A PROPOS DES JUIFS ANTISIONISTES
« La Promesse de la Terre, selon les rabbins, doit s’accomplir par
le Messie, miraculeusement et surnaturellement, sans armes et sans
guerre, avec l’accord de toutes les nations intéressées »
Emmanuel LEVYNE Revue TSEDEK nov. 68
1° LES ANTISIONISTES juifs religieux contre la création d’Israël
Il faut quand même souligner ici, que certains Juifs religieux,
profondément antisionistes, condamnent au nom de leur foi en Dieu la
création d’un Etat juif, aussi bien dans le passé que dans le présent,
et ils s’érigent avec des accents mystiques d’une violence extrême
contre les pratiques « génocidaires » de leurs coreligionnaires
Après la victoire « miraculeuse » de la guerre, nous avons pu faire
la découverte des juifs résolument antisionistes à travers une revue le
TSEDEK, nous nous contenterons de citer cet article, cette profession de
foi que nous ferons suivre d’une des dernières prise de position des
juifs anti-sioniste
« La Promesse de la Terre, selon les rabbins, doit s’accomplir par
le Messie, miraculeusement et surnaturellement, sans armes et sans
guerre, avec l’accord de toutes les nations intéressées. Je veux bien de
la Promesse d’une Terre mais non d’une Terre arrosée du sang des
pauvres et des innocents …. Je rejette l’Etat d’Israël – la souveraineté
des hommes – parce que j’ai choisi la souveraineté de l’Eternel, qui
seule est juste et peut être une source de bonheur et de paix pour
l’humanité. Car comme l’a dit si bien Nicolas Berdiaeaeff, Dieu est
humain, mais l’homme est inhumain ; et tout humanisme athée dégénère
toujours et se métamorphose en antihumanisme. Comme nous le disons dans
nos prières juives quotidiennes : « Nous n’avons pas d’autre souverain
qui délivre et qui sauve que Toi l’Eternel ».L’Etat d’Israël, comme tout
Etat, prétend le contraire, il contredit l’Eternel et le nie, c’est
pourquoi je ne puis affirmer Dieu et ma foi juive sans lui dire : non…
Les Etats Unis sont une nation agressive et exterminatrice de naissance,
de nature. Comme Israël, dont les ancêtres ont déjà une première fois
exterminé les peuples palestiniens – les cananéens – pour se constituer
en nation et en Etat. Comme les Etats Unis nous n’avons acquis le droit à
l’existence, que nation souveraine, qu’en supprimant ce droit à
d’autres peuples. Après deux mille ans d’exil qui nous avaient purifié
de ce crime national…. voici que nous recommençons de plus belle…. Les
Palestiniens sont absolument innocents, ils paient les crimes et les
fautes des Européens et des Occidentaux. Ils sont crucifiés pour les
péchés, dont nous ne sommes pas exempts….» (
Emmanuel LEVYNE Revue TSEDEK nov. 68)).
Ce que le sionisme aurait dû être selon Martin Buber !
Le premier point est qu’au moment où nous avons
conclu une alliance avec un Etat européen auquel nous avions octroyé le
droit de gouverner la Palestine, nous n’essayèrent même pas de parvenir
à un accord avec les Arabes de ce pays sur les conditions de
l’implantation juive et du cadre dans lequel elle pouvait se poursuivre.
En conséquence de cette approche négative, les Arabes, qui s’en
rendaient compte et qui s’inquiétaient de l’avenir de leur peuple, nous
considérèrent de plus en plus, non pas comme un groupe désireux de vivre
en coopération avec eux, mais comme des personnes qui n’avaient pas été
invitées et comme des agents défendant des intérêts étrangers.
Le deuxième point est que nous avons occupé le s
postes-clé de l’économie de ce pays sans offrir de compensation à la
population arabe, ce qui veut dire que nous n’avons pas permis à leur
capital et à leur travail de prendre une part active dans notre
économie. Payer les achats de terre à de gros propriétaires terriens ou
indemniser les locataires de ces terres n’est pas la même chose que
dédommager tout un peuple. C’est pourquoi, un grand nombre d’Arabes,
parmi les plus prévenants, considérèrent la progression de la
colonisation juive comme une sorte de complot destiné à déposséder leurs
générations futures de la terre nécessaire à leur subsistance et à leur
développement. Il n’y a qu’avec une politique économique compréhensive
et forte, destinée à organiser et à développer des intérêts communs,
qu’il eut été possible de contrer ce point de vue et ses inévitables
conséquences. Ce n’est pas ce que nous avons fait.
Le troisième point est que lorsque la possibilité
survint que le Mandat [britannique] prendrait bientôt fin, non seulement
nous n’avons pas proposé à la population arabe de le remplacer par une
administration conjointe juive et arabe, mais nous avons foncé et exigé
de diriger seuls l’ensemble du pays (le programme Baltimore), comme
suite politique appropriée aux acquis que nous avions déjà réalisés. En
procédant ainsi, nous avons fourni nous-mêmes à nos ennemis du camp
arabe l’aide et le réconfort les plus précieux – le soutien de l’opinion
publique – sans lequel l’attaque militaire n’aurait pu être lancée
contre nous. Ainsi apparaît-il maintenant à la population arabe qu’en
poursuivant les activités dans lesquelles nous nous sommes engagés
depuis des années, l’acquisition de terres et le développement du pays,
nous préparions le terrain pour prendre le contrôle de tout le pays.( Martin Buber, cited "A Land of Two Peoples" Ed. Mendes-Flohr.) (
cf. Wikipédia)
Remarques
Ces dernières considérations, reprises en chœur
par nos apôtres trotskistes qui militent pour la « réconciliation et la
paix »nous apparaissent d’une naïveté politique assez sidérante.. De
fait, que ce soit le sionisme selon Herzl ou selon Buber, la
colonisation de la Palestinene pouvait qu’aboutir, comme toute
colonisation structurée autour d’un «
Projet» comme celui de la mise en place d’un «
Foyer Juif » qu’à la mise à l’écart du « peuple de Palestine », à son extermination programmée, de toute évidence, du
Mythe biblique d’un RETOUR des Juifs à Jérusalem
Charte du Réseau International Juif Antisioniste IJAN
Publié le jeudi 16 octobre 2008
Réseau juif antisioniste international
Le Réseau juif antisioniste international ((International Jewish
anti-Zionist Network, IJAN) annonce sa création cette semaine, par un
mois d’actions et d’événements dans au moins 8 pays, et rend publique sa
charte fondatrice.’
Charte du réseau international juif anti-sioniste IJAN International Jewish Anti-Zionist Network
- Nous formons un réseau international de Juifs et de Juives qui
s’engagent de façon inconditionnelle en faveur de la lutte pour
l’émancipation des êtres humains. Nous considérons que la libération du
peuple palestinien et de sa terre forme un volet essentiel de cette
émancipation. Notre engagement porte sur le démantèlement du régime
d’apartheid israélien, le retour des réfugiés palestiniens et la fin de
la colonisation israélienne surla Palestinehistorique.
- Le
nettoyage ethnique historique et toujours en cours perpétré par Israël à
l’encontre du peuple palestinien sur sa propre terre vient contredire
et trahir cette longue histoire de la participation juive à des
mouvements collectifs de libération.
- Le sionisme – idéologie
fondatrice de l’Etat d’Israël et qui en est le soutien actuel, est issu
du colonialisme européen et s’est diffusé à la suite du génocide nazi.
Le sionisme s’est nourri des épisodes les plus violents et oppressifs de
l’histoire du dix neuvième siècle, marginalisant ainsi l’engagement de
nombreux Juifs dans les mouvements de libération. Pour retrouver une
place au sein des vibrants mouvements populaires actuels, il faut mettre
fin au sionisme sous toutes ses formes
- En conséquence, le
sionisme nous implique dans l’oppression du peuple palestinien et porte
préjudice à notre propre héritage, à nos luttes pour la justice et à nos
alliances avec nos semblables.
- Nous nous engageons à : Nous
opposer au sionisme et à l’État d’Israël Le sionisme est raciste. Il
exige l’allégeance à un ordre politique, juridique et économique qui
privilégie et valorise les Juifs ainsi que les Européens et leurs
cultures par rapport aux peuples autochtones et à leurs cultures. Le
sionisme n’est pas seulement raciste, il est aussi antisémite. Il
reprend à son compte l’imagerie européenne et antisémite du "Juif de la
diaspora" efféminé, cupide et faible, et y lui oppose celle d’un
"Nouveau Juif", violent, militariste et sexiste, un Juif qui est
l’auteur d’une violence raciale plutôt que d’en être une victime.
- Le
sionisme perpétue l’exception juive. Pour justifier ses crimes, le
sionisme présente une version de l’histoire juive déconnectée de
l’histoire et de l’expérience d’autres peuples. Il promeut un narratif
selon lequel l’holocauste nazi est exceptionnel dans l’histoire de
l’humanité. Il place les Juifs à part, par rapport aux victimes et aux
survivants d’autres génocides, au lieu de nous unir à eux.
- Le
sionisme prétend que la sécurité des Juifs repose sur un état juif
militarisé. Mais Israël ne met pas les Juifs en sécurité. Sa violence
garantit l’instabilité et la peur pour ceux qui sont sous sa sphère
d’influence, et met en danger la sécurité de tous, y compris des Juifs,
et ce bien au-delà de ses frontières. Le sionisme a volontairement
participé à créer les conditions qui ont conduit à la violence à
l’encontre des Juifs dans les pays arabes. L’hostilité née de la
violence israélienne et de la domination militaire sur les Juifs vivant
en Israël et ailleurs est utilisée pour justifier encore plus de
violence sioniste.
- Nous nous engageons à : Rejeter l’héritage
colonial et l’expansion colonialiste en cours. Dès l’instant où le
mouvement sioniste a décidé de bâtir un état juif en Palestine, il est
devenu un mouvement de conquête. A l’instar de tous les mouvements de
conquête et des idéologies colonialistes en Amérique ou en Afrique, le
sionisme s’appuie sur la ségrégation entre les peuples ; par la
confiscation de la terre, il s’engage dans le nettoyage ethnique qui
repose sur une violence militaire implacable.
- Nous nous
engageons à : Nous opposer aux organisations sionistes. Non content de
donner forme à l’Etat d’Israël, le sionisme a fondé sa politique
internationale de domination militaire et d’hostilité envers ses voisins
et a instauré un réseau mondial complexe d’organisations, de lobbys
politiques, d’entreprises de relations publiques, de clubs
universitaires, et d’écoles pour appuyer et propager les idées sionistes
au sein des communautés juives et dans l’opinion publique de façon
générale.
- Un réseau international d’institutions et
d’organisations sionistes appuie l’armée israélienne par des
financements directs. De plus, ces organisations fournissent un soutien
politique nécessaire à la légitimation et à la promotion de leurs visées
politiques et de leurs projets humanitaires. Dans certains pays, ces
organisations censurent toute critique envers Israël et ciblent des
individus et des organisations qui sont mis sur listes noires et sont
victimes de violences, d’emprisonnement, de déportation, de privation
d’emploi et d’autres sanctions économiques.
- Ces organisations
diffusent l’islamo phobie. Agitant l’épouvantail de la guerre à
l’étranger, elles instaurent une législation répressive dans leurs
propres pays. Aux Etats-Unis et au Canada les groupes sionistes ont aidé
à faire passer la législation « antiterroriste », exposant ainsi à des
poursuites judiciaires pour aide au terrorisme et trahison, toute
activité favorable au boycott, au désinvestissement et aux sanctions
contre Israël ainsi que le soutien aux organisations palestiniennes,
iraniennes, iraquiennes, libanaises et musulmanes. En Europe et aux
Etats-Unis, des groupes soit disant « juifs » sont désormais au premier
rang de l’appel à la guerre contre l’Iran.
- Mais l’édifice
sioniste et celui de la suprématie mondiale des Etats-Unis se fissurent.
A la suite de l’extraordinaire résistance dela Palestineet du Sud Liban
à l’agression et à l’occupation israélienne et américaine, qui ont tenu
en dépit de ressources limitées et de nombreuses trahisons, le
mouvement international de solidarité avec les Palestiniens en lutte
contre la politique des USA et d’Israël prend de l’élan.
- En
Israël, cet élan est visible dans une contestation croissante qui ouvre
la voie à la revendication d’un double héritage des années 60 celui du
Matzpen, organisation israélo-palestinienne, juive et antisioniste et
celui du parti Mizrahi des Panthères Noires. Plus largement, le refus de
la conscription obligatoire dans l’armée israélienne est croissant dans
la jeunesse.
- La propagande de la guerre occidentale contre le
terrorisme sert de caisse de résonance à l’islamo phobie de l’élite
indienne et fournit aux régimes du Moyen Orient et de l’Asie du
Sud-ouest une opportunité pour réprimer sévèrement toute dissidence.
Malgré cela, des soulèvements populaires et des chapitres glorieux des
luttes anti-coloniales remettent en question cette alliance et devraient
lui porter un coup fatal.
- Nous nous engageons à : Etre
solidaires et à travailler pour l’apaisement et la justice. Nous sommes
engagés aux côtés du peuple palestinien pour sa libération et son
autodétermination. De tout notre cœur, notre volonté et notre énergie
politique nous soutenons la résistance du peuple palestinien dans toute
sa diversité et sa vaillance et nous faisons front à l’injustice dont
sont coupables les pays où nous vivons.
- Nous soutenons sans
équivoque le Droit au Retour des Palestiniens sur leur terre. Nous
appelons à l’abrogation du droit au retour raciste israélien qui
privilégie le droit de toute personne se déclarant juive de s’installer
en Palestine tout en privant les réfugiés palestiniens de ce droit.
- Nous
nous engageons à soutenir la justice pour guérir les blessures
infligées par la force et par le droit colonial en Palestine et dans
l’ensemble de la région ; pour guérir les traumatismes qu’ont subi les
Juifs en Europe et dont se sert le projet sioniste, pour guérir les
peurs et privations endurées dans des massacres au fil des années ainsi
que les manipulations de la culture et des ressources exercées dans le
but d’exploiter les Juifs Mizrahi et de les séparer des Palestiniens.
- La
justice pour laquelle nous travaillons est à construire par ceux,
partout en Palestine, y compris en Israël et par les réfugiés
palestiniens, dont la lutte pour l’autodétermination leur apportera
l’égalité et la liberté ainsi qu’aux autres habitants des alentours.
- Nous
vous appelons à nous rejoindre. Ces engagements nécessitent la
construction d’un mouvement juif uni à l’échelle internationale, qui
s’oppose au sionisme et à sa volonté de vouloir parler au nom de tous
les Juifs. Face à un adversaire international il ne suffit pas de
travailler au niveau local, ni au niveau national. Nous devons trouver
des moyens d’agir ensemble par delà les frontières géographiques,
sectorielles et linguistiques. Il y a place pour toutes sortes
d’initiatives et d’organisations, existantes ou nouvelles, qui puissent
travailler en toute indépendance et conjointement, en soutien mutuel et
en collaboration.
- Etes-vous contre le racisme sous toutes ses
formes ? Alors, nous vous appelons à nous rejoindre pour mettre fin à
l’apartheid israélien.
- Pour que sur cette planète on puisse
vivre dans la sécurité, la justice et la paix, il faut mettre fin au
projet colonial israélien. C’est avec joie que nous nous lançons dans le
travail de sape collective d’un système de conquête et de destruction
qui a fait souffrir notre monde pendant trop longtemps.
REMARQUES :
La posture des Juifs
antisionistes radicaux énoncée ci dessus est, d’une certaine façon, en
porte à faux avec ce que nous disions des relations entre le judaïsme et
le sionisme En réalité, cette posture est le résultat d’un travail
d’exégèse herméneutique qui fait que l’homme religieux renonce au
pouvoir temporel pour se consacrer à sa méditation transcendantale
Cette séparation a été, sans doute une première fois introduite par
le Christ qui annonce que : « Son Royaume n’est pas de ce monde »,
contrairement aux pharisiens qui tenaient à une interprétation littérale
des textes bibliques, et espéraient se libérer du joug des Romains par
l’Avènement du Messie qui viendrait rétablir Israël dans sa Gloire
passée.
Il importe aussi de souligner l’existence d’une communauté de juifs
religieux anti sioniste en Iran qui s’est réunie en 2009 pour dénoncer
Israël, elle est même allée selon certains, non seulement à emboîter le
pas à Ahmadinejad mais à se lancer dans des « considérations
négationnistes » , selon certains militants qui se disent antisionistes
comme Warschawski, qui tient , avec sa famille, à rester en Israël où il
s’est installé pour y prêcher la « Bonne Nouvelle » On peut remarquer,
avec un certain « amusement » que cette importante communauté juive qui
vit actuellement en Iran, en bonne entente avec le régime en place,
s’inscrit bien dans cette sagesse qui s’oppose aux pharisiens, ces
docteurs de la Loi, et qui dit tout simplement : «
Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »,
Autres critiques intéressantes
Dans un article paru dans le Washington Post du 3 octobre 1978, il est rapporté que le Rabbin Hirsch (de Jérusalem) a déclaré :
‘le 12ème
principe de notre croyance, il me semble, est que le Messie rassemblera
les Juifs exilés qui ont été dispersés dans toutes les nations du
monde. Le sioniste est diamétralement opposé au judaïsme. Le sionisme
veut faire du peuple juif une entité nationaliste. Les sionistes disent
en fait : ‘Dieu, regarde donc ! Nous n’aimons pas l’exil. Fais-nous
revenir, et si tu ne le fais pas, nous retrousserons nos manches et nous
reviendrons par nous-mêmes.’ Le rabbin poursuit : ‘cela, bien sûr, est
une hérésie. Le peuple juif est lié par le serment Divin de ne pas
retourner à la Terre Sainte contre le gré de ceux qui y résident."
Une patrie juive en Palestine, bâtie à l’aide des baïonnettes et
de l’oppression, n’en vaut pas la peine, même si cela finit par réussir,
tandis que la tentative même de la bâtir pacifiquement, en coopération,
avec compréhension, bienséance et bonne volonté, en vaut vraiment la
peine, même si cela devait échouer.
Albert Einstein – ‘
Je préférerais de beaucoup qu’un accord
raisonnable ait lieu avec les Arabes sur le principe de vivre ensemble
dans la paix plutôt que d’assister à la création d’un Etat hébreu. Mis à
part certaines considérations d’ordre pratique, la conscience que j’ai
de la nature fondamentale du judaïsme s’oppose à l’idée d’un Etat
hébreu, avec des frontières, une armée et une certaine puissance
temporelle, même la plus modeste. Ma crainte est que le judaïsme ne
subisse des dommages de l’intérieur’
Erich Fromm ‘
En matière de loi internationale, le principe
est établi qu’aucun citoyen ne peut être privé de sa propriété ou de ses
droits à la citoyenneté ; et le droit à la citoyenneté est de facto, en
Israël, un droit bien plus légitime pour les Arabes que pour les Juifs.
Juste parce que les Arabes ont fui ? Depuis quand cela est-il puni par
la confiscation de sa propriété et par l’interdiction de retourner sur
la terre où ses ancêtres ont vécu pendant des générations ? Voilà
pourquoi la prétention des Juifs à la terre d’Israël ne peut être une
revendication légitime. Si toutes les nations revendiquaient subitement
les territoires où leurs ancêtres avaient vécu deux mille ans
auparavant, le monde dans lequel nous vivons serait un asile de fous… Je
pense que, politiquement parlant, il n’y a qu’une seule solution pour
Israël, et cette solution est de reconnaître unilatéralement aux Arabes
le droit à avoir un Etat – pas comme argument en vue d’un quelconque
marchandage, mais en tant qu’obligation morale absolue de l’Etat
israélien envers les habitants d’origine de la Palestine
Paroles prophétiques de Martin Buber– ‘
Seule une révolution
intérieure donnera la force nécessaire à notre peuple pour sortir de sa
folie meurtrière, basée sur une haine irrationnelle… Elle finira par
nous détruire entièrement. Et seulement alors, les jeunes et les vieux
de notre pays réaliseront combien fut immense notre responsabilité
envers ces misérables réfugiés arabes ; envers ceux dont nous avons pris
les villes pour y installer des Juifs qui furent amenés de très loin,
dont nous avons hérité les maisons, dont nous labourons et récoltons les
champs, dont nous ramassons les fruits de leurs jardins, de leurs
vergers et de leurs vignes, et dont nous avons volé les villes pour y
édifier des lieux d’éducation, de charité et de prière, alors que nous
pérorons et nous enflammons sur le fait que nous sommes le ‘Peuple élu’
et ‘la Lumière des nations’
Ce que le sionisme aurait dû être selon Martin Buber !
Le premier point est qu’au moment où nous avons
conclu une alliance avec un Etat européen auquel nous avions octroyé le
droit de gouverner la Palestine, nous n’essayèrent même pas de parvenir
à un accord avec les Arabes de ce pays sur les conditions de
l’implantation juive et du cadre dans lequel elle pouvait se poursuivre.
En conséquence de cette approche négative, les Arabes, qui s’en
rendaient compte et qui s’inquiétaient de l’avenir de leur peuple, nous
considérèrent de plus en plus, non pas comme un groupe désireux de vivre
en coopération avec eux, mais comme des personnes qui n’avaient pas été
invitées et comme des agents défendant des intérêts étrangers.
Le deuxième point est que nous avons occupé le s
postes-clé de l’économie de ce pays sans offrir de compensation à la
population arabe, ce qui veut dire que nous n’avons pas permis à leur
capital et à leur travail de prendre une part active dans notre
économie. Payer les achats de terre à de gros propriétaires terriens ou
indemniser les locataires de ces terres n’est pas la même chose que
dédommager tout un peuple. C’est pourquoi, un grand nombre d’Arabes,
parmi les plus prévenants, considérèrent la progression de la
colonisation juive comme une sorte de complot destiné à déposséder leurs
générations futures de la terre nécessaire à leur subsistance et à leur
développement. Il n’y a qu’avec une politique économique compréhensive
et forte, destinée à organiser et à développer des intérêts communs,
qu’il eut été possible de contrer ce point de vue et ses inévitables
conséquences. Ce n’est pas ce que nous avons fait.
Le troisième point est que lorsque la possibilité
survint que le Mandat [britannique] prendrait bientôt fin, non seulement
nous n’avons pas proposé à la population arabe de le remplacer par une
administration conjointe juive et arabe, mais nous avons foncé et exigé
de diriger seuls l’ensemble du pays (le programme Baltimore), comme
suite politique appropriée aux acquis que nous avions déjà réalisés. En
procédant ainsi, nous avons fourni nous-mêmes à nos ennemis du camp
arabe l’aide et le réconfort les plus précieux – le soutien de l’opinion
publique – sans lequel l’attaque militaire n’aurait pu être lancée
contre nous. Ainsi apparaît-il maintenant à la population arabe qu’en
poursuivant les activités dans lesquelles nous nous sommes engagés
depuis des années, l’acquisition de terres et le développement du pays,
nous préparions le terrain pour prendre le contrôle de tout le pays.( Martin Buber, cité dans "A Land of Two Peoples" Ed. Mendes-Flohr.) (
cf. Wikipédia)
Remarques
Ces dernières considérations, reprises en chœur
par nos apôtres trotskistes qui militent pour la « réconciliation et la
paix »nous apparaissent d’une naïveté politique assez sidérante.. De
fait, que ce soit le sionisme selon Herzl ou selon Buber, la
colonisation de la Palestinene pouvait aboutir, comme toute colonisation
structurée autour d’un « PROJET » comme celui de la mise en place d’un
« Foyer Juif » qu’à la mise à l’écart du « peuple de Palestine », à son
extermination programmée par le PROJET SIONISTE qui s’inspire du Mythe
biblique d’un RETOUR
.
2° LES ANTISIONISTES, « ex sionistes de gauche », (plus
précisément partisans des théories de Martin Buber) militant
aujourd’hui pour la paix : Stambul, Warschawski, ou préconisant même la
« destruction d’Israël » : Gilad Atzmon et même Avram Burg
On peut aussi noter que certains Juifs, autrefois sionistes patentés, comme
Avram Burg, ancien directeur du Fonds National Juif, prenant
conscience des dégâts causés par Israël se sont « convertis » à
l’antisionisme que pendant très longtemps, jusqu’à une date récente, ils
considéraient comme de l’antisémitisme.
Ces nouveaux antisionistes ce sont constitués comme tels après les
espoirs déçus d’une paix annoncée avec les « Accords d’Oslo » et les
différentes « Feuilles de Route »
Ayant été confronté à ce genre de situation, il m’a paru intéressant
de faire quelques remarques, non point tant pour « épingler » les
personnes en question, en l’occurrence Avram Burg et Pierre Stambul,
mais pour regretter que ces « conversions » viennent si tard, je crains
même trop tard, malgré l’optimisme affiché par Avram Burg dans
l’interview intitulé : « Abandonner le sionisme » qui nous vient cinq
ans après sa « Lettre à mes amis palestiniens. » citée ci dessous
Nous profitons de l’occasion pour revenir sur ce « nouvel
antisionisme » en analysant les rapports ambigus qu’entretiennent
certains de ces militants pour la paix avecla Résistancedu peuple de
Palestine.
Mais avant d’aborder cet épineux problème il nous est apparu comme
essentiel de rendre compte du parcours d’Avraham Burg, parcours
exemplaire d’une prise de conscience que le sionisme a fait choux blanc
et qu’il serait temps d’en tirer les conséquences
1) AVRAM BURG : UN PARCOURS (Revue AFPS
)
Vendredi 26 septembre 2003
Lettre à mes amis palestiniens
Par
Avraham Burg
Mon curriculum vitae n'a rien de secret. Ma mère est née à Hébron en
1921, septième génération de juifs de Hébron. Je suis la huitième
génération. Le lien profond qui rattache ma famille à la cité des
Patriarches a été durement atteint en été 1929, quand des émeutiers qui
scandaient "mort aux Juifs" ont massacré la moitié de ma famille. Et
l'autre moitié ? Mon grand-père, mes oncles et tantes, et ma mère ont
été sauvés par leur propriétaire arabe. Depuis, ma famille est divisée
en deux. Une moitié ne fera plus jamais confiance à un Palestinien.
L'autre moitié n'arrêtera jamais de rechercher des voisins avec lesquels
faire la paix.
J'ai le droit au retour, dans la ville où est née ma mère, et d'où
elle a été chassée. Je ne renoncerai jamais à ce droit, mais je n'ai
aucune intention de l'exercer, parce qu'outre mes titres de propriété,
j'ai aussi le devoir de créer une vie libérée d'une mort et d'un conflit
sans fin. Le droit à la vie de mes enfants et des enfants de Hébron
prend le pas sur le droit de se massacrer mutuellement sur l'autel de la
terre.
Il y a un mois, j'ai publié un article douloureux dans le quotidien le plus diffusé en Israël. Il finissait par ces mots : "
Ce
qu'il faut, ce n'est pas le renversement politique du gouvernement
Sharon, mais une vision d'espoir, une alternative à la destruction du
sionisme et de ses valeurs par les sourds, les muets et les insensibles."
Depuis, on ne cesse de m'interroger :
Que dites-vous à vos amis arabes ?
Puisque nous sommes mutuellement le reflet de l'image de l'autre,
quand je m'attaque à ma propre réalité nationale, j'ai le devoir de vous
dire ce que je pense de ce qui se passe chez vous. Je suis en colère.
Je suis fou de rage. Je vois mes rêves et ceux de mes amis juifs et
arabes se consumer dans les flammes de l'extrémisme. Ce sont des flammes
qui nous lèchent éternellement, ici au Moyen-Orient, des flammes dont
je pensais que l'onde de la paix les aurait éteintes, mais dont
j'observe qu'elles s'élèvent et consument tout : les maisons, les corps,
les rêves. Je vous en veux, à vous et aux terribles interprétations que
vous permettez à trop de vos mentors religieux d'imposer au nom de
Dieu. Mais j'ai fait un voeu. Je ne laisserai pas ma colère devenir ma
conseillère. Je ne ferai pas de la vengeance une politique. Je ne haïrai
pas. Et donc, je continuerai à croire. Naïvement ? Non, je croirai, je
prierai, et je resterai sur mes gardes.
Et voici ce en quoi je crois :
tout accord futur sera fondé sur les principes du compromis territorial.
Quel est ce compromis ? Un compromis territorial n'est pas seulement un
contrat immobilier. C'est une décision spirituelle prise par des
peuples pour s'accepter mutuellement malgré des années d'hostilité et
des puits de haine et de vengeance. Un compromis comme celui-là doit
d'abord se faire entre une nation et elle-même
. Je crois, avec une foi absolue, que la Terre d'Israël m'appartient. Ainsi est-il écrit dans la Bible, ainsi me l'ont appris ma mère de Hébron, à moi et à ses petits-enfants.
Et je sais que le rêve d'une Grande Palestine se transmet de grand-père à petits-enfants
dans tous les foyers de Palestine. Le premier compromis doit donc se
faire entre moi et mon rêve. Je fais ce compromis avec ce rêve de
retourner à Hébron, afin de pouvoir vivre libre dans le nouvel Israël.
Et mon frère palestinien doit renoncer a son rêve de retourner à Jaffa
afin de vivre une vie à Naplouse dans l'honneur et la dignité.
Seuls
ceux qui sont capables de faire des compromis avec leurs rêves peuvent
s'asseoir ensemble et bâtir un compromis au nom de leur nation.
Jusqu’à présent, vous avez servi d'éternelle excuse à tous les échecs
des régimes arabes. Les réfugiés sont laissés à l'abandon en Syrie et
au Liban, et pas de notre fait. Ces 50 dernières années, Israël a
absorbé des foules de réfugies venus du monde entier sans rien attendre
de personne. La plupart des Etats arabes n'ont pas levé le petit doigt
pour les réfugies palestiniens. Beaucoup ont jugé utile de préserver
votre rage et votre humiliation. Ils savent que dès l'instant où
l'indépendance dela Palestinesera déclarée, la face du monde arabe et
musulman en sera changée, au point où l'on ne la reconnaîtra plus.
Un chercheur palestinien éminent m'a dit un jour que, si les
Palestiniens s'opposent durement à Israël sur quasiment tous les plans,
il y en a un où les Palestiniens souhaitent ressembler aux Israéliens,
et c'est notre démocratie. Je sais que 35 années d'occupation vous ont
frappées, comme elles nous ont frappés. Mais ces années de malheur
auront donné naissance à une bonne chose : la réelle possibilité d'une
première démocratie arabe.
Les forces de la démocratie, israéliennes et palestiniennes, ont face
à eux une alliance d'autocrates corrompus et de théocrates intrigants,
qui feront tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher la lumière de
la démocratie de diffuser ses rayons d'espoir. Les démocraties sont plus
riches, plus libres, et, plus important, bâties sur l'espoir et non sur
la peur. Et ce qu'ils craignent avant tout est une société
palestinienne sans peur.
Voilà la vraie décision à laquelle vous êtes confrontés.
Jusqu'aujourd'hui, vous avez été exploités par tout le monde : les Etats
arabes, les extrémistes islamistes, Israël, et vos propres dirigeants
corrompus. Vous avez aujourd'hui l'occasion de prendre le destin
palestinien entre vos mains. La transition de l'oppression à la
libération nationale n'a rien de facile.
Parce que le monde ne m'offrira pas la sécurité tant qu'il ne vous
l'offrira pas, je voudrais partager avec vous l'expérience historique de
mon peuple. Durant des milliers d'années d'exil, nous avons été
faibles, et avons agi selon les règles du faible. Et le monde, en
particulier le monde chrétien, a aimé notre faiblesse. Notre faiblesse a
symbolisé leur force, notre défaite leur victoire. Mais, en un moment
historique, le mouvement sioniste est apparu, le mouvement de la
renaissance nationale juive, et a pris le sort de notre peuple entre ses
mains. Une direction courageuse et honnête a conduit son peuple opprimé
à des réussites presque inimaginables. En un moment historique, nous
avons décide d'arrêter d'être faibles, et la nature de notre dialogue
avec la famille des nations s'en est trouvée changer du tout au tout ;
Jusqu'a présent, vous avez sanctifié votre image de faibles, alors
que vous auriez pu être forts. Cette voie ne vous mènera nulle part.
Imaginons que tout est fait : Israël a quitté les territoires, il n'y a
plus de colonies, et un Etat palestinien internationalement reconnu a
été crée, avec Jérusalem Est pour capitale. Comment vous
comporteriez-vous ? Quel serait le caractère de cet Etat ? Quel rôle
joueriez-vous dans le concert des nations ?
A en juger aujourd'hui, vous allez vers un échec massif : un Etat
palestinien qui sera le plus neuf des Etats du monde, mais rétrograde
dans ses valeurs et incapable de remplir la grande mission de votre
peuple.
J'entends les cris de joie quand un kamikaze accomplit son horrible
tâche. Je vois le bonheur, mi tu, mi exprimé, qui fait son chemin à
travers le désespoir quand un shahids arrive à s'en remettre au ciel et
laisse derrière lui une traînée de veuves et d'orphelins israéliens. Je
connais votre argument : vous n'avez ni hélicoptères ni avions de
combat, et les kamikazes sont votre arme stratégique à vous. C'est votre
vérité. Eh bien, voici la mienne : le kamikaze s'offre et m'offre en
sacrifice à un faux dieu. Le vrai Dieu hait qu'on tue. Les attentats a
la bombe ne laissent derrière eux que blessures et cicatrices. Personne
au monde, même pas les plus ardents défenseurs de la cause
palestinienne, n'accepte cette arme de suicide. C'est une arme de
monstres, non de combattants pour la liberté. Et tant que vous ne la
rejetterez pas de votre sein, elle et ceux qui la permettent, vous
n'aurez pas de partenaire de mon cote, ni moi, ni personne d'autre.
Et que se passera-t-il alors, quand nous serons partis et
qu'apparaîtront à la surface les grands débats sur le caractère de votre
Etat ? Religieux ou moderne, islamique ou laïque ? Comment ces
questions seront-elles résolues ? Je suis prêt à parier dès
aujourd'hui : il y aura des kamikazes. Le Hamas essaiera d'influer par
la force sur ces décisions, par les moyens qu'il connaît.
Ce qui est bon pour Israël, c'est de renoncer au rêve du Grand
Israël, de démanteler les colonies, de quitter les territoires et de
vivre en paix aux cotes d'un Etat palestinien, de combattre la
corruption et de diriger toute son énergie vers l'intérieur, vers la
société israélienne.
Et pour vous ? Pareil. Renoncer au fantasme de nous chasser d'ici et
de retourner dans vos villages qui pour la plupart n'existent plus.
Combattre la corruption qui vous détruit de l'intérieur, et diriger tous
vos talents et toutes vos ressources pour bâtir une société arabe
exemplaire : un modèle palestinien qui révolutionnera le monde arabe,
apportera une démocratie musulmane a la région, et fera de votre peuple
un pont entre l'Orient et l'Occident.
Une histoire venue du fond des ages raconte qu'un sage pouvait
répondre à toutes les questions. L'un de ses disciples décida de le
piéger. Le disciple attrapa un papillon et le tint dans son poing. Il
vint trouver le sage et lui dit : "qu'y a-t-il dans ma main ? un
papillon vivant, ou un papillon mort ?" S'il dit vivant, pensait le
disciple, je l'écraserai, et s'il dit mort, j'ouvrirai la main et
laisserai le papillon révéler l'échec du sage aux yeux du monde. Mais le
sage le regarda dans les yeux et dit : "tout est entre tes mains".
Un avenir de vie ou de mort ? Des enfants avec de l'espoir ou du
désespoir ? une nation palestinienne respectée ou méprisée ? Tout est
entre vos mains.
* Avraham Burg a été président dela Knessetde1999 a2003. Ancien
président de l'Agence Juive, il est actuellement député du Parti
travailliste.
"Nous sommes déjà morts"
Avraham Burg attaque l’Etat juif, "ghetto sioniste"
(CF. Revue AFPS
)
Avraham Burg, ancien président du parlement israélien, ne tire plus
la sonnette d’alarme. Il estime que c’est trop tard pour Israël : il
compare dans le quotidien Haaretz l’état de xénophobie de la société
israélienne à celui de l’Allemagne lors de la montée du nazisme. Et il
conclut "Nous sommes déjà morts"."Avoir défini l’Etat d’Israël comme un
Etat juif est la clef de sa perte. Un Etat juif, c’est explosif, c’est
de la dynamite." Ces propos sont ceux de l’ex-président dela Knessetde
1999 à 2003 et ex-président de l’agence juive, Avraham Burg.
M. Burg n’a jamais mâché ses mots, mais, dans un entretien publié
vendredi 8 juin dans le quotidien Haaretz, ce politicien reconverti dans
les affaires va jusqu’à qualifier Israël, pays qu’il a quitté pour
vivre en France, de "ghetto sioniste". Il considère qu’il est temps
de dénoncer la théorie de Théodore Herzl, estimant qu’après la création
d’Israël, le sionisme aurait dû être aboli. Lorsqu’on lui demande ce
qu’il pense d’un Etat juif démocratique, il indique : "C’est
confortable, c’est sympa, c’est de la guimauve, c’est rétro. Cela donne
un sentiment de plénitude, mais c’est de la nitroglycérine."
Auteur d’un livre,
Vaincre Hitler, cet ex-pilier du mouvement
pacifiste "La Paix maintenant "envisage de remettre en cause la loi du
retour qui permet à tout juif de venir vivre en Israël. Il estime que
cette loi est "le miroir de l’image d’Hitler" et "je ne veux pas
qu’Hitler définisse mon identité".
Ce militant du dialogue avec les Palestiniens qualifie la société
israélienne de "paranoïaque", pense que "la clôture de séparation
procède de cette paranoïa" et s’insurge contre "la xénophobie". Il
constate que "de nombreuses lignes rouges ont été franchies au cours des
dernières années". Il y a, selon lui, "de bonnes chances que la
prochaine Knesset interdise les relations sexuelles avec les Arabes.
Nous sommes déjà morts mais nous ne le savons pas encore. Tout cela ne
marche plus".
M. Burg compare l’état de la société israélienne à l’encontre des Arabes à celui de l’Allemagne lors de la montée du nazisme,
mettant en avant "le caractère central du militarisme dans notre
identité. La place des officiers de réserve dans la société. Le nombre
d’Israéliens armés dans les rues. Où va cet essaim de gens armés ? Ils
disent publiquement "les Arabes dehors !".Se définissant comme un
citoyen du monde, il qualifie l’occupation dela Cisjordanie
"d’Anschluss" et prédit "une explosion sans fin". Et de conclure : "La
réalité israélienne n’est pas excitante, mais les gens ne veulent pas
l’admettre. Nous sommes au pied du mur. Demandez à vos amis s’ils sont
sûrs que leurs enfants vont vivre ici. Au maximum, 50 % diront oui.
Autrement dit, l’élite israélienne est déjà partie, et sans élite, il
n’y a pas de nation."
« Abandonner le ghetto sioniste »
Fils d’un dirigeant historique du Parti national religieux (PNR) et
ancien ministre de l’intérieur, Abraham Burg, un juif religieux, n’est
pas n’importe qui, explique le journaliste de Haaretz, Ari Shavit, dans
un article intitulé « Abandonner le ghetto sioniste » publié le 9 juin.
Il a été, après 1982, proche de Shimon Peres, et un des grands espoirs
du Parti travailliste. Il a été président de l’Agence juive, président
du parlement et candidat à la direction du Parti travailliste. Il vient
de publier un livre en Israël qui provoque un scandale, « Defeating
Hitler » (Vaincre Hitler). Voici quelques extraits de son entretien avec
Ari Shavit qui a été outré par les propos de Burg.
Etes-vous toujours sioniste ?
AB : «
Je suis un être humain, je suis un juif et je suis un
Israélien. Le sionisme a été un instrument pour me transporter de l’Etat
juif à l’Etat d’Israël. C’est Ben Gourion qui déclarait que le
mouvement sioniste était l’échafaudage pour construire une maison et
que, après l’établissement de l’Etat, il devait disparaître. »
Donc vous confirmez que vous n’êtes plus sioniste ?
AB : «
Lors du premier congrès sioniste, c’est le sionisme de
Herzl qui a vaincu le sionisme d’Ahad Ha’am. Je pense que le XXIe siècle
devrait être le siècle d’Ahad Ha’am. Nous devons abandonner Herzl et
passer à Ahad Ha’am. »
Cela signifie-t-il que vous ne trouvez plus la notion d’Etat juif acceptable ?
AB. «
Cela ne peut plus fonctionner. Définir l’Etat d’Israël comme
un Etat juif est le début de la fin. Un Etat juif, c’est explosif,
c’est de la dynamite. »
Est-ce que nous devons abandonner la Loi du retour ?
AB : «
Nous devons ouvrir la discussion. La Loi du retour est une
loi, elle est une image en miroir d’Hitler. Je ne veux pas qu’Hitler
définisse mon identité. »
Interrogé sur le fait qu’il n’est pas seulement un post-sioniste mais aussi un anti-sioniste, il répond
:
AB :
« Ahad Ha’am a reproché à Herzl que tout son sionisme avait
sa source dans l’antisémitisme. Il pensait à autre chose, à Israël comme
centre spirituel - ce point de vue n’est pas mort et il est temps qu’il
revienne. Notre sionisme de confrontation avec le monde est un
désastre. »
Mais ce n’est pas seulement la question sioniste. Votre livre
est anti-israélien, au sens le plus profond du terme. C’est un livre
dont émane une répugnance à l’égard de l’israélité.
AB :
Quand j’étais un enfant, j’étais un juif. Dans le langage qui
prévaut ici, un enfant juif. J’allais dans un héder [école religieuse].
D’anciens étudiants de la yeshiva y enseignaient. La langue, les
signes, les odeurs, les goûts, les places. Tout. Aujourd’hui, ce n’est
pas assez pour moi. Je suis au-delà de l’israélite. Des trois identités
qui me constituent - humaine, juive, israélienne - je sens que l’élément
israélien me dépossède des deux autres. (...)
Vous dites qu’Israël est un ghetto sioniste, impérialiste, une place brutale qui ne croit qu’en elle-même.
AB :
« Regardez la guerre du Liban. Les gens sont revenus du champ
de bataille. Des choses ont été accomplies, d’autres ont échoué, il y a
eu des révélations. Vous pourriez penser que les gens du centre (mains
tream) et même de la droite comprendraient que l’armée voulait gagner et
qu’elle n’a pas gagné. Que la force n’est pas la solution. Et puis on a
Gaza, et quel est le discours sur Gaza ? Nous allons les écraser, nous
allons les éradiquer. Rien n’a changé. Rien. Et ce n’est pas seulement
nation contre nation. Regardez les relations entre les gens. Ecoutez les
conversations personnelles. Le niveau de violences sur les routes, les
déclarations des femmes battues. Regardez l’image d’Israël que renvoie
le miroir. »
Vous dites que le problème n’est pas seulement l’occupation. A vos yeux, Israël est une sorte d’horrible mutant.
AB :
« L’occupation n’est qu’une petite partie du problème. Israël
est une société effrayante. Pour regarder la source de cette obsession
de la force et pour l’éradiquer, vous devez affronter les peurs. Et la
méta peur, la peur primaire, ce sont les six millions de juifs qui sont
morts avec l’holocauste. » (...)
Dans votre livre, nous ne sommes pas seulement des victimes du
nazisme. Nous sommes presque des judéo nazis. Vous êtes prudents. Vous
ne dites pas qu’Israël est l’Allemagne nazie, mais vous n’en êtes pas
loin. Vous dites qu’Israël est dans le stade de l’Allemagne pré nazie.
AB : «
Oui. J’ai commencé mon livre par l’endroit le plus triste.
Comme un deuil, mais un deuil d’Israël. Alors que j’écrivais, je pensais
à un titre : "Hitler a gagné". Je pensais que tout était perdu. Mais,
petit à petit, j’ai découvert que tout n’était pas perdu. Et j’ai
découvert mon père comme représentant des juifs allemands, qui était en
avance sur son temps. Ces deux thèmes nourrissent mon livre du début à
la fin. A la fin, je deviens optimiste et la fin de mon livre est
optimiste. »
La fin est peut-être optimiste, mais tout au long du livre vous
dressez un signe d’égalité entre Israël et l’Allemagne. Est-ce vraiment
justifié ? Y a t il une base suffisante pour cette analogie ?
AB : «
Ce n’est pas une science exacte, mais je vais vous donner
quelques éléments qui s’inscrivent dans cette analogie : une grande
sensibilité à l’insulte nationale ; un sentiment que le monde nous
rejette ; une incompréhension aux pertes dans les guerres. Et, comme
résultat, la centralité du militarisme dans notre identité. La place des
officiers de réserve dans notre société. Le nombre d’Israéliens armés
dans la rue. Où est-ce que cette foule de gens armés va ? Les
expressions hurlées dans la rue : "les Arabes dehors". »
2) Le « Cas » Pierre Stambul
Les antisionistes radicaux condamnent sans nuances la création
d’Israël et en appellent avec une vigueur extrême à sa destruction au
point de se voir accusés d’antisémitisme tout particulièrement pour ce
qui concerne la communauté juive vivant en Iran Les antisionistes
israéliens, d’un certain âge, comme Burg et Shakak, et qui connaissent à
fond le problème du sionisme, font preuve d’une lucidité exemplaire,
quant aux autres antisionistes, ils affichent leur « profession de
foi », mais étalent des ambiguïtés assez spécieuses que nous voudrions
souligner avec : «
Le cas Pierre Stambul »
Pierre Stambul, professeur de mathématiques à Marseille, est le vice-président de l'
Union
Juive Française pour la Paix., après avoir été un juif se définissant
comme sioniste de gauche, dénonce les collusions entre l’antisémitisme
et le sionisme et avec une certaine verve les «militants extrémistes pro
palestiniens texte intitulé L’ANTISEMITISME
L'antisémitisme
est-il un racisme comme un autre? Y a-t-il une seule forme
d'antisémitisme? Considérer la politique de Sharon comme un crime
conduit-il à l'antisémitisme? L'antisémitisme est-il instrumentalisé par
ceux qui soutiennent inconditionnellement la politique israélienne?
Existe-t-il des formes d'antisémitisme qui se dissimulent derrière
l'antisionisme? Voilà quelques questions que je voudrais introduire.
L'antijudaïsme chrétien
Le christianisme est au départ une dissidence du judaïsme. Son succès
dans le monde méditerranéen vient de sa rupture avec la religion
d'origine. Parmi les points de rupture, il y a le fait que le
christianisme devienne une religion universelle alors que le judaïsme
reste une religion nationale. Dans le Bas Empire Romain, de nombreuses
religions sont en concurrence. Défait par le christianisme, le judaïsme
va cesser d'être prosélyte et la religion va devenir le ciment de la
préservation de la communauté.
Il existe une version tragique de l'histoire des Juifs dans la
Diaspora. C'est celle qui est reprise par des auteurs comme Léon
Poliakov ou André Schwartz Bart. S'il y a eu des périodes fastes (sous
Charlemagne par exemple), il est vrai que, dès que le christianisme
triomphe, il enferme les Juifs (la juderia ou le ghetto) et instaure des
pratiques régulières d'expulsions, de confiscations de biens et
d'élimination sociale. Une idéologie antijuive se fabrique avec le
«peuple déicide», les «crimes rituels»... La ségrégation sociale devient
définitive. Les Juifs n'ont pas le droit d'exercer de nombreux métiers
et doivent a contrario exercer ceux qui sont interdits aux chrétiens.
Les religions chrétiennes n'ont officiellement rompu avec
l'antijudaïsme que très récemment (au moment du concile Vatican II pour
les catholiques), mais cet antijudaïsme n'a pas disparu.
Dans le monde musulman, les religions «du livre» ont un statut qui a
protégé les Juifs, avec même des périodes fastes: l'Andalousie
musulmane ou l'Empire Ottoman à l'époque de son apogée.
L'antisémitisme racial
C'est d'abord en Europe de l'Est que cet antisémitisme racial sera le
plus meurtrier avant l'arrivée du Nazisme. Mais il frappera massivement
tous les pays, y comprisla France(affaire Dreyfus, campagnes racistes
contre Blum, préjugés antisémites de la plupart des dirigeants ou
intellectuels...).
Sur le génocide nazi, des tentatives assez nauséabondes ont eu lieu pour minimiser ou «euphoriser» le génocide.
Il s'agit bien du crime absolu
(dont Auschwitz est devenu le symbole), toute l'énergie d'un État
moderne étant utilisée pour détruire physiquement un peuple. Environ la
moitié des 11 millions de Juifs Européens ont disparu. Aucun doute,
aucune relativisation n’est admissible sur cette question.
Cet antisémitisme racial est différent des autres racismes. Il ne se
contente pas de haïr, d'exploiter ou de mépriser «l'autre». Il s'agit
d'une entreprise d'extermination. C'est bien parce que ce qui s'est
passé est indéfendable et «indicible» que les antisémites d'après 1945
ont entrepris de réviser l'Histoire et d'essayer de nier le génocide ou
au moins son ampleur.
Sionisme et antisémitisme
Ils ont un point commun.
Sionistes et antisémites pensent que les Juifs ne peuvent pas vivre avec les autres.
Pour les antisémites, cela signifie selon leur degré de radicalité que
les Juifs doivent partir ou être exterminés. Pour les sionistes, cela
implique qu'il y a un État Juif et que tout Juif qui vit en diaspora est
un «touriste» appelé tôt ou tard à exercer son «droit au retour».
Jusqu'à Auschwitz, les sionistes étaient largement minoritaires parmi
les Juifs par rapport à d'autres idéologies (le Bund, favorable à
l'autonomie culturelle sans territoire spécifique, les communistes...)
et l'intégration, voire l'assimilation avaient beaucoup avancé.
En 1939, il n'y a que 3% des Juifs qui vivent en Palestine. C'est le
génocide qui a permis les conditions historiques de la création de
l'État d'Israël. Pourtant, les sionistes n'ont eu qu'une part relative
dans la résistance juive au nazisme, certains sionistes continuant la
lutte contre les Britanniques jusqu'en 1942.
Il y a quelque part «complémentarité» entre sionisme et
antisémitisme. Prenons l'exemple de l'émigration vers Israël des Juifs
des pays arabes dans les années 50 ou celle provenant des pays de l'Est à
partir de 1980. Il y a eu des phénomènes objectifs de discrimination et
de persécution contre les Juifs (attaques contre les civils, fermeture
des institutions communautaires, numerus clausus...), et aucune volonté
politique de «retenir» les Juifs. Mais quand ils ne sont pas partis
d'eux-mêmes, Israël les y a incités. Soit par des mesures économiques,
soit par des campagnes de peur. On sait à présent que c'est le Mossad
qui a commis l'attentat contre la synagogue de Bagdad au début des
années 50. Les méthodes employées pour faire immigrer en quelques jours
la quasi-totalité d'une communauté millénaire (les Juifs yéménites) en
exploitant leurs superstitions n'a rien à voir avec une quelconque
persécution. En Europe de l'Est, la politique officielle «pro arabe»
s'est accompagnée d'un antisémitisme d'État qui a poussé les Juifs à
l'exil et a renforcé Israël.
Le sionisme a puisé son bagage théorique dans les théories des
mouvements nationaux de la fin du XIXe siècle, avec l'idée simpliste et
parfois meurtrière: un peuple = un État. Mais le sionisme a besoin en
permanence de l'antisémitisme pour justifier la politique israélienne,
pour maintenir un flux d'immigration et pour poursuivre la colonisation.
Au départ, le sionisme avait pour objectif de faire disparaître
l'antisémitisme. Aujourd'hui, il en vit.
Les «Institutions» juives mélangent sciemment Juif, Sioniste, Israélien.
Par exemple, l'étoile de David symbolise à la fois le signe
distinctif des victimes du génocide et le drapeau israélien. Pour le
CRIF, tout antisioniste est forcément antisémite. La récupération dela
Shoah est devenue un enjeu. Jusqu'en 1960 en Israël, les survivants du
génocide avaient mauvaise presse. On mettait en avant (ce qui n'est pas
faux) le fait que de nombreux survivants avaient trouvé refuge en
Israël. Mais on opposait la prétendue résignation des victimes à la
bravoure de l'Israélien conquérant. Après le procès Eichmann (1961),
changement de ton. Israël s'affirme l'État de tous les Juifs, le
dépositaire unique du souvenir du génocide et une garantie de «sécurité»
pour tous les Juifs.
Par contre, l'antisémitisme est un «carburant» fondamental pour la
politique de colonisation entamée dès les années 70. Jouant sur le
traumatisme réel d'un grand nombre de Juifs, les gouvernements
israéliens et, dans la diaspora, les «institutions» censées représenter
les Juifs
assimilent toute critique d'Israël et tout soutien à la Palestine à de l'antisémitisme.
La confusion est entretenue à l'extrême quand on voit par exemple le
gala «pour le bien-être du soldat israélien» se tenir dans une
synagogue. Comment s'étonner après de retrouver la confusion en face
avec des gens qui caillassent une synagogue en croyant défendre les
Palestinien? Des «intellectuels» se sont spécialisés dans
l'intimidation, notamment par voie judiciaire. Un non Juif qui
soutientla Palestine est automatiquement taxé d'antisémitisme. Un Juif
qui fait de même est un «Juif honteux» ou un «traître». Et Arafat, ça va
de soi, est un nouvel Hitler. Cette instrumentalisation de
l'antisémitisme pour justifier l'occupation et la destruction de la
société palestinienne est indécente.
Le nouvel antisémitisme
Comme les sionistes, les antisémites mélangent Juif, Sioniste et
Israélien. Le nouvel antisémitisme a certes repris la haine ou les
stéréotypes des antisémitismes chrétien ou nazi. Mais il est maintenant
largement lié à la guerre qui se déroule au Proche-Orient.
Il y a un «vieil» antisémitisme clairement lié à l'extrême droite.
Les «dérapages calculés» de dirigeants politiques comme Le Pen ou Haider
ne les ont jamais gênés électoralement, au contraire. Ces antisémites
sont souvent pro israéliens avec l'idée que les Juifs ont une solution
simple, partir dans «leur» pays. Il y a un antisémitisme virulent issu
des courants révisionnistes et négationnistes pour qui la négation
totale ou partielle du génocide est une priorité. Certains de ces
courants sont (hélas) issus de la gauche ou de l'ultra-gauche. Dans un
contexte de désinformation et de confusion, il y a un nouvel
antisémitisme pas vraiment théorisé qui consiste à attaquer «le Juif» (à
l'école, à la synagogue) avec l'idée absurde qu'on aidela Palestineou
qu'on se venge ainsi de la ségrégation sociale subie.
Il y a clairement l'antijudaïsme meurtrier de certains courants
islamistes. Les attentats sanglants de Casablanca ou d'Istanbul ont
frappé des communautés juives qui ne veulent pas partir pour Israël. Et
une fois de plus, l'antisémitisme renforce le sionisme et le mensonge
qui affirme qu'Israël est garant de la sécurité des Juifs. Plus
anciennement, l'élimination de la communauté juive de Beyrouth en pleine
guerre civile au Liban relève du même processus.
Mais, c'est triste et c'est inquiétant, et là je ne vais pas être
«politiquement correct», on observe une infiltration importante de
l'antisémitisme à l'intérieur du mouvement pour la Palestine.
Dans les mouvements qui soutiennentla Palestineou sur les listes de
diffusion, on découvre avec surprise les noms de révisionnistes avérés,
de compagnons de Garaudy, de gens qui ont été exclus de leur parti pour
antisémitisme, de dirigeants islamistes d'extrême droite (je citerai des
noms en privé).
Eh bien non! Les dirigeants palestiniens ont toujours refusé tout
antisémitisme. Leila Shahid multiplie ses réunions avec Dominique Vidal
ou Michel Warschawski. Les plus grands intellectuels palestiniens
(Sanbar, Darwich, Saïd avant sa mort) s'étaient opposés à un colloque
révisionniste de Garaudy à Beyrouth.
Que disent les Juifs pacifistes ou l'UJFP à laquelle j'appartiens?
Qu'il existe une autre voie juive. Que les identités juives n'ont rien à
voir avec les horreurs qui sont faites en Israël («pas en notre nom»).
Un de nos buts est de détacher les Juifs du soutien automatique et
aveugle à la politique israélienne. Pour cela, nous défendons tous les
dissidents. J'ajouterais en mon nom que le sionisme usurpe l'identité
juive, et que pour construire l'Israélien nouveau, il a fallu détruire
le Juif: le cosmopolite, l'universaliste, le minoritaire...
Pour finir, nous marchons sur la corde raide. Les partisans
inconditionnels de la politique israélienne instrumentalisent
l'antisémitisme. Mais celui-ci se développe sous une forme nouvelle,
déguisée en soutien àla Palestine. Sion pense comme moi que la paix
passe par la fin de l'occupation, l'égalité des droits et la justice, et
surtout pas par une guerre nationaliste ou des affrontements
communautaires, ce nouvel antisémitisme doit être combattu sans
concessions.
Remarques
Après une analyse « historique »
relativement correcte, P. Stambul oublie de souligner que
l’antisémitisme chrétien n’a rien de circonstanciel dans la mesure où
Saint Paul parle dans ses Epîtres à propos des Juifs de « Peuple
déicide », les Pères de l’Eglise en avaient rajouté une dose dans ce
domaine. Ce n’est qu’à Vatican II, que le problème de l’antisémitisme
ecclésial s’est posé à travers une « herméneutique » des textes
« sacrés » Les mots durs de Saint Paul ont été relativisés. Jean-Paul II
a complété cette démarche en proclamant que Juifs et Chrétiens étaient
bien les « Enfants » du même Dieu, qu’en réalité, la mort du Christ
surla Croix était bien programmée par Dieu, de ce fait, les Juifs n’ont
été que des « instruments » dela Volonté divine, puisqu’il fallait bien
que le Christ meure surla Croix pour montrer jusqu’où l’Amour de Dieu
pour les hommes peut aller
L’attaque en règle contre «
les militants pro palestiniens d’extrême gauche »
fait partie de l’arsenal de ces « bons militants » de la cause du
peuple de Palestine, qui « sionistes de gauche », pour la plupart, se
sont convertis à un antisionisme « radical » tout en mettant, comme il
se doit, leurs restrictions au soutien à toute résistance armée du
peuple de Palestine, accusant comme par le passé, d’antisémitisme tous
ceux qui pourraient douter de la volonté de paix des juifs israéliens,
et de la nécessité d’éviter tout conflit intercommunautaire que pourrait
produire tout acte de résistance dirigé contre les « colons juifs »
appelés à être les partenaires d’un dialogue de paix.
En 1997, confronté à ce genre de rhétorique dans le cadre de la revue
« Ecole Emancipée ».où je fus interdit de "parole" parce que je m'étais
permis de dénoncer les "Accords d'Oslo" un acte de capitulation de
traiter ces "Messieurs de "Collaborateurs" et de m'insurger contre cette
diatribe à l'égard des "extrémistes" par rapport auxquelles, Monsieur
Stambul reprend son "couplet" dans l'article ci-dessous en se réservant
de citer les personnes en privé, alors qu'il ne s'était point gêné de
les placarder en public dans la revue Ecole Emancipée, et dans ses
tournées de "propagande" pour le dialogue et la paix, avec une certaine
« naïveté » appelle les « héritiers de Jabotinsky au pouvoir et à un
rassemblement des tous les « anti- impérialistes pour qu’advienne la
paix ! Et avec une naïveté sidérante, ce « Monsieur oublie » que
l’immense majorité des juifs israéliens sont sionistes, c’est à dire
attachés à leur « Terre », et qu’ils ne sont guère prêts à céder leurs
terres aux Palestiniens
Quand Pierre Stambul laisse entendre qu’il se réserve le « droit » de
nommer ces « extrémistes de gauche » , antisémites, nous ne résistons
pas au plaisir de citer un extrait de d’un article commis par
Jean-François Pelé et Pierre Stambul dans un article intitulé « :
Antisémitisme, négationnisme et confusion des genres » épinglaient des militants libertaires d’origine juive comme Jean-Gabriel Cohn-Benditou Noam Chomsky
qui, selon eux : «
sous
prétexte de « radicalité » ou d’antisionisme ont écrits des horreurs,
ils ont brisé le mur infranchissable qui nous sépare de l’extrême
droite. Ils sont infréquentables. Les Eichmann en papier ne seront
jamais des nôtres. » (
L‘Ecole Emancipée N° 12 -15.06.97).
Pendant des années ces « Messieurs » se sont rangés comme « un seul
homme » derrière Israël et ses "collaborateurs » de l'Autorité
Palestinienne en applaudissant les Accords en tous genres: Accords
d'Oslo, Feuille de Route, Plan de Genève, exprimant aussi leurs
« déceptions » face aux échecs patents de tous ces dialogues forcément
mal engagés, mais stigmatisant les "extrémistes de mon espèce ; malgré
tout ils veulent garder l’espoir, persuadés qu’ils sont , contrairement à
ce que nous pensons, que la
paix est une affaire bonne volonté.
3) A propos de Michel Warschawski
L'intérêt de la posture d'Abraham Burg, c'est qu'ayant vécu de
l'intérieur l'aventure sioniste, il adopte une position radicale et
politiquement conséquente, il connaît, pour y avoir participé
directement, les nuisances du sionisme et du prix à payer, ce qui ne
semble pas être le cas de Michel Warschawski, fils du grand rabbin Max
Warschawski, Michel Warschawski passe ses premières années à Strasbourg,
il décide à 16 ans de partir pour Jérusalem où il entreprend des études
talmudiques.
En 1967, il adhère au mouvement trotskiste antisioniste Matzpen
aujourd'hui disparu. Il nous a paru intéressant de donner un extrait des
perspectives de cette organisation que Michel Warschawski a pu
reprendre en partie à son compte, en escamotant le problème de la
décolonisation, se contentant de « causer » d’un nécessaire
désionisation
Concernant la question israélo-palestinienne, Warschawski défend
l'idée d'un État binational donc que les peuples juif et arabe
cohabitent et co-gouvernent un même État.
MANIFESTE DE L’ORGANISATION SOCIALISTE ISRAELIENNE (Matzpen)
Il ne s’agit pas ici d’un conflit ordinaire entre deux nations. Il ne
saurait donc suffire de réclamer « une coexistence basée sur la
reconnaissance mutuelle des justes droits nationaux des deux peuples ».
L’État d’Israël est l’aboutissement de la colonisation dela
Palestinepar le mouvement sioniste, aux dépens du peuple arabe et sous
les hospices de l’impérialisme. Dans sa forme sioniste actuelle, Israël
est également un instrument pour la poursuite de « l’Entreprise
Sioniste ». Le caractère sioniste d’Israël est également contraire aux
intérêts des masses israéliennes, parce qu’elle signifie que le pays se
trouve dans une dépendance constante des forces extérieures. Nous
estimons, par conséquent, qu’une solution du problème requiert la
désionisation d’Israël…. En particulier la « loi du retour » (qui
accorde à tout juif du monde le droit absolu et automatique d’immigrer
en Israël et en devenir un citoyen) doit être abrogée
Le problème des réfugiés arabes de Palestine de Palestine est
l’aspect le plus douloureux du conflit israélo – arabe. Nous sommes donc
d’avis que tout réfugié qui désire retourner en Israël doit être mis
en mesure de le faire ; dans ce cas, il devrait obtenir une
réhabilitation économique et sociale intégrale pour tous les dommages
subis. La résolution du problème palestinien doit non seulement
redresser les torts dont les arabes de Palestine ont été les victimes
mais également garantir l’avenir national des masses hébraïques. Ces
masses ont été amenées en Palestine par le sionisme, mais elles ne sont
pas entièrement responsables des actions du sionisme. Tenter de punir
les travailleurs et les masses populaires pour les « péchés » du
sionisme ne peut résoudre le problème palestinien, mais seulement
occasionner de nouveaux malheurs. Certains pourront, devront sans doute,
regagner leur pays d’origine, cela se fait d’ailleurs actuellement de
façon spontanée pour ceux qui se rendent compte de leur erreur en
prenant conscience d’avoir été trompé par la propagande sioniste.(
Cf. : Le Sionisme contre Israël. Cahiers Libres 146 – 147 148 Maspero)
Il crée en 1984 le Centre d'information alternative (AIC), qui
rassemble plusieurs mouvements pacifistes israéliens et organisations
palestiniennes. En 1989, il est condamné à vingt mois de prison ferme
pour « prestations de services à organisations illégales », pour avoir
imprimé des tracts relatifs à l'organisation palestinienne Front
populaire de libération dela Palestinede Georges Habache qualifiée de
terroriste par Israël.
Depuis lors, il continue son activité au sein de l'AIC. Il donne,
entre 2003 et 2005, une série de conférences sur le conflit
israélo-palestinien dans une vingtaine de grandes villes françaises et
leurs banlieues (centres associatifs, écoles) avec Dominique Vidal du
Monde diplomatique et Leila Shahid, déléguée générale dela
Palestineauprès de l'Union européenne..
Le problème posé par les militants de la paix est des plus complexes,
mais il n'empêche qu'aux deniers résultats des courses ils sont dans
les choux, sans pour autant vraiment s'interroger sur leurs
responsabilités dans cette situation.
Le Grand Israël se met en place et leur antisionisme, factice
parce qu’ils se refusent de condamner concrètement Israël et de tirer
toutes les conséquences qui serait logiquement de poser clairement le
problème du droit à leurs terres des palestiniens spoliés, et qui pour
la plupart, vivent entassés dans les camps, dont ils évitent, plus ou
moins de parler, parce que en se posant ce problème essentiel qui est le
droit au retour des Palestiniens, conformément à la résolution 194 de
l’O.N.U, des personnes comme Warschawski,auraient à se poser celui de
leur présence en Israël, qu’on évacue d’une façon bien spécieuse,
laissant entendre que les israéliens et les Palestiniens sont condamnés à
vivre ensemble, et qu’on ne peut guère revenir en arrière , souscrivant
ainsi à la politique du fait accompli inscrite dans les pratiques
sionistes.
Bien sûr, les Warschawski et autres militants pour la paix n'ont
rien à se reprocher, ils ont pu mener des actions assez spectaculaires
contres des implantations coloniales juives dont l’extension n’a pu être
que provisoirement ralenti.
Il peuvent donc, en toute bonne foi, penser qu'il faut poursuivre
leurs actions en les améliorant; tout en se gardant d’éviter des
conflits intercommunautaires et surtout d’apporter leur soutien aux
« actes de terrorisme palestiniens que nous avons toujours eu la
faiblesse, d’appeler actes de résistance
A l'opposée, Avram Burg a tout à se reprocher, et conscient des
Fautes commises dont il se sent responsable à titre individuel et à
titre collectif, il ne peut qu'en tirer toutes les conséquences
: Il faut abandonner le ghetto sioniste et en payer le prix !
Cette affirmation forte, lui vaut d'être considéré comme un
extrémiste qui serait pour la destruction d'Israël, alors que les
Warschawski et autres militants, bardés de leur "bonne conscience"
peuvent, en toute honnêteté, penser qu'il y a encore quelque chose à
sauver du côté d'Israël, et tout en se proclamant antisionistes, ils
espèrent en une possible réconciliation entre les Israéliens bien
intentionnés.
Justement quand dans son bouquin "
Notes sur l'occupation"
Eric Hazan affirme avec une naïveté sidérante, qu'il n'y a pas de haine
entre juifs israéliens et les palestiniens, il est vraiment à côté de
la plaque, pour peu qu’on prenne en considération les enquêtes faites
dans les pays arabes, et plus particulièrement chez les Palestiniens
Michel Warschawski à qui l'on demande s'il est attaché à l'État d'Israël, déclare, en 2005, qu'« il aime Israël comme on aime l'enfant d'un viol. On ne peut en vouloir à l'enfant des circonstances de sa conception. »
A vrai dire, Michel Warschawski fait preuve d’un certain angélisme
quand il se défausse d’une certaine manière de sa responsabilité dans le
« viol », ne serait-ce que parce qu’il a émigré en Israël, au même
titre d’ailleurs que son père qui, après la « miraculeuse » victoire
dela Guerredes Six Jours à déposé ses valise et rejoint son fils
En réalité cette idée d’Etat binational ne fait qu’entériner le politique du « fait accompli » mené par Israël
Tout à l'opposé, Av ram Burg sait de quoi il parle, pour la bonne
raison qu’il a été, l’un des artisans de ce viol de ce fait il connaît
les remèdes, au même titre que Barnavi, ils affirment tous les deux que
le temps des bonnes intentions est révolu, qu’il imports qu’Israel
reconnaisse ses torts et s’engage dans des négociations de paix
sérieuses dans le respect des résolutions 194 et 242 des Nations Unies
Antisémitisme
Par Michel Warschawski
Le conflit israélo-palestinien se prête facilement à une
interprétation religieuse, ou pour le moins ethnique. Il se déroule dans
un lieu qui a été le berceau de grandes religions et que beaucoup
appellent "Terre Sainte"; le sionisme est souvent présenté comme le
"retour" du peuple juif dansla Terre Promise, et son argumentaire puise
beaucoup dans le domaine des droits historiques, quand ce n'est pas
carrément dans la promesse divine; Jérusalem est ville trois fois
sainte, etla Palestinehistorique est parsemée de sites de pèlerinage.
L'omniprésence de la culture islamiste dans la conscience et la
culture nationale arabe est, elle aussi lourde d'une confessionnalisme
d'un conflit souvent présenté comme la libération d'une terre d'Islam,
occupée par des infidèles.
A quoi on ne peut pas ne pas ajouter l'idée, sioniste elle aussi, de
créer un "état juif", et une stratégie permanente de judaïsation qui n'a
pas fait l'économie d'une guerre d'épuration ethnique en 1948.
Un des plus grand mérites de Yasser Arafat est d'avoir, dans un tel
contexte, fait tout ce qui est humainement possible pour maintenir le
conflit Israélo-palestinien dans sa dimension politique et non
religieuse ou ethnique: une lutte de libération nationale pour
l'indépendance, un combat anti-colonialiste pour un territoire et une
souveraineté nationale.
A l'inverse, un des crimes les plus graves de l'ancien premier
ministre israélien Ehud Barak est d'avoir introduit le religieux dans
les négociations, en revendiquant, au sommet de Camp David II, une
souveraineté juive sur l'esplanade des mosquées de Jérusalem sur la base
de considérations historico religieuses. Cette revendication démente a,
sans aucun doute, été l'une des causes principales de l'écroulement du
processus d'Oslo. L'histoire dira si elle n'a pas été aussi le
détonateur d'une guerre des religions dans l'ensemble du Moyen-Orient,
et d'un conflit islamo juif à travers le monde entier.
Le conflit israélo-palestinien est un conflit politique entre un
mouvement colonial et un mouvement de libération nationale. Le sionisme
est une idéologie politique, et non religieuse, qui vise à résoudre la
question juive en Europe par l'immigration en Palestine, sa colonisation
et la création d'un état juif.
C'est la définition qu'en ont toujours donnée ses instigateurs, de
Herzl à Ben Gourion, de Pinsker à Jabotinsky, pour qui les concepts de
colonisation (Hityashvuth) ou de colonies (Yishuv, Moshav) n'ont jamais
été péjoratifs. Jusqu'à la montée du Nazisme, l'immense majorité des
Juifs à travers le monde a rejeté le sionisme, considéré soit comme
hérétique (position de la grande majorité des rabbins et des Juifs
religieux) soit comme réactionnaire (position du mouvement ouvrier juif
en Europe orientale), soit encore comme anachronique (positions des
Juifs émancipés ou assimilés en Europe centrale et occidentale).
En
ce sens, l'antisionisme a toujours été perçu comme une position
politique parmi d'autres, qui plus est, hégémonique dans le monde juif
pendant près d'un demi siècle.
Ce n'est que depuis une trentaine d'années qu'une vaste campagne
internationale tente, avec un succès indéniable, non pas de participer à
la controverse sur l'opportunité du sionisme, l'analyse de sa dynamique
et ses implications politiques et morales, mais de délégitimer
l'antisionisme, en l'identifiant à l'antisémitisme.
Comme toute autre forme de racisme, l'antisémitisme (ou la
judéophobie) rejette l'autre dans son identité et son existence. Quoi
qu'il fasse, quoi qu'il pense, pour l'antisémite, le Juif est haïssable,
jusqu'au massacre, par le seul fait d'être Juif. L'antisionisme par
contre, est une critique politique d'une idéologie et d'un mouvement
politiques; il ne s'attaque pas à une communauté, mais remet en question
une politique. Comment alors identifier une idéologie politique,
l'antisionisme avec une idéologie raciste, l'antisémitisme?
Un groupe d'intellectuels sionistes européens vient de trouver la
solution, en faisant intervenir l'inconscient et un concept
passe-partout qu'ils nomment "le glissement sémantique". Quand on
dénonce le sionisme, voire quant on critique Israël, on a, parfois
inconsciemment, comme objectif non pas la politique d'un gouvernement
(le gouvernement Sharon) ou la nature coloniale d'un mouvement politique
(le sionisme) ou encore le racisme institutionnel d'un état (Israël),
mais les Juifs. Par glissement sémantique, quand on dit: "les
bombardements de populations civiles sont des crimes de guerre" ou "la
colonisation est une violation flagrante dela Quatrième Conventionde
Genève", on dit en fait "le peuple juif est responsable de la mort du
Christ" et "mort aux Juifs !".
Evidement, on ne peut rien répondre à un tel argument, car toute
réponse sera, inconsciemment peut-être, une apologie de l'antisémitisme.
L'argument du glissement sémantique et l'utilisation de l'inconscient
dans la polémique politique met, par définition, fin à toute possibilité
de débat, quel que soit le sujet d'ailleurs. La dénonciation du
colonialisme est en fait un rejet de l'Anglais (ou du Français ou de
l'Allemand, selon le cas), de sa culture de son existence.
L'anticommunisme non plus n'existe pas, c'est un glissement sémantique
de la haine des Slaves. Si je dis "je n'aime pas le camembert", je pense
en fait "mort aux Français!"; quand j'affirme apprécier la musique
Yiddish, je dis, par glissement sémantique, que je hais les Arabes…
L'antisémitisme existe, et semble, en Europe, relever la tête, après
un demi-siècle de non-dit faisant suite aux horreurs du judéocide nazi
et aux crimes de la collaboration. Dans une partie croissante des
communautés arabo musulmanes en Europe, des généralisations racistes
accusent, sans distinction, les Juifs des crimes commis par l'Etat juif
et son armée. L'antisémitisme se trouve d'ailleurs souvent au sein même
du camp qui soutient inconditionnellement la politique israélienne,
comme par exemple une partie de ces sectes protestantes intégristes qui,
aux USA, constituent le véritable lobby pro israélien.
Le racisme anti-arabe existe également, même si les média donnent
moins de visibilité aux exactions du Bétar et de Ligue de Défense Juive
contre des institutions musulmanes ou des organisations qui s'opposent à
la politique de colonisation israélienne, aux slogans racistes
anti-arabes qui couvrent certains quartiers de Paris ("Mort aux Arabes",
"Pas d'Arabes pas d'Attentats") et aux ratonnades organisées par des
commandos sionistes.
Les racismes anti-arabe et anti-juif doivent être condamnés et
combattus, sans concession, et l'on ne peut le faire avec efficacité que
si l'on mène les deux combats de front, faute de quoi, on ne fait que
renforcer l'idée, fortement répandue, que derrière la dénonciation d'une
seule forme de racisme on attaque en fait une communauté. Ceux qui
dénoncent les actes antisémites, réels ou fruits de "glissements
sémantiques", mais ne disent rien des exactions anti-arabes portent une
part de responsabilité dans la communautarisation des esprits et dans le
renforcement de l'antisémitisme, car ce n'est pas le racisme, quel
qu'il soit et d'où qu'il vienne, qu'ils combattent, mais uniquement le
racisme de l'autre.
Ce ne sont certainement pas eux, les Tarnero, Lanzmann et autres
Taguieff, qui ont le droit de faire la leçon aux militants de la gauche
radicale et du mouvement contre la mondialisation marchande, qui depuis
toujours, ont été à la pointe de tous les combats anti-racistes, et n'en
ont jamais déserté aucun.
Mais allons plus loin. Une part importante de responsabilité du
phénomène de glissement d'une critique à la politique israélienne à des
attitudes antisémites, repose sur les épaules d'une partie des
dirigeants, souvent autoproclamés, de communautés juives en Europe et en
Amérique du Nord. En effet, ce sont eux qui, souvent, identifient la
communauté juive toute entière à une politique - celle du soutien
inconditionnel aux dirigeants israéliens. Quand, comme ça a été le cas à
Strasbourg, ils appellent à manifester leur soutien à Sharon sur le
parvis d'une synagogue, comment s'étonner alors que la synagogue soit
prise comme cible dans les manifestations contre la politique
israélienne?
La politique israélienne est largement critiquée à travers le monde,
et plus l'Etat Juif agira hors du droit, plus il sera considéré comme
hors-la-loi, et en paiera le prix. Il est totalement inacceptable et
irresponsable que les intellectuels juifs qui affichent une
identification absolue avec Israël ainsi que les dirigeants des
communautés juives à travers le monde entraînent ces dernières dans la
course vers l'abîme où mène Ariel Sharon et son gouvernement.
Au
contraire: s'ils étaient animés par un véritable sentiment de
responsabilité face à la communauté dont ils se revendiquent, ils
feraient leur possible pour se démarquer des actes barbares de l'état
israélien, et des conséquences dramatiques que ces actes vont tôt ou
tard entraîner pour l'existence même d'une existence nationale hébreu au
Proche Orient.
Ce faisant, ils feraient également preuve de responsabilité face à la
communauté juive d'Israël : au lieu de caresser le jusqu'auboutisme
israélien dans le sens du poil, de contribuer à l'aveuglement suicidaire
croissant de sa direction et de sa population et de hurler, comme
Lanzmann "avec Israël toujours, et inconditionnellement", ne
feraient-ils pas mieux de servir de garde-fous et de mettre en garde
Sharon et son gouvernement contre les conséquences catastrophiques de
leur politique? Sont-ils à ce point aveugles pour ne pas voir que
l'impunité dont jouit Israël aux yeux de certains courants politiques et
philosophiques, en Europe et en Amérique du Nord, n'est que l'autre
face de l'antisémitisme et de son argumentaire sur la "spécifité juive".
Sont-ils à ce point stupides pour ne pas comprendre que pour beaucoup
de soi-disant amis d'Israël, la politique de laissez aller laissez
faire vis à vis de l'Etat juif est l'expression d'un cynisme qui veut
voir les Juifs se jeter, droit dans le mur? Et qu'au contraire, ce sont
ceux qui critiquent, et parfois durement, Israël qui ont véritablement à
coeur la vie et la survie de sa population?
Pour protéger les Juifs du monde d'une accusation de
co-responsabilité, pour couper court à la propagande antisémite qui en
instrumentalisant la souffrance des Palestiniens veut culpabiliser tout
juif en tant que tel, pour faire barrage au danger réel de
communautarisation des enjeux du conflit israélo-palestinien, il est
impératif que s'entende, dans les communautés juives, une voix puissante
et ferme qui dise, comme l'exprime le nom d'une organisation juive
américaine agissant en ce sens: "Pas en notre nom!".
C'est évidemment aussi le devoir des forces démocratiques et de
gauche à travers le monde que de dénoncer, sans concession aucune, les
crimes d'Israël, non seulement parce que la défense des opprimés et des
colonisés, où qu'ils soient, est une partie intégrale de leur programme
et de leur philosophie, mais aussi parce que seule une position claire
et cohérente avec les autres combats qu'ils mènent, peut leur permettre
de lutter contre la communautarisation et le racisme dans leurs propre
pays.
Michel Warschawskimai 2003
4) PAROLES D’UN ANTISIONISTE RADICAL
Aveuglement collectif, les erreurs les plus fréquentes des Israéliens
Par Gilad Atzmon
À travers toute l'histoire relativement courte du nationalisme juif,
beaucoup de juifs ont réussi à trouver des imperfections dans la
philosophie sioniste. Beaucoup se sont détachés du sionisme. Depuis la
déclaration de l'État d'Israël, beaucoup d'Israéliens ont quitté Israël,
et pas mal de juifs de par le monde se sont joints au mouvement de
libération palestinien. Les Israéliens, d'autre part, sont ceux qui
n'arrivent pas à réaliser que les dix points cités ci-dessus sont en
vérité des erreurs graves et fatales.
On pourrait probablement demander si ces erreurs sont faites par les
sionistes en particulier plutôt que par tous les Israéliens. Je
répondrai que les Israéliens sont des sionistes, même s'ils n'ont que
peu de connaissance du sionisme. La plupart des Israéliens sont nés dans
une réalité colonialiste et raciste. Ils sont éduqués en vue de
maintenir le sionisme et non de le remettre en cause. L'acceptation
aveugle d'une des vues les plus radicales et chauvinistes du monde rend
les Israéliens imperméables à toute forme de négociation pacifique.
Les erreurs en détail :
1) De ne pas réaliser qu'il n'y a pas de différence essentielle entre Tel Aviv et une colonie juive en Cisjordanie :
La plupart des Israéliens considèrent les colonies juives en
Cisjordanie et les colons comme des obstacles à la route vers la paix.
Les Israéliens en général et les sionistes soi-disant «de gauche» en
particulier, dans leur univers égocentrique, sont totalement convaincus
que seul un retrait des forces israéliennes jusqu'aux frontières de 1967
pourrait leur garantir la paix. La seule explication intelligible
devant une telle erreur de jugement vient du fait que ce n'est qu'après
1967 que les Israéliens ont rencontré face à face les Palestiniens qui
avaient subi un «nettoyage ethnique» en 1948 (et qui sont «tout à coup»
apparus dans l'expansion des nouveaux territoires occupés). Les
Israéliens veulent croire que ce qu'ils ne voient pas n'existe pas. Ils
refusent toujours de reconnaître que la «cause palestinienne» est basée
sur une demande de retour au pays justifiée.
La semaine dernière, le ministre de l'Autorité Palestinienne, Nabil
Sha'ath, a fait la déclaration suivante concernant le «droit au retour»:
«La feuille de route pour la paix au Proche-Orient parrainée par les
États-Unis garantit le droit pour les réfugiés palestiniens de revenir
dans leurs maisons en Israël ou sur les terres qui ont été conquises
lors de la guerre des Six-Jours en 1967.» (
Haaretz, 16 août 2003)
Voyons certains des commentaires faits par les principales figures politiques israéliennes:
«Les réfugiés n'auront jamais le droit de revenir en Israël.» (le porte-parole du gouvernement, Avi Pazner,
Ha'aretz, 17 août 2003)
«Toute avance en ce qui concerne la feuille de route devra
dépendre de l'abandon des Palestiniens du droit au retour sur des terres
en Israël.» (le Ministre israélien de la Santé, Dan Naveh,
Ha'aretz, 17 août 2003)
«[Les Palestiniens] parlent encore d'un problème qu'ils ne pourront jamais résoudre.» (le porte-parole du parti travailliste, Shimon Peres,
Ha'aretz, 17 août 2003)
«Tous les partis politiques en Israël sont unis contre le droit au retour en Israël pour les Palestiniens.» (le député travailliste Matan Vilnai,
Ha'aretz, 17 août 2003)
«Israël et l'Autorité Palestinienne ont un intérêt commun: celui
de trouver des solutions au problème des réfugiés à l'intérieur des
frontières d'un État palestinien, et non pas en Israël.» (Le député du Meretz Ran Cohen,
Ha'aretz, 17 août 2003)
Comme nous pouvons le voir, les politiciens israéliens doivent encore
arriver à comprendre ce qu'est la cause palestinienne. Ils s'attendent
encore à ce que les Palestiniens abandonnent leurs doits légaux
légitimes. En réalité ils veulent que les palestiniens acceptent de ne
plus être des palestiniens. C'est confondre leurs désirs avec la
réalité, car je dirai que les Palestiniens n'abandonneront jamais leur
droit au retour. Ils n'abandonneront jamais la résistance contre le
colonialisme sioniste. Certainement pas maintenant, pas quand ils sont
en train de gagner un soutien grandissant du monde. Chaque Palestinien
sait que le but du sionisme est de transformer toutela Palestineen une
terre juive. C'est pourquoi Tel Aviv, qui est partiellement située sur
des terres palestiniennes confisquées (Yafo, Abu Kabir, Sheikh Munis,
etc.) et Elon Moreh (une colonie en Cisjordanie) sont très semblables.
Ce sont des colonies juives sur une terre palestinienne.
2) De croire que la création de l'État d'Israël est un résultat de l'Holocauste:
Voici d'abord quelques citations révélatrices:
«Un juif élevé au milieu des Allemands peut adopter les coutumes
allemandes, des mots allemands. Il peut être totalement imbibé de fluide
allemand, mais le noyau de sa structure spirituelle restera à jamais
juif, parce que son sang, son corps, son type physique racial sont
juifs.» (Vladimir Jabotinsky,
«Une lettre sur l'autonomie», 1904 - Jabotinsky est le mentor idéologique de la droite israélienne).
«Moi aussi, comme Hitler, je crois dans le pouvoir de l'idée du sang.» (Chaïm Nachman Bialik,
«L'heure présente», 1934 - Bialik est le poète national officiel d'Israël).
«Si j'avais été juif, j'aurais été un sioniste fanatique.» (Adolf Eichmann, 1955, publié dans
Life Magazine
en 1960 - Eichmann, un officier SS en charge du «problème juif», a fait
cette remarque en référence à sa visite en Palestine en 1937).
Tout au long des années, les Israéliens ont adopté une vue bizarre du
récit de leur histoire sioniste. D'une manière ou d'une autre, ils ont
décidé que leur entreprise coloniale militante et nationaliste est en
réalité un «mouvement à la recherche de la paix» de l'après-Shoah. Dans
les premières années de l'État, cette notion manipulatrice s'est trouvée
être très efficace en engendrant un soutien de l'Ouest grâce sans doute
au sentiment de culpabilité au sein des Occidentaux. Depuis la guerre
du Liban en1982, l'opinion à l'Ouest s'est déplacée. De plus en plus de
personnes estiment que ce sont les Palestiniens qui sont en réalité les
«dernières victimes de Hitler». Alors que l'Ouest prend lentement mais
sûrement conscience des crimes inhumains et continus d'Israël, les
Israéliens croient toujours en leur image auto-fabriquée. Les Israéliens
sont convaincus que l'État d'Israël a été crée après l'Holocauste afin
de donner un havre de sécurité aux juifs en cas de désastre qui
recommencerait. Cette fausse idée est la conséquence directe de la
lecture erronée des événements historiques cruciaux. Israël est le fruit
du sionisme, et l'idéologie sioniste a été édifiée bien avant la
naissance de Hitler.
De plus, il y a une bonne raison de croire qu’Hitler a développé ses
arguments antisémites après avoir lu les premiers textes sionistes. En
lisant Ber Borochov, il pouvait apprendre à quel point les juifs étaient
socialement anormaux (
«La structure socio-économique du peuple juif
diffère radicalement de celle des autres nations. La nôtre est une
structure anomale, anormale.» Ber Borochov, 1897, publié dans Moshe Cohen (éd.), «
Nationalisme et la lutte des classes: une approche marxiste au problème juif»,
1937). Il pouvait apprendre de Jabotinsky à quel point la pureté du
sang était importante. Les citations ci-dessus suggèrent que le sionisme
et le nazisme sont très semblables dans l'esprit (tous deux sont des
mouvements nationalistes inspirés par les concepts de la pureté
raciale). Une chose néanmoins reste claire: le sionisme précède le
nazisme.
D'autre part, si nous décidons d'accepter l'idée de l'aveuglement
d'Israël qui estime que l'État est un résultat de l'Holocauste, alors
nous devrions prendre en compte le fait que les sionistes ont toujours
été plus qu'enthousiastes en ce qui concerne l'antisémitisme. Aux yeux
des sionistes, c'est l'antisémitisme qui poussera les juifs vers leur
pays. Ainsi, les sionistes ont réalisé dès le début que l'Allemagne
nazie présentait une chance pour le sionisme. Alors qu'avant la guerre
les organisations sionistes ont collaboré avec les nazis pour transférer
les richesses des juifs allemands en Palestine pendant la guerre, quand
l'échelle du désastre était déjà connue, les sionistes de par le monde
n'ont pas fait grand-chose pour aider leurs frères et sœurs en Europe.
Il faut mentionner un incident en particulier. Vers la fin de la
deuxième guerre mondiale, Adolf Eichmann (au nom d'Heinrich Himmler) a
offert à Rezso Kasztner, un dirigeant sioniste hongrois, la possibilité
de libérer près d'un million de juifs en échange de 10.000 camions. De
façon surprenante, cette offre a été ignorée par les organisations
sionistes qui avaient réalisé alors que l'anéantissement des juifs
d'Europe aiderait à générer suffisamment de soutien de la part des
nations en vue de la création du futur État juif. Apparemment, l'offre
nazie a été réduite à un seul train et à juste 600 juifs sionistes
hongrois dévoués. Les sionistes n'étaient clairement intéressés à sauver
ni les juifs assimilés ni les juifs orthodoxes.
On doit admettre, tristement, que du point de vue tactique, les
sionistes avaient raison: la liquidation des juifs d'Europe a en effet
généré un grand soutien pour la cause sioniste, qui a conduit finalement
à la création de l'État juif. Néanmoins, si nous adoptons cette ligne
de pensée, nous devons considérer les dirigeants sionistes comme étant
responsables en partie de la liquidation des juifs d'Europe.
3) De se considérer innocents et victimes du conflit israélo-palestinien:
C'est difficile à croire, mais les Israéliens se considèrent vraiment
comme étant des personnes innocentes. Même ces mêmes Israéliens qui ont
nettoyé ethniquement les Palestiniens et qui les ont terrorisés pendant
des dizaines d'années (comme Peres et Sharon) ont le
chutzpah
(toupet) de se considérer comme des victimes. Même le fait que pendant
plus d'un demi-siècle les Israéliens ont voté en faveur du déni des
droits humains les plus fondamentaux pour les Palestiniens, n'a jamais
amené les sionistes à exprimer le moindre doute. Jusqu'à aujourd'hui, il
n'y a pas un seul corps politique juif au sein du parlement israélien
qui reconnaisse le droit au retour pour les Palestiniens.
En prenant en compte le fait que le judaïsme mondial, poussé par le
gouvernement israélien, réussit à mener à bien les demandes concernant
les intérêts juifs d'avant la deuxième guerre mondiale (en ce qui
concerne les comptes en banque ou les biens en Europe de l'Est), il est
plutôt bizarre que les Israéliens parviennent si bien à ignorer les
demandes similaires des Palestiniens. Comment se fait-il que les juifs
soient tellement mobilisés au sujet des injustices des banques suisses,
et si sourds et aveugles vis-à-vis de leur propre vol de terres, des
possessions et de la dignité des Palestiniens? Je suggère deux réponses
possibles:
a) Les Israéliens et les sionistes ne sont pas vraiment
concernés par les injustices faites à leur peuple dans le passé; ils
sont simplement motivés par avidité, par exaltation politique, ou par
les deux.
b) Les Israéliens et les sionistes sont des créatures étranges
qui ne suivent aucun des modèles humains reconnus d'empathie, et donc
il ne faut pas attendre d'eux des sentiment de compassion ou de
culpabilité en ce qui concerne leurs propres crimes envers les non-juifs
en général, et envers le peuple palestinien en particulier.
On sait que des milliers de jeunes Israéliens vont chaque année en
Pologne pour visiter les différentes attractions touristiques dela
Shoah. Cesvoyages sont sponsorisés par le gouvernement israélien et par
beaucoup d'autres organisations juives. On pourrait penser que, lorsque
ces heureux jeunes gens rejoignent l'armée israélienne, ils appliquent
les leçons morales et qu'ils ressentent de la compassion pour leurs
voisins palestiniens. Néanmoins, alors qu'il parait évident qu'ils ont
appris la leçon, c'est malheureusement la mauvaise: quand ils sont dans
les Territoires occupés, beaucoup se comportent commela Wermacht.
Iln'est pas étonnant que les Israéliens investissent tant d'argent dans
ces «voyages éducatifs».
4) De croire qu'ils vivent dans une démocratie et donc que les atrocités qu'ils commettent sont légitimes :
Malgré le fait que plus de la moitié de la population vivant dans les
frontières israéliennes n'ait pas le droit de vote, les Israéliens se
considèrent toujours comme étant un peuple démocratique. De plus, les
Israéliens (comme les Américains) croient que leur «liberté» de choix
politique leur donne un mandat pour décider du destin d'autres peuples.
Les Israéliens sont persuadés que leurs actes assassins sont légitimes
parce qu'ils sont «la seule démocratie au Moyen-Orient». On peut
expliquer cela en prenant comme référence l'interprétation israélienne
du concept juif d'«élu». Alors que les juifs orthodoxes regardent le
fait d'être élu comme étant un fardeau éthique et spirituel, les
Israéliens considèrent cela comme une forme de cadeau cosmique: on naît
«élu», et cela vous rend surhumain. En très peu de temps, les Israéliens
ont développé un système de «démocratie de peuple élu» qui leur permet
en tant qu'élus de dicter leur conception du monde à ceux qui sont trop
faibles (pour le moment) pour les combattre. Il est important de faire
remarquer qu'Israël n'est pas le seul pays à avoir «une démocratie de
peuple élu». La démocratie américaine suit assez bien la même ligne de
pensée. Depuis la deuxième guerre mondiale, les Américains ont décidé
pour le reste du monde de la façon dont ces pays devaient contribuer à
enrichir les États-Unis. Ce n'est pas étonnant que ces deux «démocraties
de peuples élus» soient si éprises l'une de l'autre.
5) D'être convaincus qu'ils vivent dans une société ouverte qui bénéficie d'une diversité politique et idéologique :
«Le problème avec la gauche israélienne est qu'elle pense qu'il
suffit de chanter une chanson pour être en faveur de la paix. Je dis, si
vous voulez chanter une chanson, alors devenez chanteur.» (Shimon Peres, The Independent, 4 août 2003)
Les Israéliens ont tendance à croire qu'ils bénéficient d'une société
avec une diversité politique et avec un vrai débat gauche/droite.
Traditionnellement, on identifie la pensée de gauche avec le combat pour
une égalité sociale et juridique, alors que la politique de droite se
bat pour les plus forts. Bizarrement, une telle distinction n'est pas
applicable à Israël. L'idée du sionisme, c'est d'être fort et juif, et
les Palestiniens (et la main-d'œuvre émigrée bon marché) ne font pas
partie du jeu. La gauche israélienne n'essaye pas d'en faire des
partenaires égaux, et les sionistes de droite ne leur permettent même
pas d'entrer dans la fosse. En réalité, la gauche et la droite ont
adopté l'idée du «Mur de fer» de Jabotinsky, une philosophie dont le but
est de construire une puissance que la
«population native ne peut pas enfoncer» (Vladimir Jabotinsky,
«The Iron Wall», 1923).
Je suppose que la raison pour laquelle les Israéliens n'arrivent pas à
voir que leur société manque d'un vrai débat entre la gauche et la
droite, c'est parce qu'ils n'arrivent pas à faire la différence entre un
débat idéologique et un débat politique. Alors qu'en réalité il n'y a
pas de différence idéologique entre le parti du Likoud et le parti
travailliste israélien, les Israéliens considèrent encore leur
affrontement politique comme un débat idéologique. En Grande Bretagne,
par contre, la plupart des gens comprennent maintenant que Tony Blair
est un dirigeant Tory déguisé en travailliste. Les Anglais sont beaucoup
plus avancés que les Israéliens en réalisant le contexte idéologique de
leur propre jeu politique. En Israël, peu de personnes comprennent que
les différences entre Peres et Sharon ne sont que marginales. Si cela ne
suffisait pas, même les organisations israéliennes de gauche comme
Peace Now (La Paix Maintenant), Women in Black (les Femmes en Noir) et
Gush Shalom, qui se sont battus courageusement pour les droits des
Palestiniens, acceptent l'inacceptable «solution de deux États». Penser à
ces mouvements de la «gauche israélienne» en termes catégoriques révèle
une donnée dévastatrice: que leur programme politique n'est pas si
éloigné idéologiquement parlant de celui de Sharon. Il est triste
d'admettre qu'il n'y a pas de «gauche israélienne».
6) De croire qu'ils ont laissé le ghetto derrière eux :
Les aspirations juives nationalistes ont commencé à apparaître à la
fin du dix-neuvième siècle suite à l'émancipation des juifs d'Europe.
Les idéologues sionistes ont suivi la vague grandissante du nationalisme
européen. Les premiers sionistes ont considéré que la possible
assimilation des juifs était une grave menace pour l'existence juive.
Beaucoup de ces penseurs sont tombés d'accord sur le fait que les juifs
souffraient d'un mauvais fonctionnement social, en se référant aux
occupations juives traditionnelles comme étant non productives.
L'hypothèse sioniste à cette période était que cette forme de condition
sociale malsaine venait du fait d'avoir vécu dans des ghettos dans un
pays étranger pendant trop de temps. Le sionisme a été considéré comme
un remède pour les nombreuses «maladies traditionnelles juives». Son but
était de créer un juif nouveau: un homme laïc, civilisé et productif,
qui vit et cultive sa propre terre tout en communiquant dans sa propre
langue (hébreu), tout l'opposé du caractère des juifs de l'Europe de
l'Est des ghettos. Cette expérience n'a pas survécu longtemps. En
réalité, ce «nouveau juif» n'a jamais été créé. Le sionisme n'a jamais
été un mouvement laïc. Alors que la laïcité est une alternative
philosophique à la religion, quand on regarde le sionisme et la laïcité
juive, le sionisme ne rejette certains rituels juifs que pour en adopter
de nouveaux.
Depuis le début, le sionisme a adopté beaucoup de symboles héroïques
juifs bibliques et mystiques, la plupart suicidaires (l'histoire de
Massada - un conte de kamikazes communautaires - et Samson, le premier
attaquant suicide, sont des exemples typiques). De plus, l'idée de
ressusciter un État juif en Palestine est directement liée à la promesse
biblique. Même si au début il semblait qu'un réel effort ait été fait
pour établir une civilisation hébraïque, aujourd'hui chaque personne qui
visite Israël serait d'accord pour dire que la plupart des aspects
culturels hébraïques sont en train de disparaître de la culture
israélienne qui s'effondre. Même l'hébreu est en train d'être broyé
chaque jour. Inutile de dire que peu de temps après leur arrivée, les
sionistes ont trouvé qu'il était beaucoup plus facile d'utiliser la
main-d'œuvre palestinienne que de se brûler en plein air dans les champs
méditerranéens. Rétrospectivement, il serait difficile de faire
ressortir quelque renaissance culturelle hébraïque que ce soit, à part
quelques habitudes barbares d'oppression sadique qui se sont développées
pendant des dizaines d'années. En prenant en compte la large
contribution impressionnante des juifs à la culture du monde, on verra
que presque rien n'est venu de l'État juif. Ce n'est pas très
surprenant. Comme nous le savons, il y a eu peu de contributions venant
des ghettos juifs. Quand nous pensons aux grands penseurs et aux
artistes juifs, nous voyons que tous sont des juifs émancipés qui
préféraient l'assimilation au sionisme ou à l'orthodoxie. Le remarquable
«Mur de défense» de Sharon est là pour expliquer pourquoi Israël n'a
jamais été productif culturellement. En réalité, les sionistes n'ont
jamais quitté le ghetto; ils ont juste déménagé de l'Europe de l'Est
versla Palestine. Leconcept de ségrégation est probablement inhérent à
l'existence sioniste.
7) D'être convaincu que «l'État juif» est un concept légitime :
Cette erreur est le résultat d'une mauvaise lecture du changement
culturel du vingtième siècle. Quand le sionisme est né, c'était plus
qu'une philosophie idéologique légitime. Il faisait partie du mouvement
nationaliste européen du dix-neuvième siècle, et s'est développé au
moment où la haine de l'Autre était très courante dans les discours
politiques et intellectuels européens. Les sionistes révisionnistes
dirigés par Vladimir Jabotinsky ont fait ouvertement l'éloge du fascisme
italien et considéré Mussolini comme leur mentor idéologique. De plus,
Jabotinsky a adopté l'idée de la pureté raciale des années avant
qu'Hitler n'en parle. À cette époque, le sionisme n'était pas la seule
philosophie à pousser pour un État nationaliste basé sur la pureté
raciale. Après la deuxième guerre mondiale et la chute du nazisme, les
choses ont néanmoins changé. L'idée d'un État basé sur la pureté raciale
n'était plus légitime. Même la nouvelle forme de fascisme américain est
multiraciale. En fin de compte, Israël est le seul exemple restant d'un
État nationaliste basé sur la pureté de la race. L'État juif n'est plus
un concept légitime.
8) De penser qu'Israël est un abri pour toute la population juive et la meilleure réponse à l'antisémitisme :
Madame Tzipi Livni,la Ministreisraélienne de l'Immigration, a
récemment révélé que l'immigration vers Israël s'est complètement
arrêtée. En d'autres mots, elle a admis qu'Israël n'est pas le pays le
plus attrayant pour les juifs pour venir y vivre. Il n'y a pas si
longtemps, j'ai entendu une présentation d'un porte-parole palestinien,
ici en Grande Bretagne. On a demandé au porte-parole s'il pouvait
justifier les actes de suicides palestiniens dirigés contre les civils
israéliens. Évitant de parler des aspects moraux compliqués concernant
cette question maintes fois posée, le porte-parole s'est limité à parler
des aspects pragmatiques des différentes formes de lutte des
Palestiniens. Son argument était très simple: «Si Israël est un État
pour les juifs, alors c'est la terreur palestinienne qui pourra faire de
cet État un lieu très déplaisant pour les juifs qui veulent y vivre.»
Il n'y a pas de doute que les attaques suicides sont très efficaces et
atteignent leur but. Les mots de Tzipi Livni confirment que la terreur
palestinienne est en train de vaincre l'entreprise sioniste. Mais la
faillite du sionisme est beaucoup plus dramatique. Non seulement Israël
n'a pas empêché l'antisémitisme, mais de plus les crimes dévastateurs et
inhumains qui sont commis tous les jours par Israël au nom du «peuple
juif» font que l'antisémitisme devient une philosophie légitime. Il n'y a
pas de doute, le prochain désastre juif viendra d'une réaction au
sionisme.
(Il est important de noter à nouveau que le sionisme est porté
consciemment par l'antisémitisme. Nous voyons ici un cercle vicieux
initié par les sionistes: Israël commet délibérément des crimes
inhumains afin de provoquer des actes antisémites qui amèneraient les
juifs à considérer que le sionisme et la seule et unique solution au
«problème juif».)
9) De se considérer comme des humanistes :
Non, ce n'est pas une plaisanterie. Malgré la douleur qu'ils
infligent à leurs voisins, les Israéliens se considèrent toujours comme
des humanistes. De plus, il semble que l'image de l'humaniste est très
importante pour les Israéliens. Vous trouverez des équipes de secours
israéliennes et des équipes d'urgence médicale dans chaque lieu de
désastre de par le monde. Mais pour quelque raison que ce soit, on ne
trouve jamais ces «chevaliers» humanistes israéliens à Gaza ou à Jénine.
Je suppose que le déguisement humaniste israélien a quelque chose à
faire avec l'héritage marxiste qui a été partiellement adopté par les
premiers sionistes de «gauche». Ayant dit cela, on doit se souvenir
qu'il n'y a rien dans la philosophie sioniste qui fasse écho à quelque
code moral universel de comportement. Le sionisme ne concerne que les
juifs. Il a été inventé par les juifs et ne peut être appliqué qu'aux
juifs. L'appel pour l'unification mondiale prolétaire qui apparaissait
pendant des années sur certains documents de la «gauche» sioniste, était
un appel prétentieux sans grand-chose derrière. De plus, les partis de
gauche qui appelaient à un cosmopolitisme international étaient en fait
très actifs à voler les indigènes palestiniens. La grande majorité des
kibboutzim israéliens sont situés sur des terres palestiniennes volées.
Le vol des terres palestiniennes est au cœur même de toutes les
philosophies sionistes. Je crois que le déni des droits humains les plus
fondamentaux par les Israéliens peut s'expliquer par leur propre
perception en tant que race élue. Pourquoi est-ce quela Palestinedevrait
appartenir aux juifs qui en sont partis il y a deux mille ans, et pas
aux Palestiniens qui vivent sur cette terre depuis le début des temps?
Probablement parce que les juifs sont choisis, et que leur texte
biblique est supérieur à tout autre texte (y compris les documents
légaux). Comment pouvez-vous être élu, et être en même temps un
humaniste? C'est la question principale qui devrait être posée aux
Israéliens. Il paraîtrait que dans le nouveau monde dominé par les
«Juifméricains», vous avez le droit de vous considérer comme un
humaniste tant que vous avez suffisamment d'armes nucléaires à votre
disposition pour soutenir votre image.
10) D'être sûrs qu'Israël est immortel :
En réalité, Israël est déjà une entité presque morte. Le pays est en
train d'entrer dans un processus rapide de désintégration dans des
secteurs isolés sans but commun collectif. Bientôt, plutôt que plus
tard, les secteurs israéliens couramment rejetés comprendront qu'ils ont
beaucoup plus de choses en commun avec les Palestiniens qu'avec les
zélateurs sionistes. La prétendue «gauche» sioniste réalisera qu'elle a
plus de choses en commun avec Nabil Sha'ath et Saëb Erekat qu'elle n'en a
avec quelque membre que ce soit du parti Likoud. Les juifs orthodoxes
réaliseront qu'ils ont bien plus de choses en commun avec le
fondamentalisme islamique qu'avec le front israélien laïque libéral. Les
nouveaux émigrants russes n'ont même pas essayé d'intégrer la société
hébraïque qui les considère comme inférieurs. Les juifs éthiopiens, qui
n'ont même pas le droit de donner leur sang, et la nombreuse
main-d'œuvre étrangère bon marché, réaliseront bientôt que la suprématie
sioniste est leur plus grand ennemi. Les jours des sionistes sont
comptés. Il n'y a pas besoin d'une guerre. Qu'ils se détruisent
eux-mêmes en «paix». Dans les nouveaux murs du ghetto qu'ils imposent à
eux-mêmes et dont ils s'entourent, ils n'ont pas d'autre option.
Où tout cela nous mène-t-il ?
Il semble que toute forme de communication avec les Israéliens est
presque impossible à moins que l'on décide de s'engager dans
l'aveuglement israélien. Puisqu'il est clair que les Israéliens sont
doués pour l'autodestruction, il ne nous reste qu'à les aider en servant
de catalyseur. Une série d'interdictions et de boycotts feraient
l'affaire. Nous devons commencer avec des boycotts culturels et
économiques. On doit s'assurer que les criminels de guerre sionistes et
israéliens sont arrêtés dès qu'ils atterrissent sur le sol du monde
libre (en assumant bien sûr qu'une telle chose existe). Si cela ne
suffit pas, il faut continuer et interdire aux Israéliens de voyager en
Europe à moins qu'ils ne déclarent leur rejet total du sionisme. Ces
nations éclairées qui sont assez courageuses pour interdire
l'antisémitisme, la propagande néo-nazie et toute autre forme d'activité
raciste devraient immédiatement envisager d'ajouter l'activité sioniste
à leur liste d'activités interdites.Cela ne prendra pas trop longtemps.
Face à un moment de vérité, beaucoup d'Israéliens seront contents de
laisser le sionisme derrière eux et de rejoindre la famille des
hommes. !