24 juin 2010

L’Islande vote une résolution destinée à faire du pays un refuge pour la presse libre



islandeSi vous cher­chez à publier quelque chose prê­tant à contro­verse sur inter­net, vous devriez regar­der du coté de l’Islande. Le par­le­ment Islandais vient de voter à l’unanimité une réso­lu­tion des­ti­née à faire du pays un «refuge pour les nou­veaux média», pro­po­si­tion qui fait suite à un sou­tien sans faille du pays à Wikileaks, un site qui publie des docu­ments clas­si­fiés, reconnu par beau­coup des pro­fes­sion­nels de l’information comme l’une des plus grandes avan­cées en matière de jour­na­lisme et de trans­pa­rence de l’information depuis l’apparition de l’internet.

La réso­lu­tion «Initiative Islandaise rela­tive aux média modernes» (Icelandic Modern Media Initiative), «donne le devoir au gou­ver­ne­ment de trou­ver des moyens per­met­tant de ren­for­cer la liberté d’expression et la liberté d’information en Islande, ainsi que de four­nir une pro­tec­tion ren­for­cée aux sources et à ceux qui publient des infor­ma­tions polémiques».

Selon le texte de cette réso­lu­tion, l’Islande espère ainsi deve­nir le refuge inter­na­tio­nal des organes de presse en offrant de telles protections.

«L’initiative par­le­men­taire pré­sen­tée ici a pour ambi­tion de faire de l’Islande un envi­ron­ne­ment attrac­tif pour l’installation d’organes de presse inter­na­tio­naux, de star­tups du sec­teur des nou­veaux media, d’organisations de défense des droits de l’homme et de centres de don­nées infor­ma­tiques (ndt: allu­sion au cloud com­pu­ting dont l’environnement juri­dique pose pro­blème). [Cette ini­tia­tive] pro­met de ren­for­cer notre démo­cra­tie, à tra­vers le pou­voir de la trans­pa­rence, et de pro­mou­voir la posi­tion du pays et son écono­mie. Elle ambi­tionne égale­ment d’attirer l’attention sur ces chan­ge­ments à tra­vers la créa­tion du pre­mier prix inter­na­tio­nal d’origine Islandaise : le prix Islandais pour la liberté d’expression.»

L’initiative par­le­men­taire conti­nue en recon­nais­sant que de nos jours, l’endroit où est publié un média est devenu sans grande impor­tance, et que la mise en place de ces lois per­met­trait de créer un envi­ron­ne­ment qui ferait éclore un jour­na­lisme de qua­lité, à l’abri du har­cè­le­ment des auto­ri­tés locales.

«Nous pou­vons mettre en place un cadre légal exhaus­tif des­tiné à pro­té­ger la liberté d’expression indis­pen­sable au jour­na­lisme d’investigation et à la publi­ca­tion d’informations poli­tiques d’importance» peut on lire dans le texte de l’initiative par­le­men­taire Islandaise.

Quand Al Jazeera a traité de ce sujet, alors à l’état embryon­naire, en mars der­nier, il com­men­tait : «l’idée der­rière [cette réso­lu­tion] est simple mais ambi­guë – ras­sem­bler les lois les plus avan­cées concer­nant les média issues de dif­fé­rents pays pour créer une loi glo­bale qui posi­tion­ne­rait l’Islande à l’avant garde de la bataille des­ti­née à pro­té­ger les jour­na­listes, ceux qui dénoncent les abus, et leurs sources, des régimes et des lois qui les oppressent».

Ceci dit, comme le sou­ligne Al Jazeera, le Nieman Journalism Lab et d’autres, une ques­tion demeure : les lois d’un pays peuvent-elles pro­té­ger les jour­na­listes d’un autre pays ? L’article de Nieman Journalism Lab sug­gère que ces lois ne pour­ront pro­ba­ble­ment pas faire grand chose pour assu­rer une quel­conque pro­tec­tion dans d’autres pays, mais «à défaut d’autre chose, elles pour­raient pro­ba­ble­ment éviter aux ser­veurs d’être sai­sis et mis hors ser­vice», si vos conte­nus sont héber­gés en Islande.

Pour l’instant les effets de cette réso­lu­tion sont encore incon­nus, les lois qui devraient lui faire suite res­tant à écrire et à être expé­ri­men­tées à l’international. Il sub­siste égale­ment des ques­tions quant à la capa­cité de l’Islande en terme de connec­ti­vité inter­net, si elle venait à abri­ter sur ses terres les ser­veurs de grandes orga­ni­sa­tions du sec­teur média, même si la réso­lu­tion affirme que le pays dis­pose de câbles sous marin reliant le pays aux plus grands consom­ma­teurs d’information».

Néanmoins, l’adoption de cette réso­lu­tion est pro­met­teuse, ne serait-ce que d’un point de vue altruiste, opti­miste et journalistique.

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