur domaine, et qu’il y avait une grave pénurie de personnel infirmier formé.
Il a aussi dit que Gaza n’avait pas les psychologues nécessaires pour répondre à l’ampleur des traumatismes mentaux infligés à la population.
Sur les milliers de blesses, plus de six cents auraient une infirmité permanente. "Gaza a le plus grand besoin de centres de revalidation pour traiter un si grand nombre de personnes handicapées".
Le Dr Haddad a dit que beaucoup de médecins gazaouis lui avaient signalé des blessures inhabituelles et difficiles à soigner, infligées par les armes expérimentales qu’Israël avait utilisées pendant son offensive.
Il a également mis en garde contre les obus non explosés qui avaient déjà tué des enfants jouant avec des munitions trainant dans les gravats. Le week-end dernier le Comité international de la Croix-Rouge a dit que les engins non explosés posaient un « nouveau danger majeur » pour la population civile.
Gaza risque aussi de connaître de grandes épidémies comme le choléra qui augmenteraient encore le nombre de décès. Le Dr Haddad a dit "Bien que la plupart des corps aient été dégagés des gravats, vous pouvez voir et sentir des animaux morts partout : des moutons des chèvres des chats et des chiens".
Jonathan Cook/jkcook.net/Traduction pour info-Palestine, le 01/02/2009
Quatre jours de suite, une ambulance a conduit Amira Ghirim, 15 ans, de l’hôpital Shifa jusqu’à la frontière à Rafah. On espérait que la fillette serait admise en Egypte pour aller en France se faire opérer d’urgence.
Amira a eu le bras et la cuisse gauches écrasés et les organes internes blessés par la chute de gravats quand un obus a touché sa maison dans le quartier de Tel al Hawa, à Gaza Ville, vers la fin de l’offensive israélienne. L’assaut qui a tué son père, son frère et sa soeur l’a laissée orpheline.
Sa tante, Mona Ghirim, raconte toutefois que malgré l’urgence de son opération, Amira s’est fait renvoyer chaque fois de la frontière. "Tous les matins quand nous arrivions au passage, les soldats égyptiens nous insultaient et nous disaient de partir".
Mme Ghirim a dit que l’état d’Amira s’était détérioré à cause des heures qu’elle avait passées hors de l’hôpital. Hier, en entendant que la frontière resterait fermée, elles ont décidé d’abandonner le voyage. "Amira est très malade et ces déplacements inutiles ne sont pas bons pour elle".
Amira est l’une des quatre enfants auxquels une équipe de docteurs en France à offert une opération qui pourrait leur sauver la vie. Toutefois, Amira et les autres enfants sont victimes d’une bataille bureaucratique opposant l’Autorité palestinienne, le Hamas et l’Égypte.
Mohammed Salem, chef du groupe médical Pal Med basé en France, était parmi les médecins qui accompagnaient les enfants jusqu’au passage vendredi dernier. Il a dit que les médecins avaient pu passer, mais que les ambulances transportant les enfants étaient restées bloquées. Quand les médecins ont essayé de retourner à Gaza, ils n’ont pas été autorisés à passer.
"Nous ne savons pas pourquoi les enfants ont été refoulés" dit-il. " Nous avions tous les papiers et les documents nécessaires. On nous avait dit qu’une fois que nous aurions traversé le passage de Rafah, l’ambulance transportant les enfants serait autorisée à nous suivre".
Il semblerait que le Ministère de la santé de Ramallah ait brusquement changé de politique et que, la veille de la tentative de départ des quatre enfants, il ait annoncé qu’il n’y avait plus de raison de faire soigner d’autres enfants à l’étranger.
Pendant l’attaque israélienne de vingt-deux jours contre Gaza, près de 1300 palestiniens ont été tués et quelque 5300 ont été blessés.
Dans les jours qui ont suivi la déclaration de cessez-le-feu par Israël, le 18 janvier, des centaines de Gazaouis grièvement blessés ont été transférés en Égypte par le passage de Rafah. Beaucoup sont soignés dans les hôpitaux égyptiens et d’autres ont été envoyés à l’étranger.
Mais pour ces quatre cas, il semble que les autorités égyptiennes aient préféré se plier aux souhaits du Ministère palestinien de la santé par crainte de frictions diplomatiques.
Sur les quatre enfants, Hazem Abu Odeh, 12 ans et Iman Khadum, 9 ans doivent être opérés pour arrêter une hémorragie dans leurs reins.
Le quatrième, Alla Abu Dagan, 16 ans, souffre de fractures et de blessures multiples dans le ventre causées par l’explosion d’un obus.
Parlant sous couvert de l’anonymat, une source diplomatique a dit qu’Amira et les autres enfants ont probablement été pris dans une dispute politique causée par la division entre l’Autorité palestinienne, contrôlée par le Fatah en Cisjordanie, et le gouvernement du Hamas à Gaza
"L’AP veut montrer que son autorité s’étend à Gaza également. Elle utilise le contrôle qu’elle exerce sur l’aide médicale internationale à Gaza pour montrer qui est le chef et qui est aux commandes » selon la source.
Le Ministère palestinien de la santé s’est refusé à tout commentaire.
Mme Ghirim a dit que sa nièce avait subi un traumatisme terrible." Après le bombardement de la maison, elle a rampé hors du bâtiment pour demander de l’aide, mais la rue était déserte. Elle a couché en plein air et toute la nuit elle a entendu les voix des soldats qui parlaient en hébreu.
Le lendemain matin, elle a rampé sur cinq cents mètres jusqu’à une autre maison pour se cacher. Elle est restée là jusqu’au retour du propriétaire de la maison. Celui-ci a dit qu’elle était en état de choc, couverte de sang et de poussière.
Les organisations médicales internationales ont fait leur propre évaluation de la situation à Gaza ces derniers jours. L’Organisation mondiale de la santé devrait émettre un rapport dans les jours à venir.
Une équipe de douze médecins israéliens arabes, membres de Médecins pour les droits humains, est rentrée de Gaza dimanche. Les médecins ont prévenu que le système de santé à Gaza avait atteint ses limites et que les patients blessés risquaient de mourir.
Selon Riyad Haddad, chirurgien au centre médical Carmel de Haïfa : "l’aide médicale est abondante, mais les soins que les médecins peuvent prodiguer sont extrêmement limités du fait de l’isolement de Gaza qui a été coupé du monde pendant de longs mois".
Il a dit que les techniciens n’étaient pas formés à l’utilisation d’un équipement hospitalier moderne,que les médecins n’avaient pas assisté à des séminaires médicaux sur les derniers progrès dans leur domaine, et qu’il y avait une grave pénurie de personnel infirmier formé.
Il a aussi dit que Gaza n’avait pas les psychologues nécessaires pour répondre à l’ampleur des traumatismes mentaux infligés à la population.
Sur les milliers de blesses, plus de six cents auraient une infirmité permanente. "Gaza a le plus grand besoin de centres de revalidation pour traiter un si grand nombre de personnes handicapées".
Le Dr Haddad a dit que beaucoup de médecins gazaouis lui avaient signalé des blessures inhabituelles et difficiles à soigner, infligées par les armes expérimentales qu’Israël avait utilisées pendant son offensive.
Il a également mis en garde contre les obus non explosés qui avaient déjà tué des enfants jouant avec des munitions trainant dans les gravats. Le week-end dernier le Comité international de la Croix-Rouge a dit que les engins non explosés posaient un « nouveau danger majeur » pour la population civile.
Gaza risque aussi de connaître de grandes épidémies comme le choléra qui augmenteraient encore le nombre de décès. Le Dr Haddad a dit "Bien que la plupart des corps aient été dégagés des gravats, vous pouvez voir et sentir des animaux morts partout : des moutons des chèvres des chats et des chiens".
Jonathan Cook/jkcook.net/Traduction pour info-Palestine, le 01/02/2009
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