L’Islande vote une résolution destinée à faire du pays un refuge pour la presse libre
Ecrit le 18 juin 2010 par Mike Melanson
Si vous cherchez à publier quelque chose prêtant à controverse sur internet, vous devriez regarder du coté de l’Islande. Le parlement Islandais vient de voter à l’unanimité une résolution destinée à faire du pays un «refuge pour les nouveaux média», proposition qui fait suite à un soutien sans faille du pays à Wikileaks, un site qui publie des documents classifiés, reconnu par beaucoup des professionnels de l’information comme l’une des plus grandes avancées en matière de journalisme et de transparence de l’information depuis l’apparition de l’internet.
La résolution «Initiative Islandaise relative aux média modernes» (Icelandic Modern Media Initiative), «donne le devoir au gouvernement de trouver des moyens permettant de renforcer la liberté d’expression et la liberté d’information en Islande, ainsi que de fournir une protection renforcée aux sources et à ceux qui publient des informations polémiques».
Selon le texte de cette résolution, l’Islande espère ainsi devenir le refuge international des organes de presse en offrant de telles protections.
«L’initiative parlementaire présentée ici a pour ambition de faire de l’Islande un environnement attractif pour l’installation d’organes de presse internationaux, de startups du secteur des nouveaux media, d’organisations de défense des droits de l’homme et de centres de données informatiques (ndt: allusion au cloud computing dont l’environnement juridique pose problème). [Cette initiative] promet de renforcer notre démocratie, à travers le pouvoir de la transparence, et de promouvoir la position du pays et son économie. Elle ambitionne également d’attirer l’attention sur ces changements à travers la création du premier prix international d’origine Islandaise : le prix Islandais pour la liberté d’expression.»
L’initiative parlementaire continue en reconnaissant que de nos jours, l’endroit où est publié un média est devenu sans grande importance, et que la mise en place de ces lois permettrait de créer un environnement qui ferait éclore un journalisme de qualité, à l’abri du harcèlement des autorités locales.
«Nous pouvons mettre en place un cadre légal exhaustif destiné à protéger la liberté d’expression indispensable au journalisme d’investigation et à la publication d’informations politiques d’importance» peut on lire dans le texte de l’initiative parlementaire Islandaise.
Quand Al Jazeera a traité de ce sujet, alors à l’état embryonnaire, en mars dernier, il commentait : «l’idée derrière [cette résolution] est simple mais ambiguë – rassembler les lois les plus avancées concernant les média issues de différents pays pour créer une loi globale qui positionnerait l’Islande à l’avant garde de la bataille destinée à protéger les journalistes, ceux qui dénoncent les abus, et leurs sources, des régimes et des lois qui les oppressent».
Ceci dit, comme le souligne Al Jazeera, le Nieman Journalism Lab et d’autres, une question demeure : les lois d’un pays peuvent-elles protéger les journalistes d’un autre pays ? L’article de Nieman Journalism Lab suggère que ces lois ne pourront probablement pas faire grand chose pour assurer une quelconque protection dans d’autres pays, mais «à défaut d’autre chose, elles pourraient probablement éviter aux serveurs d’être saisis et mis hors service», si vos contenus sont hébergés en Islande.
Pour l’instant les effets de cette résolution sont encore inconnus, les lois qui devraient lui faire suite restant à écrire et à être expérimentées à l’international. Il subsiste également des questions quant à la capacité de l’Islande en terme de connectivité internet, si elle venait à abriter sur ses terres les serveurs de grandes organisations du secteur média, même si la résolution affirme que le pays dispose de câbles sous marin reliant le pays aux plus grands consommateurs d’information».
Néanmoins, l’adoption de cette résolution est prometteuse, ne serait-ce que d’un point de vue altruiste, optimiste et journalistique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire