22 septembre 2010

Un dessein colonial

mercredi 22 septembre 2010

Ann Laura Stoler


L’état d’Israël est un état colonial. C’est un constat difficile à nier lorsqu’il s’agit d’une personne ayant acquis une expérience de près de 30 ans dans le domaine de l’enseignement et des études sur le colonialisme ; sur des situations coloniales comparatives, sur les histoires du colonialisme et les aspects violents et subtiles des gouvernements sur lesquels le colonialisme se repose, je ne peux donc que le décrire ainsi.
(JPG)
Ann Laura Stoler

Il serait difficile aussi de ne pas reconnaître les actions d’Israël caractérisées par la saisie illégale, dans le passé comme celles en cours, des terres palestiniennes, la discrimination raciale au quotidien, la démolition à grande échelle et par morceaux des maisons palestiniennes, l’anéantissement des moyens d’existence. En outre, l’état ne ménage aucun effort en matière de destruction des structures sociales et familiales décimées par une conception coloniale concertée et concentrée.

Ainsi, nous sommes face à des pratiques judicieusement ficelées de régimes qui définissent le colonialisme et qui ont prospéré à travers le globe impérial. A l’instar d’autres régimes coloniaux, l’état d’Israël trace et redessine les frontières géographiques, suspend les droits civils des Palestiniens et transgresse arbitrairement ce qui est, pour les Israéliens, un univers préservé et protégé.

Israël est particulier mais pas unique. Il emploie des méthodes d’occupation basées sur un usage sans fondement et erroné du système légal du droit israélien. Ce sont donc les pratiques d’un état colonial engagé pour la substitution et le déplacement de la population palestinienne et partisan de sa propre expansion.

En effet, chaque pièce dans la vieille ville de Jérusalem, chaque maison dans l’extension des communautés de colons, chaque mètre qui découpe maisons et champs, divise quartiers et voisinages en empiétant davantage sur les territoires palestiniens légalement reconnus pour la création d’un mur au nom de la « sécurité », sont les témoins de cette expansion continue et à la fois subreptice et flagrante. C’est alors une usurpation de l’histoire et une confiscation des futures opportunités destinées à ceux qui, au milieu de la nuit, se trouvent jetés dehors, chassés de leurs maisons par les colons israéliens.

C’est pourquoi, en tenant compte de la définition de la démocratie telle que vue par Hannah Arendt, c’est-à-dire « le droit d’avoir des droits » pour toute une population au sein de l’état, on conclut alors qu’Israël ne peut être considéré comme un état démocratique. Depuis 1948, Israël éprouve un désir inassouvi à expulser et à créer une diaspora dépouillée de ses terres, de ses biens et possessions et de sa citoyenneté, or la démocratie ne peut pas être fondée sur ce principe.

A la lumière de ce qui précède, pour toutes les raisons citées, je confirme mon soutien à la campagne internationale de Boycott, de Désinvestissement et de Sanctions (BDS) initiée à l’encontre de toutes les institutions israéliennes qui, passivement ou activement, approuvent un statu quo qui tolère et étend l’occupation, transgresse les lois internationales, impose un contrôle militaire et prive le droit des Palestiniens à une auto-détermination.

* Ann Laura Stoler est Professeur Emérite en Anthropologie et en Histoire à l’Université Willy Brandt - Nouvelle Ecole pour la Recherche en Sociologie
New York 10003

10 septembre 2010 - PACBI - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pacbi.org/etemplate.php?...
Traduction de l’anglais : Niha

Aucun commentaire: