20 décembre 2012

Les avocats man­datés par le club des pri­son­niers pales­ti­niens témoignent : la prison Israé­lienne de Ramleh est un mouroir pour les pri­son­niers malades

Nadi al-​​Asir al-​​Filistini (Club des prisonniers palestiniens), jeudi 4 octobre 2012


Les pri­son­niers malades de Ramleh risquent d’avoir le même destin que Zuhair Lubada [1], ils entrent dans un cycle de mort lente dans l’indifférence totale, oubliés, aban­donnés, ils souffrent de négli­gence médicale pré­mé­ditée et imposée par la direction de la cli­nique de la prison de Ramleh.
Les avocats du club des pri­son­niers, Joseph Mtia et Shereen Nasser ont qua­lifié la situation des pri­son­niers malades dans la cli­nique de la prison de Ramleh de catas­tro­phique et trau­ma­tique due à l’absence de service médical et de tout équi­pement pour assurer un minimum de trai­tement pour les pri­son­niers malades, exa­cerbés de voir leur corps rongés par les maladies, dans l’indifférence totale de l’administration pénitentiaire.
Lors de leur visite à un certain nombre de pri­son­niers malades dans la cli­nique de la prison de Ramleh, les avocats ont docu­menté les hor­reurs de la prison et l’attitude inhu­maine, cho­quante et inima­gi­nable des geô­liers envers ces pri­son­niers accablés par la maladie, la souf­france et la crainte de revivre les images ter­ri­fiantes de la mort lente de Zuhair Lubada.
Riaz AL-​​ Ammur, 40 ans de Bethléem, condamné à 11 fois la per­pé­tuité, souffre d’une maladie car­diaque et d’évanouissements sou­dains plu­sieurs fois par jour. Il a dit aux avocats avec une voix basse, épuisée, parfois avec colère et pleurs que le médecin de la prison lui a révélé qu’il n’existe aucun trai­tement pour lui et que l’opération néces­saire pour lui changer l’implant nécessite son transfert à l’extérieur de la prison de Ramleh mais qu’il refuse de l’aider.
Il a ajouté amè­rement que souvent il rentre dans un état comateux plu­sieurs fois par jour et malgré ça le médecin refuse de l’aider et refuse aussi de le soigner, et que depuis deux ans et demi, il attendait vai­nement des soins dont il a besoin.
Actuel­lement les médecins déclarent qu’ils n’arrivent pas à déter­miner la cause de ses semi-​​ comas répétés et malgré son transfert dans un hôpital civil, le médecin a refusé d’en révéler les causes en signalant que l’état de santé du pri­sonnier est le plus grave parmi les cas pré­sents dans la cli­nique de la prison de Ramleh.
L’administration péni­ten­tiaire poursuit sa poli­tique de négli­gence médicale pré­mé­ditée dans la cli­nique de la prison de Ramleh. Depuis plus de deux mois et demi, le pri­sonnier est en attente d’une prise de sang et d’un examen sanguin qui est censé avoir lieu tous les 14 jours. La raison du retard, c’est un oubli du médecin.
Riaz AL-​​ Ammur a lancé un appel au secours à toutes les orga­ni­sa­tions et aux citoyens de ce monde pour le secourir et secourir tous les pri­son­niers avant qu’il ne soit trop tard.
Mansour Mohamad Aziz Moukada, 41 ans, de Salfit, marié et père de 4 enfants, a été arrêté le 1 juillet 2002, il a été blessé par balles lors de son arres­tation par les soldats israé­liens. Il a été condamné à la réclusion à perpétuité. Les deux avocats rap­portent que l’état de santé du pri­sonnier Moukada est indes­crip­tible, il suffit de le regarder pour com­prendre l’immensité de sa douleur et sa tra­gédie. Le pri­sonnier Moukada est un martyr vivant, comme le sur­nomme les autres patients à l’hôpital de Ramleh ; blessé à trois reprises à la colonne ver­té­brale, au bassin et à l’abdomen lors de son arres­tation, il est hémi­plé­gique ce qui le condamne à la chaise rou­lante. Ses entrailles sont abimées, il porte un implant en plas­tique qui rem­place son estomac, il a une tumeur au ventre, il est atteint d’une insuf­fi­sance rénale ter­minale, il est dialysé mais son appareil est en panne, il est souvent sujet à inflam­ma­tions et infec­tions au niveau d’une ouverture pra­tiquée par les médecins pour évacuer ses besoins. Le pri­sonnier Moukada est aban­donné sans soins, il risque la mort à tout instant, il entre dans sa onzième année de détention. Désespéré, il murmure : "Nos Journées sont inter­mi­nables, notre souf­france aussi, au point de sou­haiter la mort car la mort nous est plus humaine, nous ne dis­tin­guons plus le jour de la nuit. Entre l’anxiété et la souf­france, l’incapacité de dormir, mes nerfs craquent et mes yeux vont exploser sous la douleur pro­voquée par une tension interne ".
Les deux avocats pré­cisent qu’il y a cinq pri­son­niers qui doivent être libérés immé­dia­tement. Khalid Shawish, Mansour Moukada, Mahmoud Suleiman, Riaz Al-​​Ammur et Nahed Al-​​Aqra, et si aucune mesure n’est prise immé­dia­tement pour sauver leur vie, ils subiront le même sort que Zuhair Lubada, décédé à la suite de la négli­gence médicale et à la tra­gédie de la détention.
Le repré­sentant des pri­son­niers dans la prison cli­nique de Ramleh, le pri­sonnier Ismail Radayda a indiqué que la situation dans cette prison est très mau­vaise, que per­sonne ne peut ima­giner ce qui se passe à l’intérieur, en disant : "Qu’attendez-vous ? Après la mort du pri­sonnier, Zuhair Lubada. Nous avons vu et vécu minutes par minutes la dété­rio­ration de sa santé, nous avons senti ses souf­frances et nous l’avons suivi dans sa mort lente, qu’attendez-vous ? Dans quel état psy­chique peut être un pri­sonnier malade qui attend son tour en se demandant qui sera le suivant ?
Le pri­sonnier Radayda poursuit en disant que rien n’a changé après la fin de la grève pour les pri­son­niers malades. Un Officier est venu, il a parlé avec eux, mais à la question posée par le repré­sentant des gré­vistes de la faim, si cet accord va contribuer à amé­liorer leurs condi­tions en tant que pri­son­niers malades dans la cli­nique de la prison de Ramleh, l’officier a répondu qu’il n’y a rien de nouveau les concernant et qu’il n’a pas reçu le document ni ne connaît les termes de l’accord et il n’y a pas de volonté de changer leur situation et leur vie.
Les avocats du Club ont également visité deux autres pri­son­niers Mohammed Abdul Aziz et Mahmoud Radwan, tous les deux sont des pri­son­niers malades.
[1] Zuhair Lubada 52 ans est décédé à l’Hôpital National de Naplouse à peine une semaine après sa libé­ration des geôles israé­liennes suite à des années de négli­gences médicales.
Traduction par Moncef Chahed, Groupe de travail « prisonniers »
[1] Zuhair Lubada 52 ans est décédé à l’Hôpital National de Naplouse à peine une semaine après sa libé­ration des geôles israé­liennes suite à des années de négli­gences médicales.

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