24 septembre 2010

Comment Angela Merkel s’était abstenue de critiquer l’opération « Plomb durci »

vendredi 24 septembre 2010 -
Severin Weiland - Spiegelonline
 

Le soutien à Israël fait partie de la raison d’Etat en Allemagne. 
 
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Mars 2008 - Lune de miel entre Merkel et le criminel de guerre Olmert - Photo : Getty
 
Cependant à présent, Angela Merkel se heurte à une contradiction avec une telle déclaration relative au conflit de Gaza. Son jugement selon lequel, le Hamas est seul responsable soulève des critiques au SPD et FDP : La chancelière a compromis le rôle d’intermédiaire de l’Allemagne dans le quartet au Proche-Orient.
Berlin - Sa première déclaration relative au développement de la situation au Proche - Orient fût encore prudente et mesurée. Angela Merkel avait reçu la visite de George W. Bush ; après une visite à Stralsund, il y avait eu un barbecue sur le terrain d’une ancienne coopérative de production agricole Trinwillershagen.
Mais l’excursion de 2006 était accompagnée de nouvelles du Proche - Orient plutôt moroses. Israël avait décidé à cette époque de bombarder le Liban après la capture de deux soldats par le Hezbollah [mouvement de la résistance libanaise].

La chancelière avait demandé à Israël d’observer la modération. D’après elle, on ne doit pas confondre cause et effet. La cause de l’escalade serait l’attaque d’Israël et l’enlèvement des soldats, a ajouté Merkel.
Deux ans plus tard, l’hiver 2008, le discours sonne un peu moins modéré. Et cela suscite des protestations au sein du SPD et du FDP.

Vendredi après que le Hamas ait unilatéralement rompu une trêve fragile de six mois, dès samedi, Israël a rétorqué en bombardant la bande de Gaza, Merkel a déclaré lundi par le biais de son porte-parole Thomas Steg. La veille, elle s’était entretenue par téléphone avec le Premier ministre Ehud Olmert.
La déclaration de Merkel ressemble à celle relative à la guerre du Liban avec toutefois une nuance significative : elle tient le Hamas d’être le seul responsable du déclenchement du conflit. La chancelière et le Premier ministre seraient d’avis que la responsabilité pour le récent déroulement est incontestablement et exclusivement dûe au Hamas, selon Steg.

Ensuite, suivirent des déclarations, qui rappelaient celles du début du conflit du Liban :
Merkel tient à ce que dans le jugement de la situation au Proche - Orient, on ne confonde pas cause et effet ou qu’on n’oublie pas le rapport de cause à effet. Israël a le droit de protéger sa population et de défendre son territoire. Le gouvernement fédéral part du principe que le gouvernement israélien fait tout ce qu’il peut pour éviter de faire des victimes civiles.

En même temps, Merkel laisse entendre que le conflit ne peut se régler que par une procédure politique, à l’issu de laquelle " il y aurait une solution bilatérale. C’est une déclaration, on ne peut plus explicite. Et qu’elle ait mis aussi longtemps à être émise, est dû au fait que dans la région des solutions simples semblent plutôt difficile à envisager.
Parti pris pour le bombardement permanent israélien
Et pourtant cette fois, la prise de position de Merkel vis à vis du Hamas quant à la responsabilité du conflit semble plus flagrante, comparée à celle de Paris et Londres. Le président français Nicolas Sarkozy reproche à l’Etat israélien le recours disproportionné à la violence, le Premier ministre Gordon Brown se dit profondément inquiet à propos des attaques d’Israël par Gaza et de la réplique israélienne.
Que la déclaration de Merkel soit aussi clair est compréhensible. La création de l’Etat d’Israël en 1948 a été la conséquence du massacre de million de juifs d’Europe par les Allemands.
Il n’y a pas un gouvernement fédéral qui n’ait pas souligné sa responsabilité vis à vis d’Israël, à commencer par Konrad Adenauer dans sa déclaration officielle de 1951, dans laquelle il a fixé l’obligation « de réparation morale et matérielle ». Depuis la prise des relations diplomatiques en 1965 jusqu’à aujourd’hui, une responsabilité éthique particulière de l’Allemagne s’est formée vis à vis d’Israël. « Veiller à la sécurité d’Israël est l’une des raisons d’Etat allemand », a affirmé Merkel à l’occasion du 70ème anniversaire de la nuit de Pogrom.

La récente déclaration de Merkel relative au conflit de Gaza fait aussi partie de la tradition.
« Sans aucun doute » l’attaque d’Israël est due au Hamas, a déclaré Gert Weisskirchen le porte parole de la politique étrangère de la fraction SPD au Bundestag. En plus d’après lui, la réaction d’Israël a été critiquée à Paris ainsi qu’à Londres, mais pas à Berlin : « Nous ne sommes ni la France, ni la Grande-Bretagne, mais avons en raison de notre histoire une responsabilité envers Israël. » Il aurait souhaité que la mort d’innocents ait été évitée, « mais en tant qu’Allemands, nous n’avons pas de leçon à donner à Israël ».
Cependant, l’expert avisé en politique étrangère, a déclaré qu’il s’y serait pris autrement que l’a fait la chancelière. « J’aurais commencé avec ce que la chancelière a laissé pour la fin, à savoir la recherche d’une solution politique au conflit. » Cela serait une tâche des plus urgentes d’autant plus que l’Allemagne en tant que membre de l’Union européenne est un des quatre acteurs du quartet au Proche-Orient.
Par contre, Merkel a récolté de vives critiques de la part du chargé des affaires étrangères du SPD Rolf Müntzenich. Il lui reproche son « parti pris pour le bombardement permanent israélien ». D’après la déclaration de Müntzenich au DPA, « la chancelière a gâché l’ultime chance somme toute qui restait à l’Allemagne d’exercer une influence dans la crise au Proche-Orient. La guerre du Liban avait démontré qu’on ne peut pas battre le Hamas ou le Hezbollah sur le plan militaire ».

Au côté de Merkel, l’éventuel futur partenaire de la coalition du FDP va certes soutenir en principe sa déclaration. Il est indéniable que le Hamas a rompu la trêve, déclare l’ancien ministre des affaires étrangères, Werner Hoyer. « Je suis toutefois d’avis que, lors des efforts nécessaires à la paix, désigner un coupable est un mauvais choix », a-t-il déclaré mardi à Spiegel Online. Ce serait donc « une question d’intelligence politique, si on doit placer la question de la culpabilité au début d’une déclaration », selon l’actuel porte-parole des affaires étrangères du FDP au Bundestag.
L’Allemagne a l’avantage qu’il ne laisse pas de doute à la sécurité de l’État juif et qu’en même temps, de jouir dans le monde arabe d’une confiance particulière. En fin de compte, d’après Hoyer, le gouvernement fédéral devrait à l’avenir considérer lui-même, quelle contribution il veut apporter.

30 décembre 2008 - Spiegel Online - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.spiegel.de/politik/deuts...
Traduction de l’allemand : Sarah Bouachacha

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