Libye - Otan : Robert Gates dénonce la fragilité de la coalition internationale
Le secrétaire d'État américain, Robert Gates, le 10 juin à Bruxelles. © Jason Reed/AFP
Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a alerté vendredi les membres de l’Alliance atlantique sur leur manque d’investissement militaire et de volonté politique pour mener à bien l’intervention en Libye. Une preuve de la faiblesse de la coalition internationale ?
A l’heure où les frappes de l’Otan s’intensifient en Libye, des « lacunes » au sein de l’Alliance atlantique pourraient mettre en péril ses opérations, a déclaré vendredi le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates.« Concernant l'opération de l'Otan en Libye, il est devenu douloureusement évident que des lacunes - en capacité et en volonté - ont le potentiel de compromettre la capacité de l'alliance à mener une campagne intégrée, efficace et durable dans les airs et sur mer », a affirmé Robert Gates devant un centre de réflexion bruxellois, au lendemain d'une réunion avec ses homologues des 28 pays membres de l'Otan.
En cause, selon lui, un fonctionnement de l’Alliance « à deux vitesses » avec quelques nations se contentant d'opérations humanitaires tandis que d'autres prennent en charge les opérations de combat. « Ce n'est plus un souci hypothétique et c'est inacceptable », a dénoncé le secrétaire à la Défense.
Manque de moyens militaires
Après le vote de la résolution de l’ONU le 17 mars dernier, huit des 28 pays de l'Otan - Belgique, Canada, Danemark, États-Unis, France, Italie, Norvège et Royaume-Uni - ont décidé de participer aux frappes aériennes en Libye. L’Espagne et les Pays-Bas ont choisi eux de se limiter à faire respecter la zone d’exclusion aérienne.
Au final, a indiqué Robert Gates, la moitié des États membres de l'Alliance atlantique n'apportent aucune contribution à l’intervention. « Franchement, bon nombre de ces alliés restent à l'écart, non pas parce qu'ils ne veulent pas participer, mais simplement parce qu'ils ne peuvent pas. Les moyens militaires ne sont tout simplement pas là », a-t-il déploré. En Libye, onze semaines seulement après le début de l'opération, certains alliés commenceraient en effet à manquer de munitions.
La cible Kaddafi
Depuis le début des frappes de l’Otan en Libye, l’organisation est critiquée pour avoir plusieurs fois volontairement visé le colonel Kaddafi et sa famille, en outrepassant du même coup la résolution de l’ONU. Ce que l’Alliance a toujours démenti, à demi-mots. Mais ce vendredi, une source au sein de l’Alliance, interrogée par la chaîne américaine CNN, confirme ces frappes très ciblées. Selon elle, la résolution 1973 s'appliquerait à Mouammar Kaddafi, « parce que, en tant que chef de l'armée, il a un rôle de contrôle et de commande, ce qui en fait une cible légitime ». Le champ serait-il donc libre pour tuer le colonel…
"Les alliés doivent renverser la tendance"Depuis le début des frappes de l’Otan en Libye, l’organisation est critiquée pour avoir plusieurs fois volontairement visé le colonel Kaddafi et sa famille, en outrepassant du même coup la résolution de l’ONU. Ce que l’Alliance a toujours démenti, à demi-mots. Mais ce vendredi, une source au sein de l’Alliance, interrogée par la chaîne américaine CNN, confirme ces frappes très ciblées. Selon elle, la résolution 1973 s'appliquerait à Mouammar Kaddafi, « parce que, en tant que chef de l'armée, il a un rôle de contrôle et de commande, ce qui en fait une cible légitime ». Le champ serait-il donc libre pour tuer le colonel…
Après ce constat, le secrétaire d’État américain est passé aux recommandations : pour éviter ces lacunes, « les alliés doivent renverser la tendance » et investir. « L'Otan, engagée sur deux fronts en Libye et en Afghanistan, pourrait avoir un avenir sombre si les alliés renoncent à des investissements militaires suffisants », a-t-il souligné, ajoutant que cet avenir était possible mais toutefois pas inévitable.
Pourquoi craindre un manque d’investissements militaires des membres de l’Otan ? Selon le secrétaire d’État, les alliés s’appuieraient de façon excessive sur la manne financière américaine. « Actuellement, les États-Unis supportent à eux seuls 75 % des dépenses militaires de l'alliance, […] et les alliés exigent qu’ils compensent la différence » si leurs ressources venaient à manquer, a rappelé Robert Gates. Mais, à l’avenir, « il sera de plus en plus difficile pour Washington de maintenir ce niveau d'engagement. »
Les États-Unis pourraient donc hésiter à financer davantage l'intervention en Libye, alors que les autres membres de l’Otan « ne sont apparemment pas disposés à consacrer les ressources nécessaires ou à faire les changements nécessaires pour être des partenaires sérieux et compétents dans le domaine de leur propre défense », a-t-il conclu.
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