25 juin 2011

Dominique Strauss Kahn, la déliquescence et non la quintessence du socialisme 1/2

Posté par René Naba le juin 20 2011.

A deux semaines des dépôts des candidatures aux primaires socialistes en vue des élections présidentielles de 2012, retour sur l’invraisemblable parcours de Dominique Strauss Khan, rare exemple de sabordage politique en direct.

Dominique Strauss Kahn, la déliquescence et non la quintessence du socialisme part 1/2
René Naba | 20.06.2011 | Paris

1ère partie: Un bellicisme impénitent, un philo sionisme exacerbé
De par son comportement et son positionnement, Dominique Strauss Khan représente non la quintessence mais la déliquescence du socialisme.
Grand bourgeois d’un quartier huppé de Paris, élu d’une circonscription populeuse de la région parisienne, l’universitaire aura cultivé le paradoxe jusqu’à ses plus ultimes extrémités, jusqu’à son implosion finale.
Ténor du parti socialiste, son courant se rangeait parmi le plus libéral de la social-démocratie. Porte étendard de la laïcité qu’il s’évertuait à faire respecter aux autres, le communautarisme est sa philosophie de vie qu’il pratique au quotidien, tant par le choix de sa circonscription électorale, Sarcelles, que par son inclination politique, que son bellicisme impénitent, que son philo sionisme exacerbé, que sa capacité manipulatrice, que son socialisme débridé, que son tropisme féminin qui lui vaudra des déboires sur la scène internationale jusqu‘à sa carbonisation.
Le démarrage de sa précampagne électorale en Porsche a constitué une incontestable faute de goût en même temps qu’une faute politique, propulsant DSK, plus que tout, mieux que quiconque, comme le symbole honni d’une institution, le FMI, qui signifie pour des millions de travailleurs à travers le monde «Fins de Mois Impossibles»; comme le parfait représentant d’un parti qui a déserté son socle historique, la classe ouvrière, pour le secteur tertiaire et le mirage de la modernité urbaine et de la citoyenneté citadine, à en juger par les dernières prescriptions de Terra Nova, la tête pensante du socialisme post industriel.
Vivant à Washington, le patron français du Fonds Monétaire International a adopté le même coûteux tailleur que Barack Obama et le même coiffeur qu’Hillary Clinton. Mais le fait d’opter pour le même tailleur qu’un président américain ne suffit pas pour doter son bénéficiaire de l’étoffe d’un président.
Cet adepte de l’Ecole de Chicago, disciple de Milton Friedman, théoricien de l’ultra libéralisme, présente en fait le parfait profil d’un «Balladur de gauche», même coquetterie, même libéralisme, même goût des ors de la République (1). Sa thèse est en fait inspirée des travaux de l’économiste néo-libéral Gary Becker, théoricien du «capital humain».
Résident estival d’un pays arabe, le Maroc, Dominique Gaston André Strauss Kahn, de son vrai nom, est l’auteur d‘une sentence mémorable sur «la politique arabe de la France» qu’il décrétera comme relevant de la «supercherie», sans se douter que ce jugement passé à la postérité révélera la duplicité de son auteur en ce qu’elle le renvoyait à sa propre image.
La filiation est lointaine et ne se dément pas, remontant au grand manitou du socialisme français, Léon Blum, qui invoquera son «trop d’amour» pour son pays «pour désavouer l’expansion de la pensée et de la civilisation française», admettant « le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture».
Cette profession de foi surprenante est paru dans le journal «Le Populaire» en date du 17 juillet, sans que ce vénérable humaniste, premier chef du gouvernement socialiste de la France moderne, artisan des premières conquêtes sociales sous le gouvernement du Front Populaire (1936), ne se doute que, lui même, à son tour, subira, quinze ans plus tard, les lois de l’infériorité raciale de la part de ses compatriotes non coreligionnaires.
«La fameuse politique arabe de la France. C’est une supercherie que le Quai d’Orsay réussit à vendre depuis des décennies à l’ensemble de la classe politique ! Elle nous permet de croire que nous sommes ainsi à l’abri de toute menace terroriste (…) cela me paraît tout à fait absurde», affirmera DSK, en Mai 2007 dans une interview croisée avec Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur à l’époque, à La Revue «Le Meilleur des Mondes» qui passe pour être un relais des thèses de la Foundation for the Defense of Democracies, porte-voix des néo conservateurs en France.
Pour une personne qui bénéficie de l’hospitalité d’un pays arabe pour ses vacances estivales, en l’occurrence le Maroc, qui a protégé ses coreligionnaires français des persécutions de Vichy, pour un homme qui a courtisé assidûment le «vote beur» aux dernières élections législatives de juin 2007 en vue de s’épargner une déconvenue électorale, qui a sollicité le vote des grands électeurs arabes -L’Arabie saoudite et l’Egypte- pour sa nomination à la direction du Fonds Monétaire International, en un mot pour un homme qui aspirait aux plus hautes responsabilités, il paraissait malsain et absolument contreproductif pour la cohésion nationale de développer une vision hémiplégique de la réalité.
Emule en cela de Philippe Val, l’ancien directeur du journal satirique «Charlie Hebdo», qui considérait que la politique arabe de la France est à l’origine de l’antisémitisme français. Mais DSK n’a pas, lui, l’excuse de l’ignorance: Depuis l’Algérie voisine de son Maroc natal, les habitants de Sétif peuvent témoigner que la politique arabe de la France, du moins telle qu’ils l’ont vécu dans leur chair, n‘était pas une supercherie.
Rejeter sur l’étranger, en l’occurrence l’Arabe, les turpitudes inhérentes à la France, faire de l’Arabe le bouc émissaire de tous les maux de la société française, est un artifice de démagogie, un argument commode de populisme électoraliste.
Si pourtant soucieux du destin des Juifs de France, comment DSK a-t-il pu méconnaître leur histoire, oublier que l’Affaire Dreyfus, par exemple, a éclaté cinquante ans avant l’arrivée des premiers arabes en France, que de surcroît «Le commissariat aux questions juives» du régime de Vichy avait été précédé du «Bureau des affaires nord africaines», dans l’entre deux guerres, sans que cela n’entraîne la moindre réaction?
A l’intention de Dominique Strauss Kahn, le moindre élève d’une classe élémentaire aurait pu rappeler que «La politique arabe de la France» a surtout consisté pour les pays arabes de voler au secours de la France, à deux reprises, au cours du XX me siècle, pour l’aider à vaincre ses ennemis et à conserver sa liberté, notamment en 1939-1945, en l’aidant à se débarrasser du joug nazi dont une fraction importante de la communauté nationale de confession juive en a lourdement pâti.
Et que pour prix de la contribution arabe à sa liberté, la France a amputé la Syrie du district d’Alexandrette pour le céder à la Turquie, son ennemi de la Première Guerre Mondiale (1914-1918), et carbonisé au napalm les habitants de Sétif (1945), après la deuxième Guerre Mondiale (1939-1945) fournissant dans la foulée à Israël la technologie nucléaire du centre de Dimona (Néguev).
A- Un belliciste impénitent:
Bon nombre de disciples socialistes de Léon Blum imbus de la mission civilisatrice de la France s’engouffreront dans cette voie qui s’est souvent confondue avec l’impérialisme, de Robert Lacoste en Algérie avec ses ratonnades, en 1955, à Guy Mollet et son expédition punitive de Suez contre l’Egypte, en 1956, à Lionel Jospin et sa qualification de «terroriste» au Hezbollah libanais, en 2000. DSK leur a emboîté le pas, nullement découragé par les conséquences de ce bellicisme à tout crin.
Alors que l’invasion américaine de l’Irak tournait au désastre, DSK préconisait une intervention contre l’Iran, vainqueur par effet d’aubaine des interventions occidentales contre l’Afghanistan et contre l’Irak, que les deux pays sunnites endiguaient: «On mesure que les Américains se sont trompés de cible: la menace ne venait pas de l’Irak, mais de son voisin perse».
«La politique qui est aujourd’hui conduite en Iran sous la houlette d’Ahmadinejad comporte de nombreuses expressions du totalitarisme qui, en tant que telles, doivent être combattues. À ce propos, c’est pour moi une grave erreur d’avoir prétendu, comme l’ont fait Jacques Chirac et son ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, que l’Iran jouait «un rôle stabilisateur» dans la région. Cela entraîne une confusion sur la nature réelle de ce qu’est le régime iranien actuel. Cela revient à envoyer un message erroné à un pays qui use largement de sa capacité de nuisance on le voit au Liban via le Hezbollah, en Irak ou avec le chantage nucléaire qu’il cherche à exercer».
Il n’a échappé à personne que Dominique Strauss Khan ne déplorait pas le bellicisme américain, juste l’erreur de ciblage de l’Irak plutôt que de l’Iran. Ce faisant, il se trouvait sur ce point sur la même longueur d’onde que Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, l’éphémère voltigeur de pointe de la diplomatie atlantiste du nouveau gouvernement français, passé de «Médecins sans Frontières» à «Va-t-en guerre sans Frontières», sur la même longueur d’onde surtout des ultra faucons israéliens, sur la même longueur d’onde que ses amis modernisateurs, les «Sarkozystes de gauche», Romain Goupil, André Glucksmann, et la cohorte des transfuges de la gauche, qui ont substitué la lutte des places à la lutte des classes.
Une sentence édictée sans se préoccuper du sort potentiel des principales victimes par ricochet de l’intervention occidentale contre l’Iran, en l’occurrence leurs alliés pétro monarchiques du Golfe, sans se préoccuper aussi des griefs iraniens contre la France.
Depuis l’avènement de la Révolution Islamique, en 1979, la France s’est trouvée en position de «co-belligérance» face à l’Iran par son soutien massif à l’Irak du temps de Saddam Hussein. Sous la présidence Sarkozy, elle se retrouve de nouveau en pointe contre l’Iran dans le dossier nucléaire. La permanence d’une attitude hostile lui avait valu dans le passé de subir les effets des dommages collatéraux, avec l’attentat contre le quartier général français à Beyrouth (59 morts), en 1983, la prise d’otages Français au Liban (1984-1986) et des attentats à Paris même (1986-1988).
B – Un philo sionisme exacerbé
Le socialisme est le cadet de son souci, de même que l’humanisme. Ce qui lui importe, l’objet même de son engagement politique, c’est le lobbying pro israélien, embrigader les Français de confession juive dans cette croisade. Longtemps l’homme a cherché à camoufler cette profession de foi, faite à l’époque où les laudateurs d’Israël berçaient l’opinion sur la pureté de ses armes, afin de ne pas entraver sa candidature présidentielle, mais les faits s’imposent dans toute l’évidence des mots gravés dans le marbre de l’imprimerie:
«Je considère que tout Juif de la diaspora, et donc de France, doit, partout où il peut, apporter son aide à Israël. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est important que les Juifs prennent des responsabilités politiques. En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, à travers l’ensemble de mes actions, j’essaie d’apporter ma modeste pierre à la construction d’Israël». Déclaration sur «Europe 1», en 1991, reprise par le Magazine «La vie», le 11 avril 2002, sous le titre «Trop Proche-Orient», un article de Slimane Zeghidour (2).
L’idée a-t-elle effleuré l’esprit de DSK qu’il apporte aussi sa modeste pierre à la construction de la France, le pays dont il a été le député, qui a propulsé sa candidature à la tête du Fonds Monétaire International, sa modeste pierre à la paix israélo-palestinienne? Aurait-il échappé à Strauss-Kahn que la grande majorité des juifs de gauche, la mouvance dont il se réclame, justement parce qu’ils sont de gauche, condamne le colonialisme israélien?
La finalité ultime de l’engagement de DSK en politique serait donc, non l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens, mais exclusivement le lobbying pro israélien. Le socialiste néo conservateur, si tant soit peu soucieux des intérêts de son pays, aurait pourtant dû se demander ce qu’il peut faire pour la grandeur de son pays, la France et non Israël, pour la promotion de la justice, non de l’injustice, de l’égalité, et non des inégalités, de la liberté, et non l’oppression.
Dans ce pays agité par un débat cyclique sur l’identité nationale, ce qu’il était impératif de faire à l’ancien Directeur du FMI, bénéficiaire de l’hospitalité du Maroc pour ses vacances à Marrakech est, non la légitimation de la soldatesque israélienne, mais la mise en œuvre de la promotion du droit du peuple palestinien à une identité nationale et à la souveraineté.
Suivra

Références

1- Bakchich DSK, l’étoffe d’un président dimanche 31 octobre 2010 par Pascale Tournier
2 – Cf. Les propos de Dominique Strauss- Khan recueillis par Emile Malet, Passages n°35, Février Mars 1991).
«Je considère que tout Juif dans la diaspora, et donc c’est vrai en France, doit partout où il le peut apporter son aide à Israël. C’est pour ça d’ailleurs qu’il est important que les Juifs prennent des responsabilités politiques. Tout le monde ne pense pas la même chose dans la Communauté juive, mais je crois que c’est nécessaire. Car, on ne peut pas à la fois se plaindre qu’un pays comme la France, par exemple, ait dans le passé et peut-être encore aujourd’hui, une politique par trop pro-arabe et ne pas essayer de l’infléchir par des individus qui pensent différemment en leur permettant de prendre le plus grand nombre de responsabilités. En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, au travers de l’ensemble de mes actions, j’essaie de faire en sorte que ma modeste pierre soit apportée à la construction de la terre d’Israël».
Et dans son intégralité le commentaire du journaliste Slimane Zéghidour paru le 11 avril 2002 dans Le Magazine «La Vie» intitulé «Trop Proche-Orient», ainsi que les liens y afférents:
Pour une fois unanimes, tous les politiques hexagonaux, chefs de parti et candidats confondus, mettent en garde contre le risque de «transposer en France le conflit du Proche-Orient». Un appel nécessaire, à un moment où des franges entières de la communauté nationale épousent les passions et les positions, qui des Israéliens, qui des Palestiniens. À cet égard, les manifestations du week-end dernier ont montré à la fois le caractère pacifique de la majorité des sympathisants de l’un ou l’autre camp, et la violence, sinon le fanatisme, de certains groupuscules arabes et juifs. Notre classe politique a raison de s’émouvoir, mais elle est loin d’être innocente en la matière: La pêche aux voix en terrain confessionnel est un sport national fort ancien. Depuis des lustres, aucun candidat à la présidence n’a manqué le pèlerinage en Israël; aucun n’a manqué de se recueillir, kippa sur la tête, au pied du Mur des Lamentations.
Aujourd’hui, on commence à faire étape à Alger. En attendant d’honorer Bamako ou Ankara. Et chaque visiteur d’y aller de sa petite phrase attestant son «amitié indéfectible» pour l’État juif. À la veille des élections européennes de mars 1986, Lionel Jospin, alors secrétaire général du parti socialiste, déclarait froidement, à propos du transfert de la capitale d’Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, une démarche pourtant contraire au Droit International:«En tant qu’individu, en tant qu’amoureux de la beauté et de l’Histoire, je préférerais de beaucoup que la capitale soit à Jérusalem plutôt qu’à Tel-Aviv». Il est vrai qu’à l’époque le Likoud, au pouvoir en Israël depuis 1977, cherchait à structurer une communauté juive jugée trop assimilée. «Structurer», cela passait par l’affirmation de la «centralité» d’Israël par rapport à la diaspora. D’où une conjonction entre le souci de la communauté de ménager l’appui de la France à Israël et le besoin de tel ou tel candidat d’un renfort de voix qui a fini par devenir une composante permanente de la vie politique nationale.
On mesure l’évolution quand, début 1991, Dominique Strauss-Kahn affirme publiquement:«Je considère que tout juif de la diaspora, et donc de France, doit, partout où il peut, apporter son aide à Israël. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est important que les Juifs prennent des responsabilités politiques.
En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, à travers l’ensemble de mes actions, j’essaie d’apporter ma modeste pierre à la construction d’Israël. » On conçoit que pareil discours puisse générer un contre communautarisme, musulman, cette fois, au détriment de la cohésion nationale. Tentation d’autant plus forte que les grands partis (mis à part le PC, les Verts et… le FN) n’arrivent toujours pas à surmonter leurs blocages culturels pour s’ouvrir aux Français originaires du Maghreb, qui représentent pourtant près de 10% de la population. «Je refuse le communautarisme», vient toutefois de lancer Lionel Jospin. Le Premier ministre candidat ajoute:«Je ne jouerai jamais les passions les unes contre les autres». Espérons que sa déclaration n’engagera pas que lui seul… Il y va non seulement de la paix intérieure, mais aussi de la position diplomatique de la France, qui reste un acteur de poids au Proche-Orient. Or, un gouvernement français qui craindrait de mécontenter telle ou telle fraction de la population se retrouverait bien vite paralysé. Ce qui ferait le bonheur d’un Sharon ou d’un Saddam. Signé S.Z. Fin de citations
Sur le même sujet: «Le malaise persistant des juifs de France», Le Monde, 20 septembre 2003.
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  Posté par René Naba le juin 20 2011

Dominique Strauss Kahn, la déliquescence et non la quintessence du socialisme 2/2

Posté par René Naba le juin 24 2011.

Dominique Strauss Kahn, la déliquescence et non la quintessence du socialisme part 2/2
2me partie: Un socialisme débridé, un tropisme féminin

A- Le négligent de la cassette Mery ou DSK manipulateur.
L’homme qui, à la tête du FMI, se devait de symboliser l’orthodoxie financière et faire preuve de rigueur dans sa gestion, est, de surcroît, un négligent incorrigible, à en juger par ses aveux lors de l’Affaire de la cassette Mery, du nom du collecteur de fonds du RPR Jean Claude Mery, qui avait consigné, sur une cassette, son témoignage posthume relatif aux trafics des marchés de travaux publics d’Ile de France (1975-1995), notamment les commissions prélevées par le parti gaulliste RPR pour autoriser l’attribution des marchés aux entreprises dociles.
L’homme se défaussera en déclarant l’avoir égaré pour se soustraire à l’accusation d’entrave à la justice, alors qu’en sa qualité de ministre des Finances il était détenteur d’une copie de l’enregistrement Mery au terme d’un incident rocambolesque avec pour toile de fond les négociations autour du contentieux fiscal de Karl Lagerfeld ayant abouti à une remise du redressement décidée par DSK contre l’avis de son administration.
Mais ce socialiste n’hésitera pas à poignarder en public son collègue du parti, le politologue Pascal Boniface, coupable, selon lui, du crime de lèse majesté: la critique d’Israël, dans une opération qui relève de la dénonciation calomnieuse, qui révèle par contrecoup la face hideuse du personnage.
Universitaire membre du PS, Pascal Boniface avait averti dans une note envoyée à François Hollande, en 2001, qu’on «ne combattra pas l’antisémitisme en légitimant l’actuelle répression des Palestiniens par Israël». Il avait dénoncé en outre le «terrorisme intellectuel qui consiste à accuser d’antisémitisme ceux qui n’acceptent pas la politique des gouvernements d’Israël».
Court-circuitant le débat au sein du parti socialiste, Strauss-Kahn fera référence à une «note non autorisée et misérable» sous les huées du public dans une intervention publique, aux «Douze heures pour l’amitié France Israël» organisées à Sarcelles, en 2003.
B- Un socialisme débridé: DSK un Balladur de gauche
Du socialisme DSK n’en a d’ailleurs cure, laissant entendre qu’il s’est affranchi du programme socialiste, reprenant à son compte la désastreuse formule de Lionel Jospin lors de la campagne présidentielle de 2002: «Ceci n’est pas un programme socialiste». Dans son interview à la revue néo conservatrice, DSK s’engageait tacitement à ne pas respecter les engagements de son parti: «Je n’endosse pas [les erreurs de diagnostics économiques du projet socialiste] puisque je [les] dénonce et j’ai passé mon temps à [les] dénoncer publiquement! Mais, si mettre toutes [les propositions économiques] bout à bout constitue une ressource utile, cette «bibliothèque» ne constitue pas à elle seule une politique. Il incombera donc au président de la République de fixer ses priorités. Libre à lui d’ajouter ou d’ajourner telle ou telle mesure selon son appréciation de la situation économique française».
Son programme analysé au scalpel par un fin connaisseur du socialisme mondain révèle un personnage intrigant: «Nombre d’opposants au Strauss-kahnisme s’inquiètent du personnage qu’ils décrivent en nabab arrogant et dilettante.
Quinze ans après, le «moderne» DSK tente toujours de singer Tony Blair, promettant une mondialisation heureuse et tranquille, une intégration européenne florissante et, comme le caniche britannique, s’inféodera à l’administration états-unienne du moment. Le monde de la finance et du patronat l’a bien compris et c’est pour cela qu’il acclame le dernier blairiste européen. Avec Strauss-Kahn, c’est le retour au balladurisme des années 1990, sauf que cette fois-ci l’Orléanisme passe à gauche. Sous son masque balladurien, DSK trahit son mépris pour les classes populaires qui triment. Notre Balladur «socialiste» a crié haro sur la retraite à 60 ans alors que son salaire annuel est de 495 000 dollars, net d’impôt.
Les Français aimeront aussi apprendre que la retraite du président du FMI est garantie au bout de trois ans de service et qu’il touchera 80 000 dollars par an. Un «dogme» d’une toute autre ampleur», tranchera sans appel Philippe Marlière, Maître de conférences en sciences politiques à l’University College London, dans un article paru dans le journal en ligne «Rue 89», le 9 juin 2010 ?
C – Un tropisme féminin (1)
Mais le comportement le plus choquant pour un homme aspirant aux plus hautes responsabilités aura été sa forte propension vers la gente féminine. Ses «penchants naturels» ont été dénoncés à Solferino, à Budapest, et ailleurs, mais l’homme sur ce point s’est révélé incorrigible. Un mois avant son élection à la tête du FMI, Jean Quatremer, le journaliste du quotidien français «Libération» accrédité auprès des institutions européennes à Bruxelles, exprimait la crainte que DSK ne se laisse aller à ses penchants naturels vers la gente féminine et ne place la France et lui-même dans une inconfortable position, les éclaboussant d’un scandale comparable à celui qui a abrégé la carrière internationale de Paul Wolfowitz, l’ancien dirigeant de la Banque Mondiale, contraint à la démission pour avoir favorisé la carrière de son amie de cœur.
«Personne ne peut soutenir que M. Strauss-Kahn est le candidat le plus qualifié au Monde de par son expérience, son intelligence et sa formation (…) Il est le mauvais candidat, choisi de la mauvaise façon. (…) Seuls ceux qui veulent que le Fonds ne soit plus légitime peuvent applaudir» la candidature de DSK, soutenait, de son côté, le journal britannique «Financial Times» le 28 Août 2007 (2).
Aux faites des responsabilités, l’homme n’aura ni exorcisé ses démons, ni bridé ses pulsions. Un an après son élection à la direction du Fonds Monétaire International, le 28 septembre 2007, alors que la planète était emportée par une bourrasque financière et boursière sans précédent de l’histoire contemporaine, Dominique Strauss Kahn, le flamboyant social libéral de l’Internationale socialiste et du sarkozysme français, faisait la une de l’actualité internationale sur un sujet sans rapport ni avec les sub primes, ni les hudges fonds, ni les paradis fiscaux, mais à propos d’un comportement dont des observateurs européens redoutaient à l’époque qu’il lui porte préjudice dans l’exercice de ses responsabilités internationales.
L’enquête du FMI sur un possible abus de pouvoir à l’encontre de sa subordonnée hongroise a certes blanchi le français en pleine crise économique mondiale. Mais confirmant les craintes du journal français, elle a constitué un camouflet tant pour son nouveau parrain international, Nicolas Sarkozy, que pour le personnel français de la haute fonction publique internationale, le socle du pouvoir diplomatique du prochain président français.
Le dilemme est infiniment cruel aujourd’hui pour le récidiviste. «Libéral européen aux sentiments humanistes, le choix qu’a fait DSK en plaidant «non coupable» est donc de renier tout ce qu’il a défendu jusqu’ici. D’assumer le jeu cruel que lui assigne l’arène judiciaire new-yorkaise. Mettre à mort symboliquement sa victime, pour échapper lui-même au broyage d’une sentence impitoyable. Il ne sera pas question de vérité dans cette lutte à mort, mais de simple survie. Et pour ce faire, l’humaniste libéral va devoir renier, salir et détruire en la personne de Nafissatou tout ce qu’il a défendu jusqu’alors: les pauvres, les minorités et les faibles, la justice sociale et l’équité. Seule pourra le sauver, par instinct de survie, l’arrogance insupportable de celui qui jette dans la balance toute la puissance de l’argent», résumera le magistrat Jean de Maillard (3).
A la tête de l’Etat, gageons que celui qui passe pour voir été l’un des plus grands artisans des privatisations du patrimoine public français, l’homme qui aura institué les stock options en France, à moins d’une rémission soudaine, n’aurait été ni le petit frère des pauvres, ni le grand protecteur des femmes battues, ni le grand répartiteur de la richesse nationale, encore moins l’homme de la paix au Proche orient.
Celui que sa riche épouse Anne Sinclair destinait à être le «Premier Président Juif de France» aura été le premier dirigeant d’une organisation internationale, objet de la risée universelle, à connaitre un épilogue judicaire aussi infâmant.
Son implosion à l’apogée de sa carrière, du fait de ses pulsions génésiques subintrantes, devrait contraindre la classe politique et médiatique à opérer un douloureux retour aux fondamentaux de leur déontologie respective, la classe politique à davantage de décence dans son exubérance médiatique, la classe médiatique à davantage de retenue dans sa connivence politique, le parti socialiste à un retour aux sources du socialisme et la collectivité nationale à davantage de perspicacité dans le choix de ses dirigeants.
Rare exemple de sabordage politique en direct, l’éviction de fait de DSK en plein envol de la campagne présidentiel ne saurait susciter de regrets tant abusif était son comportement et corrosif pour le bon renom de la France.
Pas une seule fois, dans son épreuve, il n’aura prononcé le nom de la France. Pas une seule fois, même par allusion. Celui qui fustigeait la «supercherie» de «la politique arabe de la France» s’est révélé être la plus grosse supercherie de la vie politique française du dernier quart de siècle. Juste retour des choses d’une pitoyable fin d’un si sinistre personnage.

Références :

1-Dominique Strauss-Kahn a plaidé non coupable le 6 juin devant le tribunal pénal de New York des sept chefs d’accusation retenus contre lui, notamment de «tentative de viol, agression sexuelle et séquestration sur une femme de chambre à l’hôtel Sofitel de Manhattan. Un procès aura donc lieu. La prochaine audience a été fixée au 18 juillet.
2- Médiatiques DSK et la tradition anglo-saxonne (Par Daniel Schneidermann) Le journal Libération du vendredi 13 juillet 2007Pour en savoir plus sur la manipulation de l’opinion et l’OPA tentée par Israël sur la communauté juive de France, voir à ce propos: «Le lobby pro israélien et la politique étrangère américaine» de John Mearsheimer et S.Valt –Editions La Découverte- septembre 2007 «Une haine imaginaire? Essai sur le nouvel antisémitisme en France» de Guillaume Weil Raynal –Editions Armand Collin-2006. «Les nouveaux désinformateurs» de Guillaume Weil Raynal- Editions Armand Collon-2007
3 – Dominique Strauss-Kahn et «Le choix de Sophie» Par Jean de Maillard | Magistrat | Rue 89 09/06/2011 | Vice Président du tribunal de grande instance d’Orléans et enseignant à Sciences Politiques Paris.

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