19 juin 2011

Le drapeau palestinien à Vaulx, le drapeau français à Beit Sahour

Depuis quelques jours, le drapeau français flotte à Beit Sahour en Palestine, en réponse à la levée du drapeau palestinien à Vaulx-en-Velin il y a un an. Un acte symbolique qui avait valu au maire Bernard Genin d’être poursuivi par le préfet devant le tribunal administratif.

Pour le maire, Bernard Genin, faire flotter depuis un an le drapeau palestinien sur l'Hôtel de Ville “est un acte symbolique et politique, en soutien au peuple palestinien”. Ce qui a valu à la Ville d'être poursuivie au tribunal administratif par le préfet Jean-François Carenco. Ce qui a valu en reconnaissance au maire de Vaulx-en-Velin et à Sophie Charrier, adjointe chargée des Relations internationales d'être invités du 31 mai au 3 juin par son homologue de Beit Sahour, Hani Al Hayek, pour une levée officielle du drapeau français sur la mairie de cette ville palestinienne. Une première dans ce pays, d'autant que la cérémonie s'est déroulée en présence du vice-consul de France à Tel Aviv. “Un paradoxe, commente Bernard Genin, quand ici nous sommes assignés devant le tribunal administratif et là-bas, félicités par les représentants de l'Etat français pour notre coopération avec la Palestine”.
Et le maire de réfuter les arguments du préfet qui s'appuie sur le non respect des principes de neutralité et de laïcité (ce dernier argument, cité dans un courrier du préfet, a été abandonné devant le tribunal). “Il ne faut pas être neutre, s'insurge Bernard Genin, car la neutralité est trop souvent synonyme de passivité. Nous préférons la solidarité. Quant à la laïcité, invoquer ce principe revient pour le préfet à faire du conflit israélo-palestinien un conflit religieux. Pour moi, c'est bien d'un conflit politique dont il s'agit”. Prenant en exemple la rencontre qu’ont pu effectuer les deux élus de la Ville avec l’association israélienne du “bloc la paix”, Gush Shalom. Cette organisation pacifique milite pour la paix entre Israéliens et Palestiniens en vue de la reconnaissance des deux peuples et de leur autonomie. Leur drapeau, ramené par le maire à Vaulx-en-Velin, symbolise leur combat : il est pour moitié composé du drapeau israélien et pour moitié du drapeau palestinien. “La rencontre avec cette association a été un moment fort pour nous car elle réclame la même chose que nous : deux peuples, deux états”.
Et le maire de souligner que “la démarche du préfet ne va pas dans le sens de l’histoire. En septembre je l’espère, la France votera au sein du conseil de sécurité de l’Onu pour la reconnaissance d’un Etat palestinien selon les frontières d’avant 1967”. Quoiqu’il en soit, Vaulx-en-Velin attend maintenant la décision du tribunal administratif qui pourrait intervenir le 29 juin. “Si le tribunal nous condamne, nous enlèverons le drapeau palestinien, admet Bernard Genin. Mais d'autres actions symboliseront notre engagement, notre combat et notre solidarité avec le peuple palestinien”. Et d’annoncer en septembre à Vaulx, une cérémonie avec des représentants palestiniens et israéliens pour célébrer la création par l’Onu de l’Etat palestinien. “Si tel n’était pas le cas, la manifestation festive se transformerait en protestations et débats, concluait le maire. Nous n’abandonnerons pas ce combat”.
E.G
  • Les actions de coopération avec la Palestine
En Palestine, ce sont près de vingt ans d’échanges et de coopération qui sont concrétisés par une convention triennale reconduite début 2011, en partenariat avec la Ville de Romans-sur-Isère, le ministère des Affaires étrangères et Sports sans frontières. Après la fourniture de lits et de matériel pour les hôpitaux, les trois dernières années ont été consacrées à soutenir des actions en faveur des jeunes de la ville de Beit Sahour. Le soutien de la Ville au peuple palestinien, c’est d’abord de “favoriser toute initiative qui pourrait concourir à une solution politique, affirme le maire, Bernard Genin, seule solution pour sortir de ce conflit”. Invité en Palestine par le maire de Beit Sahour, Hani Al Hayek, il a pu constater, avec Sophie Charrier, adjointe chargée des Relations internationales, “les difficultés et les brimades quotidiennes auxquelles sont confrontés les Palestiniens”. Il y a donc “une demande très forte de la part du peuple palestinien”, poursuit Sophie Charrier. Beit Sahour, ville de 12 000 habitants proche de Bethléem, est entourée de colonies israéliennes. Non loin de là, au Nord de Bethléem, se trouve le camp de réfugiés d’Aïda, d’environ 5000 personnes. Les subventions de la Ville ont déjà permis d’acheter des ordinateurs pour le camp d’Aïda. “Aujourd’hui, grâce à un financement de 37 000 euros sur trois ans du ministère des Affaires étrangères et de 15 000 euros par an de la Ville, nous nous allons financer des jeux pour enfants et apporter une aide au centre culturel des jeunes réfugiés pour mettre en place des cafés citoyens, précise Sophie Charrier. Avec un groupe de jeunes du centre social Levy, déjà engagé dans une action solidaire et qui a gagné le concours de Bioforce, il s’agit de créer un projet commun en mettant en place à Beit Sahour un forum de la jeunesse”. L’occasion, selon l’élue “de créer des échanges et des rencontres, de permettre aux jeunes de s’ouvrir sur l’extérieur car là-bas aussi, l’occupation divise la population”. Enfin, la Ville, par l’intermédiaire de son service Jeunesse, va mettre en place des échanges autour de la solidarité. Dernier exemple en date, la mobilisation de nombreux jeunes vaudais autour de l’opération “Un stade pour Gaza” a permis de récolter près de 4000 euros pour financer un équipement sportif pour le camp de réfugiés d’Aïda.

E.G

Merci à TOUFIK Villeurbanne qui nous a fait parvenir ces informations locales.

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