L’armée française prépare-t-elle sa participation à un bombardement massif de l’Iran ?
vendredi 25 juin 2010 - 17h:25
Manlio Dinucci - Il Manifesto
Israël envoie des sous-marins armés de missiles nucléaires au large des côtes iraniennes : cette manchette est parue hier [22 juin] sur le quotidien israélien Ha’aretz, reprenant une enquête du Sunday Times britannique. Selon un officier israélien, l’un des quatre sous-marins « Dolphin » fournis par l’Allemagne, est déjà dans le Golfe et avec ses missiles de croisière équipés d’ogives nucléaires (d’une portée de 1500 km) il peut atteindre n’importe quelle cible en Iran.
À la fin de la semaine dernière, une douzaine de navires de guerre des États-Unis et au moins un lance-missile israélien avaient traversé le canal de Suez, en route pour le golfe Persique afin de faire monter la pression sur Téhéran. La raison n’est pas que celle déclarée : empêcher le développement d’armes nucléaires par la République islamique. Il en existe une autre, plus pressante : au début de la semaine dernière, Téhéran a signé un accord avec Islamabad, d’une valeur de 7 milliards de dollars, qui avalise la construction d’un gazoduc en provenance d’Iran et à destination Pakistan. Un projet qui remonte à il y a déjà 17 ans, et bloqué jusqu’ici par les États-Unis.
Mais l’Iran a déjà construit 900 des 1500 kms de gazoduc depuis les champs pétrolifères du South Pars, jusqu’à la frontière avec le Pakistan, lequel construira les 700 kms restants. Un couloir d’énergie qui, d’ici 2014, enverra au Pakistan depuis l’Iran, chaque jour, 22 millions de mètres cubes de gaz. Le plan initial incluait un pipeline allant jusqu’en Inde, mais New Delhi s’est retiré [du projet] craignant que le Pakistan ne bloque son approvisionnement.
Mais il y a toujours la Chine, disposée à importer du gaz iranien : la China National Petroleum Corporation a signé un accord avec l’Iran pour une valeur de cinq milliards de dollars pour le développement du champ de South Pars, en remplacement du français Total dont Téhéran n’a pas renouvelé le contrat (tandis que l’italien Eni continue de fonctionner dans les zones de South Pars et Darquain).
Pour l’Iran il s’agit d’un projet d’une importance stratégique : en effet, Téhéran dispose des plus grandes réserves de gaz naturel après celles de la Russie, encore largement à exploiter, et par un corridor énergétique à l’Est l’Iran peut défier les sanctions planifiées par les États-Unis. Mais ce projet a un point faible : son plus grand champ pétrolifère du South Pars est offshore [en mer] est situé dans le golfe Persique, donc exposé à un blocus, comme celui que les États-Unis pourraient exercer, s’appuyant sur les sanctions approuvées par le Conseil de sécurité des Nations Unies (qui la semaine dernière a donné son feu vert à une quatrième série de mesures répressives à l’encontre de la République islamique).
La marine française procède à une répétition générale avec l’US Navy
A Washington, on est colère du fait que le Pakistan, un allié, ait signé un accord avec l’Iran quelques jours après le vote de sanctions aux Nations unies. D’où l’opération militaire en coordination avec les alliés européens, notamment la France.
Le porte-avions Harry Truman, qui dirige l’armada navale dans le golfe Persique, a fait escale à Marseille, effectuant du 4 au 7 juin en Méditerranée, avec ses 80 avions de chasse, un exercice d’interopérabilité avec la Force aérienne embarquée sur le porte-avions français De Gaulle.
Et alors qu’il naviguait vers Suez, le Harry Truman a reçu le 14 juin la visite du ministre allemand de la Défense qui était accompagné de son chef d’état-major de la Marine.
23 juin 2010 - Il Manifesto - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.ilmanifesto.it/archivi/f...
Traduction de l’italien : Claude Zurbach
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