Hollande n’a rien à dire aux Palestiniens
jeudi 27 septembre 2012 - 09h:09
Gilles Devers
La France, inaudible au Conseil de Sécurité, pouvait-elle
devenir une vedette à l’Assemblée Générale de l’ONU ? Il n’y avait que
la presse française pour l’imaginer, prête à nous refaire le coup de la
grande illusion...
Pourquoi cette indifférence ? Parce que la France, membre permanent du
Conseil de Sécurité n’a rien à dire. Hollande a chanté le refrain de
l’OTAN sur les dossiers d’actualité - Syrie, Iran, Mali - mais il est
muet sur la question principale, celle de la Palestine. Or, rien ne peut
se faire au Moyen-Orient sans rétablir les droits des Palestiniens.
Voici l’extrait de son discours.
« Dans cette région du Moyen-Orient,
l’urgence c’est de trouver enfin une issue au conflit
israélo-palestinien. Le statu quo n’est pas une réponse. C’est une
impasse. La France contribuera de toutes ses forces à restaurer les
bases d’une négociation confiante débouchant sur la coexistence des deux
Etats dont chacun sait qu’elle est la seule solution qui soit juste et
durable. »
Et c’est tout.
C’est « urgent » : oui, merci, depuis soixante-dix ans ! Le « statu quo n’est pas une réponse »... Quelle puissante analyse !
Dans son 59° engagement de campagne, Hollande assurait « soutenir la reconnaissance internationale de l’Etat palestinien ».
C’était une proposition très floue, car tout dépend des frontières de
cet Etat, mais il y avait une amorce de choix politique. Hier, on en
était loin. Hollande en reste à « restaurer les bases d’une négociation confiante » dans la perspective de la « coexistence des deux Etats ».
La Gauche française est malade de sa vision
« socialiste » de la politique israélienne, et c’est une vieille
histoire. Ce n’est pas pour rien que Jospin avait quitté l’Université de
Bir Zeit sous protection policière, alors que Chirac reste une
référence de libre arbitre en Palestine.
Avant d’arriver aux choix politiques, il y a quelques questions de droit, simples, à poser à Hollande.
1/ La souveraineté
En 1920, à la fin de l’Empire Ottoman, la Société Des
Nations (SDN) a reconnu la souveraineté de la Palestine, et en 1947,
l’ONU, qui soutenait le projet sioniste, n’a rien pu imposer aux
Palestiniens, seuls maîtres de leur souveraineté sur l’ensemble du
territoire. L’Assemblée Générale a adopté le plus faible des textes, une
simple recommandation assortie d’un plan de partage, dénuée de toute
force juridique. La suite, ça été la Nakba et la feu des armes. Hollande
peut-il expliquer pourquoi et comment, en droit, le peuple palestinien
doit renoncer à sa souveraineté, qui est inaliénable ?
2/ Les réfugiés
En 1948, lorsque les Palestiniens ont dû, en masse, fuir
la puissance des armes israéliennes, l’ONU leur a créé un statut de
réfugiés, unique au monde. Le peuple palestinien était en effet
parfaitement identifié, et il n’y avait aucune raison d’accorder aux
Palestiniens le statut de droit commun, par lequel une personne,
persécutée pour des motifs politiques, cherche à se faire admettre comme
citoyen d’un autre Etat. Pour l’ONU, le retour des Palestiniens sur
leurs terres et dans leurs maisons n’était qu’une question de temps, et
il fallait préserver cette unité du peuple palestinien. Le droit était
indiscutable. D’où ce statut propre de réfugiés, placé sous le contrôle
de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés
de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Ce statut est resté intact,
et on compte à ce jour 4,5 millions de réfugiés. Une « négociation
confiante » ne peut se comprendre qu’en incluant le sort des réfugiés.
Alors, quelle est la proposition d’Hollande sur le droit au retour des
réfugiés palestiniens ?
3/ Les colonies
A la suite de nombreuses guerres, une ligne d’armistice a
été arrêtée, celle dite de la Ligne Verte, encore appelée la frontière
de 1967. Cette frontière ne pourrait en être une que si le peuple
palestinien l’acceptait, par un acte souverain et libre. C’était le
processus amorcé par les accords d’Oslo, et on voit ce qu’il en est
advenu. Mais de plus, Israël a pris le contrôle militaire de l’ensemble
des territoires palestiniens, qui sont tous classés comme « territoires
occupés » au sens de la IV° Convention de Genève. Et comme si cela ne
suffisait pas, Israël profite de cette occupation militaire insensée -
depuis bientôt 50 ans ! - pour s’approprier des territoires et les
développer,... les fameuses colonies. Ces colonies sont illégales de A à
Z, et elles n’ont aucune validité en droit international. Question :
comment Hollande pense-t-il instaurer une « négociation confiante » sans
poser pour principe de démantèlement des colonies et la restitution aux
Palestiniens ?
4/ Jérusalem
Le plan de partage de l’ONU préservait Jérusalem sous un
statut international, et l’ONU - Conseil de sécurité et Assemblée
générale - ont dénié toute valeur aux décisions des dirigeants d’Israël
de faire de Jérusalem sa capitale. Quelle est la position politique de
la France quant à l’annexion illégale de Jérusalem par Israël ?
A ces quatre questions, fondamentales, Hollande n’a pas
de réponse. Il n’a rien à dire aux Palestiniens. C’est son choix,...
mais alors, qu’il ne s’étonne pas si à l’ONU personne ne s’intéresse à
lui.
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